Il est incroyable en politique comment les principes cèdent souvent la place au populisme. Le dossier du nouvel amphithéâtre de Québec est un excellent exemple. Non seulement avons-nous une région de la province généralement critique du gaspillage gouvernemental qui est prête à vendre son âme pour une équipe de hockey; on est même prêt à sacrifier certains droits fondamentaux pour y arriver. Le pire est que, pour ce qui est de l’équipe de hockey, rien n’est assuré. Il n’y a aucune garantie qu’il y aura l’équipe des Nordiques version 2.0 si le fameux amphithéâtre est construit, mais on est prêt à dépenser $400 millions de l’argent des contribuables (C’est le chiffre officiel, mais avec les dépassements de coûts habituels, la facture s’élèvera plus vraisemblablement autour de $1 milliard) pour le bâtir. Ensuite, afin de protéger une entente nébuleuse gré à gré entre la ville de Québec et Québécor pour la gestion de l’amphithéâtre, on veut faire une projet de loi spécial pour exclure toute poursuite judiciaire. Projet de loi qu’aucun député de l’Assemblée Nationale n’a opposé, sauf un, Amir Khadir. Et encore, je doute que M. Khadir l’ait fait pour l’atteinte à la liberté qu’il représentait, mais plutôt pour mettre des bâtons dans les roues de Québécor. Quoi qu’il en soit, il a tout de même consenti au dépôt du projet de loi après avoir posé un tas de conditions farfelues et inutiles.
Ce genre de psychodrame n’arrive que lorsque des deniers publics sont en jeu. Si le projet avait été mené entièrement par l’entreprise privée, comme le Centre Bell, par exemple, il n’y aurait jamais eu de conflit. Il n’y aurait jamais eu de drame. Le Colisée aurait tout simplement été construit et ça aurait été la tâche des investisseurs de faire tous les efforts pour ensuite obtenir une franchise de la LNH. Puisque le nouveau Colisée est financé par de l’argent public à cause de l’insistance d’un maire mégalomane qui veux laisser sa marque dans l’Histoire au dépens des autres, le contrat pour la gestion de l’immeuble aurait dû passer par appel d’offre, ce qui n’a pas été le cas. Il serait donc parfaitement légitime que des compétiteurs puissent questionner la légalité de l’entente. Si cette entente était effectivement conforme à la loi, il n’y aurait aucun besoin de la « légaliser » avec un projet de loi privé.
Pendant ce temps, nous assistons à un véritable cirque. Je suis effectivement déçu de voir comment nos élus peuvent si cavalièrement piétiner la règle de droit pour courtiser l’électorat de la ville de Québec. On justifie l’acte en invoquant que la grande majorité des citadins de la région de Québec sont en faveur du projet. C’est certain que si on pose la question « Voulez-vous qu’on construise un amphithéâtre pour favoriser un retour d’une équipe de la LNH à Québec » que la plupart répondront OUI! Demandez-leur ensuite de débourser $2000 chacun pour payer pour et voyez la réponse qu’ils vont vous donner. C’est facile de dépenser l’argent des autres. En particulier que une grande partie de cet argent provient de gens qui n’habitent pas la région et que ne mettront vraisemblablement jamais les pieds au nouveau Colisée. Les gens ne réalisent pas que lorsqu’ils achèterons leur billet des Nordiques, ils l’auront payé deux fois dans la réalité. Je sympathise avec leur désir, mais je ne peux simplement pas le supporter, pas à ce prix.