La Grèce et le reste de l’Europe retiennent beaucoup l’attention ces temps-ci. Un signe avant-coureur de ce qui risque de se passer un peu partout dans la monde avant très longtemps. Le plan de sauvetage de la Grèce par l’Allemagne, la Banque centrale européenne et le FMI est ni plus ni moins que du vol de grand chemin qui transfère la richesse des moins nantis vers les grandes banques françaises et allemandes qui étaient les plus gros détenteurs de la dette grecque. Il ne faut pas se leurrer, nous payons tous pour ce sauvetage.
Le problème, c’est que cette solution n’en est pas une. La Grèce n’est pas sortie du bois pour autant. Pour éviter de faire défaut, il leur faut faire des coupes draconiennes dans leur budget, chose que les observateurs doutent fort et augmenter le fardeau fiscal de leurs citoyens qui sont déjà fortement taxés. Assez fortement d’ailleurs pour que les hausses de taxes soient totalement inefficaces, parce que comme l’économiste Arthur Laffer l’a démontré avec sa célèbre courbe, passé un certain point les hausses de taxes causent une diminution des revenus de l’état au lieu de les augmenter. Les grecs ont beau mettre leur pays à feu et à sang, ça ne les aidera pas à sortir de l’impasse. Ils n’arriveront pas à conserver leurs privilèges quoi qu’ils fassent. Dans un an ou deux, le gouvernement grec retournera voir le parlement européen avec le chapeau tendu. Un second sauvetage sera probablement nécessaire pour éviter qu’ils ne soient encore pris en défaut. Mais il est peu probable que le reste de l’Europe puisse les aider cette fois-la. La solution logique serait d’accepter la faillite. Au moins, les banquiers mangeraient leurs bas et les grecs pourraient essayer de reconstruire et s’adapter à la réalité. Ils pourront remercier leurs politiciens de les avoir roulés avec des fausses promesses qui ne pouvaient pas possiblement être tenues.
Pendant ce temps, l’Espagne et le Portugal sont aussi en difficulté et maintenant qu’on a « sauvé » la Grèce, il sera difficile de ne pas faire de même pour eux. Où va s’arrêter la folie? Les États-Unis ne sont pas vraiment en meilleure posture. Leur dette touche maintenant la marque de 94% de leur PIB et ils n’incluent pas les dettes de Fannie Mae et Freddie Mac qui ont été nationalisés et donc sont la responsabilité du trésor américain, ni les dettes actuarielles de la sécurité sociale, de Medicare et Medicaid qui totalisent 60 billions (trillions en anglais). En ajoutant ces obligations, le gouvernement américain aurait une dette qui dépasse 500% de son PIB. C’est beau la comptabilité créative. Contrairement aux pays de la zone Euro, les américains peuvent utiliser la planche à billet pour monétiser leur dette et ils le feront probablement. Dites-moi, qui d’entre vous croit qu’on peut s’enrichir en imprimant de l’argent à partir de rien? Tous les détenteurs de dollars américains vont en souffrir, les plus pauvres en particulier. Parce qu’éventuellement, une dette astronomique remboursée avec l’aide de l’assouplissement quantitatif ne peut aboutir qu’à un résultat: la destruction de la devise.
Certains y voient la fin du capitalisme, mais c’est plutôt la fin des monnaies fiduciaires. Comme dans toutes les autres expériences du passé à tenter de faire fonctionner une économie avec de l’argent de papier créé ex nihilo, comme la monnaie de cartes en Nouvelle France ou les assignats français ou les continentals et les greenbacks américains; cette nouvelle expérience avec ce type de monnaie se soldera par l’échec et l’effondrement. La raison est simple: nous ne pouvons pas remplacer du capital réel créé par l’épargne par de l’argent créé à partir de rien. Cet argent n’ajoute rien à la richesse et au contraire, il ne sert qu’à diluer la richesse qui existe déjà. L’épargne est une fraction de notre production que nous mettons de côté pour consommation future ou pour l’investir. L’argent que les banques produisent à parti de rien est en réalité une dette. Depuis des décennies, nous vivons sous l’illusion que cet argent-dette nous rend plus riches, alors qu’en réalité il nous appauvrit. Ce n’est pas l’économie de marché elle-même qui cause le transfert de richesse des pauvres aux riches, c’est le système de fausse monnaie que nous lui avons greffé et dont le marché pourrait très bien se passer. C’est aussi ce système qui a permis l’apparition de l’état-providence qui en dépend pour financer ses programmes sociaux et sa bureaucratie toujours plus obèse. Lorsque les banques s’effondreront, l’état-providence tombera également, affamé parce qu’aucune quantité de taxation directe ne pourrait le soutenir.
Ceux qui comprennent vraiment le fonctionnement des marchés savent que la stimulation artificielle de l’économie par la création monétaire et la manipulation des taux d’intérêts, sème les graines de sa propre destruction. En 2001, suite à l’éclatement de la bulle Nasdaq, l’économie américaine aurait dû passer à travers une sévère récession. Seulement, George Bush et Alan Greenspan ont refusé de laisser l’économie se réorganiser et ont baissé le taux d’intérêt à 1%. La récession qui aurait dû corriger les marchés à cette époque n’a jamais eu lieu, mais ça n’a fait que pelleter le problème vers l’avant. La nouvelle injection de crédit facile est venue nourrir une nouvelle bulle, la bulle immobilière et cette fois encore, ils ont réduit les taux à 0,25%. Notre classe politique, se reposant sur de dangereux mythes économiques, ne cesse de vouloir essayer de guérir un patient victime d’une overdose en pompant toujours plus de drogue dans son système. Il vient un temps ou la drogue n’a plus d’effet (c’est la fameuse « trappe de liquidité » keynésienne), mais ce qu’ils refusent de comprendre, c’est les dommages qu’ils causent. Comme pour le cas du drogué, les principaux organes commencent à défaillir parce qu’on refuse de laisser le système éliminer le poison. Les gouvernements de ce monde seront bientôt à cours de moyens et l’effondrement est inévitable.
Qu’est-ce qui viendra par la suite est un mystère. Certains semblent croire qu’une dictature mondiale émergera de l’effondrement du système actuel. J’espère sincèrement que ce ne sera pas le cas. Tous ceux et celles qui désirent rester maitres de leur destinée ont tout intérêt à combattre cette éventualité. Comme le soulignait Lord Acton, le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument. Les dictature sont rarement des havres de liberté.
Ne soyez pas si surpris par ma dénonciation dans ce billet. Le système monétaire et bancaire actuel sont la plus grande fraude jamais perpétrée dans l’histoire et aucun libertarien qui se respecte ne soutient ce système. Ron Paul n’est-il pas le fer de lance du mouvement pour abolir la Réserve Fédérale américaine? Ce système n’a rien à voir avec un marché libre et tout à voir avec une économie planifiée. L’effondrement qui vient ne sera pas le résultat d’un capitalisme sauvage, mais de près d’un siècle de planification centrale monétaire et d’inflation monétaire à outrance.
Pour ceux qui ont une affinité avec la langue de Shakespeare, je vous suggère de regarder ce documentaire et abandonner vos lunettes roses.