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Quand le PLQ se déguise en défenseur de la langue française

Par Renart Léveillé

La Presse Affaire titre « Offensive pour franciser les petites entreprises » et on se demande franchement si le terme « offensive » a perdu du mordant! La très crédible ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Charte de la langue française Christine St-Pierre nous a concocté un plan tout à fait emballant pour « convaincre les 2400 petites entreprises de Montréal employant moins de 50 personnes qu’elles brasseront de meilleures affaires si elles se mettent au français ». Aurais-je besoin de spécifier qu’il faut lire la phrase précédente avec autant d’ironie que le suggère cette idée?

Et comme l’écrit bien justement Lou Skannen sur Buffet complet à ce sujet :

 

les anglos n’ont pas fini de se foutre de notre gueule.

 

En effet, surtout quand on poursuit sa lecture :

 

le gouvernement Charest met en place un site internet et il annonce que cinq «démarcheurs» se consacreront à ce travail de persuasion.

 

Dans l’optique où le prochain Bye Bye parlerait de ça, les scénaristes n’auraient même pas besoin de rien changer, tellement c’est drôle à la base! Et imaginez comment la visite de ces « démarcheurs » sèmera le rire où ils passeront! On se croirait revenu à l’époque de l’annonce des clowns pour les personnes âgées!

Trêve de badineries, cette annonce est carrément une sorte de campagne marketing pour redorer l’image extrêmement assombrie de ce parti. C’est seulement de la partisanerie qui ne donnera aucun résultat. Le PLQ le sait, ce qu’il leur reste de partisan le sait, c’est un piège pour ceux qui ne vont pas politiquement plus loin que les gros titres. Et en ce début d’hiver, c’est se donner faussement des airs de Père Noël…

Il y a dans l’article relatant cette « offensive » un passage assez représentatif du problème que Christine St-Pierre ne veut surtout pas régler :

 

Seront aussi visés par cette campagne les étudiants d’universités anglophones qui décrochent souvent des petits boulots sans pour autant avoir une connaissance minimale du français.

 

Madame la ministre a beau penser que « la situation, loin d’être désespérante, est encourageante », son enthousiasme ne se rendra pas par magie jusqu’aux étudiants en question, pas même avec l’aide d’un « démarcheur », ce qui n’est pas synonyme de magicien…

Ce qu’elle n’a pas l’air de comprendre, c’est que le problème de la défense de la langue française au Québec ne peut pas se régler autrement que par la coercition ou l’accession du Québec à la souveraineté, deux solutions hors de question pour elle et sa famille de pleutres. Et on ne peut pas non plus compter sur une bonne partie des francophones pour donner l’exemple en insistant pour parler français le plus possible, ils sont aussi pleutres! Et avec la pression mondialisante anglophile, où tout anglo dans les parages est une bonne occasion de pratiquer, il peut bien alors y avoir une multitude d’unilingues anglos et d’allophones pour se foutre de connaître notre langue, car nous sommes loin d’être un exemple de fierté!

Si c’est la bonne manière de protéger le français, aussi bien distribuer des condoms troués pour contrer les grossesses non désirées…

(Photo : johncappiello)

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La route vers l’ignorance et la croissance

Par lutopium – Il est stupéfiant de constater comment le paysage politique québécois s’est transformé depuis la récente crise financière.  Les agents économiques, habituellement assez discrets, s’impliquent dans le débat avec une vigueur assez exceptionnelle.  Suite à la publication des trois fascicules du Ministère des Finances qui donnent le ton au contenu du prochain budget, voilà que Maître Lucien Bouchard revient à la charge avec son thème préféré: la productivité.  Car, non seulement nous prépare-t-on à une hausse substantielle des frais de scolarité pour les études universitaires, l’establishment québécois semble vouloir saisir l’occasion pour recadrer la mission fondamentale des écoles et tisser des liens intimes entre le système d’éducation et les besoins immédiats du patronat.

La croissance économique peut être enclenchée par une variation de l’emploi. On veut dire par là que la croissance économique peut provenir d’une augmentation de la proportion des travailleurs potentiels qui exercent effectivement un emploi. Il s’agit en fait de la définition du taux d’emploi. – Troisième fascicule du Ministère des Finances du Québec sur les consultations prébudgétaires 2010-2011

Le discours nous semble fort louable: voilà que les grands manitous de l’espace économique sont inquiets face au financement de nos universités.  À les lire, il y aurait péril en la demeure.  Pas de temps à perdre, il faut dégeler les frais de scolarité afin d’assurer la survie de nos institutions.

Exemples de mesures possibles concernant les revenus: hausse des frais de scolarité universitaire de 1,968 $ à 5,350 $ par année – ibid

Fait assez surprenant, dès le lendemain de la publication du Pacte pour le financement concurrentiel de nos universités, le quotidien La Presse, habituellement assez favorable aux idées néolibérales, publiait une mise au point afin de calmer les ardeurs de ces nouveaux lucides en replaçant les chiffres dans leur perspective actuelle:

Pendant le point de presse, l’ex-recteur de l’Université de Montréal Robert Lacroix a parlé des effets néfastes du sous-financement. Il s’est bien gardé de préciser que 10 des 15 universités ont renoué avec les surplus en 2008-2009. Le tableau n’est pas aussi noir que le prétend le club des ex. Mais il faut bien qu’ils le noircissent, le tableau, pour faire passer leurs idées.

Et les effets néfastes d’une hausse brutale des droits de scolarité? Même si le groupe Bouchard-Lacroix est prêt à consacrer 30% des sommes recueillies pour bonifier le programme des prêts et bourses, une hausse trop brutale aura probablement un effet négatif sur l’accessibilité.

Selon le Conseil supérieur de l’éducation, «les problèmes financiers expliquent le quart des abandons, ce qui en fait la raison la plus fréquemment observée dans l’ensemble des motifs évoqués». En 2003, Statistique Canada avait conclu que les jeunes issus de familles à revenu élevé étaient 2,5 fois plus nombreux à l’université.

M. Bouchard devrait se pencher sur ces chiffres avant de proposer des hausses à gogo. – La Presse, 24 février 2010

Il y aurait donc ici un discours qui en cache un autre.  Tout en appuyant les mesures annoncées par le gouvernement Charest qui vise à hausser la contribution des citoyens au financement des services publics, Me Bouchard, accompagné par la Fédération des Chambres de Commerce et du Conseil du Patronat, cherche peut-être à décourager les étudiants et familles à faible revenu d’accéder à la formation supérieure afin de les réorienter rapidement vers une formation professionnelle.  Depuis quelques années, les porte-parole de l’industrie et du commerce tiennent essentiellement le même discours: nos usines n’ont plus de bras et les têtes ne nous servent pas à grand chose…

Les entreprises, comme le gouvernement, doivent investir davantage en formation. Mais on peut faire un meilleur usage des budgets considérables qui y sont consacrés. Par exemple: éliminer les formations qui ne répondent plus aux besoins des emplois. – Fédération des Chambres de Commerce du Québec

Le résultat des analyses de pauvreté montre que, malgré l’amélioration générale, certains groupes sont toujours plus touchés que d’autres par la pauvreté. Il y aurait lieu de favoriser davantage l’accessibilité à la formation manquante et le développement des compétences en lien avec le marché de l’emploi par un mode de financement adéquat des ordres d’enseignement. On parle surtout de formation professionnelle (aux niveaux secondaire et collégial) offerte à temps partiel et de formation en entreprise adaptée aux réalités du milieu du travail. – Conseil du Patronat

Le gouvernement libéral, fier représentant de l’establishment québécois et de l’empire du commerce (équitable ou non), confirme qu’il y a consensus parmi ses membres: pas question de revoir la fiscalité des entreprises pour dégager de nouveaux revenus ou de demander aux plus riches de faire un petit effort additionnel.  Les prochaines hausses de tarifs (TVQ, tickets modérateurs, frais scolaires, électricité, etc…) seront imposées à tous les citoyens sans tenir compte de leur capacité de payer.  On viendra me faire croire que la société québécoise est préoccupée par l’enrayement de la pauvreté et par l’enrichissement des connaissances de ses citoyens…

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