La saison des divertissements a commencé avec ce cafouillage des élections de novembre qui n’ont pas donné a Harper la majorité qui lui permettrait de remanier l’équilibre social canadien et de résoudre la crise en en faisant le poids aux travailleurs, rentiers et autres péquenots. Il fallait vite reprendre ces élections et obtenir cette majorité, mais comment ?
Quelle muleta agiter devant le taureau PLC de Dion, tellement vache que l’on ne sait plus comment l’exciter ? Le bal des menus plaisirs a d’abord présenté un scherzo, un badinage de Harper sur le thème de la suppression de la contribution de l’État au financement de partis politiques. Son grand aria: « Dites, ça vous plairait que je vous les coupe ? » a eu un succès bœuf.
La grosse bête s’est finalement ressaisie – on a dû lui chuchoter à l’oreille – et a même trouvé un stratagème – une Coalition – qui lui aurait permis d’encorner son tortionnaire. L’instinct de comédien étant cependant plus fort en elle que celui de bagarreur, elle ne l’a pas fait; elle s’est juste empressée d’en parler, permettant au matador Albertain de faire une véronique et d’éviter la charge. C’est là qu’on s’est tristement amusé.
Le plus tristement amusant a été la nuée de mozos et peones de l’écurie Gesca, se précipitant dans l’arène pout distraire l’animal et animer le public. Si jamais le jupon d’une presse à ses ordres a dépassé de la robe de l’Establishment, c’est bien cette fois-ci où, pendant deux jours, tous les chroniqueurs et journalistes de Cyberpresse ont été appelé à la rescousse pour venir dire du mal de la Coalition.
Chacun l’a fait en fonction de son talent, parois avec humour, parfois en apportant un argumentaire, mais ils ont tous payé leur tribut. Ceux qui n’ont pas de talents on fait ce qu’ils ont pu. Le texte de Lysianne Gagnon sort du rang.
Ca vaut le détour. Vous y apprendrez que l’addition est une fiction mathématique, que l’on peut ne pas être dans un coalition, mais en faire intégralement partie et que l’approche économique d’un gouvernement ne peut pas créer des situation assez graves pour justifier un putsch. Tant pis si vous crevez de faim ! On vous rappelera que Layton a été rejeté par 82 % des électeurs et ne peut donc pas être ministre, sans vous dire pourquoi Harper pourrait être chef du gouvernement, alors qu’il a été lui aussi rejeté par une vaste majorité (63%) des memes électeurs
Comme il n’y a pas de mal don’t quelque bien ne sorte, Dame Gagnon nous apprend cependant qu’un “deputé conservateur” a infiltré une conférence téléphonique du caucus néo-démocrate… Et vlan pour l’éthique et la simple courtoisie. On se sent fier d’être Canadien.
Le mythe de la liberté rédactionnelle dans les médias propriétés de milliardaires ne s’en remettra jamais. On sait désormais que, si les circonstances l’exigent, tous les journalistes de Gesca monteront aux barricades pour défendre la vision du monde de Paul Desmarais. Ce qui force a se poser la question du bien fondé d’une politique qui permet la concentration des medias entre les mains de quelques individus, dont les intérêts ne sont pas toujours ceux du monde ordinaire. A revoir.
Les médias peuvent être des fauteurs de désordre sérieux, car pendant que Cyberpresse déblatère contre la Coalition, les médias anglophones eux s’en donnent a cœur joie contre les « Trois Québécois » ( Dion-Layton-Duceppe) .. et contre tout ce qui est Québec en général. On est dans le stercoraire, mais on rigole.
Une meilleure blague encore a été la mise en veilleuse du parlement, alors qu’une majorité des parlementaires avaient déjà annoncé que la gouvernement avait perdu leur confiance. « Tactique de république de bananes » disent unanimement les médias américains. On s’amuse bien… Quelle serait la situation si une majorité de députés se réunissaient où que ce soit – un Jeu de Paume, de préférence, mais n’importe quel aréna ferait l’affaire – persistaient et signaient, demandant respectueusement a Sa Majesté de dissoudre ce parlement ?
Évidemment, ce n’était pas le but initial cherché, mais le souffleur ayant bousillé les répliques, la réponse de Sa majesté aujourd’hui serait édifiante. Si elle accédait a cette demande, elle établirait que la décision d’interrompre les travaux parlementaires à la demande de Harper était injustifiée. Si elle la rejetait, elle mettrait fin à la fiction d’une monarchie constitutionnelle. Des années de plaisir…
Pendant ce temps Harper prépare sa future campagne électorale – qui se fera sur le dos des Québécois – et il a encore eu le temps de faire imploser la Coalition en semant la zizanie. Ainsi, le candidat libéral à la chefferie Manley, dont Harper s’était assuré la complaisance en lui confiant un « important mandat », vient de lui retourner l’ascenseur en condamnant la démarche de Dion de l’intérieur même du parti Libéral, ce qui devrait mettre fin a la Coalition et garantir la victoire de Harper….
Grand Capital 1, Peuple 0. La fête continue. Marrez vous bien, et essuyez la cuvette.