Archives de Tag: libre marché

Le mythe du libre-marché américain en santé


Un article que j’ai lu cette semaine m’inspire ce billet. Beaucoup croient à tort que le système de santé américain est un libre-marché capitaliste, simplement parce qu’il comporte des hôpitaux et des cliniques privées, ainsi que des assurances privées. L’article en question déboulonne ce mythe en démontrant que le système de santé américain est tout sauf un marché libre. Je vais, pour le bénéfice de mon audience francophone, reprendre ses principaux arguments et y ajouter quelques touches personnelles.

Le Monopole de l’AMA

Pour commencer, l’American Medical Association ou l’AMA, dispose d’un monopole octroyé par le gouvernement américain sur le système de santé depuis plus de cent ans. Comme notre Collège des Médecins, il restreint intentionnellement le nombre de médecins pouvant pratiquer la médecine afin de gonfler artificiellement les revenus des médecins. La façon qu’elle s’y prend est d’utiliser le pouvoir coercitif de l’état pour limiter le nombre de facultés de médecine en opération. Depuis sa création en 1904, le nombre d’universités offrant un doctorat de médecine a diminué de 26% alors que la population a augmenté de 284%.

En 1996, l’année où on a reçu le plus grand nombre d’applications, seulement 16 500 candidats sur 47 000 furent acceptés. Même s’il est commun dans plusieurs universités d’avoir un taux de refus élevé, les postulants aux facultés de médecine sont parmi les plus brillants, ayant tous eu de très hautes notes dans leurs examens SAT. Il est donc plutôt anormal que les 2/3 d’entre eux soient refusés. Le monopole médical marginalise aussi les pratiques alternatives, les sages-femmes et infirmières qui pourraient facilement s’acquitter de certaines tâches accomplies par des médecins.

L’AMA contrôle également les bureaux des états qui attribuent aux médecins leurs permis de pratique. Un médecin ne peut pas pratiquer sans ce permis, ce qui limite la compétition. Chaque État américain a une agence qui emploie plusieurs membres de l’AMA afin de décider quels médecins sont supposément qualifiés . Ils sont également charcés de maintenir leur code de déontologie et garder les incidents le plus loin possible de l’œil du public. Ces agences se font les protecteurs du grand public au nom de la sécurité des citoyens, mais leur véritable rôle est de limiter le nombre de médecins afin qu’ils puissent réclamer plus pour leurs services.

On pourrait répondre que de limiter le nombre de médecins est une bonne chose, parce que seul les plus talentueux auraient le droit de pratiquer, mais pourquoi s’arrêter là? Selon cette logique, on pourrait limiter le nombre à seulement les mille meilleurs, ou les cent meilleurs. Nous n’aurions alors que la crème de la crème, mais nous aurions aussi bien du mal à nous faire soigner.

Qu’arriverait-il si nous limitions les automobiles de cette façon? Si nous limitions le nombre de voitures aux modèles ayant la meilleure qualité et sécurité, les BMW et Mercedes auraient la cote et la plupart d’entre-nous se déplaceraient à pied. Serait-il possible d’avoir accès à un médecin un petit peu moins brillant, pour un petit peu moins cher. Pas nécessaire qu’un médecin soit diplômé de Yale ou Harvard pour diagnostiquer un rhume. Celui d’un collège moins huppé ferait parfaitement l’affaire et coutera probablement moins cher.

Dans un marché libre, tous les médecins seraient libres de pratiquer. Ils devraient avoir eu une formation, bien entendu, mais un médecin incompétent finirait par perdre ses client et faire faillite. De plus, il pourrait y avoir des agences de protection du consommateur qui pourraient maintenir des listes de médecins avec leur réputation, leurs taux d’accident, etc. Il pourrait au minimum avoir plusieurs associations médicales en concurrence l’une avec l’autre qui pourraient certifier la compétence des médecins. Les consommateurs auraient plus de choix et la plus grande concurrence entre médecins ferait baisser les honoraires.

Les Assurances-Maladie

Une des choses qui contribuent le plus à faire gonfler les coûts de santé est le système de tiers-payeur, où nous nous faisons payer la plupart de nos factures par quelqu’un d’autre. C’est-à-dire que nous utilisons une « assurance » qui est financée surtout par des corporations ou le gouvernement. Ce système a commencé aux États-Unis avec Blue Cross et Blue Shield au début du 20e siècle, mais a réellement pris son envol pendant la deuxième guerre mondiale, alors que le gouvernement américain imposait un contrôle strict des salaires. Puisque les employeurs ne pouvaient offrir de meilleurs salaires pour attirer la main d’œuvre, ils ont commencé à offrir des bénéfices marginaux, incluant le paiement des frais de santé.

Lorsque quelque chose est gratuit, ou presque gratuit, les gens en demandent plus. Si quelqu’un d’autre paie la facture, nous visitons plus souvent le médecin et nous avons moins d’intérêt à négocier les prix. La hausse de ces prix nous affecte moins. Ça ne nous dérange pas si on nous prescrit des tests plus ou moins nécessaires, ou qu’on nous réfère a un spécialiste. Ceci a bien sûr l’effet de faire gonfler les prix qui répondent à la demande accrue, non pas pour faire de plus grand profits, mais pour ménager les ressources qui sont taxées au delà de la capacité des fournisseurs de services. Avec le nombre de médecins restreint par l’AMA et la demande de soins gratuits ou quasi-gratuits qui explose, il ne devrait être surprenant pour personne que les coûts montent en flèche.

Puisque les coûts de santé sont rapidement devenus hors de portée des plus pauvres, les politiciens, au nom du bien public et pour obtenir des votes, ont créé les agences Medicare et Medicaid afin de payer les frais médicaux de ceux qui n’en avaient pas les moyens. Avec le gouvernement qui s’est mis à pomper des milliards dans le système pour approprier des ressources déjà limitées, la croissance des coûts n’a fait que s’envenimer.

Si les employeurs en 1940 avaient choisi de payer la nourriture de leurs employés, nous aurions eu le même phénomène sur les prix de la nourriture. Nous aurions une crise de l’alimentation supposément due à une défaillance du libre-marché, même si ce marché est tout sauf libre. à cause que le gouvernement américain finance un dollar pour chaque deux dollars de soins de santé et qu’une grande partie de cet argent provient de la presse à billet, une grande portion de la demande de soins de santé provient de la création artificielle de crédit. Une grande partie de la monnaie créé par la Réserve Fédérale contribue directement à faire augmenter les coûts de santé.

Chaque année, les couts augmentent à deux ou trois fois le taux d’inflation et les dépenses de santé aux É-U représentent 17% de leur PIB. Les compagnies d’assurances augmentent leur primes pour compenser, mais plus ils dépensent et plus les primes augmentent. Mais plus les primes augmentent, mois les gens ont les moyens de se les payer et plus les employeurs doivent restreindre la gamme des traitements couverts. Par contre, simplement pour prouver que les compagnies d’assurance n’augmentent pas leurs profits au dépens de leurs clients, voici un tableau des marges de profits des compagnies d’assurance-santé qui sont moins élevés en moyenne que ceux de la plupart des compagnies, mais ils seraient encore moins élevés si le gouvernement ne limitait pas la concurrence entre les compagnies d’assurance.

Bref, l’explosion des coûts de santé n’est pas due à une trop grande liberté dans ce marché, mais à un manque de liberté. Il est estimé que le coût des pourvoyeurs de santé à simplement se conformer aux diverses règlementations est de $1,546 par famille, en plus du coût moyen de $6000 par personne par an pour les soins eux-mêmes.

Et le Québec?

Le système de santé ici est différent, mais pour ce qui est de l’augmentation des coûts, nous souffrons beaucoup du même mal que les américains. Nos coûts augmentent à un rythme de 5% par an et le budget du MSSS est en voie de gruger une part de plus en plus importante du budget provincial (48% présentement) au détriment des toutes les autres missions du gouvernement. La seule raison que nous arrivons à limiter nos coûts à 12% du PIB est par le rationnement et l’attente. Les américains ont beau payer plus cher, mais ils attendent rarement plus de 3 heurs à une salle d’urgence. C’est dix fois moins long qu’à Montréal. Que l’assurance soit privée ou publique, elle cause le même aléa moral et gonfle la demande et les coûts. Si ce coût n’est pas mesuré en argent, il sera mesuré en temps. Il viendra un temps où toutes les augmentations de taxes et tarifs n’arriveront plus à suffire à financer notre système de santé. Que ferons-nous alors?

7 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Philippe David

Libre-Marché 101: L’intérêt

Dans le dernier épisode de cette série sur le libre-marché, nous avons vu comment les prix servaient de signal sur le marché. Pour cette troisième partie, nous allons examiner un autre signal: l’intérêt. L’intérêt est probablement le signal le plus important. Il permet une coordination de la production dans le temps. Afin de comprendre son rôle, il est impératif de comprendre la notion de « préférence temporelle« .

Vous connaissez certainement le dicton qui dit « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ». Ce dicton ne se rapporte pas seulement à la certitude de détenir quelque chose dans le présent plutôt que la promesse possible de quelque chose de plus dans le futur, ils se rapporte à un trait de la nature humaine qui fait que nous préférons une gratification présente à une gratification future. Lorsqu’on nous présente le choix entre obtenir quelque chose maintenant, ou recevoir cette même chose plus tard, nous préférons la recevoir maintenant. Un des meilleurs exemples concrets s’observe dans le comportement des enfants qui acceptent difficilement d’attendre pour quoi que ce soit. Nous disons donc qu’ils ont une préférence temporelle élevée.

Lorsque nous traduisons ça dans la sphère économique, la préférence temporelle vient influencer plusieurs choses. De tous les facteurs de production, c’est-à-dire le terrain, la main d’œuvre, le capital et le temps; le temps est probablement le plus négligé. Cela devrait pourtant être une évidence que tout processus de production prend du temps. Mais aussi évident que ça puisse paraitre, seulement une école de pensée économique considère ce facteur dans son analyse. Pour qu’un processus de production puisse démarrer, une certaine quantité de capital doit avoir été accumulée au préalable afin de couvrir les coûts de la conception et de la fabrication avant que le produit puisse être vendu et produire un revenu. Ça implique que pour supporter ce processus de production, nous devons échanger un bien présent, notre capital, pour un bien futur. Si j’ai une somme de disons $10 000; il y a un grand nombre d’utilisations que que pourrait faire de cette somme. Plusieurs de ces utilisations pourraient me produire une satisfaction immédiate, plutôt qu’une satisfaction quelque part dans le futur. Pour m’inciter à utiliser ce capital en vue d’une gratification future, donc de diminuer ma préférence temporelle, il faut évidemment que celle-ci soit plus grande que celle que je pourrait obtenir dans le présent, sinon j’aurais toujours tendance à choisir la gratification présente. La différence entre la valeur de cette gratification présente et celle de la gratification future s’appelle l’intérêt. L’intérêt est donc une prime payée en échange d’un abaissement de la préférence temporelle.

En termes plus concrets, si vous êtes un entrepreneur et que vous désirez emprunter mon capital de $10 000 afin d’investir dans une nouvelle ligne de production, vous devez me fournir une certaine prime pour m’inciter à vous prêter cette somme plutôt que de m’en servir pour ma consommation immédiate. Puisque cette somme est ma propriété, il n’est parfaitement légitime d’exiger cette prime. Il est aussi parfaitement légitime que je refuse de prêter mon capital si vous refusez mes termes. Naturellement, si quelqu’un d’autre vous offre de meilleurs termes, il est aussi parfaitement légitime que vous alliez emprunter ailleurs. Ce contrat qui est passé entre deux personnes afin d’échanger un capital présent contre un capital futur bonifié par l’intérêt se produit chaque fois que vous déposez votre argent dans un compte d’épargne, dans un certificat de placement ou que vous achetez des obligations d’une compagnie ou d’un gouvernement. C’est ainsi que même les plus petits épargnants participent au financement de la production. Sans intérêt, il ne pourrait y avoir de production. Il existe bien sûr des complications dans le système actuel, mais ce sera pour une discussion future.

L’intérêt sert de signal dans le marché par la fluctuation de son taux. Le taux d’intérêt est en fait un prix qui fluctue selon la demande de capitaux et l’abondance des dits capitaux, dont la principale source est l’épargne, c’est à dire l’abstention temporaire de consommation présente. Plus ces capitaux sont abondants, plus la concurrence entre prêteurs est grande et plus le taux d’intérêt diminuera. À l’opposé, plus les capitaux disponibles sont rares, plus la compétition entre emprunteurs sera féroce et plus le taux sera élevé. Tout comme les prix jouent un rôle de rationnement pour différent biens, le taux d’intérêt joue un rôle de rationnement dans l’attribution de capital. Un taux élevé restreint la consommation et la mise en œuvre de nouvelles ligne de production et favorise l’accumulation d’épargne. Lorsque le taux est en baisse, ça signale que des capitaux sont disponibles pour investir dans de nouveaux projets de production ou dans des procédés de production plus longs. Nous verrons plus en détail les processus de production et l’allocation de capital dans des discussions futures. Pour l’instant, il ne suffit que de comprendre le rôle du taux d’intérêt.

Sachant cela, qu’arrivera-t-il si le taux d’intérêt est manipulé de façon arbitraire? Si nous forçons le taux d’intérêt vers le bas alors qu’il n’y a pas suffisamment d’épargnes pour l’alimenter, donc en dessous du niveau qui serait fixé par le marché, la consommation serait stimulée au dépens de l’épargne et les entrepreneurs seraient incités à investir dans de nouveaux projets pour lesquels les capitaux ne sont pas disponibles dans la réalité. La demande de crédit excèdera donc la quantité d’épargne réelle sur le marché. Cette dislocation provoquera inévitablement une remontée automatique du taux d’intérêt qui mettrait au grand jour les investissements pour lesquels les ressources sont insuffisantes. La crise immobilière de 2008 est un exemple patent. Le taux directeur de la Réserve Fédérale américaine a été abaissé pendant plusieurs années bien en dessous de ce qu’il aurait été fixé par le marché. Couplez ça avec une règlementation fautive qui a favorisé l’achat de propriétés immobilières et qui a augmenté l’aléa moral aux banques dans le relâchement de leurs critères de financement, et vous avez semé les graines d’un boum immobilier insoutenable qui devait tôt ou tard, subir une sévère correction. C’est exactement ce qui s’est produit lorsqu’inévitablement, le taux d’intérêt a dû remonter. Il était certainement profitable d’acheter une maison, la garder pendant six mois et la revendre avec un bon profit quand le taux des hypothèques est dérisoire et que la demande, gonflée par le crédit facile, faisait grimper les prix de façon vertigineuse, mais lorsque les taux ont augmenté, la demande s’est écroulée et le prix des propriétés aussi. Le reste de l’histoire est connu. J’approfondirai le sujet des cycles économiques et des bulles dans un chapitre subséquent. Pour l’instant, nous pouvons certainement établir que la manipulation arbitraire du signal de marché qu’est le taux d’intérêt y joue un rôle de premier ordre.

4 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Philippe David

Libre-Marché 101: Les prix

Ceci continue ma série sur le libre-marché, dans l’introduction nous avons eu, grâce au texte «Moi, le Crayon», un bref aperçu des processus très complexes que le marché accomplit sans aucune autorité planificatrice pour coordonner le tout. Nous avons vu que pour fabriquer un simple crayon, une grande quantité d’outils et d’infrastructures doivent déjà avoir été construites afin d’extraire la matière première, d’acheminer ces matières vers diverses usines qui, à leur tour fabriqueront les diverses composantes qui serviront à l’assemblage final. S’il n’y a aucun chef d’orchestre qui dirige le tout, ce que beaucoup croient nécessaire, comment alors arrive-t-on à fabriquer ce crayon?

Bien des gens s’imaginent que le marché est incapable d’une telle coordination. Pourtant, c’est ce que le marché fait à chaque minute de chaque jour. Chaque jour, d’innombrables individus participent à la fabrication de crayons, de produits alimentaires, d’automobiles, et des nombreux gadgets qui rendent notre vie plus agréable, sans même se connaitre l’un l’autre, sans même savoir comment les autres contribuent au produit qu’ils fabriquent. La coordination de tous ces processus de production de l’économie mondiale est si complexe qu’il n’existe aucun ordinateur au monde qui soit suffisamment puissant pour le faire, encore moins une personne ou un groupe de personnes. Le volume de cette information est tout simplement trop grand. C’est pourquoi Hayek disait que la planification centrale d’une économie est une «présomption fatale». Si le totalitarisme se définit par un contrôle complet par une autorité centrale, le marché est au contraire «anarchique». Son contrôle est assuré de bas en haut et non de haut en bas.

Malgré cela, certains apprentis-sorciers persistent à croire qu’à l’aide de certaines données agrégées comme le taux de chômage, le PIB, l’IPC ou la demande agrégée, ils peuvent savoir tout ce qu’ils ont à savoir pour «diriger» l’économie. Leur présomption fatale ne fait que verser du sable dans les engrenages du marché et lorsque les choses tournent mal, ils blâment le marché car c’est tellement plus facile de blâmer la cupidité des acteurs du marché que de reconnaitre qu’ils n’ont en réalité aucun contrôle sur l’économie et qu’ils la dirigent avec toute la finesse d’un taureau dans une boutique de porcelaine. Ils ne sauraient admettre que ce qu’ils appellent des «défaillances ce marché» sont en réalité le résultat de leurs interventions arbitraires. Nous allons donc commencer à bâtir les bases d’une réfutation complète de leurs prétentions.

Les premiers pionniers de l’étude de l’économie, à partir des scholastiques espagnols de l’Université de Salamanque au moyen âge, étudiaient l’économie en étudiant ce qui ce passait sur le terrain. Ils observaient comment les biens étaient produits et échangés et formulaient des axiomes basés sur ces observations. C’est ainsi qu’ils furent les premiers à observer que les acteurs du marché se servent de certains signaux afin d’obtenir de l’information sur ce qui doit être produit, en quelles quantités, etc. Le premier de ces signaux est le prix.

Le mot « prix » est dans la famille du verbe « priser » qui signifie apprécier ou évaluer. En d’autres mots, attribuer une valeur à quelque chose. Donc avant d’expliquer comment les prix sont formés sur le marché, il conviendrait de définir le concept de valeur. Pendant longtemps, nous nous sommes questionnés à savoir pourquoi les diamants ont une plus grande valeur que du pain, alors que le pain, est beaucoup plus utile à l’homme que le sont les diamants? Le concept de valeur a été chaudement débattu pendant de nombreuses années, aussi je ne vous étalerai pas toutes les différentes théories qui ont été étayées, mais je me limiterai seulement à celle que je considère la plus juste et la plus sensée.

La réponse au paradoxe du pain et des diamants est bien entendu la rareté relative des diamants comparativement au pain. Cependant, la valeur d’un bien peut-être hautement subjective et varier grandement. L’eau, pourtant essentielle à la vie, a peu de valeur dans un endroit où elle est abondante, mais elle deviendra très précieuse au milieu d’un désert. Une bouteille de sable saharien serait très rare au Canada, mais serait tout de même sans valeur parce qu’il est difficile d’y trouver une quelconque utilité. La valeur d’un bien peut très bien varier d’une personne à l’autre, selon ses goûts personnels. Je peux adorer les pommes, mais détester les bananes, je serais donc prêt à payer plus pour obtenir des pommes que pour la même quantité de bananes. Ou je serais disposé à donner plus de bananes en échange d’une certaine quantité de pommes. On dit souvent que la beauté est dans l’œil de celui qui la regarde, alors la valeur d’un bien est dans l’œil de celui qui le convoite. De plus, la valeur peut également être sujette aux choses alternatives qui pourraient être obtenues. Ainsi, dans l’échelle des valeurs de la plupart des gens, il est plus important d’obtenir les choses essentielles comme la nourriture, des vêtements et un toit au-dessus de nos têtes que des objets de luxe. Ces objets de luxe n’auront de valeur pour nous que si nous avons les moyens de nous les offrir sans sacrifier l’essentiel.

La subjectivité de la valeur joue un grand rôle dans la formation des prix sur le marché. Le prix que vous payez au supermarché pour les différentes denrées n’est pas fixé arbitrairement. Il est le résultat de plusieurs facteurs. Il est influencé par l’abondance ou la rareté, par une demande particulière pour un certain produit, etc. Le prix livre certaines informations aux acteurs du marché. Ainsi par exemple, si une période de sécheresse causait de très mauvaises récoltes dans l’ouest canadien, il y a fort à parier que la rareté relative du blé qui serait causée en ferait hausser les prix, amenant les consommateurs à diminuer leur consommation de cette céréale. Le consommateur n’a pas vraiment besoin de savoir qu’il y a eu sècheresse pour agir dans ce sens, la hausse du prix transmet le besoin de rationner cette denrée. De la même façon, l’effondrement de la voute d’une mine de cuivre signifierait une diminution de l’extraction de ce minerai qui aurait un impact sur la disponibilité de cuivre sur le marché pendant un certain temps, ce qui en ferait hausser le prix. Par conséquent, ceux qui utilisent le cuivre dans la fabrication de leur produit devront agir en conséquent et diminuer leur production ou utiliser un matériau différent. Nous pouvons donc affirmer que le prix a une influence inverse à la demande d’un produit, quoique cette influence ne soit pas nécessairement proportionnelle. Si le prix d’un produit double, ce ne sera pas nécessairement vrai que la demande diminuera de moitié.

Sachant que les prix ainsi formés par les conditions variables du marché, communiquent des informations aux divers acteurs du marché, qu’arrivera-t-il si nous tentions de les contrôler arbitrairement? Ce serait effectivement comme un brouillage radio. Les prix fixés arbitrairement ne transmettraient plus d’information sur les conditions du marché. Dans l’exemple plus haut des récoltes détruites par la sécheresse, si on plafonne le prix pour éviter qu’il ne monte trop haut, les consommateurs, ne voyant pas le prix augmenter, continueraient de consommer du blé au même rythme qu’avant, alors qu’il y a beaucoup moins de stock disponible. Le résultat est prévisible, il y aurait vite une pénurie. Si par contre, on fixait les prix trop hauts, on se retrouverait avec un surplus de blé qui pourrirait dans les silos. Dans tous les cas où des contrôles de prix ont été appliqués par des gouvernements, nous avons constatés les même effets, tant pour l’essence aux États-Unis en 1973, que le lait au Venezuela plus récemment. Ce ne sont pas des défaillances du marché, mais bien au contraire les conséquences de l’intrusion des gouvernements sur le marché.

2 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Philippe David

Libre-Marché 101: Introduction

Mon billet « Le désastre appréhendé » m’a valu plusieurs commentaires intéressants, aussi j’ai décidé en quelque sorte de répliquer à certains d’entre eux en amorçant une série de billets sur le libre-marché. Friedrich Hayek a déjà écrit « qu’afin de démontrer qu’est-ce qui peut aller mal, il est souvent utile de montrer comment ça fonctionne quand ça va bien. » En d’autre mots, si je veux vraiment pouvoir démontrer ce qui va mal présentement dans l’économie, il faudrait peut-être que je démontre comment ça devrait fonctionner. Le sujet étant plutôt vaste, il serait impossible d’en traiter en un seul billet, d’où la nécessité d’en faire une série. Beaucoup de gens définissent à tort une économie de marché libre d’intervention étatique comme étant du « capitalisme sauvage » ou « la loi de la jungle » ou encore « la loi du Far West ». Il n’en est rien. Je vise donc à démontrer ce que serait, en termes concrets, un véritable marché libre. Oubliez ce que vous croyez savoir sur le capitalisme, ce que j’expose n’a rien à voir avec l’économie telle qu’elle est, mais telle qu’elle devrait être, parce que l’économie actuelle n’a absolument rien à voir avec un marché libre Mon but ici est de vous montrer un modèle d’une économie sans interventions de l’état pour ensuite montrer les effets de différentes interventions. Je vais donc vous expliquer comment les choses marchent dans un marché libre et pourquoi elles fonctionnent ainsi. Afin d’alléger le contenu, je vais essayer de garder les billets concentrés sur un aspect du marché en particulier, alors je vous remercierais de confiner vos questions/commentaires uniquement sur le sujet spécifique. J’aimerais pouvoir répondre à vos inévitables objections une étape à la fois. Au passage, je vais défier beaucoup d’idées préconçues, je m’attends donc à de chauds débats. L’économie étant un domaine où il existe autant de faussetés que de vérités, j’aimerais donc commencer par quelques définitions.

Qu’est-ce que l’Économie?

Ça semble évident mais commençons par définir ce qu’est l’Économie. La science économique est une science humaine qui se rapporte à certaines activités de la race humaine, comme le travail, la production de biens et la consommation. Nous appelons ça « l’Économie » puisque, étant donné que les désirs humains sont infinis et que les ressources de cette planète ne le sont pas, il est nécessaire de prioriser ces désirs et économiser nos ressources. Déjà, il y en a qui viendront contester la rareté des ressources comme étant un vaste complot afin de priver certains des richesses au profit de certains privilégiés, mais la réalité est qu’à n’importe quel moment donné, il n’y a qu’une quantité restreinte de matières premières, machines, main d’oeuvre, etc; qui soient disponibles. Qu’on le veuille ou non, il est physiquement impossible de satisfaire tout les désirs de tous les gens à tout moment. Dans ce jeux, même le temps est une denrée rare. C’est ce que nous entendons par la rareté. L’Économie consiste donc à satisfaire le plus possible des besoins des consommateurs avec les ressources qui sont disponibles à un moment donné. Donc, logiquement, le but premier d’une économie est de satisfaire les consommateurs, ce qui veut dire que le consommateur est roi dans une économie libre. Si nous acceptons cette prémisse, il va de soit que la seule voie vers l’enrichissement passe par la satisfaction du consommateur. Nous verrons pourquoi au fur et à mesure.

Qu’entendons nous vraiment par un libre-marché?

Le libre-marché, c’est l’économie réduite à son expression la plus simple. C’est-à-dire une série d’échanges volontaires. Le libre-marché n’a pour cadre règlementaire et légal que les règles contre la fraude et le vol et l’agression nécessaires à toute société. Il ne s’agit donc pas d’un « free for all » où tout le monde agit à sa guise sans aucun regard pour autrui, mais dans la mesure où vous ne violez pas les droits des autres, vous pouvez entreprendre ce que vous voulez. Il n’existe donc dans ce marché aucune barrière pour empêcher quelqu’un de démarrer une entreprise, ou vendre son labeur et en conserver le fruit. Il va sans dire que le fondement de ce marché est la propriété privée.

Qu’est-ce que la propriété privée?

Qu’entendons-nous lorsque nous parlons de propriété privée? Son fondement provient d’un droit fondamental: le droit à la vie. Un corollaire de ce droit veut que nous soyons tous maitres de notre propre personne et de notre corps. Ce qui implique que notre propre corps nous appartient et que ce que nous produisons en utilisant notre corps et notre esprit nous appartient de droit. Jusqu’ici, y en a-t-il qui contestent ce principe? Donc, ce que nous produisons par notre labeur physique et intellectuel est notre propriété. Cette propriété peut ensuite être échangée pour obtenir des autres les choses dont on a besoin pour vivre. En vendant mon labeur à mon employeur, par exemple, je reçois un salaire qui me permettra de me prémunir des nécessités de la vie. Les biens que j’accumule de cette façon deviennent également ma propriété. Sans la propriété privée et l’échange libre des produits de notre labeur, il n’existerait aucun incitatif à travailler au-delà du niveau de subsistance, ce qui assurerait en retour une société stagnante de chasseur-cueilleurs. Ce fût d’ailleurs le cas pendant des siècles.

La suite…

Dans les chapitres suivants, je veux partir de concepts simples comme les prix, les profits et les intérêts. À quoi servent-ils? Ensuite, j’attaquerai des sujets de plus en plus complexes comme la monnaie, les banques, le capital et l’entrepreneuriat. Au passage, j’entends expliquer comment les choses fonctionnent et ce qui arrive quand on y ajoute certaines interventions. Naturellement, il y aura toujours des sceptiques et il va de soit que je n’arriverai pas à convaincre tout le monde. Je vais cependant essayer de rester dans le gros bon sens. Je vais tout de même donner quelque chose aux sceptiques pour se mettre sous la dent. Il existe un excellent essai de Leonard Read intitulé « Moi, le Crayon » (« I, Pencil »). Dans ce texte, l’auteur fait une affirmation plutôt extraordinaire: « pas une seule personne à la surface de cette terre ne sait comment fabriquer un crayon« . Surprenant, n’est-ce pas? Pas tant que ça quand on y pense vraiment. Dans le reste du texte, l’auteur s’applique à décrire tout ce qui doit être produit pour finalement obtenir notre crayon, qui ne nous coûte que quelques centimes. On se rend vite compte en lisant ce texte que la fabrication d’un simple crayon nécessite des interactions très complexes et une grande coopérations entres des acteurs éparpillés partout à travers le globe qui ne se connaissent pas et qui ignorent tout l’un de l’autre. Or, tout ça se produit sans qu’aucune autorité centrale ou gouvernement ne le dirige. En fait, la production d’un simple crayon outrepasse toutes les frontières. Comment est-ce possible? C’est ce que j’espère pouvoir vous expliquer. Qui suis-je pour avoir la prétention de vouloir vous enseigner tout ça? Personne! Je ne suis qu’une personne qui depuis trois ou quatre ans, passe la plupart des ses heures libres à lire des textes d’économie. (Je sais, je dois être un peu fêlé, mais bon…) Ce que je partage, ce sont mes lectures, vous avez le choix, de votre côté d’accepter ou de rejeter ma thèse, mais si vous la rejetez, je vous mettrai au défi de m’expliquer comment la fabrication d’un crayon est possible sans qu’un comité planificateur ne la coordonne.

18 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Philippe David

La coopération humaine

Pour promouvoir la culture générale et pour instruire ceux qui sont intéressés au courant libertarien, je vous propose la traduction que j’ai faite d’un texte de Ludwig von Mises, un des piliers de l’École Autrichienne d’économie, qui parle de la coopération humaine. Bonne lecture.

Ludwig Von Mises (1881-1973)

La Coopération Humaine

par Ludwig von Mises

La coopération humaine est différente des activités qui ont eu lieu dans des conditions pré-humaines au royaume animal et parmi les personnes isolées et groupes de l’ère primitive. La faculté spécifique qui distingue l’homme de l’animal est la coopération. Les hommes coopèrent. Ce qui veut dire que, dans leurs activités, ils anticipent que les activités des autres gens accomplissent certaines choses afin d’obtenir les résultats qu’ils visent dans leur propre travail.

Le marché est cet état des choses sous lequel je vous donne quelque chose dans le but de recevoir quelque chose de vous. Je ne sais pas combien d’entre vous ont une quelconque connaissance du latin, mais dans une élocution latine datant d’il y a 2000 ans déjà, il y avait la meilleure description du marché – do ut des – « Je donne afin que vous donniez. » Je contribue quelque chose afin que vous puissiez contribuer autre chose. De ceci s’est développé la société humaine, le marché, la coopération pacifique des individus. La coopération sociale signifie la division du travail.

Les différents membres, les différents individus dans une société ne vivent pas leurs propres vies sans aucune référence ou connection avec d’utres individus. Grâce à la division du travail, nous sommes connectés aux autres en travaillant pour eux et en recevant et en consommant ce que d’autres ont produit pour nous. Comme résultat, nous avons une économie d’échange qui consiste en la coopération de plusieurs individus. Tous produisent non seulement pour eux-mêmes, mais pour d’autres gens, dans l’attente que ceux-ci vont produire pour eux. Ce système requiert des actes d’échange.

La coopération pacifique, les accomplissements pacifiques des hommes sont effectués sur le marché. La coopération signifie nécessairement que les gens échangent des services et des biens, le produit des services. Ces échanges créent le marché. Le marché est précisément la liberté des gens de produire, de consommer, de déterminer ce qui devrait être produit, dans n’importe quelle quantité, dans n’importe quelle qualité et pour n’importe qui. Un tel système libre sans un marché est impossible; un tel système est le marché.

Nous avons idée que les institutions de l’homme sont soit (1) le marché, l’échange entre individus, ou (2) le gouvernement, une institution qui, dans la tête de bien des gens, est supérieure au marché et pourrait exister dans l’absence d’un marché. La vérité est que le gouvernement – c’est à dire le recours à la violence, nécessairement le recours à la violence – ne peut rien produire. Tout ce qui est produit est produit par les activités des individus et est utilisé dans le marché afin d’obtenir quelque chose en échange.

Il est important de se souvenir tout ce qui est fait, tout ce que l’homme a fait, tout ce que la société a fait est le résultat d’une telle coopération et ententes volontaires. La coopération sociale entre les hommes – c’est à dire le marché – est ce qui amène la civilisation et c’est ce qui a amené toutes les améliorations de la condition humaine dont nous jouissons présentement.

64 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Philippe David

Ce qu’on peut apprendre d’un sandwich au jambon

Philippe David

Seriez-vous surpris d’apprendre qu’un vulgaire sandwich au jambon est l’aboutissement du travail de milliers de gens? Dans votre sandwich, vous allez probablement trouver du pain, du jambon, du fromage, de la laitue, des tomates, de la moutarde et de la mayonnaise. Chacun de ses ingrédients lui-même l’aboutissement d’un processus de production plus ou moins long. Par exemple , le jambon provient probablement d’un épicier ou une charcuterie, qui elle l’a obtenu d’un abattoir, qui l’a obtenu d’un éleveur de porcs. Pour élever ses porcs, l’éleveur doit les nourrir donc un autre fermier devra probablement cultiver du maïs pour nourrir les porcs. Mais ça ne s’arrête pas là. L’épicier, le charcutier et l’abattoir ont sûrement dû garder la viande réfrigérée, chaque réfrigérateur nécessitant les efforts de centaines d’autres personnes. Pour être transportée d’une place à l’autre, des camions ont été utilisées qui ont dus être construits et qui ont besoin de carburant et de pneus. À vrai dire, la production de votre sandwich a probablement débuté plusieurs années auparavant. Tout ça en nous n’avons pas encore parlé des autres ingrédients.

Comment est-ce possible? Comment est-ce que tout ça se produit? Y a-t-il un comité qui décide plusieurs années à l’avance combien de porcs à élever, combien de laitue à cultiver, combien d’oeufs pour faire de la mayonnaise, combien de lait pour le fromage, combien de diésel à distiller, combien de camions à construire, pour que 3 ans, 4 ans ou 5 ans dans le futur, je puisse me commander un sandwich au jambon pour environ $4.00? Est-ce le gouvernement qui contrôle tous ces processus qui arrivent à rassembler tous ces ingrédients pour qu’en fait, nous puissions avoir un sandwich à n’importe quel moment où l’envie nous prend? Pourtant, si on écoute certains, il faudrait absolument que quelqu’un soit en charge de gérer tout ça. Les marchés, ça ne peut pas se gérer d’eux-même voyons! Si nous laissons tous les producteurs faire à leur tête, ça va être le chaos! La jungle! Que dis-je, la catastrophe!

Eh bien non! Il n’y a pas de planificateur qui dirige tout ça. Que des entrepreneurs qui, en poursuivant leur propre intérêt, s’assurent qu’il y a toujours du pain, du jambon, du fromage, de la laitue, des tomates, de la moutarde et de la mayo et même un cure-dent avec une petite olive, si ça nous chante; dans les tablettes des épiceries. En fait, l’histoire démontre que ce n’est que lorsque l’état se met en tête de tout planifier, que soudainement, on manque de tout, même des choses qui étaient abondantes avant. C’est ça la puissance des marchés.

30 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Philippe David

Écrire dans l’action

Par lutopium – J’ai accepté l’invitation de Pierre JC Allard de publier un billet tous les vendredis, jusqu’au retour de Pierre Schneider qui a décidé de prendre une pause bien méritée. J’aimerais à mon tour vous souhaiter une bonne année 2010, en espérant que le déroulement des choses saura combler vos attentes.

Pour ceux qui me connaissent, je n’aurai pas besoin de vous présenter mon point de vue politique ni de vous mettre en garde contre la naïveté qui me colle encore et toujours au cul. Je ne prétends pas tout savoir, loin de là. L’idée d’avoir toujours raison ne fait pas partie de ma réalité et je me réserve le droit de me contredire en tout temps. Y’a que les idiots qui ne peuvent changer d’opinion, n’est-ce pas? Ceci étant dit, j’aimerais tout de même rappeler certaines choses en ce qui concerne mon entêtement à bloguer sur la politique québécoise, ce qui vous aidera peut-être à formuler vos commentaires et réactions au cours des prochaines semaines :

  • Je suis de gauche. Avec des tonnes de nuances. Je ne veux pas abolir le système capitaliste et le libre-marché. Je ne suis pas communiste. Ni socialiste. Utopiste, sans doute. Je suis tout simplement de gauche: du côté des travailleurs et de ceux qui aspirent à le devenir, tout en étant solidaire de ceux et celles qui n’ont pas la chance d’avoir un boulot – pour quelque raison que ce soit. Pour moi, un boss c’est un boss. Ça ne veut pas dire la guerre mais je me tiens sur mes gardes.
  • Les compagnies privées ne me causent généralement aucun problème. Cependant, celles qui ont opté pour l’actionnariat semblent être plus vulnérables aux mensonges, aux manigances et à la corruption. Je les garde donc à l’œil et je dénoncerai avec virulence tout dérapage de leurs hauts-dirigeants. Je crois que les citoyens et les petits actionnaires doivent les tenir en laisse, quitte à étrangler l’appât du gain qui coule dans les veines de certains opportunistes en cravate. Je n’ai rien contre l’ambition en autant qu’elle ne soit pas démesurée.
  • Je suis persuadé que l’économie doit être mixte, qu’elle doit permettre l’épanouissement des bonnes idées tout en protégeant les services publics essentiels. Je refuse que la recherche du profit ronge les systèmes d’éducation et de la santé.
  • Je crois en la démocratie et à la recherche du consensus. À mes yeux, l’Assemblée nationale du Québec et la Chambre des Communes ne respectent pas leur « mission » démocratique et leurs obligations envers TOUS les citoyens. Je crois sincèrement que les québécois peuvent améliorer le fonctionnement de ces institutions. Par exemple, on pourrait commencer par une réforme du mode de scrutin, une révision de la loi sur le financement des partis politiques et – pourquoi pas – une assemblée constituante qui pourrait nous pondre un nouveau mode de vivre-ensemble. La bureaucratie gouvernementale doit être gérée efficacement. Les impôts et les taxes des citoyens doivent être utilisés avec efficacité, décence et transparence. Les syndicats doivent être responsables et intègres.
  • Je vis dans mon époque. Je n’en ai rien à foutre des ratés et des erreurs des siècles derniers. Tout en respectant les écrits des grands penseurs qui nous ont précédés, je crois qu’il faut agir dans son présent. Y’a plein de trucs qu’on peut faire à court-terme. Si tout ceux qui pensent à peu près comme moi se mobilisent et font sentir leur présence et leur désespoir, je crois qu’on peut changer quelque chose. Écrire sur les blogues est une chose. Mais rien ne vaut l’action directe. Les révolutionnaires en pantoufles ne m’impressionnent plus.

Je vous invite donc à débattre à tous les vendredis. Je vous offrirai quelques réflexions sur l’actualité politique québécoise. C’est ce qui m’intéresse car c’est dans cet espace que nous pouvons, vous et moi, influencer les réflexions et les décisions – si nous y investissons l’énergie et le temps nécessaires, évidemment.

52 Commentaires

Classé dans Lutopium

La volte-face Jérôme-Forget

J’ai presque honte d’en parler, tellement c’est de la petite politique… Sauf qu’en même temps, ça touche quelque chose de tellement important.

C’était écrit dans le ciel que Monique Jérôme-Forget bluffait quand elle annonçait avec son grand sourire qu’il n’y aurait pas de déficit dans le présent exercice. Ainsi va la politique partisane quand les résultats d’une élection sont en jeu.

C’est à se demander si cela n’a pas beaucoup participé au cynisme et au résultat si faible du taux de votation qu’on connaît. On a beau vivre sur l’espoir, mais il était irrationnel de croire que le Québec était dans une bulle presque étanche devant les explosions économiques aux alentours. Si oui, c’était une maison de verre pas trempé!

Ce n’est pas dans mes habitudes (ça tombe bien, les habitudes sont à casser le plus possible!), mais je commence à croire, comme les amants du libre marché, que ce n’est pas une bonne idée de s’endetter collectivement pour la simple espérance de voir cela régler les problèmes, au lieu de se serrer la ceinture, comme tout bon citoyen le fait à un moment dans sa vie, suite à un laisser-aller au niveau du crédit.

11 Commentaires

Classé dans Actualité, économie, Renart L'Eveillé