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Auto design A720 (et 720 raisons d’avoir peur)

Par Renart Léveillé

Voici ma caricature du jour :

Et le billet que j’ai pondu lundi passé à ce même sujet :

Je ne sais pas pour vous, mais je commence à en avoir ras le bol du discours rassurant des politiciens au lendemain de l’effondrement d’une structure en béton sur l’autoroute Ville-Marie :

Toutes les routes qui sont ouvertes sont sécuritaires [selon les critères du] ministère des Transports. Il n’y a aucun compromis avec la sécurité au Québec. […] On fait des inspections régulières de toutes les infrastructures et ces inspections nous permettent d’effectuer des travaux rapidement.

Gracieuseté de la cassette de Sam Hamad. Et en bonus, ce qui suit :

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, s’est fait pour sa part rassurant. «On est en mode solution», a indiqué le maire, à proximité des lieux de l’effondrement. Selon lui, la Ville fait déjà tout ce qui est en son pouvoir pour la sécurité des automobilistes et continuera à le faire. «Ça fait depuis 10 ans qu’on investit des sommes dans nos infrastructures. Je sais que les incidents s’additionnent de plus en plus. On va continuer à faire les représentations nécessaires» auprès de Québec et d’Ottawa. Il n’y a pas lieu de «paniquer».

C’est bien beau faire des déclarations après-coup, mais la population n’est pas stupide, elle a en tête le scénario de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment.

C’est surtout la déclaration de Sam Hamad qui me donne de l’urticaire, étant donné que c’est le gouvernement du Québec qui tient principalement les rênes dans le dossier du transport. Parce que le ministre des Transports ose carrément nous mentir. Toutes les routes ne sont pas sécuritaires (à moins que la dernière route non sécuritaire soit la 720, ce dont je doute très fortement). S’il n’y avait « aucun compromis avec la sécurité au Québec », il n’y aurait pas de catastrophes, donc pas de raisons de faire des discours rassurants. Pour ce qui est « des inspections régulières » et « d’effectuer des travaux rapidement », je veux bien croire, mais ça ne semble pas suffisamment régulier, ni assez rapide.

Aussi, c’est encore un discours qui nourrit le cynisme ambiant. Et nul doute que Sam Hamad protège le bilan Charest ici. Ce que j’aurais au moins aimé entendre c’est : il y a un gros problème avec les infrastructures et nous allons tout faire en notre possible pour le régler!

Ajout :

Ah! j’allais oublier! J’ai pondu hier un statut sur Twitter en lien avec ce sujet :

Offre d’emploi : inspecteur d’infrastructures, envoyer CV au gouvernement du Québec. Cousins, beau-frères ou amis d’élu s’abstenir.

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Encore aujourd’hui, notre bon Sam Hamad s’en lave les mains et tente par tous les moyens de renvoyer la balle. Alors, je suis d’accord avec le blogueur Patate quand il écrit :


mettez vos énergies à sécuriser nos vies […], au lieu de jouer au ballon chasseur.

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Totalitarisme inversé


François Marginean

Chris Hedges, journaliste lauréat du prix Pulitzer pour le New York Times et auteur de plusieurs livres, a écrit un article percutant publié en anglais le 8 février 2010. Ce billet en est largement inspiré et en quelque sorte un compte rendu en français. L’article original de 12 pages est disponible sous le titre « Chris Hedges: Zero Point of Systemic Collapse ».

Cet article est d’une importance capitale pour temps à venir. Il résume bien aussi mon analyse personnelle du déroulement des évènements passés, présents et surtout, futurs. Il mérite toute notre attention et puisqu’il est si bien écrit, ceci constituera principalement une traduction libre de l’auteur qui doit recevoir tous les mérites.

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Nous sommes à la veille d’un des moments les plus dangereux pour l’humanité.

Aleksandr Herzen parlait, il y a un siècle de cela, à un groupe d’anarchistes sur la façon de renverser le tsar et rappelait à ses auditeurs que leur travail n’était pas de sauver un système à l’agonie, mais plutôt de le remplacer: « Nous pensons que nous sommes les médecins. Nous sommes la maladie ». Toute résistance doit reconnaître que le corps politique mondial et le capitalisme global sont morts. Nous devons cesser de gaspiller notre énergie à essayer de le réformer ou de s’adresser à lui. Cela ne signifie pas la fin de la résistance, mais cela veut dire des formes très différentes de résistance. Cela signifie tourner nos énergies vers la construction de collectivités durables pour affronter la crise à venir, puisque nous serons incapables de survivre et de résister sans un effort de coopération.

Ces communautés, si elles se retirent dans un mode de survie pure, sans se lier aux cercles concentriques de l’ensemble de la communauté, l’État et de la planète, deviendront tout aussi moralement et spirituellement en ruine que les forces corporatives déployées contre nous. Toutes les infrastructures que nous construisons, comme les monastères du Moyen-Âge, devraient chercher à maintenir vivante la tradition intellectuelle et artistique qui rendent une société civile, l’humanisme et le bien commun possible. L’accès à des parcelles de terres agricoles sera primordial. Nous aurons à saisir, comme les moines médiévaux l’ont fait, que nous ne pouvons pas modifier la culture plus large autour de nous, au moins dans le court terme, mais nous pouvons être en mesure de conserver les codes moraux et la culture pour les générations au-delà de la nôtre. La résistance sera réduite à de petits, mais souvent imperceptibles, actes de défiance.

Nous nous tenons à la frontière d’une des plus sombres périodes de l’histoire de l’humanité où les lumières de la civilisation vacillent, chancèlent et nous risquons de descendre pendant des décennies, sinon des siècles, dans la barbarie. Les élites ont réussi à nous convaincre que nous n’avons plus la capacité de comprendre les vérités révélées qui nous sont présentées, ou de se battre contre le chaos causé par les catastrophes économiques et environnementales. Tant que la masse des populations désorientée et effrayée, nourris d’images qui leur permettent d’halluciner perpétuellement, existe dans cet état de barbarie, il lui sera possible de frapper périodiquement avec une fureur aveugle contre la répression accrue de l’État, la pauvreté généralisée et les pénuries alimentaires, mais elle n’aura pas la capacité et la confiance en soi face au défi pour confronter de proche ou de loin les structures de contrôle. Le fantasme de larges révoltes populaires et des mouvements de masse brisant l’hégémonie de l’État corporatif n’est que cela – un fantasme.

Chris Hedges écrit que son analyse se rapproche de l’analyse de nombreux anarchistes. Mais il note une différence cruciale: les anarchistes ne comprennent pas la nature de la violence. Ils saisissent l’étendue de la pourriture qui règne dans nos institutions culturelles et politiques, ils savent qu’ils doivent couper les tentacules de la consommation, mais ils croient naïvement que cela peut être combattu avec des formes de résistance physique et des actes de violence. Il y a des débats au sein du mouvement anarchiste – tels que ceux sur la destruction des biens – mais une fois que vous commencez à utiliser des explosifs plastiques, des innocents sont tués. Et quand la violence anarchique commence à perturber les mécanismes de la gouvernance, l’élite au pouvoir va se servir de ces actes, même mineurs, comme une excuse pour employer une force disproportionnée et impitoyable contre les agitateurs réels ou présumés, ce qui ne fera qu’alimenter la colère des déshérités.

Hedges ne se défini pas comme étant pacifiste. « Je sais qu’il y a des moments, et concède même que celui-ci pourrait éventuellement être l’un d’eux, où les êtres humains sont contraints de répondre à la répression montante avec la violence. J’étais à Sarajevo pendant la guerre en Bosnie. Nous savions précisément ce que les forces serbes feraient de nous s’ils arrivaient à percer les défenses et le système de tranchées autour de la ville assiégée. Nous avons eu des exemples de la vallée de la Drina ou la ville de Vukovar, où environ un tiers des habitants musulmans avaient été tués et le reste stationnés dans des camps de réfugiés ou de relocalisation. Il y a des moments où le seul choix possible est de prendre une arme pour défendre sa famille, le quartier et la ville. Mais ceux qui se sont révélés être les plus aptes à défendre Sarajevo provenaient invariablement de la classe criminelle. Lorsqu’ils n’étaient pas occupés à tirer sur les soldats serbes, ils pillaient les appartements des Serbes à Sarajevo et, souvent, les exécutaient, en plus de terroriser leurs concitoyens musulmans. Lorsque vous ingérez le poison de la violence, même pour une juste cause, elle vous corrompt, déforme et pervertit. La violence est une drogue, elle est même le plus puissant narcotique connue de l’humanité. Les plus accros à la violence sont ceux qui ont accès aux armes et qui possèdent un penchant pour la force. Et ces tueurs remontent à la surface de n’importe quel mouvement armé en les contaminant avec l’enivrant et intoxiquant pouvoir qui vient avec la capacité de détruire. J’ai vu cela guerre après guerre. Quand vous vous engagez dans cette voie, vous finissez par opposer vos monstres contre leurs monstres. Et ceux qui sont sensibles, humains et doux, ceux qui ont une propension à nourrir et protéger la vie, sont marginalisés et souvent tués. La vision romantique de la guerre et la violence est plus fréquente chez les anarchistes et la gauche radicale que dans la culture dominante. Ceux qui s’opposeront avec l’aide de la force à l’État corporatif ne le vaincront pas, pas plus qu’ils arriveront à maintenir les valeurs culturelles qui doivent être soutenues si nous voulons avoir un avenir valant la peine d’être vécu. De mes nombreuses années en tant que correspondant de guerre au El Salvador, Guatemala, à Gaza et en Bosnie, j’ai vu que les mouvements de résistance armée sont toujours des mutations de la violence qui les a engendré. Je ne suis pas assez naïf pour penser que j’aurais pu éviter ces mouvements armés si j’avais été un paysan sans terre au Salvador ou au Guatemala, un Palestinien à Gaza, ou un musulman à Sarajevo, mais cette réaction violente à la répression est et sera toujours tragique. Il doit être évitée, mais pas au détriment de notre propre survie ».

La démocratie, un système idéalement conçu pour défier le statu quo, a été endommagé et dompté pour servir servilement le statu quo. Nous avons subi, comme John Ralston Saul l’a écrit, un coup d’État au ralenti. Et le coup est terminé. Ils ont gagné. Nous avons perdu. La pitoyable incapacité des militants à pousser les États corporatifs industrialisés vers une réforme environnementale sérieuse, à contrecarrer l’aventurisme impérial, ou de construire une politique plus humaine envers les masses du monde, découle d’une pauvre capacité à reconnaître les nouvelles réalités du pouvoir. Le paradigme du pouvoir a changé de façon irrévocable et conséquemment, le paradigme de la résistance doit impérativement se modifier lui aussi.

Il y avait beaucoup de choses dites l’année dernière à propos de la manière dont Barack Obama serait un président « transformationnel » – mais la véritable transformation, s’avère-t-il, exige beaucoup plus que d’élire un leader télégénique. Pour renverser la vapeur dans ce pays, cela va prendre des années de guerre de siège contre les intérêts profondément établis, défendant un système politique profondément disfonctionnel. – Paul Krugman, «Richard Nixon portés disparus », le New York Times, 30 août 2009

Trop de mouvements de résistance continuent à croire en la façade de la politique électorale, les parlements, les constitutions, les chartes des droits, le lobbying et l’apparition d’une économie rationnelle. Les leviers du pouvoir sont devenus tellement contaminés que les besoins et la voix des citoyens sont devenus hors propos. L’élection de Barack Obama était un autre triomphe de la propagande sur la substance, une manipulation habile et une trahison du public par les médias de masse. Nous avons confondu le style et l’ethnicité – une tactique de publicité lancée par United Colors of Benetton et Calvin Klein – pour une politique progressiste et un véritable changement. L’objectif, comme avec toutes les marques de commerce, a été de confondre les consommateurs passifs et faire passer une marque de commerce pour une expérience. Obama, désormais une célébrité mondiale, est une marque de commerce. Il n’avait presque pas d’expérience, mis à part deux ans au Sénat, n’avait aucune base morale et a été vendu comme toutes choses aux populations. La campagne d’Obama a été nommée « marketer » de l’année du Advertising Age pour 2008 et l’a emporté sur les finalistes Apple et Zappos.com. Faites confiances aux professionnels. La marque de commerce « Obama » est le rêve d’un agent de marketing. Le président Obama fait une chose et la marque Obama vous porte à croire une autre. C’est l’essence même de la publicité fructueuse. Vous achetez ou faites ce que les annonceurs veulent pour ce qu’ils peuvent vous faire ressentir.

Nous vivons dans une culture caractérisée par ce que Benjamin DeMott appelle la « junk politics ». Nommons-la « politique déchet ». Elle n’exige pas la justice ou la réparation des droits. Elle incarne toujours des causes plutôt que de les clarifier. Elle évite les véritables débats pour des scandales fabriqués, des potins et des spectacles. Elle trompette l’éternel optimisme, louange sans cesse notre force morale et le caractère, et communique dans un langage « on-ressent-votre-douleur ». Le résultat de la politique déchet est que rien ne change, « ce qui signifie aucune interruption des processus et pratiques qui renforcent les systèmes interconnectés existant favorisant les avantages socio-économiques pour un groupe particulier ».

La croyance culturelle selon laquelle nous pouvons faire se produire des choses que par la pensée, en visualisant, en les souhaitant, en puisant dans notre force intérieure ou par la compréhension que nous sommes vraiment exceptionnels, est de la pensée magique. Nous pouvons toujours faire plus d’argent, atteindre de nouveaux quotas, consommer plus de produits et faire progresser notre carrière si nous avons assez de foi. Cette pensée magique qu’on nous prêche à travers tout le spectre politique, par Oprah, des célébrités du sport, Hollywood, les gourous de l’auto-assistance et les Chrétiens démagogues, est largement responsable de l’effondrement de l’économie et l’environnement, car toute Cassandra qui a vu venir les choses a été rejetée comme étant du « négatif ». Cette croyance qui permet aux hommes et aux femmes de se comporter et agir comme des petits enfants, jette le discrédit sur des préoccupations légitimes et inquiétantes. Elle exacerbe le désespoir et la passivité. Elle favorise un état d’auto-illusion. Le but, la structure et les objectifs de l’État corporatif ne sont jamais sérieusement remis en question. Questionner et s’engager dans un exercice de critique du collectif corporatif, revient à se faire taxer de vouloir faire obstruction et d’être négatif. Cela a perverti la façon dont nous percevons notre nation, le monde naturel et soi-même. Le nouveau paradigme de la puissance, couplé à son idéologie bizarre de progrès indéfini et le bonheur impossible, a transformé des nations entières, y compris les États-Unis, en monstres.

Nous pouvons marcher à Copenhague. Nous pouvons rejoindre la journée mondiale de manifestations climatiques. Nous pouvons composter et accrocher la lessive à sécher. Nous pouvons écrire des lettres à nos élus et voter pour Barack Obama, mais l’élite au pouvoir est imperméable à la charade de la participation démocratique. Le pouvoir est entre les mains des trolls moraux et intellectuels qui participent impitoyablement à la création d’un système néo-féodal et le meurtre de l’écosystème qui soutient l’espèce humaine. Et faire appel à leur bonne nature ou chercher à influencer les leviers internes de pouvoir ne fonctionnera plus.

Nous ne pourrons pas, en particulier aux États-Unis, éviter notre « Götterdämmerung ». Obama, tout comme le premier ministre du Canada, Stephen Harper ainsi que les autres chefs des pays industrialisés, se sont révélés être de tout aussi bons outils de l’État corporatif que l’a été George W. Bush. Notre système démocratique a été transformé en ce que le philosophe politique Sheldon Wolin avait nommé « le totalitarisme inversé». Le totalitarisme inversé, à la différence de totalitarisme classique, ne tourne pas autour d’un démagogue ou d’un chef charismatique. Il trouve son expression dans l’anonymat de l’État corporatif. Il prétend chérir la démocratie, le patriotisme, une presse libre, les systèmes parlementaires et les constitutions, alors qu’il manipule et corrompt les leviers internes pour renverser et contrecarrer les institutions démocratiques. Les candidats politiques sont élus au vote populaire par les citoyens, mais sont régis par des armées de lobbyistes à Washington, Ottawa ou dans les autres capitales du monde. Les médias corporatifs contrôlent à près tout ce que nous lisons, regardons ou écoutons et ils imposent une uniformité insipide de l’opinion. La culture de masse, détenue et diffusée par les sociétés privées, nous divertit avec des questionnaires, des spectacles et des potins sur les célébrités. Dans les régimes totalitaires classiques, tels que le nazisme ou le communisme soviétique, l’économie était subordonnée à la politique. « Sous le totalitarisme inversé, l’inverse est vrai », écrit Wolin. « L’économie domine la vie politique – et avec la domination vient les différentes formes de cruauté ».

Le totalitarisme inversé exerce un pouvoir total sans recourir à la plus grossière des formes de contrôle tels que les goulags, les camps de concentration ou la terrorisation des masses. Il exploite la science et la technologie pour atteindre ses sombres buts. Il impose l’uniformité idéologique en utilisant des systèmes de communication de masse pour inculquer la consommation débauchée comme une pulsion intérieure et il nous fait prendre nos illusions sur nous-mêmes pour la réalité. Il ne réprime pas les dissidents avec force, tant que ces dissidents restent inefficaces. Et en même temps qu’il détourne notre attention, il démantèle la base manufacturière, dévaste les communautés, déclenche des vagues de misère humaine et envoie les emplois vers des pays où les tyrans savent garder les travailleurs en ligne. Il fait tout cela tout en brandissant le drapeau et chantant des slogans patriotiques. « Les États-Unis sont devenus la vitrine de la manière dont la démocratie peut être gérée sans avoir l’air d’être opprimée », écrit Wolin.

George Orwell a souligné que le totalitarisme n’est pas tant l’âge de la foi qu’un âge de la schizophrénie: « une société devient totalitaire lorsque sa structure artificielle devient flagrante ». « Cela survient lorsque la classe dirigeante a perdu sa fonction, mais réussit à s’accrocher au pouvoir par la force ou par la fraude ». Nos élites ont utilisé la fraude. La force est tout ce qu’il leur reste.

Notre élite médiocre et finie tente désespérément de sauver un système qui ne peut être sauvé. Plus important encore, ils essaient de se sauver eux-mêmes. Toutes les tentatives de travailler à l’intérieur de ce système pourri et cette classe de détenteurs du pouvoir se révéleront inutiles. La résistance doit répondre à la nouvelle et dure réalité d’un ordre capitaliste global qui s’accroche au pouvoir par des formes de répression brutale et flagrante toujours grandissantes. Une fois le crédit sèche pour le citoyen moyen, une fois que le chômage massif aura crée une classe marginale permanente et furieuse, que les produits fabriqués bon marchés qui sont devenus les opiacés de base de notre culture disparaîtront, nous allons probablement évoluer vers un système qui ressemble davantage au totalitarisme classique. Des formes plus violentes et grossières de répression devront être employées au fur et à mesure que les mécanismes de contrôle plus souples favorisés par le totalitarisme inversé cesseront de fonctionner.

Si nous construisons des structures auto-suffisantes, celles qui occasionneront le moins de mal possible à l’environnement, nous pourrons surmonter l’effondrement qui s’en vient. Cette tâche sera accomplie grâce à l’existence de petites enclaves physiques qui ont accès à une agriculture durable et qui seront donc capables de se dissocier autant que possible de la culture commerciale. Ces communautés devront construire des murs contre la propagande et la peur électroniques qui seront pompées sur les ondes. Le Canada sera probablement un lieu plus accueillant pour ce faire que les États-Unis, compte tenu du fort courant de la violence qui y règne. Mais dans tous les pays, ceux qui survivront auront besoin de terres dans des zones isolées à bonne distance des zones urbaines qui seront le théâtre de déserts alimentaires dans leurs centres-villes, ainsi que de la violence sauvage qu’entraînent des biens devenant tout d’un coup un coût prohibitif et la répression étatique qui devient plus en plus dure.

Le recours de plus en plus manifeste à la force par les élites pour maintenir le contrôle ne doit pas mettre fin aux actes de résistance. Les actes de résistance sont des actes moraux. Ils prennent vie parce que les gens de conscience comprennent l’impératif moral de remettre en question les systèmes d’abus et le despotisme. Ils devraient être menés non pas parce qu’ils sont efficaces, mais parce qu’elles sont justes. Ceux qui commencent ces actes sont toujours peu nombreux et rejetés par ceux qui cachent leur lâcheté derrière leur cynisme. Mais la résistance, bien que marginale, continue à affirmer la vie dans un monde inondé par la mort. C’est l’acte suprême de la foi, la plus haute forme de spiritualité et qui lui seul rend l’espoir possible. Ceux qui ont commis des actes de résistance ont très souvent sacrifiés leur sécurité et leur confort, ont souvent passé du temps en prison et dans certains cas, ont été tués. Ils ont compris que pour vivre dans le plein sens du mot, exister en tant qu’êtres humains libres et indépendants, même dans la nuit la plus sombre de la répression d’État, cela signifie défier l’injustice.

Nous devons continuer à résister, mais il faut maintenant le faire avec la réalisation inconfortable que des changements significatifs ne vont probablement pas se produire de notre vivant. Cela rend la résistance plus difficile. Cela déplace la résistance du domaine du tangible et de l’immédiat vers l’abstrait et l’indéterminé. Mais renoncer à ces actes de résistance constitue la mort spirituelle et intellectuelle. Cela revient à se rendre à l’idéologie déshumanisante du capitalisme totalitaire. Les actes de résistance maintiennent en vie un autre récit, maintiennent notre intégrité et donne de la volonté aux autres, eux que nous ne pourrons jamais rencontrer, de se lever et porter la flamme que nous leur passons. Aucun acte de résistance est futile, que ce soit de refuser de payer des impôts, de lutter pour une taxe Tobin, travailler à changer le paradigme économique néoclassique, révoquer une charte d’entreprise, tenir des votes globaux sur Internet ou utiliser Twitter pour catalyser une réaction en chaîne de refus contre l’ordre néolibéral. Mais nous devons résister et trouver la foi que la résistance en vaut la chandelle, car nous ne pourrons pas immédiatement modifier la configuration du terrible pouvoir en place. Et dans cette longue, longue guerre, une communauté qui nous soutient émotionnellement et matériellement sera la clé d’une vie de défiance.

Le philosophe Théodore Adorno a écrit que la préoccupation exclusive avec les égocentrismes personnels et l’indifférence à la souffrance des autres au-delà du groupe auquel on s’identifie est ce qui a finalement rendu le totalitarisme et les génocides possibles. L’incapacité de s’identifier aux autres est sans conteste la plus importante composante psychologique qui fait que des atrocités peuvent se produire autour de gens plus ou moins civilisés et innocents.  »

L’indifférence au sort d’autrui et l’élévation suprême de soi est ce que l’État-entreprise cherche à nous inculquer. Il utilise la peur, ainsi que l’hédonisme, pour contrecarrer la compassion humaine. Nous devons continuer à combattre les mécanismes de la culture dominante, même si ce n’est que dans le but de préserver notre humanité commune à travers de petits, voire de minuscules actes. Nous devons résister à la tentation de se replier sur soi-même et d’ignorer la cruauté se trouvant de l’autre côté de notre porte. L’espoir demeure dans ces actes de défiance souvent imperceptibles. Cette défiance, cette capacité de dire non, c’est exactement ce que les psychopathes contrôleurs de nos systèmes de pouvoir cherchent à éradiquer. Tant que nous serons prêts à défier ces forces, nous aurons une chance; si ce n’est pas pour nous-mêmes, du moins, ce sera pour ceux qui suivent. Tant que nous défierons ces forces nous demeurerons en vie.

Et pour l’instant, c’est la seule victoire possible.

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Classé dans Actualité, François Marginean

Le pic immobilier

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J’aimerais attirer votre attention au graphique ci-haut qui donne une comparaison des prix immobiliers de tous les grands centres urbains au Canada en date du mois de mai dernier (source). Ça donne une bonne image de choses à venir. La zone du milieu indique jusqu’où les prix immobiliers pourraient chuter après l’éclatement. On peut constater que les marchés de Montréal et Ottawa risquent de souffrir un peu moins les effets de l’éclatement de la bulle immobilière que d’autres marchés, mais il faut quand même dire que si vous cherchiez à acheter votre première maison, le moment serait quand même mal choisi. Même à Montréal, les maisons pourraient perdre jusqu’à 25% de leur valeur. À Vancouver, les prix risquent de chuter de moitié, ce qui risque de causer une vague de faillites personnelles jamais vue auparavant.

Nous nous croyions tellement intelligents en 2007 lorsque la bulle immobilière a éclaté aux États-Unis. On riait des stupides américains qui ont fait des tas de prêts hypothécaires sans bon sens à des gens qui n’auraient jamais les moyens de payer. Des milliers de ménages américains se sont retrouvés à la rue avec une hypothèque qui excédait la valeur de leur maison. C’est sur le point d’arriver encore ici. Le taux d’intérêt de la Banque du Canada a été maintenu près de 0% depuis plus de deux ans et est toujours trop bas malgré une récente hausse. Ça a permis au banques d’offrir des hypothèques à des taux dérisoires (et empocher des profits monstres). Vous vous souvenez de Fannie Mae et Freddie Mac? Au Canada, nous avons la SCHL qui joue essentiellement le même rôle à sécuriser et titriser des hypothèques. Combien d’hypothèques? Oh, environ 60% de toutes les hypothèques au Canada. Qui garantit ces hypothèques? Vous et moi par le biais de vos impôts fédéraux.

Pire encore, certains utilisent l’équité de leur maison comme un guichet automatique en ré-hypothéquant leur maison pour s’acheter des motoneiges, des bateaux, etc. Qu’arrivera-t-il à ces gens quand les prix immobiliers s’écrouleront? Il est quasiment inimaginable que nous répétions toutes les mêmes erreurs que les américains en ayant encore la dévastation que ça leur a causé dans notre rétroviseur, mais il semble que nous soyons plus stupides qu’eux.

Maintenant, il semble que nous ayons rejoint le pic et les ventes immobilières commencent à s’essouffler. Selon un article du Globe and Mail, le volume des ventes immobilières a dramatiquement chuté. À Vancouver, le volume à chuté de 30% par rapport à l’année dernière et à Calgary de 40%. C’est le premier signe avant-coureur. Le reste du scénario américain risque de se répéter à partir de là:

  • Le volume de ventes chute soudainement.
  • Les prix ramollissent un peu.
  • Le niveau des inventaires remonte.
  • L’industrie immobilière essaient de convaincre les gens que rien ne se passe d’anormal.
  • Le déni s’installe dans les média qui clameront que les bases fondamentales sont toujours solides.
  • Les vendeurs tenteront de maintenir les prix tandis que la demande ne cesse de diminuer.
  • Les inventaires rejoignent de nouveaux sommets.
  • Les constructeurs commencent à offrir des incitatifs pour faire baisser leurs inventaires.
  • Les vendeurs commencent à réaliser trop tard ce qui se passe.
  • Les prix commencent leur descente.
  • Les vendeurs commencent à offrir des incitatifs pour vendre leur maison.
  • Les incitatifs ne fonctionnent pas.
  • La dégringolade des prix commence à s’accentuer.
  • La Banque du Canada tente de calmer le jeu en émettant des communiqués assurant le public que le marché immobilier est encore fondamentalement solide.
  • Les inventaires montent en flèche, les prix s’écroulent et les constructeurs coincés avec des surplus d’inventaires font faillite.


Certains évènements peuvent se produire simultanément et peut-être dans un ordre légèrement différent, mais tout commence par une chute du volume de ventes. Chose certaine, le pic immobilier est atteint, la descente est amorcée et avec les taux d’intérêts déjà trop bas, rien ne pourra arrêter l’avalanche.

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Classé dans Actualité, économie, Philippe David

Le cirque du G8/G20 sera en ville, avec toute la cavalerie

François Marginean

[Article mis à jour le 28 mai 2010]

On est reconnu pour ce à quoi on est bon. Les Japonais sont reconnus pour leurs sushis, leurs robots et leurs sumos parce qu’ils sont bons dans ces domaines. Les Français font de grands vins et sont reconnus pour cela, ainsi que pour leur cuisine. Wall Street et les banquiers privés nous volent notre argent et détruisent consciemment l’économie en spéculant sur sa démise et ils sont reconnus comme étant excellent dans ce domaine. Les compagnies de mercenaires privés et de l’armement se spécialisent dans la destruction, la mort et la reconstruction et c’est ce qu’ils font, parce qu’ils excellent dans cette branche. Les pétrolières comme BP sont en train de devenir très reconnues pour polluer la planète entière avec leur déversement record de pétrole dans l’océan, comme nous en sommes témoins présentement, dans le Golfe du Mexique, avec leur « Tchernobyl pétrolier » catastrophique.

Nous, au Canada et au Québec, nous sommes très bons dans la production de cirque économique élitiste protégé par un appareil d’État policier répressif. Nous sommes en passe d’être reconnus pour nos mesures d’État policier, anti-démocratiques et liberticides. Pour le prouver encore une fois, le Canada est sur le point de recevoir le G8 suivi immédiatement par le G20 et les mesures de sécurité seront sans précédent. Parce que nous, la sécurité et les procédés répressifs, c’est notre force et nous en sommes fiers. La preuve? Regardez notre impressionnant curriculum vitae:

Québec, avril 2001: Sommet sur la Zone de libre échange des Amériques (ZLEA)

Alors que les pouvoirs financiers et corporatifs poussent les politiciens à s’entendre sur un accord de libre échange des Amériques, la population est tenue à l’écart des discussions et des prises de décisions ayant des répercussions sur leur vie quotidienne par un mur de plusieurs dizaines de kilomètres entourant la vieille ville de Québec. Responsables de défendre ce « mur de la honte » et les chefs d’état reclus et déconnecté de la ville entière, se trouvent des milliers de policiers et militaires mobilisés pour l’occasion. Environ 6 000 policiers étaient prévus, en plus d’unités de l’armée stationnées non loin de là. Le mur de la honte, érigé avec des blocs en béton et de grillage par le gouvernement fédéral, renforçait l’impression de militarisation. Les magasins ont aussi reçu l’ordre de placarder leur vitrine. Scène de guerre opposant le peuple aux autorités qui décident de leur futur à huis clos.

Ottawa, juin 2006: Sommet des Bilderberg

On les nomme le groupe Bilderberg et ils n’aiment pas discuter en public. Ceux qui suivent le groupe Bilderberg diront qu’ils ont incité l’Europe à adopter une monnaie commune, qu’ils ont mis en place Bill Clinton après avoir accepté d’appuyer l’ALENA et qu’ils prennent des décisions influençant le déroulement des évènements mondiaux. Ces rencontres réunissent les plus puissants de cette planète et demandent une protection contre le peuple encore plus intime que les agents de police d’Ottawa. Même ces policiers en uniforme étaient tenus de présenter leurs cartes d’identité à la demi-douzaine d’hommes en noir travaillant pour une société de sécurité privée nommée Globe Risk. Nous n’avons pas eu droit à la cavalerie flamboyante, car il s’agissait de garder cette rencontre le plus inaperçue possible, bien que les médias traditionnels n’aient pas eu bien le choix d’en parler puisque l’existence du groupe des Bilderberg est de plus en plus connue du public. Mais il demeure que la sécurité à l’extérieur de l’Hôtel Brookstreet a été beaucoup plus serrée que sur la colline du Parlement.

Montebello, août 2007: Réunion du Partenariat sur Sécurité et la Prospérité (PSP)

L’aboutissement de la ZLEA est le PSP, qui est une initiative des grands industriels et multinationales du Canada, des États-Unis et du Mexique pour créer une zone de libre échange, d’harmonisation (à la baisse) des régulations et règlementation étatiques, commerciales, économiques et de la main d’oeuvre, création d’une zone commune frontalière, ainsi qu’une intégration militaire transcontinentale. Encore une fois, la population est gardée à l’écart des discussions que nos politiciens entreprennent avec le secteur privé et des agents étrangers (trahison?) par un appareil policier assez impressionnant. On pousse l’ignominie encore plus loin en voulant démoniser et discréditer les manifestants pacifiques en envoyant des policiers en agents provocateurs parmi la foule dans le but de faire de la casse devant les caméras des médias. Seul pépin pour eux, trois « manifestants » ont été mis à découvert et l’incident a été entièrement filmé et posté sur YouTube avant d’être repris par les médias traditionnels. La vidéo montre trois hommes masqués, dont l’un était armé d’une grosse roche, confrontant les manifestants pacifiques. Après que les hommes soient passés la ligne de police, puis ensuite immobilisés à terre, menottés et emmenés par les policiers, des photographies révéleront que leurs bottes correspondaient à celles des agents de police. Bien qu’ils aient d’abord nié que les individus en question étaient des agents provocateurs, la Sûreté du Québec a publié un communiqué de presse le 23 août en admettant que les trois manifestants étaient en fait des agents de la police en déguisement.

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Ce qui se passe réellement dans les coulisses pourrait avoir été révélé par le professeur Carroll Quigley, le mentor de Bill Clinton à l’Université de Georgetown. Un initié entretenus par les banquiers internationaux, M. Quigley a écrit dans La tragédie et l’espoir (Tragedy and Hope), en 1966:

« Les pouvoirs du capitalisme financier ont un autre but de grande envergure, qui n’est rien de moins que de créer un système mondial de contrôle financier entre des mains privées, capable de dominer le système politique de chaque pays et l’économie du monde dans son ensemble. Ce système devait être contrôlé de manière féodale par les banques centrales du monde agissant de concert, par des accords secrets conclus à de fréquentes réunions et conférences privées. » (Source)

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L’État policier canadien reçoit les sommets du G8 & G20

Puisque que le Canada est maintenant un expert en mesures de sécurité et d’État policier pour protéger la clique financière élitiste du reste de la population qui est affectée par leurs décisions prises derrière des portes closes, nous allons faire honneur à notre réputation. Le 26 et 27 juin prochain, nous serons les hôtes du sommet du G20, qui sera précédé par le sommet du G8, qui lui se tiendra le 25 et 26 juin 2010. Le sommet du G8 se tiendra à Huntsville, Ontario, alors que celui du G20 aura lieu au Metro Toronto Convention Centre à Toronto.

Les dirigeants mondiaux, ministres des finances, les gouverneurs de banques centrales, avec des milliers d’autres délégués assisteront à ces réunions secrètes. Et la cavalerie sera présente, en grand nombre. Il s’agira, en fait, du plus grand événement de l’histoire canadienne au niveau de la sécurité, surpassant de loin la sécurité présentée aux Jeux Olympiques de Vancouver. Le centre-ville de Toronto sera transformé en forteresse de sécurité avec des barrières, barricades, des points de contrôle et des fermetures de rues qui affecteront grandement les résidents locaux. Alors que les sommets G8/G20 attirera leur part des manifestants pacifiques, d’autres plus radicaux et de la frange peuvent essayer de capitaliser sur l’événement. Des agents provocateurs peuvent également être utilisés et leur comportement pourrait justifier une répression policière. Cela pourrait aussi être un moyen de diaboliser tous les manifestants, tout comme la tentative exposée de Montebello. Le sommet du G20 permettra d’approfondir les mesures d’État policier, ainsi que l’intégration progressive et constante de la police locale, provinciale, fédérale et de l’armée.

La sécurité qui sera déployée lors du prochain sommet du G20 sera la responsabilité du Groupe intégré de la sécurité (GIS): « La GRC a mis sur pied le Groupe intégré de la sécurité (GIS), qui est composé de membres de la GRC, de l’OPP (pour ce qui est du G8), des Forces canadiennes, du service de police de Toronto, du service de police régional de Peel, ainsi que d’autres experts en sécurité et en application de la loi qui auront pour mandat d’assurer la sécurité des personnes jouissant d’une protection internationale (PJPI), des personnes de marque (PDM) et des communautés ».

Ed Bolduc, un membre de l’équipe de planification du G20 et policier de la ville de Toronto a affirmé que « les Olympiques que vous avez vues récemment à Vancouver étaient en fait le plus grand déploiement de sécurité à prendre place au Canada. Le G20/G8 surpasse cela complètement ». Il poursuit en déclarant « qu’il y aura une massive – absolument massive – présence des policiers et de la sécurité sur le terrain comme vous ne l’avez jamais vu ». Il y aura une double clôture d’au moins trois mètres de haut, protégée par la GRC et la police. Le Globe and Mail rapportait qu’environ 10 000 policiers et 1000 gardes de sécurité seront déployés, avec un nombre non spécifié de soldats canadiens. Les dignitaires étrangers bénéficieront aussi de leurs propres éléments de sécurité. Les coûts associés à cette énorme cavalerie de la sécurité sont estimés à $179 millions de dollars par le gouvernement fédéral.

[Mises à jour: La sécurité va couter plus cher que prévu, une très légère et insignifiante augmentation de $654 MILLIONS, pour un nouveau total de $833 millions]

Les Forces canadiennes appuieront le Groupe de sécurité intégré (GSI) commandé par la GRC pour les prochains Sommets du G8 et du G20 qui auront lieu à Huntsville et à Toronto, Ontario en juin 2010. Elles fourniront l’appui avec « des ressources et des capacités militaires uniques fournies par l’armée, la marine et la force aérienne afin d’assurer la sécurité des participants aux Sommets et des Canadiens », nous dit-on sur leur site officiel.

Les tâches militaires associées aux Sommets comprennent la planification opérationnelle à grande échelle, la surveillance terrestre et aérienne, la sécurité sous-marine pour les lieux et certaines fonctions logistiques et de cérémonie. Le soutien comprend aussi d’obtenir de l’aide par le biais du partenariat continuel des FC dans le Commandement de la Défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD).

Le Commandement Canada est responsable des opérations de routine et de contingence des Forces canadiennes au Canada et en Amérique du Nord. Le Commandement coordonne aussi, au besoin, le soutien des FC aux autorités civiles canadiennes de maintien de l’ordre. Le soutien des FC aux Sommets du G-8 et du G-20 2010 sera conduit sous le commandement de la Force opérationnelle interarmées (Central) (FOI(C)), une des six forces opérationnelles régionales relevant du Commandement Canada. (http://www.canadacom.forces.gc.ca/daily/archive-summit-fra.asp)

On ne rit plus: « …le soutien des FC aux autorités civiles canadiennes de maintien de l’ordre« . Ainsi, les militaires pourront assister les forces policières dans leur rôle du maintien de l’ordre. Ce n’est pas l’idée qu’on se fait généralement du Canada.

La sécurité commencera à être implémentée deux semaines avant le début du G8/G20. Pour accéder à la zone de sécurité, les résidents devront s’enregistrer ou être accrédités. Des zones de « liberté d’expression » (free speech zones) seront mises en place pour les manifestants et la police de Toronto a annoncé qu’ils utiliseraient un ancien studio de production de films comme prison temporaire pour enfermer les protestants indisciplinés durant l’évènement.

Nous avons déjà pu avoir un avant-goût de ce qui s’en vient lors du sommet du G20 alors que deux exercices d’entrainement ont eu lieu à Toronto ces derniers jours. Le premier était une simulation de prise d’otage dans le coeur du centre-ville de Toronto, comprenant la Toronto Police Emergency Task Force et du personnel privé de sécurité, ayant pour but de tester leur habilité de travailler de concert.  C’est que durant le G8/G20, les forces de sécurité privées vont jouer un rôle important dans le contrôle des foules et mesures d’urgences. Ceci fait intégralement partie de l’intégration des forces de la sécurité publique et privée. Le deuxième exercice d’entrainement a impliqué deux hélicoptères militaires CH-146 Griffon volant autour du Metro Toronto Convention Centre et qui ont atterrit en face de la célèbre Tour du CN. Ces exercices ont pour but de tester les capacités des forces de sécurité, de coordonner les actions des différents intervenants publics et privés, mais visent aussi à acclimater la population à une augmentation de la présence policière et militaire.

Mais plus que tout, c’est les protestations et la menace du terrorisme qui sont le plus utilisées pour justifier ces immenses opérations de sécurité extrêmement couteuses pour protéger une bande clowns qui débarquent en ville pour faire leur cirque à huis clos, sans consulter la population. Les rôles des militaires et des policiers semblent être de plus en plus interchangeables, tout comme leurs tactiques et leur entrainement qui militarisent sans cesse. Tout cela commence à ressembler toujours plus à une approche agressive envers le contrôle du public et de la dissidence. Ces évènements deviennent des pratiques pour de nouvelles mesures d’État policier répressives et d’occupation de style militaire.

En juin prochain, se sera comme à la guerre à Toronto; une guerre opposant l’élite au peuple.


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CANADA Inc. (et la taxation à mort pour votre sécurité)

Prenez le temps de bien analyser cette image:

Il existe un problème conceptuel d’envergure lorsqu’on parle du Canada, de l’économie, de ses lois, de son fonctionnement en général ainsi que la place que nous y occupons et le rôle que nous jouons dans cette machine.

L’image que vous voyez provient du site de la U.S. Securities and Exchange Commission (SEC).  Vous pouvez trouver cette page en cliquant ici. Ce que vous avez devant vous est la preuve ultime que le Canada n’est pas un pays, tel qu’exposé dans ce texte précédent: Le Canada, ce pseudo-pays; mais bien une compagnie privée enregistrée sur la SEC.

La Securities and Exchange Commission (SEC) est l’organisme fédéral américain de règlementation et de contrôle des marchés financiers. C’est en quelque sorte le «gendarme de la Bourse» américain. (Source)

La compagnie privée «CANADA» fonctionne alors comme une société privée qui échange et transige sur les marchés boursiers et est inscrite comme telle à la SEC. Les Canadiens et Canadiennes sont ainsi des actionnaires de cette société et sont soumis à ses stratus qui passent pour des «lois», à ses taxations et impôts, et au pouvoir de ce gouvernement de facto qu’est le Parlement impérial à Ottawa tant et aussi longtemps qu’ils acceptent de faire partie de cette «société».

Déjà plusieurs hommes et femmes libres ont décidé de quitter cette société, cette compagnie privée, pour retrouver leur souveraineté individuelle et se soustraire aux statuts et à la juridiction du Canada qui ne s’appliquent qu’aux membres consentants de cette société (privée). Voilà le remède.

Lorsque le gouvernement s’endette en empruntant de l’argent à des banquiers privés pour mener des guerres à l’étranger, pour donner de l’argent des fonds publics à des banques canadiennes privées, ou pour la dépenser de toute autre façon odieuse, il le fait en garantissant le remboursement sur votre dos, sur votre labeur et celui des futures générations.

Ces instruments de négociation financiers sont échangés sur la SEC et leur valeur est assurée par vous. Tant que vous faites partie de cette société, vous lui appartenez. C’est la signification du «Security» de la Securities and Exchange Commission.

Et on va vous taxer à mort – pour votre sécurité –

Le mois de décembre dernier, Umar Farouk Abdulmutallab a tenté de détoner une bombe à bord du vol 253 en partance d’Amsterdam vers Détroit. Nous savons maintenant qu’un agent des services du renseignement américain l’a mis à bord de ce vol volontairement, sans passeport et ce, même si l’aéroport d’Amsterdam était déjà munie de ces scanneurs corporels qu’Ottawa veut maintenant nous imposer partout dans les aéroports canadiens.

Donc, un dispositif de «sécurité» extrêmement couteux et inutile puisqu’il ne règlera pas le problème qui a fait en sorte que Abdulmutallab ait pu se retrouver sur le vol 253.

Mais le gouvernement persiste (et les terroristes gagnent) à nous dire qu’il va falloir augmenter la sécurité dans les aéroports, se soumettre à des fouilles à nu virtuelles, faire du profilage ethnique à fond, attendre en file des heures, le temps de nous créer de nouveau une illusion de sécurité et de nous faire frire aux rayons X potentiellement mutagènes et cancérigènes.

Qu’à cela ne tienne, l’imposition d’un État policier est plus important et on va vous refiler la facture, bien sûr. Nous finançons joyeusement notre propre descente en enfer. Et ça coute cher, vous savez.

Alors, Ottawa a annoncé la semaine passée que tous les voyageurs aériens étaient pour payer ces nouvelles mesures de sécurité (inutiles) que nous n’avons jamais demandées et qui ne seraient pas nécessaires si les services secrets américains n’avaient tout simplement pas laissé monter Abdulmutallab à bord du vol vers Détroit.

On a appris que le cout serait de 1,5 milliard de dollars dur les cinq prochaines années. Pour couvrir ces dépenses inutiles et liberticides, les voyageurs devront débourser $2,50 de plus pour un vol simple au Canada, $4,37 pour un vol intercontinental et $8,91 pour un vol international. Ces nouvelles taxes devraient entrer en vigueur le 1er avril si le Parlement les approuve.

Bien sûr, John Baird, le ministre des transports, a déclaré qu’il s’agissait de «frais d’utilisation et non pas d’une taxe». On a peur du mot, vous savez. Donc, ce n’est pas une taxe, c’est… une «taxe», quoi. Et elle va venir siphonner encore plus d’argent de nos poches, tuer un peu plus l’industrie du tourisme et affaiblir les compagnies aériennes qui sont déjà en mode survie.

Norm Payne, un consultant pour Uniglobe Travel explique que «si vous prenez un vol d’ici vers Londres ce soir, le prix du billet est de $764. Les taxes sont de $394. Si vous ajoutez un autre $8 ou $10 pour la taxe sur la sécurité, cela signifie que la moitié du prix du billet est en taxe».

Mais Baird insiste, ces nouvelles mesures viennent en réponse à l’attentat de Noël par Umar Farouk Abdulmutallab et sont qualifiées de «nécessaire pour assurer la sécurité des voyageurs».

En conclusion, toutes les raisons sont bonnes pour CANADA Inc. pour vous taxer à mort et vous imposer une quantité grandissante de «lois» (statuts) liberticides, parce que ce qui est bon pour cette société privée n’est pas votre bien commun, mais bien son propre profit personnel, à vos dépends.

François Marginean

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Projet de loi C-6 – Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation

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Nos bons mandarins à Ottawa travaillent fort pour notre bien et ils ont plusieurs manières de le manifester. Cette fois, cela prend la forme du projet de loi C-6 ou Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation. Selon la présentation que Santé Canada en fait sur son site officiel, ce projet de loi C-6 «est une proposition législative qui aiderait à protéger les familles canadiennes contre les produits de consommation dangereux.»

«Le gouvernement du Canada a déposé le projet de loi C-6 le 29 janvier 2009. La Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation remplacerait la partie I de la Loi sur les produits dangereux et instaurerait un nouveau régime règlementaire. Elle a pour but de moderniser et de renforcer les lois sur la sécurité des produits en modifiant les règles actuelles pour mieux protéger la santé et la sécurité des Canadiens. La nouvelle loi permettrait d’adopter les mesures concrètes nécessaires pour rendre les produits de consommation plus sécuritaires pour les Canadiens et leur famille grâce à l’interdiction de fabriquer et d’importer des produits dangereux. La nouvelle loi donnerait en outre au gouvernement le pouvoir d’ordonner le rappel de produits dangereux.»

C’est toujours une bonne nouvelle de savoir que notre gouvernement veille à notre sécurité et qu’il travaille ardemment pour nous protéger. Alors pourquoi ce fait-il que des personnes comme Shawn Buckley, avocat constitutionnel et président de la Natural Health Products Protection Association, sont inquiets?

C’est que le projet de loi C-6, se trouve à être l’ancien projet de loi C-52, mais sous un nouveau nom. Ce dernier avait été rejeté en juin 2008, suite aux énormes pressions de plusieurs Canadiens et de groupes de pression qui sont montés aux barricades contre les projets de loi C-51 et C-52. Le ministre de la Santé, Tony Clement, avait dû accepter les demandes de modification de la part de l’industrie des produits naturels pour la santé qui avait alors organisé des campagnes contre les restrictions sur la médecine homéopathique et des herbes médicinales. C’est que lorsque Clement avait proposé des amendements à la Loi sur les aliments et drogues en avril 2008, les herbes médicinales avait été placées sous la même catégorie que les produits pharmaceutiques, soulevant des inquiétudes qu’ils deviendraient ainsi sujets au même type de surveillance qu’eux.

La Natural Health Products Protection Association avait alors lancé une campagne pour dénoncer les pouvoirs de type «État policier» qui permettaient aux agents de Santé Canada de fouiller à leur gré des propriétés privées pour chercher et perquisitionner des produits illégaux. Il y avait des préoccupations quant au manque perçu d’absence de garanties pour protéger nos droits et libertés et la propriété privée dans l’exercice des nouveaux pouvoirs prévus par les inspecteurs. Le gouvernement avait alors été forcé de modifier ses amendements pour clarifier les termes dans lesquels les inspecteurs peuvent saisir des produits et des biens et la durée de temps permise parce que ces confiscations ont évidemment des impacts financiers potentiellement significatifs dans le cas particulier des petites compagnies.

Maintenant, nous avons ce projet de loi C-6 qui est introduit au nom de la «sécurité publique». S’il est finalement adopté, il va créer un dangereux précédent en ce qui a trait au type de pouvoirs que les inspecteurs de Santé Canada auront à leur disposition ainsi que la façon dont ils seront appliqués.

Pour le moment, il est à noter que sous la loi C-6, les médicaments et la nourriture sont spécifiquement exemptés de cette juridiction. Mais il n’y a pas de mention spécifique quant aux produits de santé naturels. En regard de la règlementation, les produits de santé naturels sont considérés comme une sous-catégorie de «médicaments». S’agirait-il d’une échappatoire sémantique délibéré? Pour éviter la confusion, nous devons insister que les produits de santé naturels soient spécifiquement exemptés. De ne pas le faire pourrait mettre en péril et éliminer des milliers de ces produits naturels.

De plus, le gouvernement peut à tout moment passer un nouveau règlement, sans qu’il soit nécessaire d’être débattu au Parlement ou que la population soit consultée, et y inclure les produits de santé naturels.

Mais attention, le projet de loi C-36 ratisse large, très large. Son nom l’indique bien: Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation. Cela revient à dire que tous les produits de consommation dans votre domicile sont concernés par cette loi. Il donne le pouvoir aux inspecteurs gouvernementaux de bloquer l’importation ou la vente de produits, de saisir des propriétés et des documents et tout cela, basé sur «des motifs raisonnables de croire qu’un produit de consommation présente un danger pour la santé ou la sécurité humaines» (section 30. (1)).

Il n’y a aucune exigence pour l’inspecteur de produire quelconque preuve documentée ni d’évidence scientifique appuyant son jugement. Par contre, il y a exigence de se procurer un mandat de perquisition si les biens et évidences qui sont l’objet de la saisie se trouvent dans un domicile personnel; mais ce mandat peut être obtenu par téléphone, d’un juge qui baserait sa décision entièrement sur les présomptions de l’inspecteur.

L’inspecteur qui saisit une chose en vertu de la présente loi peut :

Entreposage

a) l’entreposer dans le lieu où elle a été saisie ou dans un autre lieu, sur avis et aux frais de son propriétaire ou de la personne qui en avait la possession, la responsabilité ou la charge au moment de la saisie;

b) ordonner à son propriétaire ou à une telle personne de l’entreposer à ses frais dans le lieu où elle a été saisie ou dans un autre lieu. (section 23. a) & b))

Les amendes exorbitantes peuvent atteindre jusqu’à $5 000 000 et un emprisonnement de deux ans.

Les inspecteurs auront aussi un droit de passage sur votre propriété privée, ce qui est contraire au fondement de la loi depuis des centaines d’années en plus d’obtenir le droit de vous épier chez vous. Sommes-nous en danger à un point tel avec les produits de consommation que nous devons abolir la loi ancestrale sur le droit de passage sur les propriétés privées?

L’inspecteur qui agit dans l’exercice de ses attributions et toute personne qui l’accompagne peuvent pénétrer dans une propriété privée et y circuler, et ce, sans encourir de poursuites à cet égard. (section 20.(4))

Le propriétaire ou le responsable du lieu visité, ainsi que quiconque s’y trouve, sont tenus d’accorder à l’inspecteur toute l’assistance possible dans l’exercice de ses attributions et de lui fournir les renseignements qu’il peut valablement exiger. (section 20.(5))

Le projet de loi C-36 donne aussi à Santé Canada le pouvoir de prélever des pénalités criminelles pour ce qui n’est ni plus ni moins des allégations de violations de règlements départemental. La seule chose qu’une personne a à faire pour commettre une «violation» est de contrevenir à un «ordre» bureaucratique. Que la violation soit non-intentionnelle ou qu’aucun dommage n’ai été causé à personne n’importe plus. C’est le fondement de notre système judiciaire qui est jeté par la fenêtre. La présomption d’innocence est changé en présomption de culpabilité jusqu’à preuve du contraire et les principes de l’état de droit qui nous protègent contre les confiscations arbitraires de nos biens et propriétés par gouvernement disparaissent soudainement. Les personnes accusées de violations règlementaires et présumées coupables ne pourront plus se prémunir des deux défenses légales de base, soit le plaidoyer de diligence raisonnable et de croyance erronée mais sincère.

Les agents gouvernementaux pourront ainsi confisquer ces biens et propriétés et les garder pour un temps indéterminé ou même dans certains cas les détruire, sans ordre spécifique de la cour et sans avoir à les déclarer. Tout cela à vos frais. Si vous êtes jugé coupable de violations aux règlements bureaucratiques par des agents du gouvernement, qui conservera les biens et propriétés confisqués? Ce même ministère gouvernemental. N’y a-t-il pas conflit d’intérêt important ici?

À la lumière de toutes ces informations, est-ce que vous vous sentez plus en sécurité que:

-l’État puisse abolir la loi sur les droits de passage sur votre propriété?

-l’État puisse obtenir un mandat pour entrer dans votre domicile sans évidence de crime?

-que le gouvernement puisse saisir votre maison sans mandat et la conserver sans le déclarer à une cour de justice?

-que le gouvernement puisse détruire vos biens ou votre propriété sans ordre de la cour?

Selon l’avocat constitutionnel Shawn Buckley, il s’agit de la pièce de législation la plus dangereuse qu’il n’ait jamais vu, et avec raison. Nous sommes dans un nouveau paradigme où nous ne pouvons plus assumer que le gouvernement protégera nos droits et libertés.

Je vous invite à voir cette éloquente présentation de cet avocat canadien qui explique comment le gouvernement passe des lois pouvant limiter la liberté des gens. (En anglais, mais l’essentiel des informations sont reproduites dans ce billet).

François Marginean

Partie 1

Partie 2

Image Flickr: archer10 (Dennis)

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Un gouffre représentatif

3x4Il y a bien longtemps que je n’ai pas effleuré un thème qui m’est pourtant cher, soit la souveraineté du Québec. Je pourrais l’expliquer sommairement par le seul fait que sur le web il n’y a pas grand monde à convaincre, parce que s’y trouver démontre bien qu’on est dans une dynamique active, et donc peut-être moins indécis politiquement. Enfin, personne ne m’a jamais dit ouvertement que je l’avais convaincu de regarder la souveraineté du Québec comme une avenue possible et souhaitable.

Pourtant, à regarder l’actualité, je ne cesse de me dire que ci et que ça est une bonne raison, que de vivre dans un pays à nous serait une tout autre expérience : qu’on cesserait au moins de blâmer les autres quand il y a des problèmes et qu’on se retrousserait sûrement plus les manches. Optimisme quand tu nous tiens! Mais bon, entre le statu quo où on est vivant (dans son sens le plus neutre) et un pari dont le résultat n’est, par définition, aucunement garanti, il y a une tendance tout à fait normale vers le premier choix. Et c’est là où l’appui à la souveraineté, qui se situe toujours grossièrement entre 30 et 40%, est impressionnant.

Mais pour revenir au ci et au ça, la lecture du dernier sondage Léger Marketing fait bien ressortir comment nous sommes mal représentés à Ottawa. Avec 12% d’appui populaire au Québec, le parti conservateur se retrouverait à peu près au même point que l’ADQ… si le ROC ne faisait pas partie du calcul. Étant donné que la souveraineté du Québec ne m’effraie pas, je suis capable de faire la soustraction : on n’aurait pas quelqu’un de la trempe de Stephen Harper à la barre si c’était autrement. Et je ne parle même pas de Jean Charest

Je vous invite à poursuivre votre lecture du côté de Pierre Bluteau qui expose deux autres bonnes raisons de faire l’indépendance.

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Gesca et autres divertissements stercoraires

La saison des divertissements a commencé avec ce cafouillage des élections de novembre qui n’ont pas donné a Harper la majorité qui lui permettrait de remanier l’équilibre social canadien et de résoudre la crise en en faisant le poids aux travailleurs, rentiers et autres péquenots.  Il fallait vite reprendre ces élections et obtenir cette  majorité, mais comment ?

Quelle muleta agiter devant le taureau PLC de Dion, tellement vache que l’on ne sait plus comment l’exciter ? Le bal des menus plaisirs a d’abord présenté un scherzo, un badinage de Harper sur le thème de la suppression de la contribution de l’État au financement de partis politiques. Son grand aria: « Dites, ça vous plairait que je vous les coupe ? » a eu un succès bœuf.

La grosse bête s’est finalement ressaisie – on a dû lui chuchoter à l’oreille – et a même trouvé un stratagème – une  Coalition – qui lui aurait permis d’encorner son tortionnaire. L’instinct de comédien étant cependant plus fort en elle que celui de bagarreur, elle ne l’a pas fait; elle s’est juste empressée d’en parler, permettant au matador Albertain de faire une véronique et d’éviter la charge.  C’est là qu’on s’est tristement amusé.

Le plus tristement amusant  a été la nuée de mozos et peones de l’écurie Gesca, se précipitant dans l’arène pout distraire l’animal et animer le public.  Si jamais le jupon d’une presse à ses ordres a dépassé de la robe de l’Establishment, c’est bien cette  fois-ci où, pendant deux jours, tous les chroniqueurs  et journalistes de Cyberpresse ont été appelé à la rescousse pour venir dire du mal de la Coalition.

Chacun l’a fait en fonction de son talent, parois avec humour, parfois en apportant un argumentaire, mais ils ont tous payé leur tribut. Ceux qui n’ont pas de talents on fait ce qu’ils ont pu. Le texte de Lysianne Gagnon sort du rang.

 http://www.cyberpresse.ca/opinions/chroniqueurs/lysiane-gagnon/200812/01/01-806248-un-putsch-rien-de-moins.php

Ca vaut le détour.  Vous y apprendrez que l’addition est une fiction mathématique, que l’on peut ne pas être dans un coalition, mais en faire intégralement partie et que l’approche économique d’un gouvernement ne peut pas créer des situation assez graves pour justifier un putsch. Tant pis si vous crevez de faim ! On vous rappelera que Layton a été rejeté par 82 % des électeurs et ne peut donc pas être ministre, sans vous dire pourquoi Harper pourrait être chef du gouvernement, alors qu’il a été lui aussi rejeté par une vaste majorité (63%) des memes électeurs

 Comme il n’y a pas de mal don’t quelque bien ne sorte, Dame Gagnon nous apprend cependant qu’un “deputé conservateur”  a infiltré une conférence téléphonique du caucus néo-démocrate… Et vlan pour l’éthique et la simple courtoisie. On se sent fier d’être Canadien.

Le mythe de la liberté rédactionnelle dans les médias propriétés de milliardaires ne s’en remettra jamais. On sait désormais que, si les circonstances l’exigent, tous les journalistes de Gesca monteront aux barricades pour défendre la vision du monde de Paul Desmarais.   Ce qui force a se poser la question du bien fondé d’une politique qui permet la concentration des medias entre les mains de quelques individus, dont les intérêts ne sont pas toujours ceux du monde ordinaire. A revoir.

Les médias peuvent être des fauteurs de désordre sérieux, car pendant que Cyberpresse déblatère contre la Coalition, les médias anglophones eux s’en donnent a cœur joie contre les « Trois Québécois » ( Dion-Layton-Duceppe) .. et contre tout ce qui est Québec en général. On est dans le stercoraire, mais on rigole.

 Une meilleure blague encore a été la mise en veilleuse du parlement, alors qu’une majorité des parlementaires  avaient déjà annoncé que la gouvernement avait perdu leur confiance.  « Tactique de république de bananes » disent unanimement les médias américains.  On s’amuse bien…  Quelle serait la situation si une majorité de députés se réunissaient où que ce soit –  un Jeu de Paume, de préférence, mais n’importe quel aréna ferait l’affaire –  persistaient et signaient,  demandant respectueusement a Sa Majesté de dissoudre ce parlement ? 

 Évidemment, ce n’était pas le but initial cherché, mais le souffleur ayant bousillé les répliques, la réponse de Sa majesté aujourd’hui serait édifiante.  Si elle accédait a cette demande, elle établirait que la décision d’interrompre les travaux parlementaires à la demande de Harper était injustifiée. Si elle la rejetait, elle mettrait fin  à la fiction d’une monarchie constitutionnelle. Des années de plaisir…

Pendant ce temps Harper prépare sa future  campagne électorale –  qui se fera sur le dos des Québécois – et il a encore eu le temps de faire imploser la Coalition en semant la zizanie.  Ainsi, le candidat libéral à la chefferie Manley, dont Harper  s’était assuré la complaisance en lui confiant  un « important mandat », vient de lui retourner l’ascenseur en condamnant la démarche de Dion de l’intérieur même du parti Libéral, ce qui devrait mettre fin a la Coalition et garantir la victoire de Harper….

Grand  Capital 1, Peuple 0.   La fête continue. Marrez vous bien, et essuyez la cuvette.

 

Pierre JC Allard 

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Jean charrie!

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J’avais bien l’intention de rester au Québec pour discuter élection en pianotant sur mon clavier pour vous, mais même ici c’est la crise fédérale qui prime, bien évidemment. Ainsi, allons-nous voter au final pour le parti qui a le mieux réagi à cette crise? Et ce n’est presque pas une blague!

Alors, il est bien amusant de voir Jean Charest tenter de calmer le jeu au sujet de la montée du « Quebec bashing » dans le ROC à cause de la crise à Ottawa. Et c’est bien normal, car cela déroge de son agenda qui répète inlassablement « économie », « économie »…

Pourtant, le fait que les regards sont tournés vers là-bas lui permettrait de faire son petit bonhomme de chemin sans trop se faire remarquer en direction du 8 décembre. Alors, pourquoi s’égosille-t-il? Par excès de logique, parce qu’il le faut bien? Parce qu’il a peur que tout cela dérape en crise constitutionnelle, ce dont il a peur comme un chat a peur de l’eau! Doutons quand même qu’il puisse y faire quoi que ce soit. Notre Patapouf n’est surtout pas un contrepoison en soi!

À mon avis, il est même coupable de tenir un double discours :

Selon lui, l’unité canadienne n’est pas en cause dans la crise à Ottawa. «L’instabilité» n’est pas au Canada mais au gouvernement fédéral, a-t-il précisé.

Ce qu’on entend, c’est que le « Quebec bashing » est généralisé, c’est-à-dire, pas seulement au niveau du milieu politique. Même au Québec, bien des citoyens fédéralistes en beurrent pas mal épais sur le dos de Gilles Duceppe qui avoue simplement préférer faire affaire avec les Libéraux et le NPD, rien de plus. Le Bloc n’est pas qu’un parti souverainiste, s’il faut le répéter!

Et Johnny brandit l’unité canadienne comme si c’était un des éléments basiques de l’univers! L’instabilité est au gouvernement ET visiblement dans les réactions. Ce n’est pas une partie de hockey, un divertissement qu’on regarde en se gavant de croustilles. Est-ce que le chef du PLQ serait en train de dénigrer l’importance de la politique dans la vie des gens? Le pas est en tout cas facile à faire.

C’est pas grave, laissez-faire, je m’occupe de tout!

Le cynisme en politique a maintenant un nom.

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La tentative de putsch de Stephen Harper

Ottawa est en crise, dit-on dans les milieux bien informés. Nous devrions plutôt dire que le parti conservateur, au pouvoir, est en crise. Je n’ose imaginer un seul instant que la population lui eut accordé sa confiance en élisant son chef à la tête d’un gouvernement majoritaire. Coup d’état, clament les caciques du parti, contre un gouvernement légitiment élu. Je serais porté à répondre : coup d’état d’un gouvernement contre sa population qui lui a signifié, par son vote, qu’il ne devait pas se comporter comme un gouvernement suffisant, imbu de lui-même, cynique et au-dessus de la volonté populaire. Le Devoir écrit : « Si le Bloc n’avait pas empêché le Parti conservateur de former un gouvernement majoritaire le 14 octobre, les mesures ahurissantes que James Flaherty a annoncées dans son énoncé économique de la semaine dernière auraient eu force de loi. Les dommages causés à la société canadienne auraient pu être incalculables ».

Une crise qui fait rougir les conservateurs !

Une crise qui fait rougir les conservateurs !

Selon un stratège conservateur, la présente situation n’est rien de moins « qu’une attaque contre le Canada, une attaque contre la démocratie, une attaque contre l’économie ».

Au Québec, nous sommes en période électorale. Jean Charest ne pouvait résister à la tentation, tant il s’en satisfait, de reprendre à son avantage cette crise d’Ottawa pour maintenir la position qu’il défend depuis le déclenchement des élections : il est important d’élire un gouvernement majoritaire. « Ce qui se passe à Ottawa, ça prouve que ça prend un gouvernement stable, surtout dans une période de turbulence économique. Ça prouve clairement que ça prend un gouvernement de stabilité, ça n’a pas de sens », répète Jean Charest à qui veut l’entendre. Ce que ne dit pas monsieur Jean Charest est que son vœu traduit une volonté de n’en faire qu’à sa tête, une fois élu. Au sein d’un gouvernement majoritaire, il faudra vivre pendant quatre ans avec les décisions d’un gouvernement, jadis réputé arrogant, sans pouvoir remettre en question aucune d’entre elles.

Au-delà du comportement indigne de Stephen Harper et de son ministre des Finances, qui ont présenté un plan idéologique en lieu et place d’un plan de relance économique, au sein duquel les conservateurs réglaient de vieux comptes sortis tout droit des cartons alliancistes empoussiérés, ce qui fâche dans l’Ouest est de devoir faire reposer l’avenir du pays sur un vote prépondérant des vilains séparatistes du Québec. « Ce n’est pas le temps pour le Canada d’avoir un gouvernement non élu dépendant de l’appui des séparatistes du Bloc québécois », déclarait le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall. « Le Canada mérite beaucoup mieux », a soutenu Brad Wall. N’en déplaise à Wall, c’est surtout l’Ouest qui a soutenu Stephen Harper et c’est le Québec qui a fait en sorte que le Canada ne soit pas aux prises avec un gouvernement majoritaire.

Et les conservateurs n’ont rien d’autre à faire, face à la crise qu’ils viennent de provoquer, que de s’emmêler dans leurs cassettes en écoutant, enregistrant et diffusant une conférence téléphonique privée du NPD. En défense devant un geste aussi insensé, qui s’ajoute aux actions passées du parti lors de leur premier mandat, les conservateurs plaident qu’il n’était pas contraire à l’éthique d’écouter à la dérobée, d’enregistrer et de diffuser aux médias des délibérations privées du NPD.

Pendant ce temps, les chefs d’opposition à Ottawa se sont réunis et ont procédé à des négociations pour la mise en place d’un gouvernement de coalition. Rien n’est plus déplaisant aux yeux de plusieurs observateurs que d’envisager un Stéphane Dion occupant la fonction de Premier ministre du Canada. Autant l’Ouest rejette un appui des vilains séparatistes du Québec, autant le Québec, dans un sondage de la Presse, rejette l’idée de voir Dion occuper cette fonction.

Selon les termes d’un accord intervenu entre les trois chefs d’opposition, de nouveaux crédits seront déployés pour des projets municipaux. La loi sur l’assurance-emploi sera amendée pour permettre de créer une caisse autonome qui s’autofinancera. Les chômeurs bénéficieront à nouveau de leur prestation, les deux semaines de carence étant abolies. Les réductions d’impôt aux entreprises ne seront pas annulées. Les fonds des agences de développement économique régional et les 45 millions de dollars supprimés en culture seront restaurés. La coalition n’imposera pas la taxe sur le carbone, si chère à Stéphane Dion.

Le Bloc québécois ne sera pas représenté au sein de l’équipe ministérielle de la coalition. Jusqu’au 30 juin 2010, le Bloc s’engage à ne pas déposer de motion de censure et à ne pas appuyer celles qu’une opposition conservatrice pourrait présenter. Beaucoup de choses ont été dites sur cette nouvelle alliance circonstancielle. Le Bloc pouvait-il exiger des libéraux qu’ils choisissent un autre chef que Stéphane Dion, le politicien le plus impopulaire au pays, qui vient tout juste de mener son parti à la pire défaite de son histoire ? Les trois aspirants à la direction du PLC, Dominic LeBlanc, Michael Ignatieff et Bob Rae ont salué cette décision de façon unanime. La population canadienne jugera aux prochaines élections cette décision du Parti libéral de ne pouvoir, dans les circonstances, proposer un chef qui soit à la mesure des attentes des électeurs, qu’ils soient de l’Ouest ou du Québec. Pour l’heure, « il faudra faire avec », comme diraient nos ados.

Dans la présente situation, que vit le Canada, il est inutile de monter aux barricades et de s’inspirer des dictatures, comme n’a pas hésité à le faire Lysiane Gagnon, de La Presse : « Les putsch se justifient sous les dictatures ou dans des situations d’une gravité inouïe. Pas parce qu’on n’aime pas l’approche économique du gouvernement ». Fort heureusement que la chroniqueure de La Presse émet une opinion personnelle et non un avis en droit constitutionnel. Il faut se rappeler cet acte de foi du propriétaire de Power Corporation, monsieur Paul Desmarais : « Notre position est connue : nous sommes fédéralistes. Ça nous a valu des conflits très durs. Au final, on est arrivé à un compromis : je ne dois pas intervenir dans le journal. Le point de vue des séparatistes peut apparaître, mais la ligne éditoriale est fédéraliste. Il n’y a pas d’ambiguïtés. Si le Québec se sépare, ce sera sa fin. Moi, je suis attaché à la liberté et à la démocratie ». Élus selon les mêmes règles, les députés bloquistes ont la même légitimité que les députés conservateurs.

« Notre régime politique est un régime parlementaire, et non un régime présidentiel », rappelle Bernard Descôteaux, du Devoir. Pour ma part, j’incline à penser que le putsch vient de Stephen Harper qui a tenté, sous le fallacieux prétexte de redressement de la situation économique, d’imposer un agenda de droite, malgré le rejet de la population canadienne.

Celui qui a le plus à craindre est Stephen Harper lui-même. S’il devait être vraiment chassé du pouvoir, comme un malotru, en raison d’un vote de confiance, le parti conservateur ne lui pardonnera pas ses bévues et son caractère fantasque. La sérénité bien artificielle du PC replongera rapidement dans les abimes des années 1960 et des luttes de pouvoir internes. Harper l’aura bien cherché.

Les conservateurs ont beau se draper dans les principes de la démocratie, cette tentative de putsch à l’égard du parlement en imposant un déni du droit de grève des fonctionnaires et en éliminant le remboursement des partis politiques illustre ce qu’aurait pu être un gouvernement majoritaire conservateur. James Moore, ministre du Patrimoine canadien et des Langues officielles, devrait s’imposer un examen avant de clamer haut et fort que les séparatistes veulent prendre le bureau du premier ministre. James Moore, comme certains journalistes proches du beau pays de Paul Desmarais devrait songer au fait que Harper pourrait proroger la session pour gagner quelques semaines ou même replonger le pays en élections générales.

S’agissant des élections au Québec, qui des électeurs peut dire en quoi consisteront les mesures de redressement de l’économie de Jean Charest ? Donner un gouvernement majoritaire à Jean Charest, sans connaître au préalable son plan de redressement, équivaut à voter à l’aveuglette en souhaitant qu’il n’y ait pas trop de dommages collatéraux pour les quatre prochaines années.

Pierre R. Chantelois

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