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Les langues : derniers remparts de l’uniformisation culturelle?

Par Renart Léveillé

Le blogue Antagoniste publie de temps en temps des statistiques concernant le poids média des nouvelles au Québec et dans le ROC ainsi que des « Top 5 Twitter » des mots, noms et « hashtags » (mot-clic?) les plus populaires au Québec, au Canada, aux États-Unis et dans le monde. Mais je ne pointerai ici que la partie concernant Twitter.

Pour la semaine du 15 au 21 mars 2011, pour le Canada, les États-Unis et le monde, la première et la deuxième position sont, dans l’ordre, occupées par « Rebecca Black » et « #threewordstoliveby ». « Nate Dogg » est en troisième position pour ce qui est du Canada et des États-Unis et se retrouve en quatrième position dans la section « Monde ». « #supermoon » est en cinquième au Canada, quatrième aux États-Unis et troisième dans le monde. Les États-Unis et le monde partagent « #ificouldiwouldbringback » en cinquième position alors que cet « hashtag » ne se trouve pas dans le « Top 5 » du Canada, mais bien plutôt « #100factsaboutme », en quatrième position.

Pour ce qui est du Québec, les cinq positions sont occupées, en ordre, par « Lachute », « Ryan White », « Justin Trudeau », « Subban » et, finalement, « Jean Lapointe ». Comme vous pouvez le constater, il n’y aucune concordance avec le Canada, les États-Unis et le monde. Et si on regarde d’autres billets de cette série, parues auparavant sur le même blogue, c’est pratiquement toujours le même genre de concordances entre le Canada, les États-Unis et le monde, et de non-concordances avec le Québec.

Ne me dites pas que ça ne vous sonne pas une cloche? Qu’il n’y a pas de lien à faire entre l’anglais comme langue de la mondialisation et l’uniformisation culturelle? Cela dit, en prenant bien sûr l’idée du culturel dans son sens le plus large, soit ce qui est « Relatif aux comportements sociaux » (via le dictionnaire du programme de correction Antidote).

C’est certain que cette comparaison se fait dans le contexte d’une plateforme qui ne rend pas compte de toute la teneur de ce qui intéresse les gens, et des échanges d’informations au Québec, au Canada, aux États-Unis et dans le monde. Par contre, cela reste un bon indicateur de ce que nous réserve l’avenir. La langue anglaise sur le web semble vibrer au diapason du monde alors que, par exemple, le français cultive les particularismes, enfin, encore. Parce que c’est bien évident que les cinq positions québécoises relatées plus haut ne représentent pas grand-chose pour nos cousins de l’Hexagone et des autres pays francophones.

Est-ce que c’est une bonne nouvelle ou est-ce que c’est une mauvaise nouvelle? Pour ma part, dans l’optique de la diversité culturelle, ce n’est pas une très bonne nouvelle, enfin, surtout pour ce qui est des pays de langue anglaise. S’il se développe une culture anglo-saxonne monolithique de plus en plus en phase avec les États-Unis, son poids deviendra de plus en plus lourd dans le contexte d’une mondialisation s’appuyant sur le caractère utilitaire de cette langue. Et on peut se demander si c’est profitable pour tout le monde, culturellement.

Quoi qu’il en soit, quand le monde entier connaîtra la langue anglaise, il faudra espérer que les gens garderont jalousement leurs langues maternelles. Parce qu’à partir de ce moment-là, il faudra craindre l’unilinguisme anglophone, car tout sera en place pour qu’il gonfle et gonfle, jusqu’à uniformiser culturellement pour de bon l’humanité. En espérant aussi que la proximité physique entre les gens continuera d’influer sur la culture. Mais dans un monde où la communication se rit exponentiellement des frontières, vouloir en deviner davantage relève de la science-fiction.

(Image : bartvandamme)

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La qualité de la blogosphère québécoise

Le dernier rempart de la liberté d’expression est l’Internet, qui n’est plus tant virtuel que réel, surtout de par son impact sur le déroulement de la réalité autour de nous, de l’évolution de la pensée et de la façon dont l’information circule.

La liberté d’expression est plus qu’un droit qu’on doit réclamer. La seule manière efficace de la protéger est en fait d’exercer ce droit fondamental. Si on exerce ce droit rigoureusement, avec respect et intégrité, tout en étant honnête dans sa démarche, un peuple ne peut que s’enrichir mutuellement et grandir. Le but n’étant pas nécessairement d’avoir raison à tous coup, mais bien d’échanger, de partager notre morceau de vérité pour mieux peindre cette vue d’ensemble de ce que nous sommes et où nous voulons aller. L’important n’est pas d’opérer un choc des égos et des vanités, mais plutôt d’entreprendre une conversation avec l’autre et de renforcer la cohésion sociale, le sens critique et ainsi, la force d’un peuple.

Nous sommes à l’ère de l’information. Le nouveau pouvoir, bien qu’anciennement tout aussi primordial, est l’information. Un individu bien informé sera en mesure de prendre de bien meilleures décisions dans tous les domaines de sa vie. Il en est de même pour les populations. Une population bien informée est considérablement mieux protégée contre la désinformation, la propagande et la manipulation.

Il doit être excessivement clair qu’on ne peut plus désormais compter sur les médias de masse pour avoir l’heure juste. Les médias sont devenus en grande partie des courroies de transmission, les haut-parleurs de la classe dirigeante. Depuis plusieurs années maintenant, les journaux sont en déclins constants et les médias télévisés voient leurs cotes d’écoute graduellement diminuer. Est-ce que les gens ont cessé de vouloir s’informer? Sont-ils partis jouer au golf et vaquer à d’autres occupations? Non. Ils se sont simplement tournés vers d’autres sources plus crédibles et justes à travers un autre médium, l’Internet. Les médias ont beau vouloir discréditer l’Internet, en rire et l’étiqueter de source non-fiable, il n’en demeure pas moins qu’on peut y trouver tout ce qu’on cherche: du pire au meilleur. Il suffit de choisir adéquatement, tout comme on peut choisir entre le journal à potin de la ville versus celui qui fait du grand reportage d’enquête de haute qualité. Ce n’est pas le médium qui est garant de qualité, mais plutôt l’implication, la volonté et la motivation de ceux qui se trouvent derrière celui-ci.

Les grandes caractéristiques de la blogosphère et de l’Internet consistent dans le fait qu’ils sont interactifs et infiniment plus libres dans leur utilisation, autant que dans le contenu qu’on peut choisi à sa guise et dans la manière dont on peut y ajouter son grain de sel.

La blogosphère québécoise n’est certes pas aussi aussi vaste et bien développée que celle de la France, mais elle a l’avantage d’être la plus libre. Demandez-le aux Français, il n’est plus possible de dire grand chose en France sans que la police de la pensée intervienne et vous tape sur les doigts. Avec la loi HADOPI et sa prochaine version envisagée, ainsi que les multiples autres tendances vers la censure et de contrôle du contenu d’Internet, il est encore heureux, bien que surprenant, qu’au Québec, la liberté d’expression soit encore en si bon état. Faut-il perdre quelque chose de précieux avant de se rendre compte de son ultime importance et valeur? C’est au peuple à décider. En fait, c’est le peuple qui détermine tout en fin de compte, de par ses actions… ou inactions.

La population ne peut plus dépendre des médias traditionnels pour être bien informés et s’attendre à ce qu’ils nous rapportent l’ensemble des informations nécessaires pour mieux comprendre le monde lequel elle vit. Prenez par exemple le cas du 9/11, des guerres au Moyen-Orient vendues à grands coups de mensonges et désinformation, de la période pré-écroulement de l’économie alors que tous les canaux principaux nous rapportaient qu’il n’y avait point de crise à l’horizon, et ainsi de suite.

Notre responsabilité n’est pas uniquement de bien se renseigner, de s’informer adéquatement et de s’éduquer soi-même, mais plus spécialement de transmettre ces informations. Il ne sert à rien de s’insurger contre les médias de masse, il suffit simplement de devenir les médias.

Force est de constater à quel point la blogosphère francophone et spécifiquement québécoise sont en pleine évolution. Il y a des hauts et des bas, mais en général, elle se développe vers toujours plus de qualité. Et quand je dis « qualité », cela inclut autant les auteurs que les lecteurs et commentateurs. Je suis régulièrement enchanté de voir à quel point nous avons appris à cohabiter ici et d’évoluer ensemble, en échangeant, opposant nos points de vues et en discutant dans un calme assez généralisé. Cela demande de la maturité et un profond désir d’avancer ensemble, d’ouvrir un dialogue qui même s’il n’est pas toujours l’expression d’un accord commun, peut être fécond et avoir un impact sur le développement de notre pensée autant individuellement que collectivement. L’apport de quiconque peut être la clé d’une nouvelle dimension pour un autre. Un acte individuel a un impact, il n’est pas vrai qu’on ne peut rien faire et rien changer.

Si j’écris tout cela, c’est pour vous dire que Les 7 du Québec se lancent dans une nouvelle aventure. Mais cette aventure ne dépend pas que de nous. Elle dépend de vous, surtout. Il s’en est fallu de peu pour qu’on voit disparaitre les deux plateformes québécoises de journalisme citoyen. L’une d’elle, la plus vieille, est CentPapiers. Nous sommes quelques-uns à avoir décidés de se lever et faire quelque chose pour éviter de voir cette plateforme disparaitre. Ce ne sera pas facile, car malgré tous les efforts que nous sommes prêts à déployer, nous sommes à la merci d’une seule chose qui hors de notre contrôle: l’intérêt de la population à exercer et protéger la liberté d’expression sur le dernier médium où elle existe non pas virtuellement, mais réellement.

Personne ne peut jouer les héros ou prétendre être un génie. C’est un choix collectif à faire. Voulons-nous avoir une blogosphère québécoise vibrante, libre et unie à l’aide d’une plateforme où peuvent se rencontrer, discuter et partager de l’information, ou si nous préférons être dispersés dans les quatre coins de cette dimension?

Si on peut être fier et s’identifier aux succès d’une équipe sportive comme les Canadiens ou les Alouettes de Montréal, comment ne pourrait-il pas être possible de faire pareil avec la blogosphère québécoise et le journalisme citoyen? Il est toujours possible de faire mieux, de s’améliorer. Il ne faut pas attendre qu’on organise nos vies et qu’on nous prenne en charge. Il n’y a pas de héros qui vont venir nous sauver. C’est un mythe Hollywoodien. Nous devons jouer en équipe. Les héros sont ceux qui sont des gens ordinaires qui décident seulement de ne pas vivre à genoux avec l’échine pliée et d’unie leur force. La crédibilité se bâtit et elle se mérite par la qualité de ce qu’on offre. Pour y arriver, il faut savoir se tremper et partir à l’aventure. Il faut y croire.

Je crois personnellement convaincu de la qualité de notre blogosphère. Après presque deux ans passés avec vous, j’ai découvert une mine de gens d’une grande intégrité et intelligence, bien informés et humanistes. Ça donne beaucoup confiance en notre potentiel. J’ai l’impression d’appartenir à une grande famille, une communauté de gens curieux, intéressés et intenses, bien en vie. Une communauté qui a décidé de ne pas baisser les bras, qui cherche des solutions ensemble et par-dessus tout, qui a décidé de se prendre en main et d’assumer ses responsabilités.

Il reste bien évidemment du chemin à faire. Ce chemin doit être parcouru ensemble. Ce n’est pas l’affaire d’un individu, mais bien celui d’une volonté collective. À un moment où la technologie des télécommunications n’ont jamais été aussi avancées, la censure et la police de la pensée menacent grandement la liberté d’expression.

Il n’y a qu’un moyen véritable de la protéger: c’est de l’exercer.

D’ici peu, Les 7 du Québec fonctionnera en symbiose avec CentPapiers dans le but principal d’apporter un maximum de possibilités et d’outils pour vous tous. Sans la certitude d’avoir parmi nous les meilleurs lecteurs et intervenants de la blogosphère québécoise, nous ne tenterions pas cette aventure avec les sacrifices qu’elle implique.

C’est donc avec grande humilité que je vous invite tous cordialement à former la plus grande équipe possible de rédaction, de lecteurs et de commentateurs de qualité que nous puissions. Si plusieurs se questionnent à savoir ce qu’ils peuvent faire et quelle action concrète poser, je pense que de contribuer à rendre l’information accessible à tous et à favoriser les échanges entre citoyens constitue un vecteur important de la force d’un peuple. Un peuple bien informé en est un bien difficile à manipuler.  Un peuple bien éduqué et ayant la possibilité de s’émanciper intellectuellement et spirituellement est la garantie d’un futur meilleur, ainsi capables de faire des choix éclairés et d’être souverain. Le scénario cauchemar de l’Establishment qui aimerait mieux avoir une population docile, ignorante, obéissante et facilement contrôlable.

Je vous salue bien bas en espérant être parmi vous très longtemps, frères et soeurs.

François Marginean

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