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Fondamentalisme

Par Renart Léveillé

J’ai toujours eu un préjugé favorable envers le bouddhisme étant donné qu’on me l’a toujours pointé comme étant « une philosophie plutôt qu’une religion ». Oui, vous le savez, je suis un condensé de mauvaise foi… Quoi qu’il en soit, le chef spirituel actuel du bouddhisme, le dalaï-lama, m’a fait déchanter dernièrement en prenant la part des religions et en repoussant d’autant la liberté d’expression :

Au sein de toutes les religions – y compris le bouddhisme -, il existe des fidèles qui portent en eux les germes de sentiments destructeurs, mais il faut se garder de condamner en bloc ces religions

Je comprends tout à fait son point, mais je me demande où se trouve la ligne entre pointer le débordement extrémiste d’un fidèle d’une religion – en soulignant obligatoirement celle-ci – et « condamner en bloc » cette religion? En serons-nous bientôt à demander aux médias d’exclure toute référence à la religion quand il est question d’un attentat terroriste, par exemple? D’autant plus qu’il y a divers degrés entre le fidèle modéré et l’extrémiste, et qu’il y a les paroles et les actes comme possibilités d’expressions de la dévotion, positivement ou négativement. J’ai l’impression qu’on tente de contenir la critique envers les manifestations du religieux dans un espace aussi propre que ce que tentent de nous imposer par la publicité les fabricants de produits domestiques : l’ultime stérilité. J’en comprends aussi qu’il est question de respect. Mais serait-ce que le respect est unilatéral?

Parce que la critique envers le phénomène religieux ne se résume pas à pointer les manifestations extrémistes. Elle est globale. Voudrait-on alors lui couper l’herbe sous le pied en passant par le chemin facile, celui de condamner ceux qui réprouvent les « fidèles qui portent en eux les germes de sentiments destructeurs »? Et, par ricochet, de bannir l’ensemble de l’oeuvre, comme le souligne Mathieu Bock-Côté : de tout bonnement enlever « Le droit au blasphème »?

Il ne faut pas oublier que les propos du dalaï-lama ont eu comme écrin la Deuxième conférence mondiale sur les religions du monde où on jetait dans la mare de la Déclaration universelle des droits de l’homme la proposition d’un nouvel article, 12.4, qui se lit comme suit :

Chacun a le droit que sa religion ne soit pas dénigrée dans les médias ou dans les maisons d’enseignement.

Cette idée porte sans aucun doute pour moi la signature du fondamentalisme. Parce qu’elle fait la promotion de l’idée que la religion est fondamentale à l’humain, ce avec quoi je suis profondément en désaccord. Et le chemin n’est pas loin pour laisser de côté les droits des areligieux… C’est même implicite. On a beau essayer d’échafauder une structure démontrant que l’athéisme est une religion, il n’en est rien. Il est question d’absence, il est question d’opposition claire, si bien sûr on peut toujours s’entendre sur le sens des mots. L’agnostique, l’antireligieux, l’irréligieux, l’impie, l’incroyant, le non-croyant n’auraient pas ce droit, puisque son existence même est en soi du dénigrement.

Mais il n’est pas tellement besoin d’un nouvel article de la Déclaration universelle des droits de l’homme pour bâillonner. Les exemples fusent, et pas seulement du côté musulman, et pas seulement du côté critique. L’exemple qui suit est à classer dans l’anodin (et elle est classée sur Cyberpresse dans la section « Insolite »), et pourtant…

Le régulateur britannique de la publicité a interdit comme «irrévérencieuse» une caricature montrant Jésus le pouce levé et le clin d’oeil appuyé, utilisée par un opérateur téléphonique pour vanter ses «rabais miraculeux» à l’occasion des dernières fêtes pascales.

C’est déjà bien planté, et très profondément. Là où il y a de la (grande) noirceur.

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La mort de la liberté d’expression

Par Philippe David

S’il existe un droit humain qui est fondamental, c’est la liberté d’expression. Ce droit nous l’avons, pas parce l’état nous l’accorde, mais parce qu’il nous est inné. Dans un pays qui est réellement libre, ce droit n’est restreint en aucune façon. Nous avons le droit d’exprimer notre de pensée de quelque façon que nous voulons, même si ça offense les autres. Car, voyez-vous, il est impossible de faire plaisir à tout le monde, et quoique vous disiez, il y aura toujours d’autres gens qui seront en désaccord. D’être en désaccord avec vous est leur droit le plus strict, mais ça ne vous enlève pas le droit d’exprimer votre propre opinion, même si celle-ci peut être méprisante ou même haineuse aux yeux de certains. En fait, à moins qu’il peut être prouvé que vos opinons sont mensongère et portent atteinte d’une façon concrète aux droits d’un particulier ou que vous causiez un danger quelconque comme hurler « au feu » dans un cinéma sans raison valable, votre liberté d’expression ne devrait pas être restreinte dans un pays qui se veut réellement libre.

Or, au Canada, la liberté d’expression est sérieusement en péril. Il suffit maintenant d’une seule plainte par une personne outrée, pour que quelque chose soit censuré. C’est ce qui est arrivé la semaine dernière, lorsque suite à une seule plainte, on a banni la chanson « Money for Nothing » de Dire Straits, qui pourtant tournait des toutes les stations de radio depuis 25 ans. Tout ça parce qu’une personne a été offensée par son utilisation du mot « faggot », dont la meilleure traduction que je puisse imaginer serait « tapette ». Bien entendu, dans le contexte de la chanson, ils s’agissait bel et bien d’un sarcasme, mais ça importe peu aux bien pensants imbus de rectitude politique. En fait, au Canada, toutes les excuses semblent bonnes pour tenter de faire taire ceux dont l’opinion nous déplait. Lorsque le magazine McLean’s a publié un extrait du livre « America Alone » de Mark Steyn, relatant sa théorie sur l’islamisation inexorable de l’Europe, cette publication et Mark Steyn lui-même se sont retrouvés devant la Commission Canadienne des Droits de l’Homme, ainsi que celle de la Colombie Britannique, le temps de le dire. Quand Ezra Levant et son journal le Western Standard ont osé reproduire quelques unes des caricatures de Mahomet qui avaient suscité la controverse quand elles avaient été initialement publiées dans le journal danois Jylland Posten, il s’est également retrouvé devant une de nos très risibles Commissions des Droits de la Personne, celle de l’Alberta cette fois. Cette semaine, une représentation du film Iranium, un documentaire sur le développement d’armes nucléaires en Iran a été annulée à cause de menaces qui auraient été reçues de quelques extrémistes.

Il semble évident que le multiculturalisme et la rectitude politique ont sérieusement attaqué l’épine dorsale du Canada et l’ont transformée en gélatine. Mais pis encore, je crois que si nos bureaucrates sont si prêts à sacrifier notre liberté d’expression au profit d’extrémistes marginaux, c’est qu’ils ont peut-être une affinité pour leurs opinions, ou une haine d’eux-même et de leur propre culture. Le Canada a été fondé sur des valeurs libérales où les droits de l’homme étaient considérés comme accordés par notre créateur et inviolables. Nous avons naguère étés libres et fiers. Force m’est de constater que ce n’est plus le cas aujourd’hui.

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La qualité de la blogosphère québécoise

Le dernier rempart de la liberté d’expression est l’Internet, qui n’est plus tant virtuel que réel, surtout de par son impact sur le déroulement de la réalité autour de nous, de l’évolution de la pensée et de la façon dont l’information circule.

La liberté d’expression est plus qu’un droit qu’on doit réclamer. La seule manière efficace de la protéger est en fait d’exercer ce droit fondamental. Si on exerce ce droit rigoureusement, avec respect et intégrité, tout en étant honnête dans sa démarche, un peuple ne peut que s’enrichir mutuellement et grandir. Le but n’étant pas nécessairement d’avoir raison à tous coup, mais bien d’échanger, de partager notre morceau de vérité pour mieux peindre cette vue d’ensemble de ce que nous sommes et où nous voulons aller. L’important n’est pas d’opérer un choc des égos et des vanités, mais plutôt d’entreprendre une conversation avec l’autre et de renforcer la cohésion sociale, le sens critique et ainsi, la force d’un peuple.

Nous sommes à l’ère de l’information. Le nouveau pouvoir, bien qu’anciennement tout aussi primordial, est l’information. Un individu bien informé sera en mesure de prendre de bien meilleures décisions dans tous les domaines de sa vie. Il en est de même pour les populations. Une population bien informée est considérablement mieux protégée contre la désinformation, la propagande et la manipulation.

Il doit être excessivement clair qu’on ne peut plus désormais compter sur les médias de masse pour avoir l’heure juste. Les médias sont devenus en grande partie des courroies de transmission, les haut-parleurs de la classe dirigeante. Depuis plusieurs années maintenant, les journaux sont en déclins constants et les médias télévisés voient leurs cotes d’écoute graduellement diminuer. Est-ce que les gens ont cessé de vouloir s’informer? Sont-ils partis jouer au golf et vaquer à d’autres occupations? Non. Ils se sont simplement tournés vers d’autres sources plus crédibles et justes à travers un autre médium, l’Internet. Les médias ont beau vouloir discréditer l’Internet, en rire et l’étiqueter de source non-fiable, il n’en demeure pas moins qu’on peut y trouver tout ce qu’on cherche: du pire au meilleur. Il suffit de choisir adéquatement, tout comme on peut choisir entre le journal à potin de la ville versus celui qui fait du grand reportage d’enquête de haute qualité. Ce n’est pas le médium qui est garant de qualité, mais plutôt l’implication, la volonté et la motivation de ceux qui se trouvent derrière celui-ci.

Les grandes caractéristiques de la blogosphère et de l’Internet consistent dans le fait qu’ils sont interactifs et infiniment plus libres dans leur utilisation, autant que dans le contenu qu’on peut choisi à sa guise et dans la manière dont on peut y ajouter son grain de sel.

La blogosphère québécoise n’est certes pas aussi aussi vaste et bien développée que celle de la France, mais elle a l’avantage d’être la plus libre. Demandez-le aux Français, il n’est plus possible de dire grand chose en France sans que la police de la pensée intervienne et vous tape sur les doigts. Avec la loi HADOPI et sa prochaine version envisagée, ainsi que les multiples autres tendances vers la censure et de contrôle du contenu d’Internet, il est encore heureux, bien que surprenant, qu’au Québec, la liberté d’expression soit encore en si bon état. Faut-il perdre quelque chose de précieux avant de se rendre compte de son ultime importance et valeur? C’est au peuple à décider. En fait, c’est le peuple qui détermine tout en fin de compte, de par ses actions… ou inactions.

La population ne peut plus dépendre des médias traditionnels pour être bien informés et s’attendre à ce qu’ils nous rapportent l’ensemble des informations nécessaires pour mieux comprendre le monde lequel elle vit. Prenez par exemple le cas du 9/11, des guerres au Moyen-Orient vendues à grands coups de mensonges et désinformation, de la période pré-écroulement de l’économie alors que tous les canaux principaux nous rapportaient qu’il n’y avait point de crise à l’horizon, et ainsi de suite.

Notre responsabilité n’est pas uniquement de bien se renseigner, de s’informer adéquatement et de s’éduquer soi-même, mais plus spécialement de transmettre ces informations. Il ne sert à rien de s’insurger contre les médias de masse, il suffit simplement de devenir les médias.

Force est de constater à quel point la blogosphère francophone et spécifiquement québécoise sont en pleine évolution. Il y a des hauts et des bas, mais en général, elle se développe vers toujours plus de qualité. Et quand je dis « qualité », cela inclut autant les auteurs que les lecteurs et commentateurs. Je suis régulièrement enchanté de voir à quel point nous avons appris à cohabiter ici et d’évoluer ensemble, en échangeant, opposant nos points de vues et en discutant dans un calme assez généralisé. Cela demande de la maturité et un profond désir d’avancer ensemble, d’ouvrir un dialogue qui même s’il n’est pas toujours l’expression d’un accord commun, peut être fécond et avoir un impact sur le développement de notre pensée autant individuellement que collectivement. L’apport de quiconque peut être la clé d’une nouvelle dimension pour un autre. Un acte individuel a un impact, il n’est pas vrai qu’on ne peut rien faire et rien changer.

Si j’écris tout cela, c’est pour vous dire que Les 7 du Québec se lancent dans une nouvelle aventure. Mais cette aventure ne dépend pas que de nous. Elle dépend de vous, surtout. Il s’en est fallu de peu pour qu’on voit disparaitre les deux plateformes québécoises de journalisme citoyen. L’une d’elle, la plus vieille, est CentPapiers. Nous sommes quelques-uns à avoir décidés de se lever et faire quelque chose pour éviter de voir cette plateforme disparaitre. Ce ne sera pas facile, car malgré tous les efforts que nous sommes prêts à déployer, nous sommes à la merci d’une seule chose qui hors de notre contrôle: l’intérêt de la population à exercer et protéger la liberté d’expression sur le dernier médium où elle existe non pas virtuellement, mais réellement.

Personne ne peut jouer les héros ou prétendre être un génie. C’est un choix collectif à faire. Voulons-nous avoir une blogosphère québécoise vibrante, libre et unie à l’aide d’une plateforme où peuvent se rencontrer, discuter et partager de l’information, ou si nous préférons être dispersés dans les quatre coins de cette dimension?

Si on peut être fier et s’identifier aux succès d’une équipe sportive comme les Canadiens ou les Alouettes de Montréal, comment ne pourrait-il pas être possible de faire pareil avec la blogosphère québécoise et le journalisme citoyen? Il est toujours possible de faire mieux, de s’améliorer. Il ne faut pas attendre qu’on organise nos vies et qu’on nous prenne en charge. Il n’y a pas de héros qui vont venir nous sauver. C’est un mythe Hollywoodien. Nous devons jouer en équipe. Les héros sont ceux qui sont des gens ordinaires qui décident seulement de ne pas vivre à genoux avec l’échine pliée et d’unie leur force. La crédibilité se bâtit et elle se mérite par la qualité de ce qu’on offre. Pour y arriver, il faut savoir se tremper et partir à l’aventure. Il faut y croire.

Je crois personnellement convaincu de la qualité de notre blogosphère. Après presque deux ans passés avec vous, j’ai découvert une mine de gens d’une grande intégrité et intelligence, bien informés et humanistes. Ça donne beaucoup confiance en notre potentiel. J’ai l’impression d’appartenir à une grande famille, une communauté de gens curieux, intéressés et intenses, bien en vie. Une communauté qui a décidé de ne pas baisser les bras, qui cherche des solutions ensemble et par-dessus tout, qui a décidé de se prendre en main et d’assumer ses responsabilités.

Il reste bien évidemment du chemin à faire. Ce chemin doit être parcouru ensemble. Ce n’est pas l’affaire d’un individu, mais bien celui d’une volonté collective. À un moment où la technologie des télécommunications n’ont jamais été aussi avancées, la censure et la police de la pensée menacent grandement la liberté d’expression.

Il n’y a qu’un moyen véritable de la protéger: c’est de l’exercer.

D’ici peu, Les 7 du Québec fonctionnera en symbiose avec CentPapiers dans le but principal d’apporter un maximum de possibilités et d’outils pour vous tous. Sans la certitude d’avoir parmi nous les meilleurs lecteurs et intervenants de la blogosphère québécoise, nous ne tenterions pas cette aventure avec les sacrifices qu’elle implique.

C’est donc avec grande humilité que je vous invite tous cordialement à former la plus grande équipe possible de rédaction, de lecteurs et de commentateurs de qualité que nous puissions. Si plusieurs se questionnent à savoir ce qu’ils peuvent faire et quelle action concrète poser, je pense que de contribuer à rendre l’information accessible à tous et à favoriser les échanges entre citoyens constitue un vecteur important de la force d’un peuple. Un peuple bien informé en est un bien difficile à manipuler.  Un peuple bien éduqué et ayant la possibilité de s’émanciper intellectuellement et spirituellement est la garantie d’un futur meilleur, ainsi capables de faire des choix éclairés et d’être souverain. Le scénario cauchemar de l’Establishment qui aimerait mieux avoir une population docile, ignorante, obéissante et facilement contrôlable.

Je vous salue bien bas en espérant être parmi vous très longtemps, frères et soeurs.

François Marginean

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Internet – Un champ de bataille

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Il devient de plus en plus évident que l’Internet est en passe de se transformer en un véritable champs de bataille. Un espace virtuel, mais une guerre réelle. La blogosphère dérange, les échanges d’idées et d’information s’effectuent en temps réel, dépassant le filtre des médias traditionnels. C’est une guerre de l’information.

Les exemples sont nombreux, mais allons-y avec quelques-uns.

On apprenait cette semaine qu’un nouveau projet de loi déposé à Ottawa vise à octroyer plus  de pouvoir à la police et aux agents du renseignement (SCRS) pour surveiller et espionner l’Internet en leur permettant l’écoute et l’interception électronique de communications sur Internet ainsi que la collecte d’informations personnelles sur les utilisateurs. Selon ce nouveau projet de loi annoncé par Peter Van Loan, le ministère de la sécurité publique, les fournisseurs de services Internet (ISP) pourraient se voir obligé de partager les données concernant la consommation d’un client, ce qui les pousserait donc à stocker ces informations pour tous leurs clients, en tout temps.

«Ça voudrait donc dire qu’on serait surveillé, en quelque sorte, en tout temps,» expliquait au Globe and Mail Richard Rosenberg, président de la B.C. Freedom of Information and Privacy Association, une association de défense de la vie privée et de la liberté d’information basée en Colombie-Britannique. (Source)

Un autre projet de loi introduit par Nicholson exigerait entre autre:

  • Que les forces policières puissent obtenir des données de transmission (informations sur le routage) qui est envoyé ou reçu via le téléphone ou l’Internet si autorisé par un mandat.
  • Des compagnies de télécommunications de garder les données relatives à des communications spécifiques ou abonnés si ces informations sont nécessaires à une enquête et demandé par une ordonnance.
  • De permettre à la police d’activer à distance des dispositifs de repérage qui sont inclus dans certaines voitures et autres bidules électroniques tels que les téléphones cellulaires.

Le même type de loi permettant la surveillance de l’Internet sont en place dans plusieurs autres pays. En Angleterre, il s’agit du Regulation of Investigatory Power Act de 2000. Aux États-Unis, le USA PATRIOT Act de 2001 donnait de l’expansion aux surveillances électroniques de l’Internet qui sous l’administration Bush, autorisait la National Security Agency (NSA) à le faire sans mandats. Le Protect America Act de 2007 et le FISA Amendments Act de 2008 augmentaient encore plus ce pouvoir. En Australie, le Surveillance Devices Bill de 2004 et le Intelligence Services Act de 2001 donnent à peu près les mêmes pouvoirs aux autorités australiennes et leurs services du renseignement. En Nouvelle-Zélande, c’est la même histoire avec le Search and Surveillance Powers Bill qui a été introduit en septembre 2008. En Suède, le parlement a approuvé de nouvelles lois permettant les services du renseignement de filtrer les appels internationaux, les fax et courriels sans ordre de la cour.

Facebook

Facebook qui compte presque que 12 millions d’utilisateurs au Canada seulement et environ 250 mondialement, ne se gêne pas pour violer la vie privée de ses abonnés. On accumule vos données personnelles et les garde de façon indéfinie, même si vous fermez votre compte. Toutes ces informations personnelles deviennent la propriété de Facebook et seront partagées avec un million de fournisseurs tiers, sans compter la CIA.
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La stratégie de cyberdéfense d’Obama

Aux États-Unis, un plan pour créer un poste de commande de la cyberespace sous le contrôle du Pentagone menace le droit à la vie privée et soulève de nombreuses inquiétudes diplomatiques. L’administration Obama soutient qu’elle veut protéger la nation de cyber-attaques et va de l’avant pour se préparer pour de possible opérations offensives contre des réseaux d’ordinateurs adversaires. Le Pentagone au contrôle d’un poste de commande d’intervention sur l’Internet. Tout ce qui a de plus rassurant. Les libertés civiles sous la responsabilité militaire du Pentagone et de ses contractants privés du secteur militaro-industriel.

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Le futur de la censure sur Internet

Nous connaissons tous la censure de l’Internet par le régime communiste chinois. Mais l’Australie vient de nous donner un autre aperçu de ce que sera le futur de la censure sur Internet. Le gouvernement australien vient de produire une liste de 1 370 sites Internet bannis. Présentement, il s’agit d’un projet pilote volontaire auquel les fournisseurs d’Internet peuvent se soumettre. Mais si l’expérience est concluante est qu’ils en fassent une loi, quiconque mettra un lien sur son site vers l’un de ces sites interdits par la liste noire du gouvernement sera passible d’une amende de $11 000 par jour. Non seulement il sera un crime de reproduire le contenu d’un site Internet interdit, mais même le simple fait de reproduire son adresse le sera.

Ce n’est pas uniquement similaire à  l’interdiction de certains livres. C’est comme interdire des livres et interdire de prononcer leur titre. Cela représente beaucoup d’interdictions. Mais voici la partie tortueuse: le gouvernement ne va même pas dire quels sont les sites interdits! C’est un secret. Alors, il existe 1 370 sites Internet qui pourraient résulter en une poursuite judiciaire contre vous si vous vous trouvez en Australie, mais vous ne pourrez pas savoir lesquels jusqu’à ce que vous tombiez sur l’un d’eux.

La police de la pensée

Le Ministre des affaires étrangères d’Israël a annoncé la création d’une nouvelle police de la pensée pour mener une guerre sur l’Internet. Le gouvernement va commencer à payer des anciens militaires et autres jeunes pro-israéliens parlant différentes langues pour se promener sur différents sites, blogs et forums sur Internet et ainsi influencer les débats en faveur d’une image positive d’Israël. L’establishment lui donnera le nom «d’escadron de guerre Internet». Cela va probablement par leur sauter en plein visage comme un vieux pétard parce que la blogosphère va maintenant simplement assumer que TOUS les commentaires pro-Israël sont de la propagande payée. Il faut contrôler la pensée, criminaliser certains segments de celle-ci, intimider. On va même chercher à criminaliser les comparaisons entre les israéliens, sionistes et juifs avec les nazis.

Peu à peu, la police de la pensée s’installe. C’est sur Internet que cette guerre va bientôt faire rage. Vous êtes sur le champ de bataille, avec vos pensées, votre ordinateur et vos données privées. Plus rien ne vous appartient, tout pourra être retenu contre vous. On commence par criminaliser certaines choses, puis peu à peu, c’est la dissidence politique et la critique du gouvernement qui deviendra un crime. C’est le gouvernement et les militaires qui vous dicteront ce qui est permis de penser et ce qui ne le sera pas. À moins qu’on renverse la vapeur et qu’on réalise qu’Internet est le dernier vrai bastion de la liberté au sens large et de la liberté d’expression en particulier.

François Marginean

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Barrick Gold, la honte

Le harcèlement honteux de la part de Barrick Gold à l’endroit des trois auteurs de Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique et Les Éditions Écosociété atteint de nouveaux sommets. Barrick Gold, la plus importante société aurifère du monde, a envoyé le 19 septembre dernier une nouvelle mise en demeure à Alain Deneault, William Sacher, Delphine Abadie et la maison d’édition les enjoignant de cesser, «dans le cadre de la campagne de financement ou de solidarité, de lobbying politique, d’événements promotionnels, d’entrevues médiatiques ou sur des sites Internet», de qualifier de «pousuite-baîllon» la poursuite qu’elle leur intente.

Le bulletin d’information diffusé par Les Éditions Écosociété révèle que la lettre d’avocat avise les auteurs et l’éditeur de Noir Canada qu’ils s’exposent ce faisant à «davantage de dommages punitifs » et que leur « comportement rendra d’éventuelles rétractations, excuses publiques, ou actions réparatrices encore plus difficiles et embarrassantes».

C’est qu’il ne faut pas oublier qu’en mai dernier Barrick Gold a intenté une pousuite en diffamation de $6 millions à l’endroit des Édition Écosociété et des auteurs de Noir Canada. Maintenant, c’est le tour à une autre géante de l’extraction de l’or, Banro Corporation, de se joindre à ce type d’intimidation: ils ont déposé une seconde poursuite pour $5 millions contre les mêmes personnes.

Le bulletin d’information poursuit: une poursuite-bâillon a pour effet d’entraver le débat public et de restreindre la liberté d’expression, en contraignant les défendeurs à mobiliser toutes leurs ressources financières et humaines pour assurer leur défense. Aujourd’hui, Barrick voudrait nous interdire l’usage du terme « poursuite-bâillon », ce qui aurait pour effet de nuire à notre défense et de rendre difficile, voire impossible, notre campagne de solidarité et de financement. Cela risquerait en effet de nous priver des seules ressources nous permettant d’assumer les frais que supposent pareilles poursuites.

J’écrivais dans un article précédent que le livre répertoriait un grand nombre de cas d’abus environnementaux, sociaux et politiques engendrant des coûts humains très élevés dans plusieurs cas. L’ouvrage s’appuie sur des sources crédibles dont des experts mandatés par le Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que plusieurs organisations non gouvernementales dont Human Rights Watch et Amnistie internationale. Les cas les mieux connus relatent des déversements de produits toxiques dans les cours d’eau qui sont la seule ressource d’eau potable pour les communautés locales; de corruption politique et de mobilisation d’armées nationales pour mater des civils qui se retrouvent du jour au lendemain sur une terre achetée par cette société privée ainsi que plusieurs autres cas.

Barrick et Banro persistent à présenter les références bibliographiques de Noir Canada comme des «fausses affirmations» et cherche à présenter leur poursuite comme étant un simple cas de libelle diffamatoire. L’éditeur et les auteurs se défendent bien de cela et on déclaré que «les sources citées dans l’ouvrage, rapportant des écarts de conduite, des abus, voire des crimes de la part de compagnies canadiennes en Afrique, sont suffisamment nombreuses et crédibles pour justifier la tenue d’un débat public sur la question et la création d’une commission indépendante d’enquête. On ne saurait exiger d’auteurs et d’éditeurs qu’ils se substituent à la justice ou à l’appareil d’État et qu’ils administrent eux-mêmes des preuves in fine.»

Pourquoi cela nous concerne t-il ? Il se trouve que plusieurs de nos placements ou de nos régimes de retraite sont investis dans cette compagnie et d’autres qui ont le même comportement. Ceci revient à dire que nous participons à cette entreprise néfaste d’où vient notre responsabilité de nous informer et de passer à l’action si ces compagnies opèrent au détriment de populations locales et de l’environnement. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour rentabiliser nos investissements? À piller des pays étrangers, à faire des pactes avec des mercenaires et dictateurs, à détruire l’environnement?

Plusieurs universitaires de l’Université de Montréal et de l’UQAM appuient les auteurs de Noir Canada et ils ont fait paraître une lettre d’opinion dans Le Devoir du 29 septembre dernier intitulée «Le discours orwellien de Barrick Gold», dans laquelle ils soutiennent que «la poursuite de Barrick Gold est une attaque directe contre la liberté de recherche universitaire et la quête de vérité, essentielles à toute société démocratique ».

Alain Deneault, auteur de Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique, écrivait: «une poursuite judiciaire suppose pour des auteurs et un éditeur de se découvrir soudainement dans la position sociale de  «défendeurs», de devoir de ce fait même mobiliser énormément de temps et d’énergie pour constituer des dossiers et répondre obligatoirement à des interrogatoires hors cour qui peuvent s’étendre sur plusieurs journées. Une poursuite contraint aussi les «défendeurs» à engager des frais judiciaires considérables, qui sont de nature à les ruiner avant même que leur procès n’ait commencé, sitôt que la partie qui poursuit exige beaucoup de temps et de documents de leur part. Les «défendeurs» découvrent alors l’ampleur des droits qu’a soudainement sur eux la partie qui poursuit.»

«L’argent devient donc un élément fondamental de la lutte. On n’a accès à la justice que si on a les moyens de se payer les services d’un  avocat. Car un avocat ne défend pas un citoyen, mais nommément un « client ». La notion de « client » n’est dans son fondement ni juridique, ni civique, mais économique. Elle implique la possession de capitaux financiers. Or, on n’a vraiment accès à la justice que par le biais d’un avocat et un avocat défend en principe des clients, c’est-à-dire ceux qui ont les moyens de réclamer ses services. Les auteurs et l’éditeur de Noir Canada font aujourd’hui difficilement exception. Ils arrivent tout de même aujourd’hui à tenir tête aux deux sociétés qui les poursuivent pour un total de 11 millions $, essentiellement grâce au soutien que la population leur manifeste dans le cadre de leur campagne de financement ainsi qu’à la générosité proverbiale de leur avocat québécois et du service juridique ontarien Ecojustice . Ils seraient sinon déjà ruinés, avant même qu’un juge se soit concrètement saisi de leur dossier. Cela présage du pire : tout livre qui déplaît à une « personne morale » dont les fonds sont colossaux peut aujourd’hui entraîner à leur perte éditeurs et auteurs, même si le livre en question est fait en adéquation avec les méthodes de recherche qui prévalent dans l’institution universitaire et le milieu de l’édition. Cet état de fait dans notre administration du droit est de nature à faire craindre le pire, et donc à mobiliser le monde universitaire ainsi que  tous les citoyens qui ont à c¦ur la possibilité même du débat public.»

Le 13 juin dernier, le ministre de la Justice du Québec, M. Jacques Dupuis, déposait le projet de loi 99 intitulé «Loi modifiant le Code de procédure civile pour prévenir l’utilisation abusive des tribunaux et favoriser le respect de la liberté d’expression et la participation des citoyens aux débats publics». Les Éditions Écosociété ont salué cette initiative visant à garantir la liberté d’expression et à favoriser l’accès équitable à la justice pour l’ensemble des citoyens. La maison d’édition prenait soin d’ajouter qu’ils souhaitaient «voir le projet de loi 99 bonifié, notamment pour s’assurer qu’une poursuite puisse être déclarée abusive dès lors qu’elle a pour effet de nuire au débat public. Nous souhaitons, il va s’en dire, voir ce projet de loi amélioré et adopté le plus rapidement possible.»

C’est pourquoi Les Éditions Écosociété sollicitent à nouveau votre aide dans cette lutte pour la libre participation au débat public. Vous pouvez diffuser largement ces informations, signer la pétition d’appui, acheter le livre Noir Canada, faire un don via leur site Internet ou en envoyant un chèque à l’adresse suivante:

LES ÉDITIONS ÉCOSOCIÉTÉ VOUS REMERCIENT DE VOTRE SOUTIEN !
L’équipe des Éditions Écosociété
C.P. 32052, Comptoir Saint-André
Montréal (Québec) H2L 4Y5
Téléphone: (514) 521-0913
Télécopieur: (514) 521-1283
Courriel: amvoisard@ecosociete.org

Pour mieux comprendre les déficiences de notre système de justice civile et ses injustices, vous pouvez écouter cette émission de L’Autre Monde du 2 octobre 2008: Le droit civil, entrevue avec Pierre JC Allard et Me Charles Brochu.

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