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Libre-Marché 101: L’intérêt

Dans le dernier épisode de cette série sur le libre-marché, nous avons vu comment les prix servaient de signal sur le marché. Pour cette troisième partie, nous allons examiner un autre signal: l’intérêt. L’intérêt est probablement le signal le plus important. Il permet une coordination de la production dans le temps. Afin de comprendre son rôle, il est impératif de comprendre la notion de « préférence temporelle« .

Vous connaissez certainement le dicton qui dit « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ». Ce dicton ne se rapporte pas seulement à la certitude de détenir quelque chose dans le présent plutôt que la promesse possible de quelque chose de plus dans le futur, ils se rapporte à un trait de la nature humaine qui fait que nous préférons une gratification présente à une gratification future. Lorsqu’on nous présente le choix entre obtenir quelque chose maintenant, ou recevoir cette même chose plus tard, nous préférons la recevoir maintenant. Un des meilleurs exemples concrets s’observe dans le comportement des enfants qui acceptent difficilement d’attendre pour quoi que ce soit. Nous disons donc qu’ils ont une préférence temporelle élevée.

Lorsque nous traduisons ça dans la sphère économique, la préférence temporelle vient influencer plusieurs choses. De tous les facteurs de production, c’est-à-dire le terrain, la main d’œuvre, le capital et le temps; le temps est probablement le plus négligé. Cela devrait pourtant être une évidence que tout processus de production prend du temps. Mais aussi évident que ça puisse paraitre, seulement une école de pensée économique considère ce facteur dans son analyse. Pour qu’un processus de production puisse démarrer, une certaine quantité de capital doit avoir été accumulée au préalable afin de couvrir les coûts de la conception et de la fabrication avant que le produit puisse être vendu et produire un revenu. Ça implique que pour supporter ce processus de production, nous devons échanger un bien présent, notre capital, pour un bien futur. Si j’ai une somme de disons $10 000; il y a un grand nombre d’utilisations que que pourrait faire de cette somme. Plusieurs de ces utilisations pourraient me produire une satisfaction immédiate, plutôt qu’une satisfaction quelque part dans le futur. Pour m’inciter à utiliser ce capital en vue d’une gratification future, donc de diminuer ma préférence temporelle, il faut évidemment que celle-ci soit plus grande que celle que je pourrait obtenir dans le présent, sinon j’aurais toujours tendance à choisir la gratification présente. La différence entre la valeur de cette gratification présente et celle de la gratification future s’appelle l’intérêt. L’intérêt est donc une prime payée en échange d’un abaissement de la préférence temporelle.

En termes plus concrets, si vous êtes un entrepreneur et que vous désirez emprunter mon capital de $10 000 afin d’investir dans une nouvelle ligne de production, vous devez me fournir une certaine prime pour m’inciter à vous prêter cette somme plutôt que de m’en servir pour ma consommation immédiate. Puisque cette somme est ma propriété, il n’est parfaitement légitime d’exiger cette prime. Il est aussi parfaitement légitime que je refuse de prêter mon capital si vous refusez mes termes. Naturellement, si quelqu’un d’autre vous offre de meilleurs termes, il est aussi parfaitement légitime que vous alliez emprunter ailleurs. Ce contrat qui est passé entre deux personnes afin d’échanger un capital présent contre un capital futur bonifié par l’intérêt se produit chaque fois que vous déposez votre argent dans un compte d’épargne, dans un certificat de placement ou que vous achetez des obligations d’une compagnie ou d’un gouvernement. C’est ainsi que même les plus petits épargnants participent au financement de la production. Sans intérêt, il ne pourrait y avoir de production. Il existe bien sûr des complications dans le système actuel, mais ce sera pour une discussion future.

L’intérêt sert de signal dans le marché par la fluctuation de son taux. Le taux d’intérêt est en fait un prix qui fluctue selon la demande de capitaux et l’abondance des dits capitaux, dont la principale source est l’épargne, c’est à dire l’abstention temporaire de consommation présente. Plus ces capitaux sont abondants, plus la concurrence entre prêteurs est grande et plus le taux d’intérêt diminuera. À l’opposé, plus les capitaux disponibles sont rares, plus la compétition entre emprunteurs sera féroce et plus le taux sera élevé. Tout comme les prix jouent un rôle de rationnement pour différent biens, le taux d’intérêt joue un rôle de rationnement dans l’attribution de capital. Un taux élevé restreint la consommation et la mise en œuvre de nouvelles ligne de production et favorise l’accumulation d’épargne. Lorsque le taux est en baisse, ça signale que des capitaux sont disponibles pour investir dans de nouveaux projets de production ou dans des procédés de production plus longs. Nous verrons plus en détail les processus de production et l’allocation de capital dans des discussions futures. Pour l’instant, il ne suffit que de comprendre le rôle du taux d’intérêt.

Sachant cela, qu’arrivera-t-il si le taux d’intérêt est manipulé de façon arbitraire? Si nous forçons le taux d’intérêt vers le bas alors qu’il n’y a pas suffisamment d’épargnes pour l’alimenter, donc en dessous du niveau qui serait fixé par le marché, la consommation serait stimulée au dépens de l’épargne et les entrepreneurs seraient incités à investir dans de nouveaux projets pour lesquels les capitaux ne sont pas disponibles dans la réalité. La demande de crédit excèdera donc la quantité d’épargne réelle sur le marché. Cette dislocation provoquera inévitablement une remontée automatique du taux d’intérêt qui mettrait au grand jour les investissements pour lesquels les ressources sont insuffisantes. La crise immobilière de 2008 est un exemple patent. Le taux directeur de la Réserve Fédérale américaine a été abaissé pendant plusieurs années bien en dessous de ce qu’il aurait été fixé par le marché. Couplez ça avec une règlementation fautive qui a favorisé l’achat de propriétés immobilières et qui a augmenté l’aléa moral aux banques dans le relâchement de leurs critères de financement, et vous avez semé les graines d’un boum immobilier insoutenable qui devait tôt ou tard, subir une sévère correction. C’est exactement ce qui s’est produit lorsqu’inévitablement, le taux d’intérêt a dû remonter. Il était certainement profitable d’acheter une maison, la garder pendant six mois et la revendre avec un bon profit quand le taux des hypothèques est dérisoire et que la demande, gonflée par le crédit facile, faisait grimper les prix de façon vertigineuse, mais lorsque les taux ont augmenté, la demande s’est écroulée et le prix des propriétés aussi. Le reste de l’histoire est connu. J’approfondirai le sujet des cycles économiques et des bulles dans un chapitre subséquent. Pour l’instant, nous pouvons certainement établir que la manipulation arbitraire du signal de marché qu’est le taux d’intérêt y joue un rôle de premier ordre.

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Démolition contrôlée de l’économie – Wall Street et les banquiers tremblent

Par François Marginean

Image Flickr par anemi et Michael Aston

La démolition contrôlée de l’économie mondiale a plongé des centaines de millions de personnes à travers la planète dans la misère et la détresse. Il est possible de comprendre pourquoi cela fut accompli de façon consciente et volontaire lorsqu’on explore l’évènement central ayant déclenché l’écroulement de l’édifice financier mondial: la « crise des saisies immobilières » et ce que personne n’a osé vous dire.

Il est question, ici, de fraudes de proportions apocalyptiques ayant des conséquences encore inestimables. Il est question de criminels financiers, ou de terroristes financiers, qui auront causé la faillite de pays en entier, une dévaluation catastrophique du dollar US, la banqueroute de millions de familles, de pertes d’emplois astronomiques ainsi que la disparition massive de fonds de pension des travailleurs qui normalement arriveraient à leur retraite, mais qui y arriveront finalement les mains vides. Tout ce qu’il y a de plus gratifiant. Nous reviendrons au sujet des fonds de pension la semaine prochaine, mais en attendant, c’est exactement ces mêmes gens qui ont été plumés pour financer les plans de sauvetages des milieux financiers et bancaires. Ironie du sort, ou arrogance flamboyante, à vous de choisir.

Il ne s’agit plus d’une fraude isolée ci et là. Il s’agit de fraude et de corruption érigées en système. L’histoire de Bernie Maddoff n’est qu’un détail insignifiant comparé à la taille de la fraude systémique qui s’est immiscée jusque dans la massive manipulation du prix des métaux précieux.

Mais lueur d’espoir, il y a. Une peur frénétique s’est emparée de Wall Street et des banquiers privés ces derniers jours. C’est qu’un jugement de la Cour suprême de la magistrature de l’État du Massachusetts, aux États-Unis, vient d’être rendu et celui-ci pourrait avoir des implications catastrophiques pour les banques.

Voici l’excellente analyse qu’en fait The Agonist – Numerian.

Les banques ont attendu avec une certaine appréhension ce jugement de la Cour suprême dans le dossier opposant la US Bank National Association (à titre de fiduciaire) à Antonio Ibanez. Ils avaient raison d’avoir peur. La cour suprême de l’État s’est prononcé contre les banques et a confirmé une ordonnance d’un tribunal inférieur d’annuler les saisies de propriétés effectuées par US Bancorp et Wells Fargo, selon le motif qu’aucune de ces banques avait le droit légal, en vertu de la loi du Massachusetts, de saisir ces maisons. La décision de la cour suprême a de lourdes conséquences pour les banques et le marché du logement en général, car elle remet gravement en question la solidité juridique de millions de prêts hypothécaires aux États-Unis, d’autant plus si, comme prévu, les tribunaux des autres États parviennent à des conclusions similaires à celles de la Cour suprême du Massachusetts.

Le dossier d’Ibanez comprenait deux cas de reprises de finances semblables s’étant déroulés dans le Massachusetts, le second cas étant celui de Wells Fargo vs Mark et Tammy LaRace. Les deux saisies de propriété ont eu lieu le même jour et les banques avaient déjà publié leur intention de les saisir dans un journal local, tel que requis par la loi. Les banques ont ensuite acheté les propriétés à des prix qui ont été jugé par le tribunal comme étant significativement inférieurs à la valeur de marché. Environ un an après les saisies (à l’automne de 2008), les banques ont alors demandé à la Cour de rendre une décision selon laquelle, dans chacune des saisies, la banque avait un plein droit de saisir en tant que créancier hypothécaire, que le droit de banque sur la propriété n’était pas obscurci par tout autre droit de contestation, et que la banque était donc propriétaire de la propriété. Ces affirmations ont été contestées par les propriétaires qui avaient perdu leurs maisons et la Cour est d’accord avec les propriétaires quant au fait que les saisies étaient invalides. Ce qui a joué de façon critique dans la décision rendue par la Cour a été le fait que les deux banques ont admis n’avoir reçu les documents de transfert d’hypothèque (assignment of the mortgage) qu’après les saisies.

Citant le cas Ibanez à titre d’exemple, les juges ont noté que Antonio Ibanez avait pris une hypothèque en 2005 avec Rose Mortgage Inc, qui aurait cédé cette hypothèque (qui donne à son détenteur le droit légal approprié pour saisir la maison) à Option One Mortgage Co. Ils ont, à leur tour, cédé celle-ci à Lehman Bros. Lehman Bros a prétendument cédé l’hypothèque à Lehman Bros Holdings Inc, qui l’a emballé avec environ 1000 autres prêts hypothécaires destinés à être vendus à titre de garantie. Ces prêts hypothécaires étaient censés être placés sous le toit de Structured Asset Securities Corp, mis en place explicitement dans le but de protéger les détenteurs d’obligations qui ont acheté les titres. Cette société devait affecter les prêts hypothécaires à la US Bancorp N.A., à titre de fiduciaire. Dans le cas où il y aurait besoin de saisir une de ces propriétés, la responsabilité reviendrait à US Bancorp de le faire, au nom de la fiducie et dans l’intérêt des détenteurs d’obligations. C’est pourquoi US Bancorp a voulu saisir la propriété de Antonio Ibanez, qui avait manifestement manqué aux paiements de son hypothèque, et c’est pourquoi US Bancorp est devenu un plaignant devant le tribunal de la Cour suprême du Massachusetts.

Cette série de transferts de titre est importante dans l’affaire, parce que tout ce qu’il fallait aux banques pour gagner aurait été de se présenter devant le tribunal avec les documents légaux attestant le transfert d’hypothèque. Ils n’avaient même pas à se présenter avec le document original de l’hypothèque ou la note de l’emprunteur – ils se devaient seulement d’avoir la documentation pour chaque maillon de la chaîne de transfert. Non seulement ne possédaient-ils pas celle-ci,  ils n’avaient rien de mieux à présenter que des documents de transfert émis après la saisie, c’est-à-dire les banques n’ont jamais cédé correctement et légalement l’hypothèque en premier lieu. C’est en vertu de cela que la Cour a statué contre les banques, et c’est sur la base de cette preuve convaincante que les juges de la Cour suprême ont jugé que les saisies n’ont jamais été légales.

L’un des juges qui a rendu cette décision, le juge Cordry, a écrit:

« Ce qui est surprenant à propos de ces cas est… l’insouciance totale avec laquelle les banques plaignantes ont documenté les titres à leur actif. »

La négligence est un terme poli pour l’insouciance criminelle des banques. Les banques ont agi avec une insouciance criminelle.

La décision rendue plus tôt cette semaine par la Cour suprême du Massachusetts n’est qu’un pas de plus en avant dans cette longue discussion légale sur les saisies immobilières, mais elle est compatible avec une série de décisions similaires rendues par des tribunaux contre les banques.

Partout aux États-Unis, les banques n’ont pas été en mesure de se présenter devant les tribunaux avec la documentation de base, y compris les documents démontrant et attestant correctement et légalement qu’ils possèdent les droits sur ces hypothèques ainsi que ceux leur permettant de saisir les propriétés s’y rattachant.

Le droit des banques de saisir les propriétés résidentielles est aujourd’hui contesté dans chaque État. Les personnes qui ont perdu leur maison dans ces reprises de finance poursuivent maintenant en justice pour compensation des pertes encourues, selon le motif que les saisies étaient frauduleuses. Encore plus grave que cela, les investisseurs ayant acheté les fameuses « mortgage backed securities » commencent à déposer des réclamations pour fraude contre les banques, en faisant valoir que ces titres n’ont jamais été correctement garantis en premier lieu. Ces investisseurs veulent 100% de leur argent, ce qui conduirait à des réclamations de milliers de milliards de dollars contre les grandes banques.

Automatiquement entraîné dans cette situation est le gouvernement fédéral américain. Le Trésor américain détient Fannie Mae et Freddie Mac, qui sont déjà insolvables et doivent se tourner vers le gouvernement pour les injections de capitaux à chaque trimestre juste pour couvrir les pertes de leurs portefeuilles de prêts hypothécaires actuels. Ces institutions sont aujourd’hui confrontées à des taux de pertes beaucoup plus élevés dans leurs propres portefeuilles de l’ordre de trillions de dollars en valeur de prêts hypothécaires résidentiels. À ce tableau s’ajoute aussi le système de la FED, qui a choisi d’acheter plus d’un trillion (mille milliards) de dollars de titres adossés à des hypothèques des banques en 2008 et 2009, et qui est donc lui-même techniquement insolvable si ce portefeuille se révèle être non garanti, comme cela devient plus en plus probable.

Cela signifie que l’évolution probable des événements – la voie sur laquelle nous sommes présentement – nous conduira à un effondrement quasi total du marché du logement, parce que les grandes banques et les deux entreprises gouvernementales chargées de soutenir le marché du logement seront fatalement estropiés. Le gouvernement américain lui-même, y compris la Réserve fédérale, seront également estropiés et engloutis.

Ceci est la nature de la gravité de la situation.

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2011: la tête dans le sable

Un récent sondage SOM/La Presse montre que les québécois, quoique pessimistes pour l’économie américaine et l’économie européenne, sont très optimistes envers les économies canadienne et québécoise. Malheureusement, leur confiance est très mal placée.

C’est vrai que notre économie semble aller beaucoup mieux, si on se compare aux américains ou la zone Euro, mais c’est toujours comme ça lorsqu’on est dans un boum artificiel alimenté par l’argent facile. Malheureusement, ce boum est un mirage qui risque de s’évanouir en 2011. MM. Carney et Flaherty le savent très bien. Mais ils se gardent bien d’éloigner le bol de punch pour autant. Pourtant leurs exhortations à la prudence ne retarderont même pas l’inévitable.

J’ai déjà écrit au sujet de la bulle immobilière qui est en train de se gonfler au Canada (ici et ici) et cette bulle est en train de plafonner. Nous sommes exactement comme les américains en 2007, mais dans notre arrogance, nous nous imaginons que ce qui leur est arrivé ne nous arrivera pas. Quelque faits pour votre considération:

  1. Les banques canadiennes ne sont pas aussi blindées qu’on le croit et lorsque la bulle éclatera, nous verrons à quelle point elles sont vulnérables.
  2. Beaucoup de canadiens passent de 50% à 70% de leur revenus sur leurs paiement d’hypothèque. La plupart ne survivront pas une hausse des taux hypothécaires, ne serait-ce que de 1%.
  3. Un nombre effarant d’hypothèques sont assurées par la SCHL et titrisées sous formes de dérivatifs. Devinez qui va payer les pots cassés?
  4. L’industrie de la construction représente 20% de l’économie canadienne. Cette industrie va être sérieusement atteinte.


Je sais que je vais probablement sembler comme un rabat-joie en cette veille du nouvel an, mais je me dois de vous servir quelques idées de résolutions: Payez vos dettes et reportez toute dépense inutile dans la prochaine année.

Je vous quitte avec cette petite citation de Benjamin Franklin:

« Soyez en guerre contre vos vices et en paix avec vos voisins, et que chaque nouvelle année fasse de vous un meilleur homme. »

Bonne et Heureuse Année!

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En attendant vos relevés de cartes de crédit…

Dernièrement, nous avons assisté à deux sorties, une de Mark Carney, Gouverneur de la Banque du Canada, et une de Jim Flaherty, Ministre fédéral des Finances; nous enjoignant à la prudence. Voyez-vous, ils s’inquiètent maintenant du taux d’endettement des canadiens qui est à 148% de leur revenu, dépassant de ce fait celui de nos voisins du sud. C’est une situation qui n’est guère enviable. Nos joyeux lurons essaient donc maintenant de restreindre notre enthousiasme. Cependant, Ils sont très mal placés pour nous faire la leçon.

Depuis que M. Flaherty est Ministre des Finances (2006), la dette fédérale est passée de $460 milliards à $520 milliards, une augmentation de 13%. Pour mettre les choses en perspective, notre dette fédérale équivaut à 75% de notre PIB et nous place mondialement en 18e place au palmarès de l’endettement, juste derrière le Portugal qui est actuellement en train d’imploser.

M. Carney pour sa part, depuis qu’il a été nommé en 2008, a abaissé le taux directeur de 5% à 1%. Avec le taux d’inflation annuel actuel de 2%, nous nous retrouvons avec un taux d’intérêt réel négatif. Ce taux est un incitatif énorme à emprunter et dépenser et de ne pas épargner. Avec notre dollar qui perd son pouvoir d’achat à ce rythme, à quoi bon mettre son argent à la banque? Est-il donc surprenant que les ménages canadiens soient si endettés. Est-il aussi surprenant qu’alors que les américains renouent avec les vertus de l’épargne, atteignant un 6% actuellement, que les épargnes des canadiens aient fondu à 2.5%? Il ne faut pas être grand clerc ou même avoir un doctorat en économie pour réaliser que de ne mettre aucune épargne de côté pour les mauvais jours et de s’endetter jusqu’au cou n’est pas une façon de s’enrichir. C’est tout le contraire.

Les bas taux d’intérêt, couplés avec une garantie d’hypothèque de la Société Canadienne d’Hypothèque et de Logement (SCHL), ont aussi causée une bulle immobilière sans précédent au Canada. Dans des conditions comme celles-là, les actifs immobiliers pourraient perdre leur valeur très rapidement et voir plusieurs ménages avec des dettes dépassant largement la valeur de leurs actifs. Mais contrairement à nos voisins américains, abandonner notre hypothèque n’est pas une option pour nous. Nous restons enchainés à notre hypothèque. Bref, nous sommes en train de répéter le même scénario que les américains en 2007. Tout ça parce que M. Carney maintient les taux trop bas.

Depuis la crise financière américaine, nos politiciens ne cessent de nous dire de dépenser, dépenser, dépenser et la Banque du Canada se fait un plaisir de nous rendre la tâche plus facile avec des taux dérisoires et maintenant ils sont surpris de constater que nous sommes sur-endettés? M. Carney et M. Flaherty on tenu une partouze à bar ouvert pendant deux ans et ils sont surpris de voir leurs invités se promener à quatre pattes avec des abat-jours de lampes sur la tête.

Mais les nouvelles ne sont pas toutes mauvaises. Pendant ce temps, les grandes banques ont empoché des profits records et tous les amis de M.Carney ont sans doute eu droit à un épais bonus pour Noël. N’est-ce pas magnifique? J’ironise, bien sûr. Bien peu de gens le réalisent, mais le rôle de la Banque du Canada a toujours été de financer les excès de notre gouvernement (comment vous croyez qu’ils font pour financer des guerres, des programmes sociaux et tous ces petits contrats pour leurs amis?) et de bourrer les poches des banquiers. Il serait temps que les gens s’en rendent compte et qu’on l’abolisse.

Je vous souhaite un très joyeux Noël tout de même.

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Le dollar US mûr pour une dévaluation catastrophique

L’état de  « réserve mondiale »  de la monnaie américaine a créé une demande sans précédent pour le dollar, mais ce faisant, il a aussi créé une surabondance de titres obligataires du Trésor détenus par les banques centrales étrangères et une dette nationale impossible à rembourser aux États-Unis. La combinaison de découpler le dollar de l’étalon-or en tandem avec obtention de l’avantage d’être devenu la réserve mondiale a permis au gouvernement américain ainsi qu’aux banquiers centraux de créer la monnaie fiat la plus précaires et illusoire de l’histoire.

Pourquoi toutes ces histoires sur l’étalon-or? Cela, nous explique Michael Rivero de WRH,  remonte aux Pères fondateurs d’origine et la signification du mot «dollar». Un « dollar » est en fait une mesure du poids de l’argent, soit 371,25 grains, pour être exact. Les dollars américains en argent sont en fait plus lourds, car d’autres métaux ont été ajoutés pour atteindre plus de durabilité. Mais ce 371,25 grains d’argent ÉTAIT le dollar, correspondant au poids d’unités monétaires acceptées remontant une chaîne ininterrompue jusqu’au Dollar espagnol blanchi, le Daller néerlandais, ainsi que le Thaler allemand, qui étaient le produit d’une mine d’argent ayant vendu ses produits sous forme de pièces d’un poids exact. La loi sur la monnaie de 1792 a défini le dollar US pour correspondre exactement au poids d’un dollar en argent utilisé dans le monde et a ensuite défini le dollar en or équivalent à cette quantité d’or qui serait égale à la valeur de l’argent dans un dollar en argent, soit 24,75 grains, ou 1/15 du poids d’argent dans un dollar en argent.

Un dollar US en argent                                                          Un dollar US en or (même échelle)

Alors, quel est le problème avec cela? Il n’y a pas vraiment de problème. Lorsque vous, en tant que citoyen, possédez un dollar en argent ou un dollar en or dans votre main, vous avez cette valeur réelle en métal. Le gouvernement ne peut rien faire pour changer la valeur de l’argent sous votre contrôle.

Prenez le Denarius romain en argent de la photo ci-dessus par exemple. L’Empire romain est depuis longtemps révolu, mais l’argent que Rome a émit possède encore de la valeur parce que les pièces elles-mêmes avaient une valeur intrinsèque. Longtemps après l’effondrement de l’empire, des pièces d’argent romaines étaient encore utilisées comme monnaie, parce que l’argent dans la pièce elle-même ne dépend pas de l’émission du gouvernement pour avoir une valeur.

Bien entendu, transporter trop de pièces peut être gênant, alors plusieurs nations, y compris les nôtres, ont émit des notes de papier pour plus de commodité. Mais ce papier-monnaie imprimé par la nation n’était que pour la commodité. Les certificats d’or et d’argent n’étaient que des « bons de revendication » pour l’équivalent en poids d’or ou d’argent détenues dans le Trésor, et qui devait être remis à la demande lorsque le certificat était présenté. Mais en fin de compte, le dollar légitime des États-Unis valait 371,25 grains d’argent, ou 24,75 grains d’or.

Le problème avec ce système du point de vue du gouvernement ou des banques est qu’il limite la quantité d’argent avec lequel ils peuvent travailler. Lorsque la banque vient qu’à manquer d’argent ou d’or (ou de certificats équivalents), elle ne peut plus prêter d’argent sur lequel elle peut encaisser des intérêts. Lorsque le gouvernement est à court d’or ou d’argent (ou de certificats équivalents), il ne peut plus dépenser d’argent (tout comme le reste d’entre nous).

L’effet immédiat de mettre fin à l’étalon-or est que le dollar-papier ne dépend plus juridiquement des 371,25 grains d’argent ou 24,75 grains d’or; alors davantage d’argent papier (maintenant appelé «Federal Reserve Notes ») peut être imprimé, leur valeur réelle n’est plus sous le contrôle des citoyens, mais sous le contrôle de la banque centrale émettrice, basé sur le nombre total de dollars imprimés (ou créé en tant que lignes de crédit) divisé par la valeur estimée des actifs de la nation. Plus il y a de dollars qui sont créés à partir de rien, moins vaut chacun d’entre eux.

Un billet du gouvernement.

L’escroquerie du système est simple. La Federal Reserve Bank (ou toute autre banque centrale occidentale) engage le Trésor américain pour imprimer de l’argent. La Réserve fédérale ne paie le trésor public que le coût d’impression, ils ne paient pas 1 $ pour chaque 1 $ imprimé. Mais la Réserve fédérale fait demi-tour et prête cet argent (ou ligne de crédit) aux banques au niveau de leur valeur nominale. Ces banques qui ont épuisé leurs dépôts prêtent alors cet argent fiat aux gens comme vous, et vous devez rembourser la valeur en dollars complet (plus intérêts) avec le produit de votre travail, même si la Réserve fédérale a imprimé cet argent pour quelques cents seulement, ou simplement créé de toute pièce dans un ordinateur.

Comme la Réserve fédérale (ou toute autre banque centrale occidentale) imprime toujours plus d’argent, cela gonfle la masse monétaire, ce trop d’argent commence à courir après trop peu de biens et services, ce qui signifie que les prix montent. Mais contrairement à la charade mis sur pied par la Réserve fédérale, l’inflation ne se contente pas d’aller et venir à cause de la sorcellerie des arcanes. La Réserve fédérale peut mettre fin à l’inflation chaque fois qu’elle le désire, simplement en fermant les presses à imprimer. Il s’ensuit donc que l’inflation et les récessions sont entièrement sous le contrôle de la Réserve fédérale (ou toute autre banque centrale occidentale). Cela signifie que le cycle de l’inflation et de la récession est intentionnel; un gigantesque battement de coeur qui pompe les certificats de papier hors de la classe ouvrière, tout en pompant la vraie richesse à l’intérieur pour les propriétaires des banques.

Ceci est une manière de comprendre l’inflation. Il y en aura une autre, assez surprenante, la semaine prochaine, alors que je vous présenterai une entrevue exclusive avec John Turmel sur l’émission L’Autre Monde.

Le dollar en danger d’effondrement

Le débat à savoir si les États-Unis et le reste du monde vont connaitre une période intense d’inflation ou de déflation fait rage depuis près de trois ans. Mais je crois que quand tout sera dit et fait, nous constaterons que les deux sont, dans un sens, corrects. Les gens qui manquent toujours la marque sur ce qui se passe vraiment dans l’économie sont ceux qui insistent aveuglément que c’est soit un ou l’autre. Le fait est que nous assistons à des symptômes de déflation et d’inflation en même temps. La déflation des emplois, des stocks, de l’immobilier, et les salaires. L’inflation dans l’énergie, la nourriture et des matières premières. Au fond, nous assistons au pire des deux mondes qui entrent en collision pour créer une mutation financière, une aberration du processus naturel de l’offre et la demande. Notre économie est devenue un monstre Frankenstein embarqué dans la destruction de ses bienfaiteurs; les citoyens américains. Toute personne qui prétend le contraire est soit un menteur, ou un fou. (Source)

Malheureusement, la force du dollar américain est en déclin et bord de l’effondrement pur et simple. Il en fut question au cours des deux dernières années au moins. Les signes se sont emmêlés dans le brouillard qu’engendre les médias de masse, mais maintenant, l’image devient claire. Est-ce que le crash du dollar est pour demain? C’est difficile à dire. Ce qui est certain, c’est que tous les éléments nécessaires à une dévaluation catastrophique du dollar sont maintenant en place. C’est-à-dire qu’il n’y a plus rien pour empêcher une baisse constante et brutale du billet vert au cours des six prochains mois ou plus. Voici les nombreux signaux qui indiquent qu’un tel événement est proche:

– Les États-Unis vont se lancer dans une nouvelle vague d’assouplissement quantitatif sans précédent qui aura pour effet de complètement diluer la valeur du dollar américain.

La guerre des devises est déclarée. Les États-Unis accusent la Chine et d’autres pays de manipuler leur devise, mais la réalité est que les plus grands manipulateurs sont probablement les États-Unis eux-mêmes qui ont perdu le contrôle de leur monnaie de papier. Aucun pays n’en veut et ces derniers commencent d’ailleurs à faire leurs échanges commerciaux bilatéraux en devises nationales au lieu d’utiliser le dollar américain.

– Le Dollar Index est en chute libre depuis plusieurs semaines, sinon mois, avec le dollar qui perd constamment de la valeur face aux devises étrangères. (Source 1,2,3)

– La Chine, le Japon, la Russie et Taïwan diminuent leur quantité de réserve de dollar américain, cessent d’acheter et donc de financer la dette américaine. La Chine s’est même positionnée pour faire en sorte qu’on abandonne le dollar américain comme réserve mondiale pour espérer faire en sorte que leur devise devienne la nouvelle réserve mondiale. (Source 1,2,3)

– Les États-Unis sont également en route vers un nouveau plan de sauvetage de l’ordre de trillions de dollars pour « sauver » une fois de plus les banquiers privés et surtout, une grande quantité d’états qui sont sur le bord du gouffre financier et de la banqueroute, états américains qui ont accumulé en deux ans seulement plus de 2,4 trillions de dollars en dettes municipales.

La dette publique des États-Unis se chiffre officiellement à $13,665,926,643,255 et en 2012, ils devront payer plus de $600 milliards en intérêts seulement sur cette dette! (Plus de détails ici)

Ce ne sont que quelques exemples, mais combien significatifs. Il y a certainement une confusion persistante entre les analystes sur ce que constitue l’inflation. Il n’en demeure pas moins que tout événement qui entraîne la dévaluation du dollar et une hausse des prix constitue de l’inflation. Cela ne signifie pas nécessairement que ce soit simplement une «surimpression» de l’argent de papier, bien qu’il soit évident qu’une surimpression de monnaie ait lieu derrière certaines portes closes. Le dollar peut être compromis de bien des manières, non pas seulement grâce à l’emballement de la création de monnaie fiat. Toute perte du statut de réserve mondiale se traduira par une dévaluation importante. Tout « dumping » de masse de Bons du trésor US par d’autres pays se traduira par une dévaluation importante. L’accumulation sans fin de dettes nationales sans l’appui de capitaux étrangers se traduira par une dévaluation importante. Tous ces problèmes sont actifs dans notre économie en ce moment. Le résultat final sera l’inflation et la déflation simultanée, et ils ne s’annulent pas!

La gravité de la crise monétaire à venir est une question cruciale. Selon les données, ce n’est plus une question de «si» mais de «quand» elle va se révéler complètement. Il ne s’agit pas d’hypothèses ici, mais bien d’éventualités. Le plus tôt que le public acceptera cela, plus vite nous pourrons affronter les problèmes de face.

François Marginean

(NOTE: Pour des pistes de solutions sérieuses, voir: John Turmel est l’invité de l’Autre Monde – Alternative à l’usure bancaire destructrice)

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Le pic immobilier

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J’aimerais attirer votre attention au graphique ci-haut qui donne une comparaison des prix immobiliers de tous les grands centres urbains au Canada en date du mois de mai dernier (source). Ça donne une bonne image de choses à venir. La zone du milieu indique jusqu’où les prix immobiliers pourraient chuter après l’éclatement. On peut constater que les marchés de Montréal et Ottawa risquent de souffrir un peu moins les effets de l’éclatement de la bulle immobilière que d’autres marchés, mais il faut quand même dire que si vous cherchiez à acheter votre première maison, le moment serait quand même mal choisi. Même à Montréal, les maisons pourraient perdre jusqu’à 25% de leur valeur. À Vancouver, les prix risquent de chuter de moitié, ce qui risque de causer une vague de faillites personnelles jamais vue auparavant.

Nous nous croyions tellement intelligents en 2007 lorsque la bulle immobilière a éclaté aux États-Unis. On riait des stupides américains qui ont fait des tas de prêts hypothécaires sans bon sens à des gens qui n’auraient jamais les moyens de payer. Des milliers de ménages américains se sont retrouvés à la rue avec une hypothèque qui excédait la valeur de leur maison. C’est sur le point d’arriver encore ici. Le taux d’intérêt de la Banque du Canada a été maintenu près de 0% depuis plus de deux ans et est toujours trop bas malgré une récente hausse. Ça a permis au banques d’offrir des hypothèques à des taux dérisoires (et empocher des profits monstres). Vous vous souvenez de Fannie Mae et Freddie Mac? Au Canada, nous avons la SCHL qui joue essentiellement le même rôle à sécuriser et titriser des hypothèques. Combien d’hypothèques? Oh, environ 60% de toutes les hypothèques au Canada. Qui garantit ces hypothèques? Vous et moi par le biais de vos impôts fédéraux.

Pire encore, certains utilisent l’équité de leur maison comme un guichet automatique en ré-hypothéquant leur maison pour s’acheter des motoneiges, des bateaux, etc. Qu’arrivera-t-il à ces gens quand les prix immobiliers s’écrouleront? Il est quasiment inimaginable que nous répétions toutes les mêmes erreurs que les américains en ayant encore la dévastation que ça leur a causé dans notre rétroviseur, mais il semble que nous soyons plus stupides qu’eux.

Maintenant, il semble que nous ayons rejoint le pic et les ventes immobilières commencent à s’essouffler. Selon un article du Globe and Mail, le volume des ventes immobilières a dramatiquement chuté. À Vancouver, le volume à chuté de 30% par rapport à l’année dernière et à Calgary de 40%. C’est le premier signe avant-coureur. Le reste du scénario américain risque de se répéter à partir de là:

  • Le volume de ventes chute soudainement.
  • Les prix ramollissent un peu.
  • Le niveau des inventaires remonte.
  • L’industrie immobilière essaient de convaincre les gens que rien ne se passe d’anormal.
  • Le déni s’installe dans les média qui clameront que les bases fondamentales sont toujours solides.
  • Les vendeurs tenteront de maintenir les prix tandis que la demande ne cesse de diminuer.
  • Les inventaires rejoignent de nouveaux sommets.
  • Les constructeurs commencent à offrir des incitatifs pour faire baisser leurs inventaires.
  • Les vendeurs commencent à réaliser trop tard ce qui se passe.
  • Les prix commencent leur descente.
  • Les vendeurs commencent à offrir des incitatifs pour vendre leur maison.
  • Les incitatifs ne fonctionnent pas.
  • La dégringolade des prix commence à s’accentuer.
  • La Banque du Canada tente de calmer le jeu en émettant des communiqués assurant le public que le marché immobilier est encore fondamentalement solide.
  • Les inventaires montent en flèche, les prix s’écroulent et les constructeurs coincés avec des surplus d’inventaires font faillite.


Certains évènements peuvent se produire simultanément et peut-être dans un ordre légèrement différent, mais tout commence par une chute du volume de ventes. Chose certaine, le pic immobilier est atteint, la descente est amorcée et avec les taux d’intérêts déjà trop bas, rien ne pourra arrêter l’avalanche.

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Les bulles pour les nuls

bulles

Suite à mon dernier billet dans lequel je rapporte les intentions du Président Obama d’exercer une surveillance accrue sur l’économie afin de contrôler la formation de bulles dans l’économie, j’entend vous exposer l’absurdité de cette proposition en vous donnant une explication de comment ces bulles sont formées. Chose que M. Obama et ses conseillers économiques semblent ignorer.

Une seule théorie en économie peut expliquer convenablement la cause de ces bulles: la théorie autrichienne des cycles économiques développée par Ludwig Von Mises et Friedrich Hayek. Je vais essayer de vulgariser le plus possible, mais ce n’est pas une mince affaire, alors j’apprécie votre patience de le lire jusqu’au bout. Je sais que ce n’est pas tout le monde qui s’intéresse à l’économie à ce point et je ne peux pas vous blâmer, mais s’il y a une théorie que vous devriez comprendre de nos jours, c’est celle-ci.

Introduction

La compréhension actuelle du phénomène des cycles économiques par la population en général nous vient de Karl Marx, qui le premier nota que depuis le début de la révolution industrielle, l’économie a commencé à montrer des phases cycliques de boums et de crises qui n’existaient pas avant. Marx en a donc conclu que ces cycles faisaient partie intégrale du libre-marché capitaliste. Même encore aujourd’hui, cette vision est largement acceptée, même par quelques-uns des plus éminents économistes. Pourtant, rien dans la théorie générale de l’économie de marché n’explique ces phases, puisque l’offre et la demande de produits sont toujours supposés tendre vers l’équilibre. Alors pourquoi ces cycles seraient-ils inhérents à l’économie de marché?

Un autre petit détail est qu’une économie de marché est supposée être un système qui punit les mauvais entrepreneurs en leur faisant subir des pertes et en les poussant vers la faillite (si le gouvernement n’intervient pas pour les sauver, bien sûr). Alors on s’attendrait à ce que la grande majorité de ceux qui restent dans le jeu sont raisonnablement bons à anticiper les demandes du marché. Alors comment expliquer qu’un si grand nombre d’entre eux se retrouvent dans la merde lors d’une récession?

Une autre chose qui est observable lors d’une récession, est que les secteurs de l’économie les plus touchés sont les biens capitaux, c’est-à-dire, la machinerie industrielle et agricole, la construction, les matières premières ainsi que les biens de consommation durables comme l’immobilier et l’automobile, plutôt que les ventes au détails? Si les récessions étaient causées par un déficit de la consommation, comme le prétendait Keynes, Ce devrait être le secteur du détail qui serait le plus touché.

Si on veut développer une théorie des cycle économiques qui se tienne, il faut qu’elle puisse expliquer tout ça.

C’est votre intérêt qui compte…

Avant d’entrer dans la théorie des cycles comme tel, je tiens à rafraichir votre mémoire sur le rôle du taux d’intérêt dans l’économie de marché. L’économie de marché réagit à des signaux: les prix. Ces prix communiquent aux différents acteurs du marché des informations sur l’offre et la demande de divers biens et services et guident leurs décisions. Le taux d’intérêt est également un prix. C’est le prix du temps. C’est à dire que c’est ce qui nous coûte de se procurer un bien maintenant plutôt que de le reporter à plus tard. Ce signal nous donne donc de l’information sur les préférences des consommateurs dans le temps. Préfèrent-ils emprunter pour acheter maintenant, ou préfèrent-ils épargner et acheter plus tard. En quoi est-ce important? Si vous êtes un entrepreneur, vous voudrez probablement profiter du temps où les consommateurs épargnent pour faire certains investissements comme du nouvel outillage pour lancer une nouvelle ligne de produits, par exemple, étant donné que les taux d’intérêts sont à la baisse lorsque les consommateurs épargnent. Le fait qu’ils épargnent indique aussi que les banques ont des réserves réelles à prêter puisqu’en principe, c’est cet argent qu’ils sont supposés vous prêter, dans un marché libre, du moins. Le problème est que le marché n’est pas complètement libre.

Les banques centrales et le système bancaire.

Dans mon billet «La fraude à grande échelle», il y a une vidéo qui explique assez bien comment les banques, de concert avec la banque centrale, créent de la monnaie à partir de rien, grâce aux réserves fractionnaires. Ce fût les économistes classiques David Hume et David Ricardo qui furent les premiers à établir un lien entre cette institution, qui a émergé en parallèle avec l’économie de marché, et les cycles économiques. La théorie Ricardienne se résume à ceci: Lorsque les banques font de l’expansion de crédit sous forme de notes bancaires et de chèques, au-delà de leur réserves physique d’or, le surplus de monnaie crée une illusion de prospérité qui alimente un boum. Il en résulte de l’inflation qui fait monter les prix des produits locaux. Cette hausse des prix locaux favorise l’achat de produits importés qui deviennent moins chers. Les marchands étrangers n’étant pas intéressés à conserver la monnaie de papier locale, la convertissait en or, faisant ainsi baisser les réserves de banques et ainsi de suite, jusqu’à ce que les banquiers commencent à s’inquiéter de ne pas pouvoir remplir leurs obligations. Les banquiers rappellent alors leurs prêts pour réduire la quantité de billets de banques en circulation. Le boum s’effondre et une récession suit. Pendant la récession, les prix locaux baissent entrainant une hausse des exportations et une baisse des importation et l’or recommence à rentrer au pays pour regarnir les réserves des banques. Lorsque les banques se sentent plus sécures, le bal recommence. C’est déjà une explication plus plausible que l’esprit animal de Keynes, mais ça n’explique pas tout ce qui est observé des récessions, notamment, pourquoi le secteur des biens capitaux est plus durement touché.

Arrivent les autrichiens…

Pour la raison ci-haut, l’économiste autrichien Ludwig von Mises et plus tard son élève Frederich Hayek, n’étaient pas satisfaits de l’explication de Ricardo. Ils entreprirent donc d’approfondir la question. Leur travail nous a donné la théorie autrichienne des cycles économiques. Largement oubliée des économistes « populaires », elle n’a cependant jamais été discréditée et reprend maintenant de la popularité depuis le début de la présente crise.

Nous avons vu plus haut le rôle du taux d’intérêt dans une économie de marché. Nous avons aussi vu que ce taux avait la fonction d’un prix dans le marché. Comme un prix, il tend à rechercher l’équilibre entre l’offre et la demande, dans ce cas-ci, l’épargne et le crédit. Ce point d’équilibre est appelé le taux naturel. Si une influence extérieure vient pousser le taux au-dessus ou en dessous du taux naturel du marché ça provoque une réaction de la part du marché. C’est ce qui arrive avec la politique monétaire des banques centrales. Lorsque celles-ci commencent à créer de la monnaie additionnelle, au-delà de ce qui est requis pour les ressources présentes sur le marché, les fonds additionnels crées à partir de rien se retrouvent dans le système bancaire, multiplié par les réserves fractionnaires. Ce surplus est interprété par le marché comme de l’épargne et pousse le taux d’intérêt vers le bas. Mais comme ce n’est pas vraiment de l’épargne, adossée à la production, cette baisse du taux est artificielle. Et elle induit les acteurs du marché en erreur. Puisque le taux est poussé en dessous du taux naturel, les entrepreneurs interprètent ça comme un signal qu’il est temps de faire des investissement capitaux, croyant que les consommateurs ont maintenant une préférence à l’épargne et donc, reportent leur consommation à plus tard. Les entrepreneurs se retrouvent donc à investir dans le développement de nouveaux produits, alors que la demande pour les produits existants n’est pas encore en déclin. En d’autre mots, ils investissent leurs ressources dans les mauvais produits. La baisse artificielle des taux d’intérêt peut aussi faire paraitre plus rentables des activités qui ne seraient pas rentables au taux du marché et elle encourage aussi la spéculation. Les banques aussi, en se retrouvant avec beaucoup plus d’argent à prêter, sont portées à réduire leurs exigences pour les prêts et prendre plus de risques. Avec les consommateurs et les entrepreneurs qui s’endettent et consomment en même temps, un boum s’installe. Le party commence. C’est là que des bulles commencent à se former dans certains secteurs. Les bulles sont tout simplement de l’activité économique qui a lieu dans un secteur en particulier qui n’aurait pas été profitable sans le boum. Puisque le boum est artificiel et insoutenable, lorsqu’il finit, les bulles éclatent.

Pourquoi les boums sont-ils insoutenables?

Lorsque la banque centrale fait baisser les taux d’intérêts artificiellement en injectant de l’argent neuf dans l’économie, plusieurs choses se produisent. Tout d’abord la demande de crédit augmente puisque les taux sont bas. Puisque le marché est à la base autorégulateur (malgré ce qu’en pensent certains), cette augmentation devrait pousser le taux d’intérêt à la hausse. Si la banque centrale continue à pomper de l’argent dans l’économie pour maintenir le taux d’intérêt artificiellement bas, c’est comme retenir un ballon sous l’eau. Aussitôt qu’on le relâche, il remonte violemment vers la surface. Or les dirigeants de la banque centrale sont très conscients qu’au fur et à mesure qu’ils injectent de l’argent neuf dans l’économie, la valeur de l’unité monétaire est diluée parce que la quantité de biens disponibles dans l’économie n’a pas augmenté en conséquent. Les prix commencent à grimper, particulièrement dans les secteurs de l’économie où il y a surchauffe grâce au boum. Alors pour maintenir le « contrôle » de cette inflation, la banque centrale doit éventuellement freiner son expansion pour éviter une inflation trop rapide des prix. Et le ballon remonte. Malheureusement, il remonte trop vite et la demande de crédit nécessaire à soutenir le boum ne s’ajuste pas immédiatement. Nous avons donc une crise de crédit. C’est la même chose quand on essaie de maintenir le prix d’une marchandise trop bas. Ça crée une pénurie. Lorsque la banque centrale cesse d’imprimer de l’argent, les banques doivent recommencer à prêter à partir de l’épargne accumulée dans leurs comptes, au lieu de l’argent neuf. Sauf que les réserves d’épargne sont sévèrement diminuées parce que les consommateurs n’épargnaient pas, ils étaient stimulés à dépenser par les taux maintenus artificiellement bas. Nous constatons donc maintenant toute la bêtise du contrôle des taux d’intérêt par les banques centrales et du système de monnaie fiduciaire qui crée de l’argent à partir de rien. Les banques n’ayant plus d’argent à prêter, serrent la vis et les activités qui dépendaient de l’abondance du crédit se retrouvent sans financement. Le party est fini, on retourne sur terre. C’est la récession.

La récession

Si on en croit les théorie de Lord Keynes, les récessions sont causées par une baisse de la consommation aggrégée, due au manque de confiance des consommateurs et des investisseurs dans les prospect économiques futurs. Ils paniquent. Pourquoi? Sais pas! Ce doit être « l’esprit animal ». Toujours est-il que pour compenser le manque de dépenses des consommateurs, il faut que le gouvernement dépense pour continuer à faire rouler l’économie. Mis à part le côté ridicule de ce raisonnement. On constate que Keynes ignorait complètement la cause sous-jacente des récessions, et donc prescrivait le mauvais remède. Mais puisque lorsque l’économie va mal, les gens ont tendance à réclamer l’intervention des politiciens et que Keynes leur a envoyé un os en prescrivant une solution qui donnait un rôle au gouvernement, ça ne devrait être une surprise pour personne pourquoi les théories de Keynes sont populaires auprès de la classe politique. Et comme la classe politique contrôle l’éducation, on ne devrait pas s’étonner que ce soit ces théories qui ont la cote dans nos universités. Que Keynes ait été complètement « à côté de la track » n’avait aucune importance. Dites aux pouvoir de l’état ce qu’il veut entendre, et vous serez une vedette. Faites le contraire, et vous serez enterrés.

La réalité, aussi impopulaire soit-elle auprès de la classe politique, c’est que la récession est plutôt ce que j’appellerais « la revanche du marché » qui nous punit pour nos excès. Loin d’être la panique causée par un esprit animal irrationnel, c’est la tentative naturelle du marché de se ré-équilibrer. Lorsque le boum se termine, les entrepreneur réalisent qu’ils ont mal investi et que cet investissement n’est pas profitable. Si vous faisiez face à ce même choix, vous feriez exactement la même chose. Vous liquidez pour récupérer tout ce que vous pouvez de votre investissement et vous le réinvestissez dans quelque chose de plus profitable. Pour leur part, les consommateurs se retrouvent avec un surplus de dettes et aucune épargne et des paiements d’intérêt plus élevés. Il est donc parfaitement sain et normal qu’ils réduisent leur consommation pendant un certain temps et qu’ils repayent leurs dettes et regarnissent leur compte de banque. Certaines compagnies feront faillite ou feront des compression à cause des pertes qu’elle auront subies en prenant trop de risques pendant le boum et beaucoup de gens perdont leur emploi. Les ressources de ces compagnies en faillite seront récupérées par d’autres qui n’avaient pas pris autant de risques et qui ont continué d’être productive. L’économie se débarasse ainsi de son « bois mort ». Il devrait aussi être apparent à n’importe quelle personne sensée que ce processus doit suivre son cours, si nous voulons que l’économie reparte sur des bases solides, sinon nous ne ferions que balayer la poussière sous le tapis pour qu’elle revienne nous hanter plus tard.

Mais, les banques privées ne font-elle pas partie du libre-marché?

Les banques ont beau être privées, mais leur pouvoir de créer de l’argent leur vient du gouvernement qui leur en a attribué le monopole. Dans le billet « La fraude à grande échelle », nous avons vu comment les gouvernements ont sanctionné et légalisé la fraude qu’est le système de réserve fractionnaire, mais en instituant une banque centrale et en lui donnant le pouvoir exclusif d’émettre des billets de banques, et en forçant les autres banques à y déposer leurs réserves, comme c’est le cas à la Réserve Fédérale américaine, on leur a conféré la faculté de faire de l’expansion monétaire de concert avec toutes les autres banques. De facto, elles forment un oligopole protégé par l’état et dans le cas de la Fed, qui n’a aucune supervision provenant des autres branches du gouvernement. Imaginez le pouvoir que ces banquiers tiennent dans leurs mains.Croyez-vous un instant qu’ils voudront qu’on leur enlève?

Dans un marché véritablement libre, un tel monopole ne pourrait pas exister. Des banques qui doivent survivre dans un environnement compétitif ne pourraient se permettre des prendre trop de risques sans se rendre vulnérable à ses compétiteurs. Si une banque venait à émettre trop de billets, ses compétiteurs pourraient accumuler ces billets et ensuite exiger de les convertir en or, poussant cette banque vers la faillite si ses réserves sont insuffisantes. C’est pourquoi dans un marché libre, les banque ne feraient guère plus que de servir d’intermédiaire entre les prêteurs (les déposants) et les emprunteurs, empochant une commission, soit la différence entre l’intérêt payé aux déposants et celui chargé aux emprunteurs. Ce serait moins profitable, mais plus sûr.

C’est la nature perverse de notre système bancaire qui crée les cycles de boums et récessions et qui perpétue le cycle, puisque typiquement, aussitôt que l’économie reprend, la banque centrale recommencera à faire de l’expansion monétaire et le cycle reprend de plus belle.

Conclusion

La théorie autrichienne est la seule théorie qui explique de façon logique et cohérente les mécanismes qui causent les cycles de boums et récession. Elle explique comment les boums se produisent et ensuite explique pourquoi il y a baisse de la consommation durant la récession et pourquoi les secteurs des biens capitaux, plus sensibles aux fluctations des taux d’intérêt sont plus touchés que le secteur de la vente au détail. Elle explique également la formation de bulles, ce qu’aucune autre théorie ne peut faire.

Mais si vous cherchez quelque chose d’un peu plus concret à vous mettre sous la dent. Je sais que ceux qui me lisent ici qui ont eu une éducation néoclassique sont friands de données économétriques. Je vais donc vous satisfaire. JC Clement est un fréquent contributeur dans les commentaires sur mon blogue, ce qui est très apprécié. Dans ce billet sur son blogue, il discute de signaux qui peuvent laisser prévoir à l’avance une récession. Un des signaux qu’il mentionne repose sur une interprétation particulière de la courbe des rendements des bons du trésor américain. Cette courbe est basée sur le différentiel entre les taux de bons à long-terme et ceux à court-terme et elle indique la préférence des investisseur soit vers des bons à court-terme, soit vers des bons à plus long termes. Un renversement de cette courbe vers le bas signale un retournement de cette préférence vers les bons à long-terme, ce qui présagent qu’ils cherchent à protéger leurs argent en prévision d’une situation économique incertaine. Historiquement, un tel renversement de la courbe se produit toujours peu de temps avant le début d’une récession. Ils appellent cela la théorie des attentes (Expectations Theory). Par contre, si on interroge les partisans de cette théorie sur le pourquoi et le comment que les investisseurs semblent pressentir l’approche d’une récession pour ainsi brusquement vouloir changer leur préférence vers les bons à long-terme, ils n’ont aucune réponse à vous offrir. « C’est psychologique », m’a dit JC.

Personnellement, je crois qu’il y a toujours une raison qui explique le comportement d’un individu ou un groupe d’individus. L’explication que c’est psychologique ne me satisfait donc pas, justement parce que la psychologie enseigne que tout comportement a une raison, qu’elle soit logique ou non. Or, si on reprend la théorie autrichienne des cycles économiques, on peut trouver une explication plus satisfaisante. En premier lieu, si on s’appuie sur cette théorie autrichienne, il existe un lien direct entre les cycles économiques et les fluctuations du taux directeur de la Fed. Or ce taux a une grande influence sur les taux des bons du trésor à court-terme, puisque pour imprimer de l’argent la Fed doit acheter des bons du trésor (à court-terme, bien sûr), les payant avec de l’argent nouvellement créé. Ceci influence directement le rendement des bons à court-terme. Lorsque la Fed cesse d’acheter des bons du trésor, ou décide de réduire la masse monétaire en les revendant, (comme c’est le cas lorsque la Fed veut freiner une poussée inflationniste) les taux de rendement des bons à court terme diminue et la courbe des rendements s’aplatit et commence à plonger. Voyant cela, un investisseur perspicace peu interpréter cela comme un signal propice à placer son argent à plus long-terme, puisque le rendement à long-terme devient meilleur qu’à court-terme. Ce mouvement complèterait le mouvement descendant de la courbe. Donc le véritable déclencheur du renversement de la courbe serait les transactions d’achat et revente de la Fed sur les bons à court-terme, et non le mystérieux sixième sens des investisseurs. Des preuves? Voilà:

Taux directeur vs Courbe de rendement.

Bel effet miroir n’est-ce pas? Des questions?

Pour les néoclassiques, je vous ai déniché un petit modèle du Dr Robert Murphy. Peut-être qu’il arrivera à vous convaincre.

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Classé dans Actualité, économie, Philippe David

La tragédie grecque

La Grèce et le reste de l’Europe retiennent beaucoup l’attention ces temps-ci. Un signe avant-coureur de ce qui risque de se passer un peu partout dans la monde avant très longtemps. Le plan de sauvetage de la Grèce par l’Allemagne, la Banque centrale européenne et le FMI est ni plus ni moins que du vol de grand chemin qui transfère la richesse des moins nantis vers les grandes banques françaises et allemandes qui étaient les plus gros détenteurs de la dette grecque. Il ne faut pas se leurrer, nous payons tous pour ce sauvetage.

Le problème, c’est que cette solution n’en est pas une. La Grèce n’est pas sortie du bois pour autant. Pour éviter de faire défaut, il leur faut faire des coupes draconiennes dans leur budget, chose que les observateurs doutent fort et augmenter le fardeau fiscal de leurs citoyens qui sont déjà fortement taxés. Assez fortement d’ailleurs pour que les hausses de taxes soient totalement inefficaces, parce que comme l’économiste Arthur Laffer l’a démontré avec sa célèbre courbe, passé un certain point les hausses de taxes causent une diminution des revenus de l’état au lieu de les augmenter. Les grecs ont beau mettre leur pays à feu et à sang, ça ne les aidera pas à sortir de l’impasse. Ils n’arriveront pas à conserver leurs privilèges quoi qu’ils fassent. Dans un an ou deux, le gouvernement grec retournera voir le parlement européen avec le chapeau tendu. Un second sauvetage sera probablement nécessaire pour éviter qu’ils ne soient encore pris en défaut. Mais il est peu probable que le reste de l’Europe puisse les aider cette fois-la. La solution logique serait d’accepter la faillite. Au moins, les banquiers mangeraient leurs bas et les grecs pourraient essayer de reconstruire et s’adapter à la réalité. Ils pourront remercier leurs politiciens de les avoir roulés avec des fausses promesses qui ne pouvaient pas possiblement être tenues.

Pendant ce temps, l’Espagne et le Portugal sont aussi en difficulté et maintenant qu’on a « sauvé » la Grèce, il sera difficile de ne pas faire de même pour eux. Où va s’arrêter la folie? Les États-Unis ne sont pas vraiment en meilleure posture. Leur dette touche maintenant la marque de 94% de leur PIB et ils n’incluent pas les dettes de Fannie Mae et Freddie Mac qui ont été nationalisés et donc sont la responsabilité du trésor américain, ni les dettes actuarielles de la sécurité sociale, de Medicare et Medicaid qui totalisent 60 billions (trillions en anglais). En ajoutant ces obligations, le gouvernement américain aurait une dette qui dépasse 500% de son PIB. C’est beau la comptabilité créative. Contrairement aux pays de la zone Euro, les américains peuvent utiliser la planche à billet pour monétiser leur dette et ils le feront probablement. Dites-moi, qui d’entre vous croit qu’on peut s’enrichir en imprimant de l’argent à partir de rien? Tous les détenteurs de dollars américains vont en souffrir, les plus pauvres en particulier. Parce qu’éventuellement, une dette astronomique remboursée avec l’aide de l’assouplissement quantitatif ne peut aboutir qu’à un résultat: la destruction de la devise.

Certains y voient la fin du capitalisme, mais c’est plutôt la fin des monnaies fiduciaires. Comme dans toutes les autres expériences du passé à tenter de faire fonctionner une économie avec de l’argent de papier créé ex nihilo, comme la monnaie de cartes en Nouvelle France ou les assignats français ou les continentals et les greenbacks américains; cette nouvelle expérience avec ce type de monnaie se soldera par l’échec et l’effondrement. La raison est simple: nous ne pouvons pas remplacer du capital réel créé par l’épargne par de l’argent créé à partir de rien. Cet argent n’ajoute rien à la richesse et au contraire, il ne sert qu’à diluer la richesse qui existe déjà. L’épargne est une fraction de notre production que nous mettons de côté pour consommation future ou pour l’investir. L’argent que les banques produisent à parti de rien est en réalité une dette. Depuis des décennies, nous vivons sous l’illusion que cet argent-dette nous rend plus riches, alors qu’en réalité il nous appauvrit. Ce n’est pas l’économie de marché elle-même qui cause le transfert de richesse des pauvres aux riches, c’est le système de fausse monnaie que nous lui avons greffé et dont le marché pourrait très bien se passer. C’est aussi ce système qui a permis l’apparition de l’état-providence qui en dépend pour financer ses programmes sociaux et sa bureaucratie toujours plus obèse. Lorsque les banques s’effondreront, l’état-providence tombera également, affamé parce qu’aucune quantité de taxation directe ne pourrait le soutenir.

Ceux qui comprennent vraiment le fonctionnement des marchés savent que la stimulation artificielle de l’économie par la création monétaire et la manipulation des taux d’intérêts, sème les graines de sa propre destruction. En 2001, suite à l’éclatement de la bulle Nasdaq, l’économie américaine aurait dû passer à travers une sévère récession. Seulement, George Bush et Alan Greenspan ont refusé de laisser l’économie se réorganiser et ont baissé le taux d’intérêt à 1%. La récession qui aurait dû corriger les marchés à cette époque n’a jamais eu lieu, mais ça n’a fait que pelleter le problème vers l’avant. La nouvelle injection de crédit facile est venue nourrir une nouvelle bulle, la bulle immobilière et cette fois encore, ils ont réduit les taux à 0,25%. Notre classe politique, se reposant sur de dangereux mythes économiques, ne cesse de vouloir essayer de guérir un patient victime d’une overdose en pompant toujours plus de drogue dans son système. Il vient un temps ou la drogue n’a plus d’effet (c’est la fameuse « trappe de liquidité » keynésienne), mais ce qu’ils refusent de comprendre, c’est les dommages qu’ils causent. Comme pour le cas du drogué, les principaux organes commencent à défaillir parce qu’on refuse de laisser le système éliminer le poison. Les gouvernements de ce monde seront bientôt à cours de moyens et l’effondrement est inévitable.

Qu’est-ce qui viendra par la suite est un mystère. Certains semblent croire qu’une dictature mondiale émergera de l’effondrement du système actuel. J’espère sincèrement que ce ne sera pas le cas. Tous ceux et celles qui désirent rester maitres de leur destinée ont tout intérêt à combattre cette éventualité. Comme le soulignait Lord Acton, le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument. Les dictature sont rarement des havres de liberté.

Ne soyez pas si surpris par ma dénonciation dans ce billet. Le système monétaire et bancaire actuel sont la plus grande fraude jamais perpétrée dans l’histoire et aucun libertarien qui se respecte ne soutient ce système. Ron Paul n’est-il pas le fer de lance du mouvement pour abolir la Réserve Fédérale américaine? Ce système n’a rien à voir avec un marché libre et tout à voir avec une économie planifiée. L’effondrement qui vient ne sera pas le résultat d’un capitalisme sauvage, mais de près d’un siècle de planification centrale monétaire et d’inflation monétaire à outrance.

Pour ceux qui ont une affinité avec la langue de Shakespeare, je vous suggère de regarder ce documentaire et abandonner vos lunettes roses.

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Classé dans Actualité, économie, Philippe David

Vive la monnaie libre!

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Philippe David, publié sur le Minarchiste Québécois

Bon voilà le moment venu de discuter de monnaie. Dans mon billet «La destruction de la richesse», je vous ai montré les effets néfastes de l’inflation et comment cette inflation est responsable du cycle économique de boums et de récessions. Cette situation n’est pas inhérente au libre-marché, mais c’est plutôt l’intervention étatique dans la production de la monnaie qui est à blâmer. Nos problèmes actuels viennent en réalité de deux sources: le système bancaire avec banque centrale et réserves fractionnaires et la monnaie fiduciaire. Je me propose donc d’élaborer un peu sur le sujet.

L’argent et la richesse.

Il y a un sophisme économique persistant qui veut que plus on a d’argent, plus on est riche. C’est peut-être vrai du point de vue d’un individu en particulier (et encore!), mais c’est faux à l’échelle d’une économie. Dans une économie, la richesse provient de la quantité de biens produits et non de la quantité d’argent en circulation. Il est donc important de se souvenir que la masse monétaire ne devrait jamais être plus grande que la production de l’économie. Imprimer de l’argent ne produit pas de richesse. Si c’était si simple, il y a longtemps qu’on aurait éliminé la pauvreté.

Les banques centrales et les réserves fractionnaires.

Je ne tiens pas à me lancer dans des explications trop élaborées de notre système bancaire. Je vais donc essayer de me limiter à l’essentiel. Le principe de réserve fractionnaire veut dire que pour chaque dépôt, la banque peut prêter une partie ou la totalité de l’argent déposé sous forme de prêt. Par exemple, aux États-Unis, les banques doivent maintenir une réserve minimum de 10%, ce qui veut dire que pour un dépôt de $100, la banque peut prêter $90, tout en gardant votre dépôt original de $100 dans ses livres. Si la banque prête ces $90 à une autre banque, celle-ci peut également prêter 90% de cet argent, et ainsi de suite. Ce qui veut dire que chaque dépôt de $100 peut « créer » jusqu’à $1000 de crédit à partir de rien.

Avec la banque centrale comme chef d’orchestre, les banques forment un cartel qui détient le monopole de la création d’argent dans une zone monétaire donnée, avec le concours de l’état. Ce système permet une expansion monétaire coordonnée entre les banques.

La monnaie fiduciaire.

Depuis l’abandon de l’étalon-or par les États-Unis en 1971, toutes les monnaies sont fiduciaires. C’est à dire que leur valeur repose strictement sur la confiance envers l’émetteur de cette monnaie, en l’occurence le gouvernement. Le papier-monnaie n’a aucune valeur intrinsèque. Le problème avec ce concept, est qu’il impose très peu de limites sur la capacité d’un gouvernement à imprimer de la monnaie, alors qu’avec une contrepartie métallique, le gouvernement doit maintenir des réserves suffisantes de ce métal, ce qui a tendance à mettre un frein à la production monétaire. Le graphique ci-dessous illustre la croissance de la masse monétaire aux États-Unis depuis 1960. Notez comment l’expansion monétaire s’accentue depuis 1970 alors qu’elle était pratiquement plate avant.

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C’est juste pour démontrer l’effet limiteur de l’étalon-or sur la création de monnaie. Il y a dans l’histoire plusieurs expériences qui ont été tentées d’introduire une monnaie fiduciaire en papier, que ce soit la monnaie de carte de la Nouvelle-France ou les assignats et la monnaie de John Law en France, pour n’en nommer que quelques unes, elles se sont toutes soldées par des désastres économiques. Naturellement, ceux qui n’apprennent rien de l’histoire sont condamnés à la répéter. Alors qu’est-ce qui nous fait croire qu’on évitera le désastre ce coup-ci?

Des alternatives?

Sachant que la monnaie fiduciaire et les banques centrales sont à la racine du problème, c’est évident que nous devons revenir à une monnaie qui est plus solide, abolir les banques centrales et désétatiser la monnaie. Lorsque je mentionne ça dans des discussions, des rigolos me lancent « c’est ça! on va retourner au troc! ». Si c’était maintenant votre intention, laissez-moi vous dire que c’est une réflexion totalement ignorante et stupide. Réformer le système monétaire ne signifie pas un retour au troc! Et une monnaie qui n’est pas contrôlée par l’état n’est pas nécessairement moins fiable, car croyez-le ou non, ce n’est pas l’état qui a inventé l’utilisation de la monnaie, mais les gros méchants capitalistes et le libre-marché. L’état, y voyant un certain avantage, a tout simplement utilisé son pouvoir pour s’en attribuer le monopole, mais ce n’est pas pour votre plus grand bien, mais plutôt celui de la classe politique. Rappelez-vous aussi qu’au Canada, il n’y avait pas de banque centrale avant 1934. Que diable faisions-nous avant !?! Échanger des fourrures? Non, nous utilisions des notes émises par nos banques et convertibles en or ou en argent.

Pourquoi un système bancaire libre?

Croyez-le ou non, un des problèmes du système actuel est que les banques bénificient de trop de protection de l’état, ce qui leur permet de prendre plus de risques. Par exemple, le fait que vos dépots à la banque soient assurés par le gouvernement permet aux banque de maintenir une moins grande réserve, puisqu’elles n’ont plus à craindre de ruées. Sans cette protection, les banques devraient maintenir une réserve plus grande pour pallier une panique des déposants. Un dirigeant de banque y pense deux fois avant de se risquer à faire trop de prêts ou faire des prêts à risque si l’état n’est pas là pour le protéger de la faillite. Les banques seraient responsables des notes qu’elles émettent, elles auraient donc un intérêt à la prudence. De plus, sans banque centrale, les banques ne peuvent plus créer du crédit de façon coordonnée. Si une banque individuelle fait une expansion de crédit trop forte, elle devient vulnérable à ses compétiteurs qui peuvent démarrer une ruée sur cette banque.

Les économistes de l’école autrichienne sont pour la plupart, en faveur d’une monnaie étalonnée avec des banque qui maintiennent une réserve à 100%. C’est à dire qu’elle ne peuvent prêter que l’argent qu’elles reçoivent sous forme de dépôt à terme. Ce ne serait pas dans l’esprit libertarien d’imposer ceci par règlementation par contre, alors on se fierait aux forces du marché. Il est évident que dans un marché libre, je ne déposerais mon argent que dans une banque à 100% de réserve. Présumément, la majorité des gens feraient de même.

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C’est la fin de la récession (!?!) ;-)

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Ceux qui ont dénié jusqu’en septembre 2008 que nous étions en récession et qui disaient ne pas l’avoir vu venir, nous assurent maintenant que la récession touche à sa fin. Alors ne paniquez pas, vous pouvez maintenant respirer, recommencer à aller magasiner et dépenser de l’argent que vous n’avez pas. Endettez-vous, nom de Dieu. Soyez patriotes. Dans un système de Ponzi basé sur la création de l’argent en tant que dette, nous avons toujours besoin de plus de dettes pour que ce système puisse continuer de fonctionner. Comme toute bonne arnaque financière pyramidale. Mais cette fois, nous en avons fait notre nouveau Dieu. L’argent. Celui qui ne vaut plus rien et qui est basé sur rien de valeur ou de tangible, qui plus est. On y reviendra plus loin.

Ainsi donc, au Canada, les canaris de la Banque du Canada se sont mis à chanter à qui veut l’entendre que l’économie canadienne est voie de sortir de la récession dès cet automne. J’aimerais bien y croire. Mais le problème est qu’une économie ne se relève pas tant qu’il n’y a pas création d’emplois, donc plus de travailleurs qui gagnent de l’argent qu’ils peuvent ensuite dépenser, payer des impôts et faire rouler l’économie réelle locale. Nous vivons la pire récession depuis la Deuxième guerre mondiale, coutant aux Canadiens plus de 369 000 emplois et anéantissant presque $40 milliards en valeur immobilière et boursières (1.3 trillion pour les Américains), sans compter le profond déficit budgétaire de $172 milliards sur les 5 prochaines années que le gouvernement Harper vient de nous creuser pour «sauver» l’économie en transférant notre argent à des banques privées (pour qu’elles puissent aller acheter d’autres banques en difficultés aux États-Unis et vous prêter votre argent avec intérêts!) et des compagnies sur l’assistance sociale comme General Motors. Il s’agit de la plus sérieuse crise de la dette publique dans l’histoire du Canada. Dire qu’on se permet quand même des investissements de cinq milliards de dollars dans le secteur de la défense, tel que dévoilé par le ministre Peter Mackay le 8 juillet dernier, comme si c’était une priorité financière pour le peuple canadien.

Aux États-Unis, Ben Bernanke, le patron de la banque centrale privée nommée la Federal Reserve, parle de «pousses vertes» et de possiblement de chants de sirènes. Des pousses vertes, c’est joli, mais encore là, il faudrait bien s’assurer que vue de proche, elles ne soient pas d’une autre couleur. En juin, 465 000 emplois furent perdus et le nombre d’heures travaillées chute pareillement à la période de chute libre de l’économie d’octobre à avril dernier. Les taux de chômage dépassent les 10% en moyenne à l’échelle du pays et jusqu’à 15% dans certains états comme celui du Michigan. Les magasins ferment partout, faute de consommateurs. Des plans pour bulldozer des villes ou des parties d’elles sont élaborés dans le but d’arrêter la perte de valeur des hypothèques des autres maisons, protégeant ainsi encore une fois les institutions financières qui sont prises avec ces centaines de milliers de reprises de finance.

La grande contraction du crédit va commencer et le système ne va pas s’effondrer, il va s’évaporer. Le prospect de voir toutes les banques fermer pour une certaine période de temps se pointe à l’horizon, possiblement à l’automne, évoquant la mesure prise par Franklin Roosevelt qui déclara un «bank holiday» durant la Grande dépression de 1929, un jour férié pour les banques pour éviter l’effondrement du système financier tout entier. L’accès au crédit s’évapore. Les emplois et les revenus s’évaporent, qui en retour causent la perte de valeur des propriétés. Ensuite, la valeur réelle s’évapore au moment même où les plans de sauvetage pour les larges corporations ou individus lancent de l’argent dans un trou noir et l’allume en feu. Ceci résulte en l’évaporation des revenus du gouvernement en parallèle avec l’augmentation de ses dépenses, qui mène à une explosion exponentielle des déficits budgétaires. Cela fait paraitre les poussent vertes pour des racines rouges.

Ce serait une bien terrible erreur que de confondre la solvabilité temporaire du secteur financier – achevée à grands coups d’assouplissement quantitatif et par l’appropriation massive d’argent public –  et la santé à long terme de nos économies. La seule chose qui s’est réellement passée est un massif transfert des obligations des banques privées vers le public avec des dettes montantes pour les générations futures. Un baume temporaire qui ne fait que repousser l’inévitable écroulement du système financier et du système fractionnaire bancaire basé sur la dette. Un tiers des emplois du secteur manufacturier ont disparus en une décennie et cela ne manquera pas d’alimenter ces pousses vertes qui se nourrissent d’encre rouge. Même les gros joueurs tels que Warren Buffett ne voit pas de nouvelles pousses à l’horizon, que des herbes jaunes. C’est que dans le désert, n’importe quoi a l’air de pousses vertes, nous disent ces économistes et experts; et le prix du baril de pétrole qui tend à la hausse risque de les anéantir. Est-ce pour cela que les géants de la finance tels que JP Morgan Chase ont commencé à emmagasiner des réserves de pétrole? Et avec l’argent de qui?

La Californie qui a un plus gros PIB à elle seule que la Russie, le Brésil, le Canada ou l’Inde, est en train de faire banqueroute et de s’effondrer. Si cet effondrement ne peut être évité en Californie, avec sa plus grande population et base manufacturière des États-Unis, le reste du pays va inéluctablement suivre. L’activité économique dans le secteur manufacturier est en déclin depuis 16 mois consécutif.

Serait-ce qu’on manipule les marchés boursiers pour faire croire aux petits investisseurs que l’économie va mieux dans le but de les faire réinvestir leurs dernières billes dans le système avant que le tout ne s’écroule de nouveau, pour ainsi minimiser leurs pertes encourus depuis le début de la crise en revendant rapidement leurs titres momentanément artificiellement surévalués? C’est qu’il ne faut pas oublier que la plus grande des bulles financières de l’histoire n’a pas encore véritablement éclatée, celle du marché des produits dérivés qui totalise environ 700 000 milliards de dollars selon la Banque des règlements internationaux (BRI), de quoi faire réfléchir quand on sait que la valeur totale de tous les marchés boursiers du monde ne dépassent pas les 50 000$ milliards, selon la World Federation of Exchanges.

Le rapport du LEAP/E20202 prévoit que l’Angleterre et les États-Unis pourrait faire défaut de paiement sur leurs dettes publiques dès la fin de l’été. Le groupe anticipe une massive vague de chômage qui va continuer de frapper l’Amérique, l’Europe, l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique; une série de banqueroutes de compagnies, banques, provinces et états, municipalités et dans le secteur immobilier, et une vague terminale de la crise du dollar US, des US Treasury Bonds et le retour de l’inflation. Même les normalement très polis et respectueux Chinois ont rit en plein visage du secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner, alors qu’il essayait de les rassurer à propos de la sécurité de leurs investissements et financement de la dette des États-Unis. Plusieurs pays commencent à songer à diversifier leur investissement loin de l’économie et du dollar américain, comme le Brésil, la Chine, la Russie, le Japon, quitte à créer une nouvelle monnaie internationale comme celle annoncée et présentée par le président russe Dmitry Medvedev lors du dernier sommet du G8.

Comment les blâmer? La Fed s’est enfoncée dans un trou financier gigantesque d’environ 13.9 trillions de dollars sur le dos des payeurs de taxes américains pour financer ses plans de sauvetage de l’économie en moins d’un an (Rapport financier de la FDIC en PDF). Cela a eu pour effet de doubler la dette extérieure des États-Unis en moins d’un an! Sous l’administration Obama, cette dette nationale risque fortement de doubler encore, selon leurs propres projections.

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Imaginez maintenant que les taux d’intérêts doublent eux aussi – pas difficile puisqu’ils sont si bas – et voyez ce qu’il adviendra de la capacité de rembourser des États-Unis et de leur conséquente solvabilité. Ce n’est que la pointe de l’iceberg, puisque le montant total des dettes américaines, incluant celles des entreprises, des particuliers, des états et municipalités, des cartes de crédit et hypothèques et autres, pourrait se chiffrer dans les centaines de trillions de dollars.

Le dernier facteur à prendre en compte est l’érosion phénoménale du pourvoir d’achat du dollar américain. À force de créer de l’argent en terme de crédit, on fini par doubler plusieurs fois la masse monétaire et conséquemment nait l’inflation qui est due à la dépréciation équivalente de chaque dollar de plus en circulation. Ainsi, cette charte ci-bas vous montre ce qu’on voudrait que vous ne voyiez pas: le pouvoir d’achat du dollar sur les 76 dernières années a décliné de 94%. Situation identique pour le dollar canadien. Et au rythme avec lequel nos gouvernements dépensent, en combinaison avec nos politiques financières et monétaires actuelles, nous risquons de perdre un autre 94%, mais en 76 mois cette fois-ci. (Source)

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Alors, la prochaine fois que vous entendrez que l’économie est en train de sortir de la récession, vous pourrez peut-être vous permettre de vous esclaffer et demander l’économie de quelle minorité s’améliore; parce que pour la grande majorité de la population, si on se sort de la récession, c’est surement parce que nous sommes en train d’entrer en dépression!

😉

François Marginean

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