Le Professeur Léo-Paul Lauzon vient encore de parler pour rien. Il vient de publier une quatrième étude en 6 ans sur les banques canadiennes. Il nous a déjà parlé quelques fois d’évasion fiscale, de paradis fiscaux… le quotidien, quoi … Cette fois, il examine le comportement des banques canadiennes en temps de crise.
Car il y a une crise, vous savez., et les banques… Chuuut ! On pourrait nous entendre. Le Professeur Lauzon nous parle de l’industrie bancaire canadienne durant cette crise. De la situation financière actuelle des banques, de leur profitabilité, de l’utilisation qu’elles font de leurs profits et de leurs impôts.
Il a fait une étude pour la période allant de 2004 à 2009 sur les 6 plus grandes banques canadiennes: Royale, TD, etc – qui ne les connaît pas ! – et il nous confirme qu’elles font du fric. 46 milliards de profits en 2009. Réjouissez-vous, nos banques se sortent bien de la crise. Il y a longtemps – depuis 1998, au moins – que je dis qu’il faut se réjouir….
Elles s’en sortent d’autant mieux que nous avons un gouvernement prudent. Même si les banques font plus de profit que jamais, l’État, depuis 6 mois, via le Programme d’achat des prêts hypothécaires assurés (PAPH) leur a alloué une aide d’environ 125 milliards de dollars… C’est 4 000 $ par Canadien, incluant les nourrissons et les grabataires… C’est beaucoup. C’est trois (3) fois le programme de soutien à l’économie de 40 milliards dévoilé par Ottawa lors du budget de janvier dernier.
C’est une application du principe que la meilleure aide est celle qui fera que celui qu’on aide n’aura pas besoin d’aide. Un principe qui ne s’applique que pour les riches, bien sûr, car, pour les pauvres, il est trop tard. De toute façon, les pauvres administrent l’argent d’une façon lamentable: dès qu’on leur en donne, ils le dépensent ! Heureusement qu’on ne leur en donne pas beaucoup, sans quoi où irions-nous !
Le professeur Lauzon parle pour rien, car il est clair que nous avons déjà trouvé la meilleure façon d’aider nos banques. D’ailleurs notre Premier Ministre lui-même nous l’a dit – en passant par le Financial Times, ce qui fait encore plus crédible – : » Nous avons le secteur financier reposant le plus sur la libre entreprise. Nous sommes les seuls à ne pas nationaliser ou nationaliser en partie notre système financier “.
Les seuls ! Selon une étude du FMI du 18 février, le Canada serait au 3e rang mondial en % du PIB, quant au coût de l’ensemble des mesures de soutien public aux banques: 8.8%. Devant, les États-Unis à 6.3%, où pourtant on se plaint tellement…. Dur, mais nous serons récompensés de nos efforts, car il semble qu’on pourrait mêmeacquérir quelques banques américaines: ils en ont trop. Ils en ont de moins en moins, avec les faillites, mais ils en ont encore trop. On les achète. Nous aurons des banques plus riches…
Des banquiers riches, aussi. Les dirigeants des six (6) plus grandes banques du pays ont reçu des millions d’options d’achat d’actions à prix d’aubaine en 2009. Grâce à ces options, ils ont réalisé des bénéfices de 251 M$. C’est là qu’on voit la sagesse de nos gouvernants. Cette performance aurait été impossible si on avait gaspillé cet argent en programmes d’aide à l’emploi.
Parler pour parler, le professeur Lauzon pérore encore plus inutilement. Il parle de NATIONALISER les banques ! Ridicule, car ce serait ILLÉGAL. La Loi (fédérale) sur les Banques prévoit que les actions des grandes banques doivent demeurer « largement reparties ». L’État ne pourrait donc pas être propriétaire d’une banque CQFD. Pourquoi ? M’énervez pas avec vos questions…!
Et à Québec ? Eh bien à Québec, rien, parce que c’est Ottawa qui a juridiction. Vous voyez comme c’est simple ? Alors Jacques Delorme, de la Direction des communications du Ministère des finances – cité dans le journal Métro de Jeudi 6 mai – résume tout à la perfection: “La nationalisation des banques est une question tellement hypothétique. Personne n’étudie ce genre de scénario.” Ouf ! heureusement, car un enfant de 10 ans comprendrait que c’est la seule solution. Mais si on ne l’étudie pas…
Alors le Professeur Léo-Paul Lauzon parle pour rien. Parce que le système bancaire est une escroquerie institutionnalisée et que ceux qui décident de ça et du reste sont les complices de cette escroquerie. Surtout, il parle pour rien parce qu’on ne l’écoute pas… ILS sont gros, nous sommes petits… Alors acceptons que nous sommes des cancres. Ça évitera de devoir admettre que nous sommes des lâches.
Pierre JC Allard