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Le nouveau totalitarisme du contrôle des appellations

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Notre sidérante affaire débute il y a deux ans environ, quand l’actrice et chanteuse Lindsay Lohan intente une poursuite de cent millions de dollars américains contre une agence de publicité, pour l’utilisation du prénom LINDSAY dans un commercial du Super Bowl portant sur une petite bébé turbulente ayant tendance, disons, à abuser du biberon… Insistons fermement d’abord –en ouverture– sur un point. Ici, ce n’est pas mademoiselle Lohan qui déraille. C’est, plus nettement, la notion de propriété privée qui s’emballe et qui devient follement totalitaire… Il faut prudemment voir à ne pas se laisser influencer par un titre ou un sous-titre de canard racoleur et populiste. L’affirmation “The world revolves around Lindsay. [Le monde gravite autour de Lindsay]” est un commentaire d’ouverture poudre aux yeux, dans le genre de cette image bien connue du président Obama, ce bourgeois raffiné et un rien hautain, s’amenant en bras de chemise dans ses meeting populaires pour faire peuple lui-même. En ouvrant ici l’exposé de la nouvelle dans cet angle du ci-devant narcissisme de mademoiselle Lohan, un certain journalisme vous oriente sciemment la pensée. On dévie ouvertement de l’enjeu critique en cause et on manipule le propos au départ, dans la direction du petit potin sans portée. Le commentaire d’ouverture correct serait: Le prénom de Lindsay Lohan fait-il partie de la propriété intellectuelle (privée) de sa marque de commerce? La réponse reste non, mais le topo n’est plus détourné dans le style ad hominem et creux des feuilles de chou mondaines. Qui donc veut confondre ici l’entreprise qui poursuit avec l’ego de la petite vedette en cause dans la poursuite? Personne de vraiment sérieux. Pendant qu’on tape sur les doigts de mademoiselle Lohan tous en choeur, le totalitarisme privé lui, reste, en douce, bien niché dans les implicites non questionnés. Cela vient vieux à terme, ce genre de journalisme de surface. Ceci était MON ouverture sur cette question.

Traitons ladite question dans sa dimension radicalement ethnoculturelle (plutôt que superficiellement potino-anecdotique). Le problème est assez ancien. Il rejoint (sans s’y confondre) la question, toujours sensible, de l’antonomase sur marques de commerce (kodak, kleenex, et, en anglais, les verbes to hoover, to xerox, pour n’égrener que de maigres exemples qui, vieillots, ont la qualité, fort prisée vue l’ambiance, d’être sans risque). Alors, bon, les prénoms MICKEY, ELVIS et MADONNA sont-ils associés à des objets culturels spécifiques? Personnellement, je pense que oui. Par contre, cette poursuite-ci de cent millions (cela ne s’improvise pas par narcissisme individuel, une poursuite de cette amplitude) tente tout simplement le coup d’ériger LINDSAY en objet culturel similaire… À tort, je pense… mais il ne serait pas si facile de formuler un net critère démarcatif. Le problème, déjà fort emmerdant, se complique ici, en plus, d’une facette diffamatoire. On découvre, dans l’article que j’ai mis en lien, un résumé de l’argument de la poursuite. Il se lit comme suit: “They used the name Lindsay,” Ovadia said. “They’re using her name as a parody of her life. Why didn’t they use the name Susan? This is a subliminal message. Everybody’s talking about it and saying it’s Lindsay Lohan [Ils utilisent le prénom Lindsay pour parodier sa vie, a déclaré Ovadia. Pourquoi n’ont-ils pas pris le prénom Susan? C’est un message subliminal. Tout le monde en parle en disant qu’il s’agit de fait de Lindsay Lohan].” Bon, la légende urbaine du subliminal, on a compris ce que ça vaut, depuis un moment, allez. Mais ce qui m’ennuie le plus ici c’est le “Everybody’s talking about it [Tout le monde en parle]”. J’aimerais bien qu’on me cite les sources datées qui établissaient cette corrélation AVANT le buzz de cette poursuite même, qui lui, justement, désormais, impose cette susdite corrélation. En d’autre termes, bien… moquez vous de Lindsay Lohan ici et ailleurs, en rapport avec cette affaire, et vous alimentez simplement l’argumentation malhonnêtement victimisante sur laquelle se fonde justement la toute rapace poursuite en diffamation. Bonjour, le piège à con…

Cette affaire, cette flatulente énormité juridique, n’est aucunement anecdotique. Elle est bien plus qu’un fait divers. Elle a une portée qui va beaucoup plus loin que la simple trajectoire artistique ou mondaine de Lindsay Lohan. Mon tout petit rédacteur de journaux à potin qui ne veut pas voir plus loin, laisse moi maintenant t’expliquer. Tu ramènes le tout de la chose à du fricfrac interpersonnel, prouvant ici que tu n’y vois goutte. Il y a une notion que tu ne comprends pas: celle de jurisprudence. Je vais d’abord t’inviter à corréler ce débat sur la propriété commerciale du (fort répandu) prénom LINDSAY à cette poursuite-ci, agression ouverte procédant d’une dynamique similaire (sans narcissisme personnel de petite vedette à pointer du doigt, cette fois). Une entreprise privée, le Marché Saint-Pierre, poursuit une autre entreprise privé, l’éditeur d’un polar, sur la base diffamatoire: ne parle pas de moi, tu me dénigres. Une entreprise privée, l’estate de Lindsay Lohan, poursuit une autre entreprise privée, le publicitaire E-trade, sur la base diffamatoire: ne parle pas de moi, tu me dénigres. Comme le diraient ces bons ricains que, cher rédacteur de journaux à potins, tu adores et que tu prétends si bien comprendre: is there a pattern here? Dans les deux cas, une réalité publique du tout venant (un prénom, un lieu) est l’objet du délit au sein d’une poursuite en appropriation… La manœuvre juridique est identique (le reste, c’est, au pire, de l’anecdote, au mieux, de la nuance). La jurisprudence, elle aussi, est identique. Si le forban qui poursuit plante le forban qui se défend, moi, dans mon petit coin, je me prends de toute façon les tessons dans la gueule PARCE QUE LE RÉSULTAT FAIT JURISPRUDENCE. Notons au passage qu’on est finalement bien loin du narcissisme, plus proche du totalitarisme. Je pourrais, demain, ne plus avoir le droit de dire ni MARCHÉ SAINT-PIERRE (ni, la peur jurisprudente jouant: LOUVRE, TOUR EIFFEL, TOUR CN, PLACE VILLE-MARIE, CANAL RIDEAU, CANADA) ni LINDSAY (ni, la peur jurisprudente jouant: MICKEY, ELVIS, MADONNA, BRANGELINA, BARACK, YSENGRIM ou le chiffre SEPT – des 7 du Québec). Que l’objet du délit soit vague (y a pas que mademoiselle Lohan qui se prénomme Lindsay) ou clairement cerné (c’est bien du Marché Saint-Pierre qu’il s’agit dans ce polar), la constante qui se stabilise est hautement inquiétante. On peut vous accuser impunément (surtout si on a les moyens de se payer un service juridique somptuaire) de DÉNIGRER du seul  fait d’AVOIR NOMMÉ. Paniquant…

Alors maintenant, avançons encore d’un cran dans l’abus de droit du «droit». Au lieu d’une entreprise attaquant une entreprise, on a une entreprise attaquant un individu ordinaire, un simple pingouin de base sans défense. C’est le cas, tout récent tout chaud, de cette pauvre institutrice française, madame FIGARO, qui vient de se prendre sur le coin de la tête, pour son petit blogue personnel sans revenu s’adressant à ses élèves, une mise en demeure… du Figaro. Oh, oh, mais vous me direz pas, après ça, que les entreprises privées contemporaines ne sont pas littéralement atteintes d’un syndrome totalitaire. Oh, mais faites excuses, voici que je m’expose moi-même à une poursuite du Collège de Médecine pour dénigrement de la notion de syndrome… Enfin, bon, je préserve mes quelques chances de non-lieu, puisque les restaurateurs d’Italie ne sont pas (encore) parvenus à imposer une appellation contrôlée sur la notion de pizza (comme il y en a une sur les notions de bordeaux, de bourgogne, de champagne, qui ne se barouettent pas comme ça). Je m’efforce ici de vous faire un peu rire avec ceci mais, batince, je la trouve pas drôle du tout, en fait, pour dire le fond de ma pensée. Privé, privé, privé! Le privé s’empare d’objets physiques ou mentaux du tout venant et dit: “c’est à moi, taisez-vous, n’en parlez plus. Silence. Baillon.”. C’est atterrant.

Et, en plus, c’est outrageusement enrichissant. Car, en conclusion de ce petit billet fort marri (en attendant les prochains abus juridiques impudents de l’hydre entrepreneuriale sur ce front), il faut signaler que mademoiselle Lohan et son estate ont fini par abandonner leur poursuite peu après l’avoir intentée mais ce, non sans avoir tiré des revenus non précisés de l’entente hors cours s’étant conclue sans trompette (the actress made some money out of the deal – noter, encore ici, le traitement incroyablement potineux et creux, sciemment minimiseur, en fait). Bilan: dans le cloaque néo-libéral du laxisme légal contemporain, il y a toujours moyen, pour une entreprise puissante, de poursuivre, de gagner, de bâillonner, d’extorquer. Le principe fondamental est singulièrement répugnant. C’est la dictature du silence culturel imposée par les accapareurs possédants. C’est puant et cela s’étend. Je demande: qui donc mettra la bride à ce nouveau totalitarisme du contrôle des appellations? Et je signe:

PAUL (Newman’s Own me guette ici)
LAURENDEAU (ici c’est le journal Le Devoir)

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Promotion cyclique des produits et des comportements «écologiques»

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J’appelle promotion cyclique le phénomène propagandiste qui consiste à mettre de l’avant un produit ou un comportement donné en affectant de le fonder dans une vérité incontestable puis, quelques décennies ou quelques années plus tard, mettre de l’avant le produit ou le comportement contraire en affectant de le fonder dans une vérité tout aussi incontestable (mais désormais, elle aussi, contraire) et ce, avec exactement la même ardeur et le même sens exacerbé de la certitude. C’est en matière écolo-environnementale, autour de l’intendance semi-sacrée de la ci-devant écolo-attitude, que l’on rencontre les fleurons les plus mirobolants du phénomène vu que la promotion cyclique, contrairement à la publicité ordinaire, est censée nous éclairer sur la définition fondamentale de ce qui est crucial à la vie. Et ça, bien, c’est écolo-environnemental… du moins par les temps qui courent.

Un premier exemple, l’eau. Il n’y a pas si longtemps, on ne jurait que par l’eau en bouteilles. L’eau du robinet était suspecte de ne plus bénéficier de l’assainissement qui avait été celui de nos vertes années. Elle goûtait bizarre, était d’une couleur étrange. Il ne fallait plus s’en servir que pour laver la vaisselle. Soudain, vlan, revirement aqueux généralisé. L’eau en bouteilles est possiblement empoisonnée par la surface plastique desdites bouteilles qui, en plus s’accumulent dans l’environnement, et l’eau du robinet est le nectar scintillant de la nouvelle source vive. En glissant le long de la transition des biberons, plastifiés et subitement nocifs eux aussi, on pourrait en venir à parler du lait. Lait maternel, lait de vache, simili-lait pour bébé, la faveur fluctue et les passions s’enflamment. À l’autre extrémité de bébé apparaissent ensuite les couches. Jetables ou lavables, une tension s’instaure. Les jetables polluent par accumulation mécanique alors que les lavables polluent par déversement chimique. La liste pourrait vite s’allonger, sur le chemin torve de l’accession aux ultimes vérités fortes et saines de l’écologie de notre temps. On pleure aujourd’hui d’avoir bazardé le tramway de Montréal et de l’avoir remplacé par des autobus, car le carburant fossile vient de percuter le fond de la promotion cyclique. Vive Toronto et son tram à l’ancienne. Mais demain le vieux réseau de filage électrique aérien s’avérera-t-il nuisible pour la santé torontoise tandis que les autobus montréalais vireront au vert limpide en ne fonctionnant plus au pétrole? Allez savoir. Le toutim à l’avenant…

Autorisez-moi ici un petit détour comparatif des plus singuliers: les Conservateurs canadiens. Il n’y a pas si longtemps ils ne valaient pas une guigne aux yeux de quiconque. Aujourd’hui, nos Conservateurs boivent du petit lait tranquillement, avec un centre-gauche bien divisé, comme découpé. Les Conservateurs (les vrais, les purs, les réacs bleu ciel) font désormais bel et bien partie du paysage politique canadien «de nouveau», c’est ça le plus triste… Ils n’ont plus, en ce jour, qu’à étaler doucement leur recentrage de Tartuffes et se préparer d’autres petites marées bleues bien tranquilles… Effarant… mais, soudain (et c’est ce que je vous annonçait plus haut comme hautement singulier), c’est absolument banal aussi, quelconque, plus du tout surprenant (dans le giron restreint de la politique politicienne). Ils étaient des minus sans intérêts, ils sont maintenant le moyen terme acceptable. Cela me rappelle Ronald Reagan dans les années 1970, un bouffon grotesque, un ancien cabotin de cinéma, un pantin creux et godiche, dont personne ne voulait… lui qui allait devenir le «grand président historique» de la décennie suivante. Ce qui est si singulier, c’est le fait que ces exemples criants de promotion cyclique ne surprennent plus du tout dans l’espace précis de la politique politicienne. La politique politicienne est usée. La promotion cyclique y roule à vide et plus personne ne la remarque, dans le susdit champ politicien.

Promotion cyclique. Cherchez le vrai, dans tout ça. Bon, la mode est possiblement un type spécifique de promotion cyclique, mais il ne faut pas pour autant ramener les questions de promotion cyclique (surtout dans des cas aussi vitaux que ceux procédant de l’écologique) à de simples questions de mode. Ce serait alors les atténuer et, en quelque sorte, les innocenter. La mode a au moins la décence intellectuelle, toute involontaire d’ailleurs, de ne par renier systématiquement la tendance antérieure. La mode est une dérive orchestrée du goût, qui se boucle parfois. La promotion cyclique est un reniement des vérités, qui se contredit toujours. Cela se distingue dans le justificatif que se donne la promotion cyclique et que ne se donne pas la mode. Quand le discours de la mode vous annonce que l’automne sera dans les teintes de rouge et qu’on verra revenir le tricot en force, que l’été se vivra en souliers plats ou que le mauve lilas et le gris cendré sont à l’honneur, aucun justificatif n’est formulé. On ne vous dégoise pas sans fin que les talons aiguille heurtent la colonne vertébrale, que la laine respire mieux que le feutre ou que le noir attire indûment les rayons du soleil… La mode ne s’ontologise pas dans une doctrine du Vrai Souverain. C’est la mode, on n’a qu’à assumer, et advienne que pourra… qui m’aime me suive, quoi…

Dans le cas de la promotion cyclique, qu’il faut donc, en fait, crucialement distinguer de la mode, du changement frivole pour le changement frivole, une tension, un souque à la corde de justificatifs se met en place. On nous annonce subitement, il n’y a pas si longtemps, que les rayons UV, surtout chopés en salon de bronzage par des jeunôts, sont «désormais» cotés causes directes de cancer, au même titre que le tabac. Les salons de bronzage aboient, et vont rejoindre les compagnies de couches jetables, de simili-lait et de bouteilles et biberons en plastiques sous la lune variable à laquelle on hurle sa bonne foi. C’est que, derrière la promotion cyclique se profilent toujours des groupes de pressions, habituellement industriels, craignant, qui de perdre des parts de marché, qui de faire face à des poursuites, qui les deux à la fois. Ouf… Quelqu’un ment quelque part. Ce qui est (pourtant!) hurlant d’évidence dans les alternances du spectacle de notre chère petite politique politicienne devrait l’être autant sur tout ce qui fait l’objet d’une promotion «étayée» en cycles. C’est bien loin d’être le cas. On continue de tendre à croire que l’ultime vérité (sur la ligne du temps) est (enfin) la bonne (alors qu’on ne croit plus spécialement au parti politique du moment… pour le moment).

Car, fondamentalement, c’est la véracité de la promotion cyclique qui soulève les relents les plus purulents. Ne cherchez surtout pas, c’est toujours la dernière version retenue qui est la «vraie». Si nous l’endossons sans question, c’est que la promotion cyclique vient de nous épingler comme un papillon. Et nous mordons. Et nous chantons. Haro sur tout ce que se disait avant. La version actuelle est la seule qui vaille. On la sabordera dans quelques années mais qu’à cela ne tienne, c’est la «vraie». Jouant en plus à fond sur la propension du public à se culpabiliser en panavision, la promotion cyclique finit par planter dans la conscience des masses ce que l’on pourrait nommer l’angoisse des éoliennes. On promeut, dans l’abstrait, les éoliennes. Elles sont une solide alternative aux carburants plus polluants. Mais, dans le concret, on rejette les éoliennes. Elles donnent des maux de tête électrostatiques à ceux qui vivent dans leur voisinage, emmerdent les petits oiseaux, et gâchent la cruciale dimension visuelle du paysage naturel où on les implante. Éoliennes, oui? Non? La promotion cyclique se met une fois de plus à tournoyer dans tous le sens et c’est l’angoissant tournis manichéen qui nous écoeure, à nouveau, à nouveau, à nouveau.

Écoeuré, ça, je le suis. Je suis suprêmement écoeuré de tous ces pseudo-spécialistes qui recyclent leurs mensonges à géométrie variable, fonction de la puissance du groupe de pression du moment. Je n’ai jamais été trop chaud pour l’hyper-relativisation des vérités (qui est celle, par exemple, dans laquelle est désormais bien enlisée la politique politicienne… les bleus, les rouges, les verts, les orangés… faites tourner). Quand, pour l’eau, le lait, le vent, les rayons UV, le transport urbain et les pépette de nos bébé on se met à faire le girouette, justement comme pour la politique politicienne, j’ai le net sentiment qu’on se paie ma poire, soit pour me faire les poches, soit pour me donner le tournis sociopolitique sur les questions écolo-environnementales, soit les deux. La promotion cyclique, c’est, de fait, le grand confusionnisme crypto-réactionnaire de notre temps, sur lesdites questions environnementales. On brouille sciemment les cartes. On noie le poisson écolo et on détourne le cours de la rivière scintillante de l’opinion pour faire de l’argent. On manipule de nouveau, à la fois nos émotions profondes et notre sens du devoir. On sème la confusion et on nous fait nous garrocher dans tous les sens. Cela tataouine et gaspille en grande, et le seul cycle de croissance que cela enclenche en fin de compte, c’est celui de ma vive et cuisante contrariété.

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Fondamentalisme

Par Renart Léveillé

J’ai toujours eu un préjugé favorable envers le bouddhisme étant donné qu’on me l’a toujours pointé comme étant « une philosophie plutôt qu’une religion ». Oui, vous le savez, je suis un condensé de mauvaise foi… Quoi qu’il en soit, le chef spirituel actuel du bouddhisme, le dalaï-lama, m’a fait déchanter dernièrement en prenant la part des religions et en repoussant d’autant la liberté d’expression :

Au sein de toutes les religions – y compris le bouddhisme -, il existe des fidèles qui portent en eux les germes de sentiments destructeurs, mais il faut se garder de condamner en bloc ces religions

Je comprends tout à fait son point, mais je me demande où se trouve la ligne entre pointer le débordement extrémiste d’un fidèle d’une religion – en soulignant obligatoirement celle-ci – et « condamner en bloc » cette religion? En serons-nous bientôt à demander aux médias d’exclure toute référence à la religion quand il est question d’un attentat terroriste, par exemple? D’autant plus qu’il y a divers degrés entre le fidèle modéré et l’extrémiste, et qu’il y a les paroles et les actes comme possibilités d’expressions de la dévotion, positivement ou négativement. J’ai l’impression qu’on tente de contenir la critique envers les manifestations du religieux dans un espace aussi propre que ce que tentent de nous imposer par la publicité les fabricants de produits domestiques : l’ultime stérilité. J’en comprends aussi qu’il est question de respect. Mais serait-ce que le respect est unilatéral?

Parce que la critique envers le phénomène religieux ne se résume pas à pointer les manifestations extrémistes. Elle est globale. Voudrait-on alors lui couper l’herbe sous le pied en passant par le chemin facile, celui de condamner ceux qui réprouvent les « fidèles qui portent en eux les germes de sentiments destructeurs »? Et, par ricochet, de bannir l’ensemble de l’oeuvre, comme le souligne Mathieu Bock-Côté : de tout bonnement enlever « Le droit au blasphème »?

Il ne faut pas oublier que les propos du dalaï-lama ont eu comme écrin la Deuxième conférence mondiale sur les religions du monde où on jetait dans la mare de la Déclaration universelle des droits de l’homme la proposition d’un nouvel article, 12.4, qui se lit comme suit :

Chacun a le droit que sa religion ne soit pas dénigrée dans les médias ou dans les maisons d’enseignement.

Cette idée porte sans aucun doute pour moi la signature du fondamentalisme. Parce qu’elle fait la promotion de l’idée que la religion est fondamentale à l’humain, ce avec quoi je suis profondément en désaccord. Et le chemin n’est pas loin pour laisser de côté les droits des areligieux… C’est même implicite. On a beau essayer d’échafauder une structure démontrant que l’athéisme est une religion, il n’en est rien. Il est question d’absence, il est question d’opposition claire, si bien sûr on peut toujours s’entendre sur le sens des mots. L’agnostique, l’antireligieux, l’irréligieux, l’impie, l’incroyant, le non-croyant n’auraient pas ce droit, puisque son existence même est en soi du dénigrement.

Mais il n’est pas tellement besoin d’un nouvel article de la Déclaration universelle des droits de l’homme pour bâillonner. Les exemples fusent, et pas seulement du côté musulman, et pas seulement du côté critique. L’exemple qui suit est à classer dans l’anodin (et elle est classée sur Cyberpresse dans la section « Insolite »), et pourtant…

Le régulateur britannique de la publicité a interdit comme «irrévérencieuse» une caricature montrant Jésus le pouce levé et le clin d’oeil appuyé, utilisée par un opérateur téléphonique pour vanter ses «rabais miraculeux» à l’occasion des dernières fêtes pascales.

C’est déjà bien planté, et très profondément. Là où il y a de la (grande) noirceur.

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Pour la transparence éthique du commerce

Par Renart Léveillé

 

Sur Générations d’idées, Marc Saindon lance une bonne idée au sujet du commerce éthique. Il est question de ce qu’il appelle la certification Janus, inspirée du « nom de la divinité romaine à deux visages, gardienne de la paix ». Et son idée part de cette prémisse, qui est tout à fait probante :

Si acheter c’est voter, on devrait être capable de savoir pour qui on vote quand on fait ses achats.

Question de synthétiser, il s’agirait d’apposer une étiquette négative aux produits des « entreprises qui ont des comportements inacceptables ». Comme exemple, l’auteur pointe la firme Unilever, qui d’un côté avec son marketing pour Dove pointe le problème de la pression médiatique que subissent les femmes pour être mince, et de l’autre y participe avec ses produits Axe (ou le cliché de la femme-mince-objet est magnifié dans ses pubs) et, la goutte qui fait déborder le vase, ses produits diètes Slim Fast. Et à regarder la liste des marques d’Unilever, disponible dans le billet, il est bien drôle de constater qu’on y trouve quelques produits dits « engraissants »… Et personnellement, je constate que je contribue aux profits de cette compagnie puisque je ne jure que par certains de ses produits. Que je ne nommerai pas!

Pour appuyer son idée, l’auteur soulève l’existence d’« étiquettes pour encourager l’achat de produits vendus par des entreprises qui ont des comportements éthiques, verts et équitables » mais je ne crois pas qu’une étiquette Janus serait aussi simple à faire passer dans la réalité, donc dans les commerces et la société. À la base, quel patron de commerce voudrait se mettre à dos ses fournisseurs de produits en permettant un étiquetage négatif? Et, pour outrepasser cela, il faudrait encore une loi étatique pour l’imposer à tous, ce qui serait bien le comble de l’affront aux amants de la liberté individuelle (surtout de la liberté commerciale), et qui n’est pas à prendre à la légère.

Non, je crois qu’il faudrait plutôt opter pour une solution plus en phase avec la technologie (mobile) : les gens intéressés par l’achat éthique pourraient avoir simplement accès à de l’information complète sur les produits offerts en magasin via leur téléphone « intelligent ». Pour ce faire, un site d’éthique commercial pourrait tout à fait être géré par un regroupement d’organismes comme l’Office de la protection du consommateur et Équiterre, pour ne nommer que ceux soulevés par l’auteur.

Je vois très bien l’intérêt de pointer du doigt, mais malheureusement je crois qu’il faut laisser le loisir aux gens de faire au moins l’effort de se renseigner un minimum par eux-mêmes, surtout dans l’optique d’un accès facile à l’information, comme je le propose. Et, par cela, de laisser tranquille ceux qui ne veulent pas entendre parler directement de ces questions d’éthique. Mais je ne doute pas que ça va finir quand même par les rattraper, qu’ils soient majoritaires, comme je le soupçonne…

Même un petit phénomène, surtout s’il fait fléchir les chiffres de vente, peut faire bouger les grands joueurs. Et ainsi de suite…

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Les médias traditionnels sont maintenant obsolètes 1/2

Voici la première partie d’un excellent article écrit par Giordano Bruno à propos de la situation précaire dans laquelle se retrouvent les médias traditionnels et corporatifs depuis plusieurs années versus la montée en flèche des médias alternatifs. Le texte original est en anglais. Mais il s’agit d’une telle précise et claire analyse que cela demandait d’être traduit et rendu disponible aux lecteurs francophones, ce que j’entreprends ici avec la pleine permission et les chaleureux encouragements de l’excellent auteur, Giordano Bruno. Elle vous sera présentée en deux partie vu sa longueur pour en facilité la digestion. La situation décrite concerne la scène médiatique aux États-Unis, mais elle reflète parfaitement ce qui se déroule partout à travers la planète.

Alors sans plus tarder…

Traduction par François Marginean

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Les médias traditionnels sont maintenant obsolètes 1/2

La progression de la société humaine repose sur la distribution régulière de l’information. La qualité de cette information, sa précision et son honnêteté, détermine la santé générale des cultures que nous créons. Quand une source d’information est compromise par l’ambition politique malsaine, le dogme social, ou par les mains étrangleuses de l’élitisme, c’est comme un puits empoisonné, répandant la peste et la pestilence dans tout le pays, voire dans monde. La diffusion massive de mensonges inspire le délire et la folie des masses plus vite que la fièvre typhoïde.

Dans l’Amérique d’aujourd’hui, la personne recherchant une source pure de vérité dans les médias trébuche inévitablement sur de nombreux puits empoisonnés.

Même s’ils ne sont pas encore activement à poursuivre des sources alternatives d’informations, beaucoup de gens sont au courant, au moins intuitivement, lorsque quelqu’un essaie de les rouler. Vous pouvez nous présenter avec assurance de délicieux steaks de surlonge sur des plateaux en argent orné, mais si nos visages sont frappés par l’odeur nauséabonde de pourriture, nous ne mordrons pas. Grâce à sa malhonnêteté et son manque flagrant de substance, les médias traditionnels ont repoussé plus de nez que n’importe quel tranche de viande putride laissé à pourrir. Les données brutes sont impitoyables en ce qui concerne l’implosion des médias…

Les plus grands fournisseurs de presse écrite (journaux), y compris les figures de proue tels que le Washington Post et le New York Times, ont vu leur lectorat plonger au cours des dernières années. L’année dernière, l’ensemble de la diffusion quotidienne des journaux a chuté de 10.6%, suivie par une autre baisse de 8.7% jusqu’à maintenant cette année:

http://www.wired.com/epicenter/2009/04/top-25-newspapers-lose-1-million-readers-since-last-march/

http://finance.yahoo.com/news/US-newspaper-circulation-apf-436809869.html?x=0

Les journaux ont perdu environ un quart de leurs employés depuis 2001, et leurs revenus devraient plonger jusqu’en 2012:

http://www.editorandpublisher.com/Headlines/forecast-more-pain-ahead-for-publishers-through-2012-61677-.aspx

Parler de faillite a été hantise de nombreux médias imprimés depuis 2008. L’argument commun ici est que la technologie a rendu l’impression obsolète et non pas la qualité de leur nouvelles, et que lorsque les journaux feront enfin la transition vers le Web, ils seront couronnés de succès à nouveau. Toutefois, ces journaux qui ont jeté leur poids et de l’argent derrière les nouvelles sur le Web ont jusqu’ici échoué lamentablement. L’empire de nouvelles de Rupert Murdoch, qui inclut le Wall Street Journal, Fox News, le New York Post, et Hulu, a été incapable d’attirer suffisamment de lecteurs et de recettes publicitaires à ses sites Web pour maintenir ses profits. La réponse de Murdoch a été de blâmer Google et d’autres de «lui voler son contenu, menaçant de retirer ses sites des moteurs de recherche au complet et d’ériger des «paywalls» (frais à payer pour voir les sites):

http://news.cnet.com/8301-31001_3-10393209-261.html

Les «paywalls» de Murdoch ont été une catastrophe financière pure et simple, sans mentionner l’embarras journalistique que cela a causé:

http://www.techdirt.com/articles/20100903/16545310903.shtml

De nombreux autres sites de médias ayant institué des «paywalls» ont eut des résultats similaires.

Les sources de nouvelles télévisées ne s’en sortent pas mieux. Les programmes de nouvelles du soir de ABC et CBS perdent de plus en plus de téléspectateurs chaque trimestre:

http://www.businessinsider.com/nbc-abc-cbs-evening-news-continue-to-lose-viewers-2010-4

CNN a perdu environ 50% de ses téléspectateurs au total au cours de la dernière année. Larry King et Anderson Cooper en particulier sont devenus des poids morts faisant glisser le réseau dans les profondeurs suffocante:

http://tvbythenumbers.com/2010/08/31/cnns-primetime-viewership-hits-10-year-low-in-august-as-ratings-woes-continue/61722

MSNBC, la croûte visqueuse au fond de la fosse des médias traditionnels, se classe maintenant au 25e rang des nouvelles télévisées. Son petit auditoire est éclipsée par de nombreuses sources internet de nouvelles alternatives.

Keith Olbermann, par exemple, a perdu environ 50% de ses téléspectateurs dans la tranche démographique des 25-54 ans au cours de la dernière année:

http://www.businessinsider.com/quarterly-ratings-keith-olbermann-is-slipping-in-the-key-25-54-age-demographic-2010-6

MSNBC a diminué globalement, parmi les téléspectateurs âgés de 25 à 54 ans. «Hardball» de Chris Matthews a perdu environ 46% par rapport à l’année écoulée:

http://tvbythenumbers.com/2010/04/09/msnbc-declines-broadly-among-adults-25-54-vs-2009-q1/47859

L’âge moyen des téléspectateurs de CNN est de 63. MSNBC est de 59. ABC est de 51, et NBC est de 49.

Ce n’est pas une question d’un faux parti politique surpassant un autre faux parti politique. Les deux côtés du faux paradigme médiatique sont rejetés par toute personne assez jeune pour être exposée aux nouvelles alternatives provenant du web, et de nombreux lecteurs plus âgés commencent à se tourner vers l’Internet aussi. Essentiellement, les médias alternatifs sur l’Internet sont maintenant en phase de remplacer les médias traditionnels. Non seulement cela, mais au fur et à mesure que la récession se fait sentir, il est de plus en plus évident que les consommateurs devant réduire leurs coûts sont beaucoup plus disposés à débrancher leur câble qu’ils ne le sont de déconnecter de leur service Internet. Le nombre d’abonnés au câble commencent maintenant à décliner à mesure que les utilisateurs d’Internet continuent d’augmenter:

http://www.digitaljournal.com/article/296624

http://www.nypost.com/p/news/business/tw_cable_concern_i3sdnOb6y9p9PQy1o0V89H

Cela ne veut pas dire pour autant que les médias traditionnels sont morts. De toute évidence, ils fonctionnent encore aujourd’hui et ils sont toujours ancrés dans l’un des piliers vieillissants de notre société, même si le modèle qu’ils suivent va finalement les conduire à la désintégration. Nous, dans les médias alternatifs, faisons encore référence à l’occasion à des sources provenant des grands médias, car ils représentent l’idéologie de l’establishment (et souvent des  mondialistes). Si cette idéologie se contredit elle-même dans ses propres lieux d’informations, ceux qui animent les médias alternatifs doivent être prêts à le souligner.

Où est-ce que les médias traditionnels ont-ils commencé à faire fausse route? Il y a quinze ans, ils semblaient absolument imparables. Leur capacité à dominer le flux d’information a été sans pareil! Comment un tel mastodonte a-t-il pu être paralysé par un groupe de journalistes amateurs et (*soupir*) de blogueurs? Examinons les raisons pour lesquelles tant d’Américains ont dorénavant placé leur confiance en des sources de nouvelles underground plutôt qu’en les divagations d’experts corporatifs.

La vérité est un droit, non pas un produit

Les nouvelles sont d’abord et avant tout une fonction du progrès social, elles ne sont pas conçues pour être un produit préemballé construit de manière générique sur une ligne d’assemblage et vendu aux masses avec une marge de profit scandaleuse. La philosophie mécanique corporatiste dominante ne fait pas bon ménage avec la distribution naturelle et organique de l’information. Elle va tout simplement contre tout ce qui engendre la communication humaine. Notre capacité à partager des connaissances ne peut être empêchée sans causer une anxiété culturelle. Cette anxiété se traduit souvent par un besoin désespéré d’un point de vue alternatif, même si nous ne reconnaissons pas ce qui a inspiré notre besoin en premier lieu.

Les médias corporatifs ont connu un grand succès dans le passé, alors qu’il tout aussi corrompus, donc pourquoi est-ce que les Américains ne se sont pas détournés d’eux il y a de cela des décennies? Ce n’est pas parce que les Américains ne le voulaient pas. Les médias traditionnels ont des bailleurs de fonds mondiaux avec des milliards de dollars de capitaux à leur disposition. Ils ont budgets publicitaires de la taille de certains petits pays ainsi que des armées de professionnels en marketing. Ces chaînes se font de la promotion elles-mêmes et réciproquement même s’ils prétendent représenter différentes idéologies, s’alimentant les unes les autres dans une frénésie de parrainage consanguine. Mais rien de cela ne signifie beaucoup à la fin. Le seul avantage que les médias traditionnels ont vraiment eux au fil des temps, c’est qu’ils n’avaient pas de concurrence! (Rappelez-vous, que lorsque vous regardez Fox News, ou CNN, vous ne recevez qu’un point de vue, celui des mondialistes) Et, comme pour toute entreprise qui n’a pas de concurrence, le public est obligé de consommer son produit sans le bénéfice d’une comparaison. L’internet offre un milieu exempt de domination des entreprises, et ainsi donc, une opportunité. Remarquez la vitesse à laquelle les Américains ont abandonné les grands médias le moment même qu’il s’est finalement présenté une autre option sur la table, une option que les journalistes et les analystes alternatifs étaient bien équipés pour offrir.

Les méthodes «Copyleft» des médias alternatifs ont également laissé l’establishment perplexe. Les médias traditionnels ont toujours perçu les nouvelles comme étant une source de revenus, un produit, quelque chose à être surveillé et mis en cage. Observez comment Rupert Murdoch à misé hâtivement sur l’instauration de «paywalls» sur ses sites Web. Les médias alternatifs, en revanche, ont traité les nouvelles comme un droit de premier et comme une source de revenus en second lieu. L’objectif des nouvelles alternatives sur le Web n’est pas nécessairement faire de l’argent, son but est d’obtenir la vérité aussi rapidement que possible, de la partager avec le plus grand nombre de gens que possible, aussi précisément que possible, et c’est pourquoi nous dominons les médias traditionnels. Nous permettons le partage et la re-partage de nos articles, analyses et vidéos. Nous invitons nos sceptiques à vérifier nos informations, à mettre nos idées sous microscope (et ils le font toujours, pour ne trouver que rarement des fautes concrètes dans nos reportages, recourant souvent à des arguments vides attaquant le messager). Nous explorons les faits et les possibilités que les grands médias sont conçus pour éviter.

La «méthode de partage» apparaît en contradiction avec le capitalisme de marché libre traditionnel, mais en réalité, il complimente le capitalisme parfaitement. Comme il a été dit précédemment, l’information n’est pas un produit, mais une idée peut l’être. Aujourd’hui, le public ne cherche pas des «nouvelles», il recherche une analyse intelligente et concise des nouvelles. Il recherche une présentation honnête des faits, ainsi que la capacité à montrer les liens pertinents entre ces faits. Il veut toute la vérité et non pas des bouchées préfabriquées et emballée. Le public ne veut pas de présentateurs lisant un prompteur. Si les médias traditionnels savaient le faire, ou même s’ils avaient voulu faire cela, ils pourraient facilement faire de l’argent à la manière américaine, mais ils évitent de donner aux gens ce qu’ils veulent à tout prix, malgré les bénéfices potentiels. Pourquoi est-ce ainsi?

C’est ce que nous découvrirons la semaine prochaine, dans la deuxième partie de ce reportage…

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Classé dans Actualité, François Marginean

De la radio-poubelle jusqu’à Montréal…

J’ai toujours pensé que la radio-poubelle ne se trouvait qu’à Québec (et à quelques endroits en région). Mais depuis quelques semaines, en suivant le fil #TLMEP les dimanches soirs, je me suis rendu compte qu’il y avait un fier représentant montréalais : Terrain de jeux.

J’avoue d’emblée ne pas suivre beaucoup ce qui se passe du côté de la radio, mais ça me semble assez inédit. Et je n’ai pas besoin d’écouter cette émission en particulier pour vérifier ce que j’avance, le discours de la personne qui s’occupe du compte Twitter, sûrement l’animateur, est assez, comment dire… « ordurier » (pas tant dans son sens premier, mais bien plutôt par analogie avec « poubelle »).

Il y a un de ses messages qui m’apparaît assez représentatif du personnage et de sa parenté avec ses cousins québécois :

RT @terraindejeux: Y’a tu UNE semaine où #TLMEP sert pas d’outil de propagande pour la culture québécoise francophone ?

Quand j’ai lu ça, ma mâchoire s’est décrochée…

Je peux vous avouer que j’ai de la difficulté à mettre mes idées en place pour la suite de ma rédaction tellement ça me semble absurde. J’ai écrit dernièrement quelque part que j’étais capable de me mettre dans la peau de quelqu’un qui pense autrement que moi, mais là, c’est au-dessus de mes forces.

Il faut vraiment avoir sa propre opinion en absolue admiration pour ne pas comprendre que le titre de l’émission « Tout le monde en parle » n’est vraiment pas à prendre au pied de la lettre, qu’il est très normal qu’une émission Québécoise francophone ouvertement consensuelle se penche sur ce qui se passe au Québec, un endroit où il y a (encore) une vie culturelle, politique, sociale, etc. qui se passe majoritairement en français.

Mais le plus important, c’est que ça se passe à Radio-Canada et non à la CBC. Alors quoi, il faudrait que Guy A. Lepage invite chaque semaine seulement des invités internationaux pour faire plaisir à lui et ses amis ou, encore mieux, seulement des invités des États-Unis, parce que c’est la culture dominante dans le monde? Et puis, je vois là-dedans, dans l’idée « d’outil de propagande », que l’animateur et co-producteur de l’émission aurait un « agenda caché » — comme en aurait un Amir Khadir (un agenda islamiste celui-là…). C’est tellement clair que Guy A. Lepage veut contaminer la population québécoise contre son propre gré à la culture francophone d’ici, laissez-moi rire!

Il n’y a que ceux qui se parfument à l’eau de poubelle pour ne pas voir que c’est de la pensée malodorante. Parce qu’il y a un trop grand pas entre critiquer l’émission et enrober cette critique d’une paranoïa qui tient lieu d’idéologie, pour ne pas dire de dogme. (En passant, je ne me suis jamais gêné pour critiquer TLMEP, mais jamais, j’ose espérer, de cette manière…)

Parce que dans le fond c’est tellement évident que ce n’est pas une critique de l’émission, mais bien plus une critique générale qui n’a vraiment pas sa place sous cette forme, durant le moment de l’émission, sur le fil de Twitter. C’est carrément de la « propagande », et pour l’émission de radio, et pour la pensée de droite réactionnaire!

Parce qu’il y a des moments où on devrait se contenter de changer de poste. Ou, comme moi (dans le cas de cette émission de radio), de ne jamais syntoniser…

P.S. Certains se diront que je fais de la publicité pour cette émission de radio, mais ce sont les dommages collatéraux du pouvoir de publier facilement son opinion sur le web.

(Photo : swanksalot)

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Non, vous n’êtes pas à Cayo Coco…

À Cayo Coco, il n’y a pas de glace sur les routes.

Pas de blizzard, pas de verglas. Pas de tempêtes de neige, pas de bancs de neige.

En fait, y’a pas de neige. Ce qui fait qu’à Cayo Coco, ils n’ont aucune raison, mais vraiment aucune raison de poser quatre pneus d’hiver sur leur véhicule avant le 15 décembre.

Mais ça… c’est à Cayo Coco.

– Un message du gouvernement du Québec

Écoutez la publicité radiophonique:

C’est le moins qu’on puisse dire, vous n’êtes pas à Cayo Coco, c’est bien la conclusion à laquelle semble vouloir en venir la publicité radiophonique de Transport Québec qu’on peut entendre sur les ondes depuis un certain temps. C’est que vous êtes au Québec, une place dans le monde où l’on ressent le besoin de traiter la population comme des enfants et gérer leurs vies entières avec des lois et pénalités. Un État de plus en plus policier avec des nuances de fascisme ou de communisme. Ou peut-être que je rêve et que tout est normal.

On n’est pas à Cayo Coco, c’est bien vrai. Ici, on a de la neige et de la glace. Ces conditions font de nous les meilleurs conducteurs tout-terrain du monde. Croyez-moi, ça vient d’une expérience empirique à bord d’un Land Cruiser loué, avec une équipe de dix chauffeurs de nationalités différentes, à conduire sur des pistes difficiles et des bancs de sable d’une île australienne. Devinez quelle nationalité savait le mieux conduire avec des conditions glissantes, boueuses et d’embourbements? Enfin, je tergiverse.

Ici, on a de la neige et de la glace. C’est le Québec, pas Cayo Coco. J’espère que vous avez bien saisi la morale. Vous êtes désormais obligé par la loi de chausser votre voiture avec quatre pneus d’hivers avant le 15 décembre, sous peine d’amendes et tout le reste des ennuis bureaucratiques dispendieux. Le gouvernement dit toujours prendre ces difficiles décisions par amour du peuple et pour mieux le protéger. Mais je ne peux m’enlever de l’idée qu’à quelque part, les compagnies de caoutchouc noir doivent se frotter les mains en voyant leur chiffre d’affaire monter en flèche dans la Belle Province. Mais ça doit être mon petit côté conspirationniste qui me joue de sales tours…

Fichtre! C’est si facile pour ces politiciens de passer une loi obligeant les gens d’acheter des pneus d’hiver tout en ramassant un peu de capital pour vouloir protéger la peuplade du nord que nous sommes. J’imagine qu’il est un détail insignifiant que les fabricants de pneus se vantaient, il y a à peine quelques années encore, que les pneus quatre saisons étaient pratiquement aussi bons que les pneus d’hivers. J’imagine que nos hivers sont maintenant beaucoup plus sérieux que dans le passé, avec tout ce réchauffement climatique causé par l’homme…

Alors quoi qu’il en soit, le gouvernement se sent dans le droit et le devoir de passer une loi pour obliger tous les québécois à poser quatre pneus d’hiver sur leur voiture, parce qu’ici, ce n’est certainement pas Cayo Coco. Mon problème avec tout ça, c’est que je me dis que si un gouvernement est assez effronté pour commencer à nous dicter comment vivre nos vies et nous obliger à acheter des pneus d’hivers en masse, pourquoi ne prend-t-il pas son entière responsabilité et forcer des ententes spéciales avec les fabricants pour obtenir des rabais substantiels pour la population qui doit toujours payer la grande facture pour toutes ces décisions politiques qui tendent à toujours profiter au secteur privé, d’une manière ou d’une autre.

Parce que vous savez, même si ce n’est pas Cayo Coco ici, ça ne veut pas dire qu’il ne se trouve pas des familles qui sont dans les marges de la pauvreté, ou qui ont un budget serré, et pour lesquelles, des pneus quatre saisons étaient amplement suffisants, surtout pour les citadins. Il est facile de voter des lois à saveur fasciste, mais c’est bien moins facile pour une famille de se voir obligée de dépenser des centaines de dollars pour quelque chose qui n’est pas de la nourriture ou un loyer. Pourquoi ne pas mettre sur pied un programme d’aide et de subvention pour apporter un remède à ces obligations gouvernementales?

Les gens au Québec sont en général assez intelligents et sympathiques. Si vous leur expliquez intelligemment les avantages de chausser leur voiture avec des pneus d’hivers et que vous leur donniez des incitatifs, vous aurez de bien meilleurs taux de succès que vous ne pouvez l’espérer. Mais pourquoi toujours leur tomber dessus avec des lois et pénalités financières et venir encore piger dans leurs poches? Vous avez déjà perdu 40 milliards de notre Caisse de dépôts et de placement, l’État Desmarais est en train de tout privatiser la province et Hydro-Québec s’apprête à enfoncer encore plus profondément ses crocs dans notre cou pour satisfaire la soif capitaliste de ses dirigeants qui semblent avoir oublié qu’il s’agit de NOTRE société d’État, un bien public pour le bien public. Quand allez-vous en avoir assez? Combien de plus avez-vous besoin de prendre de nos poches?

Non, asti*, vous n’êtes pas à Cayo Coco. Vous êtes au Québec, gérés par des bureaucrates vendus au secteur privé qui n’en ont pas grand-chose à cirer du peuple, du vrai peuple, des gens qui n’ont pas $500 dans leurs poches pour acheter quatre pneus d’hiver, en plus de posséder une carte de crédit déjà bien « loadée » et des petits à nourrir.

Qu’est-ce que j’aimerais être à Cayo Coco…

François Marginean

*Asti: Adv. Invariable. Expression québécoise exprimant surprise, mêlée à du mécontentement et un certain cynisme neigeux et froid. S’emploie facilement avec des noms, verbes, adjectifs et autres morceaux du langage. Ex. « Tient, regarde l’asti de politicien. » ou « Asti drôle cette nouvelle loi!? »

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Une Régie autonome de l’Information

Vivre en société a permis à l’homme la division du travail et l’apprentissage en commun: les deux grands pas en avant qui ont accéléré son évolution. La condition essentielle de cette évolution a été la diffusion de l’information. L’information est le sang d’une société, la communication sa circulation. Une société a un besoin essentiel d’information qui va croissant au rythme où le changement s’y accélère et où les échanges s’y multiplient.

On communique, dans une société, mais émetteurs et récepteurs ne sont pas sur un pied d’égalité. L’auditeur ne peut toujours écouter qu’un seul message à la fois, mais le locuteur peut s’adresser à plusieurs, ce qui est bien utile pour l’ordre et le développement de l’autorité; celui qui parle à le pouvoir et c’est celui qui a le pouvoir qu’on écoute.

Les moyens modernes de communication, cependant, ont tant exacerbé cette inégalité entre la capacité de dire et d’entendre que le citoyen moderne se contente souvent d’écouter. « Informer » — qui est une source cruciale du pouvoir — a été récupéré politiquement par l’État pour devenir propagande et par la structure économique dominante pour devenir publicité. Une situation qui n’est idéale ni pour la propagation des connaissances et donc le progrès de l’humanité ni, surtout, pour l’exercice honnête de cette forme de gouvernance qu’on appelle démocratie.

Elle est Idéale, toutefois, pour l’exercice d’une forme autoritaire de gouvernance. Celle qui peut reposer sur la manipulation de l’information et qui permet donc de respecter la forme extérieure de la démocratie, sans que les citoyens ne s’écartent jamais des choix qu’on veut qu’ils fassent, puisque ces choix sont les seuls qu’ils puissent raisonnablement faire à partir de la vision du monde qu’on leur a transmise.

C’est ce système de démocratie « médiatique » qui prévaut dans nos sociétés occidentales. Cette forme efficace de gouvernance a été compromise par l’avènement de l’Internet qui passe le micro à tout le monde. Le doute s’est installé. Ainsi, le résultat des récentes élections municipales à Montréal, qui a reconduit au pouvoir une administration qui sue la corruption par tous ses pores. Une remise en question s’impose.

L’explication rassurante de ce qui s’est passé à Montréal est qu’il ne s »agit que d’un vice de fonctionnement : les voix du bien contre le mal se sont divisées et un scrutin à deux tours aurait résolu ce problème. Vous croyez ? Peut-être, mais il y a une explication plus brutale. Celle que la population voit le processus démocratique comme une manipulation, ne CROIT plus à la démocratie … et ne vote plus. C’est hélas le raisonnement que semblent avoit fait plus de 60% des électeurs

Le système peut réagir à ce défi par un contrôle plus strict de l’information, ou par une gestion plus pointue des réactions à la transparence. Dans le premier cas, il faut une censure de plus en plus difficile à exercer et une montée progressive de l’autoritarisme. Dans le second, une pression est simplement exercée sur l’interprétation des faits, ce qui équivaut à une transformation ciblée, plus ou moins subtile, des critères éthiques eux-mêmes. Je ne porte pas de jugement sur la valeur morale de cette option.

Il existe une troisième option, qui serait que le pouvoir veuille s’adapter à la volonté populaire, mais elle est trop improbable pour que l’on perde ici du temps à en discuter. Je pose donc l’hypothèse que la seconde solution sera retenue et que le système préférera s’en remettre à sa capacité de parfaire ses mécanismes de manipulation, plutôt que de risquer une dérive ostensible vers le dictatorial.

Si on accepte cette hypothèse, une nouvelle structure d’information peut et doit être mise en place, qui soit manipulable au palier des interprétations, mais désormais VRAIE quant à son contenu objectif et parfaitement transparente. Dans une société technologiquement avancée comme la nôtre, cette structure pourrait être celle décrite ci-après et dont les éléments seraient ceux qui correspondent aux exigences du processus d’information lui-même. Je n’en donne ici que le schéma.

D’abord, il faut capter l’information à sa source, aussi exhaustivement que possible, puis que celle-ci soit universellement diffusée Elle doit alors pouvoir faire l’objet d’une contestation et d’une réponse de la part de tous ceux auprès desquels elle l’a été, ce qui en garantit la véracité et l’authenticité. Cueillette et contrôle exhaustifs exigent que tout le monde ait accès au micro. Quiconque apprend quoi que ce soit doit pouvoir le transmettre librement à tous sans censure, sous réserve d’en porter le responsabilité devant la loi.

Cette liberté d/’informer génère une masse énorme de renseignements. Il faut donc que l’information transmise soit organisée et structurée, que les principes de son organisation soient connus de tous et fassent eux-mêmes l’objet d’une diffusion universelle prioritaire. On doit enseigner à trouver l’information avec la même urgence qu’on met à enseigner à lire. Ne pas le faire est une manoeuvre pour garder le peuple dans l’ignorance.

Le véhicule nécessaire et suffisant pour transmettre cette masse d’information est l’Internet. Comprenons bien que rien ne doit interdire que qui que ce soit puisse aussi publier quoi que ce soit, sur Internet ou sous tout autre format, mais tout ce qui est information publique doit être publié par l’État sur Internet. C’est là que s’exprime le droit de l’individu à l’information, droit auquel correspond une responsabilité de l’État d’informer.

L’État s’acquitte de cette responsabilité en posant deux (2) gestes : a) Il fournit à tous les citoyens un accès individuel ou collectif gratuit à Internet ; b) il gère le processus de publication et de structuration de l’information. À quelques restrictions près concernant le respect de la vie privée et la sécurité publique, tout doit être publié. À l’individu de juger par la suite si l’information qu’il reçoit d’autres sources confirme ou contredit celle qu’il reçoit de l’État, auquel cas l’État doit avoir des comptes à rendre.

Dans cette structure, tout le monde peut et devrait être un joueur amateur ; c’est ce qui en garantit la crédibilité. Chacun peut jouer comme reporter apportant des faits bruts, comme journaliste les mettant en contexte et les agençant impartialement pour leur donner un sens objectif, ou comme chroniqueur pour les interpréter et aider chacun à se former une opinion personnelle. Mais à ce jeu, doivent aussi intervenir des professionnels.

Il doit y avoir des reporters de métier, des investigateurs professionnels – autonomes ou regroupés en agence de presse. Il doit y avoir des journalistes chevronnés, capables d’expliquer le sens de ce qui se passe et aussi des chroniqueurs, des experts qui peuvent faire les liens et façonner l’opinion publique en influençant, pour le meilleur ou pour le pire, ceux qui leur font confiance. Ces professionnels doivent être rémunérés. Comment ? Par le biais d’une structure à trois (3) volets.

a) L’État doit créer une agence de presse où travailleront ceux qui veulent se faire un métier de chercher l’information et, au premier chef, ceux qui le font déjà pour les agences ou les médias traditionnels. On réglera avec leurs syndicats les conditions de leur embauche et de leur rémunération. Leur nombre et ces conditions évolueront et nous verrons ci-après comment c’est le public qui en sera le juge. Leurs contributions sont publiés à l’état brut.

b) L’État doit créer une « rédaction » ou salle de presse, à laquelle se joindront tous les journalistes de tous les médias qui choisiront de le faire. Chacun pourra au départ se faire reconnaître dans un ou quelques domaines de spécialité ou d’expertise et sa tâche consistera à écrire sur les sujets de cette compétence à partir des données brutes que fourniront les agences de presse et reporters autonomes, amateurs ou professionnels. Chacun pourra aussi écrire sur tout autre sujet, mais son statut comme auteur sur ces sujets sera celui d’un amateur et non d’un professionnel.

c) L’État doit créer enfin un « aréopage » de chroniqueurs, dont il est entendu que la tâche consiste à émettre des opinions en s’appuyant sur les faits bruts et sur l’interprétation des faits par les journalistes. Les chroniqueurs peuvent être biaisés, mais leur réputation dépendra de leur sincérité à admettre qu’ils le sont. Participeront au départ à cet aréopage les chroniqueurs les plus populaires des médias actuels, mais c’est le verdict populaire qui en modifiera vite la liste:

Que doit-on publier ? TOUT. Quand on ne pense plus papier mais pixels, ce qui peut être publié sur un site de l’État – qui pourrait s’intituler simplement « Information» – n’est plus limité que par ce qu’il est possible de structurer efficacement. Tout ce que publient les reporters, journalistes et chroniqueurs, amateurs aussi bien que professionnels est publié et demeure indéfiniment accessible.

C’est le positionnement, cependant, qui détermine la visibilité relative des nouvelles. Au « Fil de presse » les nouvelles apparaissent par ordre chronologique. Dans la section « Nouvelles », c’est un comité des journalistes qui choisit la préséance d’apparition des articles et leur positionnement de parution de départ, sur une page générale et sur les pages spécialisées qu’on jugera bon de créer. Dans la section « Chroniques », c’est la popularité du chroniqueur au cours de la semaine précédente qui détermine le positionnement initial de ses articles.

Une heure plus tard, cependant, c’est le nombre des lectures qui déterminera le repositionnement d’heure en heure par la suite des articles et des chroniques, selon le nombre de demandes de lectures qu’elles ont reçues dans leurs sections respectives

Les reporters, journalistes et chroniqueurs professionnels devraient toucher un salaire de base auquel s’ajouteraient des primes selon le nombre de demandes de lecture qu’auraient suscité leurs textes. Tout le monde peut, à sa demande, être publié dans « Information », sans préjudice à son droit de publier lui-même sur internet.

Les « amateurs » seront aussi rémunérés. Pour chacune de leurs contributions, ils recevront une prime plus modeste, mais au prorata de la rémunération d’un professionnel de la même catégorie – nouvelles ou chroniques – ayant reçu un nombre identique de lectures. Un index alphabétique de tous les auteurs d’articles, amateurs comme professionnels nous donnerait la liste des textes qu’ils ont publiés et nous dirait aussi combien chacun a eu de lecteurs.

Cette forme d’autogestion de l’information par les professionnels de l’information eux-mêmes semble la façon la plus pratique d’en assurer l’impartialité, mais il faut y ajouter un contrôle citoyen. La gestion de la publication et diffusion des textes doit donc dépendre d’une Régie autonome de l’Information, sous l’égide d’un « Conseil de presse ».

Ce Conseil consistera en deux (2) sections. La première sera composé de douze (12) citoyens, élus pour la durée d’un mandat (5 ans) renouvelable à l’occasion de chaque élection générale et la seconde de trente (30) citoyens choisis au hasard pour un mois. Ces derniers seront rémunérés pour leur peine à leur revenu actuel plus 15 % et jouiront à la fin de leur mandat du droit inconditionnel de réclamer de leur employeur leur réintégration dans leur fonctions précédentes.

Toute décision du Conseil de presse doit l’être à la majorité de chacune des deux (2) sections. En cas de désaccord, c’est le Tribunal qui tranchera immédiatement et toutes affaires cessantes, tout appel étant entendu lui-meme avec la même priorité.

Nul travailleur de l’information ne sera forcé de se joindre à « Informations », mais on peut supposer que les travailleurs de Quebecor en lock-out – et ceux de Gesca qui pourraient l’être bientôt – trouveraient avantageux d’accueillir cette proposition. Au gouvernement de décider comment il devrait dédommager les journaux et groupes de presse actuels auquel rien n’interdira de poursuivre leurs activités, mais dont il est clair que celle-ci seront perturbées par l’arrivé de ce nouveau media plus crédible… et gratuit

Surtout que, sur le site « Information », il n’y a pas d’autre publicité que celle gratuite, considérée d’intérêts publics. La diffusion de l’information facilitant l’accès des consommateurs aux produits offerts sur le marché est traitée autrement. J’en parle ailleurs – voir le lien – car c’est un tout autre sujet.

Je suis conscient que cette proposition est bien dérangeante et écrase de gros doigts de pied. À peu près tout sera fait pour qu’elle ne soit jamais mise en place. Si vous croyez qu’elle devrait l’être, il faudra donc que vous vous battiez pour qu’elle le soit. Transmettez la RAPIDEMENT à tous les sites et à tous les médias que vous connaissez. Si vous le faites, il y a une chance, seulement une chance, que j’en vois la réalisation de mon vivant.

Pierre JC Allard

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Prix à la consommation : comme une odeur de prise d’otage

Il y a de ces choses qu’on sait, mais quand on se les refait remettre en pleine face, elles puent. C’est ce qui m’est arrivé quand j’ai cliqué sur le lien donnant la réponse à la question d’un blogueur : « Combien ça coute à fabriquer les cochonneries que l’on achète? »

Ça m’a mené sur le site Sympatico, section Finances, où on explique combien ça coute approximativement produire un CD :

Le coût pour convertir les chansons d’un musicien en un CD inclut le prix de l’enregistrement et du mixage audio. Il faut aussi payer les droits d’auteur et la licence pour la distribution. Avec les dépenses supplémentaires des matières premières et de l’artwork, James Wilkinson de Goldirock Records évalue le coût de production pour une grande nouveauté à 2,50 dollars. L’album Dangerous – Remastered [de Michael Jackson] se vend présentement à 14,99 dollars.

Le site donne quelques autres exemples. L’iPod Nano (8 Go) coute 96 dollars à produire, « un chiffre qui n’inclut pas le coût de la main-d’œuvre », et il est vendu à l’Apple Store 169 dollars. Pour 300 grammes de café, le plus récent prix était de 85 cents, pour une revente de 5 dollars, après « avoir été torréfié, moulu et emballé ». Pour le riz, c’est 33 cents versus 3 dollars pour un kilo. Les souliers de course, 10 dollars versus 80 dollars (« ce chiffre n’inclut pas les budgets des compagnies en ce qui concerne la recherche et développement, la publicité et le transport »). Les jeans, 20 dollars versus 70 dollars.

D’un autre côté, on apprend que Sony ne fait pas de profit avec sa Playstation 3, mais se rattrape un peu avec son lecteur Blu-ray : 115 dollars versus entre 300 et 350 dollars. Apple avec son iPhone 3G en fait beaucoup moins que les premiers exemples : un prix de vente à 299 dollars pour un cout de production de 208 dollars. Et pour terminer, la voiture électrique Tesla se vend environ 120 000 dollars pour un cout de production de 90 000 dollars.

Je ne remettrai pas en cause ici l’idée du profit, mais il faut avouer qu’il y a de l’abus pour quelques produits, comme les CD de musique. Et il semble que les consommateurs prennent leur revanche en ce moment avec les possibilités de téléchargement illégaux, et même légalement, puisqu’on peut se payer des chansons à la pièce. Mais loin de moi l’idée de blâmer toute l’industrie de la musique. Elle était une pompe à fric pour les grands « majors », pas vraiment pour les petits joueurs, puisque pour ces derniers il n’y a pas de volume, enfin si peu.

Mais pour des produits comme le riz, aliment de base d’une grande partie de l’humanité, c’est tout à fait déraisonnable. Il y a comme une odeur de prise d’otage qui se dégage. L’article dit clairement que malgré une baisse de près de la moitié (de 62 cents à 33 cents le kilo), le prix coutant était à la hausse en 2008. En sachant cela, j’ai le loisir d’opter pour d’autres aliments, et je pourrais très bien arrêter mon raisonnement là…

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