J’ai toujours pensé que la radio-poubelle ne se trouvait qu’à Québec (et à quelques endroits en région). Mais depuis quelques semaines, en suivant le fil #TLMEP les dimanches soirs, je me suis rendu compte qu’il y avait un fier représentant montréalais : Terrain de jeux.
J’avoue d’emblée ne pas suivre beaucoup ce qui se passe du côté de la radio, mais ça me semble assez inédit. Et je n’ai pas besoin d’écouter cette émission en particulier pour vérifier ce que j’avance, le discours de la personne qui s’occupe du compte Twitter, sûrement l’animateur, est assez, comment dire… « ordurier » (pas tant dans son sens premier, mais bien plutôt par analogie avec « poubelle »).
Il y a un de ses messages qui m’apparaît assez représentatif du personnage et de sa parenté avec ses cousins québécois :
Quand j’ai lu ça, ma mâchoire s’est décrochée…
Je peux vous avouer que j’ai de la difficulté à mettre mes idées en place pour la suite de ma rédaction tellement ça me semble absurde. J’ai écrit dernièrement quelque part que j’étais capable de me mettre dans la peau de quelqu’un qui pense autrement que moi, mais là, c’est au-dessus de mes forces.
Il faut vraiment avoir sa propre opinion en absolue admiration pour ne pas comprendre que le titre de l’émission « Tout le monde en parle » n’est vraiment pas à prendre au pied de la lettre, qu’il est très normal qu’une émission Québécoise francophone ouvertement consensuelle se penche sur ce qui se passe au Québec, un endroit où il y a (encore) une vie culturelle, politique, sociale, etc. qui se passe majoritairement en français.
Mais le plus important, c’est que ça se passe à Radio-Canada et non à la CBC. Alors quoi, il faudrait que Guy A. Lepage invite chaque semaine seulement des invités internationaux pour faire plaisir à lui et ses amis ou, encore mieux, seulement des invités des États-Unis, parce que c’est la culture dominante dans le monde? Et puis, je vois là-dedans, dans l’idée « d’outil de propagande », que l’animateur et co-producteur de l’émission aurait un « agenda caché » — comme en aurait un Amir Khadir (un agenda islamiste celui-là…). C’est tellement clair que Guy A. Lepage veut contaminer la population québécoise contre son propre gré à la culture francophone d’ici, laissez-moi rire!
Il n’y a que ceux qui se parfument à l’eau de poubelle pour ne pas voir que c’est de la pensée malodorante. Parce qu’il y a un trop grand pas entre critiquer l’émission et enrober cette critique d’une paranoïa qui tient lieu d’idéologie, pour ne pas dire de dogme. (En passant, je ne me suis jamais gêné pour critiquer TLMEP, mais jamais, j’ose espérer, de cette manière…)
Parce que dans le fond c’est tellement évident que ce n’est pas une critique de l’émission, mais bien plus une critique générale qui n’a vraiment pas sa place sous cette forme, durant le moment de l’émission, sur le fil de Twitter. C’est carrément de la « propagande », et pour l’émission de radio, et pour la pensée de droite réactionnaire!
Parce qu’il y a des moments où on devrait se contenter de changer de poste. Ou, comme moi (dans le cas de cette émission de radio), de ne jamais syntoniser…
P.S. Certains se diront que je fais de la publicité pour cette émission de radio, mais ce sont les dommages collatéraux du pouvoir de publier facilement son opinion sur le web.
(Photo : swanksalot)
Charest : retour sur la populaire pétition
Après mon dernier billet chez moi, j’avais bien l’intention de revenir sur le sujet de la pétition qui demande, entre autres, la démission de John James « Jean » Charest, pétition qui en est à environ 188 800 signatures au moment où j’écris.
Mais il y a Stéphane Laporte, celui que je surnomme bien affectueusement « le philosophe des pauvres » (vous vous douterez bien que je ne parle pas de pauvreté pécuniaire…), qui donne son avis le plus simpliste à cette question sur le site Cyberpresse. J’irais même jusqu’à dire que c’est de la cyberparesse…
C’est qu’en commentaire à mon dernier billet, j’ai eu des avis similaires à celui-là, mais beaucoup plus étoffés, et ce ne sont que de simples citoyens, tout comme moi. Passons là-dessus.
Il reste qu’un de ses paragraphes représente bien ce qui m’agace le plus dans le discours des contradicteurs de la pétition :
Cela occulte complètement le fait que la vie en société est en constante évolution, ce qui est encore plus vrai entre les élections. Du simple bruit sans importance? Aussi, cela implique que ceux qui répondent aux sondages et qui signent les pétitions n’ont pas voté, ce qui est tout simplement gratuit comme affirmation (et comme réflexion…). Avouez que c’est d’une pauvreté affligeante…
Et je rajouterai que ce discours donne l’impression de vouloir taire ce que la totalité des gestes citoyens — et par ricochet, certainement corporatifs — apporte : un désir de changement profond, ce qui inclut bien sûr un grand ménage. Je comprends que pour certains cela peut donner l’impression d’être n’importe quoi, mais il faut rappeler que pour pouvoir ordonner le chaos, il faut bien qu’il y en ait d’abord un, chaos! Et j’ai l’impression que les événements de cette semaine en sont la démonstration.
Alors, on peut bien le prendre aussi comme étant du populisme, comme le fait allègrement un dénommé Nicolas Laurendeau dans les pages (web) du journal Le Devoir :
L’idée de réclamer la démission d’un élu en cours de mandat, le «recall» est une idée très populaire parmi les adeptes de la droite nord-américaine et les animateurs de radio démagogues. On nage ici en plein populisme.
Je crois qu’il y a une différence entre « populisme » et « mouvement populaire ». Visiblement, c’est extrêmement facile de les mélanger. Et encore plus facile d’interpréter un simple mouvement de domino qui prend sa source d’un mécontentement général comme étant une erreur de jugement. C’est de l’élitisme mal placé, du mépris. Voir que la grande majorité croit dur comme fer que le résultat de cette pétition — et même n’importe laquelle — est du domaine de la prescription! Voir que la majorité ne comprend pas le contexte politique actuel et à ce point le fonctionnement de nos institutions pour signer cette pétition par simple ignorance!
Alors oui, j’accuse les Stéphane Laporte et Nicolas Laurendeau de ce monde de contribuer amplement au cynisme en dénigrant ce qui contribue à l’amoindrir : si ça prend cette étincelle (une pétition très très bien garnie) pour qu’ensuite — hypothétiquement — les gens sortent dans la rue, se précipitent aux bureaux de scrutin aux prochaines élections, et encore mieux, que Jean Charest arrête de faire du surplace, soit dans sa position de Premier Ministre, soit dans sa décision de ne pas déclencher une large commission d’enquête sur la construction et le financement des partis, entre autres.
J’accuse les dénigreurs de cette pétition, et surtout ceux qui refusent de la signer (pour n’importe quelle raison) de souffrir d’un « complexe de supériorité », de faire un culte de leur individualité. Comme si c’était si demandant (physiquement et moralement) de se joindre à un mouvement de masse (bien imparfait je le concède!) en cliquant quelque fois sur une page web et en tapant un peu sur son clavier. Comme si au contraire c’était une tare que ça prenne aussi peu de temps. Comme si l’efficacité qu’apportent le web et la technologie était seulement symptomatique d’une léthargie sociétale individualisée, comme si c’était inscrit dans nos gênes…
Ainsi, l’expression « ne pas bouger le petit doigt » prend dorénavant un sens plus large, et beaucoup plus triste.
(Modification d’une photo de Le Chibouki frustré.)
58 Commentaires
Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé
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