Archives de Tag: interventionnisme

Mcleans avait raison!

Grande nouvelle! Un rapport que le Ministère des transports du Québec voulait laisser croupir sur les tablettes, se retrouve par miracle chez Radio-Canada.  Comme par hasard, ce rapport confirme ce que nous avons toujours su: l’industrie de la corruption, pardon, de la construction est corrompue à l’os. Depuis des décennies, c’est un secret de polichinelle. Quoi? Vous croyiez peut-être que notre stade olympique valait vraiment le milliard et des poussières qu’il nous a coûté? Vous croyiez qu’ailleurs qu’au Québec, des projets comme l’extension du métro à Laval ont aussi des dépassements de coûts de 350%? Nous avons toujours su que cette industrie était toute croche, mais maintenant nous en avons la preuve.

Devrait-on être surpris? Pas le moins du monde, puisque la corruption va toujours main dans la main avec des gouvernement interventionnistes, et celui du Québec est de loin le plus interventionniste au Canada.  Il y a toujours eu un lien entre la liberté économique d’un territoire et la corruption pour de très simples raisons:

  1. Plus une industrie est règlementée, plus l’entrée de nouveaux joueurs est restreinte, limitant la concurrence et plus il est facile pour les joueurs existants de se cartéliser sans craindre qu’un nouveau concurrent vienne briser le cartel.
  2. Plus une industrie est règlementée et plus le pouvoir sur cette industrie est concentrée dans les mains de fonctionnaires et politiciens et plus il devient nécessaire de graisser des pattes pour accomplir quoique ce soit. Il ne peut y avoir de corruption que dans le secteur public car ce sont eux qui détiennent le pouvoir et qui peuvent le vendre au plus offrant.
  3. Les foctionnaires et politiciens n’ont aucun incitatif à s’assurer que les deniers publics soient bien dépensés. Ce n’est pas leur argent, c’est celui du contribuable, alors qu’est-ce que quelques millions par ici, ou par là si ça leur permet d’acheter des votes ou d’accroitre leur pouvoir?

Pourquoi croyez-vous que ça dure depuis si longtemps, sans que personne ne dise un mot? Je vous dirais que c’est parce que les acteurs sont tous au-dessus des lois et qu’ils on tout intérêt à ce que vous ne sachiez pas ce qui se passe. Encore une autre fois, ils ont d’ailleurs cherché à vous cacher la vérité. N’eut été du fait que quelqu’un a pris sur lui-même d’envoyer une copie de ce rapport à R-C, nous n’en aurions probablement jamais vu la couleur de source officielle. Maintenant qu’ils ont été pris les culottes baissées, le gouvernement Charest va-t-il finalement  former la commission d’enquête réclamée depuis si longtemps par la grande majorité de la population?

Marquez votre calendrier, car vous ne reverrez pas l’occasion de si tôt ou je me retrouve en accord avec Amir Khadir, mais Jean Charest n’a plus que deux choix honorables: faire une commission d’enquête ou démissionner. Cependant, je n’ai aucune illusion sur le résultat d’une telle commission. Nous allons certainement voir des têtes rouler, mais le problème ne sera pas résolu pour autant,  tant que nous ne revoyons pas le rôle de notre gouvernement dans l’économie.

17 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Philippe David

Libre-Marché 101: Les prix

Ceci continue ma série sur le libre-marché, dans l’introduction nous avons eu, grâce au texte «Moi, le Crayon», un bref aperçu des processus très complexes que le marché accomplit sans aucune autorité planificatrice pour coordonner le tout. Nous avons vu que pour fabriquer un simple crayon, une grande quantité d’outils et d’infrastructures doivent déjà avoir été construites afin d’extraire la matière première, d’acheminer ces matières vers diverses usines qui, à leur tour fabriqueront les diverses composantes qui serviront à l’assemblage final. S’il n’y a aucun chef d’orchestre qui dirige le tout, ce que beaucoup croient nécessaire, comment alors arrive-t-on à fabriquer ce crayon?

Bien des gens s’imaginent que le marché est incapable d’une telle coordination. Pourtant, c’est ce que le marché fait à chaque minute de chaque jour. Chaque jour, d’innombrables individus participent à la fabrication de crayons, de produits alimentaires, d’automobiles, et des nombreux gadgets qui rendent notre vie plus agréable, sans même se connaitre l’un l’autre, sans même savoir comment les autres contribuent au produit qu’ils fabriquent. La coordination de tous ces processus de production de l’économie mondiale est si complexe qu’il n’existe aucun ordinateur au monde qui soit suffisamment puissant pour le faire, encore moins une personne ou un groupe de personnes. Le volume de cette information est tout simplement trop grand. C’est pourquoi Hayek disait que la planification centrale d’une économie est une «présomption fatale». Si le totalitarisme se définit par un contrôle complet par une autorité centrale, le marché est au contraire «anarchique». Son contrôle est assuré de bas en haut et non de haut en bas.

Malgré cela, certains apprentis-sorciers persistent à croire qu’à l’aide de certaines données agrégées comme le taux de chômage, le PIB, l’IPC ou la demande agrégée, ils peuvent savoir tout ce qu’ils ont à savoir pour «diriger» l’économie. Leur présomption fatale ne fait que verser du sable dans les engrenages du marché et lorsque les choses tournent mal, ils blâment le marché car c’est tellement plus facile de blâmer la cupidité des acteurs du marché que de reconnaitre qu’ils n’ont en réalité aucun contrôle sur l’économie et qu’ils la dirigent avec toute la finesse d’un taureau dans une boutique de porcelaine. Ils ne sauraient admettre que ce qu’ils appellent des «défaillances ce marché» sont en réalité le résultat de leurs interventions arbitraires. Nous allons donc commencer à bâtir les bases d’une réfutation complète de leurs prétentions.

Les premiers pionniers de l’étude de l’économie, à partir des scholastiques espagnols de l’Université de Salamanque au moyen âge, étudiaient l’économie en étudiant ce qui ce passait sur le terrain. Ils observaient comment les biens étaient produits et échangés et formulaient des axiomes basés sur ces observations. C’est ainsi qu’ils furent les premiers à observer que les acteurs du marché se servent de certains signaux afin d’obtenir de l’information sur ce qui doit être produit, en quelles quantités, etc. Le premier de ces signaux est le prix.

Le mot « prix » est dans la famille du verbe « priser » qui signifie apprécier ou évaluer. En d’autres mots, attribuer une valeur à quelque chose. Donc avant d’expliquer comment les prix sont formés sur le marché, il conviendrait de définir le concept de valeur. Pendant longtemps, nous nous sommes questionnés à savoir pourquoi les diamants ont une plus grande valeur que du pain, alors que le pain, est beaucoup plus utile à l’homme que le sont les diamants? Le concept de valeur a été chaudement débattu pendant de nombreuses années, aussi je ne vous étalerai pas toutes les différentes théories qui ont été étayées, mais je me limiterai seulement à celle que je considère la plus juste et la plus sensée.

La réponse au paradoxe du pain et des diamants est bien entendu la rareté relative des diamants comparativement au pain. Cependant, la valeur d’un bien peut-être hautement subjective et varier grandement. L’eau, pourtant essentielle à la vie, a peu de valeur dans un endroit où elle est abondante, mais elle deviendra très précieuse au milieu d’un désert. Une bouteille de sable saharien serait très rare au Canada, mais serait tout de même sans valeur parce qu’il est difficile d’y trouver une quelconque utilité. La valeur d’un bien peut très bien varier d’une personne à l’autre, selon ses goûts personnels. Je peux adorer les pommes, mais détester les bananes, je serais donc prêt à payer plus pour obtenir des pommes que pour la même quantité de bananes. Ou je serais disposé à donner plus de bananes en échange d’une certaine quantité de pommes. On dit souvent que la beauté est dans l’œil de celui qui la regarde, alors la valeur d’un bien est dans l’œil de celui qui le convoite. De plus, la valeur peut également être sujette aux choses alternatives qui pourraient être obtenues. Ainsi, dans l’échelle des valeurs de la plupart des gens, il est plus important d’obtenir les choses essentielles comme la nourriture, des vêtements et un toit au-dessus de nos têtes que des objets de luxe. Ces objets de luxe n’auront de valeur pour nous que si nous avons les moyens de nous les offrir sans sacrifier l’essentiel.

La subjectivité de la valeur joue un grand rôle dans la formation des prix sur le marché. Le prix que vous payez au supermarché pour les différentes denrées n’est pas fixé arbitrairement. Il est le résultat de plusieurs facteurs. Il est influencé par l’abondance ou la rareté, par une demande particulière pour un certain produit, etc. Le prix livre certaines informations aux acteurs du marché. Ainsi par exemple, si une période de sécheresse causait de très mauvaises récoltes dans l’ouest canadien, il y a fort à parier que la rareté relative du blé qui serait causée en ferait hausser les prix, amenant les consommateurs à diminuer leur consommation de cette céréale. Le consommateur n’a pas vraiment besoin de savoir qu’il y a eu sècheresse pour agir dans ce sens, la hausse du prix transmet le besoin de rationner cette denrée. De la même façon, l’effondrement de la voute d’une mine de cuivre signifierait une diminution de l’extraction de ce minerai qui aurait un impact sur la disponibilité de cuivre sur le marché pendant un certain temps, ce qui en ferait hausser le prix. Par conséquent, ceux qui utilisent le cuivre dans la fabrication de leur produit devront agir en conséquent et diminuer leur production ou utiliser un matériau différent. Nous pouvons donc affirmer que le prix a une influence inverse à la demande d’un produit, quoique cette influence ne soit pas nécessairement proportionnelle. Si le prix d’un produit double, ce ne sera pas nécessairement vrai que la demande diminuera de moitié.

Sachant que les prix ainsi formés par les conditions variables du marché, communiquent des informations aux divers acteurs du marché, qu’arrivera-t-il si nous tentions de les contrôler arbitrairement? Ce serait effectivement comme un brouillage radio. Les prix fixés arbitrairement ne transmettraient plus d’information sur les conditions du marché. Dans l’exemple plus haut des récoltes détruites par la sécheresse, si on plafonne le prix pour éviter qu’il ne monte trop haut, les consommateurs, ne voyant pas le prix augmenter, continueraient de consommer du blé au même rythme qu’avant, alors qu’il y a beaucoup moins de stock disponible. Le résultat est prévisible, il y aurait vite une pénurie. Si par contre, on fixait les prix trop hauts, on se retrouverait avec un surplus de blé qui pourrirait dans les silos. Dans tous les cas où des contrôles de prix ont été appliqués par des gouvernements, nous avons constatés les même effets, tant pour l’essence aux États-Unis en 1973, que le lait au Venezuela plus récemment. Ce ne sont pas des défaillances du marché, mais bien au contraire les conséquences de l’intrusion des gouvernements sur le marché.

2 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Philippe David

La futilité de l’interventionnisme étatique

Hier, j’ai eu une plaisante discussion avec un collègue pour lequel j’ai une grande estime, même si nous ne partageons pas les mêmes opinions sur tout. Ce que je préfère des gens auxquels je m’associe, c’est qu’ils aient des convictions et qu’ils les assument, même si je ne ne partage pas ces convictions. Les débats sont d’ailleurs beaucoup plus intéressants lorsque votre interlocuteur n’est pas 100% d’accord avec vous. Je ne le nommerai pas, mais je sais qu’il se reconnaitra instantanément. Toujours est-il que quelque part dans la conversation, nous avons touché le sujet de l’interventionnisme.

Ceux qui comprennent la philosophie libertarienne comprennent bien que les libertariens s’opposent farouchement aux interventions de l’état, mais peut-être ai-je négligé d’expliquer clairement pourquoi nous y sommes si opposés. Je pourrais probablement vous offrir une longue dissertation de mon propre crû, mais je suis en vacances, alors je me permet quelques petits raccourcis. Je cèderai donc la place à Ludwig von Mises sous la forme d’un article paru dans la revue « Christian Economics » en 1964 mais qui, comme vous le constaterez sûrement, est encore plus d’actualité aujourd’hui.

Ludwig Von Mises (1881-1973)

L’illusion de l’intervention gouvernementale

Publié pour la première fois dans Christian Economics, 4 février 1964.

Les facultés intellectuelles et morales de l’homme ne peuvent s’épanouir que là où les gens s’associent entre eux de manièrent pacifique. C’est la paix qui est à l’origine de toutes les choses humaines, et non — comme le disait le philosophe antique grec Héraclite — la guerre. Mais la nature humaine étant ce qu’elle est, la paix ne peut être établie et préservée que par un pouvoir capable d’écraser les briseurs de paix et disposé à la faire.

Le gouvernement, l’État, est l’appareil social de coercition et de contrainte. Son but est de rendre le monde sûr pour permettre la coopération humaine, et ce en protégeant la société face aux attaques des agresseurs étrangers et des bandits nationaux. La marque caractéristique du gouvernement est de disposer, dans une région donnée du globe, du pouvoir et du droit exclusifs d’avoir recours à la violence.

Dans l’orbite de la civilisation occidentale, le pouvoir et les fonctions du gouvernement sont limités. Plusieurs centaines, voire des milliers d’années de rudes conflits ont conduit à une situation garantissant aux citoyens individuels la liberté et de véritables droits, et non de simples libertés. Dans une économie de marché les individus sont à l’abri de toute intervention du gouvernement tant qu’ils ne violent pas les lois dûment promulguées du pays. Le gouvernement n’entre en jeu que pour protéger les gens honnêtes et respectueux de la loi contre des attaques violentes et frauduleuses.

Il y a des gens qui disent que le gouvernement est un mal, mais qu’il s’agit d’un mal nécessaire. Cependant, ce qui est nécessaire en vue de parvenir à une fin donnée ne doit pas être qualifié de mal au sens moral du terme. C’est un moyen, mais ce n’est pas un mal. On peut même dire que le gouvernement est la plus bénéfique de toutes les institutions terrestres car sans lui il ne pourrait y avoir ni coopération pacifique entre les hommes, ni civilisation, ni vie morale. C’est dans ce sens que l’apôtre a dit qu’ « il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu » a.

Mais l’existence même d’un appareil gouvernemental de coercition et de contrainte fait surgir un nouveau problème. Les hommes détenant cet appareil cèdent trop facilement à la tentation de mésuser de leur pouvoir. Ils tournent leurs armes vers ceux qu’ils devaient servir et protéger. Le principal problème politique de toutes les époques fut et est le suivant : comme éviter que les dirigeants ne se transforment en despotes et ne créent un État totalitaire. Défendre le liberté individuelle contre les empiètements des gouvernements tyranniques, contre les dangers d’un régime totalitaire, voilà quel était et quel est la question fondamentale de l’histoire de la civilisation occidentale.

Or à notre époque la cause du totalitarisme a trouvé une nouvelle vigueur par le biais d’une ruse. L’élimination radicale de toute liberté de l’individu à choisir sa propre voie, et ce au bénéfice de l’autorité politique suprême, est saluée sous les noms de socialisme, de communisme ou de planisme comme la victoire de la véritable liberté. Ceux qui visent à un état de fait où tout le monde sera réduit au statut de simple rouage dans les plans des « ingénieurs sociaux » paradent et s’affichent comme les successeurs des grands champions de la liberté. L’assujettissement d’une nation libre par les forces du régime le plus tyrannique qu’ait connu l’Histoire est appelé « libération ».

La politique de la voie médiane

Face au formidable défi du totalitarisme, les partis au pouvoir en Occident ne cherchent pas à préserver le système de la libre entreprise qui a offert à leurs nations le plus haut niveau de vie jamais atteint dans l’Histoire. Ils ignorent que la situation de tous les citoyens de États-Unis et des autres nations qui n’ont pas placé trop d’obstacles sur la route de la libre entreprise est bien plus favorable que la situation des habitants des pays totalitaires. Ils pensent qu’il est nécessaire d’abandonner l’économie de marché et d’adopter une politique de la voie médiane, supposée éviter les prétendus défauts de l’économie capitaliste. Ils cherchent un système qui, comme ils le disent, serait aussi éloigné du socialisme que du capitalisme et qui serait supérieur aux deux. Ils veulent éliminer, au moyen de l’intervention directe du gouvernement, ce qu’ils considèrent être insatisfaisant dans l’économie de marché.

Une telle politique d’immixtion du gouvernement dans les phénomènes du marché avait déjà été recommandée par Marx et Engels dans le Manifeste communiste. Mais les auteurs du Manifeste communiste considéraient les dix groupes de mesures interventionnistes qu’ils suggéraient comme devant conduire petit à petit au socialisme intégral. Tandis que de nos jours les porte-parole du gouvernement et les politiciens de gauche préconisent ces mêmes mesures comme étant une méthode, voire l’unique méthode, pour sauver le capitalisme.

Les avocats de l’interventionnisme ou de l’immixtion du gouvernement sur le marché se défendent de vouloir le socialisme et disent vouloir conserver au contraire la propriété privée des facteurs de production matériels, la libre entreprise et l’échange marchand. Mais ils prétendent que ces institutions de l’économie de marché pourraient facilement être utilisées de travers, et qu’elles le sont d’ailleurs souvent, par les classes possédantes afin d’exploiter de manière injuste les couches pauvres de la population. Pour éviter un tel résultat ils souhaitent restreindre la liberté d’action des individus par des ordres et des interdictions édictés par le gouvernement. Le gouvernement devrait s’immiscer dans toutes les actions des hommes d’affaires qu’il considère comme nuisant à l’intérêt public ; sur les autres aspects, toutefois, il devrait laisser fonctionner le marché et lui seul.

Selon cette doctrine interventionniste seul le gouvernement est qualifié pour décider dans chaque cas si « l’intérêt public » réclame ou non l’intervention du gouvernement. La véritable signification du principe interventionniste revient par conséquent à déclarer : Le monde des affaires est libre d’agir tant qu’il suit exactement les plans et les intentions du gouvernement. Il ne reste ainsi rien d’autre au marché que le droit d’exécuter humblement ce que le gouvernement veut qu’il fasse. Il ne reste à l’économie de marché que quelques mots, bien que leur signification ait radicalement changé.

La doctrine interventionniste n’arrive pas à comprendre que les deux systèmes — l’économie de marché et sa suprématie des consommateurs d’une part, l’économie dirigée par le gouvernement d’autre part — ne peuvent pas être combinés au sein d’un composé viable. Dans l’économie de marché les entrepreneurs sont soumis sans restriction à la suprématie des consommateurs. Ils sont obligés d’agir de façon à ce que leurs opérations soient approuvées par les achats des consommateurs et deviennent de ce fait rentables. S’ils échouent dans leurs tentatives, ils subissent des pertes et doivent, s’ils n’arrivent pas à modifier leurs méthodes, changer de métier.

Toutefois, même si le gouvernement empêche les entrepreneurs de choisir les projets que les consommateurs veulent que ces derniers exécutent, il ne parvient pas aux fins qu’il voulait atteindre par ses ordres et ses prohibitions. Producteurs et consommateurs sont tous deux forcés d’adapter leur comportement au nouvel état de choses consécutif à l’intervention du gouvernement. Mais il se peut que la façon dont eux, producteurs et consommateurs, réagissent, apparaisse encore moins souhaitable aux yeux du gouvernement et des avocats de l’intervention que la situation précédente du marché libre de toute entrave et que le gouvernement voulait modifier. Dès lors, si le gouvernement ne veut pas s’abstenir de toute intervention et revenir sur sa première mesure, il est obligé d’ajouter une nouvelle intervention à la première. La même histoire se répète alors à un autre niveau. Et à nouveau le résultat de l’intervention du gouvernement lui apparaît encore moins satisfaisant que la situation précédente à laquelle il désirait remédier.

De cette façon le gouvernement est forcé d’ajouter à sa première intervention de plus en plus de décrets d’ingérence, jusqu’à éliminer de fait toute influence des facteurs du marché — entrepreneurs, capitalistes, ainsi qu’employés et consommateurs — de la détermination de la production et de la consommation.

Note

a. Épître de Paul aux Romains (13:1). NdT.

Ça fait déjà plusieurs décennies que nous subissons la politique de la voie médiane telle que von Mises l’a décrite ci-haut. Le résultat est peu édifiant: Crise après crise nous maintient dans un état de terreur constant et les banquiers et la classe dirigeante s’enrichissent aux frais des contribuables. Profits privés et pertes socialisées et un endettement à ce point astronomiques que nous ne pourrons jamais le rembourser. Tout ça grâce à l’interventionnisme de politiciens qui ne reconnaissent plus aucune limite à leur pouvoir. Ils profitent de la naïveté des gens pour exercer ce pouvoir impunément. Une seule chose peut les arrêter: Vous!

16 Commentaires

Classé dans Actualité, Philippe David

La soumission tranquille

Par lutopium – Certains disent que la récente crise économique a été causée par une spéculation excessive, un manque de responsabilité des institutions financières, voire une certaine corruption. D’autres prétendent qu’elle a été causée par un interventionnisme démesuré des états occidentaux et de leurs banques centrales. Peu importe le diagnostic qu’on puisse en tirer, une chose est certaine : les citoyens québécois les moins fortunés et ceux de la classe moyenne seront les plus durement touchés par les réformes proposées par le gouvernement Charest qui profite de cet état de crise pour, dit-on, assainir les finances publiques.

De leur côté, les gens d’affaires ont la possibilité de se regrouper afin de faire pression sur le gouvernement et leur faire part de leurs revendications. Dans de telles situations, le moins qu’on puisse dire, c’est que les entrepreneurs et les gens les plus fortunés sont solidaires devant les solutions qu’ils préconisent. À l’unisson, grâce aux interventions des chambres de commerce, des lobbies économiques, des éditorialistes et des influences politiques au sein du Parti Libéral et du Parti Québécois; les plus riches d’entre nous refusent toute hausse d’impôt et toute modification à leurs avantages fiscaux. Pourtant, avec un peu d’effort et un sens de solidarité envers le Québec, les québécois les mieux nantis et les grandes entreprises pourraient facilement permettre à l’État de récupérer quelques milliards par année simplement en acceptant quelques resserrements sur certains avantages fiscaux (plafond des REERs, déductions sur la capital, subventions, etc…) et une indexation temporaire de l’impôt sur le revenu. Les derniers gouvernements ayant accepté de leur faire cadeau d’allègements fiscaux au cours de 20 dernières années, ils pourraient bien faire un petit effort, non?

Pour faire face à ce discours des riches québécois, des banques et des grandes entreprises, on pourrait espérer que les travailleurs cherchent à unir leurs efforts afin de faire valoir leurs droits et exprimer leurs revendications. Force est de constater que nous sommes divisés. Pire encore, certains d’entre nous – les travailleurs – sont devenus les meilleurs ambassadeurs des chambres de commerce et méritent un abonnement au St.James Club. On a qu’à visiter les blogues de la droite politique, écouter certains enragés des ondes radiophoniques ou lire quelques journalistes au discours populiste pour constater qu’une portion non-négligeable du « monde ordinaire » semble adhérer à des concepts de privatisation encore flous tout en blâmant les travailleurs de la fonction publique – des travailleurs comme eux – de tous les maux qui frappent l’organisation gouvernementale.

« Lors de la révolution de février 1848, les prolétaires sont des deux côtés de la barricade; la garde mobile, qui réprime au nom du pouvoir, est composée de très jeunes gens, souvent chômeurs. L’analyse de la situation permet de conclure à l’existence d’un lumpenproletariat, un sous-prolétariat prêt à se ranger du côté du pouvoir au gré des circonstances… » (source: Sylvie Aprile, historienne). Aujourd’hui, au Québec, les militants de la droite n’hésitent pas à endosser l’anti-syndicalisme d’un Pierre-Karl Péladeau, souhaitent la privatisation de ses hôpitaux et exigent la compétition entre les écoles! Lorsque la popularité de George W. Bush et du Parti Républicain semblait intouchable quelques mois avant l’élection de 2004, l’essayiste Thomas Frank a posé un constat fort intéressant sur ce phénomène :

Dans le comté le plus pauvres des États-Unis, situé dans les Grandes Plaines, Bush l’a emporté en 2000 avec plus de 80% des voix. En quoi consiste ce tour de prestidigitation qui voit les ouvriers acclamer ceux qui les martyrisent ? « Votez pour faire la nique à ces universitaires politiquement corrects et vous aurez la déréglementation de l’électricité. Votez pour résister au terrorisme et vous aurez la privatisation de la sécurité sociale. Votez pour interdire l’avortement et vous aurez une bonne réduction de l’impôt sur le capital. Votez pour que votre pays redevienne fort et vous aurez la décentralisation. » Et le tour, pas éventé pour l’instant, est joué. Plus on se révolte, plus on va à droite. La politique, c’est lorsque les habitants des petites villes regardent autour d’eux les dégâts causés par Wal-Mart puis décident de se lancer dans une croisade contre le darwinisme. Pour le Kansas profond, un type qui roule en Volvo est un gauchiste. Si en plus il mange des “ French fries ”, c’est le diable incarné!

Il n’y a pas si longtemps, les ouvriers n’hésitaient pas à unir leurs efforts pour équilibrer le rapport de forces avec le patronat. Selon ce qu’on peut voir ces jours-ci, le coup de poignard peut arriver de n’importe quelle direction… surtout de la droite… À suivre.

27 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Lutopium

La fièvre en série

Par lutopium – Ces jours-ci, certains suggèrent une importante intervention de l’état alors que d’autres souhaitent son retrait presque complet. Le monde du commerce, quel qu’il soit, ne semble pas avoir de gêne pour demander des injections de fonds publics, de prêts, de subventions, de crédits d’impôt… Certains de nos entrepreneurs se disent conservateurs, voire libertariens. Mais ils n’hésitent pas à endetter les citoyens afin de stimuler leur croissance.

Personne ne semble satisfait des budgets qu’a récemment alloués Monsieur Charest, mais tout le monde s’entend pour dire qu’il n’est pas frileux avec le divertissement des masses. Est-ce pour mieux l’endormir? N’est-il pas amusant, quand même, de voir nos politiciens appuyer le sport et le jeu avec autant de détermination?

Le gouvernement libéral n’hésite pas une seconde avant d’appuyer les courses de chevaux, un club de hockey ou un grand-prix automobile… L’état moderne québécois est très actif dans le monde du jeu, il y joue des centaines de millions pour rénover son temple de la roulette, et son industrie du rêve millionnaire est publicisée comme nul autre produit de consommation. Pour ce qui est du hockey, voilà une valeur sure. À partir de ce soir, le Québec comptera un nombre impressionnant de regards vers l’écran. C’est presqu’un party de famille. Quand on se prend pour Jean le Baptiste, on doit se sentir en paix lorsque le peuple se rassemble et oublie ses tracas du quotidien. Car la victoire possible du gladiateur provoque une certaine somnolence. Y’aurait fort à parier que le nombre de québécois impliqués dans ce spectacle est plus important que ceux qui se sont déplacés pour voter en décembre dernier…

C’est ce soir que commence la grande fête. Si l’équipe a fière allure le premier soir, les fans pourront plonger dans l’euphorie des « séries ». On ira s’enfermer dans des cages aux sports en gang, y’a tellement d’écrans qu’on jurait être sur place. On pourrait manger gras, boire d’la bière. Y’en n’a pus de problèmes! À moins qu’on apprenne que l’équipe déménage. J’ai vu ce que peut provoquer le départ d’un club de hockey. Ça laisse des traces de morosité. Et ça devient suspicieux du pouvoir politique…

Vous comprendrez que, même si j’aime le sport, je n’apprécie plus la façon dont est présenté le hockey professionnel ces jours-ci. Y’a trop de fric. Et il y a encore beaucoup trop de violence gratuite et inutile. Je ne suis pas contre l’idée de garder les Canadiens à Montréal, mais je ne souhaite pas voir des fonds publics être investis dans un club qui peut facilement se passer de l’état pour exister et demeurer ici.

Là-dessus, bonnes séries!

Photo: Alex Ferguson – Flickr

6 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Lutopium

Appui d’Ignatieff : bonne ou mauvaise chose?

En y regardant bien, c’est une bonne chose que Michael Ignatieff appuie le budget. Ce budget que renie la droite économique et qui obtient un accueil mitigé du côté opposé. Si on regarde tout ça en calculant, ça ressemble à un budget assez au centre, quand même. Bon bon, OK, beaucoup à gauche pour ceux qui croient que l’interventionnisme rime obligatoirement avec la gauche…

Parlant de droite économique, justement, Martin Masse de Le Blogue du Québécois Libre titre un de ses billets « Le Parti conservateur n’a plus de raison d’être » et commence ainsi :

Bon, c’est maintenant officiel: il n’y a plus que des partis socialistes, corporatistes, dirigistes (utilisez votre terme favori) au Canada, c’est-à-dire des partis qui considèrent que l’État doit planifier le développement économique et contrôler les décisions économiques des individus et des entreprises.

Je suis d’accord, mais d’un autre côté « conservateur » ne veut pas dire non plus « libertarien »… Si l’idéologie politique conservatrice penche beaucoup, comme je ne suis pas le seul à le croire, vers l’interventionnisme moral, le pas vers une attitude semblable du côté économique n’est pas si surprenant. Donc, l’appui des libertarien pour le PC ne s’appuyait que sur du pur fantasme… L’image de Stephen Harper le bon papa omniprésent cadre très bien avec le budget qu’a présenté son gouvernement, somme toute. Passons là-dessus.

Mais dans un monde idéal, je n’aurais pas commencé mon billet en écrivant que c’est une bonne chose que Michael Ignatieff appuie le budget. C’est que je constate aussi surtout que c’est l’argent qui a mené le plus la danse dans cette prise de décision. Explication par des questions imagées : imaginez un système électoral qui demande peu de frais? Imaginez une vie politique et partisane qui ne s’appuie pas sur des fonds laissés à l’aléatoire des donations?

Si l’économie canadienne roulait sur l’or, si des élections ne venaient pas faire des trous dans le trésor et si le PLC avait ses coffres pleins, nous serions pour sûr en préparation pour aller aux urnes.

Qui a dit que l’argent ne mène pas le monde?

11 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Renart L'Eveillé