Archives de Tag: libertariens

Dans la mire d’Anders Behring Breivik

Par Renart Léveillé

J’ai bien fait de ne pas trop commenter à chaud le « gauchocide » d’Anders Behring Breivik. Parce qu’avec les infos que j’ai pu grappiller çà et là, je me suis permis ce discutable statut Twitter :

Le gros problème avec #AndersBehringBreivik, c’est qu’il s’est mis sur la même balance de religiosité que les musulmans extrémistes.

Par contre, je ne renierai pas ces deux-là :

L’extrémisme est toujours le fléau de déshumaniser les questions sociales. #AndersBehringBreivik

Les apôtres du multiculturalisme doivent jubiler en ce moment… #AndersBehringBreivik

Alors voilà, après avoir lu un peu plus sur le sujet, je ne crois plus que les gestes d’Anders Behring Breivik étaient de nature religieuse (donc en lien avec l’épithète de « fondamentaliste chrétien » qu’on lui a prêté), même si cela me confortait agréablement dans ma haine des extrémismes que permet l’adhésion fanatique à une religion. (Sa vidéo « Knights Templar 2083 » est remplie de références à la chrétienté, mais je crois qu’il faut l’analyser plus dans un sens culturel. Aussi, peut-être, dans l’optique symbolique d’un combat entre le Bien et le Mal : le Mal étant représenté par la religion musulmane, toujours actuelle, le Bien, étant représentée par l’image des croisades, bien sûr moyenâgeuses.)

Non, il semble que tout soit plutôt relié à l’immigration musulmane que soutien le multiculturalisme norvégien. Alors oui, peut-être, nationalisme, conservatisme, extrême-droite dans ce sens-là, mais il faut faire attention, comme le souligne l’Antagoniste, de ne pas mêler les libertariens à ça, même si on a l’habitude de les classer à droite…

Et même, je me permets un bémol encore plus grand en mettant tout mon poids dans la balance. Je ne me cache pas d’être contre le multiculturalisme, tout comme Anders Behring Breivik, mais à la mesure de ma réalité francophone et américaine (et je ne crois pas avoir besoin de spécifier que je condamne comme la plupart les moyens qu’il a pris pour se faire entendre). Pourtant, je ne me considère pas nationaliste, ni conservateur, encore moins d’extrême droite. De ce fait, n’y a-t-il pas quelque chose qui cloche dans ce désir d’expliquer cette tragédie en pointant systématiquement le nationalisme, le conservatisme et l’extrême droite alors que tout pointe l’antimulticulturalisme? Alors que l’antimulticulturalisme est tout à fait capable d’être sans se faire cannibaliser? Il y a des amalgames qui semblent évidents, mais qui ne le sont pas. Ainsi, est-ce que cette tuerie serait l’instrument idéal pour donner le coup de grâce à la critique antimulticulturaliste?

Aussi, il y a la théorie qui va dans le sens que ces gestes seraient en lien avec le sionisme, ce qui met de la chair autour de l’os de l’accusation d’islamophobie. Et quand on ajoute à cela le fait qu’il soit franc-maçon, ça sent la position pro-Israël à plein nez… Pourtant, au Québec, nos médias « mainstream » n’ont aucunement soulevé cette possibilité (pour m’en assurer, j’ai fait des recherches sur Cyberpresse, Radio-Canada.ca et Canoë avec le nom du tueur, ainsi que les mots-clés « Israël », « sioniste » et « sionisme », sans aucun résultat concluant). L’ami qui m’a propulsé sur cette piste me disait que c’est pour cette raison que les autorités norvégiennes ont voulu le huis clos, prononcé bien sûr par le juge. Quoi qu’il en soit, cela donne le beau jeu à tous de tirer la couverture de son bord, puisqu’il y a un manque flagrant de transparence. Ce qui est dommage, puisque cet événement est éminemment important.

Mais s’il faut se poser la question « quoi sert qui? », la réponse ne pourrait qu’être nébuleuse. Même en lisant la totalité du document de 1500 pages, ce qui est bien sûr le contraire de la concision… Alors, je ne tenterai pas ici de proposer la mienne. Tout ce que je peux faire, c’est constater que la dynamique inscrite depuis septembre 2001 prend une tout autre allure alors que l’air du temps semble faire germer ce qu’on appelle le « loup solitaire ».

Dans un monde complexe comme le nôtre, il était peut-être temps de constater que l’« ennemi » est réellement d’un flou désarmant.

15 Commentaires

Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Gaz de schiste : un libertarien notoire d’accord pour un moratoire

J’ai bien l’impression que la mâchoire de quelques droitistes va tomber lorsqu’ils vont apprendre que le libertarien Martin Masse est pour un moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste. Cela aura au moins l’avantage de séparer le grain de l’ivraie…

Et je mentirais si j’écrivais que ça ne m’a pas surpris. Mais en lisant l’argumentaire, j’ai constaté que c’est tout à fait logique. Si le libertarianisme est tout à fait contre l’État, il faut bien qu’il soit pour les citoyens, et pas seulement quand il s’agit des questions économiques. Et il est limpide que la question de l’exploitation des gaz de schiste n’est pas qu’économique, a contrario de ce que le gouvernement actuel et ses copains gazants essayent de nous faire croire.

Je vais me permettre ce citer l’auteur avant de continuer :

Le «développement économique» n’est pas une valeur en soi, il doit toujours se faire dans le respect de la propriété et des droits individuels de chacun. C’est ce point de vue qui différencie le libertarianisme d’une droite affairiste et corporatiste qui vise uniquement à engranger les recettes en exploitant tout ce qui s’offre à elle et par n’importe quel moyen, y compris en s’acoquinant avec l’État. C’est justement ce qui semble se produire dans cette industrie.

Donc, ici, l’État devient le contraire de ce que j’appellerais le « syndicat général des citoyens » (je le nomme ainsi même si je sais que cette formulation donnera pour certains l’impression d’être le son des ongles grattant fortement sur un tableau noir…). Pour le formuler autrement, les retombées positives pour les citoyens semblent être dans le bas de la liste du gouvernement, puisqu’on ne prend pas au sérieux la peur légitime de retombées négatives, alors qu’il n’est pas dit lesquelles retombées pèseraient le plus dans la balance, et s’il est acceptable qu’il y en ait des négatives, globalement ou en partie.

Et, comme il est soulevé dans le texte au niveau de l’exploitation des ressources naturelles dans le sous-sol, la réglementation ne fait pas de différence entre un sous-sol en région sauvage, peu peuplée ou habitée, voilà où le bât blesse! Le gouvernement n’a qu’à décider de fermer ou d’ouvrir l’oreille selon ses désirs, selon ce que lui dicte la boule de cristal de l’électoralisme. Et en ce moment, avec un parti libéral en train d’imploser, est-ce que ce seront les décisions de la dernière chance? (« Take the money and go, Johnny go! »)

Quant à la question de la pollution versus les industries que Martin Masse soulève, je suis tout à fait d’accord, même que j’ai toujours considéré les pollutions comme étant liberticides :

avec la nationalisation non seulement du sous-sol, mais de l’environnement dans son ensemble, la pollution, qui devrait être considérée comme une atteinte à un droit de propriété, est devenu un problème d’«externalité» géré par l’État au moyen d’une réglementation. Dans les faits, l’État donne depuis plus d’un siècle des permis de polluer à des industries et empêche les victimes de poursuivre les pollueurs. On ne peut ainsi s’opposer au «développement économique» si ça fait l’affaire du gouvernement et de ses copains du secteur privé qui finance sa caisse électorale, même si ce développement nous agresse, détériore notre environnement et notre propriété et tue notre qualité de vie.

Par contre, j’ai un peu de difficulté avec l’idée du « droit de propriété » dans ce contexte, que je remplacerais par une formulation plus proche du « droit au respect », ce qui serait plus global. Je pense par exemple à un respect égal, à un endroit donné, des propriétaires et des locataires, ce que le « droit de propriété » ne suggère pas.

Autre bémol, j’en ai contre cette vision, détaillée en conclusion :

Voilà un bon dossier où les libertariens doivent absolument se démarquer de la droite affairiste et corporatiste et défendre les citoyens ordinaires pour rester crédibles, même si ça signifie qu’on se range pour une fois du côté des bien-pensants étatistes.

Je ne crois vraiment pas que l’expression « bien-pensants étatistes » ait tellement de prise sur la réalité. Combien de citoyens impliqués se réclament clairement et réellement de l’étatisme? Pour la plupart des gens, l’État est un (bien ou un) mal nécessaire, qui en soi relève plus de la tradition que du désir. Il est (supposément) utile et s’il s’avère franchement un jour ne plus l’être, j’espère bien que ce ne sera pas la tradition qui le maintiendra en vie…

Si les citoyens, même les artistes, se dressent pour contester le chemin qu’emprunte l’industrie gazière et le gouvernement, ce n’est assurément pas pour glorifier la pensée étatiste! Il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes!

(Photo : Shandchem)

6 Commentaires

Classé dans Actualité, environnement, Renart L'Eveillé

Un Québec comme on l’aime… Hélas !

Après quelques bruyants défilés, les Français sont rentrés dans leurs casernes.  La Sarkosie est en paix, les scandales se font oublier, les grandes crises continuent de faire leur mise en place pour une Dernière Cène, mais qui se tiendra plus tard…  En attendant, pour le barreur, c’est « à  droite, toute ! »  Ça va et ça vient… Ca ira…

Mais ça, c’est à la française…   Au Québec il fait trop froid pour manifester, alors c’est aussi «  à droite toute ! »,  mais sans le moindre éclat.  Ce qui est normal, car le Québec n’a aucun effort à faire pour aller vers la droite, juste être lui-même et se laisser porter par une puissante vague qui enfle depuis des générations et qui ne cassera pas en déferlante, mais nous mènera à un parfaite intégration dans la société états-unienne.

Je ne suis pas étonné… j’en parle depuis des années. Quand Mario Dumont a laissé l’ADQ a elle-même pour qu’elle entre en dormance dans la zizanie, il y a deux ans, j’ai écrit :

“ il n’y a pas que la conjoncture qui importe. Il y a la réalité sous-jacente de la structure de l’électorat québécois et de ce que veut cet électorat. Or, cette structure favorise l’ADQ. Pas tellement l’ADQ vue comme comme un chef et un programme, que le parti, quel qu’il soit, qui est là où est aujourd’hui l’ADQ dans l’éventail des options politiques qui s’offrent aux Québécois. L’ADQ incarne un centre-droit nationaliste – mais nationaliste plus de l’association que de la souveraineté – autonomiste, donc, plutôt qu’indépendantiste, traditionaliste et bien enraciné dans le pays réel.

http://nouvellesociete.wordpress.com/2009/07/13/adequistes-surprenez-nous/

L’an dernier, auand Francois Legault a quitté le Parti Québécois, je n’ai pas été surpris, plutôt l’impression de déjà qu’on a plus souvent quand on vieillit.  Il n’avait pas encore fermé la porte que j’écrivais:

“François Legault m’apparaît aujourd’hui une tête au-dessus de tous les autres dans l’arène politique provinciale : il n’y a personne pour lui barrer la route. Pourtant, il se retire… et, dans la conjoncture actuelle, je crois qu’il a raison.” Il était si évident qu’il devenait « en réserve » .

http://nouvellesociete.wordpress.com/2009/06/25/francois-legault-en-reserve-de-…-on-verra-bien/

Aujourd’hui, nous y sommes.  On en est à faire  les derniers arrangements pour qu’un “Nouveau Québec” naisse qui sera exactement semblable à l’ancien.  Avec les mêmes vrais pouvoirs financiers, les même syndicats pour donner la réplique, les même intellectuels pour nous dire dans Vigile que nous voulons l’indéoendqnce, les memes Anglophones pour nous dire que nous sommes une grande famille et de plus en plus d’immigrants qui donneront de plus en plus à Montréal cette couleur internationale apatride qui n’a vraiment d’équivalent nulle part aileurs.

Nous aurons avec Legault un Québec de droite-centre-droite. Comme toujurs.  Pourquoi en serait-il autrement, puisque c’est ÇA que le Québécois veut ?   Les derniers arrangements ?  METTRE LA DROITE AU CENTRE !

Crucial, car il n’est pas politiquement porteur de se dire de Droite. Être de Droite ?  Bien sûr.  Se dire de Droite ?… Hmm pas vraiment.  Que faire ?  Déplacer des pieces sur l’échiquier. Il est bien connu quee, de trois (3) propositions un peu sensées  à prix différents,  le consommateur va très largement choisir celle qui est “entre les deux”.  On sait aussi que l’électeur – sauf en cas de crise grave perçue – fuit les extrêmes et vise le Centre.

Comment faire en sorte que la Droite devienne le Centre ? …. En créant quelque chose qui soit CARICATURALEMENT à Droite. Quelque chose qui ne soit pas une option sérieuse de  gouvernance – et ne puisse donc enlever des voix à un parti de droite bona fide au moment de vérité dans isoloir – mais qui prouve, par sa seule existence, que la “Droite”, celle qu’on exècre et dont on peut faire peur aux enfants, c’est  ELLE !

Elle, car si c’est elle, la Droite, la Droite n’est pas le parti que créera ou investira Legault.   Le Parti de Legault, lui, sera “centriste”, regroupeur de toutes les bonnes volontés, de gauche à droite de la bien pensance… et c’est lui qui sera élu.  Un parti centriste qui menera une politique de Droite… comme le veulent les Québécois.

Qui jouera le rôle de s’affubler du vocable “Droite” pour en preserver le Parti de Legault  ?    On ne peut proposer de facon credible au Québec un parti qui soit ostensiblement fasciste ou raciste: le marché n’est pas là.  Ce qu’on peut vendre, c’est du “libertaire”. Dangereux, cependant, car l’option libertaire pourrait être asez populaire pour couper fraiment dans le vote de droite traditionnel et priver Legault qui DOIT être plébiscité pour faire toutes ces choses désagréables qu’il devra faire.

On  a donc confié le rôle de réunir en un étrange bidule – le Réseau Liberté-Québec, sous la gouverne de Joanne Marcotte – toute une mouvance de “un-peu-plus-à-droite” appâtés par l’idéal libertaire, mais  au sein de laquelle il suffira de susciter quelques extrémistes, au moment opportun, pour que l’immense majorté d’entre eux, qui sont des gens raisonnables, viennent vite se refugier  sous l’étendard de Legaul. La population aura été parfaitement manipulée.

Pourquoi suis-je toujours à parler du “Parti de Legault”, sans autre precision ?  Parce que les jeux ne sont pas encore faits.  Je crois tout aussi plausible qu François Legault pernne la succession de Pauline Marois au PQ, celle de Jean Charest au Parti LIbéral  … ou lance un autre parti.   Je suis persuadé que des gens habiles sont présentement à comparer les mérites de ces trois (3) possibilités.

Quel que soit le résultat de cette reflexion, il en résultera un François Legault au pouvoir, ce qui n’est pas  un mauvaix choix… Mais il dirigera un parti de droite-centre-droite.  Même programme, même principes, mêmes commanditaires. Tout aura changé… pour que rien ne change.

Pierre JC Allard

6 Commentaires

Classé dans Actualité, Pierre JC Allard

L’utopie libertarienne

« Un état véritablement libertarien n’a jamais été implémenté et il est peu probable que ça arrive. Le libertarianisme comme tel est souvent mal compris – souvent associé à l’anarchisme – et pour empirer le tout, les libertariens semblent incapables eux-mêmes d’atteindre un consensus en ce qui ce qui concerne leurs principes politiques (political beliefs).

Si vous demandez à vingt libertariens de vous expliquer le libertarianisme, vous aurez droit à vingt réponses différentes. Bien sûr, vous retrouverez des thèmes communs – gouvernement minimal, libertés maximales – mais si vous souhaitez aller dans les détails, ces vingt libertariens se retrouveront sans doute à argumenter, recherchant le consensus pendant des heures, voire des jours. Et si vous enfermez ces vingt libertariens dans une pièce quelque part pour une semaine, que vous leur dites qu’ils seront nourris lorsqu’ils auront atteint ce consensus sur les spécificités du libertarianisme, je peux pour assurer que ces vingt individus seront morts de faim au septième jour.

Pour cette raison, le libertarianisme est donc limité à l’insinuation incrémentale et à l’interpolation. Évidemment, les libertariens peuvent s’entendre sur une vision plus large. Ils désirent plus de liberté et moins de gouvernement. Mais pour aller au fond des choses, et proposer une idée des politiques libertariennes, exige un nombre incalculable de discussions, de débats, et une analyse intensive des philosophes, économistes, écrivains, et des libertariens ayant laissé une trace dans l’histoire (incluant les divergences d’idées qui les séparent), ce qui rend l’exercice presque impossible. Les libertariens forment une une petite communauté insulaire avec des habits beaucoup trop grands. En fait, il y a tellement de matière à saisir que seuls les convaincus pourront investir les efforts nécessaires pour en faire une solution viable. Si vous vous aventurez plus loin que les imprécisions reliées à l’augmentation de liberté et à la réduction de l’état, vous frappez un mur. Socialement, culturellement et politiquement, la seule façon d’agir est l’approche douce et incrémentale. – Traduit de « Libertarians are incrementalists », publié par Walker Morrow, blogueur conservateur-libertarien de la Colombie Britannique.  Traduction: lutopium.

40 Commentaires

Classé dans Actualité, Lutopium

Touche pas à ma retraite!

Par lutopium – Il me semble que la très grande majorité des québécois espèrent prendre leur retraite vers l’âge de 65 ans afin de profiter de quelques années de repos et investir leur temps comme bon leur semble. Je n’ai jamais entendu quiconque proposer que ce concept soit aboli et qu’on soit forcé de travailler jusqu’à la fin de nos jours. Évidemment, les autonomistes et les libertariens nous diront que les gouvernements n’ont rien à voir avec un tel système, que les gens peuvent se débrouiller tout seuls et avoir une confiance inébranlable envers nos financiers modernes pour leur assurer un revenu « décent » à la retraite… mais on voit ce que ça donne lorsqu’un gouvernement libéral exige que l’instance qui est responsable de protéger les avoirs de sa population se tourne vers un modèle spéculatif où l’erreur est banalisée et les résultats à la merci des lois naturelles du marché.

Administré par la Régie des Rentes, le système québécois est ce qui se rapproche le plus d’un revenu de citoyenneté. Même s’il ne parvient pas à combler les besoins essentiels et enrayer la pauvreté, le régime québécois, par exemple, permet aux citoyens qui ont gagné un salaire moyen (environ $30,000 aujourd’hui) tout au long de leur vie active de toucher une rente annuelle d’environ $18,000. Ce montant inclut le programme canadien de la sécurité de la vieillesse et le supplément de revenu garanti. Idéalement, la rente annuelle devrait être supérieure au seuil de la pauvreté mais le concept demeure une mesure essentielle.

Évidemment, les plus fortunés d’entre nous toucheront des revenus en provenance de placements privés et d’autres auront accès à un fonds de pension relié à leur emploi. Cependant, on le voit depuis quelques mois, la spéculation boursière, le manque de rigueur et la déresponsabilisation des entreprises face aux caisses de retraite n’est pas très rassurant pour les travailleurs qui aspirent à une vie « décente » lorsque le temps aura enfin sonné. Si on se fie au chroniqueur Claude Chiasson du Devoir, cette décence se chiffre à $60,000 par année et l’on doit avoir accumulé une fortune de plus de $300,000 pour y accéder.

Nos aristocrates québécois n’hésitent pas à se voter des fonds de retraite douillets afin d’assurer leur capacité à conserver leur mode de vie luxueux tout en protégeant leur héritage familial. Certains d’entre eux ont accumulé différentes sources de revenus en passant par la vie publique (hauts fonctionnaires, députés, ministres) et par l’entreprise privée. Il est fort probable que le nouveau président de la Caisse de dépôt du Québec ait droit à des chèques du Gouvernement du Canada, du Canadien National et de Bell Canada. Pas surprenant que M. Sabia se soit enduit de noblesse en refusant la pension annuelle de $235,000 de son nouvel employeur…

Le Gouvernement du Québec et la Caisse de dépôt ont la responsabilité de sécuriser la caisse de retraite des québécois et de permettre à tous les citoyens de recevoir une rente qui leur permettra de subvenir à leurs besoins essentiels. La nonchalance de certains pourraient forcer l’état à repousser l’âge de la retraite à 67 ans. Les québécois n’ont pas seulement perdu 40 milliards, ils ont perdu deux ans de repos. Pendant ce temps, nos aristocrates versent une petite larme et jouent au golf. Dans leur club privé

Illustration: Susan Rudat – Flickr

7 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Lutopium

L’industrie pharmaceutique est malade

Par lutopium – Le réputé New England Journal of Medicine déclarait l’an dernier que les études scientifiques ne font aucune mention de presque la totalité – 89% – des résultats négatifs obtenus en laboratoire. Dans l’édition du Devoir du 18 janvier 2008, on reprenait la nouvelle et on nous rappelait que « … les antidépresseurs ne seraient pas aussi efficaces que ce qui est rapporté dans la littérature scientifique, où ne sont publiées en général que les études ayant abouti à des résultats favorables au médicament… ». Les manufacturiers sont montrés du doigt, les impacts sont considérables : « …il s’agit d’une forme de désinformation trompeuse qui peut inciter les cliniciens à prescrire en toute confiance un médicament alors qu’ils devraient demeurer très vigilants… ». Les experts de la Food and Drug Agency ne sont pas les seuls coupables dans cette néglicence. Est-il nécessaire de rappeler que les lobbyistes du monde pharmaceutique ont une très grande influence auprès de l’agence de réglementation? Entre 1997 et 2002 seulement, le monde pharmaceutique et médical a dépensé près d’un demi-milliard de dollars en activités de lobbying à Washington…

Du même coup, la Commission européenne a lancé une enquête sur les grands laboratoires pharmaceutiques « …soupçonnés d’entraver la concurrence afin de retarder la commercialisation de produits novateurs et génériques. L’enquête vise à déterminer si les entreprises n’ont pas outrepassé l’interdiction faite par le traité, de pratiques commerciales restrictives. Sont notamment visés les règlements de litiges liés aux brevets. L’enquête vise également à s’assurer qu’aucun obstacle artificiel à l’entrée sur le marché, n’a été érigé. La commission soupçonne enfin l’utilisation abusive des droits de brevet, par des procédures contentieuses passibles d’un abus de position dominante.».

Pendant ce temps au Québec, les grands défenseurs du libre-marché ne cessent d’exiger l’amaigrissement de l’état et le transfert de la réglementation du commerce directement vers l’entreprise privée. Certains penseurs de la droite croient effectivement que le marché peut se surveiller lui-même et apporter des normes qui encadreraient judicieusement les activités du commerce libre. Certains ne sont jamais à cours d’arguments pour défendre une économie forte et responsable, complètement autonome devant un état réduit au maximum. Sur les pages d’un blogue libertarien, on affirme que « …ce contrôle étatique a toujours été inefficace… les bureaucrates planificateurs n’ont tout simplement pas à leur disposition toutes les informations dispersées dans l’esprit de millions d’acteurs économiques qui leur permettraient de prendre les décisions appropriées… »

C’est justement ce que la Commission européenne et le plus grand journal médical reprochent à l’industrie pharmaceutique : le manque de transparence. On imagine fort bien l’importance des excès si les agences publiques ne seraient pas impliquées dans le processus de certification et de mise en marché des médicaments! C’est de la santé des citoyens dont il est question ici, pas de distribution de spiritueux ou de billets de loterie!

Les enjeux économiques autour de cette industrie sont plus grands que nature. Depuis plusieurs années, les grands manufacturiers avalent les plus petits et on ne sait pas quand va s’arrêter la vague de fusions des principaux laboratoires. Si ça continue comme ça, il ne restera que deux ou trois grands joueurs qui contrôleront la presque totalité des brevets pharmaceutiques! On me répondra peut-être que cette industrie occupe une place privilégiée dans l’industrie boursière, car elle génère – année après année – des profits faramineux qui font le bonheur des investisseurs. Je veux bien croire qu’il faut créer de la richesse, mais lorsqu’une industrie aussi importante que celle-là ne semble pas se précoccuper des effets néfastes de ses produits ou qu’elle ne veut pas coopérer à la distribution de médicaments dans les pays en voie de développement, il est primordial que les gouvernements s’en mêlent! Grâce à ses profits extraordinaires, l’industrie pharmaceutique contribue à faire fructifier les avoirs de ses dirigeants et des grands investisseurs, mais la rationalisation de ses opérations n’apportent absolument rien à la richesse collective. Est-il normal que les profits de 10 entreprises pharmaceutiques équivalent ceux dégagés par les 500 plus grandes compagnies américaines? Des dizaines de milliers d’emplois ont disparu depuis les dernières années et pendant ce temps, les dirigeants s’en mettent plein les poches : en 2002, le président de Bristol-Myers-Squibb récolte un salaire de 75 millions et celui de Wyeth empoche 40 millions. Les travailleurs et les citoyens n’y gagnent absolument rien.

Je ne suis pas un économiste ou un expert des lois du libre-marché. Mais j’en connais suffisamment pour être très inquiet du comportement des entreprises pharmaceutiques et je suis convaincu que des instances neutres, dirigées adéquatement par les gouvernements, doivent surveiller et règlementer les activités de ce secteur. Je ne comprend pas pourquoi l’idée de Pharma-Québec n’a pas encore trouvé preneur dans la société civile québécoise. Comment peut-on être contre le principe de négocier avec les manufacturiers de médicaments afin de réduire les coûts du système de santé? Surtout lorsqu’on apprend que les canadiens ont dépensé plus de 30 milliards en médicaments en 2008…

Comme le mentionnait l’économiste John Kenneth Galbraith en s’adressant aux disciples de Milton Friedman : « …nous vivons une époque où les allégations d’incompétence publique vont de pair avec une condamnation générale des fonctionnaires, à l’exception, on ne le dira jamais assez, de ceux travaillant pour la défense nationale. La seule forme de discrimination toujours autorisée – pour être plus précis, encore encouragée – aux Etats-Unis est la discrimination à l’endroit des employés du gouvernement fédéral, en particulier dans les activités relevant de la protection sociale. Nous avons de grandes bureaucraties d’entreprises privées, regorgeant de bureaucrates d’entreprise, mais ces gens-là sont bons. La bureaucratie publique et les fonctionnaires sont mauvais… »

J’imagine que M. Galbraith n’y connaît rien en économie de marché…

Photo: body parts – Flickr

5 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Lutopium, santé

La droite québécoise et les syndicats

Par lutopium – Suite aux récents déboires de la FTQ Construction, les partisans de la droite et du libre-marché n’ont pas raté l’occasion de discréditer le syndicalisme en l’associant au crime organisé, allant même jusqu’à présumer que toutes les centrales sont reliées à la mafia… Utilisant sa rhétorique néolibérale habituelle, le blogue libertarien Le Québécois Libre profite de l’occasion pour transmettre encore une fois le message de ses maîtres: « …ce qui distingue les syndicats des organisations criminelles est que les premiers disposent de privilèges légaux considérables pour légitimer leurs actions, mais la méthode est essentiellement la même…. La violence et le vol font intrinsèquement partie des méthodes syndicales…» On fait encore une fois dans le plus grand des délires.

Aucune nuance n’est apportée dans les nombreux billets parus sur les blogues de droite. Selon eux, tous les syndicats utilisent ces méthodes doûteuses, ne cherchent qu’à protéger leurs intérêts et ont une attirance naturelle avec les organisations criminelles de Montréal. À les entendre, ce sont les syndicats qui cherchent à tisser des liens avec le crime organisé et non le contraire. Tout le monde est coupable. On va même jusqu’à ressortir le squelette d’André Desjardins pour argumenter le tout…

Personnellement, et ce même si je n’ai jamais été syndiqué, j’appuie inconditionnellement le droit d’association des travailleurs. Nous en avons fait du chemin depuis le 1er mai 1886 où ceux de Chicago ont obtenu la journée de travail de huit heures après une grève qui a mobilisé 300,000 personnes. Même si des militants furent arrêtés et condamnés à mort (quatre d’entre eux furent pendus), le mouvement syndical ne s’est pas laissé intimidé et a poursuivi sa lutte afin d’établir un équilibre dans les négociations avec les patrons.

Au Québec, le patronat s’est doté de plusieurs associations et lobbies afin d’établir un rapport de force avec les donneurs d’ouvrage, particulièrement les services publics. Chambres de commerce, Conseil du Patronat et quelques think tanks bien financés leur permettent d’influencer les dépenses et les attributions de contrats. Si les patrons ont le droit d’unir leurs forces – tout en contrôlant directement ou indirectement la majorité des médias d’information – pourquoi les travailleurs n’auraient-ils pas accès à ce droit fondamental?

Évidemment, pour la nouvelle classe néolibérale, les syndicats sont un obstacle au développement économique, à l’augmentation des profits et à l’enrichissement de quelques privilégiés.  Je n’arrive pas à comprendre ce qui motive de simples citoyens québécois à appuyer la classe dirigeante sans réserve tout en rejetant le principe que les travailleurs (groupe auquel ils appartienent sans doute) ont tout à gagner en unissant leurs forces.  De plus, si j’utilise le même raisonnement que celui présenté par ces blogueurs réactionnaires, il faudrait peut-être songer à interdire les firmes de courtage financier, fermer certaines banques et quelques entreprises. Car, ces temps-ci, les fraudeurs et les tricheurs se retrouvent beaucoup plus de ce côté que dans les centrales syndicales… Ce n’est pas parce qu’une dizaine d’individus assoiffés de quelques dollars et d’une vie de pacha sur un yatch qu’il faut discréditer l’ensemble du mouvement syndical. Croyez-vous vraiment que l’Ordre des Infirmières, le syndicat des techniciens de Bell Canada et celui des journalistes de Quebecor sont parrainés par la mafia?

D’ailleurs, il ne faudrait pas oublier que ce sont des journalistes syndiqués d’une entreprise publique (Radio-Canada) qui ont dénoncé les agissements des dirigeants de la FTQ Construction. Même s’il semble évident que l’organisation connait des problèmes innacceptables, il ne faudrait pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

Illustration: Maria Olegovna – Flickr

26 Commentaires

Classé dans Actualité, Lutopium