Dossier Rue Frontenac Raymond Viger
Sans avis, sournoisement, l’équipe Québécor de Pierre Karl Péladeau profite du week-end pour déclarer un lock-out, cadenassant les locaux du Journal de Montréal. Ce sont 253 journalistes qui se retrouvent du jour au lendemain sans travail et près de 2 millions de lecteurs par semaine qui seront privés des nouvelles que leur livrait leur quotidien.
Pierre Karl Péladeau annonce de son côté qu’avec les pertes de revenus des petites annonces, de la publicité qui glisse vers l’Internet, de la compétition des journaux gratuits, le prix du papier qui augmente… le Journal de Montréal ne peut plus respecter les engagements pris dans les négociations des contrats de travail de ses employés. Coupure de salaire, diminution du personnel, augmentation des heures de travail sans être payé… Et voilà que le budget est à nouveau équilibré et que le Journal de Montréal pourrait continuer sans histoire.
Les employés et leur syndicat ne l’entendent pas de la même façon. Refusant de se plier à des arguments comptables et financiers, les journalistes se retrouvent maintenant devant un lock-out. Le Journal de Montréal ne s’empêchera pas de continuer à publier son quotidien.
Je suis attristé de voir que le conflit se limite à deux positions extrêmes avec deux partis qui ne semblent pas vouloir et être prête à travailler en équipe. Pourquoi l’arrivée de l’Internet et de son pouvoir d’attraction pour les budgets publicitaires ne seraient pas une occasion pour bonifier le quotidien papier? Pourquoi ne pas trouver ensemble de nouvelles façons de travailler qui pourrait être bénéfique pour tout le monde, autant les journalistes, que la partie patronale, sans oublier les lecteurs?
Les journalistes se retrouvent sur le trottoir. Ils ont parti rapidement et efficacement leur site Internet et leur blogue: Rue Frontenac. Profitez-en pour lire un nouveau type de nouvelles. N’oubliez pas de laisser des commentaires sur les blogues présentés.
Le Journal de Montréal sans journaliste
Je vais être honnête avec vous, je ne lisais déjà plus le Journal de Montréal depuis un bon petit bout. Je manque de temps et j’ai dû faire des choix.
J’étais curieux de voir comment le Journal de Montréal se débrouillait pour publier son quotidien. Je viens d’ouvrir le Journal de Montréal du 29 janvier. Chapeau pour la page 2. Le rédacteur en chef, Dany Doucet signe un virulent article sur la tempête de neige. Un titre, un chapeau, 3 photos avec bas de vignettes. Il n’y manque que le texte!!!
En tournant les pages, on y voit une majorité de textes qui proviennent d’agences: Presse Canadienne, Agence France Presse, Reuthers, Associated Press et même l’agence QMI, la nouvelle agence de Québécor.
Le Journal de Montréal est publié oui, mais je ne peux pas dire que c’est un média pour autant. Prendre des textes d’agence ne peut pas être une forme de journalisme en soi. C’est correct d’avoir des textes d’agence pour se dépanner sur des événements que l’on n’a pas pu couvrir. Mais un média (digne de ce nom), ne peut pas en faire sa principale source d’information.
Un texte d’agence peut se retrouver intégralement dans plusieurs médias différents simultanément. Le texte d’agence est vendu et rendu disponible à tout le monde en même temps. Rien d’original dans un tel texte.
Parce qu’un média doit avoir une âme. Et cet âme provient de ses artisans, c’est-à-dire des journalistes qui font parti de la boîte.
Autres textes sur Rue Frontenac
RueFrontenac.com, une presse libre et indépendante en Haïti
Tout le monde en parle: syndicat des journalistes du Journal de Montréal et Richard Martineau
Blogue Rue Frontenac: le nouveau journal des journalistes sans média
Journal de Montréal en lock-out; un média sans journaliste