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Le dollar US mûr pour une dévaluation catastrophique

L’état de  « réserve mondiale »  de la monnaie américaine a créé une demande sans précédent pour le dollar, mais ce faisant, il a aussi créé une surabondance de titres obligataires du Trésor détenus par les banques centrales étrangères et une dette nationale impossible à rembourser aux États-Unis. La combinaison de découpler le dollar de l’étalon-or en tandem avec obtention de l’avantage d’être devenu la réserve mondiale a permis au gouvernement américain ainsi qu’aux banquiers centraux de créer la monnaie fiat la plus précaires et illusoire de l’histoire.

Pourquoi toutes ces histoires sur l’étalon-or? Cela, nous explique Michael Rivero de WRH,  remonte aux Pères fondateurs d’origine et la signification du mot «dollar». Un « dollar » est en fait une mesure du poids de l’argent, soit 371,25 grains, pour être exact. Les dollars américains en argent sont en fait plus lourds, car d’autres métaux ont été ajoutés pour atteindre plus de durabilité. Mais ce 371,25 grains d’argent ÉTAIT le dollar, correspondant au poids d’unités monétaires acceptées remontant une chaîne ininterrompue jusqu’au Dollar espagnol blanchi, le Daller néerlandais, ainsi que le Thaler allemand, qui étaient le produit d’une mine d’argent ayant vendu ses produits sous forme de pièces d’un poids exact. La loi sur la monnaie de 1792 a défini le dollar US pour correspondre exactement au poids d’un dollar en argent utilisé dans le monde et a ensuite défini le dollar en or équivalent à cette quantité d’or qui serait égale à la valeur de l’argent dans un dollar en argent, soit 24,75 grains, ou 1/15 du poids d’argent dans un dollar en argent.

Un dollar US en argent                                                          Un dollar US en or (même échelle)

Alors, quel est le problème avec cela? Il n’y a pas vraiment de problème. Lorsque vous, en tant que citoyen, possédez un dollar en argent ou un dollar en or dans votre main, vous avez cette valeur réelle en métal. Le gouvernement ne peut rien faire pour changer la valeur de l’argent sous votre contrôle.

Prenez le Denarius romain en argent de la photo ci-dessus par exemple. L’Empire romain est depuis longtemps révolu, mais l’argent que Rome a émit possède encore de la valeur parce que les pièces elles-mêmes avaient une valeur intrinsèque. Longtemps après l’effondrement de l’empire, des pièces d’argent romaines étaient encore utilisées comme monnaie, parce que l’argent dans la pièce elle-même ne dépend pas de l’émission du gouvernement pour avoir une valeur.

Bien entendu, transporter trop de pièces peut être gênant, alors plusieurs nations, y compris les nôtres, ont émit des notes de papier pour plus de commodité. Mais ce papier-monnaie imprimé par la nation n’était que pour la commodité. Les certificats d’or et d’argent n’étaient que des « bons de revendication » pour l’équivalent en poids d’or ou d’argent détenues dans le Trésor, et qui devait être remis à la demande lorsque le certificat était présenté. Mais en fin de compte, le dollar légitime des États-Unis valait 371,25 grains d’argent, ou 24,75 grains d’or.

Le problème avec ce système du point de vue du gouvernement ou des banques est qu’il limite la quantité d’argent avec lequel ils peuvent travailler. Lorsque la banque vient qu’à manquer d’argent ou d’or (ou de certificats équivalents), elle ne peut plus prêter d’argent sur lequel elle peut encaisser des intérêts. Lorsque le gouvernement est à court d’or ou d’argent (ou de certificats équivalents), il ne peut plus dépenser d’argent (tout comme le reste d’entre nous).

L’effet immédiat de mettre fin à l’étalon-or est que le dollar-papier ne dépend plus juridiquement des 371,25 grains d’argent ou 24,75 grains d’or; alors davantage d’argent papier (maintenant appelé «Federal Reserve Notes ») peut être imprimé, leur valeur réelle n’est plus sous le contrôle des citoyens, mais sous le contrôle de la banque centrale émettrice, basé sur le nombre total de dollars imprimés (ou créé en tant que lignes de crédit) divisé par la valeur estimée des actifs de la nation. Plus il y a de dollars qui sont créés à partir de rien, moins vaut chacun d’entre eux.

Un billet du gouvernement.

L’escroquerie du système est simple. La Federal Reserve Bank (ou toute autre banque centrale occidentale) engage le Trésor américain pour imprimer de l’argent. La Réserve fédérale ne paie le trésor public que le coût d’impression, ils ne paient pas 1 $ pour chaque 1 $ imprimé. Mais la Réserve fédérale fait demi-tour et prête cet argent (ou ligne de crédit) aux banques au niveau de leur valeur nominale. Ces banques qui ont épuisé leurs dépôts prêtent alors cet argent fiat aux gens comme vous, et vous devez rembourser la valeur en dollars complet (plus intérêts) avec le produit de votre travail, même si la Réserve fédérale a imprimé cet argent pour quelques cents seulement, ou simplement créé de toute pièce dans un ordinateur.

Comme la Réserve fédérale (ou toute autre banque centrale occidentale) imprime toujours plus d’argent, cela gonfle la masse monétaire, ce trop d’argent commence à courir après trop peu de biens et services, ce qui signifie que les prix montent. Mais contrairement à la charade mis sur pied par la Réserve fédérale, l’inflation ne se contente pas d’aller et venir à cause de la sorcellerie des arcanes. La Réserve fédérale peut mettre fin à l’inflation chaque fois qu’elle le désire, simplement en fermant les presses à imprimer. Il s’ensuit donc que l’inflation et les récessions sont entièrement sous le contrôle de la Réserve fédérale (ou toute autre banque centrale occidentale). Cela signifie que le cycle de l’inflation et de la récession est intentionnel; un gigantesque battement de coeur qui pompe les certificats de papier hors de la classe ouvrière, tout en pompant la vraie richesse à l’intérieur pour les propriétaires des banques.

Ceci est une manière de comprendre l’inflation. Il y en aura une autre, assez surprenante, la semaine prochaine, alors que je vous présenterai une entrevue exclusive avec John Turmel sur l’émission L’Autre Monde.

Le dollar en danger d’effondrement

Le débat à savoir si les États-Unis et le reste du monde vont connaitre une période intense d’inflation ou de déflation fait rage depuis près de trois ans. Mais je crois que quand tout sera dit et fait, nous constaterons que les deux sont, dans un sens, corrects. Les gens qui manquent toujours la marque sur ce qui se passe vraiment dans l’économie sont ceux qui insistent aveuglément que c’est soit un ou l’autre. Le fait est que nous assistons à des symptômes de déflation et d’inflation en même temps. La déflation des emplois, des stocks, de l’immobilier, et les salaires. L’inflation dans l’énergie, la nourriture et des matières premières. Au fond, nous assistons au pire des deux mondes qui entrent en collision pour créer une mutation financière, une aberration du processus naturel de l’offre et la demande. Notre économie est devenue un monstre Frankenstein embarqué dans la destruction de ses bienfaiteurs; les citoyens américains. Toute personne qui prétend le contraire est soit un menteur, ou un fou. (Source)

Malheureusement, la force du dollar américain est en déclin et bord de l’effondrement pur et simple. Il en fut question au cours des deux dernières années au moins. Les signes se sont emmêlés dans le brouillard qu’engendre les médias de masse, mais maintenant, l’image devient claire. Est-ce que le crash du dollar est pour demain? C’est difficile à dire. Ce qui est certain, c’est que tous les éléments nécessaires à une dévaluation catastrophique du dollar sont maintenant en place. C’est-à-dire qu’il n’y a plus rien pour empêcher une baisse constante et brutale du billet vert au cours des six prochains mois ou plus. Voici les nombreux signaux qui indiquent qu’un tel événement est proche:

– Les États-Unis vont se lancer dans une nouvelle vague d’assouplissement quantitatif sans précédent qui aura pour effet de complètement diluer la valeur du dollar américain.

La guerre des devises est déclarée. Les États-Unis accusent la Chine et d’autres pays de manipuler leur devise, mais la réalité est que les plus grands manipulateurs sont probablement les États-Unis eux-mêmes qui ont perdu le contrôle de leur monnaie de papier. Aucun pays n’en veut et ces derniers commencent d’ailleurs à faire leurs échanges commerciaux bilatéraux en devises nationales au lieu d’utiliser le dollar américain.

– Le Dollar Index est en chute libre depuis plusieurs semaines, sinon mois, avec le dollar qui perd constamment de la valeur face aux devises étrangères. (Source 1,2,3)

– La Chine, le Japon, la Russie et Taïwan diminuent leur quantité de réserve de dollar américain, cessent d’acheter et donc de financer la dette américaine. La Chine s’est même positionnée pour faire en sorte qu’on abandonne le dollar américain comme réserve mondiale pour espérer faire en sorte que leur devise devienne la nouvelle réserve mondiale. (Source 1,2,3)

– Les États-Unis sont également en route vers un nouveau plan de sauvetage de l’ordre de trillions de dollars pour « sauver » une fois de plus les banquiers privés et surtout, une grande quantité d’états qui sont sur le bord du gouffre financier et de la banqueroute, états américains qui ont accumulé en deux ans seulement plus de 2,4 trillions de dollars en dettes municipales.

La dette publique des États-Unis se chiffre officiellement à $13,665,926,643,255 et en 2012, ils devront payer plus de $600 milliards en intérêts seulement sur cette dette! (Plus de détails ici)

Ce ne sont que quelques exemples, mais combien significatifs. Il y a certainement une confusion persistante entre les analystes sur ce que constitue l’inflation. Il n’en demeure pas moins que tout événement qui entraîne la dévaluation du dollar et une hausse des prix constitue de l’inflation. Cela ne signifie pas nécessairement que ce soit simplement une «surimpression» de l’argent de papier, bien qu’il soit évident qu’une surimpression de monnaie ait lieu derrière certaines portes closes. Le dollar peut être compromis de bien des manières, non pas seulement grâce à l’emballement de la création de monnaie fiat. Toute perte du statut de réserve mondiale se traduira par une dévaluation importante. Tout « dumping » de masse de Bons du trésor US par d’autres pays se traduira par une dévaluation importante. L’accumulation sans fin de dettes nationales sans l’appui de capitaux étrangers se traduira par une dévaluation importante. Tous ces problèmes sont actifs dans notre économie en ce moment. Le résultat final sera l’inflation et la déflation simultanée, et ils ne s’annulent pas!

La gravité de la crise monétaire à venir est une question cruciale. Selon les données, ce n’est plus une question de «si» mais de «quand» elle va se révéler complètement. Il ne s’agit pas d’hypothèses ici, mais bien d’éventualités. Le plus tôt que le public acceptera cela, plus vite nous pourrons affronter les problèmes de face.

François Marginean

(NOTE: Pour des pistes de solutions sérieuses, voir: John Turmel est l’invité de l’Autre Monde – Alternative à l’usure bancaire destructrice)

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Prohibition et cannabis

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Ils ne vous enseignent pas comment penser, ils vous enseignent quoi penser.

On écrivait récemment dans les journaux locaux que la production de cannabis ne s’essoufflait pas. On se félicite d’éradiquer des dizaines de milliers de plants de cannabis qui sont plantés dans les champs d’agriculteurs de la région et de saisir des centaines de kilo de cannabis en vrac, mais il demeure que le constat est décourageant pour eux: « On ne sent pas de baisse de la production sur notre territoire », a déclaré le coordonnateur de la Coalition Stop Cannabis et directeur général de la MRC de Nicolet-Yamaska, Donald Martel. « C’est pourquoi on souhaite mobiliser un maximum de personnes et d’organisations autour de cette problématique ».

L’objectif de la Coalition est de rendre le territoire hostile à la culture du cannabis, nous informe le journal local en question. Selon le directeur de la Coalition, plus les producteurs de cannabis subiront de répression et évolueront dans un milieu hostile à leurs activités, plus ils seront contraints de quitter le territoire. On fait appel à la population et la société en général pour « mettre l’épaule à la roue afin d’obtenir de meilleurs résultats ».

Mais voilà, devant tant d’effort et d’argent déployé sans réussir véritablement à décourager les « mariculteurs », n’y aurait-il pas lieu de questionner ses prémisses et interprétations à propos d’un problème perçu, particulièrement avec l’expérience acquise sur plusieurs décennies allant dans le même sens, démontrant que la guerre à la drogue ne va nulle part? Est-ce que notre expérience avec la prohibition de l’alcool, ayant eu cour aux États-Unis et au Canada il y a moins d’un siècle, fut concluante? Il ne faut pas une longue recherche pour trouver que la réponse est négative et qu’en fait, ce fut une vraie catastrophe. Les gens n’arrêtent pas pour autant de consommer ce qu’ils veulent et vont commencer à faire eux-mêmes leurs produits, ou les acheter d’autres sources, au risque et péril de leur santé et vie. De plus, en rendant une substance illégale, on ne fait que donner davantage de pouvoir et d’argent au crime organisé tout en poussant inévitablement les consommateurs dans leurs bras.

Si les résultats de la guerre contre la drogue sont médiocres, serait-ce parce que quelque part, il y a un problème fondamental avec la perception du dit « problème » et les solutions qui s’y rattachent?

Une guerre à la drogue qui s’apparente à la chasse aux sorcières

Avez-vous déjà remarqué que tout ce à quoi les gouvernements et autorités font la guerre se détériore davantage? Pensez à la guerre contre la pauvreté, la guerre au terrorisme, celle contre la prolifération des armes nucléaires, ou encore la guerre contre le crime organisé. La guerre à la drogue ne diffère en aucun point en ce qui a trait aux résultats: aucune de ces guerres n’a atteint son objectif; bien pire, la situation s’est détériorée chaque fois. Plus on y investit d’argent et qu’on augmente le niveau de répression, plus la situation se dégrade. N’y voyez-vous pas un pattern, une tendance?

La réalité est que vous n’allez jamais arrêter quoi que ce soit avec un accroissement de répression et à grand coup de prohibition. Al Capone et Seagram de la famille Bronfman sont devenus riches exactement parce que nos gouvernements avaient décrété la prohibition de l’alcool. La même chose aujourd’hui se poursuit avec la prohibition de la drogue et dans le cas qui nous intéresse ici, le cannabis.

En 1991, un éditorial dans le British Journal of Addiction condamnait la quantité effarante de ressources dévouées pour faire appliquer les lois sur la drogue et comparait la guerre à la drogue à la chasse aux sorcières d’antan.

C’est une bonne comparaison puisque les guerriers de la drogue autour du monde sont plus influencés par des mythes, stéréotypes et propagande que par de solides évidences. Et lorsque confrontés par des évidences qui entrent en conflit avec les mythes, stéréotypes et propagande de la guerre à la drogue, les guerriers cherchent à les enterrer plutôt que d’en prendre compte. (Source: The Vancouver Sun)

Le Projet Cocaïne 1995, un effort conjoint de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Institut inter-régional de recherche sur les crimes et la justice des Nations Unies, en est un parfait exemple.

Le Projet Cocaïne 1995

Si vous n’avez jamais entendu parlé du Projet Cocaïne 1995 depuis qu’il a été complété, il y a de cela quatorze ans, c’est parce que l’OMS n’a jamais cru bon le publier ni même d’admettre son existence. Ce n’est que tout récemment que le rapport fut publié par le Transnational Institute, un groupe d’idéologues politiques basé en Hollande. Cette étude sur l’utilisation de la cocaïne était la plus grande du genre conduite, réalisée à l’échelle globale, de l’Australie au Zimbabwe.

Il suffit de jeter un regard sur les conclusions et recommandations de l’étude pour comprendre pourquoi elle a été gardée loin de l’attention du public durant quatorze années.

Par exemple, le rapport condamne la « trop grande dépendance envers les mesures policières » et recommande que des programmes « d’éducation, de traitement et de réhabilitation » soient plus nombreux pour balancer de nouveau notre approche à la problématique de l’utilisation des drogues. On peut se demander si l’utilisation abusive de la force policière et de l’État n’est pas un peu le résultat d’avoir enterré ce rapport qui n’avait encore jamais vu le jour jusqu’à aujourd’hui.

On peut être en désaccord sur la meilleure manière de gérer l’abus des drogues, mais les faits sont une tout autre chose. Ce qui a le plus ennuyé les guerriers de la drogue n’était pas les recommandations, mais bien le fait d’énoncer des faits dérangeants en ce qui a trait aux effets de l’utilisation de la cocaïne. Le rapport indique « que les problèmes de santé reliés à l’utilisation de substances légales telles que l’alcool et le tabac sont supérieurs que ceux occasionnés par la consommation de cocaïne ».

Comme si cela n’était pas suffisant, on peut lire dans ce rapport que « peu d’experts décrivent la cocaïne comme étant invariablement dommageable pour la santé », et que les problèmes « sont principalement limités aux utilisateurs qui en font de hautes doses ».

Bien sûr, « typiquement, l’utilisation occasionnelle de cocaïne ne mène pas à des problèmes sévères ni mineurs tant au niveau physique que social… une minorité d’individus commencent à utiliser la cocaïne ou de ses produits dérivés, l’utilise de temps à autre sur une courte ou longue période de temps et n’en souffre que peu ou pas de conséquences négatives, même après des années de consommation ». (Source: The Vancouver Sun)

Le rapport va jusqu’à mentionner que l’utilisation des feuilles de coca remplissent des fonctions positives thérapeutiques, sociales et sacrées pour les populations indigènes des Andes qui les ont utilisées depuis des milliers d’années.

L’auteur du Vancouver Sun posait une réflexion importante en guide de conclusion de son article:

Maintenant, peu importe comment politiquement correctes sont les conclusions du rapport, soit qu’elles sont correctes ou incorrectes. Si elles sont incorrectes, elles doivent être rebutées vigoureusement; mais si c’est le contraire, elles doivent informer notre politique concernant la drogue.

Mais au lieu de cela, l’OMS a enterré le rapport, largement dû à la pression des États-Unis.

Le cannabis et le chanvre, une plante ancestrale

Tous les historiens, archéologues, anthropologistes sont d’accord pour dire que le cannabis est une des plus anciennes plantes que l’humanité ait cultivé. Nous avons commencé à enfiler des fibres de chanvre il y a 10 000 ans, approximativement à la même période que les débuts de la poterie et avant les débuts de l’utilisation du métal. On a même découvert du cannabis enterré avec son défunt propriétaire dans une tombe en Chine, datant de 2 700 ans.

La fibre de chanvre est si résistante et la plante si facile à cultiver qu’elle fut utilisée autant pour la fabrication du papier, des vêtements, cordages, voiles de bateau, sans compter les multiples propriétés médicinales de la plante en soi. Nous savons que si nous n’utilisions que de la fibre de chanvre pour produire le papier, nous n’aurions presque plus besoin de couper nos forêts puisque le cannabis pousse très rapidement, pratiquement partout et à bon marché. Sans chanvre, probablement que les empires britanniques, français, hollandais, portugais, espagnols et chinois n’auraient pu explorer le monde, et les Amériques appartiendraient encore au Amérindiens.

Le cannabis versus la cigarette et l’alcool

Il serait possible de comparer la nocivité et dangerosité de différentes substances en étudiant les statistiques officielles les concernant. Il n’y a jamais eu de décès relié directement à la consommation de cannabis. Les effets négatifs ne sont que temporaires et réversibles. Par contre, la cigarette et l’alcool, qui eux sont vendus légalement, causent beaucoup plus de dommages tout en nous coûtant énormément plus financièrement et socialement.

– L’alcool:

« …une des études publiées en appui à la prise de position estime que plus de 6 % des décès annuels chez les hommes sont attribuables à l’alcool (2 % pour les femmes).

En plus, une série d’impacts sociaux ont un coût mal estimé sur les finances publiques, selon les collaborateurs de The Lancet. La facture pourrait équivaloir à plus ou moins 1 % du PIB, donc plus de 15 milliards $ par année au Canada. Les frais s’accumulent : système de justice criminelle, productivité perdue, violence, perte de motivation pour l’école… » (Source: Le Soleil)

En 1999, il a été estimé par MADD Canada qu’au moins 1 247 décès sur la route sont attribuables à la conduite avec facultés affaiblies et qu’environ 243 000 véhicules motorisés ont été impliqués dans des incidents causant des dommages matériels au Canada.

– La cigarette:

Santé Canada a réalisée en 1998 sur les décès attribuables au tabagisme au pays. L’étude indique une hausse constante de la mortalité depuis 1989. Le nombre de décès, évalué à 45 000 en 1996, a augmenté de plus de 2 500, passant à 47 581. Vingt-deux pour cent de tous les décès au Canada étaient attribuables au tabagisme (1998). (Source: Santé Canada)

Le cannabis, la prohibition – son origine et son efficacité

La prohibition de l’alcool est terminée depuis longtemps, mais celle qui frappe le cannabis, pourtant bien moins dommageable que l’alcool et la cigarette et ne créant aucune dépendance physique, se poursuit malgré tout. Le Comité spécial sur les drogues illégales du Canada a fait une révision de ses politiques et législations anti-drogues et a rapporté en 2002 que le cannabis n’était pas une porte d’entrée vers les drogues dures et qu’il devrait plutôt être traité comme étant dans la catégorie du tabac ou de l’alcool plutôt qu’aux drogues dures.

Cette politique archaïque nous coûte une fortune ($500 millions chaque année), fait perdre du temps précieux aux autorités, forces policières et cela engorge le système de justice inutilement. À cela s’ajoute le fait que le crime organisé hérite malheureusement du marché illégal et très lucratif ainsi créé. Cela résulte en un renforcement des criminels et des fléaux de plantations de cannabis dans les champs d’agriculteurs dont se plaignent tant nos camarades de la Coalition Stop Cannabis Nicolet-Yamaska.

On peut ainsi donc se rendre compte qu’on tourne en rond, causé par une profonde erreur de calcul dû à une incompréhension de la situation, de la réalité et de ce qu’on perçoit être un « problème ». On se butte à des mythes, préjugés, stéréotypes et de la propagande.

Le cannabis a été banni au Canada en 1923 sous la Loi sur l’opium et autres drogues, adoptée en 1911, suite à une campagne de diabolisation en règle des drogues. Depuis 1997, le cannabis est légiféré par la Loi réglementant certaines drogues et autres substances (LRDS). Officieusement, le cannabis est illégal au Canada. Cependant, une décision rendue par la Cour provinciale de l’Ontario le 13 juillet 2007 (R. v. Long), indiquait que les lois criminelles concernant la possession de cannabis sont inconstitutionnelles. La police de Toronto avait indiqué que rien ne changerait dans leur façon de traiter les cas de possession de cannabis pour les temps à venir, en dépit du jugement de la Cour. Pourtant, la possession de cannabis est légale au Canada selon Justice Edmonson de la Cour de l’Ontario dans le dossier de R. v. Bodnar/Hall/Spasic : « Il n’y aucune offense connue à la loi commise par l’accusé ». (Source)

Il est évident que si ce n’était de la pression énorme des États-Unis, le cannabis serait fort probablement déjà décriminalisé au Canada. Mais il ne faut pas oublier les puissants lobbys des corporations qui façonnent souvent nos politiques gouvernementales et nos politiciens qui en sont devenus des acquisitions au fil des ans. À l’origine de la prohibition du cannabis et du chanvre – le chanvre qui était pourtant extrêmement utilisé et populaire à l’époque – se trouve des intérêts financiers. Certains attribuent les pressions pour la prohibition et criminalisation du chanvre à la compagnie DuPont, en 1937, à travers des intermédiaires privés et gouvernementaux. Le but aurait été d’éliminer le chanvre comme source de fibre, un des marchés les plus lucratifs de DuPont  de l’époque. Le papier fait de chanvre menaçait le monopole de DuPont sur les produits chimiques pour fabriquer le papier à partir d’arbres et le Nylon, une fibre synthétique, sera brevetée la même année que le chanvre sera rendu illégal. La compagnie a toujours dénié ces allégations. (Source)

Histoire du chanvre au Canada – 1922-1923: La folie de la marijuana

Jusqu’aux années 20, les extraits de cannabis étaient utilisés dans des médicaments brevetés pour traiter près de vingt maladies. Au cours de cette période, trois États américains avaient interdit le cannabis et ce, sans expertises scientifiques. Ces lois furent mises en place pour intimider et déporter les groupes minoritaires (hispaniques, noirs) qui consommaient des drogues différentes de celles prisées par la population de souche européenne.

Ces lois racistes et non-fondées ont fait leur chemin au Canada avec l’aide du magazine Maclean’s qui, au début des années 20, publia une série d’articles sur le commerce de drogues illicites au Canada. Ces articles furent écrits par Mme Emily Murphy sous le pseudonyme Janey Canuck et furent plus tard compilés dans un livre intitulé The Black Candle. Mme Murphy fut la première femme juge en matière criminelle au Canada et fut également chef de l’Ordre d’Orange d’Ulster (Irish Orange Order), un groupe religieux qui voulait à cette époque une race canadienne blanche et pure.

Les articles de Mme Emily Murphy étaient biaisés et sensationnalistes. Dans un des chapitres, un chef de police d’un comté de Los Angeles est cité ainsi:

Les personnes utilisant ce narcotique fument les feuilles séchées de la plante, ce qui a pour effet de les rendre complètement démoniaques. Les personnes qui s’adonnent à cette drogue perdent toute morale et tout sens de responsabilité. Les consommateurs sous l’influence de cette drogue sont immunisés contre la douleur. Dans cette condition, ils deviennent des maniaques fanatiques capables de tuer ou d’infliger à n’importe qui toutes les formes de violence imaginables, en utilisant les méthodes les plus sauvages sans jamais, comme mentionné auparavant, ressentir le moindre remords.

Lorsque The Black Candle (La Chandelle noire) fut publié en 1922, son principal objectif était de fausser l’opinion publique et de faire ainsi pression sur le gouvernement pour qu’il adopte des lois plus sévères contre la drogue. La GRC utilisa ce livre pour augmenter son pouvoir rendant par le fait même le cannabis illégal, sous le nom de marihuana, dans la Loi sur l’opium et autres drogues de 1923. (Source: Bloc Pot)

Une chose est certaine, c’est que nous pouvons observer si les résultats de la prohibition remplissent les objectifs supposés la justifier. Est-ce que la criminalisation du cannabis prévient son utilisation? Une étude menée par Don Weatherburn et Craig Jones en 2001, concernant la prohibition du cannabis qui existe sur la majorité du territoire australien, indique que la peur d’être mis sous arrestation, peur d’être incarcéré, le coût du cannabis ou sa disponibilité ne semble pas exercer beaucoup d’effets sur la prévalence de l’utilisation du cannabis, bien qu’elle puisse exercer un certain effet de frein dans la consommation des utilisateurs fréquents. (Source)

L’expérience et attitude d’autres pays face au cannabis

Plusieurs estimations variées place la valeur du marché du cannabis au Canada à plus de $7 milliards en ventes annuelles, ce qui représente deux fois plus que l’élevage de porcs et presque trois fois plus que ce que la culture du blé peut rapporter. Même l’industrie du bœuf y est inférieure avec ses $5,2 milliards générés annuellement.

En 2001, la vérificatrice générale Sheila Fraser a déclaré que le gouvernement fédéral déboursait près de $500 millions annuellement dans sa guerre contre le trafic de drogue. Environ 95% de ce montant va à l’application des lois anti-drogues et les deux tiers des 50 000 arrestations relatives à la drogue effectuées par an sont des offenses liées au cannabis. (Source: « A Case For Marijuana Inc.« – Maich, Steve, 2004)

Ceci représente beaucoup d’argent et d’effectifs pour une substance qui est bien moins dangereuse et toxique que la cigarette et l’alcool alors qu’on pourrait utiliser cet argent à meilleur escient, pour de l’éducation populaire, des cliniques d’aide, de prévention et de réhabilitation par exemple.

Bien que le Canada soit dans une position légale particulière par rapport à la possession de cannabis puisque la loi canadienne sur les drogues a été jugée inconstitutionnelle, il serait approprié de porter notre attention à ce qui se fait ailleurs.

Belgique

L’utilisation individuelle ou solo par des adultes reçoit la plus basse priorité par la police et le gouvernement, si l’utilisation ne cause pas de problème à leur environnement. Cela signifie en pratique que seule l’utilisation en public, la possession de plus de 3 grammes, ou la vente de cannabis sera punissable par la loi. L’utilisation en présence de mineurs est strictement défendue. La culture d’une plante femelle de cannabis pour consommation personnelle est décriminalisée.

Espagne

La consommation personnelle et la culture maison de cannabis a été décriminalisée. Vendre ou acheter demeure une offense criminelle, tout autant que la consommation ou la possession à des endroits publics. L’usage thérapeutique est permis et il est réglementé par prescription dans les hôpitaux.

Conclusion

La production de cannabis ne s’essoufflera pas de si tôt et tous ceux qui persistent à croire qu’ils participent à une divine entreprise en essayant d’éradiquer la culture de cannabis dans les champs des agriculteurs du Québec et en augmentant la répression n’ont malheureusement rien compris de la réalité et des tenant et aboutissants du problème perçu. Ils participent tous à la détérioration de la situation et leurs efforts sont en vain. Tant qu’on n’ira pas à la source du problème – la prohibition insensée et ridicule du cannabis –  on aura des réseaux du crime organisés forts et riches et des champs pleins de cannabis.

Pourquoi ne pas simplement décriminaliser officiellement la possession simple de cannabis et la culture de quelques plants pour consommation personnelle? Chaque dollar qui ne se retrouvera pas ainsi dans la poche du crime organisé en sera un de moins pour augmenter leur pouvoir; et probablement un autre de plus qui sera économisé en évitant de déployer nos forces policières et légales pour un problème qui n’en est pas véritablement un. Attention par contre, je ne parle  pas de légaliser, car il y a toute une différence et un pas que je ne souhaiterais pas franchir en légalisant une autre substance qui apportera encore plus de contrôle à l’État avec son lot de taxes. Il suffit seulement d’observer ce qu’ils ont fait de la cigarette et de l’alcool.

Pourquoi ne pas recommencer à cultiver à l’échelle provinciale et nationale du chanvre pour la fibre de papier et les vêtements? Cela nous éviterait de devoir couper nos superbes forêts québécoises et canadiennes. Nous pourrions le faire aussi pour l’utilisation des propriétés médicinales bien connue du cannabis que plusieurs compagnies pharmaceutiques commencent à considérer sérieusement.

« L’Histoire de la liberté est une histoire de la résistance. L’Histoire de la liberté est une histoire de limitations du pouvoir gouvernemental, non pas l’augmentation de celui-ci. » – Woodrow Wilson, Discours prononcé à New York, 9 septembre 1912

François Marginean

Image Flickr par Federacion de asociaciones cannabicas

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