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La violence à l’extrême

 

La prémisse même de toute idéologie et que ce qu’elle enseigne est vrai et que tout le reste doit forcément être faux. On peut donc conclure que toute idéologie poussée à l’extrême peut mener à la violence. Personne ne peut avoir le monopole de la vertu et la minute que l’on commence à croire que nous avons ce monopole, il devient tentant d’utiliser la violence pour mâter ses opposants. Anders Behring Breivik est certainement un exemple d’idéologie à l’extrême, couplée avec une tendance psychopathe. Malgré ce que les médias rapportent, cette idéologie est plutôt confuse d’ailleurs. Mais on s’est empressé de l’affubler d’étiquettes comme « fondamentaliste chrétien » et « extrême-droite », presque avec abandon. Ces mêmes médias associent aussi fréquemment cette étiquette d’extrême-droite et fondamentalisme chrétien aux Parti Conservateur, à la droite américaine, aux Tea Parties, aux libertariens et par la bande, à des organismes comme le RLQ. Et hop, nous voilà tous coupables par association d’un carnage insensé causé par un psychopathe.

Ce genre de raccourci intellectuel est la marque de commerce des médias traditionnels. Quoi de mieux pour traîner ses adversaires idéologiques dans la boue que des les associer à un carnage? Cependant, c’est de l’ignorance crasse. Tout comme pour Jared Loughner, la paresse intellectuelle pousse les médias à sauter aux mauvaises conclusions. Ainsi on avait aussi mis la droite américaine au banc des accusés pour cette tuerie, alors que le tueur n’y a jamais été affilié. Les médias qui ont à tort, accusé Sarah Palin ou Rush Limbaugh d’être responsables pour la fusillade en Arizona ce sont-ils rétractés par la suite? Non, pas plus qu’ils ne se rétracteront maintenant. Gageons maintenant que si quelqu’un s’avise de critiquer l’Islam ou le multiculturalisme, il sera irrémédiablement associé à ce malade. Pourtant, il est certainement légitime de critiquer une religion qui est mue par une idéologie totalitaire et moyen-âgeuse, qui relègue les femmes à un statut de citoyen de seconde classe et qui inflige des châtiments barbaresques tels que la lapidation, la décapitation, l’amputation et la bastonnade pour des offenses allant de l’adultère à l’homosexualité. Il est aussi franchement légitime de critiquer toute politique qui considérerait qu’une culture basée sur ces préceptes puisse être équivalente à la nôtre et que nous devrions l’accepter béatement et nous y adapter.

Malgré ses tendances islamophobes et anti-multiculturalistes et anti-rectitude politique, l’étiquette d’extrême-droite est difficile à soutenir quand dans son manifeste, il cite quasi-verbatim des longs passages du manifeste de Ted Kaczinsky, mieux connu sous le sobriquet de « Unabomber », pourtant notoire de l’extrême-gauche. Il se disait chevalier d’un ordre pourtant défunt depuis l’an 1312 et était aussi un franc-maçon. Son manifeste est un amalgame de contradictions. Il semble tout simplement utiliser diverses idéologies pour justifier sa psychose. Anders Behring Breivik était un loup solitaire détraqué qui n’est ni vraiment à droite, ni vraiment à gauche.

Étant donné l’étiquette qu’on a trop facilement collé à Breivik, il ne sera pas surprenant que certains sortent l’épouvantail du terrorisme d’extrême-droite, seulement, pour remettre les choses en perspective, je vous laisse tirer vos propres conclusion quant au danger que représente cette menaçante extrême-droite avec ce graphique produit par l’agence policière Europol des attentats terroristes des deux extrêmes du spectrum politique:

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Quelque soit la cause, la violence n’est jamais la solution. La violence est le recours de celui qui n’a plus d’arguments pour exprimer ses idées. Il peut alors soit appliquer la violence directe, ou par le biais de l’État, en faisant du lobbying, mais le résultat est le même au bout de la ligne: il y a violence ou menace de violence. Le libertarianisme est en fait, la seule idéologie qui dénonce la violence sous toutes ses formes, qu’elle soit légalisée ou non. Notre pacifisme nous rend résolument contre l’État, qui est l’incarnation de la violence organisée dans notre société. Nous ne croyons qu’en une seule chose: la coopération paisible entre individus. La violence et la haine ne fait que générer plus de haine et de violence. Le redressement d’un supposé tort par la violence ne fait que nous descendre au niveau de notre agresseur. L’usage de la violence discrédite irrémédiablement toute idée que vous défendez. Breivik dit dans son manifeste avoir été intéressé par le libertarianisme, mais l’a rejeté parce qu’il était en contradiction de ses instincts nationalistes. Dommage. S’il avait embrassé le libertarianisme comme philosophie personnelle, il n’aurait pas pu faire ce qu’il a fait sans renier tous ses principes.

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Classé dans Actualité, Philippe David

Démagogie irresponsable.

Jared Lee Loughner

Par Philippe David

Je me dois de m’insurger devant l’irresponsabilité de divers chroniqueurs, journalistes et médias dans les heures et les jours qui ont suivi cette fusillade à Tuscon en Arizona ce weekend dernier. À peine l’assassin maitrisé que les accusations fusaient et que la récupération politique commençait. Rahm Emmanuel, conseiller du Président Obama a déjà déclaré dans une entrevue qu’il « ne fallait jamais gaspiller une crise ». Les journalistes et politiciens, autant aux États-Unis, qu’en France et ici au Québec, n’ont certainement pas perdu de temps. Il importait peu qu’ils ne savaient absolument rien de Jared Loughner. Après tout, la rigueur journalistique n’existe plus de nos jours. Il ne faut jamais laisser les faits polluer une bonne histoire. Si ça saigne, ça baigne! Et quelle fût la cible? Les républicains, les tea parties, Sarah Palin qui a osé « cibler » certains districts dont celui de Mme Giffords, cette méchante droite! Évidemment, tout était faux, mais c’est typique quand il s’agit de diaboliser la droite, tous les coups sont permis.

Qui est Jared Lee Loughner?

Nous savons maintenant que Jared Loughner ne s’associait pas aux tea parties, qu’il n’écoutait pas la Rush Limbaugh ou Glenn Beck, qu’il ne s’affiliait ni avec les républicains, ni les démocrates et que dans son profil Youtube, deux de ses livres préférés étaient « Le Manifeste Communiste » (qui est très à droite, on le sait) et « Mein Kampf », dont l’auteur, n’en déplaise à certains, se proclamait socialiste. Loughner a été renvoyé de de son école parce qu’il effrayait ses confrères de classe et ses professeurs. Ses voisins le décrivent comme un reclus et un solitaire.

En d’autre mots, Jared Loughner était certainement un psychopathe, mais il n’existe aucune évidence qu’il aurait été influencé ou motivé par les discours des « vilains droitistes ». Il était simplement un fou vivant dans sa propre réalité qui le faisait percevoir Gabrielle Giffords comme une menace qu’il fallait éliminer, et ce bien avant l’avènement du mouvement des tea parties et avant que la plupart d’entre nous ne sachent qui était Sarah Palin.

La rhétorique guerrière.

On a accusé des politiciens républicains et les tea parties d’utiliser une rhétorique guerrière et d’attiser un climat de haine envers le Président Obama et le gouvernement en général. Comme toujours, les journalistes ont la mémoire sélective et semblent avoir complètement oublié la rhétorique utilisée contre le Président Bush. On reproche à Sarah Palin d’utiliser des expressions comme « lock and load » et on oublie lorsque le Sénateur Obama avait utilisé la phrase « if they bring a knife to the fight, we’ll bring a gun », une expression typique de la ville de Chicago. En politique, ce genre d’expression est de bonne guerre, si je puis dire, aux États-Unis tout comme ici au Québec. Claudette Carbonneau n’a-t-elle pas déclaré la guerre à la droite récemment? Quant à ces démagogues qui depuis ce weekend répandent mensonges et calomnies, malgré l’évidence contraire, qu’ont-ils fait sinon attiser la haine?

Un Président à la hauteur.

Dans toute cette histoire, je me dois de lever mon chapeau au Président Obama qui a eu un comportement digne de sa position en demeurant au dessus de la mêlée comme le témoigne cet extrait de son discours:

« Bad things happen, and we must guard against simple explanations in the aftermath.

For the truth is that none of us can know exactly what triggered this vicious attack. None of us can know with any certainty what might have stopped those shots from being fired, or what thoughts lurked in the inner recesses of a violent man’s mind.

What we can’t do is use this tragedy as one more occasion to turn on one another. As we discuss these issues, let each of us do so with a good dose of humility. Rather than pointing fingers or assigning blame, let us use this occasion to expand our moral imaginations, to listen to each other more carefully, to sharpen our instincts for empathy, and remind ourselves of all the ways our hopes and dreams are bound together. […]

The loss of these wonderful people should make every one of us strive to be better in our private lives – to be better friends and neighbors, co-workers and parents. And if, as has been discussed in recent days, their deaths help usher in more civility in our public discourse, let’s remember that it is not because a simple lack of civility caused this tragedy but rather because only a more civil and honest public discourse can help us face up to our challenges as a nation, in a way that would make them proud. »


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