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La bouée de sauvetage


L’univers politique québécois s’annonce plein de rebondissements cet été. En attendant que la session d’automne commence à l’Assemblée Nationale, nous assistons depuis une semaine à la désintégration du PQ. Pendant 40 ans la seule alternative au Parti Libéral, le PQ est en train de naviguer une des pires crises de son histoire pourtant tumultueuse après la désertion de 5 membres de son caucus. Pauline Marois, qui a pourtant reçu une vote de confiance retentissant de la part de ses militants à son récent congrès, a fort à faire pour maintenir l’ordre dans les rangs de son parti. Plusieurs exigent sa démission. La barque semble sur le point de chavirer.

Le mécontentement semble palpable, même pour un observateur extérieur. Si le projet de loi 204 a été l’évènement déclencheur, la grogne s’est maintenant étendue à d’autres aspects du leadership de Pauline Marois. On lui reproche maintenant de ne pas faire assez pour promouvoir la souveraineté dans un avenir prochain. Pourtant, l’idée d’un autre référendum ne soulève la passion que des souverainistes purs et durs. Le reste des québécois en ont plutôt marre d’en entendre parler. Pauline Marois est coincée entre deux feux. L’option souverainiste est au point mort depuis le référendum de 1995 et elle est à son plus bas après le spectaculaire naufrage du Bloc Québecois qui n’a laissé que quatre survivants. Sans cette option, le PQ sera toujours en crise existentielle. La souveraineté a toujours été sa raison d’être. Sans elle, le PQ n’a plus de raison d’être. Il est sans gouvernail et sans voiles.

On veut enlever à Marois ses galons de capitaine, mais qui pourrait prendre sa place? Curzi? Non. Avec sa désertion trop fraîche, il est peu probable, même avec Marois par-dessus bord, qu’on lui pardonne si aisément. Qui donc pourrait sauver le PQ du naufrage et l’empêcher de rejoindre le BQ dans les abysses? Le seul que je vois qui serait capable, du moins pour un certain temps de garder la barque à flot. Legault. On ne cesse de faire des rumeurs d’une fusion Legault-ADQ, mais en réalité, une crise de leadership au PQ pourrait être la porte parfaite pour un retour de l’enfant prodige. Legault est une ex-péquiste. Il fait partie de la famille, même s’il l’avait laissé derrière. Avec le PQ et le PLQ en désarroi et la cible du cynisme populaire, Legault est revenu sur la scène comme un sauveur. Sans même avoir un parti ou un programme digne de ce nom, on est déjà prêt à lui donner les clefs du parlement. Mais fonder un nouveau parti, c’est du travail. Bâtir une base de militants, recruter des candidats, trouver des organisateurs et des bénévoles en vue d’une campagne électorale dans moins de deux ans et peut-être même plus rapidement qu’on le pense, si Jean Charest décidait de profiter de la confusion générale pour déclencher des élections anticipées. Mettre sur pied un nouveau parti qui puisse aspirer au pouvoir dans de si courts délais serait une tâche impossible. Mais en capitalisant sur sa popularité actuelle, il serait bien plus facile de tout simplement prendre la tête du PQ, où il serait sans doute accueilli en sauveur, comme l’a été Mme Marois d’ailleurs. Cela garantirait presque à Legault d’être le prochain Premier Ministre. Je ne serais absolument pas surpris d’un tel dénouement.

Nous verrons bientôt si j’ai raison… Sur ce, Bonne St-Jean à tous!

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Les partis politiques comme freins à la démocratie

Par Renart Léveillé

Ce que la crise au Parti Québécois a bien fait ressortir, ce sont les problèmes qui viennent avec les partis politiques et la question de la ligne du parti. Encore plus avec un parti comme le PQ où ce qui cimente les membres est le parti-pris pour la souveraineté du Québec. Alors, il est bien normal qu’à tous les autres sujets ils ne fassent pas bloc (sans jeu de mots…).

Parce qu’un parti, quel qu’il soit, reste une difficile tentative d’équilibre entre des individus dissemblables, malgré les points de convergences. Et le fait de son système hiérarchique n’est pas sans ajouter au problème. L’opinion d’un chef de parti est toujours possiblement discutable et c’est à sa discrétion d’en discuter ouvertement, voilà dans quoi se plongent ces femmes et ces hommes chez qui l’opinion est aussi importante (cela va de soi).

Alors, amusons-nous à détruire les partis politiques pour qu’il ne reste que des députés indépendants. À la place des partis, il pourrait y avoir des coalitions, destinées surtout à afficher les couleurs des candidats lors des élections. Ensuite, les députés seraient évidemment libres de voter lors des travaux et de se regrouper à leur guise selon leurs affinités, selon les questions soulevées.

Et j’y pense, pourquoi ne pas aussi abolir le poste de chef du gouvernement? De toute façon, comme partout, il y aura des députés qui réussiront à se démarquer pour être des meneurs pendant de courtes ou de longues périodes, selon les sujets. Et les élections se tiendraient à date fixe, bien sûr. Sans oublier qu’il faudrait que les coûts qui touchent à tout le processus démocratique soient partagés par tous, donc du domaine public.

Pour ce qui est de la finalité du processus de votation des lois, c’est là où la démocratie directe entrerait en jeu. Le peuple ferait office de Sénat. Chaque loi à adopter aurait à passer par un référendum. Et bien sûr, le processus devrait reposer sur une utilisation judicieuse, rapide, peu coûteuse et sécuritaire de la technologie (et tout citoyen devrait pouvoir exercer son droit de vote; donc, le gouvernement devrait aider le plus possible les analphabètes du numérique). Le pourcentage de participation ne serait pas important dans le sens où la décision appartiendrait à ceux qui se sont donné la peine d’y participer (et donc de s’y intéresser assez pour vouloir y participer — il n’y a pas très loin aussi l’idée du permis de voter). Ce qui de toute façon devrait être la même chose pour ce qui est des élections…

Je n’entrerai pas dans les détails du fonctionnement d’un tel gouvernement, cela donnerait un bouquin et le temps me manque, mais je crois que les talents des députés élus pourraient être mis à contribution de la meilleure manière possible par un processus hautement démocratique. Il me semble qu’un gouvernement de la sorte travaillerait pour (et avec) le peuple. Il me semble aussi que l’opportunisme n’y ferait pas son nid, comme on le voit actuellement.

Si la politique est le royaume du possible et n’a pas toute évacué sa part de créativité, il devrait être concevable de faire évoluer le système qui supporte la pratique, et ce, en phase avec les perspectives actuelles. La crise au Parti Québécois n’est qu’un symptôme du cynisme qui est aussi une crise en soi. C’est la preuve qu’il faut que les choses changent radicalement.

Je ne veux lire personne me dire que c’est impossible, puisque l’impossible est le dernier retranchement du cynisme.

(Photo : mcgraths)

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La défense du français comme catégorie de racisme

Par Renart Léveillé

Le sujet de la défense du français est clairement un sujet glissant. Parce que dans la défense, il faut absolument prendre parti, avoir un parti-pris, et ainsi en quelque sorte délaisser. Mais est-ce que ce délaissement, cet abandon est pour autant un aveu de « détestation »?

C’est ce que semblent penser beaucoup de gens, dont l’attaché politique Pierre Morin, très présent sur Twitter, déclarant que le Parti Québécois (dont on connaît son implication pour la défense du français) « fait de la détestation des anglos un dogme ».

De l’accusation de détestation à l’accusation de racisme, il n’y a qu’un pas. Et il a presque franchit ce pas dans la mesure où il a fait un rapprochement pas même subtil entre le PQ et le Front national (parti à l’aura raciste, s’il faut le préciser). À mon avis, nous ne sommes pas loin de ce que j’ai appelé dernièrement la « godwinisation des débats », « l’aveuglement volontaire », « la lecture assistée par la mauvaise foi ». S’il faut que je le décrive aujourd’hui autrement, j’irais avec cette formule : la triste pratique de l’« extrémisation » des positions de l’adversaire.

Mais le plus bel exemple de ce glissement, c’est une discussion que j’ai eu sur Twitter à la suite du passage des deux natifs montréalais unilingues anglophones d’Epic Meal Time à TLMEP, que j’ai vertement critiqué dans mon billet « Epic Fail Time ». En réaction aux réactions très négatives des gens sur le fil #TLMEP face à ces unilingues anglos, une « Franco-Ontarienne contre l’indépendance du Québec! » a essayé de me convaincre que c’était du racisme :

ceux qui se pensent supérieurs aux anglais (dont une majorité de Québécois) sont racistes

Ce à quoi j’ai rétorqué, pour pointer le ridicule de la chose :

À ce compte-là, est raciste quiconque est en désaccord avec un autre.

La discussion a durée assez longtemps, mais, entre autres, pour tenter de gagner son point, elle m’a référé à une partie de la définition du racisme selon l’Office Québécois de la langue française (ce qui est assez ironique, puisque, en arrivant sur la page d’accueil du site, à la Une il y a un article s’intitulant « Faire du français « la langue prioritaire »). Finalement, après quelques recherches, je me suis rendu compte que la partie qu’elle me copiait-collait (visiblement de ses notes de cours) ne se retrouve plus dans la définition du grand dictionnaire terminologique de l’OQLF (?), mais seulement sur le site du Mouvement estrien pour le français, sur une page qui date de 2001 :

on qualifie de raciste toute personne qui ne croit pas à l’égalité en droit des êtres humains

Il serait intéressant de savoir pourquoi cela ne se retrouve plus dans le dictionnaire terminologique. Cela serait-il donc sujet à caution? À la place, on pointe une remise en question du concept même de « race humaine », ce qui dirige un peu, il faut l’avouer, les suppositions. (Màj : finalement, le passage en question se retrouve dans la section « Note(s) » à la suite de la définition du terme « hégémoniste ».) Quand même, il faut vraiment faire une extrême contorsion mentale pour réussir à faire un lien entre cette définition et la critique contre l’unilinguisme anglophone au Québec, ce qui n’est vraiment pas une critique générale contre les anglophones, et il faut vraiment que je le spécifie pour ceux qui n’auront pas encore compris. Si je voulais me faire un peu d’argent, je parierais que je vais encore me faire dire en commentaire que je suis anti-anglophone…

Je ne dis pas, s’il était question de faire la promotion du retrait du droit de vote des anglophones (ce qui serait bien sûr une absurdité), mais là, il est seulement question de donner son opinion, de ne pas être d’accord avec un état de fait. Est-ce que la notion de « l’égalité en droit des êtres humains » empêcherait toute possibilité de critique, même très négative, envers les Québécois anglophones qui ne parlent ni ne comprennent le français? Non. Parce que la notion de « l’égalité en droit des êtres humains » concerne seulement la discrimination, ce que la critique n’est pas, étant assujettie à la liberté d’expression. De toute façon, les francophones n’ont pas besoin d’ostraciser les unilingues anglophones, ils le font très bien par eux-mêmes dans un sens.

Et, bien sûr, je ne joue pas à l’autruche en niant qu’il existe des gens que l’on peut réellement traiter de « racistes» envers les anglophones. Je sais très bien qu’ils existent, et je ne me gênerai jamais pour les dénoncer. Mais il faut savoir de quoi on parle. Et de ne pas mélanger les cartes. Par exemple, qu’on soit d’accord ou non avec l’idée d’étendre les dispositions de la loi 101 aux cégeps, cette idée n’est pas du racisme dans le sens linguistique.

En fait, la sauvegarde du français ne prend pas du tout sa source du racisme, d’un rejet de l’autre. Mais c’est bien pratique d’essayer de le faire croire pour ceux qui sont contre l’idée d’être proactif dans ce sens. Ça me surprend toujours de le constater, parce que la défense du fait français est un projet positif. C’est ce qui devrait tous nous lier. C’est ce que nous devrions tous défendre jalousement pour espérer durer dans ce monde carré qui tend à nous avaler tout rond.

L’anglais comme langue mondiale commune est une bonne chose. Mais comme toute bonne chose, il y a de mauvais côtés. Est-ce que de les pointer est pour autant raciste?

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Dans la tête de Raymond Bachand

 

Notre médiocre gouvernement n’a pas que John James Charest comme clown, s’il faut le rappeler. Raymond Bachand est assez drôle aussi dans son genre. Et c’est un clown jongleur en plus.

Il a trouvé le moyen de réduire une proposition du Parti Québécois pour « lutter contre le trafic d’influence » à une soi-disant manoeuvre pour bloquer le projet d’une nouvelle formation politique de droite par l’ex-péquiste François Legault, qui est visiblement un peu trop pour l’instant du domaine spéculatif. (Cette proposition, ou plutôt ces propositions, serait de réduire le plafond des dons citoyens aux partis politiques à 300$ — certains vont jusqu’à 100$ — et « que le financement des partis politiques soit essentiellement pris en charge par l’État, sur la base des résultats aux élections ».)

C’est assez tordu comme raisonnement, ce qui est tout à fait dans la tradition libérale. En vérité, la force du PLQ tient exclusivement dans sa facilité à bien performer au niveau du financement, avec, on s’en doute, un bon retour sur l’investissement pour les donateurs, tout nous l’indique. C’est cela que le ministre des Finances veut protéger, et c’est tout à fait dans ses cordes!

Et je ne crois pas que le PQ soit si en reste, du moins au niveau du strict financement. Mais peut-être qu’avec une nouvelle formule cela reviendrait pratiquement au même pour eux, contrairement au PLQ qui se verrait perdant au change. Et c’est bien là où le PQ voudrait frapper, au-delà de la simple raison du trafic d’influence.

Ce qui me fait surtout rire là-dedans, c’est que Raymond Bachand joue sérieusement le jeu de la possibilité d’une réelle application d’une telle proposition alors que ce n’est que du jeu politique, le PQ n’ayant pas le pouvoir pour mener à bien ce projet. Dans ce scénario là, comme il le construit, ça serait évidemment un croc en jambe à François Legault par la bande, mais serions-nous assez stupides pour classer cette élucubration ailleurs que dans la fiction?

Et puis, il faut aussi prendre en compte que, même accepté, ce changement ne devrait pas se produire dans un avenir rapproché, même que ce serait là le noeud du débat, question de ne justement pas mettre de bâtons dans les roues de tout nouveau joueur politique sérieux avant les prochaines élections. Je crois que tout le monde s’entendrait là-dessus, même la population. Parce qu’il y a proposition, et mise en application. Et j’espère un peu de sens de la « justice » dans la culture politique.

Cependant, pour ma part, il y a un bémol dans toute cette question : c’est que je ne suis pas confiant quant à la poursuite de ce projet de réforme dans le cas où le PQ prendrait le pouvoir.

Je suis peut-être gangréné par une cynismie

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Le dilemme Marois

Au niveau provincial, l’ambiance politique actuelle oscille entre une possibilité de renouveau, qu’un gouvernement les deux pieds dans les plats n’arrête jamais de suggérer, et un quasi statu quo, puisque le parti capable d’en récolter les fruits pour l’instant n’y arrive pas assez. Il faut se le dire, Pauline Marois, malgré sa bonne volonté, n’arrive pas à cristalliser la grogne autour de sa personnalité. Peut-être que ses mauvais coups du passé l’enrobent comme des spectres assombrissant pour une partie de l’électorat, peut-être est-ce simplement ce qu’elle dégage, ce que je pourrais appeler son aura aristocratique. En tout cas, si c’est beaucoup pour la première raison, cela remettrait en cause la réflexion maintes fois soulevée au Québec comme quoi les gens oublient vite… (Et tout cela donne encore plus le signal de l’omnipotence et de l’importance actuelle des chefs sur leurs partis, ce qui n’est pas la preuve d’une démocratie tellement saine, avouons-le.)

Alors, il faut l’exprimer franchement (et moi je le peux, puisque je ne suis pas impliqué dans ce parti — ni dans d’autres d’ailleurs), si le Parti Québécois veut un gouvernement majoritaire aux prochaines élections, il lui faudrait une nouvelle personne à sa tête. Mais les questions qu’il faut poser sont : est-ce que Madame Marois est dans le déni de la réalité ou non, et est-ce qu’elle met au devant son parti ou sa carrière (puisque bien sûr cela serait beau dans un curriculum vitae : première Première Ministre du Québec — même dans un gouvernement minoritaire…)? Si j’étais elle, je ferais un tour de passe-passe du genre à Bernard Landry qui a démissionné pour cause d’un vote de confiance totalisant 76,2 % à un prochain congrès du parti. Mais elle n’est pas moi.

Et pour brouiller les cartes, il y a la possible formation d’un nouveau parti politique de droite, qui se présente pour l’instant comme un mouvement : Force Québec. Jean-François Lisée croit que cet hypothétique parti nuirait « davantage aux libéraux qu’aux péquistes », mais je n’en suis tellement pas certain, étant donné que la question constitutionnelle semble devenir, à mon grand dam, de plus en plus flottante, et surtout, non prioritaire. Le PQ ne semble pas vraiment moins à droite que le PLQ alors, ultimement, être certain aujourd’hui de la tendance que prendrait l’ajout d’une nouvelle « force » politique me semble encore du domaine de l’inattendu.

Dans ce cas, est-ce que Pauline Marois devrait suivre la logique de Jean-François Lisée et se dire qu’elle risque fort bien de se retrouver majoritaire grâce à Force Québec (qui se rendrait alors jusqu’à une case sur les prochains bulletins de vote électoral) ou, devant l’impossibilité de faire des prédictions aussi importantes, est-ce qu’elle devrait mettre toutes les chances du côté de son parti en trouvant le moyen de se retirer?

La balle est dans son camp.

Si la notion de stratégie est importante en politique, cela serait une bonne occasion de le montrer.

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Le boulet

Philippe David

On commence à le voir un peu partout. La Grèce est en train de sombrer et doit être rescapée par l’UE et l’IMF, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, l’Icelande, et l’Irlande ne sont pas très loin derrière. Aux États-Unis, plusieurs grandes villes ont de la difficulté à payer leurs employés et sont écrasées par les déficits actuariels de leurs plans de pensions, même son de cloche pour plusieurs états, notamment la Californie et l’Illinois. Tous ces différentes administrations publiques ont quelque chose en commun: elles vivent au dessus de leurs moyens et sont à la merci des syndicats des employés publics qui cherchent coûte que coûte à protéger leurs acquis. Le Québec ne fait pas exception. Nous avons les plus haut taux de syndicalisation de l’Amérique du Nord, surtout dans le secteur public.

Pourquoi les syndicats du secteur public? Parce qu’ils sont de loin les groupes de pression les plus dangereux pour les politiciens et depuis des lunes, les politiciens nous endettent pour acheter la paix avec eux. Les services publics sont des monopoles qui n’ont aucune compétition dans l’entreprise privée. Ça donne un pouvoir démesuré aux syndicats qui eux ont le monopole de la main d’oeuvre de tous ces services. Exemple simple: puisque l’état contrôle tout le secteur de l’éducation, si les syndicats partent en grève, il n’y a plus d’éducation et de nombreux parents doivent trouver des moyens de faire garder ceux encore trop jeunes pour se garder tout seuls. Si maintenant les syndicats des éducatrices de garderies s’en mêlent, imaginez le chaos. Tout d’un coup, le taux d’absentéisme dans tous les autres secteurs monte en flèche. Ça c’est ce qu’on appelle avoir du pouvoir.

Si jadis ce pouvoir avait été utilisé pour obtenir la justice pour certains travailleurs, ce pouvoir existe maintenant pour maintenir les privilèges d’un groupe relativement restreint au détriment de tous les autres. Pratiquement tous les gouvernements des pays industrialisés auront bientôt les mêmes choix que la Grèce et devront adopter des mesures d’austérité plutôt radicales. Leur plus gros obstacles seront les syndicats. Il n’y a qu’à observer ce qui se passe en Grèce alors que les protestations syndicales tournent à l’émeute qui vont jusqu’à volontairement incendier une banque, causant trois décès pour réaliser qu’ils ne reculeront devant rien. Pourtant, leur discours était toujours au nom de la vertu et du bien public. Eh bien, il est où le bien public quand le pays est sur le bord de la faillite et que ces mêmes syndicats combattent pour pouvoir piger tout ce qu’ils peuvent dans le plat de bonbons avant qu’il ne soit complètement vide?

Le cas du Québec n’est pas aussi avancé, mais les similitudes sont frappantes: population vieillissante, programmes sociaux trop généreux, un fort taux d’endettement et aucun contrôle monétaire. Si le Québec continue en mode « business as usual », nous subirons bientôt une décote et nous dépendrons probablement du gouvernement fédéral pour nous tirer d’affaire et ça risque de nous coûter cher en termes de notre position constitutionnelle. La grande majorité des québécois ne réalisent pas encore à quel point notre situation est précaire et le gouvernement de Jean Charest n’a pas les couilles d’affronter les syndicats et autres lobbies. C’est pourquoi ils ont tenté de nous jeter la poudre aux yeux avec leur dernier budget. Mais les québécois ne sont pas totalement dupes. Beaucoup commencent à comprendre que les choses ne peuvent durer. C’est pourquoi nous avons eu cette démonstration spontanée le 11 avril dernier. Les libéraux nous prennent pour des idiots. Le fameux « sommet du denim » (ou sommet du déni) et cette entrevue de Monique Gagnon-Tremblay au 98,5 sont autant de monuments à leur incompétence et leur irresponsabilité. Malheureusement, ni le PQ ou l’ADQ ou QS ne feraient mieux.

Dans les prochaines années, des forces s’affronteront pour défendre le statu quo ou pour ramener notre province vers la saine gestion des finances publiques. Je serai certainement de ceux qui défendront cette dernière option. Dans quel camp serez-vous? Ferez-vous partie du problème ou de la solution?

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Classé dans Actualité, économie, Philippe David

L’heure est au ralliement indépendantiste

Je parcours les sites souverainistes, je m’attarde sur des forums où j’interviens avec passion et où les indépendantistes de différentes tendances déchirent leurs chemises et accusent de traîtrise tous ceux qui ne pensent pas comme eux dans leurs chapelles sectaires…et ça me désole de constater qu’encore une fois nous sommes victimes du colonialisme dans lequel on s’enlise depuis quatre cent ans.
Nos boss d’Ottawa doivent bien rire dans leur barbe de blokes impassibles car ils ont depuis des siècles compris qu’il fallait diviser pour régner. Ils y réussissent fort bien, merci. Car la plupart des interventions dont je prends connaissance comportent des attaques mesquines et vicieuses contre tous ceux qui ont le malheur de militer encore au PQ.
Je veux bien croire que la direction et l’establishment de ce parti n’ont aucune ferveur indépendantiste et ne savent pas mobiliser la population pour inciter les citoyens du Québec à lutter pour l’abolition du poste de Lieutenant Gouverneur et l’avènement de la République française d’Amérique. Et qu’ils sont toujours en retard d’un combat ( voir l’affaire des Plaines d’Abraham).
Mais comment certaines grandes gueules, complètement déconnectées de la réalité, arrivent-ils à pourfendre les militants de la base qui, eux, poursuivent les mêmes objectifs que les nôtres.
On est loin de l’esprit révolutionnaire qui doit animer et motiver les combattants de la liberté car les vrais héros savent s’effacer et faire preuve d’humilité devant la grandeur de la cause commune qu’ils disent défendre.
D’autres esprits obtus se plaisent à jeter l’anathème sur tout ceux qui, en tant qu’entrepreneurs dynamiques, font des affaires au Québec. Comme si on pouvait donner naissance à un pays en mettant de côté ces créateurs d’emploi et de richesse collective…L’indépendance devra se faire tant avec la gauche, le centre que la droite. C’est l’affaire de tout un peuple.
Et moi, je suis là avec quelques autres illuminés, à préconiser de tout mon coeur une vaste coalition arc-en-ciel de tous les indépendantistes québécois- de quelque parti politique soient-ils- pour former un Front commun et régler une fois pour toutes cette question nationale qui demeure un boulet au pied d’un Québec qui se dégrade de jour en jour sous la gouverne de Jean Charest, le conservateur-libéral fédéraliste qui joue le rôle de premier ministre et de marionnette de Paul Desmarais.
Non mes amis, nous ne sommes pas sortis du bois. Mais sachez que des fous, se moquant des sondages et de l’indifférence, poursuivent le combat avec acharnement et qu’ils le feront jusqu’à leur dernier souffle.
Depuis plus de 45 ans ans, le mouvement indépendantiste en a vu de toutes les couleurs et il a été victime d’une horde d’assoiffés de pouvoir, des carriéristes professionnels qui mangent à tous les râteliers. Mais, même si la situation ne semble pas rose à cause de la dispersion et de la dilution des forces ainsi que du manque de leadership et de charisme de nos leaders, il ne faut pas baisser les bras comme le font trop souvent les hommes et les femmes de ma génération.
Il faut se remettre en question et opposer énergiquement la défense de la République française d’Amérique à la Monarchie constitutionnelle canadienne. Plus nous préconiserons un régime québécois républicain, plus le ROC deviendra agressif à notre égard. Ça pourrait bien provoquer la crise qui nous précipitera vers la rupture.
Je suis de ceux qui croient qu’un vote majoritaire de l’Assemblée nationale en faveur du rapatriement de tous nos pouvoirs vaudrait mieux qu’un référendum-bidon où les dés sont pipés par les interventions illégales d’Ottawa et a sa puissante machine à broyer nos rêves.
D’ailleurs, y a-t-il eu référendum pour faire entrer le Québec dans cette fédération artificielle basée sur un chemin de fer est-ouest, contraire à toute tendance géopolitique voulant que les affaires se transigent du nord au sud ?
Je salue bien bas tous ceux qui ne baissent pas les bras et qui poursuivent dans l’ombre la lutte pour notre indépendance. Je salue bien bas tous ceux qui n’ont pas jeté aux orties leurs rêves de jeunesse. Et qui continuent de travailler très fort au rassemblement de tous les indépendantistes québécois sous une bannière commune.
Dès le début des années soixante, Pierre Bourgault nous avait prévenus que la route serait longue et parsemée d’embûches…et que cinquante années de lutte, qui nous semblent une éternité, ne sont qu’une poussière de seconde dans l’histoire de l’humanité.
Quand j’entends certains d’entre-nous déclarer « ça ne vaut plus la peine car je ne verrai pas l’Indépendance de mon vivant », leur attitude « d’après moi le déluge » me démontre à quel point ils ne sont pas de vrais révolutionnaires.
Le combat doit se poursuivre inlassablement, malgré toutes les avanies. Nous devons reconstruire pierre après pierre. Sinon, nous sommes irrémédiablement condamnés à la régression. De peuple, nous deviendrons peuplade. Et il n’y aura plus qu’un pas à franchir pour que nous devenions une tribu folklorique, comme l’ont été avant nous nos compatriotes de la Louisiane et des provinces de l’ouest.
Je ne verrai probablement pas la naissance officielle du pays, mais je continuerai néanmoins à y consacrer le meilleur de mes énergies, car l’abandon, c’est la mort. Et que je refuse notre extinction collective.

PIERRE SCHNEIDER

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Classé dans Actualité, Élections, Pierre Schneider

Adéquistes, surprenez nous !

On ne parle pas assez de l’ADQ. On voit un parti qui est né, a grandi et semble vouloir disparaître avec Mario Dumont. Ce qui n’est pas tout à fait faux – car l’un sans l’autre, ils ne seraient certes pas passés si près du but en 2007 – mais n’est peut-être pas tout à fait vrai, non plus…

Dumont même sans l’ADQ pourrait un jour nous réserver des surprises … et l’ADQ sans Dumont pourrait bien nous surprendre encore plus vite. Ceux qui sont prêts à jeter l’ADQ dans la première fosse commune, sans même lui fermer les yeux, mélangent bien imprudemment structure et conjoncture.

La conjoncture, c’était, en 2007 une profonde désaffection envers Jean Charest se combinant avec une non moins profonde hésitation de la population québécoise à s’identifier au très atypique André Boisclair. Le Québec s’est engouffrée dans la troisième voie, l’ADQ qui était là entre la montagne et le ravin. On pourrait parler d’un vote CONTRE les autres…

La conjoncture, en 2008, c’était faire le choix, non plus tant d’un Premier Ministre – Charest, sécurisant dans son absence d’idées neuves, était unanimement donné gagnant en cette période de grande inquiétude ! – que d’une opposition capable de lui tenir la bride. Entre un PQ pouvant mobiliser la valeur contestataire sûre du mouvement syndical et une ADQ en désarroi d’une victoire dont elle n’avait pas su tirer profit, c’est vers le premier que la population s’est portée. Un vote conjoncturel contre l’ADQ, cette fois, punie de ses atermoiements.

Mais il n’y a pas que la conjoncture qui importe. Il y a la réalité sous-jacente de la structure de l’électorat québécois et de ce que veut cet électorat. Or cette structure favorise l’ADQ. Pas tellement l’ADQ vue comme comme un chef et un programme, que le parti, quel qu’il soit, qui est là où est aujourd’hui l’ADQ dans l’éventail des options politiques qui s’offrent aux Québécois.

L’ADQ incarne un centre-droit nationaliste – mais nationaliste plus de l’association que de la souveraineté – autonomiste, donc, plutôt qu’indépendantiste, traditionaliste et bien enraciné dans le pays réel. C’est l’auditoire de Duplessis, puis de Real Caouette. Parce que les journalistes aiment se penser à gauche, les médias sous-estiment les effectifs de ce groupe de centre-droit dont le biais systématiques de la carte électorale en faveur des régions rurales augmente pourtant encore l’importance.

Ce segment de la population, en 2007, n’a pas voté contre quoi que ce soit, mais POUR les valeurs de l’ADQ. A ce niveau structurel, les électeurs qui en 2008 ont puni l’ADQ qui les avait déçus n’avaient pas, et n’ont pas aujourd’hui, changé leurs valeurs profondes. Il suffit que l’ADQ, ou un parti occupant la même position sur l’échiquier, prône les mêmes valeurs et présente un chef crédible et charismatique, pour que ce vote lui revienne. Et lui revienne augmenté de celui des Libéraux que Charest irrite et des Péquistes qui n’aiment pas Marois, deux sous-groupes qui sont loin d’être négligeables…

En fait, il ne serait absolument pas surprenant que l’ADQ qui aurait cherché et trouvé le chef idoine bondisse immédiatement en tête des sondages. Ce qui est crucial, car seul le doute que peut entretenir l’électorat de centre-droit quant à une éventuelle victoire est un obstacle sérieux à ce que cette victoire n’arrive. Si les sondages prédisent une victoire de l’ADQ, cette victoire devient probable.

Il suffirait que ce chef apporte quelques véritables innovations à son programme pour séduire l’électorat urbain nationaliste de droite sans effrayer ses supporters plus conservateurs, pour que l’ADQ soit identifié au changement… et gagne haut la main les prochaines élections contre un PQ et un PLQ qui n’inspirent aucune passion.

Si les élus de l’ADQ se concertaient et décidaient UNANIMEMENT de proposer le leadership du Parti à une vedette capable de susciter un enthousiasme populaire, ils seraient tous ministres dans un gouvernement adéquiste après les prochaines élections, ce qui serait sans doute la meilleure solution pour le Québec… !

Ils devraient y songer. Quant aux innovations, ils n’auraient qu’à interroger un peu les gens. On serait nombreux à leur en proposer.

Pierre JC Allard

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Classé dans Actualité, Pierre JC Allard

Le mouvement de Marois

Dans le confort du statu quo, quelle graine de changement peut bien germer? C’est ce que je me demande à la suite de la sortie de Jacques Parizeau, qui dit :

C’est bien embêtant. Il y a des crises qui apparaissent de temps à autre, mais ce n’est pas toujours au bon moment pour nous. En fait, il faudrait susciter la crise.

(Source : Le Devoir)

Bien qu’on veuille retourner la question dans tous les sens, à la base, le mouvement souverainiste trouve sa raison d’être dans l’insatisfaction. Les fédéralistes auront beau le pointer comme étant une tare, c’est la dynamique : on veut ou on ne veut pas bouger.

Aussi, ce plan Marois a au moins la qualité de placer l’électorat, déjà, devant un choix un peu plus clair pour le futur, contrairement aux dernières élections — et je ne pointe pas seulement 2007 — où le PQ semblait seulement l’alternative au PLQ, avec en façade les couleurs du mouvement souverainiste, sans la fougue qui devrait venir avec. À mon humble avis…

Après l’écriture de ce dernier paragraphe, je suis tombé via Patrick Lagacé sur le dernier commentaire de Joseph Facal à ce sujet. Morceaux choisis :

la stratégie de madame Marois est que le Québec s’affirme au maximum dans le cadre politique actuel. […] Au moins, les souverainistes sortent de leur longue négation du réel et recommencent à bouger. […] Évidemment, les fédéralistes québécois, eux, ont leur solution toute trouvée: faire croire qu’il n’y a pas de vrai problème, et laisser le Québec devenir rapidement une grosse Acadie.

Peut-être que le mouvement souverainiste ne fera que ralentir le mouvement, mais au moins il y aura eu un peu d’action. Et encore plus, le Québec sera comme l’hospice où parquer majoritairement ce qu’il reste de l’esprit francophone en Amérique, jusqu’à ce que tout ça meurt d’avoir trop mal vieillit.

(Image trouvée via La Terre va trembler – Le plan Marois selon The Gazette)

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Aurez-vous le goût de voter le 8 décembre prochain ?

Qui va prendre les prochaines élections, au Québec, au sérieux ? Un jour, Pauline Marois déclare tout de go, sans réfléchir, qu’elle ne regrettait pas sa décision en 1996 et 1997 d’envoyer 1500 médecins et 4000 infirmières en retraite prématurée. Faut-il rappeler que cette vague de départs à la retraite avait désorganisé le réseau de la santé il y a 10 ans. Hop! Le lendemain, madame Marois nuance. « Lorsque nous étions au gouvernement, dans les circonstances où nous l’étions, nous n’avons pas eu le choix ». Pas le choix ? Madame Marois ne s’enfarge pas trop dans ses contradictions. Un jour elle déclare que si c’était à refaire, elle le referait. Le lendemain, la chef du Parti québécois précise sa pensée (!) : « On a eu à prendre des décisions difficiles. Oui, on les a prises. Est-ce qu’on était heureux de les prendre ? Absolument pas. Est-ce que je referais ça ? Jamais ».

Jean Charest se glousse d’aise. En ignorant l’énorme poutre qui lui traverse l’œil : il fait volte-face sur la question du remboursement des traitements de fertilité par la Régie de l’assurance maladie. Tout le temps qu’il a été ministre, Philippe Couillard a affirmé que l’infertilité des couples n’est pas une maladie et qu’avoir des enfants n’est pas un droit. Son chef opinait du bonnet. Maintenant que nous sommes en élection, s’il est réélu, Jean Charest se dit prêt à refiler la facture des deux premiers essais d’implantation d’embryons à la Régie de l’assurance maladie. Bref, il ne s’oppose plus à une aide financière à la procréation assistée.

S’agissant encore de Pauline Marois, souvenez-vous du tollé qu’elle avait soulevé lorsqu’elle avait déclaré que les cours d’histoire devraient se donner en anglais seulement à la fin du primaire pour favoriser l’apprentissage à cette deuxième langue ? Petite changement de programme : l’anglais doit figurer au programme scolaire de manière intensive à partir de la deuxième moitié du primaire seulement. Madame Marois explique : « On sait très bien que ce n’est pas en enseignant une heure par semaine qu’on apprend une langue. Nous croyons préférable d’avoir une méthode d’apprentissage intensif de l’anglais ».

Comprendre les programmes ?

Comprendre les programmes ?

En consultant les programmes respectifs du Parti libéral du Québec et du Parti québécois, parvenez-vous à faire les distinctions qui s’imposent pour apposer votre vote en toute connaissance ? Si oui, bravo. Les deux partis nagent dans l’improvisation la plus complète. L’électeur est témoin de plagiats constants entre les deux formations politiques. Charest voudrait-il se faire passer pour un nouveau social-démocrate converti ? Pauline Marois est-elle à ce point à court d’idée pour puiser ainsi dans les bas-fonds de ses adversaires ?

Déclencher des élections était fondé sur le leitmotiv de l’Économie d’abord. Mario Dumont a eu à ce propos une réflexion partagée par nombre de citoyens : « Les gens trouvent curieux de faire promettre sept, huit milliards la première semaine de campagne alors qu’on leur dit qu’on est en crise financière ». Les millions de dollars semblent pleuvoir sur le pauvre peuple comme une épidémie. Et les promesses également.

Mario Dumont, puisqu’il s’agit de lui, profite de la campagne électorale pour battre à nouveau sa coulpe. Il est au bord du désespoir. C’est l’image qu’il renvoie à ses électeurs. Cette phrase, répétée à satiété dans les médias, sera-t-elle curative ? J’en doute. « Est-ce qu’on a fait des erreurs ? Oui! Est-ce qu’on a fait des erreurs dans notre apprentissage ? Oui! Est-ce que j’en ai fait moi-même ? Oui! » Et le chef de poursuivre : « J’assume la responsabilité de tout ce qui n’a pas marché et la déception que les Québécois ont pu avoir ». Et il conclut, tel un magicien qui sort un lapin de son chapeau : « On ne procède pas à un changement fondamental du modèle québécois en claquant des doigts. Et il ne faut pas larguer l’ADQ comme on jette un billet de loterie à la poubelle parce qu’on n’a pas gagné ». Bref, tournons la page. L’ADQ a montré pendant ces derniers mois une totale incompétence. Il en ira autrement demain. « Pour changer les choses pour le vrai, il faut y aller pierre par pierre ». Il n’y a que Mario Dumont pour croire qu’un parti politique peut effectuer aussi rapidement un virage à 180 degrés sur une pièce de dix sous. Il garde la foi. Regagnera-t-il la sympathie des Québécois ? S’il n’a pas été à la hauteur d’un poste comme celui de chef de l’opposition officielle, comment pourrait-il en être autrement avec celui de Premier ministre ?

Santé pour toutes et tous ?

Santé pour toutes et tous ?

Les Québécois sont préoccupés par leur santé ? Ils tiennent mordicus au régime universel ? Que dire de cette révélation du quotidien Le Devoir selon qui la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) a versé environ 1,5 milliard $ à des professionnels de la santé œuvrant en pratique privée au Québec entre 2003 et 2007 ? Selon François Béland, professeur au département de la santé de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et codirecteur du livre Le Privé en santé, les centaines de millions décaissés par la CSST et ses semblables jouent un rôle important dans l’accélération de la privatisation de certains domaines et activités de santé. Et pour Mario Dumont, le système public universel québécois a fait son temps.

Pourquoi faut-il une campagne électorale pour que le Premier ministre promette des primes de 3000 $ par année pendant trois ans aux nouvelles infirmières et de 2000 $ aux nouvelles infirmières auxiliaires ? Pourquoi faut-il également une campagne électorale pour que le Premier ministre promette également un boni de 8000$ par année aux infirmières ayant plus de 35 ans d’ancienneté afin d’augmenter la rétention du personnel d’expérience ?

En 2003, le gouvernement du Parti québécois avait mis en place 17 Groupes de médecine de famille (GMF). Pourquoi est-ce maintenant que madame Pauline Marois, ex-ministre de la santé, s’engage, en campagne électorale, à ce que chaque personne ait accès à un médecin de famille d’ici cinq ans par un ajout de 135 millions $ sur trois ans pour créer 150 nouveaux GMF aux 178 qui existent déjà ?

Nous pourrions poursuivre ainsi à égrener les incongruités de cette présente campagne électorale. Jean Charest refuse pendant ce temps de préciser quand sa plateforme – qui regroupera tous ses engagements pour un troisième mandat – sera rendue publique. « Ca va se faire dans l’ordre », a soutenu le Premier ministre. Je n’y vois que désordre pour l’heure. Peu rassurantes ces prochaines élections.

Pierre R. Chantelois

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