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Élections québécoises de septembre 2012. Et les transfuges bifurqueront encore…

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Dans les dernières années, l’immense glacier poreux du Parti Québécois s’est lézardé. Il a perdu quelques lamelles sur sa gauche, notamment avec la fondation du petit parti monocéphale Option Nationale, mort le quatre septembre 2012. Les pertes à gauche au Parti Québécois sont moins parlementaires qu’électorales, en fait. Les électeurs gauchisants du Parti Québécois sont doucement, au compte-goutte mais inexorablement, ponctionnés, par la formation de centre-gauche Québec Solidaire qui, graduellement, se parlementarise. À gauche du grand glacier quadragénaire du Parti Québécois, on a donc un écoulement, une fuite chuinteuse, une liquéfaction pleureuse qui, de plus en plus perceptiblement, le mine.

Sur la droite du Parti Québécois, la fracture interne a été beaucoup plus abrupte. Le député ex-péquiste François Legault lève et mène la fronde d’une poigné de transfuges droitiers, quitte le Parti Québécois avec eux, d’un coup sec, et part fusionner avec ce petit parti de mouches du coche bombinantes de droite qu’était l’Action Démocratique du Québec. La bande des transfuges péquistes droitiers à Legault dissous et absorbe l’ADQ, en peu de mois, s’arrogeant, dans le mouvement, le nouveau nom, largement surfait, pompeux et insignifiant (du moins, pour le moment) de Coalition Avenir Québec.

Les pratiques politiciennes québécoises et canadiennes cultivent un certain nombre d’aberrations dont je vous épargnerai l’énumération. L’une d’entre elles est celle du transfuge politique ou vire-capot. Il s’agit d’un personnage, habituellement de peu d’envergure historique, élu sous une bannière et qui, en cours de mandat, d’un seul coup d’un seul, change tout simplement de parti politique, sans consulter ses électeurs, ni rien. Zone grise électorale s’il en fut, l’action foireuse du transfuge politique reste, on l’a bien vu aux élections du quatre septembre 2012, un coup largement hasardeux. Le député de ma circonscription, justement, dont je tairai pudiquement le nom, faisait partie de cette première vague de vire-capots ayant quitté le PQ pour fonder la CAQ. J’avais, à l’époque de ce petit geste de Jarnac, écrit une brève notule vesse-sec à mon député transfuge, pour lui signifier une façon de penser qui, elle, s’est avérée avoir une portée suffisamment générale dans le cœur des québécois et des québécoises pour que l’envie me prenne, en ce jour, de partager cette petite pièce de prose avec vous. Dont acte.

Monsieur, votre petite manoeuvre pose deux problèmes.

1- Vous vous tournez vers le mouvement Legault. Association de droite qui n’ose pas dire son vrai nom fétide, le mouvement de Legault, cet ADQ bis, est une organisation rétrograde, réactionnaire, nocive, véreuse, et dont le tapage médiatique qu’elle engendre ne prouve qu’une chose: la collusion compulsive des médias contemporains avec tout ce qui est de droite et vendu à la bourgeoisie. Je ne vote pas pour la droite. Vous venez donc de bien perdre mon vote.

2- La manoeuvre du transfuge, en soi, est une tactique politicienne qui s’assimile à une pure et simple trahison électorale. Tous transfuges devraient faire l’objet d’une élection partielle automatique, qu’on démarque bien ceux qui ont voté l’homme (peu) de ceux qui ont voté le parti (beaucoup). Dans un pays européen, ce type de tripotage aurait automatiquement électrocuté votre carrière politique. Le transfuge prouve ouvertement qu’il est un incohérent social.

Me voici donc dans l’obligation contrite de vous subir comme député incarnant le summum de ce pour quoi je n’ai pas voté. Je vous prévois une spectaculaire capilotade électorale aux prochaines.

À bon entendeur,

Paul Laurendeau

Prévision réalisée. Mon petit transfuge, un jeune homme très liant de trente-six ans, charmant communicateur naturel en costard, a fait une campagne énergique et tapageuse, puis a paisiblement mordu la poussière. Le péquiste régulier l’a battu par environ 1,300 voix de majorité. Les québécois et les québécoises, que voulez-vous, les vire-capots, ils n’aiment pas ça, et un certain nombre des frondeurs péquistes devenus caquiste ont crûment senti le plomb entrer dans l’aile de leur sotte décision, à l’élection. Ma petite notule et ses centaines d’équivalents, écrits ou cogités, se sont envolés dans de multiples directions, je le suppute.

Mais il y a bien plus que l’agacement face à la politique politicienne manœuvrière dans cette scientillante problématique du louvoiement. Il y a la réalité tangible du programme politique de la CAQ elle-même, en soi. Veut-on encore se faire dire de continuer de payer plus en recevant moins pour, ainsi, mieux engraisser les secteurs privé et financier? Franchement, soyons candide pour une fois… En la CAQ se synthétise l’art que cultive la démagogie de droite faussement «populaire» pour tenter de renouveler son allure nouvelle sans venir aux nouvelles et prendre la nouvelle qu’on ne veut pas des nouvelles-vieilles-idées de la si publicisée et claironnée et médiatisée nouvelle-droite. Je ne suis pas surpris au demeurant que ce genre de programme social soit relayé par un certain nombre de «fameuses» maisons de production «tendance», «nouvelles», néo-réac de fait… Ils sont partout, à la télé, les claironnants promoteurs d’autrefois de l’oublié André Boisclair, ancien jeune chef droitier éphémère du Parti Québécois, et ex-champion rhétoriqueur creux de ces pulsions nouvelle-droite dans le gros ventre gangrené et putride du PQ. Ils ont pignon sur rue, les porte-voix de la lézarde sur droite du susdit glacier PQ, notamment dans les médias privés. Et, de fait, si les médias parlent tant de ce courant, c’est parce qu’ils servent les mêmes maîtres que ce «nouveau» parti, pardi. Je ne suis pas étonné non plus du fait que la CAQ ait tassé le petit Mario Dumont (ancien chef co-fondateur de l’ADQ) et ses pâles successeurs, populistes foufous, flambés comme des  carcajous, trop sectaires et braqués, quand la ligne actuelle de ce «nouveau» mouvement c’est le louvoiement. Pourquoi ne pas admettre ouvertement, candidement, qu’il s’agit d’un parti de droite-droite bien rigide et bien cynique visant à ploutocratiser encore plus le Québec et à servir ouvertement la bourgeoisie. Y a qu’a mater les maîtres penseurs. Bouchard, l’éternel crypto-conservateur. Legault, le chef envoyant ses vire-capots au casse-pipe. Facal, le réac fiscal. Pourquoi louvoyer ainsi et ballonner tous ces ballons, en prétendant préconiser le «changement». Messieurs, s’il-vous-plait… Ne venez pas me raconter que c’est d’être l’émanation assumée de ce nouveau trait de la culture parlementaire québécoise: la chambre minoritaire. C’est bien plutôt que vous cherchez à vous vendre insidieusement à une populace qui ne veut pas de votre camelote de bourgeois.

Louvoiement, c’est le nouveau maître mot. Legault vient d’ailleurs de s’y mettre. Avant l’élection, il menaçait de casser la chambre promptement, si elle était minoritaire (la déjà fameuse petite phrase: Je ne serai pas patient). Maintenant que les gros blocs de glace flacotent et toquent les uns contre les autre sur le grand cloaque (le moindre n’étant pas le Parti Libéral du Québec qui, avec cinquante députés –seulement quatre de moins que le nouveau parti ministériel- forme l’opposition officielle et ne prend pas la capilotade qu’on lui prévoyait), Legault, avec sa courte vingtaine de gogos, se virant de bord de nouveau, vient de lâcher une autre petite phrase: Nous détenons la balance du pouvoir.

Et les transfuges bifurqueront encore, au fil des clapotis. On ne se refait jamais fondamentalement et la girouette ne se fera pas aigle. Les caquistes se rapprochent -temporairement toujours- de la fissure qu’ils avaient initialement initiée, dans le gros glacier fatiké, comme pour se ré-enchâsser -par la droite toujours- dans l’espace le plus momentanément crédibilisé de la chambre, celui du bercail politique péquiste. Reste plus qu’a laisser les libéraux se réjuvéner encore, changer de chef, secouer leur mollesse doctrinale, rabattre pudiquement les rideaux sur leurs solides provignements pégreux et compradore. Il sera temps, dans deux ou trois ans, d’aller, comme dans le ballet fermé du Huis clos de Sartre, se coller à eux et ne plus se coller à l’autre. Après tout, c’est bel et bien une «coalition» qu’on nous annonce, pour l’«avenir». Entendre: un cartel des droites revampées. Il s’en vient tranquillement, au rythme du mouvement des quatre icebergs qui cliquètent en chambre, sur une eau si saumâtre et si morte. Dans ce dispositif d’équilibriste, passablement malsain et hostile au demeurant, le Parti Québécois représente de plus en plus le Centre étriqué et cerné de la politique parlementaire québécoise. En cela, il reflète de moins en moins la société civile (toujours passablement survoltée par les luttes récentes ayant mobilisé toute une génération au sens critique de plus en plus en alerte) qu’il croit pourtant encore représenter.

Rappel du résultat des élections du 4 septembre 2012 au Québec

Nombre de sièges à l’Assemblée Nationale: 125
Nombre de sièges requis pour détenir une majorité parlementaire: 63
Nombre de sièges au Parti Québécois: 54
Nombre de sièges au Parti Libéral: 50
Nombre de sièges à la Coalition Avenir Québec: 19
Nombre de sièges à Québec Solidaire: 2
Nombre de sièges à Option Nationale: 0
Nombre de sièges au Parti Vert: 0

Gouvernement minoritaire du Parti Québécois avec le Parti Libéral formant l’Opposition Officielle et la Coalition Avenir Québec formant la Seconde Opposition.

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En critiquant SUR SA GAUCHE la plateforme électorale du parti politique QUÉBEC SOLIDAIRE

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La plateforme (pour employer la monstruosité verbale consacrée chez nous pour désigner un programme électoral) du parti politique QUÉBEC SOLIDAIRE (QS), le parti le plus à gauche du camembert politicien québécois, est un document bien aéré de seize pages (il vaut vraiment la peine de prendre le temps de le lire) disposant quatorze têtes thématiques en ordre alphabétique (pour bien faire sentir qu’elles sont de priorités égales). Comme nous sommes, grosso modo, entre camarades idéologiques, nous sommes bien d’accord sur le fait que le Parti Québécois, le Parti Libéral et la Coalition Avenir Québec sont des partis bourgeois parfaitement fétides dont la vision sert les mêmes maîtres. Pas la peine d’en dire plus long sur eux. Leur cause est clairement entendue au tribunal de l’actualité et de l’histoire. Ce qui pose des problèmes plus importants, par contre, plus cruciaux, plus douloureux aussi, c’est la vision du parti de gauche dont dispose au jour d’aujourd’hui notre beau Kébek de 2012. On a, de fait, affaire ici à une gauche molle, conciliante, parlementaire, non-radicale, écolo-démocratique, non-révolutionnaire. C’est donc une gauche qu’il faut nettement critiquer sur sa gauche… Dont acte, sur les quatorze points:

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AGRICULTURE. La doctrine agricole de QS est fondamentalement localiste. Lisez-la attentivement, ce sera pour découvrir, derrière le paravent amical et respectueux de la valorisation des produits frais transportés sur de courtes distances, l’ombre centriste du protectionnisme agricole national (québécois). Un peu comme les démocrates américains (et pas plus radicalement qu’eux d’ailleurs), QS entend surtout maintenir la concurrentialité de l’agriculture québécoise, sans trop s’étendre sur le manque de solidarité internationaliste que cela risque inévitablement de provoquer envers le prolétariat de maint sous-secteur, en Amérique du Sud notamment.

ALTERMONDIALISME. La vision altermondialiste de QS se veut universalisante et englobante. Les hommes, les femmes, l’écologie, la paix, les droits (bourgeois) de la personne (désincarnée) se voient promettre abstraitement un traitement plus juste, plus équitable. L’absence de visée sciemment internationaliste sur la lutte des classes et sur la dimension fermement anti-capitaliste de l’altermondialisme place QS, de facto, dans la portion larmoyante, généraliste, vœux-pieuzarde et petite-bourgeoise de cette mouvance complexe, corrosive, fluide et contrastée.

AUTOCHTONES. On se propose ici de maintenir la culture de ghetto et la folklorisation (linguistique notamment) des aborigènes, tout en cherchant discrètement à en contenir les abus les plus criants (atteinte aux droits des femmes, notamment). On continue de maintenir le mythe de l’entité autochtone comme peuple autonome en promettant, comme le font les partis bourgeois, des négociations de peuple à peuple. Aucune analyse du néo-colonialisme brutal et hypocrite servant de fondement à ce genre d’approche faussement égalitaire n’est avancée. On fantasme la dynamique autochtone comme une version en miroir de notre propre dynamique nationale et, surtout, on en parle (même en termes ouvertement généralistes) parce que ça fait bien. Crucialement, le fait que les aborigènes du Québec préfèrent de longue date faire affaire avec leur intendant colonial direct, le gouvernement fédéral canadien, n’est pas pris en compte ici.

CULTURE. Elle se déploie exclusivement en deux facettes. Sur la langue française, on continue de bien s’avancer dans la mythologie nationaliste du monolinguisme français. Il n’y a aucune prise en compte du fait diglossique et l’ensemble des langues du monde parlées au Québec est implicitement traité comme une menace culturelle placée au même niveau assimilateur que l’anglais. Presque identique à celle du Parti Québécois, cette lune linguistique unilatérale souffrira des mêmes carences que celle dudit Parti Québécois: crypto-xénophobie larvée et absence intégrale de solidarité envers les locuteurs des langues de la vaste constellation du not english only. Seconde facette culturelle selon QS: le mécénat culturel d’état, perpétue la négation implicite de toute dimension subversive de la culture, dont le financement continue de devoir se soumettre ronron à l’ensemble, peu reluisant et opaque, des critères fonctionnarisés.

ÉCONOMIE. Sur la fiscalité, on s’engage à graduellement/timidement remettre les entreprises au centre de leurs obligations fiscales et on entend combattre l’évasion fiscale par de la législation. Aucune saisie, aucune coercition des accapareurs n’est prévue. Ce sera de la supplique et du larmoiement. Sur les ressources naturelles, on y va du poncif de la nationalisation, totale ou partielle. On fait dans la perpétuation des pratiques, allégée par de l’atténuatif et du graduélliste. Un peu comme Salvador Allende autrefois, on pense la gabegie minière et forestière en termes de modération et d’enrichissement des communautés locales et/ou nationales (québécoises), sans qu’une remise en question radicale du postulat de l’extraction massive ne soit effectuée. Sur la croissance économique, on veut chercher à se débarrasser de la surproduction, de la surconsommation et du surendettement (vaste programme) mais on n’entend le faire qu’en organisant la production sur un axe strictement moral, en diminuant la production sale (gaz de schiste, uranium) et en amplifiant les activités propres et égalitaires (transports collectifs, agriculture de proximité). On voit bien la montagne du mythe coercitif de la croissance. On y répond par la souris du capitalisme équitable. Sur les institutions financières d’état, notamment la Caisse de Dépôt et de Placement, on entend tenir tête à l’Internationale du Pognon en recentrant ces acteurs financiers dans une perspective régionaliste, localiste, nationaliste, PME-iste. On défend le petit contre le gros, sans questionner la dimension qualitative commune à ces deux formats. On promet de mettre les entreprises au pas, dans l‘intendance de leurs subventions et dans la saine gestion du démantèlement de leurs installations désuètes. Les promesses ici sont plus détaillées (allez lire ça)… mais cela reste des promesses.

ÉDUCATION. Promoteur de la gratuité scolaire intégrale, QS ne dit cependant rien sur le noyautage intime et parasitaire des institutions universitaires par le secteur privé ni sur le conflit d’affiliation d’une portion croissante du corps universitaire spécialisé. Le gonflement chronique des frais administratifs du secteur de l’éducation (universitaire notamment) n’est pas mentionné non plus. Priorité est donnée à la partie angélique et consensuelle de la critique que les carrés rouges on produit, au sujet du secteur de l’éducation. Sur la persévérance scolaire, QS avance le lot usuel des engagements centristes au sujet de la promotion de la famille, du soutien aux enseignants, de l’appui aux communautés, de la lutte à l’intimidation. Ici encore, il n’y a pas de classes sociales, donc pas d’école de classe. On affronte une sorte de fatalité abstraite que l’on croit pourvoir résorber sans analyse sociologique réelle du bras scolaire et de ses filières, en faisant simplement couler plus de fric dans le tuyau. Même angélisme abstrait, subventionnaire et gradualiste, dans le souhait pieux de la promotion de l’école publique. La fermeture immédiate et sans compensation de l’intégralité des institutions scolaires privées et/ou confessionnelles est une clause qui NE FAIT PAS partie du programme de QS en éducation.

ENVIRONNEMENT. Sur l’énergie et le climat, on avance la batterie d’accommodements qui sont ceux, rebattus désormais, d’un parti écologique économico-apolitique (si vous me permettez cette formulation un peu ironique. Je veux dire Europe Écologie plutôt que les Verts – pour ceux qui capteront cette nuance un peu franchouillarde). En gros, on reste capitalistes mais on remplace le carburant fossile par des éoliennes et on coupe, graduellement toujours, dans le salopage environnemental le plus criant, sans toucher à la dimension socio-économique (capitaliste) du problème. On notera que l’extraction du gaz de schiste serait, ici, intégralement interdite (QS a déjà été plus mou sur cette question – mais là, d’évidence il a flairé le vent de la résistance citoyenne). Le transport collectif serait valorisé, avec un objectif de gratuité d’ici dix ans (des promesses, des promesses…). Sur la biodiversité et le droit à l’eau, on exprime la vision standard d’un parti écologiste occidental, urbanisé, jardinier et bien-pensant.

FAMILLE. La politique sur la famille de QS semble se restreindre à la promesse ritournelle de l’augmentation des places en garderies. Même les partis bourgeois brandissent cet appât scintillant, à chaque élection provinciale et fédérale, depuis deux bonnes décennies. Des promesses, des promesses… Le caractère carcéral, conformiste et rétrograde de l’institution familiale n’est pas analysé.

INTÉGRATION CITOYENNE. Dans ce programme, l’intégration des immigrants garde une perspective insidieusement assimilatrice (la francisation abstraitement axiomatique est importante) tout en maintenant un prudent mutisme sur la fameuse question des accommodements. L’idée que les communautés culturelles doivent s’intégrer en bonne discipline au sein d’une société athée, non-sexiste, non-patriarcale, non-homophobe et rationaliste n’est pas abordée. On tient surtout ici à ce que les communautés culturelles puissent travailler, vite et bien, au sein de tous nos petits dispositifs socioprofessionnels aux postulats inchangés. Dans cette perspective, on fera notamment tout pour faciliter l’efficacité sociale, toujours solidement circonscrite, des travailleurs étrangers sous permis de travail temporaire (au Québec, ce sont principalement des travailleurs agricoles sud-américains exploités, précarisés et extorqués).

JUSTICE SOCIALE. La politique du logement promet du logement pour tous en maintenant un flou artistique sur le jeu insidieux entre le locatif et la propriété domiciliaire. La lutte aux petits propriétaires usuriers-véreux-privés de logements locatifs n’est pas mentionnée. On parle abstraitement de lutte à la grande spéculation immobilière, sans la corréler au problème crucial de l’urbanisme et de l’étalement urbain. Le revenu minimum garanti et le régime universel de retraite pour les pauvres ne se complètent pas d’une saisie unilatérale et sans compensation de l’excès de fortune des riches, tant et tant que la société civile sera appelée à financer le soutien des pauvres sans saisie des richesses des riches. Donc, aucune redistribution radicale des richesses n’est effectivement envisagée. On se contente d’accommoder et d’amplifier l’assistance. L’aide juridique sera un peu étendue, elle aussi, sans que le droit bourgeois ne soit remis en question et on promet une vague politique sur l’itinérance.

SANTÉ. Des pilules et des médecins de famille pour tout le monde, un système de santé qui roule et est efficace (des promesses, des promesses…) mais surtout une étanchéité complète entre le public et le privé en santé. L’engeance qu’ils ne voient pas dans les universités, ils la voient ici. Mais comment ils vont maintenir cette étanchéité paradoxale tout en maintenant la susdite engeance privée en place (quand on sait qu’elle colle en santé comme un vrai parasite hargneux), cela n’est pas précisé. Le rejet radical de toute radicalité finit vraiment par vous immerger dans des mixtures sociologiques fort bizarres et hautement insolubles.

SOUVERAINETÉ. L’erreur définitoire de QS est ici: c’est un parti souverainiste (comme le Parti Québécois). Son erreur définitoire serait tout aussi funeste s’il était un parti fédéraliste (comme le Parti Libéral du Québec). Au lieu de lire et de méditer ceci, QS promet la mise en place d’une assemblée constituante souveraine. La réaction politico-militaire de l’occupant anglo-canadien n’est pas prévue dans le calcul. Cette plateforme a d’ailleurs une remarquable propension à ouvertement ignorer les effets les plus sordides du poids du réel crasse. Elle a de l’idéal (cela n’est pas un tort, entendons-nous) mais à faire sciemment abstraction de toutes les luttes, on fini tout simplement défait.

TRAVAIL. Hausse du salaire minimum, égalité et équité salariale, amplification des droits syndicaux. Les travailleurs ne sont pas une classe révolutionnaire. On s’engage ici à renforcer leur position fixe au sein d’un capitalisme inchangé. La procédure réformiste par laquelle les formidables résistances du capital aux hausses de salaires et à la syndicalisation (les deux grands serpents de mer capitalistes des deux derniers siècles) seront brisées par QS en 2012 et ce, sans révolution sociale, n’est pas précisée. Les très déterminantes particularités anti-syndicales et hautement aristocratie-ouvrière-jet-set-col-blanc de l’immense corps du secteur tertiaire ne sont pas analysées.

VIE DÉMOCRATIQUE. Entendre: vie électorale et vie parlementaire des gras durs éligibles. Réforme de la carte électorale (ils le font tous), élections à date fixe (Le Parti Québécois veut faire ça aussi), plus de femmes au parlement (les partis bourgeois s’y engagent aussi). Le fait que le mode de fonctionnement électoral occidental est une arnaque généralisée de longue date, dévidée de toute dimension citoyenne ou démocratique, n’est pas pris en compte. Le mode d’intendance politicien bourgeois, parlementaire, Westminster, provincial à vote majoritaire tripotable (auquel on veut ici ajouter un zeste, une raclure de représentation proportionnelle) est quasi-intégralement postulé. Encore une fois: pas de révolution dans mon salon…

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Ma génération se souvient de ses frémissements socialistes (hautement illusoires) quand René Lévesque avait, tout pudiquement, déclaré circa 1974 que son parti politique avait un préjugé favorable envers les travailleurs. La formulation fait bien sourire aujourd’hui, avec le recul historique que l’on sait. Qu’est-ce qu’on rêvait en couleur, alors… Mollasson, gentillet, bien-pensant, moraliste, un rien baveux et historiquement myope, le parti politique QUÉBEC SOLIDAIRE nous engage, avec la lenteur usuelle, sur le même genre de petit chemin en forme d’arc-en-ciel social scintillant. On peut bien voter pour ça, une clopinette parlementaire de plus ne changera pas grand-chose. Restons simplement froidement conscient(e)s que la révolution ne se fera par comme ça et que le socialisme ne s’instaurera pas via ce genre de canal là. Il est trop lent, trop petit-bourgeois, trop abstrait, trop généraliste, trop angélique, trop moralisateur, trop démarxisé, trop déprolétarisé, trop lobotomisé, trop creux, trop mielleux, trop niaiseux, trop graduélliste, trop mou, trop restreint, trop étroit, trop nationaleux, trop pleurnicheux, trop centriste, trop réaliste et aussi, déjà, trop compromis, conciliant, coopté, récupérable, trop gauche parlementaire s’ouvrant déjà aux formes de social-populisme ayant fait la gloire «gauchiste» des Clear Grits et de la Co-operative Commonwealth Federation d’autrefois… Tu peux bien voter pour ça mais bon, ce sera encore et toujours du vote (dit) utile.

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La politique politicienne au Québec, matée par le bout de la lorgnette du conflit étudiant

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Pas de gossage à matin. Gabriel Nadeau-Dubois vient de quitter ses fonctions de porte-parole étudiant. Il retourne à la base et la lutte continue, implacable. Voici donc les partis en lice lors de la prochaine élection québécoise (prévue pour le 4 septembre 2012) et leur position commentée sur la question de l’heure: la hausse des frais de scolarité. On ira ensuite raconter que la politique politicienne, au Québec et dans le monde, n’est pas le reflet folklo et distendu de la lutte des classes.

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 Parti Libéral du Québec (chef: Jean Charest)
– Hausse des frais de scolarité de $254 par année pendant sept ans
– Entrée en vigueur de ladite hausse dès l’automne
– Maintien de la loi spéciale (Loi 12) limitant le droit de manifester

Le PLQ (au pouvoir depuis neuf ans) est un parti de droite-droite-droite, ronron, journalier, gestionnaire des affaires de conciergerie courantes, suppôt du libéralisme (comme son nom l’indique), bien engoncé dans la magouille politicienne et les combines des traditions électorales québécoises les plus fétides, intendant bonhomme et pro-capi du pouvoir. Ce gouvernement a appliqué les tactiques les plus basses et les plus malhonnêtes imaginables pour tenter de casser le mouvement des carrés rouges. Misant d’abord sur les regroupements étudiants les plus conciliants et négligeant le seul mouvement vraiment légitime, la CLASSE, le gouvernement a cherché à «négocier» avec les éléments du mouvement étudiant semblant représenter le mieux les positions gouvernementales. La proposition initiale du pouvoir était d’étaler la hausse dans le temps sans l’altérer significativment. Devant la solidité de la résistance, il proposa alors de bidouiller des combines au niveau (comme on dit dans le jargon tertiaire) des (gros) prêts et (petites) bourses pour soi disant faciliter la réception de la hausse dans les masses. Tactique typique du libéralisme québécois minus: on vous pousse dans les bras des banques en faisant semblant de vouloir vous faciliter la vie. En affectant de vous servir, on continue de servir ses maîtres du secteur privé. Mais même les associations étudiantes moins militantes n’ont pas marché dans cette criante attrape. Le fait est que les éléments étudiants conciliants sont distordus par le dilemme de leur posture veule. Ils se souviennent amèrement de grèves antérieures où ils avaient été instrumentalisés pour fracturer le mouvement. Ils n’ont pas mordu cette fois, parvenant à maintenir, bon an mal an, une ligne cohérente avec l’aile plus avancée du mouvement. Le gouvernement s’est alors appuyé sur le mythe excessivement médiatisé du carré vert, groupe étudiant croupion et infinitésimalement minoritaire, censé vouloir rentrer en classe. L’absence de base effective de cette organisation factice forca ensuite le gouvernement à brandir l’épouvantail d’une loi spéciale. Singeant ouvertement les lois spéciales de retour au travail, ce trait typique des négociations de style reaganien en Amérique du Nord, on a tenté de faire rentrer les étudiants dans les facs et les cégeps comme on ferait rentrer au travail les travailleurs de secteurs sensibles ou «esssentiels». Le droit de manifester fut ouvertement attaqué dans la Loi 78 (devenue depuis la Loi 12) mais, subtilité inattendue, vivant la chose comme un pelletage de factures dans leurs cours, les autorités constabulaires municipales (montréalaises notamment) ont appliqué la loi avec ce type de réalisme feutré visant subrepticement à ramener le parlement national à ses responsabilités décisionnelles. Flairant matoisement cette contradiction, les étudiants n’ont pas plié, malgré l’augmentation de facto des abus policiers ponctuels implicitement autorisés par cette loi. On a vu notamment des citoyens portant le carré rouge se faire harceler par la police, dans les rues de Montréal. L’échec sur le terrain de la Loi 78 (devenue depuis la Loi 12) a entraîné la démission d’une ministre de l’éducation. Elle fut remplacée par une seconde ministre qui proposa un $35 annuel de réduction de la hausse. Je revois encore la gueule de mon fils cégépien et de mon fils universitaire dans la cuisine, le matin de cette annonce: «On a pas fait tout ça pour aller chercher un malheureux $245 sur sept ans. Ils rient de nous autre». Le mouvement étudiant n’a évidemment pas mordu à cet appât minable. Il est, au jour d’aujourd’hui, de plus en plus déterminé à relancer le mouvement de grève (qui, de fait, n’a rien perdu de sa remarquable dimension de masse) en septembre si le gouvernement ne bouge pas au plan fondamental. Je ne peux qu’exprimer mon entière admiration pour nos enfants. On a raconté toutes sortes de fariboles sur le mouvement du carré rouge, l’accusant notamment de s’être égaré dans du sociétal généraliste et d’avoir perdu la perspective de la lutte ponctuelle contre la hausse des frais de scolarité. On notera, au contraire, que, dans le regard des militants étudiants, la question de la hausse (et celle, plus fondamentale, de la gratuité scolaire) n’est aucunement devenue marginale. C’est le pouvoir qui a dérapé de la hausse,  à l’étalement de la hausse, au bidouillage des prêts et bourses (pousser les jeunes et leurs parents vers plus d’endettement bancaire), aux injonctions sectorielles (procédant d’une judiciarisation biaisée et tricheuse du conflit, que le fermeté militante a su solidement contenir), au sabordage empiriste, superficiel et autoritaire du droit de manifester (dicté par la fort spéciale Loi 78 devenue 12). La province chercha donc par tous les moyens à faire dérailler le mouvement en le zigzagant et le barouettant dans toutes les directions mais les étudiants n’ont jamais perdu le focus de leurs exigences: gel de la hausse des frais de scolarité sur le court terme, gratuité scolaire à tous les niveaux, sur le long terme. Pas de fafinage. Je les appuie de tous cœurs et m’incline respectueusement devant la formidable leçon de cohérence politique qu’ils nous donnent. On m’autorisera ici une petite note personnelle. Étranger, j’ai pu faire mon doctorat (en France) à l’Université Denis Diderot, suivre des séminaires en Sorbonne, à l’École des Hautes Études en Sciences sociales, au Collège de France et à la Maison des Sciences de l’Homme auprès de sommités, le tout gratuitement, et il faudrait payer des mille et des cents pour étudier à l’Université du Québec à Saint Tite des Caps? Comme le disent les jeunes eux-mêmes: Bitch, please…

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Parti Québécois (cheffe: Pauline Marois)
– Gel des frais de scolarité jusqu’à la tenue d’un sommet sur l’éducation
– Seule hausse envisagée: l’indexation des frais de scolarité au coût de la vie
– Abolition de la loi spéciale (Loi 12)

Le PQ (qui n’a pas été au pouvoir depuis 2003) est un parti nationaleux (au nationalisme de plus en plus dépité, larmoyant et opportunistement épisodique), de centre-droite, à la fois planificateur et affairiste, promoteur convulsionnaire de Québec Inc, insidieusement et semi-inconsciemment crypto-xéno, et dont la consolation minimale serait de faire élire la première femme Première Ministre du Québec. Le poncif classique nationaliste-souverainiste de ce fier parti du cru est en grande partie relégué (une fois de plus) aux calendes par les crises du moment. Madame Marois, qui un moment porta le carré rouge en chambre, a lancé une analyse (c’est pas souvent que les politiciens politiciens hasardent des analyse…) que je médite encore et à laquelle je reconnais un mérite non négligeable. Madame Marois affirme que la crise étudiante a été, pour le gouvernement Charest, une diversion-spectacle, sciemment maintenue et perpétué par lui pour distraire l’attention du public sur le bilan nuisible et toxique des libéraux. Gaz de schiste hyperpolluant (la résistance citoyenne au sujet d’icelui ayant causé la démission d’une autre ministre), Plan Nord néo-colonial, corruption et collusion entre pègre et partis politiques dans le secteur des grands travaux d’infrastructure (le choix même de la date des élections serait, selon madame Marois, une astuce estivale pour esquiver la portion lourde et compromettante des travaux de la Commission Charbonneau, en automne). Tout cela a été effectivement bien embrumé dans le show de la fallacieuse fermeté paterne face au mouvement des carrés rouges. La solution de Madame Marois sera de noyer le poisson de la hausse dans un grand blablabla collectif la suspendant/reportant/retardant, le temps que les étudiants rentrent dans les facs et les cégeps… tout en se ménageant la possibilité de revenir hausser les frais de scolarité plus tard si les choses se tassent. Mon pronostic: le Parti Québécois va gagner cette élection avec l’appui (contrit) de la jeunesse. Mais cette dernière va remplacer le vote illusoirement passionné de ma génération (j’ai fait rentrer Jacques Parizeau dans l’Assomption à dix-huit ans, en 1976) par le vote utile, froid et méthodique, des pragma-temps contemporains. Et, même sous un régime Marois, si la hausse revient, les carrés rouges reviendront aussi. Cohérence un jour…

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Coalition Avenir Québec (chef: François Legault)
– Hausse des frais de scolarité de $200 par année pendant cinq ans
– Abolition partielle du crédit d’impôt pour les études supérieures
– Suspension des articles de la Loi 12 qui limitent le droit de manifester

La CAQ (qui n’a jamais été au pouvoir) est un parti démagogue, rétrograde, bien à droite, girouette, incohérent, flagorneur, arriviste, xénophobe, sorte d’équivalent québécois populiste et mollement francophiliaque des Conservateurs. Ces néo-réactionnaires insidieux et rampants maintiennent une version cosmétiquement atténuée de l’option gouvernementale actuelle tout en faisant bien sentir qu’ils sont de droite (fiscal conservative, diraient nos bons ricains) et s’assument. Un certain nombre de vesses verbales bien senties envers les carrés rouges, émises avec fracas par les dirigeants de ce parti de suppôts veules du capitalisme crispé, prouvent indubitablement que ce sont des autoritaires. Mets le manche dans les mains de ceux-là et prépare-toi à te faire batter en grande dans le champ gauche. À fuir.

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Québec Solidaire
(collectif de direction: Amir Khadir et Françoise David)
– Gratuité scolaire et élimination de tous les frais facturés aux étudiants
– Bonification du système d’aide financière aux études
– Suppression de la loi spéciale (Loi 12)

QS (qui n’a jamais été au pouvoir) est un conglomérat de différents partis et mouvements de gauche et populaires initialement réunis sous deux parapluies, l’Union des Forces Progressistes et le mouvement Option Citoyenne, et qui se sont ensuite fusionnés en un parti politique unique. C’est, en ce moment, un parti qui se donne comme écologiste, féministe, altermondialiste et, quoique plus mollement, anti-capitaliste. Leur programme sur les frais de scolarité, c’est l’idéal. Leur défaut, c’est qu’ils ne gagneront pas cette élection-ci. Je vous reparlerai plus explicitement plus tard des grandeurs et des faiblesses de cette gauche molle, déjà entrée en phase conciliante…

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Voilà donc le tableau. Au moment de diffuser, les associations étudiantes n’avaient pas encore explicitement émis leurs consignes de vote en termes politiciens, se contentant de formuler leurs exigences politiques globales (et ce, pas seulement en éducation). S’ils en viennent à émettre des recommandations favorisant des partis spécifiques, je ne doute pas une seconde qu’elles seront articulées et subtiles, tout comme, justement, le reste de leur analyse sociétale. Nos jeunes de la ci-devant génération Dolan (pour reprendre le mot pas trop mauvais d’un de nos folliculaires) nous ont prouvé lumineusement que la politique politicienne, eh ben, ils laissent cela à leurs petits porte-paroles modérés transfuges

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Élections Québec : L’effet Léo Bureau-Blouin


«Le dividu de race libérale était en cavale depuis le 14 avril 2003. Connu des milieux informés pour être l’homme au post-it, nouvelle méthode pour le trafic d’influence, il a perdu ministres et crédibilité plus que tout autre avant lui. Il serait à la tête d’une organisation cultivant la collusion pour se financer.» 10-04

Mise à jour: Pour ceux qui ne connaissent pas Claude Poirier «Le vrai négociateur», il s’agit d’un pastiche de son style. Il faut croire qu’au PLQ, on n’écoute jamais LCN…

Source: image et texte, Écran Radar

Gaëtan Pelletier

 

 

Léo Bureau-Blouin

Le Parti Québécois vient de réaliser un coup de maître avec la venue dans ses rangs d’un jeune homme d’à peine 20 ans. Le coup de maître, c’est l’image : ce leader étudiant est représentatif d’à peu près toutes les opinions des québécois depuis le début du « printemps érable ».

Si les québécois se chauffent à l’érable – en plus d’en faire du sirop – , il se pourrait que M. Charest soit grillé lentement sur le bûcher.

D’autant que son parti, « vieillissant », se dégrade de par les départs, sans se revitaliser d’une jeunesse qu’il s’est mis à dos en l’ignorant dès les premières manifestations.

La suite est venue gâcher le portrait du leader sur la scène mondiale.

Loi 78. Etc.

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Trop jeune et peu expérimenté, dira-t-on.

Certes, mais le but n’est pas l’expérience. Le but est d’avoir trouvé ce qui incarnait  toute la frustration des québécois.

On l’a…

L’effet secondaire est d’avoir atténué l’effet leader de Madame Marois. Désormais, ce n’est plus un parti d’un leader, mais d’une équipe.

Dans le comté de Rivière-du-Loup-Témiscouata,  un autre candidat pourrait déloger Jean d’Amour : Michel Lagacé, préfet du comté. Un homme intègre et respecté.

Extrait du blogue de Mathieu Bock-Côté

Un mot aussi sur Léo Bureau-Blouin. C’est l’archétype du futur ministre. Il parle un peu la langue de bois. Mais il évite les excès révolutionnaires rendant la discussion politique impossible. Ce n’est pas avec ce genre d’homme qu’on porte une crise à son paroxysme mais c’est avec eux qu’on peut espérer les dénouer positivement. En un sens, il représente l’aile modérée du gouvernement étudiant, celle qui demeure centrée sur la question de la hausse des frais de scolarité, celle qui pourrait s’entendre avec le gouvernement du Québec, parce qu’elle ne rejette pas le système dans lequel il s’inscrit.

Il faut des hommes pour protester, il en faut d’autres pour gouverner. Les premiers et les seconds sont rarement les mêmes. Gabriel Nadeau-Dubois est du premier type, Léo Bureau-Blouin du second. Léo Bureau-Blouin semble avoir un respect pour les institutions qui manque à Gabriel Nadeau-Dubois. Hier, à deux reprises, à CBC puis à LCN, il a rappelé que les étudiants acceptaient la logique des concessions réciproques. On comprenait le message suivant : si le gouvernement propose une hausse moins marquée, les étudiants pourraient l’accepter en plus d’accepter le principe de la hausse. En disant cela, Léo Bureau-Blouin s’est comporté en leader responsable soucieux de la crédibilité de nos institutions. Il lui reste une semaine à son mandat. Il devrait en profiter pour prendre le leadership étudiant une fois pour toutes. Ce n’est pas impossible.

Source

Les aspirateurs à richesse

Il est aisé de prévoir que la prochaine élection sera CONTRE le Parti Libéral du Québec. En ce sens, tous les petits partis s’affairent à faire exploser le « vieux système ».

Cela ne changera pas le monde, ni le Québec.

Espérons seulement, tel qu’il se dessine en ce moment, que la politique cesse d’être une « politique-secte » pour enfin accéder à une démocratie meilleure.

Et c’est peut-être sans le savoir que le P.Q. refait son équipe de gens qui veulent sortir le Québec des vieilles recettes du néo-libéralisme et du pouvoir plus ou moins douteux dont le but est dévié du peuple.

C’est peut-être là la preuve, que lentement, les nouveaux arrivants – informés du climat mondialiste – pourraient modifier et sculpter lentement une autre société.

Un être à la fois…

Un humain…

Gaëtan Pelletier

25 juillet 2012

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Les enjeux mondiaux surexposés

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Touchante analogie. Cet enfançon qui amplifie pour son regard des frémissements perdus sur l’horizon sans voir l’oiseau qu’il a sur la tête, c’est le cirque médiatique contemporain, qui passe à côté des crises sociales cruciales qui lui picorent le ciboulot en braquant constamment ses unilatérales jumelles sur les mêmes appeaux accrocheurs du tout venant typant. Il y a des enjeux mondiaux surexposés et mon agacement à leur égard ne fait que croître, à mesure, justement, que leur importance diminue historiquement (sans que les jumelles médiatiques ne se détachent pourtant d’eux). En voici un petit aperçu représentatif, vous allez bien vite voir où je veux en venir. C’est moins d’un problème factuel que d’un problème de principe qu’il s’agit ici, un problème de ton intellectuel, d’attitude idéologique. La redite médiatique nous a fait prendre de grands faux plis mentaux et ces grands faux plis mentaux, comme ceux des articulations du prisonnier accroupi dans une fillette, sont fondamentalement paralysants et nous forcent, comme fatalement, à marcher accroupis. Ils sont le tout des attitudes générales que nous nous devons absolument de réformer, si on veut cesser que les arbres pourris et creux du journalisme spectacle nous cachent sans cesse la forêt sociopolitique.

UN CERTAIN CONFLIT DU MOYEN-ORIENT. Un conflit moyen-oriental dont je tairai pudiquement le nom fait l’objet d’une tragique superfétation médiatique depuis aux moins deux bonnes générations. Les gogos investissent ce conflit mineur de ci de là d’une sorte de dimension atavique, prétendument millénaire et s’en gargarisent comme si se canalisait en lui le combat fondamental entre je ne sais quel Grands Types Humains. De solides penseurs se sont détruits en niaisant après ce conflit. C’est passablement catastrophique. Je suis particulièrement outré et atterré par une telle mythologisation de ce petit conglomérat de meurtres minus. Je la trouve particulièrement nocive, toxique, stérile, absurde, inutile. Il est consternant de constater que ce conflit, et le camp qu’on prend tapageusement dans icelui, sert souvent de baromètre (pseudo) intellectuel pour jauger de la validité de pensée des uns et des autres. Je trouve inacceptable qu’un conflit local (plutôt qu’un autre) ait acquis ainsi une telle amplitude foutaisière de marqueur idéologique. De plus, il est trois fois hélas indispensable de fermement faire observer que les envolées passionnelles corrélées à ce conflit rendent habituellement à la narine un relent fort brun et fort suspect. Il est plus que temps de traiter ce conflit spécifique comme une escarmouche de théâtre comme une autre, sans moins sans plus, et de cesser d’y lire, comme dans je ne sais quel marc de thé irrationnel, le baromètre de la tension sous-jacente du monde. Arrêtons les frais et arrêtons le tout petit massacre stérile. Le meilleur moyen de régler un problème ordinaire, c’est de le capter dans son angle ordinaire. Le pépin avec ce conflit là est qu’il est englué dans une gadoue de superfétations symboliques dont il est plus que temps de se sortir. Il est inutile de me questionner sur ce conflit surexposé, je n’en parle jamais et ne me laisse jamais aspirer dans le maelstrom gluant et sempiternel de la foire d’empoigne de ritournelles et de redites obscurantistes le concernant.

LA FONCTION (POLITIQUE) DE PRÉSIDENT. Ah, les présidents de républiques. Qu’est-ce qu’on leur en met sur le dos. Did the president know/le président était-il au courant? Mais qu’est-ce qu’on s’en tape. Aucune analyse sociopolitique adéquate ne pourra jamais se formuler tant qu’il ne sera pas limpide dans l’esprit de l’analyste que les dignitaires politiques sont des pots de fleurs. Voyez l’équation américaine, s’il faut encore se vautrer dedans. Georges Bush (fils) prouva hier que n’importe quel toc peut devenir président. Barack Obama prouve aujourd’hui que l’intelligence présidentielle est sans pouvoir réel. On a indubitablement une anti-intellocratie politique structurelle dans les deux cas et le président n’y change pas grand-chose. Personnage symbole, figure phare sous projos dissimulés, timonier d’un esquif en pilotage automatique, le chief of staff, se pose délicatement sur le cloaque remuant du boulot orchestré par les autres et fait un discours. C’est comme ça que notre culture politicienne assure la permanence du spectacle de son autoperpétuation mais, alors là, ce n’est pas une raison, pour l’analyste, de se laisser porter par le confort du flottement de cette sphère creuse. Un corollaire important de cette observation (sur lequel la conjoncture nous fera certainement revenir dans les prochain mois) concerne l’incongruité et l’inanité de l’homme politique bouc émissaire dont on veut la tête en l’investissant, par la négative, de toute la charge (réprouvée, dans son cas) de la crise du moment. Le dignitaire politique est un mannequin de vitrine pour les POUR comme pour les CONTRE. Un régicide ne tua jamais la monarchie. Celle-ci tomba dans la structure de classe des fondements de la société et le roi ne fit que suivre. Cessons une bonne fois de re-monarchiser nos pantins éligibles et nos chefs meneurs de claques contemporains. C’est une cause et une analyse stérile que celle de perdre notre temps sur eux.

L’INSTITUTION RELIGIEUSE ET SES AVATARS. Qu’on parle de la pègre religieuse et de ses avatars, comme le fait fort utilement notre ami Lartiste ici même, en en décrivant la fondamentale pourriture institutionnelle, mais qu’on cesse de lui perpétuer, en ahanant, un halo de valeurs morales qu’elle n’a plus. Il y a encore bien trop de religion et de religiosité dans nos analyses politiques du religieux, autant que du reste. Qu’on traite de la crise des magouilles comptables du Vatican, des compromissions véreuses des partis politiques islamistes ou des derniers coups de Jarnac en vogue du fascisme social de la droite religieuse américaine, il reste toujours cette bien malodorante goutte de déférence envers le sacré qui gâte intégralement la description la plus prosaïque des faits. Il est plus que temps que l’analyse sociopolitique s’installe dans une description athée des superfétations religieuses des sociétés contemporaines. Il faut les décrire froidement, les combattre lucidement, sans constamment partager les illusions oniroïdes qu’elles entretiennent sur elles-même. Il est capital de noter que ce retard intellectuel religiosisé est une convulsion très profondément médiatique, au demeurant. La population ordinaire, elle, beaucoup plus irréligieuse et indifférente à ces questions que le flafla médiatique ne l’admet habituellement, surprend habituellement par la fermeté tranquille de son rejet de la validité sociétale des instances religieuses. Il est plus que temps de remettre ces dites instances à leur (toute petite) place. Leur donner moins de bande passante est un début que nos médias n’ont pas encore intériorisé adéquatement. Le nombre de crypto-curés et de crypto-nonnes qui y traînent surprendrait, si on se donnait la peine citoyenne d’adéquatement les débusquer.

L’ARRIVISME, LE CARRIÉRISME POLITICIEN. Tout événement politicien (une élection, une course à la chefferie) est désormais traité dans les médias comme une joute sportive. Le politicard décrit est implicitement présenté comme un arriviste n’aspirant qu’à grimper sur le haut du tas. Je l’ai dis, je le redis, les aspirations individuelles des chefs, on s’en tape souverainement. Le comédon politique est déjà par lui-même une distorsion suffisamment mystifiée et mythifiante des luttes sociales pour ne pas aller en rajouter une couche, en trivialisant tout ça comme si c’était un sport ou un divertissement. Les mouvements politiciens (alliances, coalitions, montées, déclins) sont trop souvent analysés sur le mode de l’anecdote amusette (quand il n’y a rien de drôle dans tout ça) et l’effort de décoder le profil des luttes sociales que ces mouvements reflètent n’est pas fait ou pire, est sciemment escamoté. Miss météo analyse plus précisément son objet que le chroniqueur ou la chroniqueuse politique de service. L’attitude responsable et authentiquement démocratique de nos meneurs étudiants –par exemple- est barouettée et déformée et il est particulièrement criant et grinçant de voir ces jeunes gens se faire distordre ainsi pour prendre la forme boursouflée et inane du reste de ce que la caméra nous serine. La communication médiatique utilise les mêmes armes politiques que les pouvoirs oppressifs: frapper à la tête, isoler les meneurs, les salir, les trivialiser, les emmailloter dans le moule bourgeois et cynique dont les médias procèdent et dont ils font une promotion veule. Jamais une analyse adéquate des grands mouvements sociaux ne sortira de l’attitude consistant à se restreindre aux visées individuelles des figures empiriquement perceptibles. Faire des rapports politiques un show, sous prétexte de rendre cela intéressant ou compréhensible pour un public dont on méprise implicitement les aptitudes mentales, c’est la forme contemporaine et scintillante du populisme le plus grossier et le plus inepte.

LES PLIS ET REPLIS DU BOTTIN MONDAIN. Le star system est mondialisé et, veut veut pas, aime aime pas, le divertissement culturel est un enjeu mondial immense, en continuelle croissance et en crise de mutation. Et, bon, pourquoi pas? Mais qui en parle adéquatement? C’est quand la dernière fois que vous avez lu une vraie critique de film? Quand avez-vous pris connaissance du commentaire sur un concert qui était autre chose que la redite du dépliant publicitaire dudit concert, déguisée en reportage? Les tendances de l’art contemporain, y compris de l’art de masse, on les connaît vraiment? Non, parce qu’il n’y en a que pour le bottin mondain. La robe d’une telle, le divorce des autres, qui se tenait avec qui lors du lancement de toc Tok ou la remise de hochets Zinzin. La compétition fantasmée et délirante, en feuilleton, en ritournelle, entre ces deux actrices pour le même homme. La couverture médiatique des arts et du divertissement contemporains est une pollution intellectuelle quasi intégrale. On se laisse porter par la tendance du succès de guichet sans l’analyser. Particulièrement ratée et mal avisée est la (non) description des fours (les fameux flops). Hollywood engage des moyens de plus en plus colossaux pour un résultat artistique de plus en plus dérisoire et malingre. Même chose pour l’industrie du spectacle musical. Aucune analyse de cette crise culturelle majeure n’est produite. On se contente de paniquer au premier degré parce que la petite populace pirate des films et des bandes audio. On cherche à la convaincre de ne pas le faire. La couverture médiatique de l’art et du divertissement est une pratique implicitement publicitaire. On tait les fours, on accroche son wagon sur les succès et on requine autour pour mordiller les morceaux qui tombent. Une époque qui ne comprend pas ses crises artistiques ne se comprend pas elle-même. C’est rendu qu’un acteur refuse un rôle de personnage impopulaire parce que c’est mauvais pour son image (commerciale) de marque. C’est rendu que la production de grands feuilletons populaires fonctionne comme de tyranniques dictatures. On continue d’affecter d’ignorer l’impact de masse des jeux vidéo, pourtant comparable à l’impact de masse de la musique populaire dans les années 1958-1978. On ne rend pas compte de ce qui se passe. Et tout est pris pour acquis. Tout est gobé, y compris les souliers, comme disait une chanson d’autrefois. The show must go on et on n’y comprend goutte.

Intox, intox, intox. C’est un état d’esprit de fond qui est en cause. Une constante stable détermine ces enjeux mondiaux surexposés. Fixation sur l’anecdotique rebattu et absence d’analyse critique effective. Ne me dites pas que cela n’est pas fait sciemment. Le petit enfant de ma photo a la décence intellectuelle d’être un enfant, justement. Nous, l’aréopage des éminents observateurs cogitatifs, il est peut-être temps qu’on sorte un petit peu de l’enfance de la pensée dans laquelle nous roule avec constance le journal du matin.

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Promotion cyclique des produits et des comportements «écologiques»

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J’appelle promotion cyclique le phénomène propagandiste qui consiste à mettre de l’avant un produit ou un comportement donné en affectant de le fonder dans une vérité incontestable puis, quelques décennies ou quelques années plus tard, mettre de l’avant le produit ou le comportement contraire en affectant de le fonder dans une vérité tout aussi incontestable (mais désormais, elle aussi, contraire) et ce, avec exactement la même ardeur et le même sens exacerbé de la certitude. C’est en matière écolo-environnementale, autour de l’intendance semi-sacrée de la ci-devant écolo-attitude, que l’on rencontre les fleurons les plus mirobolants du phénomène vu que la promotion cyclique, contrairement à la publicité ordinaire, est censée nous éclairer sur la définition fondamentale de ce qui est crucial à la vie. Et ça, bien, c’est écolo-environnemental… du moins par les temps qui courent.

Un premier exemple, l’eau. Il n’y a pas si longtemps, on ne jurait que par l’eau en bouteilles. L’eau du robinet était suspecte de ne plus bénéficier de l’assainissement qui avait été celui de nos vertes années. Elle goûtait bizarre, était d’une couleur étrange. Il ne fallait plus s’en servir que pour laver la vaisselle. Soudain, vlan, revirement aqueux généralisé. L’eau en bouteilles est possiblement empoisonnée par la surface plastique desdites bouteilles qui, en plus s’accumulent dans l’environnement, et l’eau du robinet est le nectar scintillant de la nouvelle source vive. En glissant le long de la transition des biberons, plastifiés et subitement nocifs eux aussi, on pourrait en venir à parler du lait. Lait maternel, lait de vache, simili-lait pour bébé, la faveur fluctue et les passions s’enflamment. À l’autre extrémité de bébé apparaissent ensuite les couches. Jetables ou lavables, une tension s’instaure. Les jetables polluent par accumulation mécanique alors que les lavables polluent par déversement chimique. La liste pourrait vite s’allonger, sur le chemin torve de l’accession aux ultimes vérités fortes et saines de l’écologie de notre temps. On pleure aujourd’hui d’avoir bazardé le tramway de Montréal et de l’avoir remplacé par des autobus, car le carburant fossile vient de percuter le fond de la promotion cyclique. Vive Toronto et son tram à l’ancienne. Mais demain le vieux réseau de filage électrique aérien s’avérera-t-il nuisible pour la santé torontoise tandis que les autobus montréalais vireront au vert limpide en ne fonctionnant plus au pétrole? Allez savoir. Le toutim à l’avenant…

Autorisez-moi ici un petit détour comparatif des plus singuliers: les Conservateurs canadiens. Il n’y a pas si longtemps ils ne valaient pas une guigne aux yeux de quiconque. Aujourd’hui, nos Conservateurs boivent du petit lait tranquillement, avec un centre-gauche bien divisé, comme découpé. Les Conservateurs (les vrais, les purs, les réacs bleu ciel) font désormais bel et bien partie du paysage politique canadien «de nouveau», c’est ça le plus triste… Ils n’ont plus, en ce jour, qu’à étaler doucement leur recentrage de Tartuffes et se préparer d’autres petites marées bleues bien tranquilles… Effarant… mais, soudain (et c’est ce que je vous annonçait plus haut comme hautement singulier), c’est absolument banal aussi, quelconque, plus du tout surprenant (dans le giron restreint de la politique politicienne). Ils étaient des minus sans intérêts, ils sont maintenant le moyen terme acceptable. Cela me rappelle Ronald Reagan dans les années 1970, un bouffon grotesque, un ancien cabotin de cinéma, un pantin creux et godiche, dont personne ne voulait… lui qui allait devenir le «grand président historique» de la décennie suivante. Ce qui est si singulier, c’est le fait que ces exemples criants de promotion cyclique ne surprennent plus du tout dans l’espace précis de la politique politicienne. La politique politicienne est usée. La promotion cyclique y roule à vide et plus personne ne la remarque, dans le susdit champ politicien.

Promotion cyclique. Cherchez le vrai, dans tout ça. Bon, la mode est possiblement un type spécifique de promotion cyclique, mais il ne faut pas pour autant ramener les questions de promotion cyclique (surtout dans des cas aussi vitaux que ceux procédant de l’écologique) à de simples questions de mode. Ce serait alors les atténuer et, en quelque sorte, les innocenter. La mode a au moins la décence intellectuelle, toute involontaire d’ailleurs, de ne par renier systématiquement la tendance antérieure. La mode est une dérive orchestrée du goût, qui se boucle parfois. La promotion cyclique est un reniement des vérités, qui se contredit toujours. Cela se distingue dans le justificatif que se donne la promotion cyclique et que ne se donne pas la mode. Quand le discours de la mode vous annonce que l’automne sera dans les teintes de rouge et qu’on verra revenir le tricot en force, que l’été se vivra en souliers plats ou que le mauve lilas et le gris cendré sont à l’honneur, aucun justificatif n’est formulé. On ne vous dégoise pas sans fin que les talons aiguille heurtent la colonne vertébrale, que la laine respire mieux que le feutre ou que le noir attire indûment les rayons du soleil… La mode ne s’ontologise pas dans une doctrine du Vrai Souverain. C’est la mode, on n’a qu’à assumer, et advienne que pourra… qui m’aime me suive, quoi…

Dans le cas de la promotion cyclique, qu’il faut donc, en fait, crucialement distinguer de la mode, du changement frivole pour le changement frivole, une tension, un souque à la corde de justificatifs se met en place. On nous annonce subitement, il n’y a pas si longtemps, que les rayons UV, surtout chopés en salon de bronzage par des jeunôts, sont «désormais» cotés causes directes de cancer, au même titre que le tabac. Les salons de bronzage aboient, et vont rejoindre les compagnies de couches jetables, de simili-lait et de bouteilles et biberons en plastiques sous la lune variable à laquelle on hurle sa bonne foi. C’est que, derrière la promotion cyclique se profilent toujours des groupes de pressions, habituellement industriels, craignant, qui de perdre des parts de marché, qui de faire face à des poursuites, qui les deux à la fois. Ouf… Quelqu’un ment quelque part. Ce qui est (pourtant!) hurlant d’évidence dans les alternances du spectacle de notre chère petite politique politicienne devrait l’être autant sur tout ce qui fait l’objet d’une promotion «étayée» en cycles. C’est bien loin d’être le cas. On continue de tendre à croire que l’ultime vérité (sur la ligne du temps) est (enfin) la bonne (alors qu’on ne croit plus spécialement au parti politique du moment… pour le moment).

Car, fondamentalement, c’est la véracité de la promotion cyclique qui soulève les relents les plus purulents. Ne cherchez surtout pas, c’est toujours la dernière version retenue qui est la «vraie». Si nous l’endossons sans question, c’est que la promotion cyclique vient de nous épingler comme un papillon. Et nous mordons. Et nous chantons. Haro sur tout ce que se disait avant. La version actuelle est la seule qui vaille. On la sabordera dans quelques années mais qu’à cela ne tienne, c’est la «vraie». Jouant en plus à fond sur la propension du public à se culpabiliser en panavision, la promotion cyclique finit par planter dans la conscience des masses ce que l’on pourrait nommer l’angoisse des éoliennes. On promeut, dans l’abstrait, les éoliennes. Elles sont une solide alternative aux carburants plus polluants. Mais, dans le concret, on rejette les éoliennes. Elles donnent des maux de tête électrostatiques à ceux qui vivent dans leur voisinage, emmerdent les petits oiseaux, et gâchent la cruciale dimension visuelle du paysage naturel où on les implante. Éoliennes, oui? Non? La promotion cyclique se met une fois de plus à tournoyer dans tous le sens et c’est l’angoissant tournis manichéen qui nous écoeure, à nouveau, à nouveau, à nouveau.

Écoeuré, ça, je le suis. Je suis suprêmement écoeuré de tous ces pseudo-spécialistes qui recyclent leurs mensonges à géométrie variable, fonction de la puissance du groupe de pression du moment. Je n’ai jamais été trop chaud pour l’hyper-relativisation des vérités (qui est celle, par exemple, dans laquelle est désormais bien enlisée la politique politicienne… les bleus, les rouges, les verts, les orangés… faites tourner). Quand, pour l’eau, le lait, le vent, les rayons UV, le transport urbain et les pépette de nos bébé on se met à faire le girouette, justement comme pour la politique politicienne, j’ai le net sentiment qu’on se paie ma poire, soit pour me faire les poches, soit pour me donner le tournis sociopolitique sur les questions écolo-environnementales, soit les deux. La promotion cyclique, c’est, de fait, le grand confusionnisme crypto-réactionnaire de notre temps, sur lesdites questions environnementales. On brouille sciemment les cartes. On noie le poisson écolo et on détourne le cours de la rivière scintillante de l’opinion pour faire de l’argent. On manipule de nouveau, à la fois nos émotions profondes et notre sens du devoir. On sème la confusion et on nous fait nous garrocher dans tous les sens. Cela tataouine et gaspille en grande, et le seul cycle de croissance que cela enclenche en fin de compte, c’est celui de ma vive et cuisante contrariété.

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La mise en place de la Commission Charbonneau sur les collusions dans le secteur de la construction… ou JE ME SOUVIENS DE LA PATENTE À GOSSE (2)

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Et la Commission Charbonneau de lancer, justement cette semaine, la portion visible au public de ses fameux et tant attendus travaux. Et nous, bien nous continuons de bien nous souvenir car… il faudra revoir tout ça avec le recul, un jour. La listes des instances de la société civile québécoise ayant réclamé, entre 2009 et 2011, une commission d’enquête sur les collusions entre le secteur de la construction et les partis politiques au Québec se résume comme suit (liste non-exhaustive): Association des policiers provinciaux du Québec, Association des procureurs de la Couronne du Québec, CSD Construction, Centrale des syndicats du Québec, CSN Construction, FTQ Construction, Centrale des syndicats nationaux, Maire de Québec, Municipalités, MRC et conseils d’arrondissements, Fédération québécoise des municipalités, Fraternité des policiers de Montréal, Ordre des ingénieurs du Québec, Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec, Syndicat de la fonction publique du Québec, Ville de Montréal, maire et conseil municipal, Ville de Longueuil, mairesse et conseil municipal, PQ, ADQ. Les commentateurs proviendront de ces différents milieux et parleront d’une voix de plus en plus unanime. Tout le monde souhaite alors ou affecte de souhaiter que cesse la corruption dans le secteur de la construction aux niveaux municipal et provincial et que la collusion entre firmes d’ingénierie, pègre urbaine et partis politiques soit mise en lumière et éradiquée. La soif de savoir ce qui se passe et de comprendre clairement les méandres du système de corruption et de collusion est un puissant incitatif de pression dans toute cette dynamique. Les critiques de différentes origines s’opposent ici très massivement et fort unanimement au premier ministre Charest, tout en le rejoignant autour d’un postulat commun, celui de l’existence de malversations, de corruption et de collusions dans les secteurs de la construction de grandes infrastructures, au niveau municipal et provincial. C’est sur la solution à apporter, à cette étape de cette crise de confiance, qu’on ne s’entend pas. On peut donc résumer ce que furent les arguments des acteurs de la façon suivante.

Arguments du premier ministre: Une commission d’enquête est un mécanisme lourd, médiatisé et spectaculaire qui risque de nuire aux enquêtes policières en cours, qui sont délicates et complexes, en exposant sur la place publique, de façon désordonnée et surchargé politiquement, des personnalités qui en profiteront soit pour se refermer comme des huîtres et ne rien avouer, soit pour employer l’impunité dont elles disposeront pour s’en prendre aux autres, y compris à leurs ennemis personnels, tout en se protégeant eux même. Ces questions sont déjà difficiles à tirer au net dans le huis clos des interrogatoires de police ou de rencontre avec des juges d’instruction, elles deviendraient intraitables dans une commission d’enquête sur la place publique. Arguments du reste des intervenants: À des degrés divers (mais parfois très explicitement), on accuse le premier ministre de vouloir maintenir la discrétion et le secret des enquêtes non pour protéger leur efficacité effective mais pour dissimuler son implication personnelle et celle de son parti politique dans les activités illicites qui seront mises à jours. En se privant d’une commission d’enquête publique, on accuse le premier ministre et le parti au pouvoir de se priver du seul mécanisme juridique et politique d’ampleur nationale susceptible de procéder à une mise à plat complète et contraignante de tous les mécanismes de malversation, de collusion et de corruption dont l’existence ne peut-être que soupçonnée. Cette analyse fait valoir que les enquêtes policières ne capturent que les lampistes, épargne les grosses pointures, et que toutes les pressions politiques sont possibles quand les étapes de l’investigation se déroulent hors de la vue du public. Les intervenants publics, autre que le premier ministre et son cabinet, réclament une commission d’enquête publique (au sens classique du terme) sur les collusions entre le secteur de la construction et les partis politiques au Québec et ils exigent qu’elle opère avec pouvoirs pleins et entiers. Leurs arguments ne changeront pas tout le long de l’exercice et leur pression s’exercera de façon constante et, en fait, plus unanime que concertée.

Le premier ministre, pour sa part, va finir par se rentre à la position du reste de la société civile en trois étapes. 1) d’abord il préconisera une solution strictement juridico-policière au problème, dans le cadre de l’Opération Marteau et des travaux de l’Unité permanente anti-corruption. Il exigera qu’on laisse les corps policiers et les services d’enquête spéciale procéder à leurs recherches et dépositions à leur manière et sans qu’une commission d’enquête ne soit instaurée. 2) à la demande de toutes les instances précédemment citée, le premier ministre optera ensuite pour une commission aux pouvoirs restreints (la fameuse patente à gosse) ne pouvant ni obliger les prévenus à témoigner ni leur assurer l’équivalent de l’immunité parlementaire pour leurs témoignages. 3) quand la juge Louise Charbonneau, désignée par le gouvernement pour présider la commission, réclamera la capacité de contraindre les prévenus à témoigner et le pouvoir de leur assurer une immunité, le premier ministre Charest, qui s’était engagé à se soumettre à toutes les exigences de la juge Charbonneau, obtempérera, supprimant de ce fait la patente à gosse et rendant la commission d’enquête pleinement opérationnelle, comme l’avait été la Commission Cliche de 1975 ou la Commission d’enquête sur les comptes publics de 1936.

Pour faire triompher leurs idées et finir par faire fléchir leur premier ministre, les intervenants des divers segments de la société civile utiliseront absolument tous les arguments et procédés disponibles. Le chef politique de droite Gérard Deltell, de l’ADQ, écrira une lettre aux débutés libéraux d’arrière bancs, les invitant à relayer la pression populaire sur le corps ministériel. Des anciens PDG du secteur parapublic, des anciens hauts fonctionnaires, des juristes, des historiens, des philosophes, analyseront les incohérences logiques, juridiques et historiquesde l’option retenue par leur premier ministre. Ils jetteront leur expérience dans la balance pour faire la démonstration du raisonnement qui finira par détruite l’option patente à gosse: personne n’acceptera de témoigner (si on ne peut pas les forcer) quand tout ce qu’il diront peut se retourner contre eux (si on ne leur assure pas l’immunité). Dans un tel modèle de commission, les témoins les plus importants n’oseront pas parler sans protection, ne seront pas forcés de le faire, donc ne le feront pas. Les militants du regroupement Génération d’idées organiseront l’Opération Balai, une intervention militante devant l’Assemblée Nationale du Québec pour promouvoir la mise en place d’une commission d’enquête, de type classique, en bonne et due forme. Finalement, des intervenants souverainistes utiliseront même les tergiversations de premier ministre Charest comme élément d’un bouquet garni argumentatif contre le fédéralisme canadien.

La collusion et la corruption entre le secteur de la construction et les paliers municipaux et provinciaux du gouvernement est une réalité ancienne, institutionnalisée, solide et secrète dans un contexte socio-économique comme celui du Québec. Faire la lumière sur cette question est un enjeu important, dans les conditions actuelles où la remise en ordre des grandes infrastructures et l’austérité budgétaire créent une conjoncture nécessitant le minimum de gaspillage et de détournements de fonds, et le maximum d’efficacité et de sobriété, si possible. La société civile a vu un malaise profond dans son intendance politico-économique et cherche à mobiliser des outils juridiques, grandioses mais traditionnels, pour y remédier. Il est cependant indéniable ici, que l’histoire se répète. Le discrédit généralisé du gouvernement Charest l’a rendu parfaitement inapte à défendre l’argument selon lequel la Commission Charbonneau sera un grand spectacle collectif que les québécois se donneront, en pleine lumière, longtemps après, pour reprendre le mot d’un des ministres du gouvernement, que les coquerelles se seront bien cachées, chassées justement par la lumière. Considérant que le premier ministre et ses ministres défendaient, avec duplicité, des vues leur assurant la position de juge et de parti, les québécois se sont objectés collectivement. Or, on a ici un cas d’espèce où gagner c’est perdre. Dans un monde idéal, des enquêtes policières discrètes auraient certainement été préférables. Miné par son fardeau de scandale, le premier ministre du Québec a été totalement inapte à défendre cet argument sans paraître vouloir se défiler, avec le parti ministériel, entre les mailles du filet de la justice. Monsieur Charest n’a convaincu personne. Les idées des objecteurs du premier ministre ont triomphé. La Commission Charbonneau a été instauré. 2012 la verra se mettre en branle. Mais ici aussi gagner, c’est perdre. Que fera t’elle de plus que toutes les commissions d’enquête qui jalonnent notre cahotante histoire et dont, en fait, elle ne diffère en rien… et dont, en fait, on sait parfaitement, avec notre recul historique, riche, dense et jalonné, justement, qu’elles n’ont rien pu vraiment régler, vue que nous en sommes encore là… Mon sentiment est limpide sur toute cette histoire: la vraie PATENTE À GOSSE ne fait que commencer…

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Classé dans Actualité, Paul Laurendeau

La mise en place de la Commission Charbonneau sur les collusions dans le secteur de la construction… ou JE ME SOUVIENS DE LA PATENTE À GOSSE (1)

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Arrestation de monsieur Zampino. Voici dont que l’Opération Marteau frappe de nouveau. Ce n’est justement pas une raison pour escamoter le fait, crucial et sensible, que la Commission Charbonneau continue de couver sous le boisseau. Il est capital de se souvenir clairement des particularités les plus saillantes du régime gouvernemental actuel au Québec, sur cette question récurrente et purulente des collusions et de la corruption. La réminiscence à laquelle je vous convie ici porte donc sur l’ensemble de pressions publiques ayant été exercées entre le 15 septembre 2011 et le 9 novembre 2011, et ayant menés à la mise sur pied, en deux phases, de la fameuse Commission Charbonneau. La mise sur pied d’une commission d’enquête sur les collusions entre le secteur de la construction et les partis politiques au Québec fut, je vous supplie de vous en souvenir, le résultat d’un ensemble complexe de pressions politiques exercées par la société civile sur le gouvernement du Québec et le Parti Libéral au pouvoir. Je me propose donc ici, modestement, de pérenniser la dynamique de cet ensemble de pressions politiques, élitaires et citoyennes, s’étant exercées, fort intensément, entre 2009 et 2011, sur cette question dont les répercussion se feront sentir longtemps encore dans la vie sociale et politique québécoise. La chose étant particulièrement hallucinante en soi, je me propose d’adopter le ton le plus pudique imaginable pour procéder à sa présentation.

Depuis avril 2009 des irrégularités et des problèmes de collusion de diverses natures se manifestent au Québec autour du secteur de la construction, et de nombreux intervenant, voyant le caractère général du problème, se sont mis à réclamer des enquêtes et des investigations sur la question. La possibilité d’une profonde implication du crime organisé et de liens intimes entre ce dernier, les acteurs importants du secteurs de la construction et les paliers de gouvernements municipaux et provinciaux crée un conteste de suspicion généralisée qui oblige le gouvernement du Québec à mettre sur pied, en février 2011, une Unité permanente anti-corruption, inspirée d’une unité semblable existant à New York. Le 15 septembre 2011, une fuite du rapport du directeur de cette unité (Jacques Duchesneau) confirme une nette corrélation de collusion entre pègre, ministère des transports, grandes entreprises de travaux publics et caisses électorales de partis politiques municipaux et provinciaux. Le premier ministre du Québec, Jean Charest, met alors sur pieds, le 19 octobre 2011 une commission d’enquête aux pouvoirs limités (qu’on surnommera alors la patente à gosse), dont il confiera la direction à la juge Louise Charbonneau. Le 9 novembre 2011, Jean Charest cédant ensuite à un autre ensemble, toujours croissant, de pressions publiques, retire les restrictions des pouvoirs de cette commission d’enquête et la rend pleinement opérationnelle. Je vous remémore ici un échantillon représentatif des pressions s’étant exercées pour que la Commission Charbonneau devienne de plain pied une commission d’enquête au sens régulier et ordinaire du terme. Le terme patente à gosse, est une expression québécoise péjorative (amplement utilisé par les groupes de pressions impliqués sur cette question et les médias) pour désigner une machinerie compliquée, alambiquée, tarabustée qui fait semblant de bien marcher mais qui en fait est toute croche et risque de ne pas vraiment remplir sa fonction ou ses promesses, même si elle a un petit côté spectaculaire qui pourrait faire illusion. La première mouture da la Commission Charbonneau était, selon ses principaux critiques, une patente à gosse, la seconde mouture (la version actuelle) ne le serait plus. Notre chronologie restreinte se formule donc comme suit:

  • 15 septembre 2011: Fuite du rapport Duchesneau et début de l’intensification des pressions pour obtenir une commission d’enquête sur les collusions entre le secteur de la construction et les partis politiques au Québec
  • 19 octobre 2011: Mise sur pied de la Commission Charbonneau dans sa version dite «patente à gosse»
  • 9 novembre 2011: à la demande de la juge Charbonneau, et sous la pression collective, assignation des pleins pouvoirs à sa commission d’enquête

Il est important de garder à l’esprit que le gouvernement du Québec, comme corps administratif provincial, a une longue tradition de corruption. On peut évoquer les scandales de constructions ferroviaires du 19ième siècle et de concessions forestières abusives au tout début du 20ième  siècle, ayant fait tomber des gouvernements, notamment ceux de Simon-Napoléon Parent en 1905 et de Louis-Alexandre Taschereau en 1936. Des abus durables du système de ristournes du duplessisme entre 1945 et 1960 jusqu’aux malversations mises en lumière par la Commission Cliche en 1975, la collusion et la corruption sont un héritage lourd et ancien au Québec et, au fil du temps, il s’avère que tous les partis politiques sans exception sont compromis et qu’on a, en fait, affaire à une caractéristique profonde et récurrente de cet appareil gouvernemental spécifique.

Au pouvoir, dans des gouvernements minoritaires ou majoritaires, depuis 2003, le Parti Libéral du Québec du Premier Ministre Jean Charest est bien installé aux commandes de l’état québécois. Depuis 2009, on assiste à une intensification des «affaires» de népotisme et de collusion de différentes natures concernant la gestion actuelle de l’état québécois par ce parti spécifique. Son ancien ministre de la justice Marc Bellemare a accusé ce gouvernement d’obtenir des contributions politiques en échange de la nomination de juges (cela a déclenché la mise sur pied de la Commission Bastarache). Son ancien ministre de la famille Tony Tomassi a du démissionner pour avoir utilisé la carte de crédit d’une entreprise disposant de contrats gouvernementaux. Et plus récemment, c’est la présidente du Conseil du trésor, madame Michelle Courchesne qui est accusée d’avoir, lorsqu’elle était Ministre de la Famille, alloué des contrats de lancement de garderies privées et des places en garderies à des contributeurs de la caisse électorale du Parti Libéral du Québec. On peut donc dire que la crédibilité politique de ce gouvernement n’est pas très forte en ce moment. Jacques Duchesneau est un officier de police ayant trente ans de carrière. Il a été chef de la police de Montréal de 1994 à 1998 et candidat malheureux à la mairie de Montréal en 1998. Patron de l’Unité permanente anti-corruption depuis février 2011, il dépose un percutant rapport en septembre 2011. «L’ancien chef de police conclut que le ministère des Transports est impuissant face à la collusion et que le crime organisé et les entreprises de construction sont responsables des coûts très élevés payés par l’État pour ses projets de construction. Une partie du magot serait ensuite transférée vers les caisses électorales des partis politiques, affirme le rapport Duchesneau.» (La presse Canadienne).

Le bras de fer argumentatif se met alors en place…

(À suivre)

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Classé dans Actualité, Paul Laurendeau

Proposition du PQ : Le vote à seize ans


Il est des idées d’une telle absurdité que seuls les intellectuels peuvent y croire. (George Orwell)

Myriam Ségal
Le Quotidien

Le PQ propose que les jeunes votent à 16 ans. Au-delà de l’opportunisme politique (des électeurs audacieux alléchés par une option politique risquée), cela vaut la peine de réfléchir à l’incohérence qui marque les droits des jeunes. À 16 ans, ils n’ont pas le droit d’acheter un gratteux, mais peuvent lâcher l’école ou refuser des traitements médicaux; donc, pas le droit de risquer 2$, mais le droit de gâcher leur vie. Ils ne peuvent pas boire d’alcool, mais peuvent se faire avorter. Ils peuvent conduire, mais pas se faire infliger une contravention de plus de 100$. Ils peuvent payer de l’impôt, mais pas voter! Les ayatollahs de la santé songent même à leur interdire d’acheter des friandises. Le quotidien

***

Je viens d’entendre quelques jeunes se faire interviewer à la télévision. On ne sait pas trop qui est la CAQ, et quand on leur demande qui est le premier ministre du Québec. Jean Charest, mais pas …euh!, pas sûr.

Pour la CAQ, ce serait Claude Legault…

Quel est le nouveau parti qui vient d’être fondé?

Réponse : le NPD.

À quoi s’intéresse-t-on à 16 ans? J’imagine que ceux qui lisent ici ont déjà eu 16 ans… J’avais plus peur d’un bouton d’acné que d’un politicien. Et vive le Rock-N-Roll! Les filles, les gangs de gars…

C’est le party… Pas les partis.

Cette possibilité est-elle raisonnable? Vous avez tous votre opinion.

Le MELS en branle

Vous allez dire que ce n’est pas un obstacle. Le PQ non plus. Il n’a qu’à aller au MELS et créer un cours de « science politique pour les jeunes ». Je vois bien le topo. On engage cette vieille ferraille cabalistique de  conseillers pédagogique du Ministère, les cultivés livresques sans connaissance du terrain. Ils vont lui  concocter un plan de cours.

BUTS DU TEST

 

COMPÉTENCES

Savoirs :

* la structure du X

A)    X est la 24e lettre et la 19e consonne de l’alphabet latin.

B)    La lettre « X » est très utilisée dans la culture populaire, car elle implique un contexte de pornographie, de mystère et/ou de science-fiction.

C)    La lettre X peut servir à marquer sa préférence de candidature sur le bulletin de vote dans les sociétés démocratiques.

N.B. La lettre  X est composée de quatre lignes ou de deux, dépendamment de la vision que vous avez. Les élèves qui louchent pourront avoir accès à un aide-traceur, employé de l’État ou à un juge, un policier, un maire, un employé de la poste, ou un sans-abri diplômé.

SAVOIR FAIRE                  

Traçabilité du X manuellement sur bulletins fictifs.

A )  L’élève devra être capable de tracer un X, un crochet, un point, ou, en cas de manque de crayon, utiliser une aiguille pour se percer la peau et y placer une goutte de sang.

Il devra, dans ce cas remplir le questionnaire de demande autorisant des vérifications de codes génétiques : Le Sang pour Cent, version SS008BCBON.

B ) L’élève devra exécuter ce X en un temps ne dépassant pas les 5 minutes. Tout élève dépassant cette limite pourra suivre un cours  d’appoint : DOUBLE XX 008.

( Il est strictement interdit de faire des recherches sur le net concernant les triples X qui seront considérées comme  de la tricherie. Le cas advenant, l’élève sera suspendu de l’école pour 68 minutes.)

C )    Apprentissage par cœur d’au moins 21 lettres de l’alphabet. En ordre ou en désordre.

Savoir-être      

           Conscience sociale

A)    Empathie : se servir de ses pairs et se faire servir par ses pairs, et sans récompenses matérielles d’un relief douteux.

B)    Ouverture d’esprit : comprendre la tâche des dirigeants  à l’aide de vidéos tirés des bulletins de nouvelles.

C)    Implication : s’investir comme participant démocratique en une lettre. (S.V.P. : ne pas écrire aux gouvernements en place, lettre signifiant ici X)

Habileté sociale 

A)    Qualité relationnelle : ne pas haïr son prochain comme le prochain nous haït s’il n’est pas du même avis. ( L’avis de décès ne fait pas partie du corpuscule sus mentionné)

B)    Respect :   des policiers et des agences de surveillances privées, des décideurs cadres mandataires en science économique,   des systèmes d’austérités mis en place par nos élus, etc. Et ce, dans des gestes concrets.

QUELQUES TESTS À TITRE D’EXEMPLES

TEST 1

Choix de réponses :

Placer selon l’image, les candidats des chefs de partis.

1-      PQ

2-      ADQ

3-      CLAQ

4-      CLIQUE

5-      QS

6-      PLQ

7-      I (indépendant)

A

B

C

D

E

F

G

H

I

J

TEST 2 

Questions  ouverte :

1-      Quel est selon vous le but du Plan Nord?

Mettez en ordre la phrase qui correspond à une réponse  contingente.

de – de -l’ faire- argent- compagnies- Pour- ensuite-et- délocaliser

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2-      En 10 mots, donnez votre avis :

Les mots suggérés : Emploi Nord 25 ans Avenir  Sécurité Travail  Bonheur, Plan Vert, Libéral, Bienfaits, Développement, Énergie, Jean Charest, Économie, Temps, Retraite,  etc.

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Question fermée et ouverte

Qu’est-ce qu’une enveloppe brune? ( Choisissez entre A ou B)

A)

B)

P.S. : Votre permis de voter vous sera livré par la poste… Advenant la disparition de la poste, un courrier choisi par le gouvernement en place s’en chargera. ( XPress)

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ANNEXE I

Qu’est-ce qu’un permis de vote?

C’est comme un permis de conduire, mais toutes les formes de facultés affaiblies sont permises. Une vidéo tirée des bulletins de nouvelles vous sera présentée à cet effet.

ANNEXE II

Mais cela ne saurait se faire par des tests papier-crayon. On peut s’inspirer des principes de l’évaluation authentique élaborés par Wiggins :

  • L’évaluation n’inclut que des tâches contextualisées.
  • L’évaluation porte sur des problèmes complexes.
  • L’évaluation doit contribuer à ce que les étudiants développent davantage leurs compétences.
  • L’évaluation exige l’utilisation fonctionnelle de connaissances disciplinaires.
  • Il n’y a aucune contrainte de temps fixée arbitrairement lors de l’évaluation des compétences.
  • La tâche et ses exigences sont connues avant la situation d’évaluation.
  • L’évaluation exige une certaine forme de collaboration avec des pairs.
  • La correction prend en considération les stratégies cognitives et métacognitives utilisées par les étudiants.
  • La correction ne tient compte que des erreurs importantes dans l’optique de la construction des compétences. Philippe Perrenoud

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Classé dans Actualité, Gaëtan Pelletier

Démission de Normandeau : même pas une tempête dans un verre d’eau…

Par Renart Léveillé

La démission de Nathalie Normandeau… Tout d’abord, il me faut pointer le billet de la blogueuse Marilène Pilon : « Deux poids deux mesures : désinformation d’une crise ». Elle y fait le triste constat du traitement très différent de la nouvelle quand il s’agit du PQ ou du PLQ. Elle a bien raison : pourquoi la nouvelle du départ de la vice première ministre du Québec ne signifierait pas que le PLQ est en crise, comme on l’a ressassé à toutes les sauces pour les démissions au PQ? Parce qu’il ne faut pas se leurrer, le terme « crise » n’est pas neutre du tout, surtout dans l’imaginaire collectif.

C’est certain qu’il y a une différence entre une démission et des démissions, mais, comme le soulève Marilène, le PLQ a eu son lot de démissions, quand même assez récemment. Et encore plus récemment, comment ne pas faire le lien avec la démission d’Alexis St-Gelais, président du PLQ dans Jonquière?

Je ne pourrais le renier, il y a effectivement une crise au PQ, mais elle me semble bien nourrie : pourrais-je dire… par sensationnalisme? Et, serait-ce de l’exagération de dire qu’il y a aussi une crise au PLQ?

Passons là-dessus.

De son côté, le blogueur Daniel Lalonde revient sur le fait que Nathalie Normandeau, dans son discours, « en a profité pour dénoncer le cynisme de la population envers la classe politique. » Son excellente question à l’ancienne vice première ministre :

déplorerait-elle le cynisme d’une femme envers les hommes après qu’elle se soit fait tromper à répétition?

Pour la suite de son propos, un dénommé @EspritTordu l’a bien synthétisé par ce message, publié sur Twitter :

Nathalie Normandeau: une prime de départ de $150,000 après sa démission. Essayez seulement de demander du chômage si vous démissionnez!

Sans oublier que « son départ en plein milieu de mandat force une élection partielle qui, si l’ont se fie à l’élection partielle de 2009 dans Rousseau, ne coûtera pas moins de 500 000 $. »

Et, bien sûr, comme je l’avais soulevé aussi sur Twitter :

Faudrait organiser un « pool » sous le thème : Dans combien de temps Nathalie Normandeau aura son retour d’ascenseur pour services rendus.

Démission de Normandeau : « la volonté de se consacrer un peu plus à sa vie privée. » – Un peu plus à sa vie « au privé »?

En plus de cultiver le cynisme citoyen, toute cette histoire est un terreau très fertile pour le sarcasme.

Et je pourrais m’arrêter ici.

Le pouvoir

Mais à la lecture du billet de Cécile Gladel à ce sujet, dans la section où elle parle de l’avis de Josée Blanchette, j’ai une petite veine dans le front qui s’est mise à sursauter! Cette phrase en particulier :

Il faut beaucoup de lucidité ou être parvenu au point de non retour (sic) pour renoncer au pouvoir ainsi, aussi ouvertement, en baissant les bras, tout simplement.

Je ne sais pas si c’est juste moi, mais je n’aime pas du tout l’utilisation du terme « pouvoir » dans ce contexte. J’aurais préféré plutôt quelque chose pointant un poste de haut niveau ou quelque chose du genre. Parce qu’être parvenu au point de non-retour pour renoncer au pouvoir, ça donne l’impression que le pouvoir est en soi un joyau… Pour ceux qui ont lu et/ou vu la série « Le Seigneur des anneaux », nous ne sommes pas très loin de Gollum et de son « précieux »…

Et, si je ne m’abuse, le pouvoir de Nathalie Normandeau était assujetti au citoyen, contrairement au pouvoir du domaine privé. Et des politiciens qui visent la tête du gouvernement expressément pour goûter à l’étourdissement du pouvoir, le moins possible s’il vous plaît. Cela participe au cynisme ambiant. Le pouvoir, dans le contexte politique, ça devrait principalement concerner la possibilité de faire quelque chose pour les autres, et très accessoirement pouvoir s’appliquer à l’égo de la personne qui en a. D’autant plus qu’il ne manque pas d’argent à la clé. Ouin, le pouvoir et l’argent, le pouvoir de l’argent…

Et de voir cette formule de la plume d’une chroniqueuse très connue et appréciée, ça me donne des frissons.

Mais c’est sans doute juste moi.

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé