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La défense du français comme catégorie de racisme

Par Renart Léveillé

Le sujet de la défense du français est clairement un sujet glissant. Parce que dans la défense, il faut absolument prendre parti, avoir un parti-pris, et ainsi en quelque sorte délaisser. Mais est-ce que ce délaissement, cet abandon est pour autant un aveu de « détestation »?

C’est ce que semblent penser beaucoup de gens, dont l’attaché politique Pierre Morin, très présent sur Twitter, déclarant que le Parti Québécois (dont on connaît son implication pour la défense du français) « fait de la détestation des anglos un dogme ».

De l’accusation de détestation à l’accusation de racisme, il n’y a qu’un pas. Et il a presque franchit ce pas dans la mesure où il a fait un rapprochement pas même subtil entre le PQ et le Front national (parti à l’aura raciste, s’il faut le préciser). À mon avis, nous ne sommes pas loin de ce que j’ai appelé dernièrement la « godwinisation des débats », « l’aveuglement volontaire », « la lecture assistée par la mauvaise foi ». S’il faut que je le décrive aujourd’hui autrement, j’irais avec cette formule : la triste pratique de l’« extrémisation » des positions de l’adversaire.

Mais le plus bel exemple de ce glissement, c’est une discussion que j’ai eu sur Twitter à la suite du passage des deux natifs montréalais unilingues anglophones d’Epic Meal Time à TLMEP, que j’ai vertement critiqué dans mon billet « Epic Fail Time ». En réaction aux réactions très négatives des gens sur le fil #TLMEP face à ces unilingues anglos, une « Franco-Ontarienne contre l’indépendance du Québec! » a essayé de me convaincre que c’était du racisme :

ceux qui se pensent supérieurs aux anglais (dont une majorité de Québécois) sont racistes

Ce à quoi j’ai rétorqué, pour pointer le ridicule de la chose :

À ce compte-là, est raciste quiconque est en désaccord avec un autre.

La discussion a durée assez longtemps, mais, entre autres, pour tenter de gagner son point, elle m’a référé à une partie de la définition du racisme selon l’Office Québécois de la langue française (ce qui est assez ironique, puisque, en arrivant sur la page d’accueil du site, à la Une il y a un article s’intitulant « Faire du français « la langue prioritaire »). Finalement, après quelques recherches, je me suis rendu compte que la partie qu’elle me copiait-collait (visiblement de ses notes de cours) ne se retrouve plus dans la définition du grand dictionnaire terminologique de l’OQLF (?), mais seulement sur le site du Mouvement estrien pour le français, sur une page qui date de 2001 :

on qualifie de raciste toute personne qui ne croit pas à l’égalité en droit des êtres humains

Il serait intéressant de savoir pourquoi cela ne se retrouve plus dans le dictionnaire terminologique. Cela serait-il donc sujet à caution? À la place, on pointe une remise en question du concept même de « race humaine », ce qui dirige un peu, il faut l’avouer, les suppositions. (Màj : finalement, le passage en question se retrouve dans la section « Note(s) » à la suite de la définition du terme « hégémoniste ».) Quand même, il faut vraiment faire une extrême contorsion mentale pour réussir à faire un lien entre cette définition et la critique contre l’unilinguisme anglophone au Québec, ce qui n’est vraiment pas une critique générale contre les anglophones, et il faut vraiment que je le spécifie pour ceux qui n’auront pas encore compris. Si je voulais me faire un peu d’argent, je parierais que je vais encore me faire dire en commentaire que je suis anti-anglophone…

Je ne dis pas, s’il était question de faire la promotion du retrait du droit de vote des anglophones (ce qui serait bien sûr une absurdité), mais là, il est seulement question de donner son opinion, de ne pas être d’accord avec un état de fait. Est-ce que la notion de « l’égalité en droit des êtres humains » empêcherait toute possibilité de critique, même très négative, envers les Québécois anglophones qui ne parlent ni ne comprennent le français? Non. Parce que la notion de « l’égalité en droit des êtres humains » concerne seulement la discrimination, ce que la critique n’est pas, étant assujettie à la liberté d’expression. De toute façon, les francophones n’ont pas besoin d’ostraciser les unilingues anglophones, ils le font très bien par eux-mêmes dans un sens.

Et, bien sûr, je ne joue pas à l’autruche en niant qu’il existe des gens que l’on peut réellement traiter de « racistes» envers les anglophones. Je sais très bien qu’ils existent, et je ne me gênerai jamais pour les dénoncer. Mais il faut savoir de quoi on parle. Et de ne pas mélanger les cartes. Par exemple, qu’on soit d’accord ou non avec l’idée d’étendre les dispositions de la loi 101 aux cégeps, cette idée n’est pas du racisme dans le sens linguistique.

En fait, la sauvegarde du français ne prend pas du tout sa source du racisme, d’un rejet de l’autre. Mais c’est bien pratique d’essayer de le faire croire pour ceux qui sont contre l’idée d’être proactif dans ce sens. Ça me surprend toujours de le constater, parce que la défense du fait français est un projet positif. C’est ce qui devrait tous nous lier. C’est ce que nous devrions tous défendre jalousement pour espérer durer dans ce monde carré qui tend à nous avaler tout rond.

L’anglais comme langue mondiale commune est une bonne chose. Mais comme toute bonne chose, il y a de mauvais côtés. Est-ce que de les pointer est pour autant raciste?

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L’humanité à un moment décisif – L’interdépendance est totalitaire

L’interdépendance est totalitaire

“Le monde a un cancer et le cancer est l’homme” – A. Gregg tel que cité dans Mankind at the Turning Point (1974)

En 1974, le livre Mankind at the Turning Point: The Second Report to The Club of Rome [1] (L’humanité à un moment décisif: Le deuxième rapport du Club de Rome) a été publié. Ce rapport indique la nécessité de créer une société «organique» ou véritablement interdépendante comme étant la seule façon de sauver le monde de la problématique mondiale presque sans issue.

Selon le Club de Rome, la problématique mondiale est l’ensemble des problèmes mondiaux interconnectés, tels que, la surpopulation, la pénurie alimentaire, l’épuisement des ressources non renouvelables, dégradation de l’environnement, etc. Avec l’utilisation exponentielle de modèles informatiques absurdes, le déroulement complet de la société et peut-être de la biosphère a été prédit. Sans surprise, la seule solution capable d’éviter la catastrophe mondiale est le développement d’une société organique. Comme il sera démontré, une société mondiale organique est seulement un euphémisme pour un gouvernement mondial totalitaire.

Le Club de Rome est un groupe de réflexion composé d’environ 100 membres, dont des scientifiques, des philosophes, des conseillers politiques et de nombreux autres personnages qui se cachent dans l’ombre du pouvoir.

La croissance organique

Tiré de Mankind at the Turning Point:

«Dans la nature, la croissance organique procède selon un plan directeur», «un plan». Selon ce plan directeur, la diversification les cellules est déterminée par les exigences des divers organes, la taille et la forme des organes et, par conséquent, leurs processus de croissance sont déterminés par leur fonction, qui dépend à son tour sur les besoins de l’organisme entier.

Un tel plan «maître» est manquant dans le processus de croissance et de développement du système mondial.» – 7

«Le concept de la croissance «organique» de l’humanité, comme nous l’avons proposé dans ce rapport, se veut une contribution à la réalisation de cet objectif. Si l’humanité s’engageait sur la voie de la croissance organique, le monde émergerait comme un système de pièces interdépendantes et harmonieuses, apportant chacun sa propre contribution unique, que ce soit en économie, les ressources ou la culture.

… Une telle approche doit partir et préserver la diversité régionale du monde. Des voies de développement, spécifiques à une région donnée plutôt que basées sur des intérêts nationaux étroits, doivent être conçues pour aboutir à un équilibre durable entre les régions interdépendantes du monde et l’harmonie mondiale – qui sera pour la croissance de l’humanité comme une entité «organique» à partir de son état présent qui est à peine embryonnaire.»

«Apparemment, le système mondial émergeant exige une vue «holistique» à avoir en considérant le développement du monde futur: tout semble dépendre de tout le reste.» – 21

L’interdépendance est la fin de l’indépendance

Bien que rarement soulevé et souvent dénié, le concept de l’interdépendance des nations implique la fin de l’indépendance nationale ou de la souveraineté.

«Et la coopération, enfin, exige que le peuple de toutes les nations envisage un aveu qui risque d’être difficile. Par définition, la coopération a une connotation d’interdépendance. L’interdépendance croissante entre les nations et les régions doivent alors se traduire par une diminution de l’indépendance. Les nations ne peuvent pas être interdépendantes sans que chacune d’entre elles renonce à une partie, ou du moins à reconnaître des limites à sa propre indépendance.» – 111
«… La déclaration reconnue, même involontairement, à l’aube d’une ère de limites à l’indépendance – même pour le plus fort et plus grand pays du monde.» – 114

L’interdépendance est totalitaire


Bertrand Russell, un fervent partisan d’un gouvernement mondial et élitiste d’une couture à l’autre, écrivit dans son livre de 1952 « L’impact des sciences sur la société » [2] que le résultat inévitable d’une société fondée sur une philosophie organique ne peut résulter que dans le totalitarisme.

Citation de L’impact des sciences sur la société:

«L’effet le plus évident et incontournable de la technique scientifique est qu’elle rend la société plus organique, dans le sens de plus en plus d’interdépendance de ses diverses parties …» – 42

«Le totalitarisme a une théorie et une pratique. En pratique, cela signifie qu’un certain groupe, après avoir saisi l’appareil de pouvoir par un moyen ou un autre, en particulier le domaine des armements et de la police, procéde à exploiter leur position avantageuse à l’extrême, gère tout dans le but de leur donnre le maximum de contrôle sur les autres. Mais en tant que théorie, il est quelque chose de différent: c’est la doctrine selon laquelle l’État ou  la nation ou la communauté est capable d’une chose différente que celle d’un individu et qui n’est pas constitué de tout ce que les personnes pensent ou ressentent. Cette doctrine a été particulièrement défendue par Hegel, qui glorifie l’Etat, et pense que la communauté doit être aussi organique que possible. Dans une communauté organique, pensait-il, l’excellence devrait résider dans l’ensemble. Un individu est un organisme, et nous ne pensons pas que ses parties distinctes ont des objets distincts: s’il a une douleur au gros orteil, il est celui qui souffre, non pas spécialement le gros orteil. Ainsi, dans une société organique, le bien et le mal appartiennent à l’ensemble plutôt qu’aux parties. Il s’agit de la forme théorique du totalitarisme.

… Concrètement, quand on prétend que l’État possède un bien différent de celle des citoyens, la véritable signification est que le bien du gouvernement ou de la classe dirigeante est plus important que celui des autres personnes. Une telle vision ne peut avoir de fondement, sauf dans le pouvoir arbitraire.

Plus important que ces spéculations métaphysiques est la question de savoir si une dictature scientifique, comme nous venons de considérer, peut être stable, ou est plus susceptible d’être stable qu’une démocratie …

… Je ne crois pas que la dictature est une forme durable de société scientifique – à moins que (mais cette réserve est importante), elle peut devenir mondiale.» [Caractère gras de l’auteur] – 64

Une société organique à l’échelle de la planète entière est exactement ce que le Club de Rome propose.

Vendre le totalitarisme

Il est intéressant de noter les mots plaisants et apaisants utilisés pour vendre le concept de totalitarisme: «biologique», «holistique», «différencié», «harmonieux», «interdépendant», «équilibré» et «durable». Le même «développement durable» est à la mode ces jours-ci. Le développement durable a été codifié dans le droit international au cours de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (connue sous le nom Sommet de la Terre) en 1992. Le Secrétaire général et principal organisateur de la conférence était Maurice Strong. Selon son propre livre, Où, sur Terre allons-nous? [3], il est un membre « du Comité exécutif du Club de Rome ».

Création d’un homme nouveau et interdépendance matérielle totale

Comment pouvez-vous faire la transition vers une société organique? La partie 2 de cette série examinera les désirs du Club de Rome pour changer le système de valeurs de l’homme moderne.

« Une analyse des problèmes et des crises comme indiqué dans les chapitres suivants montre que la restructuration(1)« horizontale » du système mondial est nécessaire, c’est à dire un changement dans les relations entre les nations et les régions, et (2) autant que la structure « verticale » du système du monde est concerné, des changements drastiques dans la strate des normes – qui sont le système de valeurs et les buts de l’homme – sont nécessaires afin de résoudre l’énergie, la nourriture et d’autres crises, à savoir, les changements sociaux et les changements des attitudes individuelles sont nécessaires pour que la transition à la croissance organique soit possible. »  – 54

La dernière partie de cette série traitera de la nécessité d’un contrôle total de toutes les ressources par une autorité mondiale.

« Le moment est venu d’élaborer un plan directeur pour la croissance organique durable et le développement du monde fondé sur la répartition globale de l’ensemble des ressources limitées et d’un nouveau système économique mondial. Dans dix ou vingt ans, il sera probablement trop tard …  » [Caractère gras de l’auteur] – 69

[1] Citations de Mihajlo Mesarovic et Eduard Pestel, Mankind at the Turning Point: The Second Report to The Club of Rome (1974). ISBN 0-525-03945-7

[2] Citations de Bertrand Russell, The Impact of Science on Society (1952). ISBN 0-415-10906-X

[3] Citations de Maurice Strong, Where on Earth Are We Going? (2000). ISBN 0-676-97364-7

* Texte basé sur le matériel original de Brent Jessop : «  Interdependence is Totalitarian »

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Annexe: Informations supplémentaires

Club de Rome

Le Club de Rome est un groupe de réflexion réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de 53 pays, préoccupés des problèmes complexes auxquels doivent faire face toutes les sociétés, tant industrialisées qu’en développement.

Pilotée à sa création par Aurelio Peccei, un Italien membre du conseil d’administration de Fiat, et Alexander King, un scientifique et fonctionnaire écossais, ancien directeur scientifique de l’Organisation de coopération et de développement économiques, il doit son nom au lieu de sa première réunion à Rome, à l’Accademia dei Lincei le 8 avril 1968.

Les notions de développement durable et d’empreinte écologique font du Club de Rome un précurseur. Si, au XXIe siècle, la majorité s’accorde à prendre en compte les problématiques environnementales, d’autres n’acceptent pas ces analyses qui impliquent beaucoup de remises en question. Ils s’en prennent parfois au Club de Rome, à l’origine de ce qu’ils pensent être du catastrophisme.

Son comité exécutif est constitué de treize membres.

Le Club de Rome se fit connaitre mondialement en 1972 par son premier rapport, The Limits to Growth, traduit en français par l’interrogation Halte à la croissance ?. Son interpellation intervint à l’apogée de la période dite des Trente Glorieuses, une période de croissance sans précédent dans les pays qui se qualifiaient eux-mêmes de développés et qui laissait penser que cette croissance était sans limite imaginable. Le concept de croissance zéro fut à l’origine de la naissance de l’écologie politique.

En 1993, Aurelio Peccei et Ervin Laszlo ont l’idée de créer le Club de Budapest. Le Club de Rome étant constitué de personnalités de très haut niveau des domaines scientifiques, politiques et des affaires, le but était d’instituer un club annexe pour équilibrer la pensée rationnelle dans ce domaine avec l’aspect intuitif qu’apporte la créativité dans les arts, dans la littérature, et dans la spiritualité, en impliquant quelques uns des esprits les plus connus et les plus créatifs de notre temps.[1

Le rapport The limits to growthHalte à la croissance ?

Article détaillé : Halte à la croissance ?.

Ce rapport, commandé en 1970 et publié en 1972 par le Club de Rome, fut aussi appelé Rapport Meadows.

Dans ce rapport, quatre ans après la contestation de la société de consommation de 1968 dans les pays d’économie libérale, pour la première fois, les vertus de la croissance sont remises en cause par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology au nom d’une prise de conscience d’une pénurie prévisible des sources énergétiques et des conséquences du développement industriel sur l’environnement.

Les conclusions du rapport annoncent un futur inquiétant pour l’humanité. Beaucoup lui ont reproché à l’époque une certaine exagération dans ses prévisions : le rapport ne prévoit aucun épuisement de ressources ou d’événement catastrophique avant 2010 au moins, même dans le scénario le plus défavorable (et ce ne sont alors que les prémices de l’effondrement).

Il fut suivi en 1974 d’un deuxième rapport au Club de Rome : « Stratégie pour demain »[2], dont l’approche fut diversifiée et localisée selon dix grandes régions du monde ayant chacune une situation et des problématiques de développement différentes.

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Classé dans Actualité, François Marginean

Falardeau Scissorhands

Source: Wikipedia

Source: Wikipedia

Gaëtan Pelletier

« – Serre-moi, lui dit-elle tout bas. – Je ne peux pas »‘,
répond Edward, ne sachant quoi faire de ses mains
tranchantes. (…)Ces ciseaux sont ironiquement ce
qui coupe Edward du monde extérieur et ce qui le
blesse corps et âme. Edward aux mains d’argent

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Né à Montréal le 28 décembre 1946, Pierre Falardeau fréquentera le Collège de Montréal, rue Sherbrooke; à la vieille maison des Sulpiciens, il fait la connaissance de Julien Poulin qui restera son ami et complice jusqu’à la fin. Sportif, le jeune Falardeau s’adonne à la pratique du football et s’initie brièvement à la boxe qu’il a découverte grâce à Ernest Hemingway qu’il préférera toujours à Musset, comme il sera plus « allumé » par les muralistes mexicains, chantres de la révolution, que par les romantiques français. « Moé, les pots de fleurs… » Cyberpresse, Daniel Lemay

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Si Pierre Falardeau était aussi gentil, charmant, humain, chaleureux que le disent ses proches, amis, collaborateurs, défenseurs, pourquoi choisissait-il alors de montrer en public cette personnalité cinglante, hargneuse, vulgaire? Par provocation? Je pense davantage que c’était par mépris. Commentaire sur le blog de Patrick Lagacé: FALARDEAU, TOUT EST LÀ

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Falardeau le propre

Falardau était un homme cultivé et propre. Intelligent. Sensible. Bien habillé  même… Dans ses jeunes années…

Il suffit de le regarder vider ses tripes dans certaines conférences. Le propre de Falardeau, c’est de s’être rendu compte à un certain moment que le propre ne peut pas combattre le propre. Sinon, on reste – où on s’intègre dans un système sale – pour nettoyer la crasse d’un club de «Beavers»  de la racaille élitiste. Et il a vite saisi que c’est cette racaille qui perdure un monde où l’on contrôle tout : les humains, les groupes, les petites nations. On ne mange pas que du cochon : on l’élève et on s’en sert pour engraisser ses avoirs et sa snobinardise au grand banquet romain anglo-saxon, et bien d’autres…

Car la culture, et son contrôle, fabriquent aussi des monstres ineptes, des enfants comme on sculpte de la pâte à modeler. Puis un peuple en entier… Comme on élève des poulets…

Dans son «Kentucky Boy ,  Pea Soup» (Patrick Lagacé, Extrait)

Patrick Lagacé  dit que tout est là… Il a sans doute raison : tout est là. Mais sans vraiment en comprendre le sens profond.   Car j’imagine  Falardeau en train de regarder ce qu’il a filmé, écouter le  dialogue que trop réaliste d’un enfant gras, mal léché,  porcelet, et pour emprunter son langage : «un mongol issu d’une culture qui n’a pas de culture» .  C’est l’Amérique (USA) de demain. C’est également la démonstration criante d’une race qui n’a plus aucune référence culturelle. Délavée, décolorée, risquant de s’éteindre. Une braise dans un bain de cendres froides…

Il n’y a pas plus bel échantillon d’Elvis Gratton… Ce garçon, c’est Elvis Gratton qui, pour s’en sortir, fera sa réussite au «Think Big» : le business. Un garage, mais un gros…

Tout est là, parce que c’est le pivot de l’œuvre du cinéaste. Mais c’est aussi le changement d’attitude.

Falardeau princesse se transforme en crapaud…

Tout est là n’est pas l’œuvre de Falardeau. J’ai remarqué qu’on a encensé – depuis son décès – son œuvre cinématographique, mais on l’a démarquée de l’homme.

Or, rien n’est plus faux. L’œuvre artistique de Falardeau ne vaut rien sans l’homme. Son «Pea Soup» aurait pu être tourné par un amateur qu’il  serait passé inaperçu. Ses Elvis Gratton  ( avec une coquille sur le net, suite à son décès : Elvis Grattin) ne seraient rien sans le soutien du pamphlétaire, n’en déplaise à ceux qui en ont mangé un peu gras de son langage ordurier.

La tendance des commentaires est la suivante : «Nous partageons les mêmes idées, mais nous ne sommes pas d’accord sur la façon de les exprimer».

C’est la manière la plus hypocrite de dire qu’il était un indépendantiste, qu’on en voulait, mais qu’on n’en voulait pas.  Et tous les indépendantistes sont les bienvenus au club «beaver» des indépendantistes.

Falardeau grand cinéaste ? Oui. Le Party (1989), Le Steak (1992), Octobre (1994) et 15 février 1839 (2001).

Rien pour amuser la galerie. La dénonciation d’une dureté extrême, de la survie du gars qui a mangé du poulet Kentucky, et deux fresques politiques…

Après, le club «Beaver» et ses valets ont voulu étouffer le Falardeau trop sérieux, et trop vrai…

Falardeau le sale

Edward Scissorhands n’est pas un garcon ordinaire.
Création d’un inventeur, il a recu un coeur pour aimer,
un cerveau pour comprendre. Mais son concepteur
est mort avant d’avoir pu terminer son œuvre
et Edward se retrouve avec des lames de métal
et des instruments tranchants en guise de doigts.
Allociné

À travers cette démarche, Falardeau s’est muni d’un costume extérieur de personnalité cinglante, hargneuse, vulgaire. Pas de fini…Comme Edward.

Un cerveau, du cœur, mais pour de doigté… Au contraire d’Edward, on dirait que les lames poussent à mesure qu’il avance dans la vie.

Et si on aimait Falardeau c’est qu’il était d’une authenticité âpre à l’encontre de ceux qui noient leur gin dans l’eau. Il n’y a pas de compromis. La tiédeur est un mélange de chaud et de froid. Et ce mélange a donné au Québec – et à toutes les autres cultures – l’exploitation coloniale féroce qui a anéanti bien des peuples, des cultures.

Et c’est malheureusement ce qu’elle continue de faire.

Au-delà du Québec, du  canadien français, il y a bien plus chez Falardeau qu’un seul peuple. L’ethnologue voit plus loin, mais il voit d’abord ici.

S’il a flagellé les haut-placés de l’ordre exploitante, tempêté dans ses écrits, il a fini par écorcher les valets, les agresser, les  blâmer, les calomnier, les  discréditer, etc.

Ce que le commentateur du blogue de Patrick Lagacé n’a pas compris, c’est que Falardeau – à l’encontre des faux combattants – ne se fabriquait pas une personnalité de combattant : il était le Le Steak (1992).

La survie est saignante… Comme à la guerre. La tendresse est saignante : comme dans 15 février 1839 (2001), une douleur rappelée dans un long mouvement de caméra, de visages, de silences.

Ce que les gens n’ont pas vu de Falardeau c’est le combattant à la manière des anciens : l’épée, l’arc, la flèche. Et le couteau pour le ventre…

Ce que le «monde ordinaire» a compris de Falardeau c’est qu’il était un boxeur amoché, avec une vieille douleur de  238 ans .

La leur. Et encore plus… C’est celle qui se perpétue depuis le «début des temps».

Ce que Falardeau livrait vraiment,  c’est son combat contre toute forme de colonialisme.

On en a gardé le souvenir d’un combattant de l’indépendance du Québec.  Et un salaud…   Falardeau poignardait les journalistes pour leur rôle et non pas pour «la personne».

Il ne faisait pas la différence. Ce fut là  sa grande erreur de «marketing» : les tripes brûlantes n’ont jamais pu saisir et accepter la tiédeur et le compromis.

Les siennes étaient un volcan en feu.

Le propre n’est qu’une apparence qui crée de la réelle saleté.

Il fallait un peu de cette saloperie de Falardeau pour discréditer la saleté cachée.

C’est un salaud, à n’en pas douter. Il haïssait les journalistes pour leur «désinformation» et les traitait de «vendus» et de toutes les injures à en gagner un prix qu’on court. Son rêve avait été d’être journaliste… Il l’a avoué. Mais qui donc veut de deux paires de ciseaux? Il faut bien une main douce et docile pour manier l’autre.

Sa notion de «désinformation» n’est pas trop nuancée : c’était celle qui ne convenait pas à son vieux discours…

Mais il eut, à la fin, raison… Si on peut dire… Falardeau fumait dans les studios de télévision pour  défier….  On a plusieurs fois annoncé sa mort due à un cancer du poumon… Or, un document du CHUM, datant d’aujourd’hui ( 28 septembre 2009), précise que Falardeau est décédé d’un cancer du rein métatastique. Lucie Dufresne, Communication SCHUM

On est toujours content que les gens meurent de leur non-conformisme.

Et que les moutons noirs meurent en noir.  Ce qui donne «raison» aux «blancs» de ce monde pour contrôler la connaissance, le savoir, dans un conformisme de porc béat et bien habillé.

Non, tout n’est pas là, tout est ici. ( Le temps des bouffons).

Quinze minutes de filmographie, 15 minutes à railler   des glorieux. Et tout ça, dans une langue sale de narration.

Dans le ring, le «steak» boxait avec des ciseaux. C’était sa façon de renvoyer la saleté qu’il voyait dans les sociétés.

Moé,  les pots de fleurs.

C’est bien là ce qui le définissait le mieux : une roseraie pamphlétaires qui n’a produit que quelques roses et une de nombreuse épines.  Des lames naturelles, des ciseaux, mais l’aura d’une fleur barbouillée.

La moufette à l’aura de rose.

Salut! Stie d’sale!

P.S.: On t’aimait parce que tu n’avais pas que des mains… Tu avais appris, et l’avait bien dit : «C’est parce que tu es à genoux qu’ils sont grands».

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Quelques falardises, au hasard :

Jacques Hébert, socialiste à voiture de sport; Rabinovitch, président de Radio-Vichy; Monseigneur Steven Guilbault; le Père Hubert Reeves; le Cardinal Bernard Voyer; les Cowboys mélangés; l’autre mongol à barbiche, Suzuki, Kawasaki, Yamamoto ou quelque chose du genre venu à Montréal nous faire la morale in English only; les collabos de Gesca; l’unifolié, un pavillon de complaisance ; les intellectuels à gages de Paul Desmarais; les Japonais, à Montréal, nous polluent la vue et le cerveau; Jacques Godbout fait le jars à la radio de Christiane Charrette; Boom Desjardins, une jolie tête de ruminant domestiqué; la grosse Nathalie à junior qui n’est pas sans rappeler Soeur Marie de la Transpiration des Saints Pieds de Jésus; Lysiane Gagnon, une pitoyable blondasse; la colorée gouverneure générale et la grande tarte à Lafond; mon ami Dieudonné; Patrick Lagacé, le blagueur de La Presse (suivi d’une violente bordée d’insultes impubliables car diffamatoires); le professeur Lauzon, de la marde de gauche; la grosse Bazzo; René-Homier Roy et son parterre de mémés-sur-le-retour-d’âge; Odile Tremblay, une petite gueule pincée de Madame-bien-élevée-de-la-Haute-Ville; Robert Lévesque, le pape de la critique insignifiante pour enfants de choeur attardés; Amir Kadhir et son houdinisme idéologique; Françoise David et son catalogue de bons sentiments; alouette…

DIDIER FESSOU, LE SOLEIL, PIERRE?FALARDEAU. Rien n’est plus précieux que la liberté et l’indépendance, vlb éditeur, 264 pages

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Classé dans Actualité, Gaëtan Pelletier

L’heure est au ralliement indépendantiste

Je parcours les sites souverainistes, je m’attarde sur des forums où j’interviens avec passion et où les indépendantistes de différentes tendances déchirent leurs chemises et accusent de traîtrise tous ceux qui ne pensent pas comme eux dans leurs chapelles sectaires…et ça me désole de constater qu’encore une fois nous sommes victimes du colonialisme dans lequel on s’enlise depuis quatre cent ans.
Nos boss d’Ottawa doivent bien rire dans leur barbe de blokes impassibles car ils ont depuis des siècles compris qu’il fallait diviser pour régner. Ils y réussissent fort bien, merci. Car la plupart des interventions dont je prends connaissance comportent des attaques mesquines et vicieuses contre tous ceux qui ont le malheur de militer encore au PQ.
Je veux bien croire que la direction et l’establishment de ce parti n’ont aucune ferveur indépendantiste et ne savent pas mobiliser la population pour inciter les citoyens du Québec à lutter pour l’abolition du poste de Lieutenant Gouverneur et l’avènement de la République française d’Amérique. Et qu’ils sont toujours en retard d’un combat ( voir l’affaire des Plaines d’Abraham).
Mais comment certaines grandes gueules, complètement déconnectées de la réalité, arrivent-ils à pourfendre les militants de la base qui, eux, poursuivent les mêmes objectifs que les nôtres.
On est loin de l’esprit révolutionnaire qui doit animer et motiver les combattants de la liberté car les vrais héros savent s’effacer et faire preuve d’humilité devant la grandeur de la cause commune qu’ils disent défendre.
D’autres esprits obtus se plaisent à jeter l’anathème sur tout ceux qui, en tant qu’entrepreneurs dynamiques, font des affaires au Québec. Comme si on pouvait donner naissance à un pays en mettant de côté ces créateurs d’emploi et de richesse collective…L’indépendance devra se faire tant avec la gauche, le centre que la droite. C’est l’affaire de tout un peuple.
Et moi, je suis là avec quelques autres illuminés, à préconiser de tout mon coeur une vaste coalition arc-en-ciel de tous les indépendantistes québécois- de quelque parti politique soient-ils- pour former un Front commun et régler une fois pour toutes cette question nationale qui demeure un boulet au pied d’un Québec qui se dégrade de jour en jour sous la gouverne de Jean Charest, le conservateur-libéral fédéraliste qui joue le rôle de premier ministre et de marionnette de Paul Desmarais.
Non mes amis, nous ne sommes pas sortis du bois. Mais sachez que des fous, se moquant des sondages et de l’indifférence, poursuivent le combat avec acharnement et qu’ils le feront jusqu’à leur dernier souffle.
Depuis plus de 45 ans ans, le mouvement indépendantiste en a vu de toutes les couleurs et il a été victime d’une horde d’assoiffés de pouvoir, des carriéristes professionnels qui mangent à tous les râteliers. Mais, même si la situation ne semble pas rose à cause de la dispersion et de la dilution des forces ainsi que du manque de leadership et de charisme de nos leaders, il ne faut pas baisser les bras comme le font trop souvent les hommes et les femmes de ma génération.
Il faut se remettre en question et opposer énergiquement la défense de la République française d’Amérique à la Monarchie constitutionnelle canadienne. Plus nous préconiserons un régime québécois républicain, plus le ROC deviendra agressif à notre égard. Ça pourrait bien provoquer la crise qui nous précipitera vers la rupture.
Je suis de ceux qui croient qu’un vote majoritaire de l’Assemblée nationale en faveur du rapatriement de tous nos pouvoirs vaudrait mieux qu’un référendum-bidon où les dés sont pipés par les interventions illégales d’Ottawa et a sa puissante machine à broyer nos rêves.
D’ailleurs, y a-t-il eu référendum pour faire entrer le Québec dans cette fédération artificielle basée sur un chemin de fer est-ouest, contraire à toute tendance géopolitique voulant que les affaires se transigent du nord au sud ?
Je salue bien bas tous ceux qui ne baissent pas les bras et qui poursuivent dans l’ombre la lutte pour notre indépendance. Je salue bien bas tous ceux qui n’ont pas jeté aux orties leurs rêves de jeunesse. Et qui continuent de travailler très fort au rassemblement de tous les indépendantistes québécois sous une bannière commune.
Dès le début des années soixante, Pierre Bourgault nous avait prévenus que la route serait longue et parsemée d’embûches…et que cinquante années de lutte, qui nous semblent une éternité, ne sont qu’une poussière de seconde dans l’histoire de l’humanité.
Quand j’entends certains d’entre-nous déclarer « ça ne vaut plus la peine car je ne verrai pas l’Indépendance de mon vivant », leur attitude « d’après moi le déluge » me démontre à quel point ils ne sont pas de vrais révolutionnaires.
Le combat doit se poursuivre inlassablement, malgré toutes les avanies. Nous devons reconstruire pierre après pierre. Sinon, nous sommes irrémédiablement condamnés à la régression. De peuple, nous deviendrons peuplade. Et il n’y aura plus qu’un pas à franchir pour que nous devenions une tribu folklorique, comme l’ont été avant nous nos compatriotes de la Louisiane et des provinces de l’ouest.
Je ne verrai probablement pas la naissance officielle du pays, mais je continuerai néanmoins à y consacrer le meilleur de mes énergies, car l’abandon, c’est la mort. Et que je refuse notre extinction collective.

PIERRE SCHNEIDER

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Classé dans Actualité, Élections, Pierre Schneider

Un gouffre représentatif

3x4Il y a bien longtemps que je n’ai pas effleuré un thème qui m’est pourtant cher, soit la souveraineté du Québec. Je pourrais l’expliquer sommairement par le seul fait que sur le web il n’y a pas grand monde à convaincre, parce que s’y trouver démontre bien qu’on est dans une dynamique active, et donc peut-être moins indécis politiquement. Enfin, personne ne m’a jamais dit ouvertement que je l’avais convaincu de regarder la souveraineté du Québec comme une avenue possible et souhaitable.

Pourtant, à regarder l’actualité, je ne cesse de me dire que ci et que ça est une bonne raison, que de vivre dans un pays à nous serait une tout autre expérience : qu’on cesserait au moins de blâmer les autres quand il y a des problèmes et qu’on se retrousserait sûrement plus les manches. Optimisme quand tu nous tiens! Mais bon, entre le statu quo où on est vivant (dans son sens le plus neutre) et un pari dont le résultat n’est, par définition, aucunement garanti, il y a une tendance tout à fait normale vers le premier choix. Et c’est là où l’appui à la souveraineté, qui se situe toujours grossièrement entre 30 et 40%, est impressionnant.

Mais pour revenir au ci et au ça, la lecture du dernier sondage Léger Marketing fait bien ressortir comment nous sommes mal représentés à Ottawa. Avec 12% d’appui populaire au Québec, le parti conservateur se retrouverait à peu près au même point que l’ADQ… si le ROC ne faisait pas partie du calcul. Étant donné que la souveraineté du Québec ne m’effraie pas, je suis capable de faire la soustraction : on n’aurait pas quelqu’un de la trempe de Stephen Harper à la barre si c’était autrement. Et je ne parle même pas de Jean Charest

Je vous invite à poursuivre votre lecture du côté de Pierre Bluteau qui expose deux autres bonnes raisons de faire l’indépendance.

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

La bataille des Plaines d’Abraham sera-t-elle un jour terminée?

La décision de mettre autant d’emphase sur la bataille des Plaines d’Abraham l’année suivant Québec 2008, si peu riche en rappels historiques, n’était pas l’idée du siècle. D’abord parce que cet événement soulève encore, 250 ans plus tard, beaucoup de passions. Ensuite parce que l’HISTOIRE semble avoir trouvé son chemin vers Québec cette année, après s’être égarée Dieu sait où l’an passé.

L’historien Gaston Dêchesne souligne sur son blogue, en réponse à un éditorial de François Bourque, la disproportion entre 2008 et 2009 dans la place que nos institutions culturelles accordent à l’histoire : «C’est fort ironique. Les origines de l’Amérique française n’offraient pas assez d’intérêt en 2008 mais la fin de la Nouvelle-France sera soulignée en double en 2009.»

Jugez-en par vous-mêmes :

En 2008, le Musée national des beaux-arts du Québec (MNABQ) a vite expédié une exposition sur l’histoire des arts à Québec pour faire de la place à celle sur le Louvre qui a tenu l’affiche tout l’été, mais qui était sans rapport avec l’anniversaire de Québec. Le Musée de la Civilisation a offert une modeste « exposition » sur Champlain (un film en fait, dans une annexe) et une autre sur monseigneur de Laval. L’histoire de Québec, du Québec et de l’Amérique française? On ne l’a vue dans aucune exposition d’envergure.

Arrive 2009. Au MNABQ, on présentera tout l’été « une exposition qui soulignera le 250e anniversaire de la prise de Québec ». Le Musée de la civilisation ne sera pas en reste avec, à compter de juin, une exposition sur « La guerre de Sept ans », cette période « au cours de laquelle s’est conclu le sort de la Nouvelle-France ».

Les célébrations de 2009.

Cerise sur le gâteau, la Commission des Champs de bataille nationaux n’a rien négligé côté histoire : «reconstitutions, expositions, colloque, animations diverses et rappels historiques dans Québec et sa grande région [pour souligner le 250e anniversaire de la bataille des Plaines d’Abraham]», peut-on lire sur le site de la Commission.250e-visueltexte-internet_000

En plus, toujours sur le site de la Commission, la Bataille est présentée comme un combat entre gentlemen (merci à lafelee, Juste un peu frustrée, d’avoir attiré mon attention sur cette représentation idyllique aussi tordue d’un combat où personne ne fit dans la dentelle).

Nous aurions bien besoin du psychiatre Camille Laurin pour nous expliquer cet étonnant paradoxe d’un peuple qui fait une telle mise en scène historique d’une défaite après avoir été si avare de la dimension historique dans les festivités soulignant le 400e de sa naissance.

Par contraste, Oama n’a pas hésité à souligner la force de caractère des Pellerins pour appeler ses compatriotes à se relever les manches. Ici au Québec, ce ne sont pas les hommes et les femmes de caractère qui manquaient parmi nos ancêtres et qui pourraient nous inspirer encore aujourd’hui. Il en fallait de l’endurance pour venir s’installer ici et sillonner l’Amérique française depuis Québec jusqu’au Pacifique ou au golfe du Mexique.

Peut-être est-ce notre propre manque de courage face à notre Destin qui nous fait ainsi souffrir d’Alzeimer sélectif.

Peut-être aussi sommes-nous incapables de voir au-delà de cette défaite des Plaines – laquelle après tout ne fut pas la nôtre, mais celle de la France. Sans cesse nous radotons en accusant l’Autre d’être responsable de notre malheur, sans réaliser que nous sommes tout sauf un peuple malheureux. Allez voir ailleurs et vous en trouverez des peuples écrasés. Revenez après prétendre que nous le sommes.

Il est temps de cesser ces jérémiades et de regarder enfin vers l’avenir, comme le propose justement Obama à ses compatriotes descendants des Noirs africains.

René Levesque, dans un moment de fierté, a dit que nous sommes quelque chose comme un grand peuple.

Intérioriserons-nous enfin ces paroles pour pouvoir passer à autre chose en toute sérénité: non plus l’indépendance contre, mais l’indépendance pour.

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Classé dans Actualité, Michel Monette

Si les élections pouvaient changer quoi que ce soit…

Il semble que le Québec va bientôt procéder à son maquillage démocratique périodique. Le moment semble venu, mais 70 % de la population préférerait que cet exercice n’ait pas lieu. Réflexe d’une population satisfaite qui ne voit pas la nécessité d’une remise en question… ou lassitude résignée de cette population, qui préférerait autre chose que ce traitement cosmétique ? Le peuple serait-il si réticent à s’exprimer, si on lui posait les  questions auxquelles il ne demande qu’à répondre ? N’y a-t-il pas certaines questions qui déclencheraient l’enthousiasme qui a amené 95 % de la population à se prononcer, lors du dernier référendum ?

OUI, il y a de ces questions … mais on veut en détourner l’attention. Parmi ces questions, bien sûr, il y a celles sur la souveraineté, la place du français et la composition démographique que l’on souhaite au Québec.   Choisira-t-on une immigration qui permettra de faire face plus facilement à nos obligations envers nos retraités… ou la restreindra-t-on pour garder au Québec le visage que nous lui connaissons ?  Souveraineté, langue et immigration sont trois (3) sujets  sur lesquels la population voudrait bien qu’on lui propose des choix.

Ne pas croire, toutefois, que l’intérêt de la population se borne à ces trois (3) thèmes.  Il y aurait aussi des débats passionnants à faire sur  l’éducation, question si préoccupante qu’on préfère ne pas s’en occuper.  Sur la santé, à laquelle tout le monde pense, mais sans vouloir trop y penser, parce qu’il y a des choix à faire qu’on ne veut pas faire. Des choix financiers, mais aussi des choix techniques, une remise en question des fonctions des intervenants en santé  – de celles  des spécialistes à celles des préposés aux soins.  Une révision gênante à faire du rôle des élites traditionnelles, de leurs privilèges et de leurs droits acquis.

On aimerait bien, aussi, parler de l’accès à la justice. Il n’y a pas de justice au Québec pour le monde ordinaire ; la justice est  biaisée en faveur de ceux qui possèdent et contre ceux qui n’ont rien.  La population de n’abstiendrait pas de voter si on lui parlait de réformer cette justice qui n’est qu’apprivoisement de l’injustice.

Elle ne se détournerait pas non plus, si on lui parlait de sécurité.  Il semble bien que la hausse vertigineuse de la criminalité à laquelle nous avons assisté durant quelques années se soit arrêtée, mais est-ce  bien vrai ? N’est-ce pas plutôt que, comme une tache qui s’estompe sur un vêtement qui devient uniformément sale, le crime se discerne moins dans une société qui devient uniformément plus violente ? Est-ce que nous ne sommes pas à apprivoiser l’insécurité, comme nous avons apprivoisé l’injustice ?

Et si on parlait du système carcéral ? La prison traditionnelle  a-t-elle encore un sens dans notre société ? Il y a des façons plus efficaces  de punir si on veut punir et de réhabiliter et si on veut s’en donner la peine, mais, surtout de protéger la population adéquatement…  Si on consultait la population et qu’on revoyait tout ça ?

Il faudrait penser aussi à ce qu’il adviendra de l’État de droit, si nous laissons le népotisme et la corruption pervertir la démocratie. Ici, comme dans tous les pays qui se prétendent démocratiques, il est de plus en plus difficile de croire que, derrière le cirque médiatique qui nous distrait, le peuple ait encore un contrôle sur les décisions qui sont prises et sur le sort qui lui est fait.  On s’empresse pourtant de mettre une pelletée de terre chaque fois qu’on sent bouger le cadavre de la démocratie.

Il faut démocratiser la gouvernance, mais se souvenir aussi que la gouvernance ne s’exprime que par une administration. Sommes-nous bien administrés ?  Échappons à l’arbitraire des décisions bureaucratiques ?  Évitons-nous cette procrastination qui va de paire avec la désuétude des moyens dont nous disposons pour que la prise des décisions soit efficace dans une société complexe ?  Que voudrait la population ?  On pourrait le lui demander.

Pourquoi, par exemple, se déplacer pour allers chercher un permis dans une officine de l’État, alors que ce permis pourrait être envoyé par courriel à son titulaire, puis à quiconque aurait l’autorité de l’exiger ou auquel le titulaire en autoriserait la divulgation ? Si l’on mettait à profit les moyens de communication dont on peut maintenant disposer, on pourrait réaliser en ligne  le plus clair des échanges documentaires entre les citoyens et les administrations publiques.   Sur ça aussi, nous aimerions tous voter, si quelqu’un prenait la peine de faire une proposition intelligente pour renvoyer à domicile une large part du fonctionnariat

Voter, aussi, sur la place de l’information dans la société et le rôle de l’État dans l’information. Quelle devrait être la responsabilité de l’État pour diffuser la nouvelle?  De quels moyens de contrôle sur cette responsabilité l’État devraient disposer les citoyens ? Les médias traditionnels seront rejoints, puis un jour remplacés, par une multitude de blogues et de journaux citoyens qui viendront compléter l’information et garantir la transparence de notre société.  Ce sera une nouvelle donne. Il faudrait peut-être en parler…

il y a aussi toute la question de l’environnement.  Quels moyens prendrons-nous pour assurer notre approvisionnement en énergie, condition incontournable d’un développement continu ?  Cette question s’inscrit dans une problématique plus large : continuer dans la voie d’une consommation en constante expansion … ou bifurquer  vers une société plus frugale de simplicité volontaire. La population doit comprendre que la stabilisation de la consommation des biens matériels ne veut pas dire un arrêt du progrès, seulement une réorientation vers des valeurs intellectuelles, culturelles, spirituelles…

Pourquoi toujours occulter le débat sur la notion d’équité et d’une plus juste distribution de la richesse ?  On n’y coupera pas, car dans une société complexe et donc d’interdépendance, la solidarité n’est plus une vertu, mais une exigence technique. Il faut revaloriser le travail comme facteur de production, mais cela ne suffira pas pour distribuer équitablement le revenu  L’assistanat, sous une forme ou sous une autre, prendra de plus en plus d’importance et une politique d’assistanat plus envahissante est inévitable.  Il faut que la population se prononce sur les modèles de relation du travail à l’assistanat car, sans un consensus social, l’assistanat n’est qu’une variante de l’exploitation et du favoritisme.

Dans le contexte  de la crise financière actuelle, la population ne devrait-elle pas aussi être consultée sur les modifications à apporter à notre système financier, aux régimes fiscaux, au crédit, à l’émission de la monnaie dont nous avons vu que la gestion paternaliste par une toute petite élite financière nous a conduits au désastre ?

Il y a des décisions sociétales à prendre.   Il y a des choix qu’il faut demander à la population de faire, parce que c’est à elle de prendre ces décisions. La manière de faire ces choix devrait elles-mêmes faire objet de débats. Peut-on intégrer la notion de référendum à notre structure de gouvernance ?  La démocratie directe est maintenant devenue techniquement possible. Veut-on s’en approcher pour la gestion de notre quotidien ?

Si on consultait vraiment la population, il ne serait pas difficile de la motiver. Trop complexe ?  IL N’Y A RIEN  QU’ON NE PUISSE  FAIRE COMPRENDRE À UN INDIVIDU D’INTELLIGENCE MOYENNE. S’il veut comprendre et si on prend le temps de le lui expliquer.

Il  y a beaucoup à discuter. Pourtant, on se prépare à des élections où, comme d’habitude, on restera au niveau des insignifiances, en évitant soigneusement tout ce qui pourrait ressembler à une véritable consultation du peuple. Encore une fois, on va demander à la population de choisir ses maîtres au lieu de lui offrir une plus grande maîtrise sur son destin.

On a déjà dit : « Si les élections pouvaient changer quoi que ce soit, elles seraient interdites. »    Ne faudrait-il pas plutôt se hâter d’interdire toutes les élections qui ne peuvent rien changer ?

Pierre JC Allard

 

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Classé dans Actualité, Pierre JC Allard

Québec indépendant ? Quand vous voudrez…

Après le Canada, puis les USA, c’est le Québec qui va refaire bientôt son maquillage démocratique. À Pâques, ou à la Trinité… Un maquillage si discret qu’il en sera invisible, puisqu’on ne proposera rien de droite, ni de gauche, mais seulement, comme le dit ce personnage du Soulier de satin, « … du nouveau qui soit tout à fait semblable à l’ancien ». Surtout, on se fera une beauté en prenant bien garde de ne pas souligner les rides de l’idée d’indépendance.

Une idée que j’ai bien aimée quand elle était jeune, mais qui a si mal vieilli, qu’on ne se demande plus si on en veut, seulement s’il n’est pas discourtois d’y faire même allusion. On ne parlera pas d’indépendance, à ces prochaines élections au Québec. Pourtant, on ne pensera qu’à ça.

On ne parlera pas de référendum. Les deux-tiers des Québécois ne veulent pas d’un référendum; Ils savent bien que, quelle qu’en soit l’issue, les perdants se diraient « à la prochaine». D’ailleurs, on discute de la légitimité d’une sécession s’appuyant sur 51% des électeurs, mais veut-on vraiment choisir, entre vivre dans un pays dont 49 % des citoyens veulent sortir… et en créer un autre dont 49 % des gens ne veulent pas ? Est-ce bien ainsi qu’on créera au Québec plus de richesse et plus de justice ?

Le Québec ne veut pas d’un référendum qui le fera choisir entre être ou ne pas être canadien, car il sait que le meilleur scénario pour le Québec se situe probablement entre ces deux solutions simplistes. Il sait que la bonne question a poser est celle à laquelle répondra un consensus.

Il y a 45 ans que les Québécois tentent de dire ce qu’ils veulent et on ne les écoute pas. Ils veulent avoir, au palier du Québec, tous les pouvoirs qui garantiront le développement d’une collectivité francophone ; ils veulent AUSSI appartenir librement à un ensemble canadien qui leur donnera la masse critique pour exister à côté des USA et avoir une voix plus audible dans le monde.

Pour avoir ce qu’il veut, le Québec doit le négocier avec ses partenaires du Rest-of-Canada. Sereinement, mais sans complaisance. Cette négociation sera d’autant plus efficace que le gouvernement du Québec aura une plus grande marge de manoeuvre. C’est cette marge de manoeuvre que voulait René Lévesque quand il demandait un OUI à la souveraineté-association et il n’a jamais prétendu vouloir autre chose. La bonne question à poser, c’est celle qui donne au Qbec cette marge de manoeuvre.

C’est celle du vote de confiance, permettant au gouvernement légitimement élu du Québec de négocier, sans le fil à la patte de quelque consultation populaire ultérieure, une nouvelle constitution canadienne qui donnera au Québec ce qui est le mieux pour le Québec.

Le gouvernement du Québec doit pouvoir négocier habilement, donnant-donnant, avec le gouvernement fédéral, les concessions sur certains points qui permettront de se gagner des avantages sur certains autres. Il doit pouvoir négocier une constitution sur mesure.

Il doit recevoir pour le faire un mandat non équivoque confirmant qu’il parle au nom des Québécois et qu’il peut – ne DOIT PAS nécessairement, mais PEUT à sa discrétion, s’il le juge nécessaire – sortir du Canada en fermant doucement ou en claquant la porte. C’est ce mandat discrétionnaire – que ne demandait pas le premier référendum – qui devrait faire l’objet du prochain: le dernier.

La question ? Simple et claire :

« QUÉBÉCOIS D’ABORD, je donne au Gouvernement du Québec le mandat formel : a) de négocier avec le Gouvernement du Canada les termes d’une constitution qui instaurera un nouveau partage des pouvoirs, au sein d’une Confédération canadienne à laquelle le Québec appartiendra si elle est conforme à ses aspirations, et b) si telle négociation échoue, de procéder, à sa convenance, à la sécession du Québec du Canada, par une déclaration d’indépendance, unilatérale ou négociée selon qu’il le jugera opportun, à la seule condition de l’avoir clairement énoncé à son programme »

Un « OUI » à ce référendum ne signifierait PAS la sécession du Québec, mais signifierait que celle-ci peut être déclarée en tout temps par le Gouvernement du Québec… SI et quand il décidait de le faire. Dans la situation ainsi créée, le Québec choisit les modalités de sa participation à une ensemble canadien, disposant même du droit de ne pas y appartenir. Il EST donc souverain, puisque la souveraineté ne dépend pas des appartenances qu’on se choisit, mais du droit inaliénable de les choisir.

Ce référendum aboutit à une vraie « Souveraineté-Association ». Avec des dent, car toutes les élections subséquentes au Québec sont de fait référendaires. Si une majorité de la population soutient les exigences dont un parti fait ses conditions de l’appartenance du Québec au Canada, elle saura que celui-ci ne se borne pas à instrumentaliser l’idée d’indépendance pour se faire élire… et ne plus en parler. Il pourra la faire.

Si le gouvernement fédéral ne conteste pas la validité du mandat qui découle de ce référendum — et la contester serait un suicide politique pour le parti qui le ferait — il reconnaît de facto la souveraineté du Québec. Je crois que c’est cette reconnaissance de la souveraineté du Québec, sans obligation de sortir du Canada, qui donnerait satisfaction à une majorité de Québécois. Pas à 51% des Québécois, mais à une majorité assez substantielle des Québécois pour qu’on puisse raccommoder la déchirure sociale qui persiste depuis le premier référendum et faire des choses ensemble.

Si je connais bien les Québécois, ils voteront OUI à ce référendum… puis s’empresseront d’élire un gouvernement qui négociera âprement pour le bien du Québec, mais tout en gardant un préjugé favorable au maintien de liens privilégiés avec le reste du Canada et en disant haut et fort qu’ils y resteront.

S’il le font ce sera leur choix et, pour normand qu’il soit, ce choix n’empêchera pas que le Québec soit alors devenu souverain et ait dès lors dans sa poche la clef de l’indépendance, si et quand il la voudra.

Pierre JC Allard

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