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Radio L’Autre Monde : Actualité mondiale, économie, banqueroute des nations, 9/11, torture


Par François Marginean

Image Flickr par zennon_11




Radio L’Autre Monde : Actualité mondiale, économie, banqueroute des nations, 9/11, torture



Pour écouter, ou pour télécharger, simplement cliquer sur le lien ici:

L’Autre Monde 1er aout 2011

120 min / Radio de l’UQAM, CHOQ FM


Diffusion en direct : Lundi à 15:00h

Animation : François Marginean
Réalisation :François Marginean
Chronique : Stéphane Poutoire

Archives d’émission

Au programme cette semaine :

– Nos infrastructures s’effondrent et le programme spatial américain est terminé;

– L’impact des activistes et des médias alternatifs est grandissant et indéniable;

– Mise à jour des dossiers des attentats en Norvège et du scandale de Rupert Murdoch;

– Économie – Les États-Unis s’enfoncent dans la dépression et l’Europe coule elle aussi;

– Importantes informations concernant le 9/11 et la torture sont rapportées.

C’est en rendez-vous le lundi dès 15h pour l’émission la plus écoutée de CHOQ FM, la radio officielle de l’Université du Québec à Montréal !


***Cliquez sur les liens ci-bas pour trouver les sources d’informations discutées sur l’émission :

Actualité mondiale, économie, banqueroute des nations, 9/11, torture – 1/2

Actualité mondiale, économie, banqueroute des nations, 9/11, torture – 2/2

Aussi disponible en vidéo sur YouTube:

http://www.youtube.com/user/Stef2892#g/c/1A6C31236385C96C

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Classé dans Actualité, François Marginean

L’affaire Turcotte: Le crime parfait?

 

 

D’entrée de jeu, je vous avoue que je n’ai pas suivi ce procès de très près. Je n’aime pas ce genre de voyeurisme sordide qui accompagne ce genre de cirque, qui pour moi, tire franchement trop près du coeur. Ma fille est du même âge que l’était Anne-Sophie. La couverture du procès évoquait pour moi des visions trop cauchemardesques. Je suis incapable d’imaginer comment un père pourrait poser un geste aussi ignoble envers ses propres enfants. Je crois que c’est au-delà de la compréhension de la plupart des gens d’ailleurs. Je peux donc parfaitement comprendre le sentiment de révolte qu’a évoqué le verdict. et dans une certaine mesure, je le partage.

Pour moi, il ne suffit pas d’expliquer pourquoi ce verdict est parfaitement plausible du point de vue légal (Merci Renart pour la référence à ce texte éclairant). Ce genre d’explication aidera sûrement les jurés à mieux dormir, mais il n’arrivera pas à convaincre que la justice a été servie. En réalité, il ne sert qu’à démontrer que le Dr. Turcotte a réussi à convaincre les jurés de sa « folie temporaire », mais de nombreux doutes subsistent encore dans mon esprit.

On a décrit Guy Turcotte comme ayant une personnalité narcissique. J’ai déjà eu plus que ma part de démêlées avec plusieurs personnes ayant ce trouble de personnalité, assez pour avoir beaucoup lu sur ce sujet. J’ai trouvé le livre « Les manipulateurs sont parmi nous » de Isabelle Nazare-Aga particulièrement éclairant. Je ne pourrais prétendre avoir l’expertise pour analyser la personnalité de Guy Turcotte, mais dans mon expérience personnelle, il arrive fréquemment aux personnes narcissiques de mal réagir aux ruptures qu’ils considèrent comme un affront personnel. Il leur arrive également de se servir des enfants pour atteindre et manipuler leur ex-conjoint(e). Règle générale, il s’agit de violence psychologique et verbale, chantage et aliénation parentale, mais la violence physique est également possible. Je ne connais pas Guy Turcotte. Il m’est impossible de savoir s’il est vraiment capable de tuer froidement pour se venger d’une rupture, mais ce n’est pas impossible.

Les lettres que Guy Turcotte à envoyé à sa conjointe, cinq mois après le drame, sont un peu révélatrices de son caractère. Si le Dr. Turcotte avait vraiment « perdu les pédales » au point de ne pas être capable d’apprécier la nature et la qualité de ses actes, on devrait normalement s’attendre à ce qu’il soit rongé par les remords après l’acte. Si c’est le cas, les extraits de ces lettres n’en montrent aucun signe. Si c’était moi, il me semble que je serais hanté par les cauchemards, revoyant sans cesse mon fils me supplier d’arrêter pendant que je le poignarde et avoir leurs cris résonnant dans ma tête. Le ton des lettres du Dr. Turcotte, si peu longtemps après le drame, me donne froid dans le dos. Pourtant, ces lettres ont été exclues du procès.

Supposons pour un instant que le bon docteur ait prémédité ses actes. Supposons que non seulement il avait résolu de tuer ses enfants dans le but de se venger de sa conjointe, mais qu’il avait aussi planifié sa défense. Guy Turcotte est une homme intelligent et il est parfaitement capable d’assimiler les informations médicales nécessaires pour simuler une folie temporaire et ainsi confondre les experts. Ayant convaincu les experts, convaincre le jury serait un jeu d’enfant. Les narcissiques sont des menteurs chevronnés et jouent très bien la comédie. La méthode même du meurtre pourrait avoir été choisie pour donner l’apparence d’un accès de rage meurtrière. Qui pourrait croire qu’un homme sain d’esprit tuerait ses enfants de façon aussi violente, alors qu’en tant que médecin, il aurait certainement pu leur donner une mort beaucoup plus douce? Le Dr. Turcotte aurait-il pu déjouer les experts et les jurés de cette façon? Nous ne le saurons probablement jamais, mais si c’etait le cas, ce serait le crime parfait n’est-ce pas?

Sommes-nous trop prompts à déresponsabiliser les individus? Accordons-nous, par hasard, plus d’empathie envers un meurtrier qu’envers ses victimes? Franchement, je ne sais pas. Notre système est fondé sur la prémisse qu’il est préférable de laisser un coupable partir que de condamner un innocent. Cependant, il y a des fois que je ne peux m’empêcher de penser que le système en laisse passer un peu trop.

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Classé dans Actualité, Philippe David

La folie ordinaire

 

Par Renart Léveillé

Mon titre, je l’ai piqué à Charles Bukowski, celui qui publiait en 1972 « Erections, Ejaculations, Exhibitions, and General Tales of Ordinary Madness », traduit simplement par « Les Contes de la folie ordinaire ». Je m’en sers dans un autre sens : et par cela je vais tenter de questionner, et la folie, et l’ordinaire, aujourd’hui, devant le verdict renversant de « non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux » du cardiologue Guy Turcotte.

Pour être franc, je n’ai aucunement suivi cette histoire, sinon de très loin (alors, je ne me suis pas trop fait manipuler par les médias). Le jeune père que je suis n’est aucunement capable de savoir (même si je l’ai quand même su, comme beaucoup d’autres choses…) des détails comme celui que Guy Turcotte a eu « conscience de ce qu’il faisait, quand il a entendu son fils lui dire d’arrêter ». Sentir son coeur virer à l’envers, le moins souvent possible… Et pour cette raison, je ne devrais même pas pouvoir écrire à ce sujet, encore plus parce que je n’ai pas assisté au procès, comme le rappelle la spécialiste en droit criminel Véronique Robert.

J’en prends note, mais je continue de voir qu’il y a un trop grand écart ici entre la Justice et ce que la moyenne des gens est capable d’en comprendre, surtout à la suite de ce verdict. Et ça me fait revenir à mon titre. On a l’impression que ce verdict rend la folie ordinaire. Plus précisément, que toute folie (ou ce que l’on considère comme tel devant la loi) est égale. Que la folie qui gagne quelqu’un suite à des problèmes relationnels est égale à la folie de quelqu’un qui est en proie à des épisodes schizophréniques, par exemple, qui sont franchement plus du domaine génétique.

Si vous voyez où je veux en venir, c’est que rien dans les gestes de Guy Turcotte n’écarte l’histoire d’amour déchue. L’absurdité ne se retrouve que dans la teneur des gestes, pas dans ce qui y mène, dans le sens où la vengeance soutire le pire de l’humain, en tout cas au niveau du fantasme. Nous comprenons que le père cocufié ait fantasmé le pire (tuer ses enfants) pour détruire la mère qui ne voulait plus être son épouse, et c’est bien là où se trouve la capacité de faire « la distinction entre le bien et le mal » et « d’apprécier la nature et la qualité de ses actes ». Mais c’est tellement lié qu’il est difficile de croire que le chemin pour se rendre du fantasme à la réalité soit seulement de la pure folie. Comment Guy Turcotte a-t-il pu se perdre en chemin alors que tout le reliait au noyau de son trouble? Il y a dans la folie cette irrationalité que je n’arrive pas à percevoir dans ce cas-ci, puisque le lien de cause à effet me semble fluide. Le meurtre des enfants représente le comble de la vengeance et c’est ce qui a été fait. Guy Turcotte semble s’être planté lui-même ce germe comme un drogué consomme ce qui peut le rendre inconscient de la réalité. Mais un meurtrier drogué ne s’en tire pas même s’il était « inconscient » lors de l’acte, comme me l’a indiqué un ami avocat. Alors, la différence entre les deux me semble ténue.

Le jury a décidé qu’il s’était perdu en route dans la folie et je ne comprends pas, comme beaucoup de gens. Comme le blogueur Patrick Lévesque, je crois que notre « système de justice a […] une responsabilité envers les citoyens, soit de les éduquer. Cette responsabilité est essentielle afin de conserver sa crédibilité, ce qui est en retour essentiel au maintien d’un système de droit, l’un des piliers de notre vie démocratique. Au-delà du choc, de la colère, de la tristesse, il est temps de passer à la compréhension. Les explications doivent venir; elles doivent être fournies rapidement, et elles doivent être fournies en tenant compte des émotions que vit en ce moment le grand public (dont je fais partie) ».

J’ai bien relu le texte de Véronique Robert, hyperlié plus haut, qui s’y connaît beaucoup plus que la majorité, et pourtant je ne comprends toujours pas. Quand j’y lis que le jury a décidé, « à l’unanimité, que « le monstre » était vraiment en état de déséquilibre mental au moment des faits », je me dis qu’il faut bien de toute façon être « en état de déséquilibre mental » pour tuer ses enfants, c’est un pré requis : une personne équilibrée mentalement ne va pas faire ça. Et pourtant, je ne doute pas que ce raisonnement ne fasse pas le poids au niveau de la Justice. Mais bon, je ne suis pas juriste. Et ça doit être le problème de la majorité de la population qui n’est pas d’accord avec ce verdict.

Voilà, la question de la folie est posée. Et elle n’est surtout pas simple. Quant à l’ordinaire, le choix du terme est peut-être abusif en soi, mais il sert au moins de contrepoids. La folie comme concept ultime ne peut pas être remise en question. En l’acoquinant à l’ordinaire je le rendais au moins un peu plus malléable. Et, il n’y a pas de doute pour moi, le concept de folie au niveau de la Justice est très discutable.

C’est ce que bien humblement j’ai essayé de faire ressortir ici.

 

(Photo : amandajane)

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Le véritable rôle de l’État

Quel est le véritable rôle de l’état? Est-ce construire un amphithéâtre? Une salle de concert? Est-ce de subventionner des entreprises? Ou la culture? Est-ce de payer pour des fécondations in vitro ou des inséminations artificielles? Est-ce de gérer un système de garderies? Aucune de ces réponses!

Le rôle fondamental de l’État, s’il doit y en avoir un, est certainement de protéger ses citoyens des agressions et de rendre la justice. Dernièrement, nous avons eu un exemple patent que le gouvernement du Québec faillit misérablement à cette tâche. Après des mois d’enquête à récolter judicieusement de nombreuses preuves, 31 membres du club de motards Hell’s Angels ont été relâchés. Pas par manque de preuves, oh que non! Parce qu’ils n’ont pu avoir de procès dans des délais raisonnables.

Ce qu’ils doivent encore se bidonner, ces anges de la moto! Quand l’État gaspille à gauche et à droite comme un matelot en permission, mais qu’il est incapable d’investir dans ses missions essentielles comme l’administration de la justice! C’est bien plus important de bâtir un amphithéâtre pour un retour éventuel des nordiques voyons! Ça fait oublier au bon peuple son incompétence! Selon M. Bachand, la finalité c’est d’être heureux comme peuple. Emmenez-en du pain et des jeux M. Bonheur! Il y a toujours tout plein d’argent pour ça! Surtout quand on met ça sur la carte de crédit avec l’intention de la faire payer par nos héritiers. Dépensons leur argent sur des frivolités! Qu’importe si nous laissons les criminels envahir les rues impunément, sachant qu’il pourront commettre autant de crimes qu’ils voudront puisque l’État est occupé à autres choses.

Continuez! Surtout n’arrêtez pas! Continuez de prouver comment l’État est d’une futilité extrême! Continuez de nous donner raison, nous qui ne demandons qu’à s’affranchir de ce parasite qu’est l’État. Le mur approche, accélérons!

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Classé dans Actualité, Philippe David

Dans la tête de Raymond Bachand

 

Notre médiocre gouvernement n’a pas que John James Charest comme clown, s’il faut le rappeler. Raymond Bachand est assez drôle aussi dans son genre. Et c’est un clown jongleur en plus.

Il a trouvé le moyen de réduire une proposition du Parti Québécois pour « lutter contre le trafic d’influence » à une soi-disant manoeuvre pour bloquer le projet d’une nouvelle formation politique de droite par l’ex-péquiste François Legault, qui est visiblement un peu trop pour l’instant du domaine spéculatif. (Cette proposition, ou plutôt ces propositions, serait de réduire le plafond des dons citoyens aux partis politiques à 300$ — certains vont jusqu’à 100$ — et « que le financement des partis politiques soit essentiellement pris en charge par l’État, sur la base des résultats aux élections ».)

C’est assez tordu comme raisonnement, ce qui est tout à fait dans la tradition libérale. En vérité, la force du PLQ tient exclusivement dans sa facilité à bien performer au niveau du financement, avec, on s’en doute, un bon retour sur l’investissement pour les donateurs, tout nous l’indique. C’est cela que le ministre des Finances veut protéger, et c’est tout à fait dans ses cordes!

Et je ne crois pas que le PQ soit si en reste, du moins au niveau du strict financement. Mais peut-être qu’avec une nouvelle formule cela reviendrait pratiquement au même pour eux, contrairement au PLQ qui se verrait perdant au change. Et c’est bien là où le PQ voudrait frapper, au-delà de la simple raison du trafic d’influence.

Ce qui me fait surtout rire là-dedans, c’est que Raymond Bachand joue sérieusement le jeu de la possibilité d’une réelle application d’une telle proposition alors que ce n’est que du jeu politique, le PQ n’ayant pas le pouvoir pour mener à bien ce projet. Dans ce scénario là, comme il le construit, ça serait évidemment un croc en jambe à François Legault par la bande, mais serions-nous assez stupides pour classer cette élucubration ailleurs que dans la fiction?

Et puis, il faut aussi prendre en compte que, même accepté, ce changement ne devrait pas se produire dans un avenir rapproché, même que ce serait là le noeud du débat, question de ne justement pas mettre de bâtons dans les roues de tout nouveau joueur politique sérieux avant les prochaines élections. Je crois que tout le monde s’entendrait là-dessus, même la population. Parce qu’il y a proposition, et mise en application. Et j’espère un peu de sens de la « justice » dans la culture politique.

Cependant, pour ma part, il y a un bémol dans toute cette question : c’est que je ne suis pas confiant quant à la poursuite de ce projet de réforme dans le cas où le PQ prendrait le pouvoir.

Je suis peut-être gangréné par une cynismie

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Justice, pour Robinson et pour tous !

«La conduite des affaires de Charest, Weinberg et Izard est basée sur la tricherie, le mensonge et la malhonnêteté (… ) des bandits à cravate ou à jupon (…) conduite scandaleuse, infâme et immorale.»

Ces extraits du jugement du Juge Auclair, dans l’affaire de Claude Robinson vs Cinar, prouvent  qu’il y a des justes au Québec. Il y a des justes, même dans le système judiciaire.  Mais il n’y a pas de justice au Québec.

En appelant la solidarité citoyenne à la rescousse, on en viendra peut-être  à obtenir une compensation pour Claude Robinson. Peut-être, car il est possible, sinon certain, que cet appel des bandits à cravate ou à jupon serve surtout  à gagner du temps afin qu’ils mettent leurs biens en lieu sûr, se déclarent en faillite et ne payent rien du tout. Mais ayons la foi que Claude Robinson obtiendra  justice.  On aura alors sauvé un arbre… mais pendant que chaque jour on continue d’abattre la forêt.

Pour un Robinson sauvé, des centaines de justiciables seront oubliés, sacrifiés, car nous vivrons encore demain, vous et moi, dans un État qui se prétend « de droit », mais qui a institutionnalisé l’iniquité. Un État où seuls les riches  peuvent  espérer obtenir justice.  Parce que des centaines de milliers de dollars en frais et honoraires, c’est trop cher pour le monde ordinaire; parce que 14 ans, pour obtenir un jugement, c’est trop long, pour tout le monde…  Dès qu’on dépasse les petites créances, il n’y a pas de justice fonctionnelle au Québec.

Il faudrait que, Robinson en tête, mais tous les gens de bonne volonté derrière lui, nous marchions pour réclamer une justice au Québec.  Une justice rapide. Une justice gratuite, une justice de bon droit, et non ce fatras de procédures qui permettent à ceux qui les maîtrisent d’apprivoiser l’injustice.  Un système où juges et magistrats ne sont pas nommés discrétionnairement par le pouvoir exécutif, créant ainsi une apparence de favoritisme, mais choisis par un processus démocratique

Il faudrait réclamer que soit transformé, pour le rendre efficace, le rôle actuellement inutile et malfaisant de l’avocat dans le processus judiciaire. Que soit transformée, aussi, la procédure d’exécution des jugements, et la Loi de faillite, cette licence 007 que les grand scélérats –  mais aussi tous les petits astucieux de ce monde – utilisent pour envoyer paître ceux qui leur ont fait confiance et qu’ils ne veulent pas rembourser.   Il faudrait exiger une justice qui soit juste. A laquelle on fait confiance.

Oui, je sais que TOUT le système est à revoir et que toute la gouvernance que nous avons ressemble à une opération d’extorsion, allant de la corruption à tous les niveaux de l’administration publique jusqu’à cette incroyable arnaque des banquiers, qui créent leur propre argent, le prêtent a intérêt et demandent qu’on leur en donne plus quand ils n’en ont pas assez …  Le brigandage est omniprésent.  Mais, la perversion de la justice inspire une répugnance particulière.

RIEN n’est plus odieux que de travestir la justice et de la vider de son sens, car c’est LE PREMIER DEVOIR D’UN ÉTAT D’ASSURER LA JUSTICE.  C’est la pierre d’assise et tout le reste en dépend. Le simple fait qu’il faille encourir des frais pour être reçu par un juge et – peut-être –  obtenir justice, est une ignominie. Il faut que la population soit manipulée hors de toute raison par les médias et mise dans un état confinant à l’hypnose, pour tolérer cette infamie – qu’une nation vraiment civilisée mettrait au rang moral de l’esclavage – d’un accès inégal à la justice, conditionnel à l’argent que peuvent y investir les parties.

Il n’y a rien de plus ignoble, rien qui contribue davantage à la perte de crédibilité de notre gouvernance. Rien qui la rende aussi illégitime, indigne qu’on la respecte ou qu’on lui obéisse que cette faillite de la justice.  Je pense  qu’il est de l’intérêt public que cette aberration/infamie qu’est le système judiciaire soit exposée sur la place publique.  Il faut regarder de près la réhabilitation du rôle des juristes, ceux par qui la justice devrait arriver et qui sont aujourd’hui une partie du problème et non de la solution.

Je serais ravi qu’un de mes anciens collègues, ou l’un des nouveaux prédateurs de la même espèce qui chassent désormais dans les mêmes boisés, me réponde. On pourrait en parler… Et si quelqu’un veut riposter en mettant en branle cette machine infernale de la justice au bras lent et à la main rapace, rien ne serait plus révélateur de l’ineptie, de la mauvaise foi ou de la turpitude de cette machine.

Pierre JC Allard

Avocat retraité

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Classé dans Actualité, Pierre JC Allard

Un détenu ministre de la Justice …

Chronique du prisonnier

C’est si facile de critiquer le système judiciaire. Pourrais-je plutôt trouver des moyens de corriger cette «machine»? Ayant vécu de très longues années en détention, je suis en mesure d’évaluer l’efficacité des politiques en place, du moins à mon échelle. Afin de proposer mes solutions, je chausse, le temps d’une chronique, les souliers du ministre de la Justice.

Jean-Pierre Bellemarejustice canadienne prisonniers

L’auteur de ce texte est détenu depuis 22 ans à la prison de Cowansville et signe depuis 2 ans la Chronique du prisonnier dans la revue Reflet de Société.

Durant mon «mandat», toutes mes décisions seront guidées par l’équité. Le système judiciaire est très mal perçu par la population carcérale. Les détenus  constatent les iniquités flagrantes de son fonctionnement. Les plus riches s’en tirent habituellement à bien meilleur compte, ce qui engendre un mépris vis-à-vis tout ce qui concerne la justice. Comment faire pour améliorer ce système considéré si mauvais?

Je débuterais par la rémunération des avocats: tous au même salaire, afin d’éviter que seuls les accusés les plus riches aient accès aux meilleurs. Ensuite, les avocats devraient alterner leurs rôles, soit une année à la défense, puis une à la poursuite. Cette double pratique élargirait leur compréhension des impacts de leurs décisions. La pratique actuelle ne leur fournit qu’un côté de la médaille.

Les forces de l’ordre sont aussi dirigées selon deux approches opposées, l’une répressive et l’autre préventive. Ces deux aspects du métier devraient plutôt être complémentaires. Les policiers, et cela s’appliquerait aussi aux avocats, devraient expérimenter la prévention dans les quartiers défavorisés. La répression serait, quant à elle, utilisée contre une criminalité plus professionnelle. Il faudrait aussi que les agents ne soient pas cantonnés dans un même secteur, afin d’élargir leurs horizons, par exemple, en les déplaçant annuellement d’un quartier riche vers un quartier pauvre. Cette manière de faire devrait prévenir, chez certains policiers, le laxisme, la familiarité et l’indifférence envers les plus démunis. Je leur donnerais de plus le pouvoir de régler, par des constats à l’amiable, la petite criminalité: vol à l’étalage, bagarre, consommation de drogues, etc.

Des libérations trop conditionnelles

J’abolirais ensuite la Commission nationale des libérations conditionnelles (CNLC). Cet organisme qui se doit d’être impartial et transparent n’arrive pas à remplir adéquatement son mandat. La CNLC est devenue un instrument de chantage et de malversations. Le fait que les fonctionnaires y soient nommés par le gouvernement pour des motivations politiques en démontre le favoritisme. Si, comme le prétend le gouvernement, la sécurité du public était une priorité, la sélection des commissaires serait réservée uniquement à des experts en la matière. Les pénitenciers possèdent des équipes de gestion de cas capables de s’en occuper.

En dernier lieu, lors d’un procès, si un témoin de la défense est en conflit d’intérêt, son témoignage serait rejeté. Des criminels pris les culottes à terre sont régulièrement contraints de témoigner contre leurs confrères, parfois en échange d’une rémunération ou d’une réduction de peine. Leur version des faits sera tout de même reçue par la cour. L’iniquité envers l’accusé dans ces cas est incroyable. Tout le monde devrait être traité sur un pied d’égalité devant la loi.

Les corps policiers reçoivent un budget imposant pour la formation de leurs membres et l’achat d’équipements très sophistiqués. Pourquoi donc s’en remettre presque toujours au témoignage d’un délateur? La facilité pour les policiers de faire condamner un suspect grâce aux délateurs les encourage à réduire leurs efforts et à s’abstenir d’améliorer leurs méthodes d’enquêtes.

[NDLR: Dans ce texte, le ministre Bellemare a sauté plusieurs fois la clôture séparant les compétences des gouvernements fédéral et provincial. Mais, tout comme nous nous permettons d’imaginer Jean-Pierre ministre de la Justice, nous lui avons permis de remplir son mandat dans un monde sans conflits de juridiction entre les différents ordres de gouvernement.]

Illustration: Louise Pianetti-Voarick

Reflet de Société, Vol 18, No. 1, Septembre/Octobre 2009, p. 8

Autres textes de Jean-Pierre Bellemare, Chronique du prisonnier:

Prison et religion

Sexualité dans les prisons

Zoothérapie en prison

Prisons et suicides, rêves ou réalité?

Impacts et conséquences du transfert d’un prisonnier

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Classé dans Actualité, Raymond Viger

Délation et mauvaise conscience


Dans l’Essonne, en banlieue parisienne, on va tenter de promouvoir une nouvelle et audacieuse approche pour assurer l’ordre : la délation. Nous allons bientôt entrer dans le signe de la Balance…   Nouvelle, c’est vite dit, car d’Adam  à Eve et de Eve au Serpent, on était  déjà en pleine délation et, à Venise, on mettait déjà discrètement les médisances « dans la bouche du lion ».

Pas de doute, toutefois que ce ne soit une approche audacieuse. Car alors que l’espion est parfois perçu comme un héros, le délateur, lui, le « stool », la « balance», il a vraiment mauvaise presse…   Pourquoi  ne denonce-t-on pas fièrement, avec la satisfaction du devoir accompli ?  Surtout maintenant  que la dénonciation est indispensable ?

Indispensable  ?  Eh oui…  Parce que, contrariant  la lecture qu’on a voulu faire de l’évolution du rapport des forces entre l’individu et la société, l’individu ne devient pas sans défense face à la société; c’est la société qui devient d’autant plus vulnérable qu’elle devient plus complexe. La technique moderne permet désormais à chacun de porter dans une mallette, sinon dans sa poche, le virus ou le gaz qui causera à la société un dommage colossal, voire fatal. Depuis le 9/11 et l’incident du métro de Tokyo, on peut tenir ce point pour avéré. Cette société ne survivra que si chacun prend sur lui de surveiller son voisin. De lui sauter dessus s’il y a urgence,  au moins de le dénoncer s’il est suspect.

Une sécurité publique qui n’est plus l’affaire de tous n’apporte plus la sécurité qu’on voudrait. Un système de sécurité publique ne peut plus fonctionner correctement que si tous les citoyens sont essentiellement d’accord avec la loi et se sentent solidaires des gestes posés pour assurer son application.  La première condition de la sécurité publique, c’est  un soutien inconditionnel à la loi.

L’ordre ne peut  donc plus être maintenu que s’il existe un large consensus quant à la légitimité du pouvoir et quant à l’équité fondamentale de la loi. Ce consensus est le basilaire, le palier “0″ sur lequel on peut construire l’édifice de la sécurité publique.  Une société doit inspirer le respect, être perçue comme légitime et ses lois doivent jouir d’un soutien inconditionnel.

Or ce soutien n’est possible que si une majorité effective de la population croit que la loi est juste.  Le citoyen d’une démocratie doit avoir bonne conscience.  Dans la société actuelle, il ne l’a pas.  Les assises du basilaire sont lézardées et ce soutien inconditionnel n’existe plus.  Pour deux (2) raisons fondamentales.

La première, c’est que notre société est gérée par un système dont les règles sont perçues intuitivement comme iniques, puisqu’elles mènent à des injustices intolérables et croissantes. Dans le contexte de misère qui prévaut presque partout, il n’est plus toujours évident de déterminer qui, du “criminel” ou de la société, a le bon droit de son côté. Doit-on faire trébucher l’enfant qui fuit avec un quignon de pain ou le gendarme qui le poursuit ? Ce dilemme est une réalité quotidienne dans les marchés publics des trois-quarts des villes du monde.

Comment demander au citoyen moyen d’être ABSOLUMENT contre le vol, s’il y a des millions d’individus dans la société pour qui le vol est l’unique accès aux besoins essentiels à leur survie? Notre société a bien raison d’avoir mauvaise conscience, parce qu’elle ne fait pas ce qu’elle devrait faire pour assurer droits, gîte, couvert, services et espoirs à tout le monde. Parce qu’elle ne le fait pas, on ne peut lui reconnaître le droit moral ABSOLU de sévir contre ceux qui transgressent la loi, puisqu’il en est qui ne le font que pour en pallier les criantes injustices.

Le mot-clef, ici, est “absolument”. Aussi longtemps que les conditions sont telles que la société et ses lois ne sont pas perçues comme absolument justes, le droit moral absolu pour une société de faire respecter ses lois est remis en question et cède la place à une casuistique. Nul ne sachant plus très bien si chapardeurs, fraudeurs d’impôts, travailleurs au noir et contestataires n’ont pas le bon droit de leur côté, chacun s’arroge le droit de décider au cas par cas du soutien qu’il doit accorder à la loi.

Comment intervenir si on ne sait plus qui a tort, de celui qui s’enfuit ou de celui qui le pourchasse ?  Que ce dernier, d’ailleurs, porte ou non un uniforme. Quand on entre dans le champ de la casuistique, on ne peut attendre du citoyen le soutien inconditionnel de la loi. Il en prend et il en laisse. La première lézarde dans les assises de la loi, c’est l’iniquité de la société qui transparaît dans la misère qu’elle crée.

Il y a une deuxième lézarde : l’ingérence indue de la loi dans des domaines où elle apparaît si bête qu’on ne peut que penser qu’elle sert des intérêts sordides. La population accueille avec une immense tolérance les écarts à toutes les prohibitions qui voudraient interdire à des adultes des choix qui ne concernent qu’eux. On ne peut respecter une loi qui s’attaque en priorité à la culture du pavot plutôt qu’au viol des enfants.

Pour que renaisse un soutien inconditionnel de la loi, il faudrait que les lois expriment une volonté collective de justice conforme à la morale des citoyens.  Il faudrait d’abord que le crime soit toujours être perçu comme odieux, mais il faudrait aussi que la loi, se bornant à interdire ce qui porte atteinte aux droits et à la liberté, ne se discrédite plus en consacrant la plus grande partie de ses ressources à imposer des prohibitions futiles.

La population a mauvaise conscience et ne soutient plus la loi. Parce qu’elle ne la soutient plus, la sécurité publique semble devenir la seule responsabilité des professionnels de la police et du droit, ce qui fait peu à peu de ceux-ci des  éléments étrangers dans le corps social. Des greffons que ce corps rejette. Cette absence de complicité entre les citoyens ordinaires et ceux qui doivent assurer l’ordre  pose obstacle à la délation.  Elle est aussi le premier pas vers la fin de la démocratie.

La population doute de la capacité – et de la volonté même – de l’État de faire respecter la justice. Pourquoi ceux dont c’est le rôle de protéger la société, résisteraient-ils à la tentation de la corruption, quand le système qui régit la société semble gérer une opération de rapine institutionnalisée? Si ceux dont c’est la mission de maintenir la sécurité publique ne peuvent plus avoir la conviction d’être du côté du bien, pourquoi ne participeraient-ils pas à la curée en utilisant le pouvoir dont ils disposent?

Dans l’imaginaire populaire, les politiciens deviennent corrompus, les gestionnaires vénaux, les policiers pourris et ce n’est plus de la société que vient la protection: la justice est trop lente et trop faible. Cela conduit à la recherche de solutions de rechanges: port d’armes, gardes privés, villes murées. Les modèles d’imitation changent. Les héros de la télévision sont les justiciers privés: les policiers et militaires qui défient le système et font triompher la justice MALGRÉ les ordres reçus.

Cela conduit aussi à une mutation des valeurs, celles-ci s’accommodant d’une nouvelle réalité qui n’est plus tout à fait celle d’un État de droit. Une part croissante de la population, aujourd’hui, ne fait plus confiance à la police ni aux tribunaux. Il n’existe donc plus de solidarité active contre les éléments criminels dynamiques, gangs et mafias de tout genre, pour qui le désordre est une opportunité. L’État de droit n’est plus soutenu que du bout des lèvres et, sans nous en rendre compte, nous allons ainsi droit vers un dilemme entre fascisme et anarchie. C’est dans ce contexte que s’inscrit  le refus de la délation.

La réaction de la population dans l’Essonne  nous montrera  où nous en sommes sur le plan de la bonne conscience.  Or soyons lucides. Sans cette bonne conscience, l’insurrection est là, passive… Elle n’attend que le déclencheur pour s’activer.

Pierre JC Allard

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Pendant que la poussière retombe sur les É-U

Dans l’élection d’Obama, il n’y a pas qu’Obama, le résultat. C’est un portrait très partiel du peuple qui ressort par cela. Les plus romantiques ont sabré le champagne, mais il faut admettre que le peuple états-unien n’est pas bien différent de la veille.

Tout compte fait, et cela frise l’absurde pour un citoyen comme moi, habitué au système électoral qui prévaut ici, il n’y a pas eu de balayage d’Obama auprès de l’électorat populaire, ce qui est franchement surprenant.

Une nouvelle est aussi venue me surprendre, du côté de la Californie. Lors d’un référendum, les citoyens ont voté dans le sens d’interdire le mariage gai, après qu’il eut été légalisé. Cela infirme une décision prise par la Cour suprême voilà environ 6 mois. Comme quoi même un des États réputés très progressistes ne l’est pas tellement…

Je parlais plus haut de romantisme, et il semble que l’économiste Gérald Fillion en soit un adepte. Cette phrase le démontre bien :

Et c’est sans surprise qu’on verra probablement Barack Obama prendre le leadership de cette reconstruction d’un capitalisme plus juste, d’un système d’échanges financiers moins spéculatifs, plus respectueux des gens et de l’environnement.

Cette phrase, il me semble l’avoir écrite de toutes les manières depuis que je blogue (sans la référence à Barrack Obama) et pourtant je la reçois avec des lunettes sombres aujourd’hui. Avant que l’économie ne soit chétive, le respect et la justice ne semblaient pas avoir grande emprise sur la réalité, alors imaginez avec l’inquiétude qui s’accumule depuis le gros de la crise financière. Est-ce que le slogan « Yes, we can » reviendrait à seulement signifier « oui, nous pouvons élire ce politicien en particulier »?

D’autant plus qu’Obama tente maintenant de minimiser les attentes qui ont gonflé exponentiellement et qui font en sorte qu’il aura à donner l’impression de « tenir ses promesses de changement ».

Après la foi, il faut bien voir.

(Montage photo : tsevis)

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Si les élections pouvaient changer quoi que ce soit…

Il semble que le Québec va bientôt procéder à son maquillage démocratique périodique. Le moment semble venu, mais 70 % de la population préférerait que cet exercice n’ait pas lieu. Réflexe d’une population satisfaite qui ne voit pas la nécessité d’une remise en question… ou lassitude résignée de cette population, qui préférerait autre chose que ce traitement cosmétique ? Le peuple serait-il si réticent à s’exprimer, si on lui posait les  questions auxquelles il ne demande qu’à répondre ? N’y a-t-il pas certaines questions qui déclencheraient l’enthousiasme qui a amené 95 % de la population à se prononcer, lors du dernier référendum ?

OUI, il y a de ces questions … mais on veut en détourner l’attention. Parmi ces questions, bien sûr, il y a celles sur la souveraineté, la place du français et la composition démographique que l’on souhaite au Québec.   Choisira-t-on une immigration qui permettra de faire face plus facilement à nos obligations envers nos retraités… ou la restreindra-t-on pour garder au Québec le visage que nous lui connaissons ?  Souveraineté, langue et immigration sont trois (3) sujets  sur lesquels la population voudrait bien qu’on lui propose des choix.

Ne pas croire, toutefois, que l’intérêt de la population se borne à ces trois (3) thèmes.  Il y aurait aussi des débats passionnants à faire sur  l’éducation, question si préoccupante qu’on préfère ne pas s’en occuper.  Sur la santé, à laquelle tout le monde pense, mais sans vouloir trop y penser, parce qu’il y a des choix à faire qu’on ne veut pas faire. Des choix financiers, mais aussi des choix techniques, une remise en question des fonctions des intervenants en santé  – de celles  des spécialistes à celles des préposés aux soins.  Une révision gênante à faire du rôle des élites traditionnelles, de leurs privilèges et de leurs droits acquis.

On aimerait bien, aussi, parler de l’accès à la justice. Il n’y a pas de justice au Québec pour le monde ordinaire ; la justice est  biaisée en faveur de ceux qui possèdent et contre ceux qui n’ont rien.  La population de n’abstiendrait pas de voter si on lui parlait de réformer cette justice qui n’est qu’apprivoisement de l’injustice.

Elle ne se détournerait pas non plus, si on lui parlait de sécurité.  Il semble bien que la hausse vertigineuse de la criminalité à laquelle nous avons assisté durant quelques années se soit arrêtée, mais est-ce  bien vrai ? N’est-ce pas plutôt que, comme une tache qui s’estompe sur un vêtement qui devient uniformément sale, le crime se discerne moins dans une société qui devient uniformément plus violente ? Est-ce que nous ne sommes pas à apprivoiser l’insécurité, comme nous avons apprivoisé l’injustice ?

Et si on parlait du système carcéral ? La prison traditionnelle  a-t-elle encore un sens dans notre société ? Il y a des façons plus efficaces  de punir si on veut punir et de réhabiliter et si on veut s’en donner la peine, mais, surtout de protéger la population adéquatement…  Si on consultait la population et qu’on revoyait tout ça ?

Il faudrait penser aussi à ce qu’il adviendra de l’État de droit, si nous laissons le népotisme et la corruption pervertir la démocratie. Ici, comme dans tous les pays qui se prétendent démocratiques, il est de plus en plus difficile de croire que, derrière le cirque médiatique qui nous distrait, le peuple ait encore un contrôle sur les décisions qui sont prises et sur le sort qui lui est fait.  On s’empresse pourtant de mettre une pelletée de terre chaque fois qu’on sent bouger le cadavre de la démocratie.

Il faut démocratiser la gouvernance, mais se souvenir aussi que la gouvernance ne s’exprime que par une administration. Sommes-nous bien administrés ?  Échappons à l’arbitraire des décisions bureaucratiques ?  Évitons-nous cette procrastination qui va de paire avec la désuétude des moyens dont nous disposons pour que la prise des décisions soit efficace dans une société complexe ?  Que voudrait la population ?  On pourrait le lui demander.

Pourquoi, par exemple, se déplacer pour allers chercher un permis dans une officine de l’État, alors que ce permis pourrait être envoyé par courriel à son titulaire, puis à quiconque aurait l’autorité de l’exiger ou auquel le titulaire en autoriserait la divulgation ? Si l’on mettait à profit les moyens de communication dont on peut maintenant disposer, on pourrait réaliser en ligne  le plus clair des échanges documentaires entre les citoyens et les administrations publiques.   Sur ça aussi, nous aimerions tous voter, si quelqu’un prenait la peine de faire une proposition intelligente pour renvoyer à domicile une large part du fonctionnariat

Voter, aussi, sur la place de l’information dans la société et le rôle de l’État dans l’information. Quelle devrait être la responsabilité de l’État pour diffuser la nouvelle?  De quels moyens de contrôle sur cette responsabilité l’État devraient disposer les citoyens ? Les médias traditionnels seront rejoints, puis un jour remplacés, par une multitude de blogues et de journaux citoyens qui viendront compléter l’information et garantir la transparence de notre société.  Ce sera une nouvelle donne. Il faudrait peut-être en parler…

il y a aussi toute la question de l’environnement.  Quels moyens prendrons-nous pour assurer notre approvisionnement en énergie, condition incontournable d’un développement continu ?  Cette question s’inscrit dans une problématique plus large : continuer dans la voie d’une consommation en constante expansion … ou bifurquer  vers une société plus frugale de simplicité volontaire. La population doit comprendre que la stabilisation de la consommation des biens matériels ne veut pas dire un arrêt du progrès, seulement une réorientation vers des valeurs intellectuelles, culturelles, spirituelles…

Pourquoi toujours occulter le débat sur la notion d’équité et d’une plus juste distribution de la richesse ?  On n’y coupera pas, car dans une société complexe et donc d’interdépendance, la solidarité n’est plus une vertu, mais une exigence technique. Il faut revaloriser le travail comme facteur de production, mais cela ne suffira pas pour distribuer équitablement le revenu  L’assistanat, sous une forme ou sous une autre, prendra de plus en plus d’importance et une politique d’assistanat plus envahissante est inévitable.  Il faut que la population se prononce sur les modèles de relation du travail à l’assistanat car, sans un consensus social, l’assistanat n’est qu’une variante de l’exploitation et du favoritisme.

Dans le contexte  de la crise financière actuelle, la population ne devrait-elle pas aussi être consultée sur les modifications à apporter à notre système financier, aux régimes fiscaux, au crédit, à l’émission de la monnaie dont nous avons vu que la gestion paternaliste par une toute petite élite financière nous a conduits au désastre ?

Il y a des décisions sociétales à prendre.   Il y a des choix qu’il faut demander à la population de faire, parce que c’est à elle de prendre ces décisions. La manière de faire ces choix devrait elles-mêmes faire objet de débats. Peut-on intégrer la notion de référendum à notre structure de gouvernance ?  La démocratie directe est maintenant devenue techniquement possible. Veut-on s’en approcher pour la gestion de notre quotidien ?

Si on consultait vraiment la population, il ne serait pas difficile de la motiver. Trop complexe ?  IL N’Y A RIEN  QU’ON NE PUISSE  FAIRE COMPRENDRE À UN INDIVIDU D’INTELLIGENCE MOYENNE. S’il veut comprendre et si on prend le temps de le lui expliquer.

Il  y a beaucoup à discuter. Pourtant, on se prépare à des élections où, comme d’habitude, on restera au niveau des insignifiances, en évitant soigneusement tout ce qui pourrait ressembler à une véritable consultation du peuple. Encore une fois, on va demander à la population de choisir ses maîtres au lieu de lui offrir une plus grande maîtrise sur son destin.

On a déjà dit : « Si les élections pouvaient changer quoi que ce soit, elles seraient interdites. »    Ne faudrait-il pas plutôt se hâter d’interdire toutes les élections qui ne peuvent rien changer ?

Pierre JC Allard

 

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