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Charest : retour sur la populaire pétition

Après mon dernier billet chez moi, j’avais bien l’intention de revenir sur le sujet de la pétition qui demande, entre autres, la démission de John James « Jean » Charest, pétition qui en est à environ 188 800 signatures au moment où j’écris.

Mais il y a Stéphane Laporte, celui que je surnomme bien affectueusement « le philosophe des pauvres » (vous vous douterez bien que je ne parle pas de pauvreté pécuniaire…), qui donne son avis le plus simpliste à cette question sur le site Cyberpresse. J’irais même jusqu’à dire que c’est de la cyberparesse…

C’est qu’en commentaire à mon dernier billet, j’ai eu des avis similaires à celui-là, mais beaucoup plus étoffés, et ce ne sont que de simples citoyens, tout comme moi. Passons là-dessus.

Il reste qu’un de ses paragraphes représente bien ce qui m’agace le plus dans le discours des contradicteurs de la pétition :

Au lieu de signer des pétitions et de répondre aux sondages, les citoyens devraient aller voter. C’est ce qui compte. Le reste, c’est du bruit.

Cela occulte complètement le fait que la vie en société est en constante évolution, ce qui est encore plus vrai entre les élections. Du simple bruit sans importance? Aussi, cela implique que ceux qui répondent aux sondages et qui signent les pétitions n’ont pas voté, ce qui est tout simplement gratuit comme affirmation (et comme réflexion…). Avouez que c’est d’une pauvreté affligeante…

Et je rajouterai que ce discours donne l’impression de vouloir taire ce que la totalité des gestes citoyens — et par ricochet, certainement corporatifs — apporte : un désir de changement profond, ce qui inclut bien sûr un grand ménage. Je comprends que pour certains cela peut donner l’impression d’être n’importe quoi, mais il faut rappeler que pour pouvoir ordonner le chaos, il faut bien qu’il y en ait d’abord un, chaos! Et j’ai l’impression que les événements de cette semaine en sont la démonstration.

Alors, on peut bien le prendre aussi comme étant du populisme, comme le fait allègrement un dénommé Nicolas Laurendeau dans les pages (web) du journal Le Devoir :

L’idée de réclamer la démission d’un élu en cours de mandat, le «recall» est une idée très populaire parmi les adeptes de la droite nord-américaine et les animateurs de radio démagogues. On nage ici en plein populisme.

Je crois qu’il y a une différence entre « populisme » et « mouvement populaire ». Visiblement, c’est extrêmement facile de les mélanger. Et encore plus facile d’interpréter un simple mouvement de domino qui prend sa source d’un mécontentement général comme étant une erreur de jugement. C’est de l’élitisme mal placé, du mépris. Voir que la grande majorité croit dur comme fer que le résultat de cette pétition — et même n’importe laquelle — est du domaine de la prescription! Voir que la majorité ne comprend pas le contexte politique actuel et à ce point le fonctionnement de nos institutions pour signer cette pétition par simple ignorance!

Alors oui, j’accuse les Stéphane Laporte et Nicolas Laurendeau de ce monde de contribuer amplement au cynisme en dénigrant ce qui contribue à l’amoindrir : si ça prend cette étincelle (une pétition très très bien garnie) pour qu’ensuite — hypothétiquement — les gens sortent dans la rue, se précipitent aux bureaux de scrutin aux prochaines élections, et encore mieux, que Jean Charest arrête de faire du surplace, soit dans sa position de Premier Ministre, soit dans sa décision de ne pas déclencher une large commission d’enquête sur la construction et le financement des partis, entre autres.

J’accuse les dénigreurs de cette pétition, et surtout ceux qui refusent de la signer (pour n’importe quelle raison) de souffrir d’un « complexe de supériorité », de faire un culte de leur individualité. Comme si c’était si demandant (physiquement et moralement) de se joindre à un mouvement de masse (bien imparfait je le concède!) en cliquant quelque fois sur une page web et en tapant un peu sur son clavier. Comme si au contraire c’était une tare que ça prenne aussi peu de temps. Comme si l’efficacité qu’apportent le web et la technologie était seulement symptomatique d’une léthargie sociétale individualisée, comme si c’était inscrit dans nos gênes…

Ainsi, l’expression « ne pas bouger le petit doigt » prend dorénavant un sens plus large, et beaucoup plus triste.

(Modification d’une photo de Le Chibouki frustré.)

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La complexification de la vie en société laisse l’humain derrière

C’est indéniable, la vie qu’on mène se complexifie. Il devient alors très difficile de suivre et de comprendre tous les enjeux importants de notre société, donc de bien prendre la mesure de la démocratie (enfin, ce qui nous fait office de…). Personnellement, j’ai la chance d’avoir beaucoup plus de temps que la moyenne pour m’y consacrer — ce billet en est bien la preuve — et pourtant j’ai beaucoup de difficulté à suivre, et par manque de temps — parce qu’il faut bien aussi décrocher parfois —, et d’énergie — il y a des limites à ce qu’un être humain peut approfondir.

Alors, je me dis que la majorité doit bien se sentir, soit désemparée, sinon déconnectée, ou un joyeux mélange des deux, devant le flot, le flux, l’afflux d’événements (et qui ne sont en plus, on le sait, que la pointe de l’iceberg). C’est comme s’il y avait un décalage entre ce qu’on devrait et ce qu’on peut faire; dans le fond, on ne peut pas faire grand-chose d’autre que de participer de près ou de loin à ce qu’on appelle communément « l’opinion publique ».

Parlons-en justement de ce concept d’opinion publique! La communication n’a jamais été aussi avancée, les outils pour partager notre opinion n’ont jamais été aussi évolués et pourtant j’ai l’impression que ce concept englobe seulement les chroniqueurs, éditorialistes et journalistes des grands médias, et certains groupes de pression, parfois. Les citoyens, mis à part par ce qui ressort des sondages (qui restent quand même la plupart du temps des commandes des grands médias), que nenni!

C’est quand même incroyable! Comment ne pas arriver à la conclusion que dans le fond même les plus grands efforts que certaines personnes font pour pétrir les fondements de notre société et en communiquer le résultat ne sont en fait que du vain papotage, qui n’a pas plus, et même peut-être moins, de valeur, de poids dans la balance que du papotage celui-là assumé?

En fait, la complexification de la vie en société demanderait un perfectionnement qui se fait attendre. Parce qu’il ne semble pas y avoir de différence notable entre quelques-uns qui se passionnent par exemple pour les chats (en surface et non dans un sens scientifique) et d’autres qui se passionnent pour la vie en société, qui philosophent, qui analysent ce qui se passe autour d’eux.

Des citoyens qui ont un passe-temps comme les autres. C’est bien de ça dont il s’agit.

(Image : jared)

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Deux solitudes, deux campagnes

En regard de la campagne électorale qui approche de la fin, et de la différence notable entre comment ça se passe au Québec et comment ça se passe dans le ROC, permettez-moi de soulever un peu le tapis décoré de l’unifolié et de scruter la souveraineté qui y a été balayée, bien mystérieusement. Pourtant, il est clair à mon avis que, et l’allure, et les résultats de cet exercice démocratique creusent encore plus le fossé entre les deux solitudes.

De un, le parti conservateur avait deux plans distincts, de deux, là où la question de la culture a faire bouillir le débat ici — et le fait bouillir encore, au grand dam de plusieurs —, ça été très secondaire ailleurs. Mais, le plus important, si on regarde les sondages (donc un peu l’avenir au travers d’une boule de cristal), le ROC aura beaucoup plus un gouvernement qui le représente que le Québec. Donc, si les résultats reflètent les pronostics, faire partie de ce pays représentera pour les Québécois un déficit démocratique quasi complet.

Voilà, c’est court comme réflexion, mais ça veut tout dire.

Quand est-ce qu’on va sortir de notre statut de sous carpette?

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Québec : un vote stratégique contre Harper

Site pour voter stratégique :

http://www.voterpourlenvironnement.org

Il y a un débat qui fait rage chez moi et qui concerne surtout le vote stratégique. J’aimerais le poursuivre ici. Si on regarde les derniers sondages parus dans les médias, il est clair qu’au Québec, si on veut voter contre les Conservateurs, cela passe globalement par un vote pour le Bloc québécois.

Pourtant, certaines voix argumentent dans le sens de séparer le débat en gauche-droite et d’évacuer au Québec le Bloc comme choix principal de cette lutte anti-Harper. Il ne faut pas se cacher que les sondages ont un pouvoir d’influence (puis qu’ils représentent aussi la tendance) et il serait bien de les prendre en considération pour un exercice stratégique de la sorte.

Je comprends que le NPD soit un choix idéologique logique pour la gauche, mais dans le contexte actuel, je ne gagerais pas seulement sur ce choix pour contrer les Conservateurs. D’autant plus que dans le nombre des électeurs qui vont voter pour le Bloc, il y a des gens de droite qui ne pourraient voter pour le NPD, simplement par contrariété de conviction. Aussi, il ne faut pas oublier qu’il est surtout question de rassembler le plus possible de votes pour un même parti. Et ça reste quand même du cas par cas, dans certains comtés.

Par exemple, si on regarde le comté d’Outremont, où siège déjà la vedette néodémocrate Thomas Mulcair — qui obtient déjà 38% selon le dernier sondage UniMarketing —, le Bloc est loin derrière, mais quand même plus haut que le Parti Conservateur. Cependant, c’est loin d’être un comté représentatif de ce qui se passe au Québec.

Pour revenir à une de ces voix discordantes, Stéphane Laporte peut bien rapporter les propos de Daniel Lessard et écrire que « La droite est unie, la gauche ne l’est pas. La droite vote pour le parti conservateur. La gauche vote pour trois partis. Elle vote pour les Libéraux, le NPD ou le Bloc. », mais ça ne nous donne en rien de solutions au problème, puisque ces partis sont tous dans la course et qu’on ne pourrait les faire disparaître par un claquement de doigts.

Il reste le vote stratégique, comté par comté, pragmatique, loin de ce cynisme et de ce pleurnichage éhontés.

Et pour ceux qui sont tout bonnement contre l’idée d’un vote stratégique pour eux-mêmes, je crois que la manière (stratégique) dont Stephen Harper a poussé les Canadiens en élection, sans oublier qu’il est allé à l’encontre de sa propre loi pour des élections à date fixe, demande des citoyens qui sont contre lui et sa bande une cohésion que seule la stratégie peut conjuguer.

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