Bravo pour Lemaitre, le « diamant blanc » qui court comme un Noir… mais attention aux dérives racistes et ne disons pas de bêtises! J’apprécie beaucoup Allain Jules, qui dit avec intelligence bien des choses que j’aime… et même, parfois, certaines que je n’aime pas, ce qui n’a pas d’importance. Entre gens intelligents, il n’y a pas de contradictions, il n’y a que des malentendus. Quand on est tous de bonne foi, bien sûr.
Mauvaise foi… n’éxagérons rien. Disons que Jules, dans un article sur Lemaître, part de prémisses vraies en passant par un raisonnement en clin d’oeil, pour arriver à une conclusion bien trompeuse. Pour la bonne cause, bien sûr… mais sciemment trompeuse. Il parle de Lemaître, de « ses genoux fixés à l’horizontale permettent à ses jambes de s’étendre… » et il en ajoute sur la morphologie de Lemaître. Vrai? Je ne le sais pas, mais je le crois sans peine.
C’est quand il ajoute en passant « Qui a dit que seuls les sprinters noirs pouvaient courir vite ? » que je tique un peu. Comme si la performance de CL permettait d’en finir avec une croyance ridicule. Or ce n’est pas une croyance ridicule; c’est un fait. Je suis totalement convaincu que la morphologie de CL, comme celle des « Noirs qui courent vite » explique largement leurs succès, tout comme leur taille est une condition sine qua non des succès des champions de basketball. Dire le contraire est se moquer des gens.
Pourquoi est-on si réticent à admettre que les « Noirs » courent plus vite que les « Blancs » ? Parce qu’on ne veut admettre AUCUNE différence entre les haplogroupes – la nouvelle appellation correcte pour des sous-groupes ayant des similitudes génétiques – de peur d’encourager le racisme ! Accepter que la morphologie qui favorise la course à pied est plus fréquente chez des haplogroupes qui ont plus de mélanine fait frémir les bien-pensants.
Les trouble beaucoup, car est-ce qu’on ne risquerait pas d’en déduire que c’est la mélanine qui fait courir plus vite – (même si les Pygmées ne sont pas si doués au 100 m !) – ou d’en venir à croire que la mélanine pourrait inhiber le fonctionnement des neurones, même si Obama, quels que soient ses défauts, ne semble pas un attardé mental ? Danger… !
L’intention est pure, mais contreproductive, car la population est maintenant trop renseignée pour croire qu’il y a toujours une relation causale là où il y a coïncidence, mais elle l’est trop aussi pour croire n’importe quel bobard qu’on lui raconte « pour son bien ».
CL court vite, parce que sa morphologie de coureur est à quelques écarts-types de la moyenne de son groupe et se situe même sans doute tout en haut sur l’échelle globale des coureurs, tous haplogroupes confondus. Quand on classe selon un facteur quelconque des individus ayant des différences entre eux, il y a des valeurs aberrantes. Il serait plus raisonnable de voir si la morphologie de Lemaître ne se rapproche pas de celle des Noirs, plutôt que de tirer de l’exception CL la conclusion probablement erronée que la moyenne des Noirs ne court pas plus vite que la moyenne des Blancs. Tirer cette conclusion est trompeur.
Cette conclusion, d’ailleurs, n’est pas tant une manipulation, qu’un clin d’oeil à ceux qui savent, en leur enjoignant de la boucler et ne pas rire du Pere Noel devant les enfants. Les données anthropométriques des divers haplogroupes étant aujourd’hui bien faciles à connaître, n’importe quel étudiant de stats pourrait, en travail de vacances, trouver une corrélation forte entre la prévalence de certaines caractéristique morphologiques et la capacité de courir vite ou toute autre habileté physique.
Il pourrait hiérarchiser les haplogroupes et prédire avec rigueur ceux, en moyenne, où l’on court plus vite, où l’on a le plus d’endurance et où l’on saute plus haut. Il ne pourrait pas prédire les futurs champions, puisque, pas définition, les champions sont des « valeurs aberrantes », mais il pourrait dire dans quels haplogroupes on a le plus de chances d’en trouver un. Il le pourrait sans difficulté.
Il le pourrait, mais ses travaux ne seraient pas publiés et il finirait sa carrière a mesurer les précipitation dans des seaux en bois au Tanezrouft, car nous sommes dans une société paradoxale qui a la culte des champions… mais insiste que nous sommes tous égaux. Pas seulement égaux en droits et en valeur humaines, ce qui devrait être une évidence, mais tous égaux en TOUT, ce qui est stupide.
On sait que c’est stupide – et on n’attelle pas des chihuahuas à un traineau esquimau – mais il est interdit d’en parler, tabou de mesurer les différences et, même si le monde du sport en tire ostensiblement les conclusions, on jure la main sur le coeur que c’est une pure coincidence s’il y a plus de Camerounais que d’Annamites dans l’équipe de France. On dit des bêtises à des gens qui ne sont plus si bêtes.
On devrait renoncer à dire des bêtises. À défaut de s’en tenir au vrai, on devrait s’en tenir au vraisemblable. Au lieu de gommer les différences – ou de les occulter quand elles s’entêtent à ne pas disparaitre – on devrait apprendre à les valoriser. Une société complexe ne peut se réaliser que dans la complémentarité, comme c’est le « travailleur-qui-doit-décider », remplaçant les « travailleurs-outils » interchangeables de l’ère industrielle, qui été le déclencheur e l’évolution sociale postindustrielle.
Ce n’est pas en trichant et en maquillant la réalité qu’on vaincra les préjugés, mais au palier du jugement lui-même, en comprenant que, selon les critères d’une société d’interdépendance, tous acquièrent respect et pouvoir dans la mesure où ils tendent à devenir indispensables. Or, c’est la spécificité (la différence) qui rend indispensable.
Quand on donne sa véritable primauté à l’individu sur ses appartenances, on juge chacun pour ce qu’il est. On applaudit à la différence. On est agréablement surpris que CL coure si vite, sans devoir en déduire que la morphologie du Caucasien moyen s’est miraculeusement transformée pour devenir l’égale (!) de celle des Kényans ou des Jamaïcains…
Humanité et sociétés iront plus loin plus vite, si elles acceptent la dépendance du tout envers ses parties et la nécessités que celles-ci soient différentes. Complémentaires. On peut, hélas, instrumenter ces différences au profit de quelques-uns – tous les fascismes s’y essayent – mais ce n’est pas la complimentarité qu’il faut nier; c’est l’instrumentation du faible pas le fort qu’il faut empêcher.
Dans une société de créativité et d’initiative, cette instrumentation devient heureusement moins facile, quand le faible acquiert la force de son utilité… et disparait quand il devient irremplaçable. Ne nions donc pas nos différences. Le progrès vient de leur optimisation pour le bien de chacun comme de tous. Mettons-les en valeur; ce sont nos « différences » qui nous sauveront.
Pierre JC Allard