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Des loups dans la bergerie?

Une histoire tragique, assez tordue, surtout que les versions s’opposent.

Le 28 août dernier, Dimitros, âgé de huit ans, est mordu par deux solides canidés sur le terrain d’une résidence privée, à Sainte-Brigide-d’Iberville.

La mère, Vanina Provost, atteste que son fils a été mordu par des loups. Le propriétaire dément ses dires, précisant que ce sont des bergers tchécoslovaques. Le Ministère des ressources naturelles et de la faune (MRNF), de son côté, ne se prononce pas, confirme seulement que l’enclos était bien sécurisé!

Bien sécurisé? Un point douteux étant donné que les chiens-loups-bergers tchécoslovaques se sont rués sur l’enfant avec la rapidité de l’éclair. On sait maintenant que le propriétaire avait oublié de refermer une des deux portes de l’enclos sécurisé!

Madame Provost avait amené son fils avec elle parce que cette journée-là son mari ne pouvait le garder. Son amie, la maître-chien Cindy Fournier  – une amie également de la femme du propriétaire des bergers-loups – l’accompagnait. Tous les trois, l’enfant, la mère et l’amie, assistaient gentiment à la séance de nourriture des bêtes par le propriétaire et se tenaient à une vingtaine de mètres  d’elles.

C’est d’abord la femelle qui s’échappa de l’enclos. Sauta sur Dimitros et l’agrippa de ses crocs à la tête et au bras. La mère s’agrippa à son tour à son fils, tirant de toutes ses forces pour le dégager. Mais le mâle surgit par derrière et prit dans sa gueule la jambe de Dimitros, tirant de son côté. Il paraît que l’enfant criait : «Jésus, aide-moi!»

Il aura fallu l’intervention du propriétaire qui abattit à plusieurs reprises un  2 x 4 sur la tête du mâle et procéda ensuite à une manœuvre de strangulation pour qu’il lâche prise, tellement il était enragé.

L’enfant fut transporté dans la maison, le corps recouvert de sang, et le visage aussi blanc qu’un linceul. Malgré tout, les deux propriétaires insistèrent auprès de la mère pour qu’elle n’appelle pas les services d’urgence. Ils craignaient d’être troublés par les conséquences. En dernier recours, ils demandèrent à la mère de dire que l’enfant avait été mordu par un chien errant! Que voulez-vous, il y a parfois des priorités qu’on ne saisit pas!

Bon, voilà que l’enfant est finalement transporté à l’hôpital de Cowansville et soigné, puis transféré le lendemain à l’hôpital de Montréal pour Enfants, en raison d’une sévère infection à la jambe. L’enfant a échappé de justesse à l’amputation.

Tout n’est pas fini pour lui, bien sûr. Sans compter le terrible traumatisme psychologique qu’il a subi, il doit continuer à se rendre à l’hôpital à tous les deux jours pour le changement de ses pansements. Il n’est pas question pour le moment qu’il retourne à l’école, sa peur de sortir et d’être attaqué étant trop grande.

En attendant, on ne sait toujours pas s’il s’agit de loups ou de bergers tchécoslovaques! Il paraît qu’un test d’ADN pourrait le préciser. Mais, qu’est-ce qu’on attend? Qu’est-ce qu’on attend pour éclaircir la situation?

De l’avis de Mme Fournier, la maître-chien amie de la mère de la victime, il s’agit bien de loups, puisqu’elle connaît la propriétaire depuis une quinzaine d’années. Elle a même déclaré à l’émission de Denis Lévesque que les propriétaires faisaient le commerce de petits loups qu’ils vendaient sur le marché noir à 2 500 $ chacun à l’étranger.

D’après les professionnels en la matière de reconnaissance de loups et de chiens, il est très difficile de faire la distinction entre un loup ou un hybride de loup.

D’après d’autres experts, les loups n’attaquent jamais sans raison, car la peur qu’ils ont de l’homme est inscrite en eux. Quand ils attaquent, ils s’en prennent aux enfants (un rappel des enfants-bergers autrefois enregistré dans leur mémoire) ou aux femmes. Rarement aux hommes.

Selon l’auteur de Indice Zéro, qui fut responsable pendant plusieurs années d’une fourrière d’animaux, il y aurait eu dans le cas de Dimitros, contentement de la part des bêtes; ainsi ces dernières présenteraient un  risque de récidive de l’ordre de 80 %!

Mais, rassurons-nous, la justice suit son cours. Pour le moment, un constat d’infraction pour nuisance a été donné par la Municipalité de Sainte-Brigide-d’Iberville. L’amende pourrait aller de 100 $ à 1 000 $. Je vous en supplie, ne riez pas, c’est sérieux!

Il y a, de toute évidence, des intérêts personnels divers en jeu.

Les loups dans la bergerie, ce sont aussi ceux qui, si vraiment il s’agit de loups et qu’ils continuent à le nier avec une belle hypocrisie, se comportent d’une façon méprisable, dans le seul but de protéger leurs intérêts personnels.

Quel est le débat au juste?

Interdire le marché au noir? Respecter la loi? Protéger l’enfant? Savoir qui a raison?

Il est facile de s’égarer dans tous ces dédales.

Un incident s’est produit. Malencontreusement peut-être. Mais il faudrait s’assurer qu’il ne se reproduise plus!

Voilà l’essentiel.

Carolle Anne Dessureault

*NOTE – la suite de LES CERF-VOLANTS DE KABOUL aura lieu la semaine pr

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Les cerf-volants de Kaboul. Un seul péché : le vol!

 
 
 

 

Permettez-moi de me perdre dans les méandres du très beau film «Les cerf-volants de Kaboul» tiré du livre de l’auteur afghan Khaled Hosseini et de vous partager l’ineffable impression qu’il m’a laissée.

Au commencement, une histoire simple qui se situe à Kaboul en Afghanistan, une amitié entre deux enfants du même âge, d’à peu près dix ans, au début des années ’70.

Il y a Hassan, le Hazara, au cœur pur comme un diamant, qui dit à son seul ami Amir, le Pachtoun, pour qui il voue une vénération sans bornes, que «pour lui il courrait des milliers de fois.».

 Les deux garçons passaient leurs moments libres à déambuler dans les rues animées de Kaboul, à voir des western américains principalement par John Wayne et Charles Bronson, à manger des friandises, et à jouer des tours aux vieilles personnes qui paraissaient sans danger de représailles.

Les deux enfants vivaient dans le même environnement, Amir, dans la maison de son père, homme d’affaires important et prospère de la ville, et Hassan, le fils du domestique de la maison, dans une cabane à côté de luxueuse demeure aux quinze pièces. En réalité, ils ne le savaient pas, mais les deux garçons étaient frères de lait, nés du même père, à une année d’intervalle. Ils avaient appris à faire leurs premiers pas sur la même pelouse, avaient été allaités par la même nourrice.

Frères de lait, mais vivant sur deux planètes différentes, parce que Hassan était analphabète et le resterait parce qu’on refusait cette catégorie sociale à l’école. Il n’était pas du même niveau. Si Hassan n’avait pas la beauté et l’éducation d’Amir, avait du courage. C’était lui qui défendait Amir. Quand Amir allait à l’école, c’était Hassan qui préparait son petit-déjeuner, qui rangeait ses vêtements, écoutait ses complaintes.

Le père d’Amir avait de l’affection pour Hassan. Souvent il disait à son cousin qu’il le trouvait brave, beaucoup plus que son fils Amir. Ce dernier entendait ces mots car il écoutait souvent aux portes. Il souffrait de la froideur de son père. Malgré lui il était jaloux de l’amour que son père portait à Hassan.

Un jour, alors qu’ils se promenaient dans des ruelles sombres, ils furent cernés par la bande d’Assef – un grand adolescent méchant de quinze ans qui ne pensait qu’à frapper, et ne sortait jamais sans ses acolytes. Assef menaça Amir de le frapper s’il ne reniait pas Hassan qui n’était qu’un foutu d’Hazara, tout juste bon à torcher les autres. Ce n’est pas qu’Amir vouait une grande fidélité à Hassan, il trouvait injuste c’est vrai qu’on le traite aussi mal, mais en même temps il avait honte d’être perçu comme son ami. Il n’était pas son ami, pensait-il, car Hassan était son domestique! Mais il n’osait le dire tout haut afin de ne pas blesser Hassan, et il savait que son père ne l’aurait pas toléré.

Assef continuait à invectiver les deux enfants des pires insultes. Il considérait qu’Amir et son père  déshonoraient l’Afghanistan en accueillant des Hazaras. C’était indigne et méritait une sévère punition.

Tout à coup, Hassan se baissa et se redressa rapidement. Assef et les autres marquèrent leur surprise en le voyant tenir un lance-pierre, l’élastique tiré au maximum, qui n’attendait que d’être relâché pour catapulter directement sur Assef le caillou de la taille d’une noix. Hassan ne sortait jamais sans son lance-pierre et il le maniait avec une grande dextérité.

Assef ricana et fit remarquer à Hassan qu’il toisait avec mépris qu’ils étaient trois contre deux.

–       Vous avez raison, agha, dit courtoisement Hassan. Sauf que, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué vous non plus, c’est moi qui tiens le lance-pierre. Si vous bougez, on vous nommera Assef le Borgne à la place d’Assef le Mangeur d’oreilles. C’est votre œil gauche que je vise.

Assef n’eut pas d’autre choix que de reculer, mais il lui jura qu’un jour il le regretterait amèrement.

Cet incident fit très peur aux deux garçons.

Souvent, Amir qui aimait la littérature et rêvait d’écrire des histoires, lisait à Hassan les passages d’un livre que celui-ci écoutait avec le plus grand intérêt. Jusqu’au jour où il lui lut une histoire qu’il avait lui-même écrite. Quand Hassan le sut, loin d’être envieux, il le félicita et le regarda avec une admiration encore plus grande. Amir se mirait dans ses yeux, et ne pouvait s’empêcher de se sentir plus fort et beau. Lorsque Hassan, cependant, osa lui suggérer un changement dans son scénario, il se rembrunit, car il se disait qu’il n’y comprenait absolument rien, lui qui ne savait même pas lire.

La jalousie et la frustration couvaient dans le cœur d’Amir de plus en plus souvent. Jusqu’au jour fatidique où avait lieu la fête des cerfs-volants, célèbre dans le pays. Amir se présenta à la joute, et demanda l’assistance d’Hassan. Les gens de la ville assistaient à cette fête, les uns assis sur leurs terrasses, devant la porte de leur maison, les autres entassés dans une aire d’observation.

Amir l’emporta, et se sentit très fier de lui. Hassan était aussi heureux que lui. Comme ils étaient sur le chemin du retour à la maison, très joyeux, anticipant le repas qui leur serait servi et pour Amir la joie de recevoir les félicitations de son père,  le cerf-volant qu’Amir tenait dans sa main s’échappa et s’envola à travers les dédales des ruelles. Hassan tout de suite se mit à courir de toutes ses jambes. Au détour d’une ruelle, il fut pris par Assef et sa bande qui sautèrent sur lui et le traînèrent dans un coin sombre. Assef exigea qu’il lui remette le cerf-volant mais Hassan refusa, parce que c’était, disait-il, le prix d’Amir.

Amir qui s’approchait entendit ces mots et en eut le cœur bouleversé. Figé sur place, se demandant comment il pourrait l’aider, il vit ce qu’Assef et ses amis firent à Hassan : ils le violèrent à plusieurs reprises, crachèrent sur lui, et le traitèrent de tous les noms.

Quand Assef et sa bande se retirèrent, Amir n’alla pas voir Hassan. Il resta caché sous un escalier. Mais il le vit marchant péniblement, la tête baissée, tenant solidement le cerf-volant dans sa main.

À partir de ce jour-là, plus jamais les deux enfants ne jouèrent ensemble. Hassan continuait à remplir ses tâches, mais n’avait pas l’air bien. Il gardait la tête baissée. Amir se mit à le détester, à se sentir très mal devant lui.

Un jour, en revenant de l’école, il demanda à son père qui se préparait un whisky s’il était un pécheur car selon les enseignements du mollah, il était en train de commettre un péché.

Son père le regarda très sérieusement et consentit à l’éclairer.

–       Je vais te parler d’homme à homme, mon fils. Tu penses être à la hauteur?

Le fils acquiesça.

–       Peu importe ce que prétendent le mollah et tous ces barbus, il n’existe qu’un seul et unique péché : le vol. Tous les autres en sont une variation.

1) lorsqu’on tue un homme, on vole une vie. On vole le droit de sa femme à un mari, on prive ses enfants de leur père.

2) lorsqu’on raconte un mensonge, on dépossède quelqu’un de son droit à la vérité.

3) lorsqu’on triche, on vole le droit d’un autre à l’équité.

–       Un homme qui s’empare de ce qui ne lui appartient pas, termina le père, que ce soit une vie ou du pain, n’est pas un homme intègre.  Et si Dieu existe, alors j’espère qu’il a mieux à faire que de s’occuper de savoir si je mange du porc ou si je bois de l’alcool.

Ce qu’Amir comprit, c’est que le vol était impardonnable.

Comme il ne savait comment se délivrer de sa jalousie et de sa culpabilité envers Hassan, il créa un scénario qui ferait passer ce dernier comme un voleur. Ainsi, son père cesserait de l’aimer et peut-être même de le préférer à lui.

Il s’organisa pour cacher sous le matelas d’Hassan la montre en or qu’il avait reçue en cadeau à son anniversaire. Puis, il alla voir son père et lui dit qu’il avait perdu sa montre. Son père lui conseilla de bien regarder dans sa chambre. Amir revint voir son père et lui dit qu’il soupçonnait Hassan. Son père le regarda étrangement, très longuement, mais pour la forme, accéda à son soupçon et devant le père adoptif d’Hassan, demanda qu’on fouille sous le matelas. La montre était là.

Mais le père d’Amir s’empressa de dire à Hassan qu’il lui pardonnait, ce qui épouvanta encore plus Amir. Néanmoins, Hassan et son père décidèrent de partir au Pakistan, ne pouvant plus tolérer cette situation.

Cette histoire allait rester comme une écharde dans le cœur d’Amir, et longtemps plus tard, alors que son père et lui se réfugieraient en Californie pour fuir le pays envahi par les Communistes, il comprendrait que dans son attitude même résidait la semence des troubles qui déchireraient son pays pendant des années.

LA SUITE LA SEMAINE PROCHAINE

Carolle Anne Dessureault

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Le désarroi des violences

 

 

Notre société a perdu son innocence. Il est de plus en plus nécessaire de se barricader, de se protéger, de prévoir les violences qui pourraient se produire. Mais la violence gratuite – ou celle provenant d’un désarroi mental – ne peut se planifier.

Deux cas au cours des dix derniers jours laissent un goût très amer au cœur.

Une première femme chef du gouvernement

Mardi soir, nous assistions à un événement historique avec l’élection d’une femme comme Première Ministre au Québec. Madame Pauline Marois, après plus de trente années d’implication politique et de persévérance malgré les attaques et les critiques des autres partis, mérite le respect pour son cheminement.

Indépendamment des partis pris, on ne peut que souligner la détermination de cette femme qui n’a jamais renoncé à son rêve.

Hélas, sa victoire fut ternie au moment même où elle délivrait son discours par un incident très déplorable causé par un individu qui a tiré à bout portant sur deux personnes dans la foule réunie au Métropolis. L’une d’entre elles est décédée, l’autre est toujours dans un état critique.

La question est la suivante : qu’allons-nous faire de cet individu, Richard Henry Bain? Comment sera-t-il jugé?

Il y a une lassitude inavouée de la part d’un grand nombre de personnes quand on invoque la maladie mentale dans un cas d’agression.

Si une personne souffre d’une maladie mentale, il faudrait l’encadrer et la soigner. Surtout pas la remettre en circulation.

Le cas de Tanya St-Arnauld, brûlée à l’acide

Un jeune couple dans la vingtaine qui ne s’entendait pas très bien. Le jeune homme, Nikolas Stefanos, était jaloux et agressif.

Agressif au point où il y a dix jours il a aspergé d’acide sa compagne quelques heures après une réunion avec des amis. La jeune femme a été transportée au Centre des Grands Brûlés de l’Hôtel-Dieu à Montréal.

Tanya St-Arnauld a reçu de l’acide au visage, dans les yeux, au-dessus des seins, dans le dos et sur les jambes. Son corps est brûlé à 21 %. Elle n’a plus de cheveux, elle pourrait aussi perdre la vue. Elle est défigurée.

L’agresseur est accusé de voies de fais et de voies de fait causant des lésions. Il doit suivre une évaluation psychiatrique.

La question est la suivante : comment sera-t-il jugé?

Il serait dangereux de remettre ce jeune homme en liberté. Le simple fait qu’il ait posé ce geste pourrait donner envie à d’autres de l’imiter. C’est ainsi qu’une société se décompose.

La justice se doit de protéger la société.

Carolle Anne Dessureault

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Le béton idéologique

Je m’inspire d’une expression déjà employée par Monsieur Jean-Pierre Charbonneau dans un discours prononcé à «L’Amicale des Anciens Parlementaires du Québec.»

Il s’agit de l’expression béton idéologique.

C’est exactement à quoi ressemblait dimanche dernier LE DÉBAT DES CHEFS.

Sauf pour Madame Françoise David, la porte-parole féminine de Québec Solidaire, qui s’est démarquée par une attitude reflétant authenticité et respect, les trois autres chefs sont restés coincés dans le ciment des idées.

J’ai été extrêmement déçue de vois une fois de plus que nos politiciens étaient passés maîtres dans l’art d’attaquer, de donner des coups bas, de critiquer, de crier, de détester.

Car, ne nous y trompons pas, il s’agit de haine. Ces personnes ne s’aiment pas du tout, et si ce n’était d’une certaine image de contrôle qu’elles se doivent de donner à la population, elles se dévoreraient à pleines dents. Sans remords.

Nous avons assisté à un débat fermé. Aucune ouverture. C’est tellement triste à voir.

Individuellement, je ne peux les blâmer totalement. C’est plutôt la manière de faire qui est désuète et à condamner, cette manière de ne voir que les travers et faux pas de l’adversaire, sans jamais reconnaître les bons côtés. Cette vision en béton stupide est en train de craquer de partout. Est-ce cela une réelle communication? Si ces personnes ne peuvent se respecter, comment peuvent-elles régner avec respect?

Le peuple, bien gentil souvent, mais pas si bête au fond, en a vraiment assez.

Nous voulons voir des gens qui se parlent en adultes.

Dimanche soir, M. Charest, M. Legault et Mme Marois, avaient l’air d’enfants se chamaillant dans un fond de cour.

Le béton idéologique, c’est une sorte d’infirmité. Une incapacité de comprendre le point de vue de l’autre. Il conduit à une vision partisane, bornée. Le discernement fait défaut.

On dit souvent qu’on a le gouvernement qu’on mérite.

Que chacun, le 4 septembre prochain, fasse un vote de cœur! Et non un vote en béton idéologique!

Carolle Anne Dessureault

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Un petit congé … loin de vous-même?

C’est ainsi que quelqu’un a un jour défini la méditation : prendre un congé de soi-même!

Des vacances de soi-même, en quelque sorte!

Brièvement, dans les temps précipités que nous vivons, où tout va vite, si vite, à l’ère du temps qui nous file entre les doigts et où nous nous agitons comme des girouettes, le stress nous tient souvent en état d’alerte en raison des nombreuses menaces et frustrations qui nous assaillent : guerres, grèves, corruption, crimes, crises de l’énergie, injustices et inégalités démesurées – et aussi la peur de l’insécurité – il peut être bon d’arrêter parfois le compteur mental et émotionnel. La méditation permet cette pause.

La méditation, une expérience directe

Personne ne peut vraiment nous dire comment méditer, pas plus qu’on ne peut dire aux autres comment nager ou monter à bicyclette. Ces activités requièrent l’expérience directe. Néanmoins, nous pouvons recevoir certaines indications sur la manière de procéder, tout comme pour la nage. C’est en s’exerçant qu’on apprend la méditation.

Méditer c’est essentiellement arrêter sa pensée sur un certain point.

L’objectif de la méditation est d’expérimenter ce qu’on ressent.

Ce que la méditation PEUT nous apporter

Les bénéfices de la méditation sont nombreux. En voici quelques-uns :

  •  libération possible de symptômes psychosomatiques, telles les dermatites d’origine nerveuse,  les troubles chroniques de l’estomac. Nettoyage de programmations;
  •  diminution du stress et de ses ravages;
  •  tranquillité intérieure et paix;
  • prise de conscience élargie qui aide à prendre  des décisions plus justes;
  •  expérimentation de l’état Alpha, c’est-à-dire, intensité accrue des pulsations électriques envoyées par le cerveau.

Ce que la méditation NE PEUT PAS nous apporter

Même si la méditation peut nous apporter la tranquillité intérieure, elle n’est pas pour autant une panacée universelle.  Voici ce qu’elle ne peut pas nous apporter :

  •  régler nos problèmes à notre place (pourtant, elle en rendra la solution plus facile);
  • perdre du poids, ni garder nos cheveux;
  •  empêcher le corps de devenir flasque, pas plus qu’elle n’effacera les taches de rousseur ou les verrues sur notre peau;
  •  surtout, la méditation ne viendra pas à bout des symptômes provoqués par des conflits émotionnels profondément enfouis en nous. La méditation n’est pas une psychothérapie bien qu’elle puisse être efficacement associée à une psychothérapie;

Quelques instructions pour débuter

  • au début, ne pas méditer trop longtemps – 2 à 5 minutes suffiront;
  • arrêter notre pensée sur un objectif (de préférence concret pour débuter);
  • s’assurer de ne pas être dérangé;
  • prendre une position confortable, assise, et fermer les yeux;
  • prendre deux ou trois respirations avant de débuter (par la suite le rythme naturel se fera);
  • se concentrer, mais sans forcer;
  • choisir un objet de méditation;

Diverses techniques de méditation

Les techniques sont nombreuses. Chacun choisira celle qui lui convient. La méditation est un acte très personnel.

 L’EXERCICE DE LA FLAMME (allumette)

Certains préféreront prendre une bougie comme objet de méditation, mais pour débuter, l’expérience de concentration sur la flamme d’une allumette est recommandée. Cette méditation est très courte – le temps que brûle une allumette – mais elle a l’avantage de ne pas durer longtemps et de ne pas décourager dans nos commencements.

Il s’agit de prendre une allumette, de l’allumer, et de la tenir à une distance d’environ 30 cm du visage.  Il faut regarder la flamme, sans poser des jugements sur le sens, un peu comme lorsqu’on écoute une musique qui nous captive. C’est s’immerger dans l’expérience en se fermant au reste.

Si pendant un instant, le reste du monde a disparu de notre champ de conscience, c’était l’objectif visé, celui d’expérimenter des éclairs de conscience.

LA TECHNIQUE KASINA

Ici, on médite sur une image qu’on tire de notre imagination consciente. Par exemple, on peut reréer l’image de la flamme de l’allumette déjà expérimentée. Un essai d’une minute ou deux est suffisant.

TECHNIQUE DU REGARD NASAL (une minute ou deux)

Assis, droit, redresser le menton, les yeux à demi-fermés, et fixer le bout de notre nez. Les muscles au-dessus du globe oculaire, peu habitués d’être sollicités, vont sans doute amener des larmes aux yeux.

Cette technique est reconnue pour développer la mémoire.

TECHNIQUE DU REGARD FRONTAL (une minute ou deux)

Fixer notre regard sur un point intérieur imaginaire, situé au-dessus du centre de la zone qui sépare les sourcils (là où est situé le troisième œil).

Cette technique rend le regard plus stable, sans cillement.

TECHNIQUE ZEN – RESPIRATION

Se concentrer sur l’inspiration, l’air qui pénètre dans les narines, descend dans la gorge et les poumons.

Par l’expiration, suivre le chemin inverse.

Cette technique apporte la paix intérieure.

TECHNIQUE PROGRAMME TÉLÉVISION OU TECHNIQUE DU TÉMOIN

On peut même méditer en regardant la télévision!

Regarder – comme un témoin – ce qui se passe à l’écran, sans s’y intéresser émotionnellement ni intellectuellement, simplement faire attention aux images sans cesse changeantes, les laisser dérouler sans en chercher la signification.

En fait, il s’agit d’observer le flot de pensées sans se laisser capter par elles.

Développement de la force de caractère, d’un esprit clair.

LES SONS

On peut s’imaginer dans un son particulier, soit celui des vagues de la mer, du bruissement des feuilles, du bourdonnement des abeilles.

Ou des mantras, tels Aum ou Hu (élévation de l’esprit), et bien d’autres.

Comment savoir si nous sommes en train de méditer

M. Edward E. Costain dans son ouvrage très pratique «Comment méditer» expose que méditer c’est s’arrêter sur un objet : rester à la même place. L’esprit est censé demeurer à la même place.

Notre attention est totalement prise par l’objet de la méditation. Si un autre objet se présente à notre attention, ou un souvenir, ou une pensée, ou une émotion, il n’y a qu’à les laisser circuler, sans les suivre, et revenir sur l’objet de la méditation.

 Un outil indépendant de toute croyance

Il existe, bien  évidemment, beaucoup d’autres techniques.

L’important est de sortir pendant quelques minutes de l’état habituel de la réflexion, car la méditation n’est pas la réflexion et la rationalisation, mais plutôt une prise de conscience qui prend une voie différente. La méditation représente une sorte de cadre, un état de réceptivité à l’esprit quelle qu’elle soit, et également, un élargissement de conscience, une vision plus globale.

Il est bon de rappeler aussi que la méditation n’est pas la propriété exclusive d’une religion ou d’un mode de pensée philosophique. Elle est un outil indépendant de toute croyance. On peut s’y lancer sans scrupule de conscience. Elle n’est pas plus «confessionnelle» que la multiplication ou la division!

Bon voyage … loin de vous-même … et en même temps, paradoxalement, encore plus près de votre nature profonde.

Carolle Anne Dessureault

 

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Un pas vers l’élimination de la corruption?


L’image ci-dessus est dédiée à la transparence. L’inverse de la corruption.

Il y a une chose, plutôt positive, qui ressort de cette campagne politique au Québec, c’est le consensus sur l’élimination ou la réduction de la corruption, consensus provoqué par l’arrivée de M. Duchesneau au parti de M. François Legault, CAQ, lequel a claironné fièrement que M. Duchesneau – un incorruptible – était notre Elliot Ness national. Le parti québécois, en revanche, s’est empressé d’ajuster son tir en disant qu’une seule personne, fut-elle Elliot Ness en personne, ne suffirait pas à la tâche. La solution ne viendrait que d’une équipe forte, telle celle du Parti Québécois. Le PQ a par la même occasion annoncé son intention de faire le ménage dans le financement des partis politiques en limitant à 100,00 $ par individu les dons versés, et ce, dans le but d’empêcher la danse du retour des ascenseurs, des nombreux privilèges auxquels s’attendent hypocritement les donateurs.

Tiens, faire du ménage dans ce tas de foin moisi est une excellente idée! En plus, les retours d’impôt de 50 % sur les contributions des amis des partis pourraient enfin servir à d’autres fins! Peut-être!

Depuis longtemps, il faut le dire, tout le monde sait que la corruption est partout. Régulièrement, comme un pendule qui sonne à l’beure, des scandales éclatent, se résorbent. Comme les vagues de la mer. Au bout d’un moment, une fois la poussière retombée, les acteurs de la série vedette de la corruption poursuivent leurs  magouilles, souvent directement sous le nez des contribuables. Sans pudeur.

La conséquence sociale de cet état de faits a fini par faire perdre confiance à la population en ses dirigeants. Elle est même devenue blasée. Qui n’a jamais entendu les commentaires suivants, très désabusés : «Oui, c’est corrompu, on le sait, mais c’est ainsi que ça fonctionne. On ne peut rien y faire. On ne changera pas la nature humaine.» Et peu à peu, sans s’en rendre compte, on devient fataliste.

Est-ce à dire qu’il n’y aura plus du tout de corruption? Bien sûr que non. Du moins, on peut espérer qu’elle a quelques chances de s’affaiblir. En positionnant ce thème à la première place du palmarès politique, on peut se permettre d’espérer – s’il reste encore un peu de pudeur chez nous – qu’un peu plus de décence sera de rigueur.

Car la corruption finit par vraiment dégoûter, décourager, démotiver. Quand on ré-entend l’histoire (vieille de quelques années, mais il est bon de se la rappeler, il ne faut pas oublier)  de la vente d’un terrain par une Commission scolaire du River-Side à Brossard, à la Fondation Catania, pour une modique somme de 600 000 $ afin d’y construire un centre communautaire (maquettes et photos à l’appui et petits fours aussi), et que douze mois plus tard, le projet tombe à l’eau … ne se fera plus. Alors le gouvernement rachète le terrain à la Fondation Catania pour la somme de 1,6 millions de dollars! J’aimerais bien pouvoir faire des investissements aussi profitables en bourse, c’est plutôt la débandade pour le commun des mortels. Pas de centre communautaire, tel que promis, mais la construction d’un projet privé, soit celui de condominiums!

Ce million de dollars appartenait aux contribuables puisque le terrain appartenait au gouvernement, au trésor public! Oh la, on ne s’étonne plus de voir la qualité de vie diminuer et notre richesse dégringoler.

Nous voilà donc en route officiellement, semble-t-il, pour la bataille de l’intégrité. Avant, chacun des partis en parlait vaguement, mais cette fois-ci, on sent que la goutte a débordé du verre, et qu’il est temps d’appliquer des mesures correctives.

Mais, il faudra être patient. Car, on le sait, les changements positifs se font lentement. Si on descend facilement une côte, on la monte beaucoup plus laborieusement.

Du ménage à faire dans le futur? Il faudra en faire, c’est sûr.

N’acceptons pas, dans nos conversations, nos écrits, notre vie personnelle, les symptômes de la corruption. Dénonçons-la.

Solidaires, nous sommes toujours plus forts.

Carolle Anne Dessureault

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Camus disait : empêcher que le monde se défasse …

Dans cette période échauffée par l’approche d’élections au Québec, à l’orée de frontières prêtes à s’écrouler pour que de plus belles naissent, tout défaire pour tout refaire, est-ce possible, surtout, est-ce nouveau? Quel parti choisir? À qui faire confiance?

Parfois, on pourrait même souhaiter la violence, celle d’une révolution qui nettoierait tout pour purifier l’ardoise.

Il convient de se tenir debout plus que jamais.

Que signifie cette expression dans un univers où corruption et violence et injustice se côtoient trop souvent? D’inégalités sociales de plus en plus insupportables, ici ou ailleurs, qu’importe, c’est la même révolte.

J’aimerais dans ce contexte vous partager quelques extraits d’un grand penseur social et humain, Albert Camus, tirés de son discours en 1957, il y a de cela cinquante-cinq ans, quand il reçut le Prix Nobel de littérature, ainsi que d’autres écrits tirés de ses pièces.

Chaque génération voudrait refaire le monde

Laissons les mots de Camus vibrer dans notre esprit.

«Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.

 Héritière d’une histoire corrompue où se mêlent les révolutions déchues, les techniques devenues folles, les dieux morts et les idéologies exténuées, où de médiocres pouvoirs peuvent aujourd’hui tout détruire mais ne savent plus convaincre, où l’intelligence s’est abaissée jusqu’à se faire la servante de la haine et de l’oppression, cette génération a dû, en elle-même et autour d’elle, restaurer, à partir de ses seules négations, un peu de ce qui fait la dignité de vivre ou de mourir.

 Devant un monde menacé de désintégration, où nos grands inquisiteurs risquent d’établir pour toujours les royaumes de la mort, elle sait qu’elle devrait, dans une sorte de course folle contre la montre, restaurer entre les nations une paix qui ne soit pas celle de la servitude, réconcilier à nouveau travail et culture, et refaire avec tous les hommes une arche d’alliance …(… )»

 Comme Sisyphe, poursuivre l’effort …

Camus écrit : «Comme Sisyphe, notre génération, et celle à venir, aura à poursuivre l’effort, malgré l’atroce constatation que nous marchons sur les talons de la destruction, de la guerre et des fanatismes aux innombrables visages sous toutes les latitudes, tous points cardinaux confondus. Comment devancer les fléaux qui menacent?

 Accorder à tous un régime pleinement démocratique

Chaque société, chaque pays mérite le meilleur, ou à tous le moins, un régime pleinement démocratique, si l’on considère que ce dernier représente une forme plus évoluée que celle de la dictature ou du communisme qui, dans son essence transportait de beaux principes, mais qui dans la pratique, a généré d’habiles démocrates amoureux des privilèges.

Albert Camus dit à ce propos «qu’il est propice d’unir au lieu de diviser. J’ai toujours, reprend-il, condamné la terreur. Je condamne aussi tout terrorisme qui s’exerce aveuglément.» Plus loin, il précise : «Je n’approuve pas le terrorisme, la violence qui frappe aveuglément les civils… » Il en arrive à penser, dès l’apparition du terrorisme et de la répression, qu’une certaine façon d’engagement s’impose.

Albert Camus refusera toujours que la revanche puisse tenir lieu de justice, que le mal réponde au mal, que la violence soit encore accoucheuse d’histoire et que même Auschwitz puisse jamais justifier Hiroshima.

Introduire le sentiment d’humanité dans l’acte politique

En vérité, Albert Camus est celui qui refuse l’esprit de synthèse et qui introduit dans l’acte politique le sentiment d’humanité. À ceux qui croient que seule la violence est la grande accoucheuse de l’histoire, il dit que le crime d’hier ne peut autoriser, justifier le crime d’aujourd’hui. Il écrit en janvier 1956 : «Quelles que soient les origines anciennes et profondes, aucune cause ne justifie la mort de l’innocent.»

 Dans sa pièce Les Justes, un personnage se confie

Dans Les justes, il fait dire à l’un de ses personnages : «J’ai accepté de tuer pour renverser le despotisme.

 Mais derrière ce que tu dis, je vois s’annoncer un despotisme, qui, s’il s’installe jamais, fera de moi un assassin alors que j’essaie d’être un justicier.»

 Tous ceux qui veulent le changement aspirent à quelque chose de plus grand

Certes, il ne faut pas baisser les bras. Seulement prendre garde dans l’aspiration au changement à ne pas devenir soi-même le bourreau que l’on dénonce dans les systèmes actuels qui nous apparaissent corrompus.

Merci d’avoir lu les propos d’Albert Camus qui m’apparaissaient d’une grande actualité, malgré le décalage du temps.

Bonne journée, et bon choix!

Carolle Anne Dessureault

 

 

 

 

 

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Un petit test de créativité

Amusons-nous un peu.

Je vous propose aujourd’hui un test simple, mais intrigant.

Il s’agit de tester votre créativité à résoudre les problèmes. Ce test pourra servir de modèle dans la plupart des situations que vous rencontrerez dans votre vie.

Une façon renouvelée d’envisager un problème et d’y apporter une solution.

Dans le processus de recherche d’idées nouvelles, la pensée fait des bonds qui l’amène à passer du mode de pensée habituel et logique au mode de pensée intuitif et imaginaire, celui qui fonctionne à tâtons et puise ses idées dans l’inconscient.

On l’appelle aussi la conscience primordiale.

La créativité

La créativité serait l’aptitude à concevoir la réalité autrement.

Que ce soit en art, en thérapie ou en affaires, – et dans les situations de crise dans notre vie – la créativité permet d’élargir notre champ de perception et d’action.

Le potentiel créatif nécessite simplement, pour s’épanouir, d’être mis en pratique. Il serait donc accessible à tous.

Les instructions

Voici ci-dessous neuf points.

Le test consiste à relier les neuf points du diagramme en traçant quatre lignes droites, sans soulever le crayon.

                       

.               .               .

.               .               .

.               .               .

     Ÿ   Ÿ   Ÿ

La solution apparaît ci-dessous.

En suivant les lettres alphabétiques pour tracer les lignes, on arrive à la forme ci-dessous.

F

Ÿ E           ŸG           ŸA

D           B           H

C-L          K           J           I

 

Conclusion

Étonnant, n’est-ce pas?

Il faut parfois sortir des cadres appris! Prendre des cadres différents!

Notez que les instructions n’indiquaient aucunement qu’il fallait s’en tenir à un carré, et qu’il ne fallait pas sortir du cadre.

Merci de votre participation.

Bonne journée, créative et agréable à souhait!

Carolle Anne Dessureault

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Parfois, le silence

Un jour, il y a de cela une décennie et plus, j’ai croisé à la station de métro Berri-Demontigny une itinérante assise par terre, un sac de détritus entre ses jambes, l’air hagard. Il était environ 18 heures, c’était le printemps, la lumière du jour courait entre les portes tournantes vitrées qui donnaient sur le boulevard de Maisonneuve, jusqu’aux pieds de cette femme.

Je venais de terminer ma journée de travail, je me sentais bien, forte et en santé. J’ai discrètement sorti une pièce de deux dollars de mon sac et me suis approchée d’elle. Elle ne me regardait pas du tout, mais fixait des yeux un point quelconque devant elle. Je me suis penché, ai effleuré sa main pour qu’elle l’ouvre et prenne la pièce que je lui tendais.

Elle l’a refusée. Un grognement sonore s’échappa de sa bouche gonflée et sèche, craquelée. D’un revers de la main, elle me repoussa.

Abasourdie, je reculai. Dans ma logique, je me faisais une joie de lui faire plaisir, et mon cerveau faisait déjà des calculs. Si trois ou quatre autres personnes lui donnaient un dollar ou deux, la somme lui permettrait de se payer un bon repas. Dans ma logique de deux et deux font quatre, c’était clair. Mais la logique linéaire est utile seulement pour les personnes qui fonctionnent bien socialement.

Jamais je n’oublierai le visage de cette femme. Qui avait dû être belle dans le passé, cela se voyait à ses traits bien découpés, larges, anguleux. Elle restait belle même dans la chair défaite et grise, ni maigre ni obèse, pourtant bien en chair. Elle avait dû avoir une belle chevelure, car son épaisse tignasse grisâtre et sale retombait en cascades sur ses épaules. Ses yeux – deux saphirs brouillés – reflétaient la souffrance. Mi-fermés, mi-ouverts. Quand la souffrance est trop brûlante, que les yeux soient fermés ou ouverts, cela n’a plus d’importance Ils sont figés dans la glaise de la mélancolie.

Oh, chère pauvre petite sotte de moi qui, juchée sur ses escarpins rouges, dans son tailleur crème, funambule gardée en équilibre par le fil des regards mâles, avec ses ailes d’ange en plastique, voulait acheter,  pour deux dollars, le sourire d’une femme usée à la corde, une jolie étoile à coller sur le tableau de sa vision de l’univers!

Mais l’univers n’est pas statique. On ne peut rien coller dessus.

Aujourd’hui que la vie m’a un peu changée, et qu’elle m’a fait goûter à la saveur acide de sa réalité, je vois ça différemment.

Parfois, devant la douleur des autres, il n’y a rien à faire, rien à dire, peut-être simplement garder le silence. Un observateur témoin. Une présence dans le regard. Le silence a le mérite de brûler le superflu.

Son image m’a longtemps suivie. Je ne l’ai jamais oubliée.

Qu’est-ce que j’attendais de cette femme usée? Un sourire? Un merci? La gratification de faire le bien? Cette femme souffrait tant qu’elle ne voulait pas faire semblant qu’une pièce de deux dollars allait améliorer sa vie. Elle ne voulait pas être obligée de dire merci et de jouer la comédie du contentement, si peu soit-il. Y croire, c’est ne pas savoir.

Ce soir, en cet instant même, cette femme que je ne connais pas, qui ne me connaît pas, qui est peut-être morte même, je le dis, je suis avec elle de tout mon cœur. Je revois son visage et la lueur de son regard. Je me contente d’être le témoin de sa désolation.

Le vent de l’esprit qui transporte tout ce qui est vivant et vibrant transportera cet instant où il le veut bien. Il le sèmera dans le jardin qu’il choisira.

Moi, je ne peux rien d’autre. Je ne suis que le voyageur qui observe.

Carolle Anne Dessureault

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Ouvrons les cages de notre mental


Une histoire bien sordide

Pierre JC Allard nous transmettait le lundi 2 juillet un article signé par Gérard Amaté paru dans le «Monde Libertaire» sous le titre «Trois ans derrière des murs pour une simple gifle».

Une histoire bien triste que cette saga entre un maire et un citoyen, un berger qui élevait une soixantaine de moutons depuis quatorze ans à Malons, une commune située dans les Cévennes en France.

Un jour, le berger dut se rendre à l’hôpital pour un court séjour. Pendant ce temps, le maire fit abattre tous ses moutons sous le prétexte qu’ils étaient sans surveillance. Aucun avertissement n’avait été donné au pauvre berger.

Celui-ci, à son retour, plutôt de mauvaise humeur, se rendit chez le maire pour en discuter, mais voyant qu’il ne comprenait pas son point de vue, le gifla. Monsieur le maire n’apprécia pas du tout d’être giflé par lui. Il porta plainte. Le berger, de son nom Alain, se retrouva donc en prison.  Lorsqu’on plaida sa cause au tribunal, on plaida sa nervosité, ce qui incita le juge à ordonner son hospitalisation dans un établissement ad hoc.

Pour faire une histoire courte (pour ceux qui voudront lire l’article au complet, voir la référence en première ligne ci-dessus), au bout de trois ans, le dossier n’est toujours pas réglé. Même si le berger n’a jamais été diagnostiqué malade mental par des experts, de vaporeuses conclusions par un nouveau psychiatre firent qu’on le garda finalement en institution même si on ne le jugeait pas déséquilibré, cet homme qui se sentait mal dans un milieu de maladie mentale, sait-on jamais, pourrait peut-être un jour porter atteinte de façon grave à l’ordre public.

Il semble clair qu’on se trouve ici en présence d’un cas de persécution, de racisme, de vengeance personnelle mesquine. D’abus de pouvoir parce qu’un petit berger inconnu et humble a osé gifler un élu important, un magistrat. Conséquence, trois ans d’enfermement pour une gifle …. Et l’homme n’est pas au bout de ses peines.

Les dangers d’un mental compartimenté

Je me demande comment Monsieur le maire des Cévennes parvient à dormir en paix le soir.

Se croit-il sincèrement dans son bon droit? Sans doute, à l’extérieur, devant tous, il représente un magistrat d’importance et il doit probablement représenter un modèle de père de famille, un bon mari, un bon citoyen, un bon ami pour ses pairs, un homme respectable qui a réussi dans sa ville.

Mais s’est-il interrogé sur les mobiles qui le poussent à s’acharner sur le sort de cet homme qui n’a fait que friper son orgueil?

J’aimerais aborder l’idée qu’il est facile de compartimenter notre mental. De subdiviser notre conscience. Comme si on ouvrait plein de petites cases dans notre tête, isolées les unes des autres, et sans aucun lien entre elles.

On croit agir par justice, on ouvre dans notre tête la case intitulée «Justice» et on élabore sur les beaux principes qu’elle doit représenter. On ses dit qu’on agit avec justice. Puis, on ferme la petite case, et on passe à un autre concept. L’amour, par exemple. On pense à la manière dont on aime, on défend de belles valeurs, on dit qu’on vit pour elles, puis on ferme la petite case, à coups de cadenas souvent. Vient le concept de la «Haine», on a aussi une opinion complète sur ce sentiment. On la condamne, car il ne sert à rien de haïr. On croit même qu’on ne déteste pas sérieusement.

Ces idées renfermées dans des cases ne se rencontrent pas souvent. Souvent, il n’y a aucun lien entre ces cases. On ne fait pas la connexion. Si bien qu’une personne peut véhiculer des idées fort nobles et élevées sur l’amour, et penser représenter cet amour dans sa vie, et en même temps, vivre dans une haine pernicieuse furieuse qui lui fait poser des actes ignobles et qu’elle justifiera à sa manière. L’attitude du maire de Cevennes laisse à penser qu’il y a beaucoup de haine en lui. Beaucoup. Il ne la conscientise pas, alors il la projette sur d’autres. Plus faibles socialement. Sans position.

Ouvrons les portes de nos cages mentales

Ouvrons donc les portes de nos cages mentales. Laissons se répandre en nous le parfum de ce que nous éprouvons, sentons, expérimentons, sans les séparer. Après, laisser notre réflexion se nuancer de plusieurs couleurs afin de voir les choses dans leur unité, et non pas divisées.

Carolle Anne Dessureault

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