Archives de Tag: référendum

Les partis politiques comme freins à la démocratie

Par Renart Léveillé

Ce que la crise au Parti Québécois a bien fait ressortir, ce sont les problèmes qui viennent avec les partis politiques et la question de la ligne du parti. Encore plus avec un parti comme le PQ où ce qui cimente les membres est le parti-pris pour la souveraineté du Québec. Alors, il est bien normal qu’à tous les autres sujets ils ne fassent pas bloc (sans jeu de mots…).

Parce qu’un parti, quel qu’il soit, reste une difficile tentative d’équilibre entre des individus dissemblables, malgré les points de convergences. Et le fait de son système hiérarchique n’est pas sans ajouter au problème. L’opinion d’un chef de parti est toujours possiblement discutable et c’est à sa discrétion d’en discuter ouvertement, voilà dans quoi se plongent ces femmes et ces hommes chez qui l’opinion est aussi importante (cela va de soi).

Alors, amusons-nous à détruire les partis politiques pour qu’il ne reste que des députés indépendants. À la place des partis, il pourrait y avoir des coalitions, destinées surtout à afficher les couleurs des candidats lors des élections. Ensuite, les députés seraient évidemment libres de voter lors des travaux et de se regrouper à leur guise selon leurs affinités, selon les questions soulevées.

Et j’y pense, pourquoi ne pas aussi abolir le poste de chef du gouvernement? De toute façon, comme partout, il y aura des députés qui réussiront à se démarquer pour être des meneurs pendant de courtes ou de longues périodes, selon les sujets. Et les élections se tiendraient à date fixe, bien sûr. Sans oublier qu’il faudrait que les coûts qui touchent à tout le processus démocratique soient partagés par tous, donc du domaine public.

Pour ce qui est de la finalité du processus de votation des lois, c’est là où la démocratie directe entrerait en jeu. Le peuple ferait office de Sénat. Chaque loi à adopter aurait à passer par un référendum. Et bien sûr, le processus devrait reposer sur une utilisation judicieuse, rapide, peu coûteuse et sécuritaire de la technologie (et tout citoyen devrait pouvoir exercer son droit de vote; donc, le gouvernement devrait aider le plus possible les analphabètes du numérique). Le pourcentage de participation ne serait pas important dans le sens où la décision appartiendrait à ceux qui se sont donné la peine d’y participer (et donc de s’y intéresser assez pour vouloir y participer — il n’y a pas très loin aussi l’idée du permis de voter). Ce qui de toute façon devrait être la même chose pour ce qui est des élections…

Je n’entrerai pas dans les détails du fonctionnement d’un tel gouvernement, cela donnerait un bouquin et le temps me manque, mais je crois que les talents des députés élus pourraient être mis à contribution de la meilleure manière possible par un processus hautement démocratique. Il me semble qu’un gouvernement de la sorte travaillerait pour (et avec) le peuple. Il me semble aussi que l’opportunisme n’y ferait pas son nid, comme on le voit actuellement.

Si la politique est le royaume du possible et n’a pas toute évacué sa part de créativité, il devrait être concevable de faire évoluer le système qui supporte la pratique, et ce, en phase avec les perspectives actuelles. La crise au Parti Québécois n’est qu’un symptôme du cynisme qui est aussi une crise en soi. C’est la preuve qu’il faut que les choses changent radicalement.

Je ne veux lire personne me dire que c’est impossible, puisque l’impossible est le dernier retranchement du cynisme.

(Photo : mcgraths)

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Canada : Parti Conservateur – Québec : Nouveau Parti Démocratique

Par Renart Léveillé

(Ce billet a été publié originalement sur mon blogue vers la fin de la soirée électorale. Une mise à jour suivra.)

Je suis évidemment très déçu des résultats de cette dernière élection fédérale avec cette majorité conservatrice. Et le scénario de la chute du Bloc, que je craignais depuis la précédente élection, est avéré.

Par contre, pour un souverainiste comme moi, cela ressemble à quelque chose comme des conditions gagnantes. Le Québec est balayé par la victoire du NPD, qui est sans conteste un parti de gauche, contrairement au Bloc, qui, parce qu’il était centré sur la souveraineté, pouvait quand même accueillir le vote de droite. Et le Canada, plutôt le ROC, a donné majoritairement sa confiance à un parti manifestement à droite.

Dans le fond, nous étions mieux servis avec le Bloc (peut-être trop d’ailleurs…) que nous le serons avec le NPD centralisateur, bien que de gauche. Cela nous donnera plus de raisons de remettre en question ce grand pays qui semblera de moins en moins fait pour nous.

Non, malgré ce que pensent certains fédéralistes québécois, cette élection n’est pas un référendum contre la souveraineté…

(Mise à jour)

L’histoire de Ruth Ellen Brosseau, candidate-poteau pour le NPD, donne à penser que l’exercice démocratique peut vraiment surprendre et surtout, démontre les ratés de notre système.

Pour ce qui est du parlementarisme, ce n’est pas bien difficile à voir, juste quand on compare les résultats de cette élection avec ce à quoi ils ressembleraient avec un système de style proportionnel (pour aller au plus simple, les Conservateurs ne seraient pas majoritaires). Aussi, il est bien évident qu’on a ici le pire cas de montée d’un parti en raison du culte du chef, où le lien candidat-comté est des plus absurdes (du genre de téléreporter une candidate unilingue anglophone dans un comté très francophone et de la voir se faire élire…).

Et c’est notre bon fédéralisme qui permet tout ça…

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Abstention, proportionnelle, coalition, etc.

Par Renart Léveillé

Cyberpresse publiait un texte d’opinion de François Geoffroy, professeur de littérature au collège Montmorency, ayant pour titre : « Pourquoi je n’irai pas voter ».

Il fait à sa façon la démonstration que chaque vote n’a pas le même poids :

Les dernières élections fédérales ont démontré par l’absurde les limites du système actuel. Le Bloc, avec 1 379 565 voix, y a remporté 49 sièges. Les Verts, avec 940 747 voix… aucun.

Bien que je sois très d’accord avec l’utilisation de l’adjectif « absurde », ce qu’il oublie dans son calcul, concernant le Bloc, c’est que ce parti n’a de candidats qu’au Québec, ce qui multiplie quand même sa représentativité. Avec un taux de participation de 59,1%, 1 379 565 voix au Québec, c’est autrement plus représentatif que les résultats des Verts au Canada. Comme on dit, ne comparons pas des pommes avec des oranges…

Sinon, il est bien vrai que notre système fait des laissés pour compte comme les électeurs du Parti Vert. Mais son texte, malgré son propos abstentionniste, me semble seulement un bon argumentaire pour un système proportionnel. Et, à la place de « rejoindre le rang des désabusés », il serait beaucoup plus constructif, par exemple, de se faire le chantre dudit changement de système et de quand même se déplacer pour « envoyer annuellement à peu près la valeur d’un timbre-poste en financement public au parti de [s]on choix ». En tout cas, ça serait clairement moins défaitiste. Ce défaitisme qui tient beaucoup trop lieu de conscience politique, par les temps qui courent.

Alors, qu’est-ce que ce serait si tous les citoyens (un peu d’utopisme ici) talonnaient tous les partis politiques quant à leur position sur un changement de votation pour un système de style proportionnel? (Un référendum sur la question? Oups! désolé, n’importe quoi sauf un référendum… Pourquoi? Parce que.) En plus, ça serait une bonne cause pour rejoindre les gens qui ne votent plus, par dégoût du système, comme ceux que je décris plus haut. Mais bon, quand le cynisme aigu a bien grugé un citoyen, il est bien difficile d’espérer une guérison… à moins que…

Et puis, question de continuer sur la lancée d’une évolution du système, juste l’idée d’accepter comme légitime (par tout le monde) la gouvernance par coalition serait déjà un bon début. Parce qu’il faut le rappeler, une coalition n’est pas une invention du diable… Personnellement, j’espère qu’un hypothétique gouvernement minoritaire conservateur se transformera assez rapidement en un gouvernement de coalition, et qu’il donnera de bons résultats (en tout cas, question représentativité, c’est déjà un pas en avant). Et surtout, qu’il durera.

À partir de là, tout est possible. Pourquoi pas une concertation des partis en coalition pour un système proportionnel? (Étant donné que personne n’est en situation majoritaire, ce qui on le sait, tend à refroidir les ardeurs pour le changement — s’il faut le rappeler, un gouvernement majoritaire a rarement la majorité des votes.) Et, bien sûr, un retour de François Geoffroy au bureau de scrutin aux prochaines élections!

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Le syndrome du larbin et la révolution islandaise

Par Renart Léveillé

Deux trucs inédits pour moi voilà quelques heures encore, et que je me dois d’imprimer ici. À défaut d’être journaliste, et donc seulement blogueur (et d’aimer adorablement ce passe-temps ingrat), je peux au moins faire ça…

Le syndrome du larbin

Définition sommaire :


Chez un individu, le syndrome du larbin est un comportement pathologique visant à prendre systématiquement la défense des classes les plus favorisées au détriment de celles dont il est issu. Ce syndrome diminue les capacités d’analyse du larbin et se traduit par un blocage psychologique l’incitant à agir préférentiellement contre ses propres intérêts au profit de ceux qui l’exploitent.

Ne vous lancez pas sur votre téléphone pour conseiller à votre beau-frère un bon psychologue, c’est plus humoristique que sérieux, même s’il semble exister de véritables cas de ce syndrome. Il ne manque qu’un scientifique pour s’y pencher, mais je doute fort qu’il reçoive des subventions privées ou gouvernementales, alors c’est déjà mort dans l’oeuf…

En fait, si c’était vrai, ou plutôt avéré, la presque totalité des gens penchants à droite en serait, étant donné qu’il y a un très petit pourcentage de droitistes très riches. Mais je ne passerai pas trop de temps là-dessus, parce que dans le fond, ce sujet est seulement un clin d’oeil pour introduire le prochain.

La révolution islandaise

Visiblement, la population islandaise aurait un taux de syndrome du larbin assez bas si on regarde ce qui s’y passe depuis 2008.

C’est vraiment une histoire incroyable et pourtant, il n’y a vraiment pas eu beaucoup d’écho depuis ce qu’on a appelé « la révolution des casseroles », que relatait Le Figaro le 4 février 2009 :

Le tintamarre des casseroles et des poêles à frire, chaque samedi devant le Parlement, a fini par avoir raison du premier ministre islandais […] Geir Haarde, chef d’un Parti conservateur qui dominait la scène islandaise depuis l’indépendance du pays en 1944 […] Mais la «révolution des casseroles», comme on l’appelle à Reykjavik, n’est pas terminée : ce samedi, pour la 17e fois depuis le début de la crise [financière] en octobre, ils étaient encore plusieurs centaines à crier leur colère. «Rendez-nous notre argent !», proclament des pancartes. «On veut de nouvelles têtes dans les banques et au gouvernement » […]

Une coalition de partis de gauche ainsi qu’une première femme au poste de premier ministre, Jóhanna Sigurðardóttir, ont été portées au pouvoir, mais assez rapidement, le peuple a pris les choses en main en refusant par référendum à 93% le remboursement de la dette et en élisant une Assemblée citoyenne chargée de rédiger une nouvelle constitution (« Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif. »). Leurs travaux commenceront en février pour se terminer à la fin du printemps.

Le reste de l’Histoire est à écrire.

*

Avouez que c’est assez inspirant! C’est quelques crans au-dessus d’une pétition demandant la démission de notre premier ministre John James Charest, quand même… (Ce n’est surtout pas pour dénigrer la chose, si seulement c’est le début de quelque chose de plus vaste, espérons-le!)

Voilà la preuve qu’il y a plus grand et plus profond que la démocratie comme on la voit théoriquement. Les supposés chiens de garde de cette démocratie molle sont apathiques, il n’en tient qu’à moi, qu’à vous, citoyens, d’y fouetter les sangs!

Voilà mon humble contribution. Ne vous gênez surtout pas pour faire suivre.

*

(Merci à Eric Bondo de m’avoir pointé ces sujets.)

 

(Peinture : Pierre Marcel, « Bringing democraty », Acrylique sur toile, 150 x 150 cm, France 2001.)

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Le Québec: déjà un pays souverain?

@tomick

Beaucoup de gens travaillent pour que le Québec retrouve sa souveraineté et son indépendance. Cela fait des années que nous y pensons, que nous tenons des référendums, qu’on se plaint que rien ne bouge et que nous sommes coincés dans le Canada. Et si c’était déjà fait?

Quelle serait votre réaction si vous appreniez que le Québec était déjà un pays souverain et indépendant, tout comme le reste des autres provinces du Canada? J’ai pris un bon moment avant de vous présenter ces informations, questions de faire mes propres recherches et de les vérifier. J’ai maintenant suffisamment de raisons et de sources pour croire que cela est bel et bien le cas. Il semble aussi que René Lévesque était au courant de cette situation constitutionnelle qui existe au Canada. Je ne peux confirmer à 100% qu’il est bien reçu cette lettre que j’ai traduite ci-bas (j’aimerais bien avoir de vos nouvelles si vous en savez quoique ce soit), mais comme je disais précédemment, les informations contenues dans cette lettre de Walter F. Kuhl à René Lévesque après sa victoire aux élections du 15 novembre 1976 sont véritables. Se pourrait-il que le Parti Québécois ne nous ai jamais mis au parfum du réel statu souverain du Québec?

Selon le meilleur de mes recherches et analyses, nous sommes effectivement déjà un pays souverain et indépendant depuis le 11 décembre 1931. Et si on se mettait à la tâche pour vraiment vérifier toutes ces informations ensemble, à l’aide d’experts dans le domaine pour qu’on en ait le coeur net? Cela nous éviterait bien des problèmes, n’est-ce pas!

Vive le Québec libre!

François Marginean

(Image de @tomick)

*****

Spruce Grove, Alta., R.R. I,
23 novembre 1976
The Hon. René Lévesque,
Premier ministre élu,
Province du Québec,
Québec, P.Q.

Cher M. Lévesque:

Félicitations pour votre magnifique victoire personnelle et pour votre Parti Québécois dans les récentes élections au Québec.

En tant qu’étudiant de l’histoire constitutionnelle du Canada et des problèmes constitutionnels canadiens depuis quelque 40 ans, je suis énormément intéressé aux implications constitutionnelles de votre récente victoire politique.

Depuis 14 ans, soit de 1935 à 1949, il a été mon privilège de servir comme membre de la Chambre des Communes, de l’Alberta.

Le refus de consentement à certaines législations albertaines ces dernières années de la part du Lieutenant-Gouverneur et le désaveu d’autres législations par les gens à Ottawa, m’ont poussé à enquêter comment ces choses pouvaient exister. J’ai été assisté dans mes études par R. Rogers Smith, qui connaissait personnellement le secrétaire personnel de John A. MacDonald au moment où le British North America Act (B.N.A. Act) a été adopté. À travers cette source, je suis devenu familier avec beaucoup d’informations concernant l’histoire du B.N.A. Act qui ne se retrouvent pas dans les livres.

Toute cette information m’a mené à la conclusion que les circonstances constitutionnelles qui existent sont incroyablement choquantes à ne pas y croire. Cependant, de ma meilleure opinion, après 40 ans d’étude intensive, ces circonstances constitutionnelles existantes sont d’une nature à vous être extrêmement avantageuses pour vous dans votre gouvernance de votre province.

Je joins des copies de certaines de mes allocutions à la Chambre des Communes à ce sujet, ainsi que des copies de pamphlets de M. Smith, se rapportant au même sujet. Si vous n’êtes pas déjà familier avec ce matériel, j’ai confiance qu’il s’avèrera éclairant et d’une bonne aide dans les considérations constitutionnelles dans lesquelles vous allez évidemment être impliqué.

Bien que le matériel ci-joint devrait vous donner un clair aperçu de ce que je conçois être votre présente position constitutionnelle comme province, je voudrais vous présenter un bref sommaire de ce que je crois être votre présente position.

En ce qui concerne la séparation, au lieu d’avoir la nécessité de chercher les droits à la séparation à travers un référendum, LA PROVINCE DU QUÉBEC EST DÉJÀ COMPLÈTEMENT SÉPARÉE CONSTITUTIONNELLEMENT DU RESTE DU CANADA!!!! Ceci est aussi vrai pour les autres provinces du Canada, et ce, depuis le 11 décembre 1931, par décret du Statute of Westminster.

COMMENT POUVEZ-VOUS ÊTRE DIVORCÉ SI VOUS N’AVEZ JAMAIS ÉTÉ MARIÉ?

En d’autres mots, depuis la promulgation du Statute of Westminster en 1931 par le gouvernement britannique, chaque province du Canada se trouve à être un État souverain et indépendant, et parce que les provinces n’ont jamais rien signé depuis constituant une Union fédérale et d’un gouvernement fédéral, et parce qu’aucun traité n’a jamais été ratifié par le peuple du Canada, les provinces continuent d’avoir le statu d’entités souveraines ainsi que le privilège d’en faire usage à leur guise.

Comme vous le remarquerez d’après les allocutions ci-jointes, je cite d’éminentes autorités en constitution canadienne pour suggérer que la seule et logique solution aux circonstances constitutionnelles existantes est la rédaction et l’adoption d’une constitution fédérale en bonne et due forme qui permettra aux provinces de se réserver quelques et tous pouvoirs nécessaires leur permettant de gouverner leur province avec succès.

Je suis certain que vous êtes conscient que si cela se produisait, vous pourriez résoudre vos problèmes économiques et autres au Québec sans recourir à la séparation. Je suis aussi convaincu qu’en ayant l’habileté de résoudre vous problèmes tout en demeurant constitutionnellement dans le pays du Canada, cela serait beaucoup plus satisfaisant autant pour vos sympathisants que pour les autres de votre province.

Ce qui suit est un sommaire des raisons soutenant ce que je viens tout juste d’énoncer:

1. Au moment du mouvement pour une Confédération au Canada, les provinces du Canada, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick désiraient former une Union Fédérale.

2. Les Résolutions de Québec de 1864 prévoyait une Union fédérale.

3. Le projet de loi rédigé par les délégués canadiens à la Conférence de Londres en 1866 prévoyait aussi une Union fédérale.

4. Le Colonial Office du Parlement impérial n’était pas disposé à accorder aux provinces du Canada leurs requêtes pour une Union fédérale.

5. Le British North America Act adopté par le Parlement impérial ne respectait ni l’esprit, ni les termes des Résolutions de Québec.

6. Le Canada n’est pas devenu une Union fédérale ni une Confédération sous le British North America Act, mais plutôt une Colonie Unie. Le privilège de la fédération, de ce fait, demeura donc un futur privilège pour les provinces du Canada.

7. Le Parlement du Canada n’est pas devenu le gouvernement du Canada, encore moins un gouvernement fédéral; il est peine devenu le centre législatif d’une Colonie Unie, un corps législatif qui avait les seuls pouvoirs d’aider et conseiller le Gouverneur général comme agent du Parlement impérial.

8. Le British North America Act, tel qu’adopté par le Parlement impérial, n’était pas une constitution mais seulement un acte du Parlement impérial qui unissait quatre colonies au Canada en une colonie, avec la suprême autorité qui reposait toujours entre les mains du gouvernement britannique.

9. Le privilège de fédération est devenu réalisable pour les provinces du Canada seulement que par l’adoption du Statute of Westminster le 11 décembre 1931. C’est par ce statut que le Parlement impérial a redonné au peuple du Canada leurs droits souverains, et à travers eux, à leurs gouvernements provinciaux comme étant leurs agents les plus directs.

10. Depuis le 11 décembre 1931, les provinces du Canada n’ont pas agi avec leur nouveau statu acquis pour former une Union fédérale, et les populations du Canada n’ont pas encore ratifié une constitution. Conséquemment, la proposition originale, à savoir: que tout pouvoir de gouverner au Canada réside pour le moment, dans les mains des provinces du Canada; et, que tout pouvoir demeure légalement à cet endroit jusqu’à ce que le moment venu où les provinces signeront un accord et ratifieront une constitution par laquelle elles pourront déléguer ces types de pouvoirs selon leur volonté à un gouvernement central de leur propre création. Pendant ce temps, le Canada existe en tant que dix entités politiques sans pouvoir supérieur.

S’il advenait que vous considériez qu’il y a du mérite dans ces informations que j’ai partagées, il me fera plaisir de vous rencontrer et de discuter personnellement en plus grande profondeur des implications sans précédent des circonstances constitutionnelles qui prévalent au Canada.

Vôtre pour un meilleur Canada,

signature

Walter F. Kuhl
[Membre du Parlement sous Jasper-Edson, 1935-1949]

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Classé dans Actualité, François Marginean

Pour Sarkozy, les aspirations du Québec ne sont que « sectarisme », « enfermement sur soi-même » et « détestation de l’autre »

De passage à Radio-Canada, dans le cadre du lancement de son sixième Tome, Le désarroi contemporain, Jean-Claude Guillebaud était sidéré des propos qu’a tenus Nicolas Sarkozy sur le Québec. « Nicolas Sarkozy est un voyou ! », a lancé l’auteur.

Nicolas Sarkozy est incapable d’accepter les règles de la diplomatie, voire même de la bienséance. L’homme, je dis bien l’homme, se croit tout permis, jusqu’à déshonorer sa fonction de président de la République. Le premier ministre du Québec a été élevé, dans le salon d’honneur de l’Elysée, au grade de commandeur avec une volée de bois verts. Nicolas Sarkozy maitrise parfaitement les mécanismes de la controverse, dans laquelle il adore se vautrer.

Nicolas Sarkozy, à l’occasion de la remise de la Légion d’honneur au Premier ministre du Québec, et en présence de personnalités québécoises, canadiennes et françaises, dont Paul Desmarais, Grand-Croix de la Légion d’honneur, s’est livré à une pitoyable ingérence politique dont lui seul est capable. Selon l’homme, « les aspirations du Québec ne sont que « sectarisme », « enfermement sur soi-même » et « détestation de l’autre ». L’autre étant le Canada. C’est la vision manichéenne de Nicolas Sarkozy sur les relations du Québec avec le Canada. Impossible pour lui de rester dans les limites de la dignité protocolaire. Un commentateur français déclarait sur les ondes de Radio-Canada que le Quai d’Orsay n’avait pas été habitué, ces dernières décennies, à autant de crises sur plusieurs scènes de la diplomatie internationale. Il voyait en Nicolas Sarkozy une volonté de mettre une couche sur la tombe du Général de Gaule, et sur son héritage. Nicolas Sarkozy aura été le dernier chef d’État du monde occidental à coller au Bushisme. C’est le voyou, comme l’indiquait l’écrivain français, qui transcende. Les aspirations du Québec en matière de souveraineté sont le fait, selon l’homme d’État, « du sectarisme, de la division, de l’enfermement sur soi-même ». Le petit homme d’État mesure-t-il le poids des mots ?

Sur un ton proprement vulgaire, frôlant la familiarité, au vu des circonstances, l’homme d’État a lancé : « Honnêtement, ce n’est pas mon truc ». Si le Québec n’est pas son truc, l’homme aurait été mieux avisé d’éviter d’étaler son mépris à l’égard d’un peuple qui défend sa culture, sa langue et son aspiration à une autodétermination depuis plus d’un siècle. Défendre la langue française, la francophonie, et aspirer à l’indépendance selon les règles démocratiques est une faute grave aux yeux de Nicolas Sarkozy. Que connaît-il de l’histoire du Québec et du Canada ? Ce qu’a bien voulu lui dire Paul Desmarais, tant s’en faut. L’homme d’État aurait dû savoir que, selon un sondage fin janvier, 43% des Québécois sont actuellement favorables à l’indépendance de la province francophone et 57% contre. L’ingérence politique est coutumière chez Nicolas Sarkozy. Elle accompagne ses aptitudes aux turbulences sismiques. La question que se posent plusieurs québécois est la suivante : « pourquoi, face à de tels propos, Jean Charest n’a-t-il pas refusé cette Légion d’Honneur ? » Picasso l’a bien refusée à deux reprises. Le Premier ministre du Québec a évité d’ajouter aux propos disgracieux de Nicolas Sarkozy. La diplomatie était de mise.

André Pratte est éditorialiste en chef du quotidien La Presse, propriété de Paul Desmarais. Si si. De Paul Desmarais. Et que dit André Pratte : « Les lecteurs de La Presse connaissent mon point de vue là-dessus, je suis d’accord avec le président. Mais celui-ci a été trop loin en associant les indépendantistes du Québec au «sectarisme», à l’«enfermement sur soi-même», à la «détestation» de l’autre. Dieu sait si je suis en désaccord profond avec la thèse souverainiste. Mais je ne dirai jamais que les souverainistes sont des gens «sectaires» ou repliés sur eux-mêmes. Ce n’est certainement pas le cas des leaders du mouvement, qu’il s’agisse de Mme Marois, de M. Duceppe, et des autres. C’est toujours le risque quand un politicien étranger se mêle de débats dont il ne maîtrise pas toutes les nuances: il exagère, il caricature ».

Patrick Lagacé est chroniqueur au quotidien La Presse. Le même quotidien que l’éditorialiste-en-chef André Pratte. Qui appartient toujours à l’ami de Sarkozy, Paul Desmarais. Que dit Patrick Lagacé : « J’écoutais d’une oreille distraite, voyez-vous. Mais j’ai failli emboutir l’auto devant moi quand j’ai réalisé que Sarkozy parlait des souverainistes québécois. Sur René-Lévesque, en plus ! » […] « On n’est même plus dans le registre de l’opinion, de la subjectivité, ici. On est dans le domaine de la fabulation, de l’erreur factuelle, de la lecture totalement faussée du monde. Ce qui est inquiétant ! Car notre « conflit » Québec-Canada est mille fois moins compliqué que le conflit israélo-palestinien, par exemple, conflit dans lequel Nicolas Sarkozy s’est mis le gros orteil, au début de l’année… »

Louise Beaudoin, francophile et ex-ministre dans des gouvernements péquistes, répond avec nonchalance : « J’ai plutôt envie de sourire. (…) Nous, agressifs, repliés sur nous-mêmes? Je ne me reconnais pas là-dedans. M. Sarkozy fait la preuve de sa méconnaissance du Québec. Le Québec, c’est au-delà de Sagar ». Sagard est le lieu de la résidence somptueuse de Paul Desmarais, dans Charlevoix, qui a accueilli à quelques reprises Nicolas Sarkozy, avant son élection à la présidence française.

Christian Rioux, du quotidien Le Devoir, était à l’Élysée, en tant que journaliste, lors de cette deuxième sortie intempestive de Nicolas Sarkozy contre le Québec. Ce dernier rapporte que Nicolas Sarkozy voit dans la formule « non-ingérence et non-indifférence » une forme de haine de l’autre. Nicolas Sarkozy a lancé, sur le ton familier qui, à ses yeux, excuserait ses outrances : « Croyez-vous, mes amis, que le monde, dans la crise sans précédent qu’il traverse, a besoin de division, a besoin de détestation? Est-ce que pour prouver qu’on aime les autres, on a besoin de détester leurs voisins? Quelle étrange idée! »

Relisez attentivement cette phrase du président de la France : « Ceux qui ne comprennent pas cela, je ne crois pas qu’ils nous aiment plus, je crois qu’ils n’ont pas compris que, dans l’essence de la Francophonie, dans les valeurs universelles que nous portons au Québec comme en France, il y a le refus du sectarisme, le refus de la division, le refus de l’enfermement sur soi-même, le refus de cette obligation de définir son identité par opposition féroce à l’autre ».

Nous n’en sommes plus, en effet, à la « non-ingérence et non-indifférence » mais à l’ingérence tout court. Henri Henrard, de Branchez-vous Matin, écrit : « De quoi se mêle le père du célèbre « Casse-toi, pauv’ con » ? Et l’auteur répond : « Fidèle à sa maniaco-oligarchie, le monarque français n’a écouté que lui-même en nous concoctant des phrases tellement simplistes qu’elles pourraient faire l’objet d’une chanson dans le prochain album de son épouse ».

De quelle courtoisie est capable cet homme d’une profonde vulgarité ! Nicolas Sarkozy a réussi à éclipser l’événement : ce n’est plus à une remise de Légion d’honneur à laquelle ont assisté des personnalités du Québec mais à une sortie en règle du président de la France contre le Québec. Et cela en présence même du Premier ministre du Québec et d’autres personnalités : Luc Plamondon et Carole Laure, l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, les hommes d’affaires Ernest-Antoine Seillière et Bernard Arnault, le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, ainsi que le maire de Québec, Régis Labeaume.

Il ne faut pas oublier quelques bonnes perles lancées par Nicolas Sarkozy. Dont celle-ci : « le message de la francophonie » en est un « d’union », « d’ouverture » et « de tolérance ». Et cette autre citation qui va passer à la postérité : « Pour vous aimer, je n’ai pas besoin de détester les autres ».

Gérald Larose, président du Conseil de la souveraineté, tient à préciser que « s’il y a du sectarisme, ce n’est pas au Québec. S’il y a de l’agressivité, ce n’est pas au Québec. Ce mouvement de la souveraineté et de l’indépendance se vit dans un rapport démocratique exemplaire. C’est un projet qui a de l’envergure, qui a de la hauteur. Ce ne sont pas des petits mots plutôt mesquins sifflés dans l’oreille de M. Sarkozy qui vont arrêter ce projet-là ».

Nicolas Sarkozy a également un sens aigu des amitiés. Il remet au Premier ministre du Québec, Jean Charest, le grade de Commandeur. Le premier ministre, René Lévesque, avait reçu, en 1977, des mains de Valéry Giscard d’Estaing, la dignité de Grand Officier. Paul Desmarais, grand ami de Nicolas Sarkozy, reçoit pour sa part la plus haute distinction de l’Ordre, celle de Grand-Croix. Le club prestigieux des Grand-Croix ne regroupe qu’une soixantaine de personnes. L’histoire ne dit pas si c’est pour services rendus à la France ou à Nicolas Sarkozy.

En terminant, le président, qui ne voit dans les aspirations du Québec qu’un sectarisme est l’objet d’une chute vertigineuse dans les sondages. S’il veut disposer de tout, il indispose partout. À l’étranger comme en France. Deux Français sondés sur trois (62%) estiment que la politique actuelle du gouvernement ne permet pas de lutter efficacement contre les effets de la crise. Et 59% des personnes interrogées ne sont « pas satisfaites » des réactions du chef de l’État et du gouvernement, quelques jours seulement après la grande journée de mobilisation du 29 janvier, rapporte Le Figaro. Qui plus est, 61% des 1002 personnes sondées disent souhaiter que les syndicats poursuivent la mobilisation. Nicolas Sarkozy déclarait, il y a quelques semaines : « Dans notre famille politique, j’ai plus de respect, d’amitié, de reconnaissance pour ceux qui conduiront le combat que pour ceux qui suivent le combat des autres ». Le combat du Québec pour sa survie ne trouve pas grâce auprès de Nicolas Sarkozy, inspiré qu’il est en cela par son ami, Paul Desmarais.

L’homme de la rupture est en fracture complète avec la France. Et avec la modernité du Québec qu’il n’a jamais su approfondir, par paresse intellectuelle. L’homme qui ne lit pas ne peut approfondir. S’instruire par ouïe-dire comporte son lot de risques et de pièges dans lesquels tombe invariablement Nicolas Sarkozy.

(Caricature de Renart L’éveillé)

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Classé dans Actualité, Pierre R Chantelois

Pendant que la poussière retombe sur les É-U

Dans l’élection d’Obama, il n’y a pas qu’Obama, le résultat. C’est un portrait très partiel du peuple qui ressort par cela. Les plus romantiques ont sabré le champagne, mais il faut admettre que le peuple états-unien n’est pas bien différent de la veille.

Tout compte fait, et cela frise l’absurde pour un citoyen comme moi, habitué au système électoral qui prévaut ici, il n’y a pas eu de balayage d’Obama auprès de l’électorat populaire, ce qui est franchement surprenant.

Une nouvelle est aussi venue me surprendre, du côté de la Californie. Lors d’un référendum, les citoyens ont voté dans le sens d’interdire le mariage gai, après qu’il eut été légalisé. Cela infirme une décision prise par la Cour suprême voilà environ 6 mois. Comme quoi même un des États réputés très progressistes ne l’est pas tellement…

Je parlais plus haut de romantisme, et il semble que l’économiste Gérald Fillion en soit un adepte. Cette phrase le démontre bien :

Et c’est sans surprise qu’on verra probablement Barack Obama prendre le leadership de cette reconstruction d’un capitalisme plus juste, d’un système d’échanges financiers moins spéculatifs, plus respectueux des gens et de l’environnement.

Cette phrase, il me semble l’avoir écrite de toutes les manières depuis que je blogue (sans la référence à Barrack Obama) et pourtant je la reçois avec des lunettes sombres aujourd’hui. Avant que l’économie ne soit chétive, le respect et la justice ne semblaient pas avoir grande emprise sur la réalité, alors imaginez avec l’inquiétude qui s’accumule depuis le gros de la crise financière. Est-ce que le slogan « Yes, we can » reviendrait à seulement signifier « oui, nous pouvons élire ce politicien en particulier »?

D’autant plus qu’Obama tente maintenant de minimiser les attentes qui ont gonflé exponentiellement et qui font en sorte qu’il aura à donner l’impression de « tenir ses promesses de changement ».

Après la foi, il faut bien voir.

(Montage photo : tsevis)

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Si les élections pouvaient changer quoi que ce soit…

Il semble que le Québec va bientôt procéder à son maquillage démocratique périodique. Le moment semble venu, mais 70 % de la population préférerait que cet exercice n’ait pas lieu. Réflexe d’une population satisfaite qui ne voit pas la nécessité d’une remise en question… ou lassitude résignée de cette population, qui préférerait autre chose que ce traitement cosmétique ? Le peuple serait-il si réticent à s’exprimer, si on lui posait les  questions auxquelles il ne demande qu’à répondre ? N’y a-t-il pas certaines questions qui déclencheraient l’enthousiasme qui a amené 95 % de la population à se prononcer, lors du dernier référendum ?

OUI, il y a de ces questions … mais on veut en détourner l’attention. Parmi ces questions, bien sûr, il y a celles sur la souveraineté, la place du français et la composition démographique que l’on souhaite au Québec.   Choisira-t-on une immigration qui permettra de faire face plus facilement à nos obligations envers nos retraités… ou la restreindra-t-on pour garder au Québec le visage que nous lui connaissons ?  Souveraineté, langue et immigration sont trois (3) sujets  sur lesquels la population voudrait bien qu’on lui propose des choix.

Ne pas croire, toutefois, que l’intérêt de la population se borne à ces trois (3) thèmes.  Il y aurait aussi des débats passionnants à faire sur  l’éducation, question si préoccupante qu’on préfère ne pas s’en occuper.  Sur la santé, à laquelle tout le monde pense, mais sans vouloir trop y penser, parce qu’il y a des choix à faire qu’on ne veut pas faire. Des choix financiers, mais aussi des choix techniques, une remise en question des fonctions des intervenants en santé  – de celles  des spécialistes à celles des préposés aux soins.  Une révision gênante à faire du rôle des élites traditionnelles, de leurs privilèges et de leurs droits acquis.

On aimerait bien, aussi, parler de l’accès à la justice. Il n’y a pas de justice au Québec pour le monde ordinaire ; la justice est  biaisée en faveur de ceux qui possèdent et contre ceux qui n’ont rien.  La population de n’abstiendrait pas de voter si on lui parlait de réformer cette justice qui n’est qu’apprivoisement de l’injustice.

Elle ne se détournerait pas non plus, si on lui parlait de sécurité.  Il semble bien que la hausse vertigineuse de la criminalité à laquelle nous avons assisté durant quelques années se soit arrêtée, mais est-ce  bien vrai ? N’est-ce pas plutôt que, comme une tache qui s’estompe sur un vêtement qui devient uniformément sale, le crime se discerne moins dans une société qui devient uniformément plus violente ? Est-ce que nous ne sommes pas à apprivoiser l’insécurité, comme nous avons apprivoisé l’injustice ?

Et si on parlait du système carcéral ? La prison traditionnelle  a-t-elle encore un sens dans notre société ? Il y a des façons plus efficaces  de punir si on veut punir et de réhabiliter et si on veut s’en donner la peine, mais, surtout de protéger la population adéquatement…  Si on consultait la population et qu’on revoyait tout ça ?

Il faudrait penser aussi à ce qu’il adviendra de l’État de droit, si nous laissons le népotisme et la corruption pervertir la démocratie. Ici, comme dans tous les pays qui se prétendent démocratiques, il est de plus en plus difficile de croire que, derrière le cirque médiatique qui nous distrait, le peuple ait encore un contrôle sur les décisions qui sont prises et sur le sort qui lui est fait.  On s’empresse pourtant de mettre une pelletée de terre chaque fois qu’on sent bouger le cadavre de la démocratie.

Il faut démocratiser la gouvernance, mais se souvenir aussi que la gouvernance ne s’exprime que par une administration. Sommes-nous bien administrés ?  Échappons à l’arbitraire des décisions bureaucratiques ?  Évitons-nous cette procrastination qui va de paire avec la désuétude des moyens dont nous disposons pour que la prise des décisions soit efficace dans une société complexe ?  Que voudrait la population ?  On pourrait le lui demander.

Pourquoi, par exemple, se déplacer pour allers chercher un permis dans une officine de l’État, alors que ce permis pourrait être envoyé par courriel à son titulaire, puis à quiconque aurait l’autorité de l’exiger ou auquel le titulaire en autoriserait la divulgation ? Si l’on mettait à profit les moyens de communication dont on peut maintenant disposer, on pourrait réaliser en ligne  le plus clair des échanges documentaires entre les citoyens et les administrations publiques.   Sur ça aussi, nous aimerions tous voter, si quelqu’un prenait la peine de faire une proposition intelligente pour renvoyer à domicile une large part du fonctionnariat

Voter, aussi, sur la place de l’information dans la société et le rôle de l’État dans l’information. Quelle devrait être la responsabilité de l’État pour diffuser la nouvelle?  De quels moyens de contrôle sur cette responsabilité l’État devraient disposer les citoyens ? Les médias traditionnels seront rejoints, puis un jour remplacés, par une multitude de blogues et de journaux citoyens qui viendront compléter l’information et garantir la transparence de notre société.  Ce sera une nouvelle donne. Il faudrait peut-être en parler…

il y a aussi toute la question de l’environnement.  Quels moyens prendrons-nous pour assurer notre approvisionnement en énergie, condition incontournable d’un développement continu ?  Cette question s’inscrit dans une problématique plus large : continuer dans la voie d’une consommation en constante expansion … ou bifurquer  vers une société plus frugale de simplicité volontaire. La population doit comprendre que la stabilisation de la consommation des biens matériels ne veut pas dire un arrêt du progrès, seulement une réorientation vers des valeurs intellectuelles, culturelles, spirituelles…

Pourquoi toujours occulter le débat sur la notion d’équité et d’une plus juste distribution de la richesse ?  On n’y coupera pas, car dans une société complexe et donc d’interdépendance, la solidarité n’est plus une vertu, mais une exigence technique. Il faut revaloriser le travail comme facteur de production, mais cela ne suffira pas pour distribuer équitablement le revenu  L’assistanat, sous une forme ou sous une autre, prendra de plus en plus d’importance et une politique d’assistanat plus envahissante est inévitable.  Il faut que la population se prononce sur les modèles de relation du travail à l’assistanat car, sans un consensus social, l’assistanat n’est qu’une variante de l’exploitation et du favoritisme.

Dans le contexte  de la crise financière actuelle, la population ne devrait-elle pas aussi être consultée sur les modifications à apporter à notre système financier, aux régimes fiscaux, au crédit, à l’émission de la monnaie dont nous avons vu que la gestion paternaliste par une toute petite élite financière nous a conduits au désastre ?

Il y a des décisions sociétales à prendre.   Il y a des choix qu’il faut demander à la population de faire, parce que c’est à elle de prendre ces décisions. La manière de faire ces choix devrait elles-mêmes faire objet de débats. Peut-on intégrer la notion de référendum à notre structure de gouvernance ?  La démocratie directe est maintenant devenue techniquement possible. Veut-on s’en approcher pour la gestion de notre quotidien ?

Si on consultait vraiment la population, il ne serait pas difficile de la motiver. Trop complexe ?  IL N’Y A RIEN  QU’ON NE PUISSE  FAIRE COMPRENDRE À UN INDIVIDU D’INTELLIGENCE MOYENNE. S’il veut comprendre et si on prend le temps de le lui expliquer.

Il  y a beaucoup à discuter. Pourtant, on se prépare à des élections où, comme d’habitude, on restera au niveau des insignifiances, en évitant soigneusement tout ce qui pourrait ressembler à une véritable consultation du peuple. Encore une fois, on va demander à la population de choisir ses maîtres au lieu de lui offrir une plus grande maîtrise sur son destin.

On a déjà dit : « Si les élections pouvaient changer quoi que ce soit, elles seraient interdites. »    Ne faudrait-il pas plutôt se hâter d’interdire toutes les élections qui ne peuvent rien changer ?

Pierre JC Allard

 

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Classé dans Actualité, Pierre JC Allard

Québec indépendant ? Quand vous voudrez…

Après le Canada, puis les USA, c’est le Québec qui va refaire bientôt son maquillage démocratique. À Pâques, ou à la Trinité… Un maquillage si discret qu’il en sera invisible, puisqu’on ne proposera rien de droite, ni de gauche, mais seulement, comme le dit ce personnage du Soulier de satin, « … du nouveau qui soit tout à fait semblable à l’ancien ». Surtout, on se fera une beauté en prenant bien garde de ne pas souligner les rides de l’idée d’indépendance.

Une idée que j’ai bien aimée quand elle était jeune, mais qui a si mal vieilli, qu’on ne se demande plus si on en veut, seulement s’il n’est pas discourtois d’y faire même allusion. On ne parlera pas d’indépendance, à ces prochaines élections au Québec. Pourtant, on ne pensera qu’à ça.

On ne parlera pas de référendum. Les deux-tiers des Québécois ne veulent pas d’un référendum; Ils savent bien que, quelle qu’en soit l’issue, les perdants se diraient « à la prochaine». D’ailleurs, on discute de la légitimité d’une sécession s’appuyant sur 51% des électeurs, mais veut-on vraiment choisir, entre vivre dans un pays dont 49 % des citoyens veulent sortir… et en créer un autre dont 49 % des gens ne veulent pas ? Est-ce bien ainsi qu’on créera au Québec plus de richesse et plus de justice ?

Le Québec ne veut pas d’un référendum qui le fera choisir entre être ou ne pas être canadien, car il sait que le meilleur scénario pour le Québec se situe probablement entre ces deux solutions simplistes. Il sait que la bonne question a poser est celle à laquelle répondra un consensus.

Il y a 45 ans que les Québécois tentent de dire ce qu’ils veulent et on ne les écoute pas. Ils veulent avoir, au palier du Québec, tous les pouvoirs qui garantiront le développement d’une collectivité francophone ; ils veulent AUSSI appartenir librement à un ensemble canadien qui leur donnera la masse critique pour exister à côté des USA et avoir une voix plus audible dans le monde.

Pour avoir ce qu’il veut, le Québec doit le négocier avec ses partenaires du Rest-of-Canada. Sereinement, mais sans complaisance. Cette négociation sera d’autant plus efficace que le gouvernement du Québec aura une plus grande marge de manoeuvre. C’est cette marge de manoeuvre que voulait René Lévesque quand il demandait un OUI à la souveraineté-association et il n’a jamais prétendu vouloir autre chose. La bonne question à poser, c’est celle qui donne au Qbec cette marge de manoeuvre.

C’est celle du vote de confiance, permettant au gouvernement légitimement élu du Québec de négocier, sans le fil à la patte de quelque consultation populaire ultérieure, une nouvelle constitution canadienne qui donnera au Québec ce qui est le mieux pour le Québec.

Le gouvernement du Québec doit pouvoir négocier habilement, donnant-donnant, avec le gouvernement fédéral, les concessions sur certains points qui permettront de se gagner des avantages sur certains autres. Il doit pouvoir négocier une constitution sur mesure.

Il doit recevoir pour le faire un mandat non équivoque confirmant qu’il parle au nom des Québécois et qu’il peut – ne DOIT PAS nécessairement, mais PEUT à sa discrétion, s’il le juge nécessaire – sortir du Canada en fermant doucement ou en claquant la porte. C’est ce mandat discrétionnaire – que ne demandait pas le premier référendum – qui devrait faire l’objet du prochain: le dernier.

La question ? Simple et claire :

« QUÉBÉCOIS D’ABORD, je donne au Gouvernement du Québec le mandat formel : a) de négocier avec le Gouvernement du Canada les termes d’une constitution qui instaurera un nouveau partage des pouvoirs, au sein d’une Confédération canadienne à laquelle le Québec appartiendra si elle est conforme à ses aspirations, et b) si telle négociation échoue, de procéder, à sa convenance, à la sécession du Québec du Canada, par une déclaration d’indépendance, unilatérale ou négociée selon qu’il le jugera opportun, à la seule condition de l’avoir clairement énoncé à son programme »

Un « OUI » à ce référendum ne signifierait PAS la sécession du Québec, mais signifierait que celle-ci peut être déclarée en tout temps par le Gouvernement du Québec… SI et quand il décidait de le faire. Dans la situation ainsi créée, le Québec choisit les modalités de sa participation à une ensemble canadien, disposant même du droit de ne pas y appartenir. Il EST donc souverain, puisque la souveraineté ne dépend pas des appartenances qu’on se choisit, mais du droit inaliénable de les choisir.

Ce référendum aboutit à une vraie « Souveraineté-Association ». Avec des dent, car toutes les élections subséquentes au Québec sont de fait référendaires. Si une majorité de la population soutient les exigences dont un parti fait ses conditions de l’appartenance du Québec au Canada, elle saura que celui-ci ne se borne pas à instrumentaliser l’idée d’indépendance pour se faire élire… et ne plus en parler. Il pourra la faire.

Si le gouvernement fédéral ne conteste pas la validité du mandat qui découle de ce référendum — et la contester serait un suicide politique pour le parti qui le ferait — il reconnaît de facto la souveraineté du Québec. Je crois que c’est cette reconnaissance de la souveraineté du Québec, sans obligation de sortir du Canada, qui donnerait satisfaction à une majorité de Québécois. Pas à 51% des Québécois, mais à une majorité assez substantielle des Québécois pour qu’on puisse raccommoder la déchirure sociale qui persiste depuis le premier référendum et faire des choses ensemble.

Si je connais bien les Québécois, ils voteront OUI à ce référendum… puis s’empresseront d’élire un gouvernement qui négociera âprement pour le bien du Québec, mais tout en gardant un préjugé favorable au maintien de liens privilégiés avec le reste du Canada et en disant haut et fort qu’ils y resteront.

S’il le font ce sera leur choix et, pour normand qu’il soit, ce choix n’empêchera pas que le Québec soit alors devenu souverain et ait dès lors dans sa poche la clef de l’indépendance, si et quand il la voudra.

Pierre JC Allard

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