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Des tests d’urine pour recevoir son chèque de B.S.?

 

NDLR: ARTICLE PUBLIÉ LE 22 JUILLET 2010.

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J’ai reçu ce « témoignage » par courriel la semaine dernière :

LETTRE D’UN TRAVAILLEUR

Cette lettre a été écrite par un travailleur de la construction à Fort MacMurray.

Très bon sujet.

Je travaille, je suis payé.

Je paie mes impôts et le gouvernement distribue mes impôts comme il se doit.

Afin de gagner mon chèque de paie, je travaille sur une plateforme flottante pour le projet de Fort MacMurray Construction.

Je suis tenu de passer un test d’urine, sans avertissement soit au hasard, avec lequel je n’ai aucun problème.

La chose avec laquelle j’ai un problème est la distribution de mes impôts aux gens qui n’ont pas à passer de test d’urine.

Ces gens ne devraient-ils pas avoir à passer un test d’urine pour avoir leur chèque de bien-être parce que moi je dois en passer un pour le gagner pour eux.

Veuillez comprendre que je n’ai aucun problème à aider les gens qui sont dans le besoin à se prendre en main.

Par contre, j’ai un problème à aider quelqu’un assis sur son cul – buvant de la bière et fumant de la dope.

Pouvez-vous imaginer combien d’argent les Provinces sauveraient si les personnes qui reçoivent de l’aide gouvernementale devaient elles aussi, passer un test d’urine ?

S’il vous plaît,  faites circuler ce courriel si vous êtes d’accord ou supprimez-le si vous n’êtes pas d’accord.

J’espère que vous le ferez circuler, parce que les choses doivent changer dans ce pays et ça presse !!!!

Un travailleur tanné de travailler pour faire vivre les autres qui ne font rien !!!

Ça me fait beaucoup penser à une petite réflexion que j’ai élaborée dans un court billet, nommé : « Être à la remorque de sa vie ». Qui va comme suit :

Être à la remorque de sa vie, c’est se construire en réaction. C’est réagir en animal blessé, c’est se bâtir une armure avec nos blessures, petites ou grandes, tout en pensant utiliser du solide.

C’est regarder les événements fâcheux, qui sont souvent seulement des petites broutilles que l’on a le choix de considérer sérieusement ou non, et en faire des preuves, des arguments de notre colère dirigée.

Je ne peux pas écrire que j’en suis totalement vierge, mais je tends, ouvertement, à fuir ce réflexe. C’est un filtre sur la conscience au monde, un empêcheur de tourner autour des problématiques pour en extraire le plus large possible.

C’est le contraire d’être ouvert au point de vue des autres, même si cela ne veut pas dire d’accepter tout facilement.

Quelque chose comme tenir en équilibre.

Ce travailleur croit avoir trouvé par son exemple du test d’urine un argument solide, mais il ne fait qu’éclabousser son propre mal-être. S’il était heureux dans son travail et dans sa vie, il ne sentirait pas le besoin de jalouser le peu de bonheur que sont capables de se payer les « B.S. » avec sa mince contribution à l’impôt, parce qu’en fait le pourcentage de son impôt qui sert à ça, c’est tellement pas grand chose! (Pour s’étourdir, il devrait plutôt calculer le pourcentage qui va à l’armée et considérer combien sont d’accord avec ça!) Et en plus, si ça se trouve, c’est seulement une mince minorité des « B.S. » qui boivent et se droguent. Et même si c’était la majorité! Si j’en suis réduit un jour à attendre un chèque du gouvernement pour survivre, je n’ai même pas de doute que l’alcool et la drogue seront un baume sur ma peine… Toute autre réaction serait héroïque, et les héros ne vivent pas de l’aide sociale!

Pouvez-vous imaginer combien d’argent les Provinces sauveraient si les personnes qui reçoivent de l’aide gouvernementale devaient elles aussi, passer un test d’urine ?

C’est drôle, mais moi je m’imagine plus le nombre de personnes de plus à la rue et l’augmentation de la criminalité qui irait avec. Puisque ce n’est pas parce qu’un « génie » a trouvé une manière de faire économiser « les Provinces » que ces gens-là vont arrêter du jour au lendemain de faire tout en leur pouvoir pour survivre! Et quand tu es en mode « survie », dans la rue ou sur le « B.S. », c’est bien difficile de penser plus loin que son nez! C’est bien beau le concept de « se prendre en main », mais c’est tellement facile de se prendre pour un génie de l’analyse sociale quand tu vis dans le luxe, bien que tu travailles fort fort fort pour te le payer! Et ce génie-là sera le premier à chialer — après que son idée se soit retrouvée récupérée par le Parti Conservateur ou un autre avec une vue tout aussi basse — qu’il y a trop de quêteux dans les rues quand il sera en vacances de sa plateforme…

Et il reste les autres, ceux qui n’ont pas le choix, pour plusieurs raisons : est-ce qu’eux aussi passeraient le test d’urine? Une autre question : combien ça coûterait faire ces tests?

C’est bien ça qui m’énerve avec ce raisonnement : ça semble se tenir au premier abord (et je suis généreux!), mais ça s’écroule aussitôt qu’on en fait le tour. Parlez-moi de créativité pour aider ces gens à se sortir de ce cercle vicieux, parlez-moi de tout sauf de profiteurs, parce que pour trouver des profiteurs, c’est beaucoup plus facile en pointant n’importe où ailleurs! Parlez-moi d’améliorer la société pour amoindrir la possibilité que des gens préfèrent se laisser mourir plutôt que de participer. Parlez-moi intelligemment, et de grâce, débarrassez-vous de vos frustrations avant de vouloir refaire le monde!

 

(Photo : Monyart)

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Un Joyeux Noël et de l’espoir pour l’humanité

Par François Marginean

Après cette longue année mouvementée, voici arrivé la fin de 2010 avec cette période des réjouissances qu’apporte Noël et le Jour de l’An. Nous avons couvert une multitude des sujets les plus chauds, incluant la « pandémie » de grippe A/H1N1, la catastrophe de BP dans le golfe du Mexique, les dessous de la crise économique mondiale, la fraude du réchauffement climatique, l’attaque barbare en eaux internationales par Israël de la flottille d’aide humanitaire destinée aux Palestiniens, la chute des médias traditionnels, la montée de la tyrannie, du terrorisme et de ses véritables origines, du fonctionnement du système, de la fluoration et de beaucoup d’autres. Vous pouvez d’ailleurs retrouver la compilation complète de tous ces articles sur Les Nouvelles Internationales.

Bien que cela puisse être parfois déprimant, nous devons nous rendre compte d’une chose qui est très positive: l’information circule et la conscience des individus et de l’humanité ne cesse de croître. Si nous voyons des mensonges, de la corruption, de la collusion et des fraudes partout, c’est que nous en avons pris conscience plus que jamais auparavant. Cette ère du pouvoir brut se termine et une nouvelle prend définitivement sa place. Il s’agit de l’ère de l’éthique et de la conscience universelle. Nous sommes en route vers une conscience universelle de co-création. Mais avec le pouvoir, vient la responsabilité devant la vie.

Alors, en ce temps des fêtes, au lieu de discuter de sujets difficiles et peut-être un peu déprimants, je préférerais jeter un regard à ce qui est positif. Malgré tout, je conserve une confiance inébranlable en l’esprit humain et l’humanité. La science est en train de prouver que la pensée est littéralement créatrice, qu’elle influence l’organisation de la matière et même des particules. Plus ça va, plus on réalise que la pensée est créatrice et que l’intention joue un rôle primordial dans les processus de la création, d’où notre prise de conscience graduelle que nous sommes des êtres co-créateurs. Est-ce la signification profonde de l’homme créé à l’image de Dieu?

En conséquence, il apparait donc que rien n’est plus important que ce que nous pensons. Dans cette perspective, on commence à comprendre pourquoi il y a tellement d’argent dépensé pour influencer et contrôler ce que l’on pense. Il y a clairement des avantages à maintenir une population dans la peur et l’insécurité. Il y a des raisons évidentes de mal informer les gens, de les arroser de désinformation, de propagande et de mensonges. De les abrutir via le système d’éducation. De les faire sentir impuissants et incapables de se gérer soi-même. Mais à force de manquer de vision pour nous-même en tant qu’humanité et pour notre futur, nous risquons de mettre en marche les mécanismes de notre propre disparition. Plusieurs peuples et civilisations sont venus et disparus. Nous ne serions certainement pas les premiers ni les derniers.

Certains peuples n’ont pas su s’imaginer de futur et donc, ils n’en ont jamais eu. Il faudrait songer à éviter ce piège.

La plus ancienne loi de l’univers est celle-ci: «Ce à quoi vous portez attention, est ce dont vous prenez conscience».

Ce dont nous sommes devenus plus conscients en 2010, c’est l’état de pourriture du système et aussi que nous sommes menés par des gens qui sont majoritairement inconscients et insensibles, sans empathie pour la vie en général. N’est-ce pas là la définition même de la psychopathie? Si cela a pu être possible, c’est parce que nous avons laissé les choses aller, nous avons remis notre pouvoir entre de mauvaises mains, s’en remettant à des autorités extérieures au lieu de l’autorité intérieure. Nous sommes responsables de l’état du monde. Même si nous n’avons pas directement causé tous les maux auxquels nous faisons face en tant qu’humanité, population mondiale, nous en sommes responsables en notre ignorance, notre indifférence et acceptation de l’inacceptable. Mais cela change, imperceptiblement en premier lieu, mais attention au jour où cela devient apparent dans la dimension physique, car ce jour-là, tout devient possible.

L’univers et la vie ont un agenda, un sens et donc un but. Ils tendent tous deux vers plus de conscience et tout est instrument pour y parvenir. Si c’est en passant par l’expérience de fraudes monumentales, de manipulations et de sacrilèges contre la vie, ainsi soit-il. La vie est implacable. Nous avons le libre-arbitre, nous sommes libres de ne pas suivre le sens de la vie garant de la joie de vivre et de la satisfaction profonde et durable de la vie, mais nous ne sommes pas libres d’en subir les conséquences. Je vous le rappelle, des civilisations entières se sont détruites elles-mêmes, à plusieurs reprises, dans cette longue aventure de l’humanité. La vie et l’univers sont patients. S’il faut recommencer à partir de zéro, ainsi soit-il. Ceux qui ont le plus à perdre, c’est nous. Nous avons reçu le cadeau inestimable – la vie – et notre responsabilité est d’en faire le meilleur usage. Lourde responsabilité, d’où la crise d’adolescence que l’humanité traverse présentement. Nous sommes en train d’évoluer et de devenir une espèce adulte, plus mature et consciente. Voilà la vue d’ensemble qui nous manque parfois, noyés que nous sommes dans la vie quotidienne et ses aléas.

Malgré tout, ces regrettables évènements nous poussent à évoluer et faire grandir notre conscience. Et cette conscience grandit avec l’amour. Tout a un sens.

Nous sommes en train de redéfinir notre réalité et de nous redéfinir nous-mêmes en tant qu’espèce. Nos motifs, nos valeurs et ce que nous voulons être. C’est probablement ce qui se passe avec Noël aussi. Plusieurs, dont moi le premier, se plaignent de la commercialisation de Noël. Les grands magasins commencent à vendre les items de Noël au mois d’août et on voudrait nous faire croire que tout a rapport avec la valeur des cadeaux que nous distribuons. Noël est dénaturé et vidé de son sens. Bien sûr, pour la religion chrétienne, c’est la naissance du Christ et tout ce que cela signifie. Mais pour le non-pratiquant que je suis, cela signifie davantage une question de valeurs qui nous animent. C’est la famille, les amis, l’amour et la joie. C’est le partage, tendre la main et penser à l’autre. Noël, c’est donner et célébrer en famille et entre amis, être heureux, tous ensemble. Au lieu de se plaindre de la commercialisation de Noël, il nous suffit d’en faire ce que nous voulons. Ce n’est certainement pas à propos de celui qui a le plus gros cadeau, mais plutôt de profiter de ce moment pour réfléchir et méditer sur le sens de la vie en général et sur le sens de sa propre vie, incluant nos valeurs, ce que nous voulons être et ce dont nous voulons vraiment faire l’expérience, de manifester cette intention et d’être intègre.

Car si l’humanité a un espoir, c’est au coeur de chacun d’entre nous qu’il se trouve. Le Christ, c’est un symbole qui signifie «la bonne nouvelle». De nombreux prophètes ont incarné cette bonne nouvelle qui signifie qu’il est humainement possible et réalisable d’atteindre ce niveau d’achèvement et d’harmonie intérieure. C’est l’incarnation d’un niveau de conscience élevée qui nous a été démontré. Là réside toute l’importance du message et du symbole. Voilà la tâche essentielle de chaque être humain face à la vie: s’harmoniser intérieurement et s’orienter dans le sens de la vie. L’ennemi commun que nous avons tous, c’est la vanité, ou vanitas – ce qui est vide de sens. Il nous faut délaisser l’amour du pouvoir pour retrouver le pouvoir de l’amour. Il faut chercher constamment la victoire sur la vanité, mais éviter qu’elle ne se transforme en vanité de la victoire.

Un moyen de demeurer humble devant la vie est de prendre conscience du côté sacré de la vie, ce qui n’a rien d’une religion, mais tout d’un sentiment de religiosité face à tout ce qui EST. De prendre régulièrement le temps de contempler ce côté sacré de la vie, d’être plein de gratitude face à tout l’univers et de montrer notre appréciation pour toute la création. Nous en faisons partie, nous ne sommes pas à l’extérieur de la création, de la vie, de l’univers et même de Dieu, pour les croyants. Il n’y a pas que des lois dans le monde physique, le monde extérieur, gérant le fonctionnement de la matière. Il existe aussi des lois immuables déterminant le fonctionnement du monde intérieur. Les découvrir, c’est aussi révéler le sens de la vie et les conditions de satisfaction de notre être. Ces lois n’ont rien à voir avec les dogmes religieux, le moralisme ou l’amoralisme. Ce sont des lois biogénétiquement fondées. Voilà, en fin de compte, pourquoi l’autorité extérieure est toujours appelée à être un échec. Seule l’autorité intérieure détient la vérité et toutes les réponses. Nous savons tous faire la différence entre ce qui est bien et ce qui est mal… à part peut-être les psychopathes inhumains jonchant cette planète. À nous d’en prendre conscience et d’agir conséquemment.

Pour terminer, j’aimerais vous partager une pensée qui sera mon cadeau de Noël pour, chers lecteurs. Il s’agit d’un passage du livre du Docteur Marianne Sedar, à la découverte de soi-même, basé sur la pensée et l’oeuvre de Paul Diel, que j’estime énormément pour sa lucidité à propos du fonctionnement du monde intérieur, ayant débouché sur l’élaboration de La psychologie de la motivation.

Pour ma part, je vous souhaite donc un vrai Joyeux Noël!

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Comprendre d’une part ce que la vie exige de chacun de nous et, d’une autre part, comment et pourquoi – pour quels motifs – nous nous détournons de cette exigence est le seul moyen de retrouver un critère de valeur sensé et de nous affranchir de tous préjugés, les croyances ou les superstitions qui nous conditionnent depuis l’enfance.

Nul ne peut changer les circonstances de sa vie passée, l’éducation qu’il a reçu,le milieu dans lequel il a grandi, les influences qu’il a subies, les frustrations de toutes sortes dont il a souffert. Mais chacun peut prendre conscience de la manière dont il réagit face à ces circonstances, de son attitude en face des accidents de la vie, et finalement des motifs qui le pousse à réagir toujours de la même manière. Pourquoi l’un se sent-il toujours coupable et inférieur? Pourquoi un autre n’admet-il jamais qu’il ait tort? Pourquoi un autre se prend-il sans cesse en pitié chaque fois qu’il lui arrive quelque chose de déplaisant? Pourquoi a-t-on peur de vivre? Pourquoi tant de personnes sont-elles angoissées, déprimées, inquiètes? Pourquoi souffre-t-on d’insécurité et de solitude?

Il y a le monde et la vie avec ses drames et ses conflits, et il y a notre manière propre de réagir face à eux. Cesser de réagir selon l’ornière creusée par nos motifs inconscients, par tous les faux jugements de valeur que nous avons emmagasinés, et agir selon des motifs plus justes et un critère plus satisfaisant est la seule démarche qui puisse faire de chacun un être responsable, libre et heureux de vivre.

Cela, c’est vivre pleinement. C’est devenir entièrement soi-même. C’est accepter de se voir tel que l’on est et c’est accepter les autres tels qu’ils sont. C’est donc devenir capable d’aimer authentiquement.

Comment y parvenir? En écartant les masques dont on est tenté de s’affubler, les comédies que l’on est tenté de se jouer, les mensonges que l’on est tenté de se raconter dans l’espoir vain de se prouver que l’on est bien tel que l’on «devrait» être. Pour devenir soi-même, il faut donc se connaître et se connaître c’est, avant tout, être capable de dépister toutes ces tentations qui menacent notre être authentique.

Être soi-même c’est finalement admettre que l’on est tour à tous bon et mauvais, juste et injuste, tendre et cruel, jaloux, possessif ou envieux et désintéressé et généreux, au lieu de se réduire à l’un ou l’autre de ces aspects de soi. C’est intégrer tous les sentiments, les émotions, les désirs qui font partie de nous-mêmes afin que de leur confrontation résulte une attitude plus sensée et plus satisfaisante.

Il ne s’agit pas de se changer par un effort de volonté, mais de s’accepter. Car s’accepter avec sa force et ses faiblesses, c’est changer. Se donner pour but de changer est au contraire refuser d’assumer ce que l’on est. C’est projeter dans un avenir plus ou moins lointain son espoir de mieux vivre. C’est se préparer sans cesse à vivre alors que la vie est ici et maintenant.

Se découvrir soi-même à chaque instant, sans se condamner ni se justifier, et à travers soi, découvrir l’humanité entière est l’expérience qui donne à la vie son prix et sa richesse. Cette expérience est à la portée de tous ceux qui cherchent à s’orienter dans un monde incertain et secoué, à trouver la voie de l’épanouissement.

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Depuis des années nous assistons, impuissants, à une détérioration croissante de la qualité de la vie – de notre vie. L’incommunicabilité entre les êtres, l’indifférence générale, le «chacun pour soi» qui en témoignent, sont devenus mots courants de notre langage, lieux communs ou presque exprimant un état de fait, une réalité avec laquelle chacun s’habitue à vivre et dont il ne se sent pas personnellement responsable. L’absence de motivation dont souffre une partie de la jeunesse n’est qu’une autre manière d’exprimer ses réticences, ses hésitations, son manque d’enthousiasme à l’égard de cette réalité qu’il lui est demandé d’assumer comme si elle était l’unique réalité de la vie: une vie sans amour et sans joie, une vie réduite à sa seule dimension matérielle, économique, une vie horizontale, linéaire et quantitative.

Dans cet océan d’indifférence quotidienne, seules surnagent les passions politiques et religieuses. Mais elles dressent l’homme contre l’homme par la conviction sur laquelle elles se fondent de détenir la vérité, à l’exclusion de tout autre. Reste la science. La science porteuse de tout l’espoir du XXe siècle. Mais une science dont il faut bien dire qu’elle est en train d’accélérer notre chute en réduisant l’être humain à l’état de matière, en niant l’esprit humain sous prétexte qu’il n’est pas constatable.

Crise de civilisation, décadence de la société, perte de nos valeurs morales, quels que soient les termes employés, ne recouvriraient-ils pas tous une même question angoissée: notre passion de vivre, notre passion pour la vie, serait-elle éteinte? Le courage, l’espoir et la foi en la vie nous auraient-ils abandonné? Nos âmes seraient-elles mortes, étouffées par nos préoccupations matérielles, nos tracas quotidiens, par les menaces de toutes sortes – chômage ou guerre – qui pèsent sur le monde et qui ne le spiritualisme des religions, ni le matérialisme scientifique ne nous apprennent à affronter calmement, véridiquement.

Entre la religion qui exalte l’esprit au détriment de la matière et le matérialisme scientifique qui exalte la matière au détriment de l’esprit, n’y a t-il pas place pour autre chose, d’autres certitudes, d,autres valeurs à partir desquelles nous pourrions réinventer notre vie? Entre le moralisme de la religion et l’amoralisme de la science entre lesquels le monde vacille alternativement, n’y aurait-il pas place pour une autre morale, une morale authentique sur laquelle nous pourrions fonder notre vie et l’épanouir? Qui ne serait pas fondée ni sur une idéologie spiritualiste, ni sur une idéologie matérialiste, qui ne serait pas croyance mais certitude, qui donnerait à notre existence une orientation et un sens, qui pourrait enfin nous servir de critère de valeur et donc de guide pour penser mieux, pour aimer mieux. Un guide pour mieux vivre, qui nous conduirait vers la satisfaction profonde de nous-mêmes et de la vie.

Un tel critère existe et au milieu de la désorientation angoissée et angoissante qui est la nôtre, il est possible à chacun de nous, individuellement, de le découvrir au fond de lui-même et de ranimer ainsi son espoir en la vie et sa joie de vivre. Paul Diel disait toujours: «Je ne vous offre pas une croyance mais une expérience».

Cette foi en la justice de la vie n’est autre que la certitude sentie et réfléchie que la vie a un sens et des lois, que s’y opposer conduit inéluctablement à la souffrance psychique, affective et même corporelle, et que s’y conformer nous conduit vers la liberté, la joie de vivre et l’amour.

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Suicide d’infirmière : les assassins invisibles

Gaëtan Pelletier

Au prix de quels bonheurs et de quelles douleurs, enfin, le salarié fabrique, résiste, crée, s’épanouit ou craque ? « Le travail est un carrefour de valeurs différentes et de finalités divergentes ». Nous faisons face a une déshumanisation presque totale du monde du travail : peur du chômage, isolement dans l’entreprise, compétition avec les collègues… tout ce qui, en fait, réduit doucement mais sûrement l’individu à « sa seule dimension économique.   Salade niçoise

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Un sac vide tient difficilement debout.

Benjamin Franklin

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(Québec) Une infirmière du Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ) qui s’est donné la mort avait été forcée de retourner au travail, alors que son entourage constatait qu’elle était inapte à le faire. Dans une lettre laissée à ses proches, la femme de 58 ans soulignait elle-même que son retour précipité au travail constituait une des difficultés qu’elle vivait.

Quatre infirmières du CHUQ se sont suicidées depuis un an et demi, a confirmé jeudi la direction du centre hospitalier (lire l’encadré). L’une d’elles, que nous appellerons Diane, avait 37 ans d’expérience et était à un an et demi de sa retraite. Le Soleil a parlé avec l’une de ses proches, qui a confirmé de nombreuses informations obtenues d’abord de la part d’une collègue.

Diane était en congé de maladie lorsqu’elle a dû rencontrer le médecin du bureau de santé du CHUQ pour une contre-expertise.

À sa sortie du bureau, «elle avait les larmes aux yeux parce que le médecin la retournait au travail. Elle m’a dit qu’elle n’était pas prête», a raconté la collègue qui l’a rencontrée à ce moment. Cyberpresse

Le bonheur….

Sois heureux avec le moment. Tout bonheur qui dure est malheur. Aie du respect pour tous les moments, et ne fais point de liaisons entre les choses. N’attarde pas le moment : tu laisserais une agonie. Vois : tout moment est un berceau et un cercueil : que toute vie et toute mort te semblent étranges et nouvelles.
Schwob, Le Livre de Monelle, 1894, p. 19.

Le travail n’a jamais tué personne… Jusqu’à maintenant. Jusqu’à ce qu’il devienne un « but » dévié  pour une société où les travailleurs sont piégés  dans une toile d’araignée tissée par des bureaucrates aux mains d’un beige lavabo.

Faire le bien et se faire mal. Avoir mal au travail. Ça n’en finit plus.

Ce  « fait divers » passera… Mais on prolongera la durée de vie d’un mode de « vie » où les chiffres parlent, les mots se taisent, et les cris de désespoirs étranglent bien des travailleurs.

Il faut bien le dire en mots crus : notre société en est une où on mensonge à coups de propagandes de deux faussetés :

  1. Plus on a ( matériel) ,  plus on est heureux.
  2. Faites carrière et réalisez-vous.

Jetez un œil dans votre entourage. Vous serez étonné de voir le nombre de personnes dites en « détresse psychologique ».

L’énoncé est aussi raffiné que l’histoire de l’aveugle devenu « non voyant ». La réalité est passée au savon… Un monde ou tout est frelaté. Dans quelques années les morts deviendront des « non-vivants».

Le bonheur de grand-mère…

C’était chaque jour le même paysage d’eau et d’herbe, le même bruit de machine et d’eau : mais nous aimions qu’un seul matin ressuscitât de matin en matin, un seul soir de soir en soir. C’est ça le bonheur : tout nous était bon.
S. de Beauvoir, Les Mandarins, 1954, p. 423.

Dans les années 50, dans un petit patelin, de maisonnettes, de bois, de rivières, grand-maman était sans doute la plus pauvre des femmes. Mais elle avait quelque chose pour vivre en harmonie avec la nature et les êtres : un jardin, une famille, des rires, 17 enfants, et un peu de gin…

Elle vivait l’hiver parce que c’était l’hiver. Elle vivait l’été, parce que c’était l’été.

Dans son potager, avec sa robe fleurie, elle se fondait à la terre.

Elle est décédée dans notre maison, à l’âge de 86 ans.

C’était en 1966, je crois.

Pas une seule seconde de sa vie, elle a pensé au suicide. Tout simplement parce qu’elle connaissait la nature et ses lois.

Elle égrenait un gros chapelet noir chaque jour. Aujourd’hui, on fait du yoga, de la méditation transcendantale, des thérapies, et on commence à penser au sexe à 14 ans.

Elle a fait tout ça, sans l’aide de l’État.

Je pense qu’elle m’a appris à être heureux avec presque rien. Même pas de papiers, de formules à remplir.

Elle n’a jamais su ce qu’était qu’un psy.

Et c’est pour ça que je me dis que la misère compliquée est bien pire que la simple.

Le tapis et la poussière

Aujourd’hui, un art de vivre (sic) consiste à cacher les misères créées en les enfouissant sous un gros tapis de formulaires, de complexités, d’analyses, de spéculations, de pilules, d’hyper organisations, de spécialistes faisandés,  pour en arriver à un résultat inférieur et à une vie dénaturée . La nature, ce n’est pas seulement les plantes… C’est nous. Nous dans nos relations, notre quotidien. La race humaine…

Le coupable est dans le « papier »… Tout est complexe, et de la tête du haut fonctionnaire, jusqu’aux petits exécutants, les ordres étant les ordres, on obéit. Il n’y a pas de procès à faire. Ni personne à blâmer…

C’est un déni de nos l’échec de notre société… On peut analyser  autant  qu’on voudra pour connaître des « pourquoi » des « raisons », et du reste… Les formules et les artifices  ne remplaceront jamais la Vie. Nous sommes devenus tout simplement hypocritement des assassins invisibles.

La manière de faire a tout dépassé. Même ce qui serait le but ultime : l’humain.

Humanisme. Un mot… Un mot enseveli sous la couche trop épaisse du circuit complexe entre la « machine » et l’être humain.

Tant et si bien que l’on ne comprend plus rien.

C’est la fondue totale des humains par un système de bureaucrates qui font leur boulot.

On meurt donc en court « de feuille » ou de rapports…

Les travailleurs sont maintenant enterrés dans une fosse commune : le tapis.

On veut bien être boss, mais pas nettoyeur…

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P.S. : Elle avait un beau chapelet la grand-mère… Je me demande si cela ne remplace pas tous les formulaires, les états d’âme piteux, la vanité,  et n’éloigne pas les diables qui nous fournissent des formules de bonheur.

Si elle avait été une infirmière de carrière… Je ne l’aurais peut-être pas connue…

Et certains enfants ne connaîtront pas leur grand-mère.

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Classé dans Actualité, Gaëtan Pelletier

La « réalité » à la manière Ikea

Image : Udner Blogspot

La réalité, c’est ce qui continue à s’imposer à vous quand vous cessez d’y croire.

Philip K. Dick

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J’jusqu’alors, se croyant éperonné par l’action, il ne s’était accordé que des accointances sensuelles qui laissaient la tête libre. Mais maintenant il lui fallait connaître les subtilités du cœur qui après tout aiguisent l’esprit.
P. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie, 1939, p. 205.

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« Affordable solutions for better living »

Slogan Ikea

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Ikea a fait fortune en donnant à chacun les pièces et les plans pour « bâtir » ses propres meubles. Tournevis fournis, dans bien des cas. Au point ou la formule, aujourd’hui, est si répandue qu’il est difficile d’acheter une bibliothèque sans avoir à la monter nous-mêmes…

En tant qu’individus, nous sommes tous un peu Ikea…

Je ne cherche pas à définir une « réalité cosmique », mais plutôt à nous questionner sur notre perception de la réalité de nos sociétés, et du grand vent des intellectuels, dont les gaz, après un bon repas du bric-à-brac,  prend l’ascenseur et s’en va ballonner le cerveau.

Et c’est comme ça depuis près d’un demi-siècle puisque l’on n’a pas produit que des choux, des ordinateurs, ou des armes sophistiquées… C’est comme ça depuis que l’on a distribué à tout le monde des morceaux des « savoirs ».  Ce qui a permis à monsieur et madame tout le monde de se monter un beau meuble de « connaissances » qui, un peu attisé par la somme des pièces, des visses, et des plans tout faits, de se tracer « une idée »… De la vie, de l’Univers, des sociétés, des « grands »…

On a des opinions « rationnelles » sur tout…

Rationnelles…

Leurre et drame…

Les piranhas gris et le perce-oreille

Si vous vous jetez dans l’eau d’un site pour commenter ou pour écrire,  souvenez-vous des scènes de films dans lesquelles les piranhas dévorent un humain en quelques minutes.

Ces piranhas du net se nourrissent de toutes les eaux qui polluent maintenant la « connaissance humaine » sur la toile.  À se demander ce qu’elle a d’humain – cette connaissance – si elle ne sert pas à l’humain?

Une autre accointance entre la civilisation nombriliste du « Me, Myself and Die » (sic).

On ne meure qu’une fois. Les fabricants de déluges foisonnent, mais peu  d’élus  pour fabriquer des arches.

Les « destructeurs » d’humanité ne sont pas bien nombreux… Mais ils disposent d’un pouvoir dangereux : l’argent. Ils peuvent donc se payer deux variétés de la race humaine : les pauvres et les vaniteux. Comme dirait l’anglophile : The big piece of cake…

En fait, nous voilà à l’ère de la méthode du perce-oreille :

Contrairement aux grands animaux et aux humains qui produisent généralement peu de rejetons mais leur prodiguent ensuite des soins, les insectes optent presque tous pour une stratégie différente qui consiste à produire davantage de descendants, mais à ne pas investir d’énergie pour s’en occuper. Infestation.ca.

Réalité et perception : la Tour de Babel

Cette histoire est parfois vue comme une tentative de réponse des hommes au mystère apparent de l’existence de plusieurs langues, mais est aussi le véhicule d’un enseignement d’ordre moral : elle illustre les dangers de vouloir se placer à l’égal de Dieu, de le défier par notre recherche de la connaissance, mais aussi la nécessité qu’a l’humanité de se parler, de se comprendre pour réaliser de grands projets, ainsi que le risque de voir échouer ces projets quand chaque groupe de spécialistes se met à parler le seul jargon de sa discipline. Ce récit peut aussi être vu comme une métaphore du malentendu humain; où contrairement aux animaux, les êtres humains ne se comprennent pas par des signes univoques, mais bien par l’équivocité du signifiant. Tour de Babel

Après avoir passé une journée pédagogique – la meilleure, sans doute, de ma « carrière »-  nous sommes sortis tous ébranlés par cette expérience qui consistait,  à partir d’un texte ou d’une image, à donner notre version de ce que nous pouvions percevoir. Et les mettre en commun…

Pénible.

Les plus secoués furent les mathématiciens. Sans doute parce que plus on verse dans la rationalité, plus les résultats sont certains et concrets, voire vérifiables.

Et là, ils étaient perdus…

Le syndrome de la porte fermée…

Il est évident que l’on peut tout comprendre dans un système où on a choisi les pièces pour procéder à un montage et se  bricoler un résultat.

Le danger des gens dits « intelligents » est qu’ils finissent par croire – tient,  une foi n’est pas coutume – que tout peut être compris.

Devant un candidat souffrant du syndrome, j’ai rétorqué, un jour :

– Quand tu ne comprends pas, tu acceptes.

– Qu’est-ce que tu veux dire par là?

Il n’avait pas compris.

Je voulais simplement signifier que toute connaissance est une série de gommages d’ignorances passagères. Mais plus encore : tout n’est pas saisissable.

Pour moi – c’est une conception personnelle – un être intelligent  c’est quelqu’un qui a une poignée d’eau dans la main et un océan d’ignorance devant lui. Son érudition consiste en la prise de conscience de la vastitude de cet infini et à constater avec une certaine fierté ce qu’il a pu cueillir dans sa vie. Avec une certaine humilité…

Surtout devant une « poignée » de mains sèches…

Amour et acceptation

Déjà qu’avec le mot « amour », on devient confus : attirance affective et principe d’union universelle.

C’est là ou se piègent le plus aisément les adeptes dudit « rationnel ».

Pas d’ouverture. Pas de ventilation.

Exaltés, frénésiques, (sic), fiévreux.

Il n’y a qu’une potion : le doute.

Le doute est la congélation des notions ou des idées. C’est la raison pour laquelle vous vous retrouvez parfois devant une sorte de pierre morte…

On n’évolue pas sans ce doute nécessaire pour parfaire son « idée », sa vision.

Sans lui, nous sommes morts.

Bref, évoluer.

Et que faire de l’amour quand il n’y a ni attirance affective ni union universelle? C’est qu’il n’existe pas de volonté ni de compréhension- ni désir de comprendre ou d’accepter dans cette dormance d’esprit solide.

Une pierre en dormance, mais solide dans sa rationalité. Si dans la chanson country le cowboy fait le tour de la montagne, les dépeceurs d’idées en sont que des bouchers pour la race humaine, et ils font sans cesse le tour de leur nombril.

Belle chanson!

Sainte-Anne-de Beaupré

Il y a eu un reportage, ce soir sur la Basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, où des milliers pèlerins,  venus de tous les coins du monde hurlaient leur foi devant les caméras.

Risible!

Les « rationnels » ne comprennent pas. Et ils n’acceptent pas… Ils n’acceptent pas le ridicule qu’ils voient.

C’est qu’ils sont victimes de la méthode Ikea qui consiste à ne vivre que dans un montage Ikea.

Ils appellent cela la foi…

Qui peut juger de la démarche d’un humain? Qu’a-t-il de si singulier et hautain ce« j’ai raison » devant un tel phénomène?

Posez-vous la question…

Un intellecto-ikea… Ça sert à quoi?

Il n’y a pas de morceaux ou de pièces en dehors de son « achat » …

Dieu en trois personnes

On en arrache des neurones… Ouach! Ça écorche l’ego, au point d’éviter la question.

Mais nous vivons avec chacun notre  Dieu,  et nous sommes toujours dans une bouillie qui nous stérilise.

Il y a trois paliers :

  1. La connaissance pour soi, de notre développement spirituel, par notre singularité. Non partageable.
  2. L’élaboration d’une vision de la Vie dans une tentative de se situer dans l’Univers en tant qu’unicité, tout cela barbouillé d’émotions, de craintes, d’effroi face à la survie après la vie… Semi-partageable.
  3. La volonté d’être participatif à un « bonheur océan » avec sa petite poignée d’eau. Obligatoirement partageable.

Finalement, notre amateur de meubles Ikea est pire que celui du meuble Dieu en trois personnes. Il a foi en son système rationnel…

Alors, il mène  une guerre de religions terroristes avec deux personnes : lui et son nombril.

L’athéisme est une foi.

Elle est sans doute née d’un montage de formules rationnelles « choisies ».

D’où l’expression revue et corrigée : mauvaise foi.

C’est juste qu’avec sa poignée d’eau il croit détenir l’océan.

Il est dommage que l’on mélange religion et société.

Dans le doute, il vaut mieux faire abstinence d’une certitude morte que d’un doute mouvant.

Les piranhas ne savent pas d’où provient l’eau dans laquelle ils nagent. Ils ignorent également qu’ils sont le produit de cette eau.

Ce serait une belle histoire que de raconter celle de la goutte orgueilleuse. Car une fois l’océan éteint, dans quoi vivront-ils?

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Classé dans Actualité, Gaëtan Pelletier

Totalitarisme inversé


François Marginean

Chris Hedges, journaliste lauréat du prix Pulitzer pour le New York Times et auteur de plusieurs livres, a écrit un article percutant publié en anglais le 8 février 2010. Ce billet en est largement inspiré et en quelque sorte un compte rendu en français. L’article original de 12 pages est disponible sous le titre « Chris Hedges: Zero Point of Systemic Collapse ».

Cet article est d’une importance capitale pour temps à venir. Il résume bien aussi mon analyse personnelle du déroulement des évènements passés, présents et surtout, futurs. Il mérite toute notre attention et puisqu’il est si bien écrit, ceci constituera principalement une traduction libre de l’auteur qui doit recevoir tous les mérites.

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Nous sommes à la veille d’un des moments les plus dangereux pour l’humanité.

Aleksandr Herzen parlait, il y a un siècle de cela, à un groupe d’anarchistes sur la façon de renverser le tsar et rappelait à ses auditeurs que leur travail n’était pas de sauver un système à l’agonie, mais plutôt de le remplacer: « Nous pensons que nous sommes les médecins. Nous sommes la maladie ». Toute résistance doit reconnaître que le corps politique mondial et le capitalisme global sont morts. Nous devons cesser de gaspiller notre énergie à essayer de le réformer ou de s’adresser à lui. Cela ne signifie pas la fin de la résistance, mais cela veut dire des formes très différentes de résistance. Cela signifie tourner nos énergies vers la construction de collectivités durables pour affronter la crise à venir, puisque nous serons incapables de survivre et de résister sans un effort de coopération.

Ces communautés, si elles se retirent dans un mode de survie pure, sans se lier aux cercles concentriques de l’ensemble de la communauté, l’État et de la planète, deviendront tout aussi moralement et spirituellement en ruine que les forces corporatives déployées contre nous. Toutes les infrastructures que nous construisons, comme les monastères du Moyen-Âge, devraient chercher à maintenir vivante la tradition intellectuelle et artistique qui rendent une société civile, l’humanisme et le bien commun possible. L’accès à des parcelles de terres agricoles sera primordial. Nous aurons à saisir, comme les moines médiévaux l’ont fait, que nous ne pouvons pas modifier la culture plus large autour de nous, au moins dans le court terme, mais nous pouvons être en mesure de conserver les codes moraux et la culture pour les générations au-delà de la nôtre. La résistance sera réduite à de petits, mais souvent imperceptibles, actes de défiance.

Nous nous tenons à la frontière d’une des plus sombres périodes de l’histoire de l’humanité où les lumières de la civilisation vacillent, chancèlent et nous risquons de descendre pendant des décennies, sinon des siècles, dans la barbarie. Les élites ont réussi à nous convaincre que nous n’avons plus la capacité de comprendre les vérités révélées qui nous sont présentées, ou de se battre contre le chaos causé par les catastrophes économiques et environnementales. Tant que la masse des populations désorientée et effrayée, nourris d’images qui leur permettent d’halluciner perpétuellement, existe dans cet état de barbarie, il lui sera possible de frapper périodiquement avec une fureur aveugle contre la répression accrue de l’État, la pauvreté généralisée et les pénuries alimentaires, mais elle n’aura pas la capacité et la confiance en soi face au défi pour confronter de proche ou de loin les structures de contrôle. Le fantasme de larges révoltes populaires et des mouvements de masse brisant l’hégémonie de l’État corporatif n’est que cela – un fantasme.

Chris Hedges écrit que son analyse se rapproche de l’analyse de nombreux anarchistes. Mais il note une différence cruciale: les anarchistes ne comprennent pas la nature de la violence. Ils saisissent l’étendue de la pourriture qui règne dans nos institutions culturelles et politiques, ils savent qu’ils doivent couper les tentacules de la consommation, mais ils croient naïvement que cela peut être combattu avec des formes de résistance physique et des actes de violence. Il y a des débats au sein du mouvement anarchiste – tels que ceux sur la destruction des biens – mais une fois que vous commencez à utiliser des explosifs plastiques, des innocents sont tués. Et quand la violence anarchique commence à perturber les mécanismes de la gouvernance, l’élite au pouvoir va se servir de ces actes, même mineurs, comme une excuse pour employer une force disproportionnée et impitoyable contre les agitateurs réels ou présumés, ce qui ne fera qu’alimenter la colère des déshérités.

Hedges ne se défini pas comme étant pacifiste. « Je sais qu’il y a des moments, et concède même que celui-ci pourrait éventuellement être l’un d’eux, où les êtres humains sont contraints de répondre à la répression montante avec la violence. J’étais à Sarajevo pendant la guerre en Bosnie. Nous savions précisément ce que les forces serbes feraient de nous s’ils arrivaient à percer les défenses et le système de tranchées autour de la ville assiégée. Nous avons eu des exemples de la vallée de la Drina ou la ville de Vukovar, où environ un tiers des habitants musulmans avaient été tués et le reste stationnés dans des camps de réfugiés ou de relocalisation. Il y a des moments où le seul choix possible est de prendre une arme pour défendre sa famille, le quartier et la ville. Mais ceux qui se sont révélés être les plus aptes à défendre Sarajevo provenaient invariablement de la classe criminelle. Lorsqu’ils n’étaient pas occupés à tirer sur les soldats serbes, ils pillaient les appartements des Serbes à Sarajevo et, souvent, les exécutaient, en plus de terroriser leurs concitoyens musulmans. Lorsque vous ingérez le poison de la violence, même pour une juste cause, elle vous corrompt, déforme et pervertit. La violence est une drogue, elle est même le plus puissant narcotique connue de l’humanité. Les plus accros à la violence sont ceux qui ont accès aux armes et qui possèdent un penchant pour la force. Et ces tueurs remontent à la surface de n’importe quel mouvement armé en les contaminant avec l’enivrant et intoxiquant pouvoir qui vient avec la capacité de détruire. J’ai vu cela guerre après guerre. Quand vous vous engagez dans cette voie, vous finissez par opposer vos monstres contre leurs monstres. Et ceux qui sont sensibles, humains et doux, ceux qui ont une propension à nourrir et protéger la vie, sont marginalisés et souvent tués. La vision romantique de la guerre et la violence est plus fréquente chez les anarchistes et la gauche radicale que dans la culture dominante. Ceux qui s’opposeront avec l’aide de la force à l’État corporatif ne le vaincront pas, pas plus qu’ils arriveront à maintenir les valeurs culturelles qui doivent être soutenues si nous voulons avoir un avenir valant la peine d’être vécu. De mes nombreuses années en tant que correspondant de guerre au El Salvador, Guatemala, à Gaza et en Bosnie, j’ai vu que les mouvements de résistance armée sont toujours des mutations de la violence qui les a engendré. Je ne suis pas assez naïf pour penser que j’aurais pu éviter ces mouvements armés si j’avais été un paysan sans terre au Salvador ou au Guatemala, un Palestinien à Gaza, ou un musulman à Sarajevo, mais cette réaction violente à la répression est et sera toujours tragique. Il doit être évitée, mais pas au détriment de notre propre survie ».

La démocratie, un système idéalement conçu pour défier le statu quo, a été endommagé et dompté pour servir servilement le statu quo. Nous avons subi, comme John Ralston Saul l’a écrit, un coup d’État au ralenti. Et le coup est terminé. Ils ont gagné. Nous avons perdu. La pitoyable incapacité des militants à pousser les États corporatifs industrialisés vers une réforme environnementale sérieuse, à contrecarrer l’aventurisme impérial, ou de construire une politique plus humaine envers les masses du monde, découle d’une pauvre capacité à reconnaître les nouvelles réalités du pouvoir. Le paradigme du pouvoir a changé de façon irrévocable et conséquemment, le paradigme de la résistance doit impérativement se modifier lui aussi.

Il y avait beaucoup de choses dites l’année dernière à propos de la manière dont Barack Obama serait un président « transformationnel » – mais la véritable transformation, s’avère-t-il, exige beaucoup plus que d’élire un leader télégénique. Pour renverser la vapeur dans ce pays, cela va prendre des années de guerre de siège contre les intérêts profondément établis, défendant un système politique profondément disfonctionnel. – Paul Krugman, «Richard Nixon portés disparus », le New York Times, 30 août 2009

Trop de mouvements de résistance continuent à croire en la façade de la politique électorale, les parlements, les constitutions, les chartes des droits, le lobbying et l’apparition d’une économie rationnelle. Les leviers du pouvoir sont devenus tellement contaminés que les besoins et la voix des citoyens sont devenus hors propos. L’élection de Barack Obama était un autre triomphe de la propagande sur la substance, une manipulation habile et une trahison du public par les médias de masse. Nous avons confondu le style et l’ethnicité – une tactique de publicité lancée par United Colors of Benetton et Calvin Klein – pour une politique progressiste et un véritable changement. L’objectif, comme avec toutes les marques de commerce, a été de confondre les consommateurs passifs et faire passer une marque de commerce pour une expérience. Obama, désormais une célébrité mondiale, est une marque de commerce. Il n’avait presque pas d’expérience, mis à part deux ans au Sénat, n’avait aucune base morale et a été vendu comme toutes choses aux populations. La campagne d’Obama a été nommée « marketer » de l’année du Advertising Age pour 2008 et l’a emporté sur les finalistes Apple et Zappos.com. Faites confiances aux professionnels. La marque de commerce « Obama » est le rêve d’un agent de marketing. Le président Obama fait une chose et la marque Obama vous porte à croire une autre. C’est l’essence même de la publicité fructueuse. Vous achetez ou faites ce que les annonceurs veulent pour ce qu’ils peuvent vous faire ressentir.

Nous vivons dans une culture caractérisée par ce que Benjamin DeMott appelle la « junk politics ». Nommons-la « politique déchet ». Elle n’exige pas la justice ou la réparation des droits. Elle incarne toujours des causes plutôt que de les clarifier. Elle évite les véritables débats pour des scandales fabriqués, des potins et des spectacles. Elle trompette l’éternel optimisme, louange sans cesse notre force morale et le caractère, et communique dans un langage « on-ressent-votre-douleur ». Le résultat de la politique déchet est que rien ne change, « ce qui signifie aucune interruption des processus et pratiques qui renforcent les systèmes interconnectés existant favorisant les avantages socio-économiques pour un groupe particulier ».

La croyance culturelle selon laquelle nous pouvons faire se produire des choses que par la pensée, en visualisant, en les souhaitant, en puisant dans notre force intérieure ou par la compréhension que nous sommes vraiment exceptionnels, est de la pensée magique. Nous pouvons toujours faire plus d’argent, atteindre de nouveaux quotas, consommer plus de produits et faire progresser notre carrière si nous avons assez de foi. Cette pensée magique qu’on nous prêche à travers tout le spectre politique, par Oprah, des célébrités du sport, Hollywood, les gourous de l’auto-assistance et les Chrétiens démagogues, est largement responsable de l’effondrement de l’économie et l’environnement, car toute Cassandra qui a vu venir les choses a été rejetée comme étant du « négatif ». Cette croyance qui permet aux hommes et aux femmes de se comporter et agir comme des petits enfants, jette le discrédit sur des préoccupations légitimes et inquiétantes. Elle exacerbe le désespoir et la passivité. Elle favorise un état d’auto-illusion. Le but, la structure et les objectifs de l’État corporatif ne sont jamais sérieusement remis en question. Questionner et s’engager dans un exercice de critique du collectif corporatif, revient à se faire taxer de vouloir faire obstruction et d’être négatif. Cela a perverti la façon dont nous percevons notre nation, le monde naturel et soi-même. Le nouveau paradigme de la puissance, couplé à son idéologie bizarre de progrès indéfini et le bonheur impossible, a transformé des nations entières, y compris les États-Unis, en monstres.

Nous pouvons marcher à Copenhague. Nous pouvons rejoindre la journée mondiale de manifestations climatiques. Nous pouvons composter et accrocher la lessive à sécher. Nous pouvons écrire des lettres à nos élus et voter pour Barack Obama, mais l’élite au pouvoir est imperméable à la charade de la participation démocratique. Le pouvoir est entre les mains des trolls moraux et intellectuels qui participent impitoyablement à la création d’un système néo-féodal et le meurtre de l’écosystème qui soutient l’espèce humaine. Et faire appel à leur bonne nature ou chercher à influencer les leviers internes de pouvoir ne fonctionnera plus.

Nous ne pourrons pas, en particulier aux États-Unis, éviter notre « Götterdämmerung ». Obama, tout comme le premier ministre du Canada, Stephen Harper ainsi que les autres chefs des pays industrialisés, se sont révélés être de tout aussi bons outils de l’État corporatif que l’a été George W. Bush. Notre système démocratique a été transformé en ce que le philosophe politique Sheldon Wolin avait nommé « le totalitarisme inversé». Le totalitarisme inversé, à la différence de totalitarisme classique, ne tourne pas autour d’un démagogue ou d’un chef charismatique. Il trouve son expression dans l’anonymat de l’État corporatif. Il prétend chérir la démocratie, le patriotisme, une presse libre, les systèmes parlementaires et les constitutions, alors qu’il manipule et corrompt les leviers internes pour renverser et contrecarrer les institutions démocratiques. Les candidats politiques sont élus au vote populaire par les citoyens, mais sont régis par des armées de lobbyistes à Washington, Ottawa ou dans les autres capitales du monde. Les médias corporatifs contrôlent à près tout ce que nous lisons, regardons ou écoutons et ils imposent une uniformité insipide de l’opinion. La culture de masse, détenue et diffusée par les sociétés privées, nous divertit avec des questionnaires, des spectacles et des potins sur les célébrités. Dans les régimes totalitaires classiques, tels que le nazisme ou le communisme soviétique, l’économie était subordonnée à la politique. « Sous le totalitarisme inversé, l’inverse est vrai », écrit Wolin. « L’économie domine la vie politique – et avec la domination vient les différentes formes de cruauté ».

Le totalitarisme inversé exerce un pouvoir total sans recourir à la plus grossière des formes de contrôle tels que les goulags, les camps de concentration ou la terrorisation des masses. Il exploite la science et la technologie pour atteindre ses sombres buts. Il impose l’uniformité idéologique en utilisant des systèmes de communication de masse pour inculquer la consommation débauchée comme une pulsion intérieure et il nous fait prendre nos illusions sur nous-mêmes pour la réalité. Il ne réprime pas les dissidents avec force, tant que ces dissidents restent inefficaces. Et en même temps qu’il détourne notre attention, il démantèle la base manufacturière, dévaste les communautés, déclenche des vagues de misère humaine et envoie les emplois vers des pays où les tyrans savent garder les travailleurs en ligne. Il fait tout cela tout en brandissant le drapeau et chantant des slogans patriotiques. « Les États-Unis sont devenus la vitrine de la manière dont la démocratie peut être gérée sans avoir l’air d’être opprimée », écrit Wolin.

George Orwell a souligné que le totalitarisme n’est pas tant l’âge de la foi qu’un âge de la schizophrénie: « une société devient totalitaire lorsque sa structure artificielle devient flagrante ». « Cela survient lorsque la classe dirigeante a perdu sa fonction, mais réussit à s’accrocher au pouvoir par la force ou par la fraude ». Nos élites ont utilisé la fraude. La force est tout ce qu’il leur reste.

Notre élite médiocre et finie tente désespérément de sauver un système qui ne peut être sauvé. Plus important encore, ils essaient de se sauver eux-mêmes. Toutes les tentatives de travailler à l’intérieur de ce système pourri et cette classe de détenteurs du pouvoir se révéleront inutiles. La résistance doit répondre à la nouvelle et dure réalité d’un ordre capitaliste global qui s’accroche au pouvoir par des formes de répression brutale et flagrante toujours grandissantes. Une fois le crédit sèche pour le citoyen moyen, une fois que le chômage massif aura crée une classe marginale permanente et furieuse, que les produits fabriqués bon marchés qui sont devenus les opiacés de base de notre culture disparaîtront, nous allons probablement évoluer vers un système qui ressemble davantage au totalitarisme classique. Des formes plus violentes et grossières de répression devront être employées au fur et à mesure que les mécanismes de contrôle plus souples favorisés par le totalitarisme inversé cesseront de fonctionner.

Si nous construisons des structures auto-suffisantes, celles qui occasionneront le moins de mal possible à l’environnement, nous pourrons surmonter l’effondrement qui s’en vient. Cette tâche sera accomplie grâce à l’existence de petites enclaves physiques qui ont accès à une agriculture durable et qui seront donc capables de se dissocier autant que possible de la culture commerciale. Ces communautés devront construire des murs contre la propagande et la peur électroniques qui seront pompées sur les ondes. Le Canada sera probablement un lieu plus accueillant pour ce faire que les États-Unis, compte tenu du fort courant de la violence qui y règne. Mais dans tous les pays, ceux qui survivront auront besoin de terres dans des zones isolées à bonne distance des zones urbaines qui seront le théâtre de déserts alimentaires dans leurs centres-villes, ainsi que de la violence sauvage qu’entraînent des biens devenant tout d’un coup un coût prohibitif et la répression étatique qui devient plus en plus dure.

Le recours de plus en plus manifeste à la force par les élites pour maintenir le contrôle ne doit pas mettre fin aux actes de résistance. Les actes de résistance sont des actes moraux. Ils prennent vie parce que les gens de conscience comprennent l’impératif moral de remettre en question les systèmes d’abus et le despotisme. Ils devraient être menés non pas parce qu’ils sont efficaces, mais parce qu’elles sont justes. Ceux qui commencent ces actes sont toujours peu nombreux et rejetés par ceux qui cachent leur lâcheté derrière leur cynisme. Mais la résistance, bien que marginale, continue à affirmer la vie dans un monde inondé par la mort. C’est l’acte suprême de la foi, la plus haute forme de spiritualité et qui lui seul rend l’espoir possible. Ceux qui ont commis des actes de résistance ont très souvent sacrifiés leur sécurité et leur confort, ont souvent passé du temps en prison et dans certains cas, ont été tués. Ils ont compris que pour vivre dans le plein sens du mot, exister en tant qu’êtres humains libres et indépendants, même dans la nuit la plus sombre de la répression d’État, cela signifie défier l’injustice.

Nous devons continuer à résister, mais il faut maintenant le faire avec la réalisation inconfortable que des changements significatifs ne vont probablement pas se produire de notre vivant. Cela rend la résistance plus difficile. Cela déplace la résistance du domaine du tangible et de l’immédiat vers l’abstrait et l’indéterminé. Mais renoncer à ces actes de résistance constitue la mort spirituelle et intellectuelle. Cela revient à se rendre à l’idéologie déshumanisante du capitalisme totalitaire. Les actes de résistance maintiennent en vie un autre récit, maintiennent notre intégrité et donne de la volonté aux autres, eux que nous ne pourrons jamais rencontrer, de se lever et porter la flamme que nous leur passons. Aucun acte de résistance est futile, que ce soit de refuser de payer des impôts, de lutter pour une taxe Tobin, travailler à changer le paradigme économique néoclassique, révoquer une charte d’entreprise, tenir des votes globaux sur Internet ou utiliser Twitter pour catalyser une réaction en chaîne de refus contre l’ordre néolibéral. Mais nous devons résister et trouver la foi que la résistance en vaut la chandelle, car nous ne pourrons pas immédiatement modifier la configuration du terrible pouvoir en place. Et dans cette longue, longue guerre, une communauté qui nous soutient émotionnellement et matériellement sera la clé d’une vie de défiance.

Le philosophe Théodore Adorno a écrit que la préoccupation exclusive avec les égocentrismes personnels et l’indifférence à la souffrance des autres au-delà du groupe auquel on s’identifie est ce qui a finalement rendu le totalitarisme et les génocides possibles. L’incapacité de s’identifier aux autres est sans conteste la plus importante composante psychologique qui fait que des atrocités peuvent se produire autour de gens plus ou moins civilisés et innocents.  »

L’indifférence au sort d’autrui et l’élévation suprême de soi est ce que l’État-entreprise cherche à nous inculquer. Il utilise la peur, ainsi que l’hédonisme, pour contrecarrer la compassion humaine. Nous devons continuer à combattre les mécanismes de la culture dominante, même si ce n’est que dans le but de préserver notre humanité commune à travers de petits, voire de minuscules actes. Nous devons résister à la tentation de se replier sur soi-même et d’ignorer la cruauté se trouvant de l’autre côté de notre porte. L’espoir demeure dans ces actes de défiance souvent imperceptibles. Cette défiance, cette capacité de dire non, c’est exactement ce que les psychopathes contrôleurs de nos systèmes de pouvoir cherchent à éradiquer. Tant que nous serons prêts à défier ces forces, nous aurons une chance; si ce n’est pas pour nous-mêmes, du moins, ce sera pour ceux qui suivent. Tant que nous défierons ces forces nous demeurerons en vie.

Et pour l’instant, c’est la seule victoire possible.

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Classé dans Actualité, François Marginean

Les terroristes gagnent

Il aura suffit de mettre un présumé terroriste aux explosifs sans passeport sur un avion pour voir s’envoler nos libertés individuelles. Les terroristes ont gagné. Peut importe si la sécurité de l’aéroport d’Amsterdam utilisait déjà les scanners corporels qu’on veut maintenant nous imposer ici, au nom de la sécurité, mais qui n’ont pas su détecter les explosifs. Peu importe que les services du renseignement américain étaient déjà au courant que Umar Farouk Abdulmutallab était fiché sur la liste des terroristes. Personne n’a été assez fiable pour empêcher cette menace de monter à bord du vol 253 de Northwest le jour de Noël dernier.

Peu importe.

C’est vos droits et libertés qui seront brimés, écrasée, encore une fois. Nous descendons plus profondément dans ce qui est déjà un État policier de surveillance où nos libertés individuelles sont anéanties au nom de la sécurité. Les terroristes ont gagné parce qu’ils haïssent qu’on soit libres. Et nous le sommes plus. Au nom de la sécurité. Dommage que l’histoire soit d’un tel ennui pour la population, parce qu’on se souviendrait peut-être que moins de liberté ne correspond jamais à plus de sécurité, mais résulte historiquement et invariablement à davantage de tyrannie.

Ainsi, nous allons devoir nous soumettre à ces scanners corporels pornographiques dans les aéroports alors que nos « experts en sécurité » n’ont même pas été capables d’arrêter le sans passeport Abdulmutallab. Ces crétins à la sécurité vont voir votre femme ou votre homme à poil, alors qu’ils ne sont même pas capables de faire la différence entre du miel et des explosifs…

En effet, saviez-vous qu’un aéroport en entier a dû être fermé et complètement évacué en Californie, parce que des agents de la TSA qui fouillaient les bagages d’un jardinier pensaient qu’il transportait des explosifs? Le FBI a interrogé le jardinier pendant quatre heures. Ce qui sentait comme des explosifs selon les agents de la TSA (agence de sécurité des aéroports américains) était en fait du…miel!

De plus, si vous pensiez qu’il est impossible de sauvegarder et transmettre ces images, détrompez-vous. C’est possible. Sans compter les dommages potentiels à votre ADN.

Voilà pour la sécurité accrue et les experts. Selon le scénario, c’est à ce moment-ci que la population doit se dire un « ouf  » de soulagement, se sentir davantage en sécurité et remercier nos gouvernements de réduire nos libertés individuelles au nom de la sécurité. Laissez fondre la petite pilule de soma sous votre langue. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Voyez-vous comment ils manipulent non seulement l’info elle-même mais (surtout) la perception de l’information? Ici la manipulation est dans le modelage de la perception du lecteur. L’intox se trouve moins au niveau des « faits » relatés qu’au niveau du point de vue lui-même, du référentiel.

À propos des scanners liberticides et des leurs irradiations cancérigènes et hautement dommageables pour l’ADN: il suffit que les grands médias suggèrent une « peur du profilage racial » pour que le problème entier soit réduit à ça dans l’opinion publique. Le débat est délimité et dévié dès le départ. C’est pas une question de profilage racial, c’est une question d’anéantissement pure et simple de nos libertés individuelles, par-delà toutes distinctions d’âge, de sexe, de culture, de nationalité, de race, etc. ils comptent sur le fait que les moutons vont dire : »pas grave, je suis pas un ‘ethnique’ pis j’ai rien à me reprocher, pis c’est pour attraper les terroristes qui tuent du monde, donc c’est un mal nécessaire. » – David V.

Voilà le véritable enjeu: nous perdons nos libertés individuelles et surtout notre dignité humaine.

Prorogation du Parlement par Harper

Notre mini dictateur canadien Harper vient de proroger le Parlement. Adios l’illusion de la démocratie, une seconde fois, un an après que Harper ait demandé à la Reine de fermer le Parlement. Cela veut dire que le travail que Harper faisait pour passer ses nouvelles pièces de législation bien souvent contre la population, tel que le Projet de loi C-6, sont à recommencer depuis le début. C’est une bonne nouvelle, mais c’est extrêmement louche. Harper doit avoir une motivation plus importante en tête, car il a beaucoup à perdre en devant recommencer ces dizaines de législations qui meurent ainsi au feuilleton. Pourquoi alors proroger le Parlement jusqu’en mars, après les Jeux Olympiques?

Comme il en était question dans l’article de la semaine passée ( Le terroriste nigérien Abdulmutallab prend le vol 253 de Northwest sans passeport; fiché dans la base de données sur le terrorisme ), la sécurité de l’aéroport d’Amsterdam était assurée par ICTS, la même compagnie israélienne qui était responsable de la sécurité à chacun des aéroports desquels les terroristes du 9/11 sont partis, apparemment en déjouant la sécurité.

En ce qui concerne l’aéroport international de Vancouver, c’est la compagnie Verint qui assure la sécurité depuis 2002. Verint est d’ailleurs aussi responsable de la sécurité du Métro de Montréal et du transit de Copenhague depuis 2004. Ils étaient aussi aux Olympiques de Beijing en 2008 et il n’y a aucun doute que Verint est aussi impliquée dans les Jeux Olympiques de 2010 à Vancouver.

Bien que ICTS est la compagnie qui assurait la sécurité de l’aéroport de Logan le 11 septembre 2001 et bien connue pour engager des anciens officiers du Shin Bet, Verint a aussi un passé troublant. Il n’y a pas de déni quant au fait que Verint est une branche de la compagnie israélienne Converse et était responsable majeur de la sécurité du Transit de Londres au moment des attentats à la bombe du 7/7. Les seules caméras qui n’ont pas fonctionné ce jour-là étaient exactement celles où les attentats ont eu lieu. Voilà pour les extraordinaires coïncidences.

Alors, dans l’éventualité d’un acte de terrorisme majeur durant les Jeux Olympiques de Vancouver, cela bénéficierait énormément à Harper qui aurait ainsi l’occasion de devenir encore un peu plus le grand dictateur qu’il aspire tant à être. Si telle situation venait qu’à se produire, la fermeture du Parlement lui laisserait les mains libres pour instituer des mesures restrictives au niveau des libertés individuelles, et surtout, distraire les Canadiens et Québécois de certains faits – que le Canada a participé à la torture, que Harper n’a pas l’intention de rapatrier les troupes d’Afghanistan en 2011 et que le Canada est dissout dans ce qui sera l’Union nord-américaine qui doit se compléter cette année.

Être un humain

En cette époque de darwinisme social, de transhumanisme et post-humanisme, idéologies autodestructrices et suicidaires, je vous convie à lire cette réflexion à propos des êtres humains et de l’humanité.

Ein Mensch, un être humain, est tout. Rien n’est d’une plus grande valeur qu’un être humain. Cette valeur ne peut être améliorée, ni enlevée. Elle est mienne pour toujours, mais seulement la mienne.

Je la partage avec chaque autre être humain sur Terre.
Il est certain que nous vivons à une époque où les êtres humains sont souvent considérés comme étant « rien », d’aucune valeur.

Nous vivons un âge où l’idéologie malthusienne fait un retour avec vengeance; où évidemment les êtres humains sont considérés être des « mangeurs inutiles », un « danger pour la planète ».

Nous vivons dans une époque où la valeur de la vie humaine est considérée comme négligeable par les maîtres du monde, « l’élite », les « joueurs mondiaux », les « rois philosophes ». Et lorsque la fin justifie les moyens, des centaines ou des milliers et souvent des centaines de milliers ou même des millions d’êtres humains peuvent être sacrifiés pour avancer l’agenda politique pour davantage de pouvoir et de contrôle pour ces élites. La torture et toutes formes d’humiliations sont justifiées pour atteindre ces buts, où la dignité humaine n’est d’aucun soucis pour ceux qui se perçoivent comme supérieurs, l’élite, les ultra riches, les intellectuels ou les génies scientifiques.

Ils recherchent des méthodes encore plus « parfaites » pour tuer des êtres humains ou produire des douleurs agonisantes pour terroriser et les pousser à se plier et à obéir, physiquement ou psychologiquement.

Un être humain n’est clairement rien pour eux, puisqu’ils se sont conditionnés eux-mêmes en un système de croyance anti-humain.

Ils croient que la race humaine détruit la planète ou que l’humanité est une forme de vie déficiente et chaotique qui est hors de contrôle et qui a besoin d’être ramené sous contrôle d’une certaine façon et par n’importe quel moyen, ou possiblement même altéré génétiquement.

Et bien, je crois que ce système de croyance élitiste est « fou », insensé et tout simplement faux. Et je crois que la fausseté de ces croyances élitistes peut être empiriquement prouvée.

Bien sûr, puisque ces élites sont de « vrais croyants », les gens comme David Rockefeller ou Henry Kissinger ne changeront pas d’idée de bientôt. Par contre, avec le temps plusieurs croyants vont le faire. Certains de ces convertis aux valeurs humaines pourraient même être les enfants et petits enfants des élites d’aujourd’hui, qui présentement se voient comme étant nés pour gouverner, contrôler, subjuguer et dominer.

Pour le mieux ou pour le pire, le changement est inévitable. Être humain signifie d’avoir à s’ajuster avec le changement et de s’y adapter. Être humain signifie d’avoir le potentiel pour l’espoir que le changement nous verrons sera inévitablement pour le mieux.

Je crois que ceux qui dénient la valeur de la plupart des êtres humains, pour augmenter leur propre valeur perçue, sont maintenant à se battre pour une guerre perdue contre l’inévitable perte de leur pouvoir. Ils ne gagneront pas, mais le plus longtemps qu’ils demeurent dans des positions de pouvoir trop important, plus ils causeront de terribles souffrances parmi les innocents.

Être humain signifie travailler ensemble vers l’objectif qu’un jour – le plus tôt possible – nous mettions fin au pouvoir de l’élite folle et barbare, pour qu’ils ne fassent pas plus de mal à l’humanité.

J’appartiens à la race la plus spéciale qui a vécu sur cette planète. La seule qui est consciente d’elle-même, avec la connaissance du passé et espoir pour le futur, capable de poser la plus importante question de toute: pourquoi? (Source)

Il semble que la principale guerre qui est menée est celle contre l’esprit humain; pour la déshumanisation totale des êtres humains. La vie en général et la valeur de la vie humaine sont réduites à rien. Notre dignité humaine est niée et détruite, peu à peu. On ne vous aime pas heureux, mais bien épeurés, terrorisés, obéissant.

Les terroristes gagnent et la résistance de masse ne semble pas surgir de nulle part.

Où sont donc passés notre dignité humaine, le sens et la valeur de la vie? Pourquoi avons-nous oublié notre génie humain, notre créativité, notre infini et incroyable potentiel de l’esprit humain? Où sont nos projets de société, nos visions du futur et nos valeurs humaines? Retrouvons rapidement nos esprits individuellement et collectivement. Il est temps de voir clairement qui sont les dangereux psychopathes qui sont au pouvoir et que nous avons malheureusement laissé faire trop longtemps.

Nous sommes responsables de l’état du monde et tant que nous ne changerons pas de direction, nous nous dirigerons vers un mur de totalitarisme et de tyrannie au lieu de faire chemin vers plus de liberté, de respect, de dignité humaine et d’épanouissement de la race humaine, en équilibre avec la nature. C’est un choix à faire qui nous appartient tous. Le futur dépend de nous à cette cruciale intersection de l’Histoire. Le résultat sera que nos descendants seront soit des êtres libres ou des esclaves.

C’est littéralement le choix auquel nous faisons face en tant que race humaine entière. C’est la croisée des chemins : tyrannie ou liberté?

François Marginean

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