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Chronique nécrologique: Liberté d’expression sur l’Internet au Canada (2011)

Par François Marginean

Image Flickr par jk5854

Poster un lien vers un site « haineux » fera de vous un criminel

Poster un lien vers un site « haineux », même si c’est fait anonymement ou sans être conscient que le site en question contient du matériel jugé comme étant « haineux », risque fort bien d’être un crime, selon le nouveau projet de loi de Stephen Harper.

Le problème est que ce qui est défini comme étant « haineux » demeurera toujours aussi vague que la guerre contre le « terrorisme ». Quiconque devient un peu trop critique du Système est susceptible d’être déclaré un potentiel terroriste par les autorités. Bien évidemment, les sites pro-palestiniens font partie du lot, classés parmi les « sites haineux ». On peut alors comprendre que nous assistons à une démolition contrôlée de notre liberté d’expression et de nos droits fondamentaux.

Bien sûr, le motif semble noble en voulant punir le langage haineux, raciste et xénophobe, mais les conséquences et risques de dérapages légaux dans la réalité, ainsi que le but ultime réel, sont des plus graves.

Voici le projet de loi omnibus sur le crime mis de l’avant par le gouvernement conservateur de Stephen Harper et qui sera introduit bientôt pour être voté au Parlement canadien. D’après le site officiel du parlement canadien:


http://www.parl.gc.ca/About/Parliament/LegislativeSummaries/bills_ls.asp?ls=c51&source=library_prb&Parl=40&Ses=3&Language=E#a8
2 Description et analyse
2.1 Modifications au Code criminel
2.1.1 Modernisation des infractions
2.1.1.1 la propagande haineuse (articles 4 et 5)
Les infractions de propagande haineuse doivent être commises contre un «groupe identifiable». L’article 4 du projet de loi ajoute «l’origine nationale» à la définition de «groupe identifiable» (8).
L’article 5 du projet de loi prévoit que les infractions d’incitation publique à la haine et la propagation volontaire de la haine peuvent être commises par tout moyen de communication et notamment en rendant accessible du matériel haineux, par exemple, en créant un lien hypertexte qui dirige les internautes vers un site Web où du matériel haineux est affiché.

Le problème est que sous le gouvernement majoritaire de Harper, qui est extrêmement influencé par la droite pro-sioniste, les campagnes de boycott et de désinvestissement d’Israël et de ses produits, l’étiquette d’État d’apartheid et la critique des actes et de la politique étrangère israélienne, sont vertement condamnés et considérés comme étant « antisémite ». En fait, la critique de l’idéologie politique et des actes perpétrés sous son égide qui peut être tout à fait légitime, tend à être considérée comme haineuse et antisémite. On cherche à faire des amalgames entre l’antisionisme et l’antisémitisme, embrouiller la frontière entre l’idéologie politique et une religion.

Le Canada sous influence

À voir et à revoir – le documentaire produit par Radio-Canada:

Le Canada sous influence: l’influence du lobby pro-israélien au sein du gouvernement Harper, qui lève le voile sur la guerre sioniste contre des ONG, telles que Droits et Démocratie, qui « aident les terroristes et sont anti-Israël », et le virage violemment pro-israélien du gouvernement canadien sous Stephen Harper.

Voici deux articles qui critiquent la dimension liberticide de cette loi:

http://openmedia.ca/blog/proposed-crime-bill-makes-anonymity-and-hyperlinks-illegal-canada


Le projet de loi sur le crime rendrait illégal l’anonymat et les hyperliens au Canada
Soumis par Erin Brown-John, le jeu, 12/05/2011 – 00:12

Anonymat et hyperliens seront-ils illégaux au Canada?

Un nouveau projet de loi sur le crime mis de l’avant par le gouvernement conservateur laisse penser qu’ils pourraient le devenir. Le projet de loi, un des nombreux prévus pour être présentés au Parlement, imposerait de nouvelles limites sur la création d’hyperliens vers des contenus considérés comme illégaux ou à l’aide d’un pseudonyme en ligne.

En surface de l’idée paraît ridicule. Ces deux choses sont essentielles pour faire de l’Internet ce qu’il est – un véhicule pour le dialogue centré sur les citoyens et le partage d’informations. Certes, le gouvernement n’adopterait jamais une telle position!

Mais au cours de la dernière campagne électorale, Stephen Harper a clairement indiqué qu’il avait l’intention de faire adopter une série de projets de loi sur la criminalité à l’intérieur ses 100 premiers jours de son mandat. Ces projets de loi comprennent, entre autres choses, la permission au gouvernement d’accroître son pouvoir de surveiller vos activités en ligne. Ils comprennent également une disposition qui pénalise les gens pour des liens vers du contenu qui est considéré comme un «discours haineux» et pour avoir utilisé des noms qui protègent leur anonymat en ligne.

Ces lois visent à donner plus de pouvoirs aux policiers pour lutter contre le discours haineux et le harcèlement, mais comme l’indique l’article récent de Macleans, elles sont mal écrites et vagues, laissant beaucoup trop de place à interprétation.

Bien que la propagation de la haine ne doive absolument pas être tolérée, ce projet de loi mis sur le crime ne fait pas de distinction entre les personnes qui répandent la haine et celles qui la commentent. Ne devrait-il pas être de notre droit en tant que citoyens d’être en mesure de commenter les choses, indépendamment de leur contenu? Restreindre notre capacité à le faire constitue une violation grave de notre liberté d’expression.

Tel qu’il est écrit, le projet de loi sur la criminalité nous tient responsable pour les actions d’autres personnes. Le contenu des sites Internet change tout le temps. Ce à quoi vous reliez un jour donné pourrait contenir des propos haineux le lendemain, et vous n’avez aucun contrôle sur ce contenu.

Ce projet de loi inhibera le dialogue qui doit avoir lieu dans notre société et punira les gens pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression.

Les Canadiens ont besoin d’un Internet axés sur les citoyens et abordable, qui leur permet de parler ouvertement des enjeux qui comptent pour eux. Il est clair que ces nouveaux projets de loi sur le crime nous conduisent dans la mauvaise direction.

C’est pourquoi il est si important de cultiver notre communauté Pro-Internet et de continuer à faire pression sur le gouvernement afin de promouvoir un Internet ouvert et abordable qui sert le public. Ensemble, nous pouvons tenir le gouvernement responsable et l’internet gratuit.

……………

http://www.torontosun.com/2011/05/05/lilley-tory-crime-bill-an-attack-on-our-liberty
Le projet de loi sur le «crime haineux» cible les Canadiens
Vendredi 6 mai 2011
Par Brian Lilley
Toronto Sun

Il est dit que le prix de la liberté est la vigilance éternelle et c’est tout aussi vrai aujourd’hui, après la victoire des conservateurs, que cela l’était avant.

Je suis sûr que certains partisans conservateurs ont dansé dans les rues en chantant Let Freedom Reign (« Laissons la liberté régner »), mais de faire un acte de foi envers un parti politique c’est de la foi aveugle.

Le gens qui sont au pouvoir sont ceux dont nous devrions souvent en fait avoir le plus peur, sans nom, des bureaucrates anonymes au pouvoir immense d’établir des règlements qui peuvent être impossible à renverser. Et puisque nous ne votons pas pour eux, ils n’ont aucune raison de nous craindre.

Les politiciens ne mènent pas vraiment la danse, ils donnent simplement des directions et j’espère que les bureaucrates le comprennent.

Nous espérons que nos élus agissent en superviseurs en notre nom, mais nous ne pouvons pas compter sur eux.

Si vous ne voulez pas que des lois intrusives viennent s’immiscer dans nos vies, si vous ne voulez pas que votre liberté s’érode, alors c’est à vous de monter la garde.

Les Conservateurs prévoient introduire, lorsque la Chambre reprendra ses travaux, un projet de loi omnibus du crime qui comprend l’ensemble de leur législation précédente en une seule loi.

Le projet de loi est présenté comme s’il devait permettre à la police de traquer et de mettre la main au collet des pervers qui font circuler de la pornographie impliquant des enfants et leur permettre de mettre à jour leurs techniques de surveillance pour traiter avec le monde informatique en constante évolution dans lequel nous vivons.

Ça m’a l’air bien. Qu’est-ce qui pourrait y avoir de mal à cela?

En fait, il n’y a rien de mal avec cette partie, mais il y a beaucoup à s’inquiéter en ce qui concerne ce qu’ils proposent de faire contre les crimes haineux.

Le projet de loi prévoit de criminaliser le fait de poster un lien vers un site Web qui diffuse de la haine.

Voici ce que la Bibliothèque du Parlement dit à propos du projet de loi sur son site Internet: «L’article 5 du projet de loi prévoit que les infractions d’incitation publique à la haine et la propagation volontaire de la haine peuvent être commises par tout moyen de communication et notamment en rendant accessible du matériel haineux, en créant un lien hypertexte qui dirige les internautes vers un site Web où du matériel haineux est affiché, par exemple. «

Pour avoir simplement posté un lien vers un site Web affichant du matériel que quelqu’un d’autre juge odieux, vous pourriez aller en prison pour deux ans et être marqué comme étant un criminel.

La police de l’Internet. Seulement au Canada.

Il ne s’agit pas de protéger les gens contre un génocide ou même des menaces de mort, la façon dont la loi est écrite aujourd’hui est beaucoup plus large.

«Quiconque communique des déclarations, autrement que dans une conversation privée, fomentant volontairement la haine contre un groupe identifiable est coupable. »

Il y a aussi la question épineuse de savoir qui décide de ce qui est « haineux »?

Est-ce que le site web promouvant la Semaine de l’Apartheid Israélien, qui occupe aujourd’hui une place importante sur les campus universitaires partout au Canada, va mener des gens en prison? Qu’en est-il des messages postés sur le web concernant le génocide des Arméniens, que ces derniers blâment sur les Turcs bien que les Turcs le contestent?

Il s’agit d’une proposition ridicule qui n’a pas lieu d’être dans un pays qui prétend chérir la liberté d’expression.

Nous avons l’habitude de dire: « Je désapprouve ce que vous dites, mais je défendrai jusqu’à la mort votre droit de le dire ». Maintenant il semble que la société canadienne croit « Je désapprouve ce que vous dites et je vais vous poursuivre en justice. »

Les conservateurs de Stephen Harper ont remporté la majorité lundi, ils peuvent passer ce projet de loi sans avoir recours à l’appui de tout autre parti. Mais ils ont encore besoin de votre soutien et de vos dons et le public canadien devrait leur dire qu’ils auront ni l’un ni l’autre s’ils mettent de l’avant des projets de loi comme celui-ci qui attaque la liberté.

Pour exprimer votre désapprobation, voici quelques courriels pour les rejoindre:
Harper.S @ parl.gc.ca
Layton.J @ parl.gc.ca
Rae.B @ parl.gc.ca
et info@greenparty.ca
Vous pouvez également leur envoyer par la poste… et, à votre député parlementaire à l’adresse:

Parlement du Canada, Ottawa, Ontario K1A 0A9. Aucun postage n’est nécessaire!

Le lien pour la liste mise à jour des membres du parlement est ici.

……………..

Voici le texte intégral du Protocole d’Ottawa qui explique que l’antisionisme c’est de l’antisémitisme.

http://www.cbc.ca/news/politics/inside-politics-blog/2010/11/for-the-record-the-full-text-of-the-ottawa-protocol.html


Le texte intégral du Protocole Ottawa

Novembre 10, 2010

par Kady O’Malley

… tel que publié à la fin de la réunion d’hier de la Coalition interparlementaire pour la lutte contre l’antisémitisme.

Le Protocole d’Ottawa sur la lutte contre l’antisémitisme

Préambule

Nous, représentants de nos parlements respectifs à travers le monde, réunis à Ottawa pour la deuxième Conférence et sommet de la Coalition interparlementaire pour la lutte contre l’antisémitisme, soulignons et réaffirmons la Déclaration de Londres sur la lutte contre l’antisémitisme comme un modèle de document pour la lutte contre l’antisémitisme.

Nous craignons que, depuis la Conférence de Londres en Février 2009, il continue d’y avoir un accroissement dramatique des crimes de haine antisémites et des attaques ciblant des juifs et des biens, et institutions religieuses juives, éducatives et communautaires.

Nous restons inquiets de l’antisémitisme génocidaire sanctionné par l’État et des idéologies extrémistes rattachées. Si l’antisémitisme est la plus vivace des haines, et le génocide le crime le plus horrible, alors la convergence de l’intention génocidaire incarnée dans l’idéologie antisémite est la plus toxique des combinaisons.
(…)

Nous sommes alarmés par l’explosion de l’antisémitisme et la haine sur Internet, un médium essentiel pour la promotion et la protection de la liberté d’expression, la liberté de l’information et la participation de la société civile.

Nous sommes préoccupés par l’échec de la plupart des Etats participants de l’OSCE à mettre pleinement en œuvre les dispositions de la Déclaration de Berlin de 2004, y compris l’engagement à:

«Recueillir et conserver des informations et de statistiques fiables sur les crimes antisémites, et autres crimes haineux, commis sur leur territoire, rapporter périodiquement ces renseignements au Bureau des Institutions Démocratiques et des Droits de l’Homme de l’OSCE (BIDDH), et rendre cette information accessible au public. »

Nous sommes préoccupés par les signalements d’incidents antisémites sur les campus, comme les actes de violence, violence verbale, de l’intolérance liée au rang, et les agressions contre ceux qui sont attachés à la liberté d’investigation, sapant ainsi les valeurs fondamentales universitaires.

Nous renouvelons notre appel aux gouvernements nationaux, aux parlements, aux institutions internationales, aux dirigeants politiques et civiques, aux ONG et à la société civile à affirmer les valeurs démocratiques et humaines, à bâtir des sociétés fondées sur le respect et la citoyenneté et à lutter contre toutes les manifestations d’antisémitisme et toutes les formes de discrimination.

Nous réaffirmons la définition de travail de l’EUMC – maintenant l’Agence des droits fondamentaux (FRA) – de l’antisémitisme, qui énonce que:

« Des exemples contemporains d’antisémitisme dans la vie publique, les médias, les écoles, les lieux de travail, et dans la sphère religieuse pourraient, en tenant compte du contexte global, inclure, mais ne pas être limités à:

+ Appeler à, soutenir, ou justifier de tuer ou blesser des Juifs au nom de l’idéologie radicale ou d’une vision extrémiste de la religion.
+ Faire des allégations fallacieuses, déshumanisantes, diabolisantes, ou stéréotypées sur les juifs en tant que tels ou la puissance des Juifs collectivement – telles que, tout spécialement, mais pas exclusivement – le mythe d’une conspiration juive mondiale, ou de juifs contrôlant les médias, l’économie, le gouvernement ou d’autres institutions de la société.
+ Accuser les juifs comme peuple d’être responsables des méfaits réels ou imaginaires commis par une seule personne juive ou d’un groupe, ou même pour des actes commis par des non-Juifs.
+ Nier la réalité, l’ampleur ou les mécanismes (les chambres à gaz) ou l’intention du génocide du peuple juif aux mains du national socialisme et de ses partisans et ses complices au cours de la Seconde Guerre mondiale (la Shoah).
+ Accuser les juifs en tant que peuple, ou Israël en tant qu’Etat, d’avoir inventé ou d’exagérer l’Holocauste.
+ Accuser les citoyens Juifs d’être plus loyaux envers Israël, ou envers les priorités alléguées des Juifs du monde entier qu’envers les intérêts de leur propre nation.

Des exemples de façons dont l’antisémitisme se manifeste à l’endroit de l’État d’Israël en tenant compte du contexte global pourraient inclure:

+ Appliquer un double standard (deux poids deux mesures) en exigeant d’Israël un comportement n’est attendu ni requis de toute autre nation démocratique.
+ Utiliser les symboles et des images associées à l’antisémitisme classique (par exemple la mise en accusation des Juifs pour avoir tué Jésus ou le « libelle de sang », c-à-d le meurtre rituel) pour caractériser Israël ou les Israéliens.
+ Comparer la politique israélienne actuelle à celle des nazis.
+ Tenir les juifs collectivement responsables des actions de l’État d’Israël

Cependant, la critique de l’État d’Israël similaire à celles portées contre tout autre pays ne peut pas être considérée comme antisémite.

Soyons clairs: La critique d’Israël n’est pas antisémite, et ce serait une erreur de dire cela. Mais singulariser Israël pour en faire l’objet d’une condamnation et d’un opprobre sélectif – et à plus forte raison nier son droit d’exister ou chercher sa destruction – est discriminatoire et haineux, et ne pas le dire serait malhonnête.

Les membres de la réunion du Parlement à Ottawa s’engagent à:

Appeler nos gouvernements à respecter les engagements internationaux sur la lutte contre l’antisémitisme – comme les Principes de l’OSCE de Berlin – et collaborer avec l’Organisation des Nations Unies à cette fin. Dans les termes utilisés par l’ancien Secrétaire général Kofi Annan, « Il est […] dit à juste titre que l’Organisation des Nations Unies est née des cendres de l’Holocauste. Et un agenda des droits de l’homme qui ne parvient pas à lutter contre l’antisémitisme nie sa propre histoire. »;

Appeler les parlements et les gouvernements à adopter la définition de travail de l’EUMC et à ancrer son application dans la législation existante;

Encourager les pays à travers le monde à établir des mécanismes de rapport et de suivi de l’antisémitisme national et international, à l’instar de la «Loi lutte contre l’antisémitisme de 2010» récemment présentée au Congrès des États-Unis;

Encourager les dirigeants de toutes les religions – également représentés à cette conférence – à utiliser tous les moyens possibles pour combattre l’antisémitisme et toutes les formes de haine et de discrimination;

Appeler le Forum parlementaire de la Communauté des démocraties à faire de la lutte contre la haine et l’antisémitisme une priorité dans leur travail;

Appeler les gouvernements et les parlementaires à réaffirmer et mettre en œuvre la convention sur le génocide, reconnaissant que lorsqu’il y a incitation au génocide, les États parties ont l’obligation d’agir;

Travailler avec les universités pour les encourager à lutter contre l’antisémitisme avec le même sérieux avec lequel ils sont confrontés à d’autres formes de haine. Plus précisément, les universités devraient être invités à définir clairement l’antisémitisme, donner des exemples précis, et à faire respecter les codes de conduite fermement, tout en assurant le respect de la liberté d’expression et le principe de la liberté académique. Les universités devraient utiliser la Définition de travail de l’antisémitisme utilisée par l’EUMC comme base pour l’éducation, la formation et l’orientation. En effet, il devrait y avoir une tolérance zéro pour toute forme de discrimination contre quiconque dans la communauté universitaire sur la base de la race, le sexe, la religion, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle ou le positionnement politique;

Nous encourageons l’Union européenne à promouvoir l’éducation civique et la société ouverte dans sa politique européenne de voisinage (PEV) et à répondre au financement au développement démocratique et au respect des droits de l’homme dans les pays partenaires de la PEV;

Mettre en place un Groupe de travail international de spécialistes de l’Internet comprenant des parlementaires et des experts pour créer des indicateurs communs afin d’identifier et surveiller l’antisémitisme et les autres manifestations de haine en ligne et élaborer des recommandations pour les gouvernements et les cadres internationaux afin de résoudre ces problèmes;

En s’appuyant sur la représentation africaine à cette conférence, développer des relations de travail accrues avec les parlementaires en Afrique pour la lutte contre le racisme et l’antisémitisme;

Nous demandons instamment à la future présidence de l’OSCE, la Lituanie, de faire de la mise en œuvre de ces engagements une priorité pour l’année 2011 et d’appeler à reconduire le mandat des représentants spéciaux pour aider dans ce travail.

Voici le texte intégral de la Loi de 2010 sur la Lutte contre l’antisémitisme mentionnée ci-dessus, tel que présenté au Congrès américain par le député républicain du New Jersey Christopher Smith. Verrons-nous un projet de loi similaire être présenté par le gouvernement – ou, dans l’alternative, un projet de loi proposé à l’initiative de l’un des membres de la Coalition parlementaire canadienne de lutte contre l’antisémitisme?

Ce n’est peut-être pas nécessaire, selon ce communiqué de presse diffusé après la conférence du ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration Jason Kenney, dont le ministère aurait fourni 450 000 $ en financement pour la conférence de cette semaine. Dans ce document, il affirme que le protocole « complète ce que le Canada fait déjà … entre autres choses, il invite les dirigeants des groupes confessionnels à lutter contre la haine et la discrimination, y compris l’antisémitisme; les gouvernements de réaffirmer et de mettre en œuvre la convention sur le génocide; la mise en place d’une force opérationnelle internationale visant à identifier et surveiller la propagande haineuse sur Internet et; le développement d’une installation complète pour enregistrer tous les crimes haineux, y compris l’antisémitisme « .

Ce dont Kenney ne donne pas la moindre indication c’est qu’une nouvelle législation est en préparation. Mais encore là, peut-être qu’il attend que le susmentionné CPCAA publie son rapport, qui, aux dernières nouvelles, n’est pas prévu avant le printemps prochain au plus tôt.

Si on se fie aux conclusions du Protocole de Toronto, dire qu’Israël commet des crimes de guerre est antisémite, c’est-à-dire haineux. Donc cela va tomber sous le coup de la loi omnibus de Harper.

Stephen Harper a reparlé de cette loi omnibus au discours du Trône et cela lui démange d’enfin passer cette loi. Les conservateurs veulent voter une loi pour faire en sorte que cela devienne un CRIME de poster sur internet, par exemple, un lien vers un site jugé « haineux ». Ceci risque d’être terrible s’ils se mettent à appliquer cette loi de manière vraiment draconienne. Ce pourrait être un vrai massacre de tout ce qui pouvait rester de pensée indépendante dans la population. Parce que pour eux, un site « haineux », c’est un code pour pro-Palestinien.

Il n’y a qu’à regarder la position officielle du Canada concernant l’attaque de la flottille d’aide humanitaire en eaux internationales survenue l’année passée et de l’arrêt de la flottille durant les semaines passées, de l’attaque sauvage et les crimes de guerre commis par Israël durant l’opération Plomb durci, ainsi que le traitement des Palestiniens qui vivent quotidiennement sous occupation militaire et l’apartheid d’Israël. Dans plusieurs des cas, nous avons été la seule nation au monde, avec les États-Unis, à défendre l’injustifiable. Ceci ne représente certainement pas les vues et opinions des Canadiens et Québécois en général. Une chose est certaine, c’est que les gens qui oseront vocaliser leur mécontentement et leurs critiques sur l’Internet vont risquer de se voir accusé d’être des criminels.

Orwell doit se retourner dans sa tombe. Le crime de la pensée est maintenant à nos portes, citoyens.

Si le projet de loi passe – et il va passer éventuellement puisque les Conservateurs sont majoritaires (Harper a déclaré vouloir le faire à l’intérieur des 100 premiers jours de son mandat majoritaire) – du coup les effectifs policiers seront plus importants et il sera possible de dresser des listes d’internautes « à problèmes » (listes probablement fournies par l’ADL et son pendant canadien!), rejoindre les webmestres pour exiger qu’ils retirent certains contenus, par exemple en censurant des (ou tous les) commentaires. Il pourrait éventuellement y avoir des arrestations à domicile, ce qui pourrait ouvrir un débat public… Mais il sera déjà trop tard car une fois adoptée, une loi est difficilement retirée.

Tout cela risque de devenir ingérable, causant un découragement des gens par rapport à l’état de la liberté d’expression des Canadiens sur le web qui à ce moment-là rendra tout simplement l’âme. Et c’est un peu ça le but. Ils envoient déjà des provocateurs afin que les sections commentaires deviennent ingérables. Les sites indépendants, les forums internet indépendants et les sections commentaires surtout, où l’anonymat est encore possible, tout ces espaces de liberté doivent disparaître définitivement.

N’ayant plus de forum public pour discuter d’idées et de faits librement et publiquement, ne pouvant plus évacuer et canaliser leur trop-plein d’indignation dans ce mode d’expression et de diffusion de l’information, les gens (mieux informés) seront davantage démoralisés et marginalisés, plus prompts à rentrer dans le moule. Les gens vont probablement continuer à s’informer comme ils le faisaient avant, mais ne pouvant plus partager leurs connaissances, ils se sentiront encore plus isolés qu’avant et la mouvance de la « dissidence internet » s’évaporera. Il faudra probablement revenir à l’écriture traditionnelle, au journal clandestin, à l’action concrète et aux groupes et organisations non-gouvernementales… Fonder des structures d’action citoyenne qui perdureront, retourner au concept d’une résistance anonyme et sans leader… ce qui préoccupe aussi énormément les tireurs de ficelles.

Note: Mes sincères remerciements à Dave pour les informations et l’inspiration.

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Classé dans Actualité, François Marginean

La racine de l’argent.

Par Philippe David.

Ce matin, j’ai décidé de faire un peu de philosophie. Le sujet est un peu pertinent car je crois que le peuple québécois a une attitude malsaine envers l’argent et la richesse en général. Atlas Shrugged , le roman d’Ayn Rand a été publié en 1957 et est toujours dans les tops sur la liste des Best-sellers aux États-Unis, malgré son âge. Il semble même y avoir un regain d’intérêt pour ce livre: les ventes ont plus que triplé en 2009 grandement dû aux similarités de la crise économique actuelle et le scénario du livre, ce qui le rend étrangement préscient. Le roman est en réalité plus qu’un roman, il est aussi une représentation imagée de la philosophie objectiviste de Rand dont les concepts sont expliqués à travers le discours de John Galt. Malheureusement, il n’existe pas encore de traduction « officielle » de ce livre en français. Une traduction pirate circulait il y a quelques mois, mais elle a dû être retirée. Il y a environ un an et demi, je m’étais amusé à traduire un extrait de ce livre portant sur la conception Randienne de l’argent : Le discours de Francisco d’Anconia. Je la reproduis ici pour votre bénéfice, mais si vous vous débrouillez bien avec la langue de Shakespeare, je vous encourage fortement à lire le livre (Disponible chez Archambault et Indigo/Chapters. Chez Renaud-Bray, ils ont jamais entendu parler).

Une petite mise en contexte: Francisco d’Anconia est un magnat des mines de cuivre et un des principaux personnages du livre. Lors d’une réception de mariage, il se tenait juste à coté d’un groupe qui menait une conversation quand l’un d’eux déclare que « l’argent est la racine de tout mal ». D’Anconia l’interpelle donc de cette façon:


Le discours de Francisco d’Anconia

Par Ayn Rand. Extrait du livre «Atlas Shrugged» et traduit en français par Philippe David

« Alors vous pensez que l’argent est la racine de tout mal? » dit Francisco d’Anconia. « Avez-vous déjà demandé quelle est la racine de l’argent? L’argent est un outil d’échange qui ne peut exister à moins d’avoir des biens produits et des hommes capables de les produire. L’argent est la forme du principe que les hommes qui veulent transiger entre eux doivent le faire par le commerce et donner valeur pour valeur. L’argent n’est pas l’outil des chapardeurs, qui réclament votre produit par les larmes, ou des pillards, qui le prennent par la force. L’argent est rendu possible par les hommes qui produisent. Est-ce cela que vous considérez comme le mal? »

« Lorsque vous acceptez de l’argent en paiement de vos efforts, vous ne le faites que dans la conviction que vous l’échangerez pour le produit de l’effort des autres. Ce ne sont pas les chapardeurs et les pillards qui donnent la valeur à l’argent. Pas un océan de larmes, ni tous les fusils du monde peuvent transformer ces bouts de papier dans votre portefeuille en pain pour vous laisser survivre demain. Ces bouts de papier, qui auraient dû être de l’or, sont un gage d’honneur– votre réclamation de l’énergie des hommes qui produisent. Votre portefeuille est l’expression d’espoir que quelque part dans le monde autour de vous il y a des hommes qui ne prendront pas à défaut ce principe moral qui est la racine de l’argent. Est-ce cela que vous considérez comme le mal? »

« Avez-vous déjà cherché la racine de la production? Examinez une génératrice électrique et osez vous dire qu’elle a été créée par l’effort musculaire de brutes écervelées. Essayez de faire croître une graine de blé sans le savoir laissé par les hommes qui ont dû le découvrir la première fois. Essayez d’obtenir votre nourriture par le seul moyen de mouvements physiques — et vous apprendrez que l’esprit de l’homme est la racine de tous les biens produits et de toute la richesse qui ait existé sur terre. »

« Mais vous dites que l’argent est fait par les forts aux dépens des faibles? De quelle force parlez-vous? Ce n’est pas la force des muscles et des fusils. La richesse est le produit de la capacité humaine de penser. Alors l’argent est fait par l’homme qui invente un moteur aux dépens de ceux qui ne l’ont pas inventé? Est-ce que l’argent est fait par l’intelligent au dépens du sot? Par le capable au dépens de l’incapable? Par l’ambitieux au dépens du paresseux? L’argent est fait — avant qu’il puisse être pillé ou chapardé — fait par l’effort de chaque honnête homme, chacun selon son habileté. Un honnête homme est celui qui sait qu’il ne peut pas consommer plus qu’il n’a produit. »

« De transiger par l’argent est le code des hommes de bonne volonté. L’argent repose sur l’axiome que chaque homme est propriétaire de son esprit et de ses efforts. L’argent n’alloue aucun pouvoir de prescrire la valeur de votre effort, excepté par le choix volontaire de l’homme qui veut l’échanger avec son effort en retour. L’argent vous permet d’obtenir pour vos biens et votre labeur ce qu’ils valent aux yeux des hommes qui les achètent, mais pas plus. L’argent ne permet aucune entente sauf celles par bénéfice mutuel avec le jugement non-forcé des commerçants. L’argent vous demande la reconnaissance que les hommes doivent travailler pour leur propre bénéfice, et non pour leur tort, pour leur gain et non pour leur perte — la reconnaissance qu’ils ne sont pas des bêtes de somme, nés pour porter le poids de votre misère — que vous devrez leur offrir des valeurs, et non des blessures. — que le lien commun entre les hommes n’est pas l’échange de souffrances, mais l’échange de biens. L’argent demande que vous ne vendiez pas votre faiblesse à leur stupidité, mais votre talent à leur raison; il demande que vous n’achetiez pas le pire qu’ils offrent, mais le meilleur que votre argent puisse trouver. Et lorsque les hommes vivent de l’échange — avec la raison et non la force comme arbitre final — c’est le meilleur produit qui gagne, la meilleure performance, l’homme avec le meilleur jugement et la meilleure habileté — et le degré de la productivité d’un homme est le degré de sa récompense. C’est le code de l’existence pour laquelle l’outil et le symbole est l’argent. Est-ce cela que vous considérez le mal? »

« Mais l’argent n’est qu’un outil. Il vous emmènera où vous voulez, mais il ne vous remplacera pas comme chauffeur. Il vous donnera les moyens de satisfaire vos désirs, mais il ne vous donnera pas de désirs. L’argent est le fléau des hommes qui tentent de renverser la loi de la causalité — les hommes qui cherchent à remplacer l’esprit en saisissant les produits de l’esprit. »

« L’argent n’achètera pas le bonheur à l’homme qui n’a aucune idée de ce qu’il veut: l’argent ne lui donnera pas un code de valeurs, s’il ne sait à quoi attribuer une valeur, et il ne lui donnera pas un but, s’il ne sait ce qu’il doit chercher. L’argent n’achètera pas l’intelligence au sot, ou l’admiration au trouillard, ou le respect à l’incompétent. L’homme qui tente d’acheter le cerveau de ses supérieurs pour le servir, avec l’argent pour remplacer son jugement, finit par devenir la victime de ses inférieurs. Les hommes d’intelligence le désertent, mais les tricheurs et les fraudeurs accourent à lui, attirés par une loi qu’il n’a pas découverte: qu’aucun homme ne peut être plus petit que son argent. Est-ce la raison pour laquelle vous dites que c’est le mal? »

« Seul l’homme qui n’en a pas besoin, est digne d’hériter la richesse — l’homme qui ferait sa fortune peu importe où il a commencé.Si un héritier est l’égal de son argent, il le servira; sinon, il le détruira. Mais vous le regardez et vous criez que l’argent l’a corrompu. Vraiment? Ou a-t-il corrompu son argent? N’enviez pas un mauvais héritier; sa richesse n’est pas la vôtre et vous n’auriez pas fait mieux avec. Ne pensez pas qu’elle aurait dû être distribuée entre vous; chargeant le monde de cinquante parasites au lieu d’un, ne ramènerait pas la vertu morte qu’était la fortune. L’argent est une puissance vivante qui meurt sans sa racine. L’argent ne servira pas l’esprit qui ne peut l’égaler. Est-ce la raison pourquoi vous dites que c’est mal? »

« L’argent est votre moyen de survie. Le verdict que vous prononcez sur la source de votre gagne-pain est le verdict que vous prononcez sur votre vie. Si la source est corrompue, vous avez damné votre existence. Avez-vous obtenu votre argent par la fraude? En jouant sur les vices ou la stupidité des hommes? À servir les sots en espérant recevoir plus que votre habileté ne mérite? En abaissant vos standards? En faisant un travail qui vous écœure pour des acheteurs que vous méprisez? Si c’est le cas, votre argent ne vous apportera pas un moment ou la valeur d’un sou de joie. Alors tout ce que vous achèterez ne deviendra pas un tribut, mais un reproche; pas un accomplissement, mais un rappel de honte. Alors vous crierez que l’argent est mauvais. Mauvais, parce qu’il ne remplace pas votre respect de vous-même? Mauvais, parce qu’il ne vous laisse pas jouir de votre dépravité? Est-ce cela la racine de votre haine de l’argent? »

« L’argent demeurera toujours un effet et refuse de vous remplacer en tant que la cause. L’argent est le produit de la vertu, mais il ne peut pas vous donner la vertu et il ne rachètera pas vos vices. L’argent ne vous donnera pas ce qui n’est pas mérité, ni en matériel, ni en spirituel. Est-ce cela la racine de votre haine de l’argent? »

« Ou disiez-vous que c’est l’amour de l’argent qui est la racine du mal? Aimer quelque chose, c’est connaître et aimer sa nature. Aimer l’argent est connaitre et aimer le fait que l’argent est la création de la meilleure puissance en vous, et la clef pour échanger votre effort pour l’effort du meilleur d’entre les hommes. C’est l’homme qui vendrait son âme pour une pièce de cinq cents, qui proclame le plus fort sa haine de l’argent — et il a de bonnes raisons de l’haïr. Ceux qui aiment l’argent ont la volonté de travailler pour. Ils savent qu’ils peuvent se le mériter. »

« Laissez-moi vous livrer un indice au caractère des hommes: L’homme qui maudit l’argent, l’a obtenu déshonorablement; l’homme qui le respecte, l’a gagné. »

« Sauvez-vous de quiconque vous dit que l’argent est mauvais. Cette phrase est la clochette de lépreux qui sonne l’approche d’un pillard. Aussi longtemps que les hommes vivront ensemble sur terre et auront besoin de transiger un avec l’autre — leur seul substitut, s’ils abandonnent l’argent, est la bouche d’un fusil. »

« Mais l’argent vous demande les plus hautes vertus, si vous voulez en faire ou le garder. Les hommes qui n’ont aucun courage, aucune fierté ou estime de soi, les hommes qui n’ont pas le sens moral de leur droit à leur argent et qui n’ont pas la volonté de le défendre comme s’ils défendaient leur vie, les hommes qui s’excusent d’être riches — ne demeureront pas riches pour longtemps. Ils sont l’appât naturel des foules de pillards qui se cachent sous les roches depuis des siècles, mais qui rampent hors de leur cachette à l’odeur de l’homme qui demande pardon pour la culpabilité de posséder de la richesse. Ils se dépêcheront de lui prendre sa culpabilité — et sa vie, comme il le mérite. »

« Alors vous verrez la montée des hommes au double standard — des hommes qui vivent par la force, mais qui comptent sur ceux qui vivent de la traite pour donner de la valeur à leur butin — des hommes qui sont au crochet de la vertu. Dans une société morale, ils sont les criminels, et les statuts sont écrits pour vous en protéger. Mais lorsqu’une société établit des criminels-de-droit et des pillards-en-loi — des hommes qui utilisent la force pour saisir la richesse de victimes désarmées — alors l’argent devient le vengeur de son créateur. De tels pillards croient qu’il est sûr de voler des hommes sans défense, une fois qu’ils ont passé une loi pour les désarmer. Mais leur butin devient l’aimant des autre pillards, qui l’obtiennent d’eux de la même façon. Alors la course ne va pas à ceux qui sont les plus adeptes à la production, mais à ceux qui sont les plus impitoyables à l’usage de la brutalité. Lorsque la force est la norme, le meurtrier gagne sur le pickpocket. Et alors que la société disparaît, dans une propagation de ruines et de boucherie. »

« Souhaitez-vous savoir si ce jour arrive? Surveillez l’argent. L’argent est le baromètre de la vertu d’une société. Lorsque vous voyez que les échanges sont faits, non par consentement, mais par la contrainte — quand vous voyez que pour produire, vous devez obtenir la permission de gens qui ne produisent rien. — lorsque vous voyez que l’argent coule vers ceux qui traitent non pas en biens, mais en faveurs — lorsque vous voyez que les hommes s’enrichissent plus par la corruption et l’influence que par le travail, et que vos lois ne vous protègent pas contre eux, mais les protègent contre vous — lorsque vous voyez la corruption récompensée et que l’honnêteté devient un sacrifice — vous saurez que votre société est condamnée. L’argent est un médium si noble qu’il n’accepte aucune concurrence avec les armes et n’accepte aucun termes avec la brutalité. Il ne permet pas qu’un pays puisse survivre mi-propriété, mi-butin. »

« Lorsque des destructeurs apparaissent parmi les hommes, ils commencent par détruire l’argent, puisque l’argent est la protection des hommes et la base de leur existence morale. Les destructeurs saisissent l’or et laissent aux propriétaires une pile de papier trafiqué. Ce qui détruit toute norme objective et qui livre les hommes au pouvoir arbitraire d’un régulateur de valeurs arbitraire. L’or était une valeur objective, un équivalent de richesse produite. Le papier est une hypothèque d’une richesse qui n’existe pas, soutenu par une arme pointée vers ceux qui sont supposé le produire. Le papier est un chèque tiré par des pillards légaux d’un compte qui n’est pas le leur: sur la vertu de leurs victimes. Surveillez le jour où il rebondira, marqué «compte à découvert». »

« Lorsque vous faites du mal le moyen de survie, ne vous attendez pas à ce que les hommes restent bons. Ne vous attendez pas à ce qu’ils restent moraux et perdent leurs vies pour devenir la proie des immoraux. Ne vous attendez pas à ce qu’ils produisent alors que la production est punie et le pillage récompensé. Ne demandez pas «Qui détruit le monde?». C’est vous. »

« Vous vous tenez au milieu des plus grands accomplissements de la plus grande et productive civilisation et vous vous demandez pourquoi elle s’écroule autour de vous, alors que vous maudissez son essence de vie — l’argent. Vous considérez l’argent comme les sauvages avant vous, et vous vous demandez pourquoi la jungle se resserre autour de vos villes. À travers l’Histoire, l’argent a toujours été saisi par des pillards d’un type ou l’autre, dont les noms ont changé, mais dont les méthodes sont restées les mêmes: saisir la richesse par la force et garder les producteurs liés, humiliés, défâmés et privés d’honneur. Cette phrase au sujet du mal de l’argent que vous babillez avec imprudence, vient d’une époque ou la richesse était produite par le travail des esclaves — esclaves qui répétaient les mouvements déjà découverts par l’esprit de quelqu’un et laissés sans amélioration pendant des siècles. Aussi longtemps que la production était dominée par la force et que la richesse était obtenue par la conquête, il y avait peu à conquérir, pourtant à travers les siècles de stagnation et de famine, les hommes ont exalté les pillards, comme aristocrates d’épée, aristocrates de naissance, ou aristocrates de bureau, et méprisé les producteurs comme esclaves, traiteurs, marchands — et industriels. »

« À la gloire de l’humanité, il y avait, pour la première et seule fois de l’Histoire, un pays d’argent — et je ne peut donner de tribut plus élevé ou plus révérend à l’Amérique puisque ça veut dire: un pays de raison, justice, liberté, production, accomplissement. Pour la première fois, l’esprit et l’argent de l’homme ont été libérés, et il n’y avait plus de fortunes par conquête, mais seulement des fortunes par le travail, et au lieu d’hommes d’épée et d’esclaves, il est apparu le véritable créateur de richesse, le plus grand travailleur, le plus valeureux type d’être humain — le parvenu — l’industriel américain. »

« Si vous demandez quelle est la plus fière distinction des américains, je choisirait — parce qu’elle inclue toutes les autres — le fait qu’ils sont le peuple qui a créé l’expression «faire de l’argent». Aucun autre langage ou nation n’a jamais utilisé ce terme avant; les hommes ont toujours considéré la richesse comme étant une quantité statique — à saisir, mendier, hériter, partager, piller ou obtenir en guise de faveur. Les américains furent les premiers à comprendre que la richesse doit être créée. Les mots «faire de l’argent» contiennent l’essence de la moralité humaine. »

« Pourtant ce sont les mots pour lesquels les américains ont été dénoncés par les cultures pourries des continents de pillards. Maintenant le crédo des pillards vous a amené à considérer vos plus grands accomplissements comme une marque de honte, votre prospérité comme culpabilité, vos plus grands hommes, les industriels, comme des abuseurs, et vos magnifiques usines comme le produit et la propriété du travail musculaire, le labeur des esclaves sous le fouet, comme les pyramides d’Égypte. La fripouille qui minaude qu’il ne voit pas de différence entre le pouvoir du dollar et le pouvoir du fouet, devrait apprendre la différence sur sa propre peau — comme, je crois, il le fera. »

« Jusqu’à ce que et à moins que vous ne découvriez que l’argent est la racine de tout bien, vous demandez votre propre destruction. Quand l’argent cesse d’être l’outil avec lequel les hommes transigent entre eux, alors les hommes deviennent les outils des hommes. Le sang, les fouets, les fusils — ou les dollars. Faites votre choix — il n’y en a pas d’autre — et votre temps tire à sa fin. »

Dans ce texte, il y a deux paragraphes que j’aime particulièrement et qui sont très pertinents dans le contexte d’aujourd’hui:

« Alors vous verrez la montée des hommes au double standard — des hommes qui vivent par la force, mais qui comptent sur ceux qui vivent de la traite pour donner de la valeur à leur butin — des hommes qui sont au crochet de la vertu. Dans une société morale, ils sont les criminels, et les statuts sont écrits pour vous en protéger. Mais lorsqu’une société établit des criminels-de-droit et des pillards-en-loi — des hommes qui utilisent la force pour saisir la richesse de victimes désarmées — alors l’argent devient le vengeur de son créateur. De tels pillards croient qu’il est sûr de voler des hommes sans défense, une fois qu’ils ont passé une loi pour les désarmer. Mais leur butin devient l’aimant des autre pillards, qui l’obtiennent d’eux de la même façon. Alors la course ne va pas à ceux qui sont les plus adeptes à la production, mais à ceux qui sont les plus impitoyables à l’usage de la brutalité. Lorsque la force est la norme, le meurtrier gagne sur le pickpocket. Et alors que la société disparaît, dans une propagation de ruines et de boucherie. »

Belle dénonciation du corporatisme, non? Et il y a encore celui-ci:

« Lorsque des destructeurs apparaissent parmi les hommes, ils commencent par détruire l’argent, puisque l’argent est la protection des hommes et la base de leur existence morale. Les destructeurs saisissent l’or et laissent aux propriétaires une pile de papier trafiqué. Ce qui détruit toute norme objective et qui livre les hommes au pouvoir arbitraire d’un régulateur de valeurs arbitraire. L’or était une valeur objective, un équivalent de richesse produite. Le papier est une hypothèque d’une richesse qui n’existe pas, soutenu par une arme pointée vers ceux qui sont supposé le produire. Le papier est un chèque tiré par des pillards légaux d’un compte qui n’est pas le leur: sur la vertu de leurs victimes. Surveillez le jour où il rebondira, marqué «compte à découvert». »

Ce qui résume assez bien ma position sur la monnaie fiduciaire.

AJOUT:

Un lecteur a été assez gentil de m’envoyer une copie électronique de la traduction non-officielle de Atlas Shrugged. Pour ceux qui sont intéressés, vous la trouverez ici.

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Classé dans Actualité, économie, Philippe David