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Legault et la bête

La présentation en début de semaine, par François Legault et la CAQ, de leurs idées sur une réforme en profondeur de notre système d’éducation aura certainement eu pour mérite de dévoiler le véritable « visage de la bête », comme le dit si bien David Descôteaux dans sa plus récente chronique.

En effet, ça n’aura pas pris très longtemps pour que les forces réactionnaires sortent les boucliers afin de défendre leurs acquis. Certains, comme la Fédération des Comités de Parents du Québec (FCPQ) se permettent de se prononcer contre les réformes proposées au nom de parents qu’ils n’ont pas daigné consulter. Je ne serais d’ailleurs pas trop surpris non plus que les déclarations des syndicats aient aussi été faites sans consulter les membres du corps enseignant. Je crois en effet que pas tous les enseignants sont contre ces réformes et je serais loin de parier que la majorité d’entre eux se prononceraient contre s’ils étaient consultés. En tant que parent, je ne serais certainement pas contre ces réformes, même si je ne suis pas d’accord avec toutes les idées proposées. Les idées véhiculées par M. Legault valent certainement la peine qu’on s’y penche sérieusement.

Malheureusement pour M. Legault, beaucoup trop de groupes d’intérêt trouvent leur compte dans le statu quo et ce sont ces groupes, et non pas les gens qu’ils prétendent représenter, qui déchiraient leurs chemises peu après l’émission des propositions du CAQ. Considérant que le CAQ n’est pour l’instant qu’un groupe de réflexion sans véritable pouvoir de faire autre chose de des « suggestions », on peut s’interroger sur la véhémence des répliques qu’ils ont essuyé, démontrant encore une fois que ces groupes d’intérêt se fichent éperdument de la qualité de l’enseignement, du haut taux de décrochage ou de l’avenir de nos jeunes. Tout ce qui les intéressent, ce sont leurs acquis.

Toujours est-t-il que nous avons constaté cette semaine le genre de résistance à laquelle fera face tout gouvernement voulant imposer des réformes en profondeur pour guérir les lacunes de nos services sociaux. Il devient plutôt apparent où se trouvent les forces de l’immobilisme au Québec.

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Classé dans Actualité, Philippe David

Le boulet

Philippe David

On commence à le voir un peu partout. La Grèce est en train de sombrer et doit être rescapée par l’UE et l’IMF, le Portugal, l’Espagne, l’Italie, l’Icelande, et l’Irlande ne sont pas très loin derrière. Aux États-Unis, plusieurs grandes villes ont de la difficulté à payer leurs employés et sont écrasées par les déficits actuariels de leurs plans de pensions, même son de cloche pour plusieurs états, notamment la Californie et l’Illinois. Tous ces différentes administrations publiques ont quelque chose en commun: elles vivent au dessus de leurs moyens et sont à la merci des syndicats des employés publics qui cherchent coûte que coûte à protéger leurs acquis. Le Québec ne fait pas exception. Nous avons les plus haut taux de syndicalisation de l’Amérique du Nord, surtout dans le secteur public.

Pourquoi les syndicats du secteur public? Parce qu’ils sont de loin les groupes de pression les plus dangereux pour les politiciens et depuis des lunes, les politiciens nous endettent pour acheter la paix avec eux. Les services publics sont des monopoles qui n’ont aucune compétition dans l’entreprise privée. Ça donne un pouvoir démesuré aux syndicats qui eux ont le monopole de la main d’oeuvre de tous ces services. Exemple simple: puisque l’état contrôle tout le secteur de l’éducation, si les syndicats partent en grève, il n’y a plus d’éducation et de nombreux parents doivent trouver des moyens de faire garder ceux encore trop jeunes pour se garder tout seuls. Si maintenant les syndicats des éducatrices de garderies s’en mêlent, imaginez le chaos. Tout d’un coup, le taux d’absentéisme dans tous les autres secteurs monte en flèche. Ça c’est ce qu’on appelle avoir du pouvoir.

Si jadis ce pouvoir avait été utilisé pour obtenir la justice pour certains travailleurs, ce pouvoir existe maintenant pour maintenir les privilèges d’un groupe relativement restreint au détriment de tous les autres. Pratiquement tous les gouvernements des pays industrialisés auront bientôt les mêmes choix que la Grèce et devront adopter des mesures d’austérité plutôt radicales. Leur plus gros obstacles seront les syndicats. Il n’y a qu’à observer ce qui se passe en Grèce alors que les protestations syndicales tournent à l’émeute qui vont jusqu’à volontairement incendier une banque, causant trois décès pour réaliser qu’ils ne reculeront devant rien. Pourtant, leur discours était toujours au nom de la vertu et du bien public. Eh bien, il est où le bien public quand le pays est sur le bord de la faillite et que ces mêmes syndicats combattent pour pouvoir piger tout ce qu’ils peuvent dans le plat de bonbons avant qu’il ne soit complètement vide?

Le cas du Québec n’est pas aussi avancé, mais les similitudes sont frappantes: population vieillissante, programmes sociaux trop généreux, un fort taux d’endettement et aucun contrôle monétaire. Si le Québec continue en mode « business as usual », nous subirons bientôt une décote et nous dépendrons probablement du gouvernement fédéral pour nous tirer d’affaire et ça risque de nous coûter cher en termes de notre position constitutionnelle. La grande majorité des québécois ne réalisent pas encore à quel point notre situation est précaire et le gouvernement de Jean Charest n’a pas les couilles d’affronter les syndicats et autres lobbies. C’est pourquoi ils ont tenté de nous jeter la poudre aux yeux avec leur dernier budget. Mais les québécois ne sont pas totalement dupes. Beaucoup commencent à comprendre que les choses ne peuvent durer. C’est pourquoi nous avons eu cette démonstration spontanée le 11 avril dernier. Les libéraux nous prennent pour des idiots. Le fameux « sommet du denim » (ou sommet du déni) et cette entrevue de Monique Gagnon-Tremblay au 98,5 sont autant de monuments à leur incompétence et leur irresponsabilité. Malheureusement, ni le PQ ou l’ADQ ou QS ne feraient mieux.

Dans les prochaines années, des forces s’affronteront pour défendre le statu quo ou pour ramener notre province vers la saine gestion des finances publiques. Je serai certainement de ceux qui défendront cette dernière option. Dans quel camp serez-vous? Ferez-vous partie du problème ou de la solution?

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L’échec du Modèle Québécois

Philippe David.

Il y a belle lurette que les choses vont mal au Québec et je me demande souvent si un jour nous verrons la lumière au bout du tunnel sans qu’il n’y ait littéralement un coup d’état. Car il m’arrive parfois de me demander si un soulèvement populaire est la seule façon de briser le statut quo. Le 11 avril dernier, 50 000 québécois de la classe moyenne ont déambulé sur la Grande Allée à Québec, brandissant des balais, enjoignant le gouvernement de nettoyer sa propre cour avant de venir une fois de plus piger dans nos poches. J’étais de ce nombre et j’ai même symboliquement laissé ma chemise aux portes de l’Assemblée Nationale. C’était bien la première fois que je manifestais pour quoique ce soit. Comme les autres personnes qui étaient présentes, j’ai manifesté parce que j’en ai marre. Marre de voir notre argent lancé aux quatre vents. Marre de ne recevoir aucun service équivalent. Bref, j’en ai marre du sacro-saint modèle québécois et au milieu de cette foule qui s’étendait littéralement à perte de vue à l’avant et l’arrière de moi, j’ai eu l’impression de ne pas être le seul. Sans doute je serai porté au bûcher pour oser maintenant critiquer notre religion nationale social-démocrate. Brûlons vif le méchant droitiste néolibéral! N’est-ce pas toujours le sort réservé aux hérétiques?


La Pensée Magique

Le Québec est le royaume de la pensée magique. Nous sommes complètement déconnectés de la réalité. Nous nous sommes concocté un modèle qui ne peut absolument pas tenir debout dans la réalité. Nous nous imaginons riches alors que nous sommes parmi les plus pauvres en Amérique du Nord. Nous agissons comme si la richesse n’était que quelque chose qui faut juste aller chercher, dans la poche des riches ou dans les caisses des compagnies privées, mais pas quelque chose que nous devons créer et pour laquelle nous devons travailler. Comme si l’argent poussait sur les arbres. Et lorsque le pillage des contribuables québécois ne suffit plus, nous pillons le reste des contribuables canadiens et nous empruntons, condamnant nos enfants à payer pour nos excès. En aucun temps nous nous sommes arrêtés à songer au conséquences à long-terme. Et le pire, c’est qu’on ne peut pas remettre tout ça en question sans se faire traiter de sans-cœur néolibéral comme si la gauche au lunettes roses avait le monopole de la vertu.

Le Mythe de la Solidarité Sociale Québécoise

Nous les québécois nous targuons d’être des modèles de solidarité sociale. Nous regardons les anglos du ROC et les méchants américains du haut de notre rectitude sociale. Nous sommes prêts à tout pour le bien commun et redistribuer la richesse, même si nous devons saigner toute notre classe moyenne. Nous nous sommes égalitaires, oui monsieur! Vraiment? Oui, c’est vrai, nous avons un filet social plus riche que partout en Amérique du Nord, mais à qui profite-t-il vraiment? Nous nous entêtons à rendre tous nos services publics gratuits ou quasi-gratuits, mais est-ce les plus pauvres ou les plus nantis qui en profitent le plus? Prenons par exemple le gel des droits de scolarités et des tarifs d’électricité. La moitié des étudiants universitaires viennent de familles mieux nanties, et ces étudiants, une fois diplômés, gagnerons des salaires bien au dessus de la moyenne. Pourquoi devraient-ils être subventionnés par d’autres qui n’ont probablement pas leur niveau de scolarité et qui gagnent des salaires moindres que ceux que ces étudiants gagnerons plus tard. C’est un non-sens. Pendant ce temps, les universités sont sous-financées et la qualité souffre. Ne serait-il pas plus sage de laisser les droits de scolarité augmenter et d’aider ceux qui en ont vraiment besoin par un système de prêts et bourses plus généreux? Même chose pour les tarifs d’électricité qui profitent en réalité aux propriétaires de grandes maisons. Ne serait-il pas mieux de laisser ces taux augmenter, quitte à rembourser une partie de ces frais à ceux qui sont en deçà d’un certain seuil de revenu? C’est quoi la solidarité sociale au juste? De tout donner à tout le monde, qu’ils en aient besoin ou pas? Ou de tout simplement de s’occuper de ceux qui en ont vraiment besoin? « Arrière Satan! » s’exclament sûrement les prêtres de la social-démocratie. « Quel blasphème! » Mais voilà, très souvent nos beaux programmes redistribuent la richesse de bas en haut, plutôt que de haut en bas. Et que fait la gauche? Elle en vante les mérites! Quelle ironie!

L’Aristocratie de l’influence et du Statut Quo

Aux élections de 2003, 64% des électeurs ont voté pour un changement. Une des promesses qui faisait partie de la plateforme électorale des libéraux c’était une ré-ingénierie de l’état. Nous connaissons la suite. Dès que les libéraux ont fait mine de vouloir remplir cette promesse, les boucliers syndicaux se sont levés et ce fût la fin de la ré-ingénierie. Ça fait combien de temps que nous savons que notre système ne fonctionne plus? Dix ans? Quinze? Des solutions ont-elles été présentées pour régler ces problèmes? Certainement des centaines. Elles ramassent la poussière sur des tablettes quelque part. On ne sait trop où. Sommairement rejetées par notre aristocratie bien-pensante. Car voyez-vous, beaucoup trouvent leur compte dans le système actuel. 42% des québécois ne paient aucun impôt et près de 60% sont des bénéficiaires nets de l’état, c’est-à-dire qu’ils reçoivent de l’état plus qu’ils n’en paient. Ceux qui restent sont les pauvres bougres qui portent les autres sur leurs épaules et de plus en plus, ce sont ceux de la plus jeune génération: les X et les Y. Puisqu’ils sont la minorité, ils commencent de plus en plus à réaliser la signification du terme « tyrannie de la majorité ». Ceux qui ont intérêt à perpétuer le modèle québécois, la classe politique, les fonctionnaires, les BS corporatifs, les syndicats et tous les divers groupes sociaux ont de puissants lobbies et une puissante influence sur la façon que les choses se passent et ils ont tous un intérêt à maintenir le statut quo. Vous croyez vraiment qu’on manque de solutions pour résoudre les problèmes de notre système de santé? Il y a énormément d’autres pays qui ont un système de santé plus efficace et moins coûteux que le nôtre, il y a belle lurette qu’on aurait pu essayer leurs idées. Mais les grands clercs sociaux-démocrates nous ont convaincus que notre façon de faire les choses est la meilleure. Il suffit juste d’y mettre un peu plus d’argent. Mais voilà, ce qu’ils ne vous diront pas, c’est que l’argent, nous n’en avons plus. Nos cartes de crédit sont au max et ils vont bientôt venir reposséder la maison. Nous allons frapper un mur, mais ils s’en moquent! Ils vont se payer une retraite dorée aux dépens des autres et c’est tout ce qui compte pour eux. Nous allons avoir le plan « Freedom 75 » pour qu’ils aient le « Freedom 55 ». Je suis à cheval entre les X et les boomers et je crois sincèrement que des boomers il ne restera que des miettes quand ce sera mon tour.

Mais qu’est-ce qui nous attend?

S’il n y a pas un grand coup de barre bientôt, nous allons assister à la paupérisation graduelle du Québec. Nous serons non seulement les plus pauvres du Canada ou de l’Amérique du Nord, mais des pays industrialisé. Nous étouffons nos entreprises et nous accablons la future génération de dettes qu’ils ne pourront jamais rembourser. Nous allons probablement assister à un exode de tous les jeunes diplômés vers des pâturages plus verts. Pourquoi resteraient-ils pour se faire saigner? Vous croyez que la barrière linguistique va les retenir? Ils vont nous planquer là dans notre merdier après avoir collecté leur diplôme que nous aurons subventionné et ce sera bien fait pour nous. Ci-dessous est le compteur de notre dette. Je ne pourrais vous dire jusqu’où il va grimper avant que tout s’écroule, mais il sonnera certainement le glas du modèle québécois. Espérons que nous aurons abandonné nos lunettes roses avant ça.


J’ignore pourquoi, mais je n’arrive pas à faire afficher l’horloge de la dette dans le billet sur les 7 du Québec, mais vous pouvez la voir sur mon blogue

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La grande fiction.

Frédéric Bastiat (1801-1850)



«L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde.»

Frédéric Bastiat (1801-1850), de l’article «L’État». Publié le 25 septembre 1848.



Rien ne pourrait être plus vrai aujourd’hui que cette citation de Bastiat, et pour cause! Car nous voyons à chaque jour les uns utiliser l’État pour piller les autres. L’État n’est plus que le véhicule par lequel tout le monde cherche à obtenir ce qu’il veut. C’est un « open bar », un coffre au trésor dans lequel tout le monde essaie de piger. De nos jours, braquer une banque est démodé. Pourquoi prendre ce risque alors qu’on peut voler légalement et sans remords? Il ne suffit que d’avoir des lobbyistes et on obtiendra tout ce qu’on veut.

Certains croient encore que l’État est au service du peuple. Quelle naiveté! Du peuple l’État prend toujours plus qu’il ne donne. Ça prend des ressources pour nourrir une bureaucratie toujours plus obèse. Les politiciens n’ont en réalité d’intérêt à aider ceux qui leur donneront des votes ou de l’argent. Les autres, il s’en foutent allègrement. Il ne faut pas se leurrer. La redistribution de la richesse se fait le plus souvent des masses aux amis du pouvoir. Du contribuable sans voix et sans lobby aux banques, aux corporations, aux centrales syndicales et autres groupes d’intérêt. Les deux seules choses qui intéressent un politicien est d’agrandir son pouvoir et de se faire réélire. Chaque décision qu’ils prennent vont donc passer à travers ces filtres. Peu importe quel parti politique ils représentent, ce sont tous des gens qui aspirent à guider la destinée des autres. Il n’espèrent que d’être en position pour dicter aux citoyens comment ils doivent vivre, ce qu’ils doivent manger, qui ils peuvent marier. Parce que, voyez-vous, ils sont plus sages et intelligents que vous. C’est pourquoi, lorsque s’installe une dictature, ce sont rarement des gens bienveillants qui prennent la gouverne, mais des despotes. L’expression « dictature bienveillante » est le roi des oxymores.

On attend beaucoup de l’État. On s’attend à ce qu’il nous donne du pain, du travail, qu’il prenne soins de nos maladies, qu’il nous soutienne dans la vieillesse, qu’il élève et éduque nos enfants, qu’il nous construise des routes, des ponts et des aqueducs, qu’il maintienne aussi l’ordre et la justice. Mais est-ce là vraiment son rôle? Est-ce vraiment à l’État d’élever nos enfants? Est-ce vraiment le rôle de l’État de nous prendre en main du berceau à la tombe? Ne nous reste-t-il pas une once de fierté et d’indépendance que nous soyons réduits à tout quémander de l’État? Nous, peuple fier, descendants de coureurs de bois et de pionniers qui ont à la sueur de leur front conquis ces quelques arpents de neiges inhospitaliers que nous appelons maintenant le Québec. Notre impatience à se tisser un filet social avant d’en avoir les moyens laissera nos descendants dans la ruine et esclaves d’une dette monstrueuse. Ce filet se désagrège maintenant parce que, comme nos viaducs, il a été confectionné à la hâte et mal entretenu. Nous avons sacrifié notre futur au confort présent et nos enfants et petits enfants sont ceux qui en paieront la note. Que diraient nos aïeux?

Contrairement à nous, nos voisins du sud ont eu une nation fondée sur la méfiance de l’État. Leurs pères fondateurs ont risqué leurs vies en combattant un tyran et se sont efforcés de mettre en place des mécanismes pour éviter qu’une telle tyrannie ne vienne subjuguer leurs descendants. Ils ont fondé la seule et unique république basée sur la philosophie libérale classique. Malgré leurs bonnes intentions, ils semble que leur création commence elle aussi à prendre les allures d’un Leviathan. Mais la soif de liberté fait encore partie de leur culture, c’est pourquoi le mouvement des «Tea Parties», si peu compris ici par nos élites gauchistes, existe et prend de l’ampleur. Ils n’ont pas oublié pourquoi la préambule de leur constitutions commence par ces mots en caractères plus grands et plus foncés que tout le reste: «Nous le peuple». Leur déclaration d’indépendance dit que l’État doit gouverner avec le consentement du peuple. Dans un récent sondage Rasmussen, on a demandé aux répondants s’ils croyaient que leur gouvernement fédéral avait ce consentement. 61% des répondants ont répondu par un retentissant «Non», et ce peu importe quel parti est au pouvoir. Les américains ont les yeux grand ouverts pendant que nous sommeillons encore dans les bras de la grande fiction de l’État-providence.

Je termine avec un autre extrait de « l’État » de Bastiat:

«Quant à nous, nous pensons que l’État, ce n’est ou ce ne devrait être autre chose que la force commune instituée, non pour être entre tous les citoyens un instrument d’oppression et de spoliation réciproque, mais, au contraire, pour garantir à chacun le sien, et faire régner la justice et la sécurité.»

Philippe David. Le Minarchiste Québécois.

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L’hypocrisie des syndicats des services publics

Par Philippe David

Si on doit en croire les représentants syndicaux des employés du secteur public, ces pauvres font face à une grande injustice vis-à-vis des travailleurs du secteur privé. Pour ajouter du poids à leurs paroles, ils pointent un étude de l’ISQ qui indique que les salaires des employés publics accusent un retard sur ceux du secteur privé. Voici ce qu’ils ne vous diront pas:

  1. L’étude en question ne compare le salaire des employés publics qu’avec ceux du secteur privé travaillant dans une entreprise de 200 employés et plus et qui sont syndiqués. Comparaison raisonnable? Pas si on considère que les salaires des employés du secteur public proviennent des taxes imposées au secteur privé. D’ailleurs, si vous ajoutez seulement les non-syndiqués des grandes entreprises, on se retrouve avec un avantage de 3,6% pour le secteur public. Je vous laisse imaginer comment l’écart peut se creuser si nous incluons la majorité des québécois qui travaillent pour une PME ou qui sont travailleurs autonomes. Ce sont eux qui paient la note sans avoir aucun avantage équivalent.
  2. Les employés du secteur public travaillent 147 heures de moins que ceux du privé. C’est l’équivalent de quatre semaines de congé de plus. C’est un avantage qui se paie.
  3. La légendaire sécurité d’emploi des employés publics fait que la plupart d’entre eux y passent leur carrière entière. Dans le privé, la plupart des travailleurs changent d’emploi plusieurs fois dans leur carrière avec des salaires et avantages très variables d’un employeur à l’autre.
  4. Les employés publics ont la Mercedes des plans de retraite à prestations déterminées qui leur garantit 70% de la moyenne de leur 5 meilleures années de salaire. Par comparaison, à peine 25% des employés du privé ont accès à un régime de retraite et la plupart sont à cotisations déterminés. Les régimes à prestations déterminées sont en voie de disparition au privé car ils sont de véritables gouffres financiers pour les employeurs et la plupart des régimes actuels sont sous-capitalisés. Selon ce récent document de l’IEDM, même si un travailleur du privé avait accès à un tel plan de retraite (ce qui est loin d’être le cas), grâce à leur sécurité d’emploi, les employés du public auraient 41% plus de capital accumulé dans leur plan de retraite. C’est donc un avantage considérable que les employés publics ont sur ceux du secteur privé. En particulier quand on considère que 75% d’entre eux n’ont aucun plan de retraite, mis à part ce qu’ils économisent dans leur REER. Pourtant, ce sont ces gens qui paient pour la retraite des employés du secteur public.


Mon point ici n’est pas de blâmer les employés de l’état pour la mauvaise gestion des finances publiques. Le blâme pour cette situation repose sur les épaules des politiciens et des syndicats, mais il n’empêche qu’ils en ont largement profité pendant bien des années et il faudra bien qu’un jour cette iniquité soit adressée. La seule façon de rétablir cet équilibre sera que les employés du public perdent de leurs acquis car aucune compagnie privée ne peut se comparer au gouvernement. On me dit que ce n’est pas aux employés publics de souffrir parce que l’état est mal géré (comme si certains d’entre eux ne prenaient pas justement part à cette gestion), mais est-ce aux contribuables de se serrer la ceinture à leur place?

À tout le moins, tous ces avantages doivent être pris en ligne de compte dans toute négociation avec les syndicats et si c’était le cas, je vois mal comment les augmentations de 11.25% sur trois ans ou même la contre-offre de 7% offerte par le gouvernement soient justifiées dans les circonstances. Les contribuables n’en ont pas les moyens. Le fait que le gouvernement ne rejette pas carrément les revendications du front commun n’est qu’une autre preuve du copinage entre le gouvernement et les syndicats.


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La droite québécoise et les syndicats

Par lutopium – Suite aux récents déboires de la FTQ Construction, les partisans de la droite et du libre-marché n’ont pas raté l’occasion de discréditer le syndicalisme en l’associant au crime organisé, allant même jusqu’à présumer que toutes les centrales sont reliées à la mafia… Utilisant sa rhétorique néolibérale habituelle, le blogue libertarien Le Québécois Libre profite de l’occasion pour transmettre encore une fois le message de ses maîtres: « …ce qui distingue les syndicats des organisations criminelles est que les premiers disposent de privilèges légaux considérables pour légitimer leurs actions, mais la méthode est essentiellement la même…. La violence et le vol font intrinsèquement partie des méthodes syndicales…» On fait encore une fois dans le plus grand des délires.

Aucune nuance n’est apportée dans les nombreux billets parus sur les blogues de droite. Selon eux, tous les syndicats utilisent ces méthodes doûteuses, ne cherchent qu’à protéger leurs intérêts et ont une attirance naturelle avec les organisations criminelles de Montréal. À les entendre, ce sont les syndicats qui cherchent à tisser des liens avec le crime organisé et non le contraire. Tout le monde est coupable. On va même jusqu’à ressortir le squelette d’André Desjardins pour argumenter le tout…

Personnellement, et ce même si je n’ai jamais été syndiqué, j’appuie inconditionnellement le droit d’association des travailleurs. Nous en avons fait du chemin depuis le 1er mai 1886 où ceux de Chicago ont obtenu la journée de travail de huit heures après une grève qui a mobilisé 300,000 personnes. Même si des militants furent arrêtés et condamnés à mort (quatre d’entre eux furent pendus), le mouvement syndical ne s’est pas laissé intimidé et a poursuivi sa lutte afin d’établir un équilibre dans les négociations avec les patrons.

Au Québec, le patronat s’est doté de plusieurs associations et lobbies afin d’établir un rapport de force avec les donneurs d’ouvrage, particulièrement les services publics. Chambres de commerce, Conseil du Patronat et quelques think tanks bien financés leur permettent d’influencer les dépenses et les attributions de contrats. Si les patrons ont le droit d’unir leurs forces – tout en contrôlant directement ou indirectement la majorité des médias d’information – pourquoi les travailleurs n’auraient-ils pas accès à ce droit fondamental?

Évidemment, pour la nouvelle classe néolibérale, les syndicats sont un obstacle au développement économique, à l’augmentation des profits et à l’enrichissement de quelques privilégiés.  Je n’arrive pas à comprendre ce qui motive de simples citoyens québécois à appuyer la classe dirigeante sans réserve tout en rejetant le principe que les travailleurs (groupe auquel ils appartienent sans doute) ont tout à gagner en unissant leurs forces.  De plus, si j’utilise le même raisonnement que celui présenté par ces blogueurs réactionnaires, il faudrait peut-être songer à interdire les firmes de courtage financier, fermer certaines banques et quelques entreprises. Car, ces temps-ci, les fraudeurs et les tricheurs se retrouvent beaucoup plus de ce côté que dans les centrales syndicales… Ce n’est pas parce qu’une dizaine d’individus assoiffés de quelques dollars et d’une vie de pacha sur un yatch qu’il faut discréditer l’ensemble du mouvement syndical. Croyez-vous vraiment que l’Ordre des Infirmières, le syndicat des techniciens de Bell Canada et celui des journalistes de Quebecor sont parrainés par la mafia?

D’ailleurs, il ne faudrait pas oublier que ce sont des journalistes syndiqués d’une entreprise publique (Radio-Canada) qui ont dénoncé les agissements des dirigeants de la FTQ Construction. Même s’il semble évident que l’organisation connait des problèmes innacceptables, il ne faudrait pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

Illustration: Maria Olegovna – Flickr

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