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Il faut réinventer l’information en région

Plusieurs docteurs se penchent doctement sur l’état de la démocratie, après la faible participation aux élections fédérales du 14 octobre. Or, un rapport que vient tout juste de publier le Conseil de presse sur l’information régionale pourrait bien fournir une part de l’explication du décrochage électoral. «Les entreprises de presse et les journalistes doivent réfléchir sur leurs pratiques professionnelles et repenser l’information qu’ils offrent au public», écrit d’entrée de jeu le CPQ dans le communiqué annonçant la publication de ce rapport.

C’est à la suite d’une tournée de cinq mois dans 17 régions du Québec, au cours de laquelle il a rencontré plus de 200 organismes socioéconomiques et 250 citoyens, que le CPQ fait ce constat. Que réclame tout ce beau monde: à la fois plus d’information sur les enjeux de leur région et une nouvelle façon de concevoir la nouvelle.

Tiens donc. Les «consommateurs» d’information réfléchissent et osent même dire ce qui ne va pas!

Le reproche fait aux médias commerciaux régionaux est la piètre qualité de l’information qu’ils véhiculent. Soyons plus précis: sensationnalisme, préséance à couvrir des événements-chocs, spectaculaires et négatifs (au détriment de nouvelles d’intérêt public et constructives), manque d’équilibre et de mise en contexte, uniformisation du contenu, absence de suivi, contenu simpliste et superficiel.

Qui peut nommer un enjeu de sa région qui a été couvert par les médias au cours de la dernière campagne électorale? Non, amis de la Beauce, les déboires de Maxime avec Julie Couillard ne sont pas un enjeu régional.

Ceux qui se sont présentés aux audiences du CPQ sont venus se plaindre du fait que plusieurs secteurs sont carrément négligés par les médias régionaux. Trop souvent, seule l’information nationale est accessible, et elle est à des années lumières des préoccupations de la population.

Pire, le manque de couverture médiatique régionale, tant factuelle qu’éditoriale, n’est même pas compensé par une présence des enjeux régionaux dans les médias nationaux.

L’exception à cette critique acerbe des médias régionaux concerne les hebdos. Ceux-ci font un effort apprécié pour offrir une couverture locale. Le dévouement des journalistes œuvrant pour ces médias a même été souligné par plusieurs citoyens.

En revanche, le ratio trop élevé de publicité dans ces mêmes hebdos irrite, de même que la trop grande proximité entre les journalistes et les acteurs locaux, susceptibles d’engendrer des conflits d’intérêt selon la bonne vieille maxime voulant que l’on ne morde pas la main qui nous nourrit.

J’aurais aimé pouvoir consulter le document synthétisant les interventions faites à l’occasion de cette tournée régionale – « L’état de la situation médiatique au Québec : l’avis du public » – mais celui-ci n’est pas disponible au moment où j’écris ces lignes, malgré ce qu’annonce pourtant le communiqué du CPQ.

Soyons bon prince et reconnaissons que le CPQ dispose de bien peu de moyens. D’ailleurs, plusieurs ont souhaité que le CPQ soit renforcé, ainsi que son financement et son indépendance, par le biais d’une loi-cadre.

Faudra-t-il en venir là?

L’idée n’est pas à rejeter, d’autant plus que celle d’obliger les électeurs à se rendre dans les bureaux de vote le jour du scrutin ne règlerait pas le problème fondamental de l’incapacité qu’ont plusieurs à faire un choix éclairé, faute justement d’information en lien avec leurs préoccupations.

En tout cas, l’information régionale a besoin d’un sérieux coup de barre, mais pour cela les médias devront changer en profondeur.

Des idées?

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Classé dans Actualité, Michel Monette

Le pari conservateur

Et c’est reparti. De nouvelles élections auront lieu au Canada en moins de trois ans. Ce dimanche, le premier ministre Stephen Harper a rendu visite à la gouverneure générale afin de lui permettre de déclencher des élections.

Cette tournure des événements en surprend plusieurs. Les conservateurs ont tout de même réussi à faire passer l’ensemble de leurs projets de loi avec une opposition divisée et affaiblie qui se lance la balle d’un parti à un autre afin de retarder le déclenchement d’un scrutin général. Contre toute attente, le premier ministre Harper a décidé à la place des partis d’opposition et convoque les électeurs aux urnes même si cela contrevient à sa propre loi obligeant la tenue d’élections à date fixe.

En fait, seules des raisons opportunistes peuvent motiver le déroulement de ces élections. Le parlement fonctionne relativement bien. Ce n’est pas comme si la machine législative s’était retrouvée au point mort.

Alors, quels sont ces motifs?

– Stephen Harper, en fin stratège qu’il est, veut mettre K.O. l’éternel rival libéral même si le PC hériterait encore d’un mandat minoritaire. Le Parti Libéral du Canada est pratiquement au bord de la banqueroute avec des coffres vides et l’avènement d’élections précipitées le placerait encore plus près du précipice.

– Les derniers sondages favorisent les conservateurs, tout autant au Canada anglais qu’au Québec, et ceux-ci pourraient être tentés de briguer un gouvernement majoritaire On sait qu’un gouvernement majoritaire ne peut se constituer sans un nombre important de députés québécois l’appuyant. Néanmoins, on peut douter du véritable fond conservateur du peuple québécois qui demeure encore suspicieux envers des politiques de droite. On peut le constater avec la baisse marquée de la popularité de l’Action Démocratique du Québec (ADQ) sur la scène provinciale. Au Québec, rien n’est garanti pour les forces conservatrices malgré son récent investissement électoraliste de 4 milliards dans les infrastructures.

– L’actuel premier ministre veut peut-être s’assurer de conserver le pouvoir avant que les scandales (affaire Maxime Bernier- Julie Couillard, Cadman, etc.) ne dérapent encore plus et hypothèquent grandement les chances des conservateurs d’être réélus.

– Le Parti Conservateur du Canada a atteint tous ses objectifs « modérés » et désire maintenant faire passer des législations plus radicales, ce qu’il ne peut faire sans une majorité au parlement. On peut songer ici au projet de loi C-484 contre le droit à l’avortement.

Mais, surtout, ce sont les considérations économiques qui poussent les conservateurs à ouvrir le bal électoral. Le Canada frôle la récession et l’expérience suggère que dans le passé les gouvernements au prise avec un contexte économique peu favorable ont souvent payé le prix en perdant le pouvoir. Cela, Stephen Harper et ses conseillers le savent très bien et n’ont pas hésité à contourner la loi sur les élections à date fixe même si cela soulève des questions d’éthique et coûte des millions de dollars aux contribuables canadiens.

Ici, les bénéfices escomptés pour les conservateurs paraissent plus grands que les pertes éventuelles. Un pari qu’ils sont prêts à relever.

Jimmy St-Gelais
http://pourquedemainsoit.wordpress.com/

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