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Quand la Boussole électorale ne va pas dans le même sens pour le Québec et le Canada…

Par Renart Léveillé

Lors de la dernière élection fédérale, la Boussole électorale ne semblait pas faire l’unanimité. Quoi qu’il en soit, les résultats sont maintenant en ligne, et « plus d’un million de Canadiens ont répondu » à ce sondage, ce qui semble un échantillonnage assez important. Il faut quand même regarder ces résultats avec prudence, mais il y a tout de même des tendances importantes qui en ressortent.

Ce qui ressort le plus, c’est que le Québec est sans conteste une société distincte. Chaque question est illustrée par une carte du Canada où les couleurs de chaque région démontrent dans quel sens vont les opinions. Et dans la majorité des cartes, on voit que les Québécois pensent différemment du ROC, cela dit en ne dissimulant pas la diversité d’opinion des Québécois eux-mêmes. Je le répète, il est bien sûr question de tendances.

Là où les Québécois sont vraiment différents de la majorité des Canadiens, il n’y a pas d’équivoque. Ils sont beaucoup plus contre la mission afghane, contre la présence militaire en Arctique, contre les dépenses militaires tout court. Aussi, ils sont pas mal les seuls à vouloir d’avantage de relations économiques avec les États-Unis et à vouloir se doter d’une taxe sur le carbone. Pour continuer dans les enjeux environnementaux, le Québec est vraiment plus du côté de croire que l’industrie des sables bitumineux d’Alberta cause des dommages, contrairement au ROC qui pense plus que c’est de l’exagération. Encore, le Québec partage avec une infime partie du Canada un désir plus grand de normes environnementales plus sévères, « même si elles entraînent une augmentation des prix pour les consommateurs ».

Pour ce qui est de la question de la place du secteur privé dans le système de santé, le Québec partage une préférence minoritaire pour davantage de place avec certaines autres régions. Pour ce qui est de l’immigration, le Québec est le plus favorable avec le fait d’exiger l’anglais ou le français comme condition d’admission pour les immigrants. Encore à ce sujet, et ce n’est pas très surprenant, ce sont les Québécois qui ont le plus, et de beaucoup, répondus « Préférence pour moins » à la question : « Combien d’efforts devrait-on faire pour accommoder les minorités religieuses au Canada? »

Encore, ils sont les plus modérés quant à juger comme des adultes les « jeunes délinquants qui commettent des crimes violents », les moins d’accord avec l’abolition du registre des armes à feu et plus en accord avec « le droit de mettre fin à leur vie avec l’aide d’un médecin » des « patients en phase terminale ». Du côté politique, ils sont le plus contre le Sénat, les moins d’accord avec des coupures au niveau du financement public des partis politiques et, la différence est extrême, pour que seules les personnes bilingues (anglais et français) puissent être nommées à la Cour suprême.

Pour ce qui est des questions constitutionnelles et du rapport entre le Québec et le Canada, à contrario du Québec, le ROC pense que « Le gouvernement fédéral devrait avoir son mot à dire dans les décisions concernant la culture au Québec », n’est franchement pas favorable à ce que « Le Québec [soit] formellement reconnu en tant que nation dans la Constitution » et, bien sûr, à ce que « Le Québec [devienne] un État indépendant ».

Et, pour terminer, les Québécois sont plus amplement d’accord que « Les travailleurs devraient contribuer davantage à leur régime de pension (RPC/RRQ) pour avoir des pensions plus généreuses », et que les plus riches devraient payer plus d’impôt, idem pour les entreprises.

À la lumière de tout cela, et avec les résultats de la dernière élection fédérale où le Québec a placé le NPD comme opposition officielle, il n’y a pas de doute que le Québec fait cavalier seul et ne se retrouve pas dans cette fédération centralisatrice, qui sera menée par un gouvernement conservateur, ce parti très impopulaire dans la belle province. Est-ce que les Québécois pourront continuer de faire du déni alors que le ROC est farouchement contre le caractère particulier du Québec? La quintessence de cette hypocrisie étant, pour les Canadiens hors Québec, le total refus de reconnaître la nation québécoise alors que le parti qu’ils ont porté au pouvoir se vante de l’avoir reconnu (bien que ce soit en réalité de la poudre aux yeux!).

Dans ces conditions, le statu quo qui prévaut encore en ce moment est une insulte à l’intelligence. Si le Québec était un individu, franchement, comment peut-il se regarder dans le miroir? L’amour-propre, cela veut-il encore dire quelque chose?

(Photo : topsteph53)

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Libre-Marché 101: Les prix

Ceci continue ma série sur le libre-marché, dans l’introduction nous avons eu, grâce au texte «Moi, le Crayon», un bref aperçu des processus très complexes que le marché accomplit sans aucune autorité planificatrice pour coordonner le tout. Nous avons vu que pour fabriquer un simple crayon, une grande quantité d’outils et d’infrastructures doivent déjà avoir été construites afin d’extraire la matière première, d’acheminer ces matières vers diverses usines qui, à leur tour fabriqueront les diverses composantes qui serviront à l’assemblage final. S’il n’y a aucun chef d’orchestre qui dirige le tout, ce que beaucoup croient nécessaire, comment alors arrive-t-on à fabriquer ce crayon?

Bien des gens s’imaginent que le marché est incapable d’une telle coordination. Pourtant, c’est ce que le marché fait à chaque minute de chaque jour. Chaque jour, d’innombrables individus participent à la fabrication de crayons, de produits alimentaires, d’automobiles, et des nombreux gadgets qui rendent notre vie plus agréable, sans même se connaitre l’un l’autre, sans même savoir comment les autres contribuent au produit qu’ils fabriquent. La coordination de tous ces processus de production de l’économie mondiale est si complexe qu’il n’existe aucun ordinateur au monde qui soit suffisamment puissant pour le faire, encore moins une personne ou un groupe de personnes. Le volume de cette information est tout simplement trop grand. C’est pourquoi Hayek disait que la planification centrale d’une économie est une «présomption fatale». Si le totalitarisme se définit par un contrôle complet par une autorité centrale, le marché est au contraire «anarchique». Son contrôle est assuré de bas en haut et non de haut en bas.

Malgré cela, certains apprentis-sorciers persistent à croire qu’à l’aide de certaines données agrégées comme le taux de chômage, le PIB, l’IPC ou la demande agrégée, ils peuvent savoir tout ce qu’ils ont à savoir pour «diriger» l’économie. Leur présomption fatale ne fait que verser du sable dans les engrenages du marché et lorsque les choses tournent mal, ils blâment le marché car c’est tellement plus facile de blâmer la cupidité des acteurs du marché que de reconnaitre qu’ils n’ont en réalité aucun contrôle sur l’économie et qu’ils la dirigent avec toute la finesse d’un taureau dans une boutique de porcelaine. Ils ne sauraient admettre que ce qu’ils appellent des «défaillances ce marché» sont en réalité le résultat de leurs interventions arbitraires. Nous allons donc commencer à bâtir les bases d’une réfutation complète de leurs prétentions.

Les premiers pionniers de l’étude de l’économie, à partir des scholastiques espagnols de l’Université de Salamanque au moyen âge, étudiaient l’économie en étudiant ce qui ce passait sur le terrain. Ils observaient comment les biens étaient produits et échangés et formulaient des axiomes basés sur ces observations. C’est ainsi qu’ils furent les premiers à observer que les acteurs du marché se servent de certains signaux afin d’obtenir de l’information sur ce qui doit être produit, en quelles quantités, etc. Le premier de ces signaux est le prix.

Le mot « prix » est dans la famille du verbe « priser » qui signifie apprécier ou évaluer. En d’autres mots, attribuer une valeur à quelque chose. Donc avant d’expliquer comment les prix sont formés sur le marché, il conviendrait de définir le concept de valeur. Pendant longtemps, nous nous sommes questionnés à savoir pourquoi les diamants ont une plus grande valeur que du pain, alors que le pain, est beaucoup plus utile à l’homme que le sont les diamants? Le concept de valeur a été chaudement débattu pendant de nombreuses années, aussi je ne vous étalerai pas toutes les différentes théories qui ont été étayées, mais je me limiterai seulement à celle que je considère la plus juste et la plus sensée.

La réponse au paradoxe du pain et des diamants est bien entendu la rareté relative des diamants comparativement au pain. Cependant, la valeur d’un bien peut-être hautement subjective et varier grandement. L’eau, pourtant essentielle à la vie, a peu de valeur dans un endroit où elle est abondante, mais elle deviendra très précieuse au milieu d’un désert. Une bouteille de sable saharien serait très rare au Canada, mais serait tout de même sans valeur parce qu’il est difficile d’y trouver une quelconque utilité. La valeur d’un bien peut très bien varier d’une personne à l’autre, selon ses goûts personnels. Je peux adorer les pommes, mais détester les bananes, je serais donc prêt à payer plus pour obtenir des pommes que pour la même quantité de bananes. Ou je serais disposé à donner plus de bananes en échange d’une certaine quantité de pommes. On dit souvent que la beauté est dans l’œil de celui qui la regarde, alors la valeur d’un bien est dans l’œil de celui qui le convoite. De plus, la valeur peut également être sujette aux choses alternatives qui pourraient être obtenues. Ainsi, dans l’échelle des valeurs de la plupart des gens, il est plus important d’obtenir les choses essentielles comme la nourriture, des vêtements et un toit au-dessus de nos têtes que des objets de luxe. Ces objets de luxe n’auront de valeur pour nous que si nous avons les moyens de nous les offrir sans sacrifier l’essentiel.

La subjectivité de la valeur joue un grand rôle dans la formation des prix sur le marché. Le prix que vous payez au supermarché pour les différentes denrées n’est pas fixé arbitrairement. Il est le résultat de plusieurs facteurs. Il est influencé par l’abondance ou la rareté, par une demande particulière pour un certain produit, etc. Le prix livre certaines informations aux acteurs du marché. Ainsi par exemple, si une période de sécheresse causait de très mauvaises récoltes dans l’ouest canadien, il y a fort à parier que la rareté relative du blé qui serait causée en ferait hausser les prix, amenant les consommateurs à diminuer leur consommation de cette céréale. Le consommateur n’a pas vraiment besoin de savoir qu’il y a eu sècheresse pour agir dans ce sens, la hausse du prix transmet le besoin de rationner cette denrée. De la même façon, l’effondrement de la voute d’une mine de cuivre signifierait une diminution de l’extraction de ce minerai qui aurait un impact sur la disponibilité de cuivre sur le marché pendant un certain temps, ce qui en ferait hausser le prix. Par conséquent, ceux qui utilisent le cuivre dans la fabrication de leur produit devront agir en conséquent et diminuer leur production ou utiliser un matériau différent. Nous pouvons donc affirmer que le prix a une influence inverse à la demande d’un produit, quoique cette influence ne soit pas nécessairement proportionnelle. Si le prix d’un produit double, ce ne sera pas nécessairement vrai que la demande diminuera de moitié.

Sachant que les prix ainsi formés par les conditions variables du marché, communiquent des informations aux divers acteurs du marché, qu’arrivera-t-il si nous tentions de les contrôler arbitrairement? Ce serait effectivement comme un brouillage radio. Les prix fixés arbitrairement ne transmettraient plus d’information sur les conditions du marché. Dans l’exemple plus haut des récoltes détruites par la sécheresse, si on plafonne le prix pour éviter qu’il ne monte trop haut, les consommateurs, ne voyant pas le prix augmenter, continueraient de consommer du blé au même rythme qu’avant, alors qu’il y a beaucoup moins de stock disponible. Le résultat est prévisible, il y aurait vite une pénurie. Si par contre, on fixait les prix trop hauts, on se retrouverait avec un surplus de blé qui pourrirait dans les silos. Dans tous les cas où des contrôles de prix ont été appliqués par des gouvernements, nous avons constatés les même effets, tant pour l’essence aux États-Unis en 1973, que le lait au Venezuela plus récemment. Ce ne sont pas des défaillances du marché, mais bien au contraire les conséquences de l’intrusion des gouvernements sur le marché.

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Les héritiers blasés

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Philippe David.  Le Minarchiste Québécois.

Dans ces rares moments où j’ai le temps de m’asseoir et philosopher, je ne peux m’empêcher de constater comment la richesse est mal comprise par ceux qui la critique le plus. Au Canada et dans toutes les démocraties occidentales, nous sommes tous relativement riches comparativement au reste du monde. Très peu d’entre nous n’ont à se soucier de mourir de faim et même les pauvres qui dépendent de l’assistance sociale peuvent se permettre de posséder des biens dont au moins la moitié des gens sur notre planète ne peuvent que rêver. Cependant, comme nous ne sommes pas occupés par la survie quotidienne, comme le sont ceux qui n’ont pas notre chance, nous avons plus de temps de nous préoccuper justement de questions philosophiques comme par exemple des injustices et des inégalités. Peut-être est-ce un brin de culpabilité qui nous amène à nous apitoyer sur les moins fortunés et nous amène à nous questionner sur l’injustice du fait que nous sommes riches et eux pas. Aussi qu’il y en a qui sont encore plus riches. Et comme des héritiers blasés, nous venons à oublier tout ce que cela a pris pour que nous soyons si riches et à critiquer le système même qui nous a amené là. Jusqu’au point que nous ne pouvons pas reconnaitre que ce même systême est ce qui doit forcément rendre les autres moins fortunés à devenir riches, si on le laisse. Ainsi, nous en sommes venus à croire que nous devons redistribuer notre richesse, afin que les moins fortunés en aient une part, plutôt que de leur enseigner comment devenir riche par eux-même. Comme s’il n’y avait qu’une quantité très limitée de richesse dont on s’accapare une trop large part et qu’il était impossible d’en créer plus. De plus en plus, c’est cette incompréhension même de la nature de la richesse qui distortionne notre vision du monde.

Qu’est-ce que la richesse?

Si vous aboutissiez seul sur une île déserte avec une mallette contenant $100 millions, seriez-vous riche? Pensez-y deux secondes avant de répondre. Si vous avez répondu non, vous avez parfaitement raison. Si vous avez répondu oui, ne désespérez pas. Vous êtes loin d’être le seul à croire que la richesse se rapporte à la quantité d’argent qu’on possède et c’est une partie du problème. Pensez-y. Qu’est-ce que vos $100 millions peuvent bien vous acheter sur une île complètement déserte? Absolument rien. Votre argent est sans aucune valeur sur cette île parce qu’il n’y a rien à acheter avec. Peu importe la somme d’argent que vous aviez, vous ne seriez pas plus riche et vous mourriez de faim parce que l’argent n’est qu’un médium pour acquérir ce dont vous avez besoin pour vivre et il n’est précieux que par rapport à la quantité de biens qu’il peut vous fournir. C’est l’acquisition de ces biens qui vous rend riche et non l’argent que vous possédez. Ainsi, si la quantité de biens disponibles dans une économie est plus grande que la quantité d’argent, cela veut simplement dire que vous pourrez vous procurer une plus grande quantité de biens par unité monétaire. Ce n’est donc pas la quantité d’argent qui rend une société riche, mais la quantité de biens qu’elle produit. Il y a très longtemps que nous aurions éliminé toute pauvreté dans le monde, si la solution avait été de simplement imprimer plus d’argent. Malgré tout, trop de gens semblent y croire.

La productivité

Si l’accroissement de la richesse passe par la production de biens, tout ce qui augmente notre capacité de produire, nous rend plus riche. Si nous sommes plus riches que d’autres endroits dans ce monde, c’est que nous sommes plus productifs. Nous produisons plus de richesse pour la quantité de ressources (labeur+matières premières) utilisées. Si nous sommes riches maintenant, c’est que nous laissons libre-cours à notre imagination pour inventer de nouvelles façons d’augmenter notre productivité. Ces innovations peuvent provenir autant d’individus que de compagnies et chacune d’entre elles nous rend collectivement plus riches en rendant plus de biens disponibles à plus bas prix. Par exemple, lorque Henry Ford eut l’idée de produire des automobiles avec une chaine de montage, il a rendu un bien que n’était auparavant disponible qu’au super-riches, à la portée de tous et a révolutionné les transports. Cette simple innovation a rehaussé le niveau de vie de millions d’individus.

Les prix

Il nous est impossible de discuter de la richesse sans discuter l’impact des prix sur celle-ci. Sans considérer les prix, on pourrait confondre l’argent et la richesse encore et nous induire en erreur quand vient le temps de juger l’efficacité d’une politique économique. Nous considérons généralement les revenus en termes nominaux. C’est-à-dire en quantité d’argent. Le revenu réel d’un individu est le rapport entre son revenu nominal et les prix des biens dont il a besoin. Un individu peut gagner $50 000 par an, mais si les prix diminuent de 50%, son revenu réel aura doublé, même s’il demeure le même en termes nominaux. De même si son salaire réel double, mais que les prix doublent également, son revenu réel demeure inchangé, même s’il semble avoir augmenté. Une diminution générale des prix entraine donc nécessairement une augmentation de la richesse. Si nous ne considérons que les revenus nominaux, nous ne regardons qu’un côté de l’équation.

Le capital (ou Das Kapital?)

Il y a deux façons d’utiliser la richesse. Nous pouvons l’utiliser en consommation personnelle où nous pouvons l’utiliser afin de produire plus de richesse. Par exemple, on peut manger des graines de tournesol, ou on peut les planter afin de produire encore plus de graines. En les mangeant, nous les faisons disparaitre, alors qu’en les plantant, nous en produisons encore plus pour pouvoir en avoir à consommer plus tard. Lorsque nous consommons, nous employons la richesse pour une gratification immédiate. Lorsque nous l’utilisons pour la production, nous sacrifions la gratification immédiate pour avoir une plus grande richesse dans le futur. Toute richesse consommée pour la gratification immédiate l’est au détriment de la richesse future. La richesse qui est employée pour la production dans des entreprises afin de créer de la richesse future est appelé « capital ».

Contrairement à ce que croient les critiques du capitalisme, les entrepreneurs capitalistes ne gardent pas leur richesse sous forme de piles d’argent pour se rouler dedans. Leur richesse existe surtout sous forme de capital comme des terrains, des bâtisses, de l’outillage, des véhicules, etc. Sans capital, nous ne pourrions pas produire plus que ce que nous pouvons cueillir de nos propres mains. Depuis que l’homme a découvert qu’en utilisant des outils pour labourer et en semant des graines qu’il peut se nourrir plus facilement qu’en chassant et en cueillant des fruits sauvages que l’accumulation de capital a démontré sa valeur. Mais ce n’est que depuis la révolution industrielle que nous avons réalisé son plein potentiel. Contrairement à la croyance populaire, le capitalisme repose sur la production à l’aide de l’accumulation de capital et non la consommation. (Retenez ça la prochaine fois qu’on vous dira qu’il faut stimuler la consommation pour faire rouler l’économie.) C’est d’ailleurs pour ça qu’on appelle ça du capitalisme et non du « consommatisme ». Nous sommes devenus des héritiers blasés le jour ou nous avons décidé que la gratification immédiate de la consommation est plus importante que la richesse future générée par l’accumulation de capital. Et c’est pour ça que notre niveau de vie ne cesse de se dégrader depuis plusieurs décennies. Nous gaspillons notre richesse en consommation immédiate.

Tout comme un individu peut gaspiller sa richesse en consommant trop et en économisant et en investissant pas assez, une économie entière peut également gaspiller sa richesse de la même façon. La grande majorité des salariés consomment la plus grande partie de leurs revenus (et ils sont fortement encouragés à le faire) alors que les entrepreneurs et leurs entreprises consacrent la plus grande partie de leurs revenus dans l’accroissement de leur capital et de leur production. Lorsque les critiques du capitalisme exigent de prendre la richesse des entreprises pour la redistribuer aux salariés, ils veulent en fait prendre la richesse consacrée à des fins productives pour le distribuer à ceux qui ne feront que le consommer. C’est comme prendre les graines de tournesol à celui qui voulait les replanter, faisant grandir le stock de graines disponibles à tous et donner ces graines à ceux qui ne font que les manger. Si on laisse les producteurs produire, il y aura suffisamment de graines pour tout le monde, si nous redistribuons leur richesse, nous nous appauvrirons tous. C’est une vérité que peu comprennent et les opposants du capitalisme feront tout pour vous la cacher.

La pauvreté

Les ennemis du libre-marché tentent toujours de se faire passer pour les amis des soi-disant « pauvres » et essaient continuellement de faire passer les entrepreneurs et les « méchants capitalistes assoiffés de profits » comme leurs ennemis. Mais la réalité est tout le contraire. Au Canada, comme dans tous les démocraties occidentales, la vraie pauvreté n’existe plus. À peu près personne n’y meurt de faim. La plupart des gens vivant sous le seuil de pauvreté ont l’eau courante, chauffage, climatisation, une cuisinière, un réfrigérateur et possèdent un téléviseur, un magnétoscope, un lecteur DVD, une chaine stéréo etc. Plusieurs des ces biens n’étaient disponibles qu’au riches il n’y a pas si longtemps. La seule raison pour laquelle ils sont maintenant disponibles même aux plus pauvres, c’est que des entrepreneurs ont travaillé continuellement pour augmenter la production de ces biens et d’en faire baisser les prix. Si les prescriptions des opposants du capitalisme étaient toutes suivies, tout ça ne se serait jamais produit.

Ces opposants ignorent complètement que les méchants capitalistes sont ceux qui sont responsables de cette augmentation de la richesse collective et que les plus pauvres de la société en sont les premiers bénéficiaires. En fait, ils semblent incapables de comprendre qu’il est possible d’augmenter la richesse totale. Ils se foutent éperdument de toutes les améliorations de la productivité que le libéralisme a apporté et leur effet sur la qualité de vie de tous. Ils croient que tout individu ou compagnie qui s’enrichit s’accapare d’une part trop grande d’une quantité limité de richesse et donc doivent obligatoirement s’enrichir au dépens des autres. Ils ne réalisent pas que ces individus et ces compagnies ne peuvent s’enrichir sans enrichir tous les autres. Comme ils sont incapables de concevoir qu’on peut créer de la richesse, ils réagissent avec une rage jalouse. Leur seule solution pour le désir de quiconque d’acquérir plus de richesse est de la saisir par la force de ceux qui la produise pour la donner à d’autres. Non seulement cette pratique n’enrichit pas notre société, mais elle détruit notre richesse et notre habileté à produire plus de richesse. Elle nous appauvrit tous.

Mes grand-parents ont dû quitter l’école très jeunes pour travailler et aider leurs familles et travaillaient de longues heures. Mes parents ont pu poursuivre leurs études et ont rarement dû travailler plus de 40 heures par semaine (et ma mère ne travaillait pas du tout avant le divorce de mes parents). Je ne travaille pas plus de 40 heures par semaine, mais nous avons besoin de deux salaires pour vivre confortablement. Alors que de la génération de mes grand-parents à celle de mes parents le niveau de vie augmentait, il diminue maintenant. Je suis né dans les années 60. Cherchez le changement social qui a eu lieu à cette époque un peu partout dans l’occident et vous saurez pourquoi.

Conclusion

Nous sommes tous à un certain degré coupables d’être des héritiers blasés si nous commençons à croire ce que les critiques du capitalisme veulent nous faire croire. Que nous devrions avoir honte de ce qui nous a rendu riches et que nous devrions gaspiller cette richesse pour expier notre soi-disant péché.

Nous devrions plutôt en être fiers et résister toute tentative de diminuer notre capacité de produire et enrichir les masses et exporter notre savoir vers ceux qui sont plus défavorisés que nous afin qu’ils puissent un jour nous rejoindre.

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Agent nobelisant pour Obama

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La guerre est la paix, la liberté est l’esclavage, l’ignorance est la force et… la paix est la guerre

Ce qui est important pour les jeunes qui seront les piliers de notre société de demain, c’est de posséder de bonnes et solides valeurs, en plus d’avoir de clairs points de référence éthiques et moraux. Savoir prendre des décisions sensées et développer une lucidité, une certaine finesse dans l’exécution du calcul psychologique de satisfaction, représentent des objectifs louables pour s’assurer de maximiser le potentiel humain et le bonheur des individus qui composeront cette société. Rappelons-leur l’importance du cœur, de la paix et d’un esprit sain.

Cela étant dit, heureusement, nous avons la fantastique chance de recevoir de tels modèles et repères moraux pour donner en admiration à cette belle jeunesse qui ne demande que d’avoir comme guides moraux des figures, que dis-je, des héros des temps modernes en pleine ascension. Pratique pour nous y retrouver, parce que nous sommes noyés de novlangue où le noir est blanc, la vérité est mensonge et le mensonge devient vérité, le mercure, le squalène, le fluorure, les OGM, le MSG, l’aspartame sont bons pour la santé, le réchauffement du climat est plus froid, la guerre est la paix et l’endettement est la reprise économique.

Je lisais cette semaine que David Letterman a reçu le Prix Fidélité du Time magazine. Inspirant. Il y a aussi le Prix Greenpeace de l’environnement qui fut remis aux compagnies pétrolières pour souligner leurs efforts incroyables pour protéger la planète. J’ai eu une larme à l’œil. C’est important les repères moraux et les valeurs bien placées, vous savez.

Tournons les projecteurs vers quelques autres modèles sociaux pour notre tendre jeunesse assoiffée d’idoles à émuler. Que dites-vous du Prix Nobel de la diversité biologique pour Monsanto ou du Prix HEC de l’intégrité fiscale à Vincent Lacroix? Il faut savoir être fier de ses guides spirituels et propagateurs de valeurs positives. À ce sujet, il y a le Vatican qui vient tout juste d’annoncer qu’il est premier en prévention de la pédophilie avec sa nouvelle escouade tactique SOS-VAT. Power Corporation remporte le Prix Intégrité Médiatique pour sa qualité d’information, son travail acharné dans la défense des droits et libertés des Québécois et pour sa promotion désintéressée de l’indépendantisme au Québec.

Un autre exemple légendaire pour toutes les nations du globe est honoré: le Prix Nobel de la guerre humanitaire et de la protection des civils innocents sera octroyé à l’armée la plus morale du monde, celle d’Israël ainsi qu’à Olmert et Netanyahu pour leur excellent travail dans la bande de Gaza, spécifiquement en ce qui a trait à leur impressionnante précision balistique. Ils recevront une fois de plus le prestigieux Prix du Bulldozer d’Or pour leur très robuste structure – et son architecture unique – qui entoure la Palestine, assurant un état de siège en toute tranquillité d’esprit et en propreté.

Il ne faudrait pas oublier le prix Nobel de la Santé que les compagnies pharmaceutiques ont eu le plaisir d’accepter récemment pour leur dévouement désintéressé, leur altruisme gratuit et sans égal dans la lutte contre le maléfique virus exterminateur A/H1N1.

Mais pourquoi écrivais-je cet article déjà? Mais oui, voilà, qu’est-ce que je suis bouleversé! Barack Obama vient de se voir attribuer le prix Nobel de la Paix! C’est absolument génial. Le voilà sur les mêmes chemins que Nelson Mandela et mère Teresa, une place que même Gandhi n’avait pas réussi à atteindre. Impressionnant accomplissement pour Barack. Voici enfin un phare, une référence durable et stable pour la paix dans le monde. Le comité qui lui a attribué ce prix Nobel a justifié sa décision en indiquant que Obama avait donné au monde « un espoir pour un meilleur futur ».

Voulant célébrer cet évènement, le président américain s’est empêché de rencontrer son Conseil de guerre afghan qui avait été soigneusement planifié pour coïncider avec celui du Comité Nobel norvégien. Parmi les invités présents à la bamba derrière les portes closes de la Situation Room de la Maison Blanche se trouvaient Joe Biden, Hillary Clinton, Robert Gates, et des conseillers politiques et militaires clefs. Le Général Stanley McChrystal a aussi participé via un lien vidéo de Kaboul.

McChrystal aurait offert au Commandant en chef, Barack Obama, différentes alternatives, incluant l’injection de 60 000 troupes supplémentaires pour l’Afghanistan. Limpide reflet de l’intensification des opérations militaires dans le théâtre de guerre en Irak et en Afghanistan, rendu possible par l’heureuse augmentation massive du budget militaire depuis l’arrivée d’Obama au pouvoir. Le noble objectif étant la paix.

Sous les ordres du président Obama, agissant à titre de Commandant en Chef, le Pakistan est maintenant l’objet de bombardements aériens routiniers en pleine violation de sa souveraineté territoriale. De nouvelles bases militaires permanentes sont construites partout au Moyen-Orient et autour de la Russie et de la Chine. La construction de nouvelles bases militaires est envisagée en Amérique du Sud, incluant la Colombie qui est voisine du Venezuela qui est sous la griffe du terrible et dangereux terroriste Hugo Chavez. L’aide financière et militaire américaine pour Israël augmente en dépit des atrocités commises dans la bande de Gaza et du refus de cesser de bâtir des colonisations sur des territoires occupés et volés aux descendants sémites Palestiniens. Les deux quartiers généraux militaires AFRICOM et SOUTHCOM ont tous deux été renforcés. Des menaces d’attaque militaires ont été renouvelées encore une fois contre l’Iran, pour son programme inexistant d’armes nucléaires, tout comme on l’avait fait pour l’Irak en 2003. C’est bien d’avoir la mémoire courte. Les Etats-Unis semblent être enclins à amplifier et enflammer les divisions entre le Pakistan et l’Inde, ce qui pourrait mener à un nouveau conflit régional ainsi qu’à l’utilisation indirecte des armes nucléaires de l’Inde pour menacer la Chine.

Le Comité Nobel norvégien a décidé que le Prix Nobel de la Paix pour 2009 doit être remis au président de Barack Obama pour ses efforts extraordinaires afin de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples. Le comité a attaché une importance particulière à la vision d’Obama et le travail pour un monde sans armes nucléaires. ( Source)

Un prix Nobel soulignant le travail pour un monde sans armes nucléaires à la nation qui en possède la plus grande quantité sur la planète et la seule nation à les avoir utilisées sur une population civile. C’est pour ces raisons évidentes qu’on a cru bon d’ennobeliser Obama pour la paix. On augmente ainsi, par ricochet, la nobelité générale nominale des États-Unis et de sa politique étrangère, vous comprenez?

Ce qui est important pour les jeunes qui seront les piliers de otre société de demain, c’est… la guerre est la paix, la liberté est l’esclavage, l’ignorance est la force et… la paix est la guerre, la force est l’esclavage  et l’ignorance est la liberté…

François Marginean

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Prix à la consommation : comme une odeur de prise d’otage

Il y a de ces choses qu’on sait, mais quand on se les refait remettre en pleine face, elles puent. C’est ce qui m’est arrivé quand j’ai cliqué sur le lien donnant la réponse à la question d’un blogueur : « Combien ça coute à fabriquer les cochonneries que l’on achète? »

Ça m’a mené sur le site Sympatico, section Finances, où on explique combien ça coute approximativement produire un CD :

Le coût pour convertir les chansons d’un musicien en un CD inclut le prix de l’enregistrement et du mixage audio. Il faut aussi payer les droits d’auteur et la licence pour la distribution. Avec les dépenses supplémentaires des matières premières et de l’artwork, James Wilkinson de Goldirock Records évalue le coût de production pour une grande nouveauté à 2,50 dollars. L’album Dangerous – Remastered [de Michael Jackson] se vend présentement à 14,99 dollars.

Le site donne quelques autres exemples. L’iPod Nano (8 Go) coute 96 dollars à produire, « un chiffre qui n’inclut pas le coût de la main-d’œuvre », et il est vendu à l’Apple Store 169 dollars. Pour 300 grammes de café, le plus récent prix était de 85 cents, pour une revente de 5 dollars, après « avoir été torréfié, moulu et emballé ». Pour le riz, c’est 33 cents versus 3 dollars pour un kilo. Les souliers de course, 10 dollars versus 80 dollars (« ce chiffre n’inclut pas les budgets des compagnies en ce qui concerne la recherche et développement, la publicité et le transport »). Les jeans, 20 dollars versus 70 dollars.

D’un autre côté, on apprend que Sony ne fait pas de profit avec sa Playstation 3, mais se rattrape un peu avec son lecteur Blu-ray : 115 dollars versus entre 300 et 350 dollars. Apple avec son iPhone 3G en fait beaucoup moins que les premiers exemples : un prix de vente à 299 dollars pour un cout de production de 208 dollars. Et pour terminer, la voiture électrique Tesla se vend environ 120 000 dollars pour un cout de production de 90 000 dollars.

Je ne remettrai pas en cause ici l’idée du profit, mais il faut avouer qu’il y a de l’abus pour quelques produits, comme les CD de musique. Et il semble que les consommateurs prennent leur revanche en ce moment avec les possibilités de téléchargement illégaux, et même légalement, puisqu’on peut se payer des chansons à la pièce. Mais loin de moi l’idée de blâmer toute l’industrie de la musique. Elle était une pompe à fric pour les grands « majors », pas vraiment pour les petits joueurs, puisque pour ces derniers il n’y a pas de volume, enfin si peu.

Mais pour des produits comme le riz, aliment de base d’une grande partie de l’humanité, c’est tout à fait déraisonnable. Il y a comme une odeur de prise d’otage qui se dégage. L’article dit clairement que malgré une baisse de près de la moitié (de 62 cents à 33 cents le kilo), le prix coutant était à la hausse en 2008. En sachant cela, j’ai le loisir d’opter pour d’autres aliments, et je pourrais très bien arrêter mon raisonnement là…

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