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La RACJ… et la fierté

Comme je voyage beaucoup dans des pays où ce genre de questions est posé, on me demande souvent si je suis fier d’être Québécois. C’est une question rhétorique et qui n’engage à rien, comme « Comment allez-vous », prétexte pour vous faire flagorner votre bled natal et en tirer l’excuse pour vous vanter le sien. Evidemment, on dit toujours oui, mais la prochaine fois je vais dire non. Pas cette semaine. Je ne suis pas fier et je ne le serai pas avant qu’on ait changé des choses.

Je ne puis pas me dire fier d’un pays où une Société d’État, dans le cours de ses opérations, fait de la fausse representation, du vol de droit d’auteur et dépose un document à la Cour avec l’intention de tromper. Yves Boisvert de Cyberpresse nous dit que c’est grave. Il est bien pudique; je crois que c’est criminel.

Des fonctionnaires responsables d’une Société d’État ont été partie à la commission d’un acte criminel. Je me dirai fier du Québec quand on aura corrigé les renseignements qu’on a donnés à la justice pour l’induire en erreur. Quand on aura réparé les prejudices causés. Quand on aura puni les coupables.

Que s’est-il passé ? La Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) charge Yves Boisvert – pas le journaliste, mais son homonyme, responsable du laboratoire d’éthique publique de l’INRS – de préparer un étude sur les loteries vidéo et le jeu compulsif. Celui-ci s’adjoint trois autres universitaires: Yves Bélanger, Élisabeth Papineau et Harold Vétéré. Ils font et remettent leur rapport. Tout baigne.

Tout baigne, mais la RACJ n’aime pas les conclusions du rapport dont il apparaît, manque de pot, qu’il devra sans doute être versé au dossier d’un recours collectif intenté par les joueurs pathologiques contre Loto-Québec. Beaucoup de fric en jeu… Angst. Que faire ?  

Dans un pays sous régime de droit et d’éthique, on respecterait le rapport présenté, en tentant peut être de le contredire. Dans un pays sous régime de magouille – disons régime de bananes, pour être délicat – il y a une autre option.  On remplace le rapport qu’on n’aime pas par un rapport qu’on aime – le premier, tout simplement, mais amputé de ce qu’on n’aime pas ! – et on produit ce deuxième rapport au tribunal. TRES indélicat.

On produit le rapport tronqué, changeant simplement le titre sur la page couverture. Au lieu d’une étude sur la gestion des appareils de loterie vidéo mettant en lumière la responsabilité de l’État québécois en matière de jeu pathologique, il ne reste qu’un “Rapport sur la gestion des appareils de loterie video”… qui est essentiellement une analyse de sondage. Et voila ! 

Un petit subterfuge qui protège les milliards qu’apporte à l’État ce qu’on pourrait appeler la « Regie d’exploitation des vices et assuetudes » : l’organisme qui compense ce que notre fiscalité pourrait avoir de trop progressif, en allant chercher du fric chez les moins riches. Car ce ne sont pas les nantis qui contribuent la plus forte proportion de leur revenu au jeu; ce sont ceux qui n’ont pas beaucoup … et qui ont besoin d’espoir.

Le comportement de la RACJ en cette affaire est immoral et illegal. Raymond Viger, mon collègue sur ce site, s’y connait en moralité...   Yves Boisvert – pas le chercheur, le journaliste –  s’y connait indubitablement, lui, en légalité. Il accuse ici aussi brutalement que Zola. Il demande si l’on va  enquêter sur ce tripotage en haut lieu. Va-t-on lui répondre « en haut lieu » ? Ce n’est pas une question rhétorique, car tout citoyen peut porter plainte. S’il n’y a pas de réponse, on verra à qui la chance et l’honneur de rétablir la dignité du Québec…

Pierre JC Allard

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La fièvre en série

Par lutopium – Ces jours-ci, certains suggèrent une importante intervention de l’état alors que d’autres souhaitent son retrait presque complet. Le monde du commerce, quel qu’il soit, ne semble pas avoir de gêne pour demander des injections de fonds publics, de prêts, de subventions, de crédits d’impôt… Certains de nos entrepreneurs se disent conservateurs, voire libertariens. Mais ils n’hésitent pas à endetter les citoyens afin de stimuler leur croissance.

Personne ne semble satisfait des budgets qu’a récemment alloués Monsieur Charest, mais tout le monde s’entend pour dire qu’il n’est pas frileux avec le divertissement des masses. Est-ce pour mieux l’endormir? N’est-il pas amusant, quand même, de voir nos politiciens appuyer le sport et le jeu avec autant de détermination?

Le gouvernement libéral n’hésite pas une seconde avant d’appuyer les courses de chevaux, un club de hockey ou un grand-prix automobile… L’état moderne québécois est très actif dans le monde du jeu, il y joue des centaines de millions pour rénover son temple de la roulette, et son industrie du rêve millionnaire est publicisée comme nul autre produit de consommation. Pour ce qui est du hockey, voilà une valeur sure. À partir de ce soir, le Québec comptera un nombre impressionnant de regards vers l’écran. C’est presqu’un party de famille. Quand on se prend pour Jean le Baptiste, on doit se sentir en paix lorsque le peuple se rassemble et oublie ses tracas du quotidien. Car la victoire possible du gladiateur provoque une certaine somnolence. Y’aurait fort à parier que le nombre de québécois impliqués dans ce spectacle est plus important que ceux qui se sont déplacés pour voter en décembre dernier…

C’est ce soir que commence la grande fête. Si l’équipe a fière allure le premier soir, les fans pourront plonger dans l’euphorie des « séries ». On ira s’enfermer dans des cages aux sports en gang, y’a tellement d’écrans qu’on jurait être sur place. On pourrait manger gras, boire d’la bière. Y’en n’a pus de problèmes! À moins qu’on apprenne que l’équipe déménage. J’ai vu ce que peut provoquer le départ d’un club de hockey. Ça laisse des traces de morosité. Et ça devient suspicieux du pouvoir politique…

Vous comprendrez que, même si j’aime le sport, je n’apprécie plus la façon dont est présenté le hockey professionnel ces jours-ci. Y’a trop de fric. Et il y a encore beaucoup trop de violence gratuite et inutile. Je ne suis pas contre l’idée de garder les Canadiens à Montréal, mais je ne souhaite pas voir des fonds publics être investis dans un club qui peut facilement se passer de l’état pour exister et demeurer ici.

Là-dessus, bonnes séries!

Photo: Alex Ferguson – Flickr

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À Loto-Québec de qui se moque-t-on?

À Loto-Québec de qui se moque-t-on?

Raymond Viger Dossier jeu compulsif

Depuis quelque temps, des documentaires et des reportages publiés dans plusieurs médias traitent des effets pervers du jeu compulsif. Non seulement la souffrance et la détresse des joueurs et de leurs proches y sont soulignées, mais plusieurs journalistes ont questionné fortement l’intégrité et la conscience de Loto-Québec.

Voyant son image ternie par les «méchants» journalistes, les dirigeants de Loto-Québec lancent une campagne de publicité pour redorer leur image corporative et démontrer que Loto-Québec agit en bon père de famille corporatif.

L’intérêt public

Quand les journalistes questionnent les agissements de Loto-Québec, ils font leur travail. C’est d’intérêt public et le citoyen est mieux informé. Leurs médias, eux, vendent des pleines pages de publicité où Loto-Québec vante ses mérites. N’est-ce pas contraire à l’intérêt public? Peut-on décrier dans nos éditoriaux des choses et accepter de passer de la publicité qui va à l’encontre de ce que l’on dénonce? Il y a ici un illogisme flagrant et un manque de respect pour le travail des journalistes et pour les lecteurs.

La vraie mission de Loto-Québec

Les profits de Loto-Québec doivent, dit-on, servir à baisser nos impôts, à soutenir les arts et la culture, faire de la prévention et de l’intervention auprès des joueurs compulsifs. Peut-on accepter que Loto-Québec utilise ces profits pour redorer son image publique? En bon père de famille, Loto-Québec aurait dû accepter la critique et prendre le temps de se remettre en question.

Pourquoi ne pas avoir investi ce budget en prévention? Les prestigieuses commandites de Loto-Québec leur donnent déjà suffisamment une belle image.

Boycott de Loto-Québec

Loto-Québec nous a proposé cette publicité où ils se décrivent comme «une institution consciencieuse qui assure un équilibre entre sa mission économique et sa responsabilité sociale».

Nos principes, nos valeurs et le respect que nous portons à nos lecteurs et aux journalistes nous obligent à refuser cette publicité de Loto-Québec. Nous leur avons demandé de la remplacer par une page de publicité sur la prévention face au jeu compulsif. Malgré que Loto-Québec investit des sommes importantes pour redorer leur image corporative, ils n’avaient pas de budget pour faire de la prévention! La directrice des communications corporative de Loto-Québec, Mme Carole Villeneuve, comprenant la spécificité de notre magazine, ne peut rien faire d’autre que d’envoyer une note à la fondation Mise sur toi pour qu’ils pensent à notre magazine lors de leur prochaine campagne. Compte tenu de l’indépendance de la fondation envers Loto-Québec, Mme Villeneuve ne peut cependant rien garantir.

Rien de disponible en prévention

La fondation Mise sur toi n’a pas de budget de publicité disponible pour nous pour l’instant. Personne ne pouvant nous offrir une publicité en prévention, nous avons dû refuser l’offre de Loto-Québec. Financièrement, cela nous fait mal. Très mal (3 350$). Mais nous gardons la tête haute et cela n’a pas de prix.

Finalement, nous avons réussi à obtenir une publicité en prévention du jeu compulsif de la part du Ministère de la Santé. Est-ce la responsabilité de ce Ministère de prévenir les effets pervers de Loto-Québec et de remplacer la fondation Mise sur toi en ce qui concerne la prévention du jeu compulsif?

Textes sur le Gambling et jeu compulsif:

Témoignage d’un joueur compulsif

Comment fidéliser un gambler?

DVD prévention gambling et jeu compulsif

Être le conjoint d’un gambler

Le prix à payer pour devenir un gambler

La Sérénité pour un joueur compulsif

Biz Locolocass et le gambling

Éléonore Mainguy, ex-croupière du Casino

Did Tafari Bélizaire, casino, jeu compulsif et suicide

Jeux de cartes entre amis

Statistiques du pile ou face

Responsabilité de Loto-Québec

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