
Philippe David.
Il y a belle lurette que les choses vont mal au Québec et je me demande souvent si un jour nous verrons la lumière au bout du tunnel sans qu’il n’y ait littéralement un coup d’état. Car il m’arrive parfois de me demander si un soulèvement populaire est la seule façon de briser le statut quo. Le 11 avril dernier, 50 000 québécois de la classe moyenne ont déambulé sur la Grande Allée à Québec, brandissant des balais, enjoignant le gouvernement de nettoyer sa propre cour avant de venir une fois de plus piger dans nos poches. J’étais de ce nombre et j’ai même symboliquement laissé ma chemise aux portes de l’Assemblée Nationale. C’était bien la première fois que je manifestais pour quoique ce soit. Comme les autres personnes qui étaient présentes, j’ai manifesté parce que j’en ai marre. Marre de voir notre argent lancé aux quatre vents. Marre de ne recevoir aucun service équivalent. Bref, j’en ai marre du sacro-saint modèle québécois et au milieu de cette foule qui s’étendait littéralement à perte de vue à l’avant et l’arrière de moi, j’ai eu l’impression de ne pas être le seul. Sans doute je serai porté au bûcher pour oser maintenant critiquer notre religion nationale social-démocrate. Brûlons vif le méchant droitiste néolibéral! N’est-ce pas toujours le sort réservé aux hérétiques?
La Pensée Magique
Le Québec est le royaume de la pensée magique. Nous sommes complètement déconnectés de la réalité. Nous nous sommes concocté un modèle qui ne peut absolument pas tenir debout dans la réalité. Nous nous imaginons riches alors que nous sommes parmi les plus pauvres en Amérique du Nord. Nous agissons comme si la richesse n’était que quelque chose qui faut juste aller chercher, dans la poche des riches ou dans les caisses des compagnies privées, mais pas quelque chose que nous devons créer et pour laquelle nous devons travailler. Comme si l’argent poussait sur les arbres. Et lorsque le pillage des contribuables québécois ne suffit plus, nous pillons le reste des contribuables canadiens et nous empruntons, condamnant nos enfants à payer pour nos excès. En aucun temps nous nous sommes arrêtés à songer au conséquences à long-terme. Et le pire, c’est qu’on ne peut pas remettre tout ça en question sans se faire traiter de sans-cœur néolibéral comme si la gauche au lunettes roses avait le monopole de la vertu.
Le Mythe de la Solidarité Sociale Québécoise
Nous les québécois nous targuons d’être des modèles de solidarité sociale. Nous regardons les anglos du ROC et les méchants américains du haut de notre rectitude sociale. Nous sommes prêts à tout pour le bien commun et redistribuer la richesse, même si nous devons saigner toute notre classe moyenne. Nous nous sommes égalitaires, oui monsieur! Vraiment? Oui, c’est vrai, nous avons un filet social plus riche que partout en Amérique du Nord, mais à qui profite-t-il vraiment? Nous nous entêtons à rendre tous nos services publics gratuits ou quasi-gratuits, mais est-ce les plus pauvres ou les plus nantis qui en profitent le plus? Prenons par exemple le gel des droits de scolarités et des tarifs d’électricité. La moitié des étudiants universitaires viennent de familles mieux nanties, et ces étudiants, une fois diplômés, gagnerons des salaires bien au dessus de la moyenne. Pourquoi devraient-ils être subventionnés par d’autres qui n’ont probablement pas leur niveau de scolarité et qui gagnent des salaires moindres que ceux que ces étudiants gagnerons plus tard. C’est un non-sens. Pendant ce temps, les universités sont sous-financées et la qualité souffre. Ne serait-il pas plus sage de laisser les droits de scolarité augmenter et d’aider ceux qui en ont vraiment besoin par un système de prêts et bourses plus généreux? Même chose pour les tarifs d’électricité qui profitent en réalité aux propriétaires de grandes maisons. Ne serait-il pas mieux de laisser ces taux augmenter, quitte à rembourser une partie de ces frais à ceux qui sont en deçà d’un certain seuil de revenu? C’est quoi la solidarité sociale au juste? De tout donner à tout le monde, qu’ils en aient besoin ou pas? Ou de tout simplement de s’occuper de ceux qui en ont vraiment besoin? « Arrière Satan! » s’exclament sûrement les prêtres de la social-démocratie. « Quel blasphème! » Mais voilà, très souvent nos beaux programmes redistribuent la richesse de bas en haut, plutôt que de haut en bas. Et que fait la gauche? Elle en vante les mérites! Quelle ironie!
L’Aristocratie de l’influence et du Statut Quo
Aux élections de 2003, 64% des électeurs ont voté pour un changement. Une des promesses qui faisait partie de la plateforme électorale des libéraux c’était une ré-ingénierie de l’état. Nous connaissons la suite. Dès que les libéraux ont fait mine de vouloir remplir cette promesse, les boucliers syndicaux se sont levés et ce fût la fin de la ré-ingénierie. Ça fait combien de temps que nous savons que notre système ne fonctionne plus? Dix ans? Quinze? Des solutions ont-elles été présentées pour régler ces problèmes? Certainement des centaines. Elles ramassent la poussière sur des tablettes quelque part. On ne sait trop où. Sommairement rejetées par notre aristocratie bien-pensante. Car voyez-vous, beaucoup trouvent leur compte dans le système actuel. 42% des québécois ne paient aucun impôt et près de 60% sont des bénéficiaires nets de l’état, c’est-à-dire qu’ils reçoivent de l’état plus qu’ils n’en paient. Ceux qui restent sont les pauvres bougres qui portent les autres sur leurs épaules et de plus en plus, ce sont ceux de la plus jeune génération: les X et les Y. Puisqu’ils sont la minorité, ils commencent de plus en plus à réaliser la signification du terme « tyrannie de la majorité ». Ceux qui ont intérêt à perpétuer le modèle québécois, la classe politique, les fonctionnaires, les BS corporatifs, les syndicats et tous les divers groupes sociaux ont de puissants lobbies et une puissante influence sur la façon que les choses se passent et ils ont tous un intérêt à maintenir le statut quo. Vous croyez vraiment qu’on manque de solutions pour résoudre les problèmes de notre système de santé? Il y a énormément d’autres pays qui ont un système de santé plus efficace et moins coûteux que le nôtre, il y a belle lurette qu’on aurait pu essayer leurs idées. Mais les grands clercs sociaux-démocrates nous ont convaincus que notre façon de faire les choses est la meilleure. Il suffit juste d’y mettre un peu plus d’argent. Mais voilà, ce qu’ils ne vous diront pas, c’est que l’argent, nous n’en avons plus. Nos cartes de crédit sont au max et ils vont bientôt venir reposséder la maison. Nous allons frapper un mur, mais ils s’en moquent! Ils vont se payer une retraite dorée aux dépens des autres et c’est tout ce qui compte pour eux. Nous allons avoir le plan « Freedom 75 » pour qu’ils aient le « Freedom 55 ». Je suis à cheval entre les X et les boomers et je crois sincèrement que des boomers il ne restera que des miettes quand ce sera mon tour.
Mais qu’est-ce qui nous attend?
S’il n y a pas un grand coup de barre bientôt, nous allons assister à la paupérisation graduelle du Québec. Nous serons non seulement les plus pauvres du Canada ou de l’Amérique du Nord, mais des pays industrialisé. Nous étouffons nos entreprises et nous accablons la future génération de dettes qu’ils ne pourront jamais rembourser. Nous allons probablement assister à un exode de tous les jeunes diplômés vers des pâturages plus verts. Pourquoi resteraient-ils pour se faire saigner? Vous croyez que la barrière linguistique va les retenir? Ils vont nous planquer là dans notre merdier après avoir collecté leur diplôme que nous aurons subventionné et ce sera bien fait pour nous. Ci-dessous est le compteur de notre dette. Je ne pourrais vous dire jusqu’où il va grimper avant que tout s’écroule, mais il sonnera certainement le glas du modèle québécois. Espérons que nous aurons abandonné nos lunettes roses avant ça.
J’ignore pourquoi, mais je n’arrive pas à faire afficher l’horloge de la dette dans le billet sur les 7 du Québec, mais vous pouvez la voir sur mon blogue