Archives de Catégorie: Actualité

C’est aujourd’hui la fin.

Je suis devant mon écran, et je ne parviens pas à trouver un sujet d’article. C’est comme si je n’avais plus rien à dire. Je n’en reviens absolument pas!!!

J’ai donc relu les articles que je vous ai présentés depuis le début et j’ai peut-être compris pourquoi je suis vidé.

Mon premier article dévoilait que notre système est esclavagiste, malgré sa promesse d’amélioration de notre qualité de vie. Promesse qui s’est avérée fausse, à cause d’un manque de vision de nos dirigeants. La solution que j’ai proposée est de taxer la production (PIB) au lieu de taxer les revenus.

J’ai, ensuite, abordé la puissance de manipulation de nos systèmes politiques et leur propension à éliminer graduellement nos droits fondamentaux au nom du « bien de l’ensemble ». Le résultat est que, chacun de nous, remettons nos propres responsabilités dans les mains des dirigeants, concrétisant peu à peu notre « position » d’esclaves consentants. J’annonçais également l’existence d’une soif de liberté sous-jacente, actuellement, dans l’esprit d’une majorité grandissante de la population mondiale, aucunement décelée par nos autorités. Aujourd’hui, les « indignés » sont là.

J’ai tout de suite enchainé avec le maquillage recouvrant ce que nous appelons faussement « La Démocratie » que l’on dit « représentative ». Encore une fois, la question fut de savoir si nous devions continuer d’être seulement des moutons dirigés par un ou des « bergers » (la plupart du temps des « ham-bergers »), ou si nous devions prendre nos responsabilités en tant qu’êtres qui sommes parvenus à devenir « humains ».

L’article suivant présentait les acquis technologiques actuels qui nous permettraient de procéder à une refonte de notre démocratie indiscutablement défectueuse. Ce qui nous obligerait à prendre nos responsabilités individuelles face aux besoins de la société. Malheureusement, je n’ai pas souligné « qu’avoir raison » dans nos décisions futures n’avait aucune importance. L’important était de participer aux décisions, bonnes ou mauvaises, en acceptant d’en être responsables. Actuellement, les décisions sont plutôt toujours mauvaises et nous acceptons,  comme des imbéciles, d’en subir les contrecoups sans en être aucunement responsables.

L’article qui a suivi démontrait la nécessité de rectifier notre optique sociale, en nous basant sur l’histoire à partir du « primitif », en corrigeant ce qui nous semblerait « erroné » dans le développement de notre vision des choses. Corrections qui résulteraient en l’installation  d’une vraie « sécurité  sociale » pour chacun d’entre nous.

J’ai ensuite « réagi » au sujet de ceux qui « croient tout savoir » sans pouvoir « rien expliquer ». Ce n’était qu’une réaction personnelle face à l’habitude conditionnée, chez certain, de « croire aveuglément » ce qui est dit par des supposées « sommités ». Conditionnement débile, incrusté par la philosophie de croire à « l’omniscient » et à la « toute puissance », suite à des évènements préhistoriques responsables de créations de « dogmes ». Ce conditionnement nous porte, encore aujourd’hui, à créer et établir des dogmes dans notre société. Le dogme est le plus puissant instigateur de l’esclavage. On l’a malheureusement oublié.

L’article suivant voulait vous démontrer la réalité d’évènements préhistoriques responsables des dogmes dont je parlais plus haut.

J’ai ensuite souligné l’un de ces « dogmes » qui, actuellement, est directement responsable  d’affrontements sanglants. J’ai voulu démontrer la nécessité d’éliminer tout dogme de nos esprits pour adopter une vision basée sur le raisonnement objectif en évitant l’objectivité raisonnée prônée actuellement.

La suite immédiate fut une présentation des conséquences de notre vision actuelle de notre politique élitiste. Le constat est effarant.

J’ai ensuite parlé des manipulations dont fut l’objet notre propre Histoire du Québec. Il va sans dire que des manipulations semblables furent faites sur les histoires de tous les peuples de la terre. Selon moi, nous devons en être conscients et nous devons tenter de rectifier l’histoire pour parvenir à y voir un peu plus clair.

J’ai ensuite tenté de jeter la lumière sur la « vraie réalité » sous-jacente à ce que nous pouvons observer concrètement. J’ai démontré, du mieux possible, une vision scientifique raisonnable basée sur l’ouverture totale de l’objectivité. C’est la seule porte de sortie qui soit encore à notre disposition. Il nous faut absolument rectifier le tir de notre « jugeote ».

L’article suivant a voulu souligner l’importance du plaisir, des sourires, de l’amitié et de la manifestation de satisfaction de l’ensemble d’une société, pour le bonheur de chacun des individus qui la compose. Aussi curieux que cela soit, au départ, ce n’est qu’une question de comportement. C’est d’une facilité déconcertante.

J’ai ensuite mis sur la sellette l’inconsistance crasse de l’optique adoptée par la majorité de nos études scientifiques qui ne tiennent aucunement compte des individus et qui ne tendent pas du tout à améliorer la situation. Leur position est celle d’observateurs aucunement impliqués. Des sortes d’études faites par des extra-terrestres. L’objectivité raisonnée au lieu du raisonnement objectif; le summum de l’élitisme humain divinisé.

Un voyage vacancier m’a permit de faire ressortir la non-indispensabilité d’un agenda pour vivre les plaisirs de la vie. En fait, j’ai même suggéré qu’un agenda était un obstacle à la perception du plaisir dans le déroulement des évènements. La conclusion fut qu’il faut avoir confiance en l’inconnu au lieu d’en avoir peur. C’est une prise de conscience des plus importantes à mon point de vue.

J’ai voulu ensuite ressusciter les vraies raisons qui définissent notre identité nationale en tant que peuple Nord-Américain. J’ai fait ressortir ces caractéristiques, assez uniques dans le monde, auxquelles nous devons nous identifier pour ne pas perdre notre valeur intrinsèque en tant que peuple. Ces caractéristiques réelles qui furent effacées, sinon déviées, par les « besoins politiques » de nos dirigeants.

L’article suivant démontra le même processus qui a dénaturé la réalité historique de la Palestine vs Israël. Le résultat est qu’il est devenu plus important de « parler pour parler » que « d’agir pour régler les problèmes ». « Parler pour parler » ou « écrire pour écrire » est exactement la même chose. Heureusement qu’il est possible que tout ce remue ménage intellectuel soit peut-être la cause de l’action des « indignés » que nous observons actuellement. Sinon, cela ne sert absolument à rien.

Dans les articles suivants j’ai tenté de faire ressortir la nécessité de recouvrer une franchise inconditionnelle pour aborder les solutions aux problèmes. Tout ce qui est « dogmes », « préjugés » ou « convictions » ne sont que des écueils pour les solutions possibles. Le principe des « apparences » ne sert absolument pas le bien-être des peuples. Les articles subséquents ont abordé ce sujet de différentes façons, avec un petit détour vers la structure universelle fondée sur le « Je », c’est-à-dire : sur  » l’état fondamental absolu ». C’est, encore une fois, le point de départ de toutes les prises de conscience subséquentes.

Une partie des articles suivants n’ont été que du rabâchage d’évènements à la UNE qui confirment, plus ou moins, l’état de décrépitude où nous pataugeons actuellement. Je ne vois vraiment pas ce que je pourrais apporter de plus pour aider ma communauté à ce sujet. Par contre, l’histoire et le caractère de nos ancêtres que j’ai pu essayer de vous faire découvrir est un sujet qui m’est très important.

Les articles qui ont suivi ont été pour expliquer le plus clairement possible la solution que j’entrevois pour échapper à l’oligarchie développée au cour de notre histoire.

Finalement, les derniers articles ont tenté de redorer le nom et l’honneur de nos ancêtres canayens qui ont fait beaucoup plus que ce qui nous est rapporté par l’histoire officielle.

Cette révision de mon travail sera donc le dernier article que je fournirai pour l’instant. Je me sens complètement vidé de nouveauté et je ne pourrais, dorénavant, que de me répéter sans apporter  d’améliorations sur le sujet humanitaire.

Je prends quelque vacance et peut-être vais-je prendre la décision d’agir de façon plus définie dans quelque temps. Je verrai bien.

Mes futurs « soubresauts » pourront être lus sur centpapiers, évidemment.

Entretemps, ce fut un plaisir et surtout un honneur que vous me laissiez exprimer mes petites opinions devant vous, sur les 7 du Québec et je vous en remercie sincèrement.

Bonheur à tous.

Amicalement

André Lefebvre

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Classé dans Actualité, André Lefebvre

L’Autre Monde 14 janvier 2013 : Mouvement « Freeman on the land » et la liberté vs le système légal commercial / Vaccination / BP et le pétrole du Golfe du Mexique


L’Autre Monde 14 janvier 2013 : Mouvement « Freeman on the land » et la liberté vs le système légal commercial / Vaccination / BP et le pétrole du Golfe du Mexique

Nombre d’émission: 219
Diffusion en direct : Lundi à 15:00h

Animateur(trice) : François Marginean
Réalisateur(trice) : François Marginean

Archives d’émission

Pour écouter, ou pour télécharger, simplement cliquer sur le lien ici:

L’Autre Monde 14 janvier 2013

90 min / Radio de l’UQAM, CHOQ FM

Au programme cette semaine: 

Apprenez davantage sur le mouvement « Freeman on the land », où on apprend la différence entre votre personne en chair et en os et votre personne légale et ce que cela implique pour vous à tous les jours et votre liberté. 

 
Nous abordons encore une fois le sujet de Fukushima et les conséquences des retombées radioactives sur la populations et la faune – les dernières nouvelles sont de très mauvais augure. 
 
Nous touchons aussi au sujet des vaccins et de la médecine moderne. Nous terminons avec une synthèse de la situation économique mondiale.
C’est en rendez-vous le lundi dès 15h pour l’émission la plus écoutée de CHOQ FM, la radio officielle de l’Université du Québec à Montréal ! 
 

***Hyperliens vers les sources des informations discutées sur l’émission d’aujourd’hui, cliquez ici!

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Classé dans Actualité, François Marginean

La bhuttocratie aux oubliettes…

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Il y a cinq ans tout juste, Benazir Bhutto (1953-2007) mourrait assassinée en pleine campagne électorale. Il s’ensuivit un court flafla occidental puis, vite, on tourna la page. Au jour d’aujourd’hui, on oublie déjà Madame Bhutto. Elle était la marionnette myope de l’Occident. Elle incarnait la tentative compradore de manipuler, depuis l’intérieur du fourneau, le Pakistan, cet allié tourmenté de 162 millions d’habitants au bord de la révolution islamique. Il s’agit donc de l’incurie ricaine en matière pakistanaise. Résumons. Le Pakistan, pays artificiellement créé en 1947 pour séparer les musulmans du sous-continent des Hindous, pays doté jadis d’une portion orientale distante de 1,000 km qu’il a perdu en 1971 dans une guerre sanglante et humiliante impliquant l’Inde, pays pompé, frustré, exacerbé. L’islamisme y monte tranquillement sans encombre depuis deux bonnes générations, dans une définition nationale qui repose de toute façon sur l’Islam au départ. Les élites occidentalisées (famille Bhutto en tête) n’y ont apporté que magouilles et combines, self-service pour leur propre clan. Les ricains y ont surtout appuyé de longue date ses dictateurs galonnés en cascades, s’intéressant moins à sa démocratisation effective qu’à la clique à poigne qui servira ses intérêts. Or ces gens ne sont pas des amnésiques politiques, il s’en faut de beaucoup.

Et subitement tu lâches là dedans une ancienne combinarde jadis déposée pour magouilles, qui porte son voile à moitié, en rêvant qu’elle ira bouter le général que tu n’appuies plus parce qu’il pointe les ressources que tu lui fournis contre l’Inde plutôt que contre ton petit problème terroriste qu’il protège à demi et dont il se fiche pour l’autre demi. Eh bien ta figure politique «démocratique» de la onzième heure, prépare toi à en retrouver du hachis. C’est ce qui est arrivé. Madame Bhutto incarnait l’occidentalisation et tous ses mythes creux: démocratie, élitocratie, ploutocratie, magouillocratie, etc. Sa mort aura peu d’impact de masse à terme au Pakistan parce que cette figure était téléguidée de l’extérieur mais comptait peu à l’intérieur en fait, malgré le show à courte vue qu’on a voulu nous servir ici la concernant. Il faudrait envelopper son cercueil dans un drapeau ricain. Elle est morte pour ses maitres d’outre-Atlantique et ces derniers, toujours aussi mauvais joueurs sur l’échiquier mondial, sont maintenant bien emmerdés avec ce régime qui n’arrive plus à contenir son hinterland qui gronde et ses maquis rebelles qui pullulent. Même des journaux de suppôts comme Le Monde etc admettent cette réalité patente du statut parfaitement compradore de la manoeuvre avortée Bhutto. Ce qu’il faut voir clairement ici, c’est la mesure de l’incompétence américaine sur cette question délicate de politique étrangère. Si Madame Bhutto et ses muses US étaient si adroites, eh bien la dame serait tout simplement encore en vie. Le pragmatisme de la survie physique en politique n’est pas un pragmatisme abusif, loin s’en faut. Morte, elle prouve combien le coup était hasardeux et mal informé.

L’impact politique de Madame Bhutto (plus inconsciente que véritablement «courageuse» à mon sens. Il n’y a aucun courage dans le suicide) sera minime et sans suites sérieuses. Six mois après sa mort, on n’y pensait plus. Observons cet impact sur le coup du moment d’alors. Moins d’une cinquantaine de morts dans les manifs (Il faut placer les choses dans leurs justes proportions. Ce sont des pays hautement émotifs en matière d’assassinat politique. Rien de comparable ici cependant avec les centaines et centaines de morts ayant suivi les assassinats de Mohenda, Indira et Rajiv Gandhi), des pillages et du brigandage (Ça c’est intéressant parce que c’est l’action de gens qui se couvrent avec l’événement plus qu’ils ne couvrent l’événement), un report électoral mollasson, des partis d’opposition pas tellement plus forts ou plus faible qu’avant, un général toujours aussi collant, et la lente marmite islamiste qui continue de chauffer dans le fond de l’hinterland (et non, comme on cherche tant à nous le faire croire ici, du fait de groupuscules marginaux).

Rien de nouveau, donc. Les tendances lourdes, comme en Égypte, comme en Arabie Saoudite, comme dans la vie. L’idée de foutre la paix à ces gens devrait peut-être faire son chemin un petit peu (si peu), mais le mal de l’intervention occidentale est de toute façon déjà bien avancé… Dans ce contexte foutu, la question QUE FAIRE? a été soulevée. Posons la en termes pakistanais (et saoudiens et égyptiens et palestiniens). Mais que manque-t-il donc à l’islamisme politique pour qu’il se défrustre, se décrispe, se calme les nerfs, s’assoye dedans et nous foute un peu la paix? Réponse: il lui manque l’usure du pouvoir, le bon vieux ronron des chancelleries, le raplapla de la realpolitik, la couchette du pacha. L’ineptie compradore ricaine étant ce qu’elle est, de l’Algérie au Pakistan en passant par la Palestine, quand un parti islamique gagne ses élections en bonne et due forme (démocratie, vous avez dit?), il se fait casser les deux jambes par l’Occident, flagosser, taponner, couillonner, et ces gens n’ont tout simplement pas l’opportunité d’aller un peu dormir au ministère et voir si j’y suis, dans leurs propres pays. Pas fort ça, pour les soi-disant champions US de l’électoralisme. Alors ces gens, tu comprends, ils s’exacerbent, constatent qu’il y a un truc avec les urnes là, et cinq ans plus tard au lieu d’avoir un régime islamique mou élu, tu finis avec un régime islamique dur, placé par coup d’état et/ou printemps « populaire », martyr sanguinolent et braqué à la planche contre les ricains et leurs semblables (dont vous et moi, au fait).

Le summum pour ça c’est l’Arabie Saoudite. Le grand frère compradore US lui bloque sa révolution républicaine depuis des lustres et, exactement comme l’Irlande jadis, l’Arabie Saoudite exporte ses terroristes (Ben Laden était un grand bourgeois saoudien, frustré de sa révolution anti-monarchique locale) autour du pourtour du couvercle tenu par un Oncle Sam aveugle. Et cela éclabousse partout. Et quand, bien exacerbés, ils pogneront le manche (comme en Iran en 1979), il n’y aura plus de Vietnam communiste pour aller les calmer comme ce dernier le fit si bien pour le Cambodge.

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Classé dans Actualité, Paul Laurendeau

Encore des combats contre les Iroquois!!!

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Jacques-François de Bourchemin accoste aux pieds de la terre de son ami Lataille. Son épouse Élisabeth Disy saute du canot, ramasse un paquet qui se trouve dans la pointe de l’embarcation et prend le sentier vers la maison. Bourgchemin tire le canot sur la plage et lui emboîte le pas.

La maison est vide.

-Ils ne sont pas là? Demande Bourgchemin.

-Ils doivent être au champ; vas les chercher, je te prie.

Bourgchemin sort son pistolet de sa ceinture et tire un coup en l’air. Sa femme qui lui tournait le dos, fait volte-face et rouge de colère rugit :

-Espèce de sans cervelle! Tu va me faire mourir d’apoplexie! Ne peux-tu donc pas te servir de ton cerveau, sinon de tes jambes? C’est trop te demander de te déplacer au lieu de me tirer un coup de feu dans les oreilles?

-Madame! Contenez-vous! Vous ne devez pas employer ce langage qui ne sied pas du tout à une femme de la noblesse. Vous allez m’obliger de vous corriger et j’en serais marri.

– -De un, nous sommes seuls; et lorsque nous somme seuls, tu n’as pas l’habitude de faire tellement preuve de cette fameuse noblesse, toi-même . Et de deux, ne t’avise jamais de me « corriger »  parce que lorsque tu dormiras, je t’assomme, je te tranche les couilles et je te scalpe. Tiens toi-le pour dit!

Bourgchemin éclate de rire et rengaine son pistolet.

 -Bien dit, ma douce hirondelle; je vais chercher Lataille.

Il n’eut pas à aller très loin, le couple Lefebvre-Duclos arrivait des champs, Gabriel tenant son fusil armé et Louise portant son bébé dans un panier indien, sur son dos.

-C’est bien comme ce que je t’avais dit Louise. C’est bien Bourgchemin; et il n’aime pas marcher pour rien.

Louise ne semblait pas très contente; elle fit presqu’une génuflexion devant le jeune noble en disant :

-Votre Seigneurie nous excusera de ne pas passer nos journées près de la rivière en attendant votre visite, messire;… mais si tu t’avises encore une fois de tirer du pistolet pour signifier ton arrivée, je te fous une bastonnade que ton épée ne saura jamais parer. Tu m’as bien compris Jacques-François Hamelin de Bourgchemin… et de l’Hermitière!

-Toi, tu es bien l’amie de l’autre. Viens ici que je t’embrasse; je te promets de ne jamais répéter cela lorsque tu es enceinte. Il prend Louise dans ses bras, la soulève du sol et lui plaque deux baisers résonnants sur les joues.  

Quant à toi, Lataille, si tu avais marché comme je l’ai fait les quatre derniers mois, tu ne dirais pas un mot. J’ai apporté à boire et je te raconte tout ça lorsque nous aurons des verres. Louise, Élisabeth est à l’intérieur. Elle a très hâte de te raconter les ragots de Québec.

-Ne t’avise surtout pas de t’enivrer chez moi Monsieur de Bourgchemin; car alors, tu sais ce qui t’attend.

-Ma chère Louise!  Élisabeth surgit de l’entrée de la maison. Quel plaisir d’enfin te revoir! Les deux femmes se sautent au cou et se font la bise. Distraitement Élisabeth laisse deux verres et une bouteille sur le sol, attrape la petite Catherine dans son panier, prend Louise par le bras et les deux amies retournent dans la  maison. Il faut que je te raconte ce que Monsieur de Frontenac a fait lors de….

On ne saura jamais ce qu’a fait Frontenac, ni à quelle occasion, car la porte se referme sur les deux femmes.

Bourgchemin ramasse les deux verres et la bouteille.

-Quant on pense que cette femme sait parfaitement bien recevoir les grands de l’aristocratie française et qu’aussitôt arrivée chez des Canayens, elle redevient instantanément celle que j’adore. Viens Lataille, on va s’assoir au pied de l’arbre; j’ai un tas d’aventures à te raconter.

Jacques-François sort son épée, fait sauter le goulot de la bouteille et s’assoit après avoir rempli les deux verres.

-Je vois que tu es devenu Lieutenant. Félicitation mon ami.

-Ouais; le vieux est très satisfait de mes actions de l’hiver dernier. Ça augmente un peu ce qui tombe dans mon escarcelle; ce qui n’est pas à dédaigner.

-As-tu des difficultés financières?

-Non; pas du tout. Les pelleteries rapportent très bien et je tire mon épingle du jeu lors de mes missions.

-Dans ce cas, santé! Mon cher Jacques-François. Gabriel leva son verre et le porta à sa bouche.

– Santé Gabriel. Tu as ouï-dire de notre expédition chez les Iroquois au mois de février dernier?

-Pas vraiment; vous êtes allé dans quel coin?

-Dans la région d’Albany.

-J’ai un frère Mohawk qui vit dans cette région; j’espère qu’il n’a pas été tué.

-Toi? Un frère Mohawk? Qu’est-ce que tu me racontes là?

Et Gabriel-Nicolas lui raconte son aventure de l’année précédente avec Loup gris.

-Je n’ai pas entendu parler d’un dénommé Loup gris qui soit mort et je crois bien connaître tous les noms des chefs que nous avons tué. D’ailleurs, nos « sauvages » qui avaient promis à Frontenac de ne faire aucun quartier des Iroquois mâles durant le combat, n’ont pas voulu tenir parole et on s’est retrouvé avec un trop grand nombre  de prisonniers. Ce qui nous a causé un tas de problèmes; mais laisse-moi te raconter l’histoire à partir du début.

Le vingt-cinq janvier dernier, nous sommes parti avec 625 hommes sous les ordres de Nicolas  d’Ailleboust de Manthet, de Zacharie Robutel de La Noue et d’Augustin Le Gardeur de Courtemanche. De fameux commandants, je dois te dire.

– Oui; je les connais. Il vaut mieux être de leurs amis.

– La troupe se compose de 100 soldats, d’un bon groupe de Canayens et surtout de nos sauvages dont, entre autres, nos Iroquois du Sault St-Louis. Comme je te le disais, Frontenac avait fait promettre aux chefs sauvages de ne pas faire de quartier et de tuer tous les Iroquois ennemis, en âge de porter les armes. Ils devaient faire prisonniers les femmes et enfants pour regarnir leurs deux bourgades du Sault St-Louis.

Partis de Chambly en raquettes, nous avons fait des bivouacs, toutes les nuits, par groupes de douze ou quinze. Nous creusions la neige jusqu’au sol,  y placions des branches de sapins pour, finalement, fumer nos pipes autour d’un petit feu central. C’était un peu macabre de voir nos Canayens, le capuchon de leur capot cachant leur visage, en train de parler de choses et d’autres, la pipe  au coin de la bouche, sortant du capuchon .

Nous sommes arrivés dans le pays des Iroquois le 16 février. Personne ne s’est rendu compte de notre présence. Il y a, en tout, quatre villages Iroquois. Trois d’entre eux seulement sont près, les uns des autres. C’est ceux-là que nous visions les premiers.

Un prisonnier hollandais, nommé Jean Baptiste Van Eps, que nous avions amené avec nous de Montréal, s’est enfui pour aller prévenir les Anglais d’Albany, de notre expédition. Nous ne pouvions plus retarder et devions passer à l’action au plus vite.

Sous les ordres de De La Noue, mon groupe se charge du premier village sans rencontrer de résistance. Un quart de lieu plus loin, De Courtemanche et De Manthet réussissent également à s’emparer du deuxième retranchement. Nous avons, maintenant, tellement de prisonnier que nous les rassemblons dans l’un des deux villages et laissons De Courtemanche en prendre la garde. Nous brûlons, ensuite, l’autre village avec tous ses vivres.

La nuit du dix-huit, nous approchons du troisième village, la capitale des Iroquois. On les entend chanter la guerre, inconscients que nous sommes autour d’eux. Un de nos indiens franchit la palissade et vient nous ouvrir le portail. La bataille est intense mais très courte.  Une trentaine de Mohawks sont tués et près de 300, faits prisonniers incluant femmes et enfants. Parmi eux restent 40 Mohawks qui envisageaient de rejoindre, le lendemain, une troupe d’Onneyouths et deux cents anglais qui se proposent tous, de venir vous attaquer, ici, sur le fleuve St-Laurent.

C’est alors qu’on se rend compte que nos sauvages refusent d’exterminer les Iroquois comme ils l’ont promis. Nous avons maintenant beaucoup trop de prisonniers pour effectuer une retraite rapide. Et tous savent qu’on se lancera rapidement à notre poursuite, après ces trois coups.

Au bout de deux jours de retraite, on rencontre des éclaireurs Mohawks qui nous apprennent que les anglais sont à nos trousses, mais pas pour se battre. Ils nous affirment que la guerre contre l’Angleterre est terminée et que les Anglais veulent négocier.  Nos Iroquois du Sault St-Louis, apparentés à ceux de la région, décident de se retrancher pour attendre nos poursuivants. Ne pouvant pas nous y opposer on s’installe dans un fort en abattis.

Nous avons attendu deux jours avant qu’ils n’arrivent. Ils étaient les Onneyouths dont je t’ai parlé plus haut. Heureusement qu’ils n’avaient pas attendu les Anglais avant d’entreprendre la poursuite. Nous les avons chargé trois fois de suite avant de parvenir à percer leur ligne. Huit de nos Canayens sont tués ainsi que huit de nos sauvages. Nous avons douze blessés, dont le lieutenant Robutel de la Noue, mon commandant. L’ennemi n’a pas plus de pertes que nous, mais prend la fuite. Ils se sont contentés, ensuite, de nous suivre pendant trois jours.

Par la suite nous avons appris qu’il y avait bien une troupe de  miliciens d’Albany avec eux, sous les ordres de Peter Schuyler, mais on ne leur a jamais vu le bout du nez. Il parait qu’ils n’étaient pas assez nourris et trop faibles pour se battre.

Lorsqu’on est arrivé à la rivière Hudson, la glace ne nous supportait plus. Heureusement, nous avons pu traverser sur un embâcle un peu plus bas. Arrivés au lac Champlain on découvre que nos provisions, dans les caches, sont gâtées. Nous avons mangé du « mocassin à la sauce de lac » et quelques noisettes qu’on trouvait en grattant la neige. Certains ne peuvent aller plus loin et les autres leur font parvenir du secours dès leur arrivée à Montréal avec les prisonniers. Par la suite, après s’être nourris un peu, les retardataires retournent chacun chez eux, par petits groupes.

Nous avons, évidemment, perdu un grand nombre de prisonniers durant le trajet du retour. Nous n’en avions plus que 64 à notre arrivé à Montréal. Les prisonniers apprennent à Frontenac que les Bostonnais se préparent à attaquer Québec à l’été; mais c’est la troisième fois qu’on entend la même rengaine depuis deux ans. Ce n’est pas très inquiétant. Il semble plutôt, que les Anglais répandent ces rumeurs pour encourager les Iroquois à venir nous défier, sous la fausse impression de leur appui. Les Bostonnais ne pourront pas leurrer leurs sauvages de cette façon bien longtemps, je pense.

-Et toi, Bourgchemin; tu t’en es tiré dans quelles conditions?

-Pas trop mal. J’ai ramené Robutel de la Noue à Montréal sans trop de difficultés, mais nous étions à la limite de nos forces. Je ne pense pas qu’il restera longtemps avec les Montréaliens. Il préfère, et de loin, vivre parmi les sauvages.

Après deux semaines de repos, j’étais prêt à recommencer. Il faut dire qu’Élisabeth s’est occupée de moi et que, déjà, après une semaine de ses soins, j’aspirais à sortir de la maison pour échapper aux « remarques » d’affection de mon épouse. Juste Dieu! La bouteille est vide!  

-Viens à la maison, on va terminer avec une bonne bière d’épinette.

-Toi et ton foutu jus d’épinette!!!

Les deux amis prennent la direction de la maison.

À suivre

André Lefebvre

 

 

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Classé dans Actualité, André Lefebvre

La richesse du pays en 1692!!!

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Batiscan fait partie du gouvernement de Trois-Rivières. En 1692 cette région gouvernementale comprend 1142 maisons, 24 églises, 23 moulins, 13,768 arpents en culture, 1856 arpents en pâturage, 316 chevaux, 4539 bêtes à corne, 294 moutons et 2,234 cochons. C’est là, beaucoup plus que tous ce qui se retrouve dans les gouvernements de Montréal et Québec réunis. Par exemple, dans le gouvernement de Montréal on dénombre 586 maisons,  7,109 arpents en culture et 46 chevaux; dans celui de Québec 201 maisons,  5,792 arpents en culture et 38 chevaux. Cela n’a rien de comparable à la région de Trois Rivières.

Par contre, nous découvrons dans le gouvernement de Trois Rivières, 260 hommes mariés, 281 femmes mariées, 555 hommes non mariés et 425 femmes non mariées. Cela représente deux fois moins que la population du gouvernement de Montréal et cinq fois moins que la population du gouvernement de Québec (Statistique Canada de 1692).

Comment cela peut-il être possible? La réponse est assez simple. Plusieurs individus de Québec et de Montréal sont des Canayens « de passage ». Ce sont des Français affectés en Nouvelle France et qui retournent éventuellement dans leur pays. Ils viennent ici comme soldats ou pour le commerce, faire un magot et repartent ensuite dans leur pays. Chaque année un va et viens constant de ces individus se fait entre l’Europe et la Nouvelle France. Ces personnes s’installent temporairement à Québec ou à Montréal; aucun ne s’établit dans le gouvernement de Trois-Rivières où les amérindiens pullulent et où les défenses sont pour le moins déficientes. Donc, les vrais Canayens des gouvernements de Québec et de Montréal sont un peu moins nombreux que leur population statistique. Pour les Canayens de ces deux gouvernements, une majorité de ceux de Montréal se livrent exclusivement à la traite des fourrures et la majorité de ceux de Québec vivent principalement de leur participation au commerce venant de France. Il ne faut pas oublier également qu’une bonne portion d’ecclésiastiques habite à Québec et à Montréal.

Il est donc évident que la prospérité réelle et autonome du pays se retrouve dans le gouvernement de Trois Rivières. Il est également indéniable que les autorités officielles du pays, qui font surtout partie des « Canayens de passage », résident à Montréal et à Québec. Il devient maintenant facile de comprendre pourquoi l’histoire des « Canayens » n’est pas reconnue officiellement, puisque ce sont ces « Canayens de passage » qui ont écrit l’histoire officielle du Canada.

Pour récupérer une partie de notre histoire réelle, il faut se pencher sur la population du gouvernement de Trois-Rivières. C’est elle qui nous peint la force, la détermination et le courage de tous les Canayens de l’histoire réelle du Canada. Le gouvernement de Trois Rivière est celui où les « Canayens de passage » se sont le moins exprimés pour « recouvrir notre histoire de leur propre histoire ». Les vrais Canayens de Montréal subsistent comme ceux de Trois-Rivières; mais ne parviennent à ressortir que très peu dans l’histoire officielle. Les vrais Canayens de Québec vivent  plutôt dans l’entourage des autorités françaises; ce qui développent chez eux des caractéristiques un peu différentes des autres « Canayens », mais qui sont loin à être dédaignées dans l’histoire réelle du pays. C’est derniers sont cependant beaucoup mieux intégrés dans l’histoire officielle. Ce qui les marginalise un peu de notre histoire réelle.

Pour déterminer un dernier point, ce sont surtout les jeunes Canayens du gouvernement de Trois Rivières et quelques autres de Montréal qui essaimeront pour s’installer dans tout l’Amérique du Nord. Ce sont eux qui sont les vrais explorateurs et les vrais découvreurs de territoires inconnus. Ce sont eux qui établiront les villages, futures villes du centre et de l’Ouest Canadien et Américains. Ce sont, malheureusement, eux également qui passeront sous le radar de l’histoire officielle de ces deux grands pays nord-américains. À mes yeux de Canayens, c’est tout à fait révoltant!

-Louise; allons nous reposer un peu à l’ombre sous les arbres. On travaille au jardin depuis ce matin; on a bien mérité une petite relâche.

Gabriel-Nicolas Lefebvre travaille le jardin avec la houe, puisqu’il a laissé la binette à sa femme enceinte qui ne peut  pas tellement se pencher pour travailler. Les deux déposent leur outil et se dirigent vers les arbres où ils s’assoient cote à cote. Gabriel passe la gourde à Louise qui boit une lampée.

Mon père m’a apprit que sa truie va mettre bas sous peu. Il me propose un couple de cochon. Il va falloir leur bâtir un enclos.

-C’est une excellente idée. J’ai même le bois nécessaire. Je vais m’y mettre cet après-midi.

-Le bébé va arriver dans quelques semaines; j’aimerais bien que tu m’amènes à Québec avant. J’ai l’impression que l’accouchement ne sera pas facile et je voudrais aller à l’hôpital, chez les sœurs, pour accoucher.

-Tu m’alarmes ma femme. Pourquoi l’accouchement ne serait pas comme d’habitude?

-Je ne sais pas; mais je me sens comme « pas normale ». Y’a quelque chose de différent avec ce bébé. C’est une impression de femme. Tu ne comprendrais pas.

-Ce que je comprends c’est que ça m’inquiète en joual-vert. Quand penses-tu que nous pourrions nous rendre à Québec? On devra faire le voyage en canot. Seras-tu assez en forme?

-La semaine prochaine devrait aller. Tu sais que j’aime le canot; mais je ne pourrai certainement pas avironner.

-Pas question pour toi d’avironner. Je vais demander à ton frère Nicolas ou François de nous accompagner. Ils ne refuseront pas d’aller quelques jours à Québec. Pour l’instant, c’est fini le travail de jardin pour toi. Tu vas te reposer. Je vais aller chez tes parents demander si Madeleine ou Marguerite ne peut pas venir rester chez nous jusqu’à ce qu’on parte pour Québec.

-Demande Marguerite; elle est plus jeune et elle m’écoute mieux que Madeleine.

-C’est l’inconvénient d’avoir des femmes de caractère dans une famille; mais je préfère Madeleine; elle pourra t’obliger à te reposer. Ce que tu ne feras pas avec la jeune Marguerite.

Tout se passa comme prévu et Louise accoucha à l’hôpital de Québec. Elle avait eu raison de s’inquiéter; parce que le bébé s’était présenté avec le cordon ombilical autour du cou. Quoiqu’un peu plus difficile, la naissance s’était bien déroulée et la maman revenait chez elle en pleine forme avec sa nouvelle petite fille qu’elle appelle Catherine comme sa voisine, son amie Cadotte.

C’est durant cette période à Québec que les Lefebvre/Duclos apprirent « l’exploit » de Madelon de Verchère. Celle-ci avait tenu tête pendant huit jours, avec un vieux soldat et quelques enfants,  à des Iroquois qui voulaient razzier le fortin de son père. Louise Duclos et Gabriel Lefebvre étaient heureux que la famille de Madeleine ait survécu; mais ne trouvaient pas tellement « hors de l’ordinaire » ce supposé « exploit ».

Madelon n’était plus une « petite fille » comme le disaient les gens de Québec; c’était une femme célibataire de 14 ans qui maniait le fusil aussi bien que n’importe lequel des Canayens. Le bruit courrait même qu’elle « s’amusait » à pratiquer  l’escrime avec la rapière de son père le Sieur François Jarret. Le fait est que la plupart des femmes auraient agit de la même façon qu’elle et plusieurs se retrouvaient dans la même situation assez souvent. Évidemment, pour les gens vivant à l’intérieur de la forteresse de Québec, l’évènement paraissait assez extraordinaire. Il va sans dire que lorsque le roi de France entendit ce récit, la noblesse en fit une montagne. L’heureux dénouement fut que Madeleine eut finalement droit à une petite pension royale qui aida sa famille.

Madeleine de Verchère épouse, plus tard, Pierre Thomas Tarieu de Lanaudière et vient vivre à La Pérade où elle fait la manchette à plusieurs reprises en sauvant son époux deux fois des Iroquois et en s’attaquant au curé Gervais Lefebvre de Batiscan dans un procès qui fit l’histoire. Une vie, finalement, assez ordinaire pour une Canayenne; mais pratiquement impossible pour les femmes d’une autre nationalité que la nôtre; on doit l’admettre.

On n’a qu’à se remémorer les aventures des débuts de Montréal où Mme Closse, Mme Daulac et Catherine Mercier se défendent contre les Iroquois avec des haches, semant l’épouvante dans les rangs Iroquois. Sans oublier la bonne femme Primot de Québec qui assaillie, pas très loin des murs,  par trois Iroquois, se défend des pieds et des mains, mais fut assommée par un tomahawk. Lorsqu’un des indiens se penche sur elle pour lui lever la chevelure elle reprend conscience et l’attrape à pleine main par ses bijoux de famille.  L’indien se met à crier de douleur et finit par l’assommer. Oubliant de la scalper, il réussit à fuir, le souffle très court, avant que les secours venus de la ville ne mette la main sur lui.

À l’arrivé des secours, les hommes relèvent la bonne femme, et l’un d’eux l’embrasse tellement il est heureux qu’elle soit encore vivante. La bonne femme se réveille au même instant et lui assène une gifle qui fait tomber le bienheureux sur le dos.

– Mais que faites-vous là madame? Cet homme est simplement heureux que vous soyez vivante!

Parmanda,! dit-elle; je croyais qu’il voulait me baiser.

L’histoire couru pendant des années dans la population qui ne cessait d’en rire.

L’enclos pour le couple de porcins donné par François Duclos, s’avère efficace et Gabriel doit consacrer une partie de son jardin à la culture de pommes de terre, considérée à l’époque comme de la « pitance pour les cochons ».

Il construit également un poulailler, rattaché à la maison, pour abriter les quatre poules et le coq qu’il avait rapporté de Québec avec sa fille  Catherine.  Il envisage de « greiller » sa terre d’une vache et même d’un bœuf, si possible, avec ses gains de traite de l’année suivante. Il lui faudra se rendre à Albany pour en tirer les profits suffisants; mais il n’y voit là aucun problème. Il ne lui suffit que  d’opérer avec sa discrétion habituelle. Son voisin Cadotte  et son beau-frère Nicolas accepteront bien de venir avec lui.

Un autre projet commence à poindre dans son esprit, mais ce n’est pas pour tout de suite. Nous aurons l’occasion d’en reparler plus tard.

À suivre

André Lefebvre

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COLOMBIE ET SYRIE

Ce lien entre la Colombie et la Syrie vient du fait que ces deux pays font face à des groupes armés qui souhaitent un changement de régime,

Dans le cas de la Colombie, nous savons que deux groupes armés, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l’Armée de libération de la Colombie (ELC), luttent depuis des décennies pour transformer la Colombie en un pays plus démocratique, plus juste, plus solidaire. Des milliers de personnes de part et d’autre y ont laissé leur vie. Les gouvernements de la Colombie ont une longue histoire de violence et de manquements aux les droits de la personne. Les nombreux crimes commis sous le commandement des paramilitaires hantent toujours des centaines de milliers de Colombiens.

Il y a une semaine, un accord général  a été signé entre les FARC et le Gouvernement colombien pour qu’un processus de paix soit mis en place et qu’il conduise à cette paix tant recherchée par les peuples. Ces rencontres s’amorceront en Suède, le 8 octobre prochain, et seront accompagnées par la présence d’un représentant du Venezuela et du Chili pour soutenir ces efforts de paix. Cuba sera également le siège de ces rencontres permettant aux représentants des FARC et du Gouvernement coloombien de mener à terme cette mission.

Dans le cas de la Syrie, il y a le gouvernement et des groupes armés d’une certaine opposition qui pilonnent les principales villes du pays pour y semer la terreur et créer le chaos dans le but de provoquer l’effondrement du Gouvernement et du régime. Cette opposition est fortement soutenue  en argent et en armements par certains pays qui se gardent de bien de le dire ouvertement.

Les Nations unies et La ligue arabe avaient créé en décembre 2011 un groupe d’observateurs qui devaient rendre compte à la communauté internationale du constat de leurs observations. Après deux mois de cette présence, le Rapport faisait état, entre autres, de groupes armés dont plusieurs membres venaient de l’extérieur, soutenus et armés par d’autres pays. Ce même rapport signalait également que l’information recueillie sur le terrain n’était pas toujours celle diffusée dans les médias occidentaux. Il ressortait de ce Rapport que la violence s’expliquait en grande partie par la présence de ces groupes armés clandestins que le Gouvernement se faisait un devoir de contrer par tous les moyens. Ce fut la fin de cette mission des observateurs qui venaient de confirmer l’implication des pays amis du peuple syrien.

C’est alors que le Conseil de sécurité et la Ligue arabe nommèrent un représentant des Nations Unies, en la personne de Kofi Annan, lequel sera secondé dans sa mission de paix par 300 observateurs. Son Plan en six points devait faire consensus entre les diverses parties impliquées dans le conflit.

Le Gouvernement syrien donna son aval à cette approche tant et aussi longtemps qu’elle respecterait la souveraineté du pays. Il se disait prêt à amorcer ces discussions sans aucune condition préalable. Il n’en fut pas de même pour l’opposition armée qui refusa ce Plan, en dépit du fait que les pays qui la soutenaient, les Etats-Unis et la France, entre autres, avaient donné « officiellement » leur accord à ce Plan. Le problème est que ces derniers continuaient à soutenir par la porte arrière les rebelles armés. De plus, les États-Unis et la France posèrent comme condition préalable à toute négociation de paix, le départ de l’actuel président, Bachar Al Assad.

Kofi Annan fit le constat de l’échec de sa mission et donna sa démission.

La dernière initiative des Nations Unies est le choix d’un remplaçant à Kofi Annan. Pour la Russie, la Chine et les pays qui les soutiennent, la mission de ce dernier devra se réaliser dans le cadre du Plan Annan et de l’accord de Genève.

Nous en sommes rendus à ce point. La Russie veut que le Conseil de Sécurité confirme les accords de Genève alors que les États-Unis insistent pour que cette résolution puisse être acceptée qu’elle soit assortie d’une disposition laissant la porte ouverte à une intervention militaire. Ce à quoi s’opposeront de nouveau la Chine et la Russie.

Une toute dernière initiative de la Russie est un appel urgent pour réaliser une conférence internationale à laquelle participeraient tous les intéressés.

« Nous proposons de convoquer une conférence à Moscou, ou à Genève, si on souhaite s’y réunir, ou à Paris, si tout le monde est prêt à venir ici. Nous n’avons aucune objection, nous n’en tenons à aucune ville. L’essentiel est de lancer ce processus au plus vite », a indiqué M.Bogdanov qui avait appelé le week-end dernier les représentants de l’opposition syrienne et les dirigeants français à organiser une conférence avec la participation du Groupe d’action, des autorités et de l’opposition syriennes, ainsi que de pays étrangers, y compris de l’Arabie saoudite et de l’Iran. » 

Le président Al Assad s’est dit prêt à quitter le pouvoir si son peuple le décide lors des prochaines élections présidentielles, prévues pour 2014.

En somme, ce qui différencie le cas de la Colombie de celui de la Syrie, c’est que dans le premier cas il n’y a pas d’ingérence de l’extérieur et que ce sont les Colombiens eux-mêmes qui vont discuter et décider de leur avenir. Les autres pays qui sont présents servent de support et d’assises pour ces rencontres.

Le Président Santos de la Colombie avait clairement signifié à tous les présidents, membres de la Conférence des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), de ne pas interférer dans le conflit colombien, qu’il s’agissait d’une question interne au pays.

Dans le cas de la Syrie, l’intervention étrangère est présente dans les groupes armés, dans leur financement et dans le type de règlement acceptable pour eux.

La Russie, la Chine et les pays du Mouvement des non-alignés, sont plutôt d’avis que le conflit syrien doit être réglé par les Syriens eux-mêmes. Sous cet aspect, ils ont le droit international de leur côté ainsi que le gros bon sens.

Le jour où l’opposition armée ne recevra plus d’armes et ni d’argent de la part des pays qui se disent les amis du peuple syrien, elle se résignera vite à s’asseoir à la table de négociation pour décider avec les autres oppositions non armées et le gouvernement de l’avenir de leur pays. Cela, M. Harper, premier ministre du Canada, ne semble pas le comprendre. Je vous invite à lire à cet article  « Poutine fait la leçon aux Occidentaux ».

Oscar Fortin

Québec, le 9 septembre 2012

http://humanisme.blogspot.com

 

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Classé dans Actualité, Oscar Fortin

L’héritage social (sinon socialiste) que nous lègue l’acteur de cinéma Paul Newman

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newman.own

Il y a quatre ans mourrait l’acteur de cinéma Paul Newman. Quelle formidable occasion de causer socialisme… Voyez pas le rapport? Suivez mon regard. On traite constamment ce bon vieux « socialisme » selon un modus operandi fort représentatif de la vision qu’a notre siècle des questions sociétales. On se représente le socialisme comme un programme politique sinon politicien, un engagement matois pris par une poignée de rocamboles qui arrivent à convaincre les masses de les suivre et qui les largue tout net après s’être laissés corrompre par les élites. On reste vraiment bien englués dans cette analyse, très proche en fait du vieux socialisme utopique, doctrinaire et volontariste, avec ses phalanstères et autres cabétades à la continuité raboteuse et déprimante.

Ce qui est mis de l’avant ici, c’est que le socialisme est une TENDANCE, une propension inéluctable du capitalisme à passer à son contraire: de la propriété privée à la propriété publique, de la soumission prolétarienne au pouvoir prolétarien. Cette tendance socialisante est dans le ventre même du mouvement social. Un patron unique, cela se conçoit, quand on parle d’un atelier de joaillerie embauchant six travailleurs. Quand il s’agit d’une usine de trois mille employés, on envisage plus facilement un groupe de gestionnaires. Si on a affaire à un conglomérat mobilisant quatre millions de personnes dans soixante secteurs distincts, il devient envisageable de prendre conscience d’un passage vers une direction et une propriété à la fois de plus en plus collectives et impliquant de plus en plus étroitement ceux qui font effectivement le travail productif, et pas seulement ceux qui possèdent les immeubles, l’outillage, ou le fond de terre où sont plantés les ateliers. Étalez cette tendance sur trois siècles, et vous marchez droit au socialisme! On se doutera bien que des instances sociales cherchent de toutes leurs forces non négligeables à freiner cette tendance, et le font effectivement. Sauf que le principe de fond demeure. Quand la totalité des forces productives sont mises au service des producteurs plutôt que des accapareurs, on a le socialisme. Il faut noter aussi que le socalisme SE DOSE, en ce sens qu’un régime peut être plus ou moins socialiste fonction de la répartition sociale des revenus de la production. D’où la possibilité d’un socialisme radical bourgeois assez compatible avec le capitalisme, mais malheureusement, établissant avec ce dernier à peu près le rapport du croupion avec la poule… Personne n’a vraiment la charge de mettre des ordres sociaux en place. Ils se mettent en place malgré nous et malgré ceux qui clament les avoir mis en place. L’Histoire est une force objective. Rien ne s’y dégrade, mais rien n’y est stable non plus.

Et la tendance, donc, de se déployer… Regardons l’affaire dont je vous cause aujourd’hui tout prosaïquement. Paul Newman (1925-2008) n’est pas un philanthrope autopromotionnel à la Bill Gates. Le susdit Bill Gates se sert de la part congrue d’avoirs financiers pharaoniques extorqués dans un secteur industriel hautement porteur pour perpétuer son image de marque et faire mousser son égo enflé. Gates prétend éradiquer la rougeole en Afrique tandis que l’entreprise qu’il a implantée dans la culture mondiale est une «maladie» passablement plus grave. C’est un parasite dictatorial qui étrangle tout un secteur industriel et en entrave le progrès. Gates est un Tartuffe milliardaire qui se dédouane cyniquement et restons-en là à son sujet.

Newman, pour sa part, a associé son nom à une entreprise ordinaire qui vent des vinaigrettes, du maïs soufflé, des jus de fruits et autres produits alimentaires sans originalité dans le genre. Malgré le tournant organique qu’elle adopte parce que c’est dans l’air du temps, il ne s’agit pas d’une entreprise spécialement spectaculaire et aucune conjoncture historique particulière ne la favorise. Newman’s Own (c’est le nom peu connu de cette entreprise) opère dans les conditions ordinaires de concurrence d’un secteur traditionnel. Elle gère un bilan, paie ses employés, tient le cap. Elle n’a pas spécialement détruit la concurrence dans le secteur alimentaire (il s’en fait de beaucoup!) ni fui le fisc. Elle dit ses lignes et fait son boulot, comme n’importe quelle autre affaire industrielle et commerciale ordinaire. Et pourtant, en plus des obligations de chiffre d’affaire qui s’imposent pour qu’elle perpétue son roulement sans heurt, l’entreprise dont Paul Newman fut le héraut et l’estafette dégage dix millions de dollars par année depuis vingt-cinq ans, qui vont directement à des œuvres. Un quart de milliards en un quart de siècle libéré des accapareurs, actionnaires, PDGs et autres parasites et reversé directement au bénéfice de la société civile.

La démonstration Newman c’est donc cela. Une entreprise ordinaire peut fonctionner de façon durable et assumer pleinement ses responsabilités sociales en re-versant des dividendes substantiels au bénéfice de la vie collective et ce, sans la moindre anicroche. Contrairement à ce que laisse pesamment entendre l’intox médiatique, ce n’est pas de la philanthropie au sens réactionnaire du terme, ça. Il faut voir ce qui se passe effectivement et cesser une bonne fois de tout récupérer au service de la sujétion primaire et sans nuance. Ici, les dividendes allant aux œuvres émanent de la production même. La fortune «personnelle» de Newman et de ses ayant droits n’est pas engagée dans l’affaire. Tout ce que Newman faisait -et continue de faire post-mortem- dans la dynamique, quiconque ayant fait ses courses dans un supermarché nord-américain vous le dira sans hésiter et avec un petit sourire ami. Il rend simplement (et fort efficacement) les produits reconnaissables en ayant sa binette dessinée chafouinement sur les bouteilles de vinaigrette (et autres emballages…). Chaque produit nous montre Newman dans un déguisement différent. Il tient sa place et continue de jouer son rôle de saltimbanque. Il tient sa place, comme tout le reste de cette délicate structure entrepreneuriale. Mais c’est un saltimbanque éclairé.

Les gens qui ont réalisé ce petit exploit pratique et théorique dans les conditions contraires et hostiles que l’on connaît et/ou que l’on devine ont fait bien plus qu’inventer ce nouveau brimborion commercial pour gogo bien intentionné mais à la conscience trouble qu’est le soi-disant «capitalisme éthique». Ils ont œuvré, en toute simplicité, à une démonstration bien plus profonde. L’union «sacrée» entre commerce, industrie, et appropriation privée n’est pas une fatalité universelle et encore moins une contrainte inévitable du fonctionnement efficace qui reposerait sur quelque appât «atavique» pour le gain égoïste que dicterait incontournablement la «nature humaine». L’entreprise aux profits maintenus privés, c’est une particularité conjoncturelle, transitoire, explicable historiquement, ayant eu un début, un développement et une fin. La fin de la propriété privé des moyens de production (qui fait que des «philanthropes» ineptes dans le genre de Gates se retrouvent avec cinquante milliards de menue monnaie dans leur poche et décident parcimonieusement de ce que seront leurs responsabilités sociales comme on assure l’intendance d’une campagne de promotion de soi) ne sera en rien la fin du commerce, de l’industrie, voire de la finance. Les profits du commerce et de l’industrie peuvent aller glissendi au service direct de la société civile sans que le fonctionnement de ces secteurs ne s’en trouvent le moindrement compromis. CQFD…

Quoi qu’il advienne de cette entreprise et de cet exercice dans le futur trouble qui est devant nous, il reste que, lors du passage au socialisme, on se souviendra indubitablement de la leçon simple et imparable de Newman’s Own

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Classé dans Actualité, Paul Laurendeau

La nouvelle famille!!!

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Au lever du jour, Nicolas s’affaire à allumer le feu de l’âtre.  Louise s’habille et se rend à la porte qu’elle ouvre. Elle y reste figée sur place.

Neuf Mohawks, assis en cercle devant la maison, discutent par signes autour d’un petit feu. Loup gris leur présente sa main pansée et démontre que même en bougeant les doigts, le pansement tient bon. Lorsqu’il voit la femme, dans l’ouverture de la porte, il se lève et la salut d’un poing sur le cœur. Les autres indiens émettent des petits cris aigus, leur poing sur leur cœur, comme Loup gris.

Alarmé par les cris, Gabriel surgit derrière sa femme.

-Qu’est-ce qui se passe?

-Rien. Répond Louise. Le reste de la « famille » est arrivée durant la nuit. As-tu préparé le feu? Il semble que je vais avoir du monde à déjeuner.

Sur ce, elle s’avance, toujours de son pas décidé, et se dirige vers son nouveau « neveu ». Elle le prend par son bras valide et l’amène s’assoir sur la galerie, sur un des ballots de Cadotte qu’il avait laissé là. Assise sur l’autre, elle  commence à défaire le pansement. Après avoir inspecté la plaie, elle rentre dans la maison pour ressortir avec son bol d’eau, du savon et d’autres tissus propres. Les Iroquois la regardent faire. C’est le silence complet.

Loup gris se contente de se rassoir en faisant signe à Gabriel de venir le rejoindre. Celui-ci saisit sa pipe et son tabac, ramasse quelques branches qui servent à allumer le feu et vient s’installer près du chef, après avoir alimenté le feu des indiens avec ses bouts de bois. Gabriel laisse ensuite, son tabac faire le tour du groupe et allume sa pipe.

Louise, ayant terminé le pansement de son neveu, retourne dans la maison préparer le repas.

Le jeune indien revient s’assoir près des autres qui veulent tous, toucher et vérifier le pansement, et surtout, l’écharpe passé autour du cou. Le blessé, un peu agacé, repousse ceux qui sont trop brusques dans leur « vérification » et vient s’assoir près de Gabriel qui lui, se retrouve installé entre le père et le fils. Plusieurs « Hughs » se font entendre.

Vingt minutes plus tard, Marie-Louise sort de sa cabane avec un gros chaudron de fonte et plusieurs écuelles, qu’elle place sur la table improvisée de la veille.  Au moyen d’une grosse louche fabriquée par Gabriel, elle rempli les écuelles et les dispose sur la table.

-Venez manger messieurs, le café viendra à la fin du repas.

-Hugh! Dit l’un des nouveaux venus. Ma sœur blanche commande comme un chef.

-Ne m’dis pas qu’on va pouvoir se comprendre? Gabriel, y’a un des « frères » qui parle français.

-Ça fait déjà 15 bonnes minutes qu’on discute, ma femme. Il y en a deux qui parle assez bien notre langue. Bon! Je commence à avoir faim. Venez messieurs; venez goûter à la nourriture du « chef ».

Toute la troupe s’approcha de la table et s’appropria d’une écuelle.

-Non! Non! Chez moi, on s’assoit pour manger. Allez, ouste! Tout le monde assis à la table!

Louise pointa du doigt une bûche et y fait assoir son « neveu ». Lorsqu’elle regarde les autres indiens, elle leur fait signe de suivre l’exemple. Loup gris et Gabriel prennent place, et le reste des Iroquois, se regardant les uns les autres, s’installent sur chacun leur bûche, ce qu’ils trouvent très amusant. Surtout lorsque l’un d’eux perd l’équilibre et se retrouve sur le derrière. Alors là, les fous rires et les claques sur les cuisses ne dérougissent plus. Ce qui, évidemment, en fait tomber quelques autres.

Le chaudron de fonte est vidé beaucoup plus vite qu’il n’avait été rempli. Par contre, Louise n’accepte pas que les indiens se servent eux-mêmes. Elle s’assure que l’écuelle de chacun soit toujours garnie. De cette façon elle garde le contrôle de la situation. À chaque fois qu’elle remplit l’écuelle d’un Iroquois, elle se fait un plus grand ami, appuyé d’un « Hugh » bien senti.

Le café fait fureur chez les indiens; ils en vident plusieurs écuelles de sorte que la réserve de Marie Louise y passe presque complètement.

À la fin du repas, quatre Iroquois partent dans la forêt. Les autres continuent de palabrer avec Gabriel qui accumule des mots de la langue Iroquoise assez rapidement.

Un peu plus tard, dans l’avant-midi, les cinq Iroquois, restés sur place, s’agitent un peu lorsqu’ils voient sur la rivière venant du village, quatre canots pleins de Canayens. C’est la famille Duclos avec les Cadottes qui viennent « en visite », voir si tout se passe bien. La doyenne de la famille Duclos, Jeanne Cerisier, âgée de 54 ans et  mère de Louise est du voyage. D’un caractère beaucoup plus nerveux que sa fille aînée, elle saute du canot et courre vers Louise qu’elle empoigne dans ses bras vigoureux en disant :

-J’espère que tout va bien ma fille. Les Iroquois ne t’ont pas maltraité? J’étais tellement inquiète que j’ne me possédais plus!

-Tout va bien mère; ces Iroquois sont maintenant tous mes frères. Viens que je te présente.

Jeanne parue réticente au début mais très rapidement reprend ses aises et commence à démontrer d’où Louise a tiré son sens d’organisatrice. La doyenne prend la barre et, à l’aide de ses filles, établit rapidement et naturellement les règles à suivre. Les Iroquois, flegmatiques, sont un peu perdus au début, mais peu à peu, se plient avec amusement, à ces nouvelles normes.

Les enfants Duclos présents sont les plus jeunes de la famille. François 16 ans, Madeleine 15 ans, Marguerite 12 ans et Charles 9 ans. Les filles Duclos attirent l’attention des indiens mais ne semblent pas vraiment impressionnées par l’apparence plutôt barbare des braves. Celle qui fait vraiment sensation, chez les Iroquois, c’est le bébé Cadotte appelée Marie-Louise, âgée d’un an et demi. Tous les Iroquois veulent l’examiner dans son enveloppe de tissu. Sa mère Catherine est rapidement entourée de guerriers Iroquois qui veulent tous voir la petite. Celle-ci leur sourit et trouve leur visage peinturé, amusant. Elle tente d’attraper les huppes sur la tête des guerriers tous réjouit de ses jeux. Catherine dû accepter que les indiens prennent la petite et jouent avec elle dans l’herbe.

-Je ne savais pas que les Iroquois aimaient autant les enfants dit-elle à François Duclos.

-Tous les indiens adorent les enfants. Ils leur laissent faire tout ce qu’ils veulent sans jamais les punir physiquement. Peu d’adultes sont aussi patients avec des enfants.

-Mais comment peuvent-ils les éduquer de cette façon?

-Aucun problème.  Lorsqu’un enfant agit à l’encontre du bien-être d’un autre enfant ou du groupe, tous les membres de la tribu cessent de lui parler et font comme s’il n’existe pas. L’enfant comprend rapidement ce que demande la vie en communauté et adopte le comportement adéquat très tôt dans sa vie.

-Mouais. Bin moi, je vais garder l’œil sur ma fille quand même. Répond la femme de Mathurin Cadotte.

Au milieu de l’après-midi, les quatre indiens reviennent du bois. Ils transportent sur des perches un chevreuil et un ours, qu’ils ont déjà vidé. Ils donnent deux quartiers à Louise et s’installent un peu plus loin pour faire cuire leur venaison.

Voyant cela, Louise aidée de sa mère, prend les choses en main encore une fois.  Elle demande à Gabriel de fabriquer des supports pour tenir deux tiges de métal sur lesquelles elle embroche tous les quartiers de viande qu’elle place au-dessus de deux feux. La mère Jeanne attitre ses deux plus jeunes filles à tourner les broches. François et Charles sont chargés de s’occuper des feux. Évidemment Nicolas, l’aîné, reste avec les hommes. De temps à autre, Jeanne ou Louise verse une sauce, qu’elles ont préparé, sur la viande qui dégage une arôme à faire saliver des roches.  Les Mohawks sont bien obligés de les laisser prendre les commandes. Ils se contentent de continuer à jouer avec le bébé Cadotte ou de s’assoir un peu à l’écart pour regarder travailler les femmes Duclos en fumant une pipée.

Il est évident que lorsque viendra le temps du repas, on va manquer d’écuelles. Jeanne Cerisier va choisir une grosse bûche d’érable d’un diamètre de vingt pouces et demande à son époux, François Duclos, de lui couper des tranches de deux pouces d’épais avec la scie. Ayant enlevé l’écorche de ces plaques rondes en bois, elle dispose maintenant de 18 grandes assiettes additionnelles  avec lesquelles elle pourra faire son « service ». Louise fait installer deux autres tables temporaires, incluant les sièges-bûches nécessaires à sa loi : « Chez moi on mange assis à la table! ».

Le repas se transforme finalement en fête gastronomique, avec soupe aux légumes, pièces de chevreuils, rôtis de cuisse d’ours, purée de citrouille, choux bouilli, concombres, le tout arrosé de sauce aux mûres ou aux pommes. Les femmes reçoivent la consigne de la part de Louise, de s’assurer que les assiettes soient toujours pleines pour éviter que les hommes se servent eux-mêmes dans les plats. Pas question qu’on mette ses doigts dans sa nourriture avant qu’elle fut sur les assiettes.

Les Iroquois, peu habitués à être traités ainsi par les blancs de Nouvelle Angleterre, sont maintenant subjugués et complètement gagnés à la famille des Canayens. Ils rient à chaque fois que le bébé Cadotte attrape une poignée de purée de citrouille pour s‘en barbouiller la frimousse.  La soirée se termine avec des danses Canayennes suivies rapidement de démonstration de danses indiennes. Les jeunes garçons Duclos sautent gaiement dans ces danses sauvages; par contre les filles ne sont vraiment, mais pas du tout, tentées. La bière coule à flot; « bière d’épinette » parce que chez Louise Duclos/Lefebvre, on ne boit pas d’alcool. On laisse ça aux curés.

Loup gris et ses Mohawks partent deux semaines plus tard. Le jeune « neveu » de Louise est pratiquement guéri. Avant de partir, les Iroquois font une chasse pour regarnir le garde-manger de la famille. Ils creusent également un caveau, où Gabriel pourra entasser des blocs de glaces l’hiver suivant. Les Lefebvre se rendent compte que les Iroquois sont beaucoup plus « sédentaires » qu’ils ne le croyaient.

Le départ des Iroquois se fait sans cérémonie; en fait Loup gris avertit la famille qu’ils partaient tous le lendemain; et lorsque Gabriel se leva, au petit matin, les Mohawks étaient partis. La veille, le chef Loup gris avait dit à Gabriel que, jamais, les Mohawks n’attaqueraient Batiscan dorénavant. Il lui apprit également que les Bostonnais s’apprêtaient à attaquer Québec avec une armée importante; mais que lui, Loup gris, retournait chez lui parce qu’il ne voulait plus combattre pour les Anglais.

Ce matin-là, Louise se demande si elle reverra un jour, cette branche de sa « famille ». Gabriel envoie à Montréal, Nicolas Duclos avertir son ami François Desjordy de Cabanac de l’attaque planifiée sur Québec par la Nouvelle Angleterre. C’est là l’origine de cette rumeur, qui a circulé, voulant qu’un prisonnier Iroquois ait annoncé l’attaque de Phipps à Frontenac. Avertissement que le vieux Gouverneur n’a pas, tout de suite, pris au sérieux. Il faudra qu’un Abénaqui arrive de l’Acadie lui annoncer l’arrivée des Anglais pour qu’il réagisse.

La famille Duclos ainsi que Gabriel, Cadotte et son autre voisin, Brouillette, se préparent à défendre leur pays. Ils rejoignent de Cabanac et, obligent finalement les 1,500 Bostonnais du Major Walley à rembarquer précipitamment sur leurs bateaux. On alla jusqu’à charger trois balles par fusil lors du premier contact avec les troupes Anglaises. On avait perdu le jeune Daniel Pézard de La Touche ainsi que Dubord dit Lafontaine, chevalier de Clermont, au début des combats.

Il va sans dire que la rapière de Lataille et celle de François Desjordy s’expriment au moment où Walley  a de la difficulté à rembarquer ses hommes qui détalent dans les eaux du  fleuve. Les Canayens les assaillent au corps à corps pour encourager l’embarquement. Cet encouragement, cependant, ne fait que semer la pagaille partout.  Ce qui n’indique pas que les Canayens ne sont pas capable d’organiser un travail bien coordonné quand ces nécessaire; mais là, le but est de faire vite, avant la prise des glaces sur le fleuve.

Les Bostonnais ont même la délicatesse de nous laisser leurs cinq canons en appréciation de notre assistance à leur embarquement. Qui peut maintenant prétendre que les Bostonnais ne savent pas vivre?

Un échange de prisonniers est fait par la suite, et les Anglais de Boston repartent chez eux sous les saluts d’adieu des Canayens de chaque côté du fleuve. Phipps accuse réception de la réponse précise du bonhomme Frontenac et la fera connaître, à son retour, aux gens de Nouvelle Angleterre.

L’année suivante, Gabriel et Louise découvre dans un choux, une belle petite fille qu’ils appellent Marie Marguerite. Louise avait certainement prévu cette trouvaille parce qu’elle avait exigé de Gabriel qu’il lui fabrique un berceau pour bébé, quelques semaines auparavant. Le jour du baptême, Nicolas Duclos, parrain de la petite, ne cesse de se pavaner devant l’assemblée qui assiste à l’évènement. La marraine Marguerite Disy de Montplaisir, amie de Louise et Gabriel, ne se lasse pas de porter la petite dans ses bras. Chose un peu curieuse, Desjordy de Cabanac, un homme de guerre, semble constamment empressé de faire des risettes au bébé dans les bras de Marguerite.

Au mois de septembre, Brouillette le voisin de Gabriel, arrive chez lui blessé à la cuisse. Il raconte à Lataille ce qui lui est arrivé quelques semaines auparavant.

« Comme tu sais, j’étais allé vendre mes peaux à Albany. Sur mon retour, j’arrive au fort Chambly et j’ai décidé d’y passer la nuit. Durant l’avant-midi suivant, on entend des coups de feu venant de Laprairie. Le commandant Du Vault de Valrenne, rassemble ses hommes pour aller voir ce qui se passe, et j’accepte de les accompagner avec d’autres canayens dont Le Ber qui étaient là. On servait d’éclaireurs lorsqu’on aperçoit 700 Bostonnais qui se dirigent vers nous. Ils arrivaient de Laprairie où ils avaient fait un « bon coup ».

 On retourne, tout de suite, avertir Valrenne, qui installe ses hommes en trois rangées derrière deux souches d’arbres renversés. Il leur ordonne d’attendre que l’ennemi soit à portée avant de tirer. Peux-tu comprendre ça, toi, Gabriel, qu’on soit obligé de dire à des soldats de ne pas tirer avant que l’ennemi soit à portée de fusil? C’est vraiment pas croyable! Ces soldats-là ne savent pas tirer pantoute; ils s’installent cote à cote, épaulent dans la direction générale de l’ennemi et tirent sur la gâchette sans viser personne en particulier. Ç’est pas comprenable d’agir comme ça! Quant à moi et les autres coureurs de bois, on s’est postés derrière les arbres pour pouvoir canarder les Anglais copieusement.

-Et t’as été blessé comment?

-Simple malchance; un maudit Bostonnais m’a planté son couteau dans la cuisse avant que j’lui fende la tête avec mon tomahawk. Dans la fusillade, plusieurs Anglais sont tombés mais au nombre qu’ils étaient, les autres ont foncé sur les lignes des soldats de Valrenne. Quant nous, on a vu qu’on ne pouvait plus tirer sans blesser les nôtres, on a tous sauté dans le tas avec nos tomahawks et nos couteaux. Si t’avais entendus les cris de mort qu’on poussait pendant le corps à corps, tes cheveux en auraient blanchis. Les Bostonnais, deux fois plus nombreux que nous, ont prit leur jambes à leur cou et aujourd’hui, doivent encore être essoufflés sur les balcons de Boston. Ils ont eu 43 morts et plus de vingt blessés. J’pense pas qu’y reviennent de sitôt.

-Y’a-t-il quelque chose que je puisse faire sur ta terre que tu ne peux pas avec ta patte folle?

-Bin là, si tu pouvais « désarter » cinq ou six arpents, enlever les « chousses » pis labourer tout ça, je pourrais m’arranger pour semer mon blé à volée, même avec ma patte folle.

-Salut Brouillette; faut que j’retourne à Louise. Si t’as besoin, tu sais où me trouver.

-Te gêne pas pour venir fumer une pipée de temps en temps Lefebvre. T’es toujours le bienvenu.

À suivre

André Lefebvre

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L’IRAN DONT NOS MÉDIAS N’OSENT PARLER

Un témoignage et un point de vue qui nous révèlent un tout autre visage de l’Iran

Je viens tout juste de découvrir un auteur, Gilles Lanneau, dont le peu que j’en ai lu m’a aussitôt conduit à en savoir davantage sur lui-même. J’ai trouvé, sur Google, une référence qui nous révèle l’homme et les expériences qui sous-tendent ses écrits. Je vous invite à lire cette entrevue qu’il accordait à Mina Fallah de la revue TEHERAN.

Je me permets de partager avec vous un bref documentaire qu’il a lui-même réalisé sur l’Iran dont traite son dernier ouvrage « L’IRAN LE MENSONGE ». Il présente ainsi cet ouvrage :

« J’ai écrit ce livre dans l’urgence. Quelques minutes avant l’irréparable. En ce temps où notre monde bascule à toute allure dans un gouffre de non-sens, d’absurdité, où le mal se prend pour le bien et fait porter à celui-ci ses propres tares, j’ose élever une petite voix à contresens. Au tribunal de ce monde aux valeurs inversées, je plaide la cause de l’Axe du Mal et accuse l’Axe du Bien. »

D’une durée de 00:12:45, vous y découvrirez un autre visage de l’Iran que nos médias se gardent bien de nous révéler.

http://www.teheran.ir/spip.php?article1573

Sommet à Téhéran des pays non-alignés, du 30 et 31 août 2012

C’est à Téhéran, en Iran, que les représentants des 120 États membres du Mouvement des non-alignés (MNA) se sont réunis, du 30 au 31 août, à l’invitation des autorités iraniennes.

<br /><a href= »http://www.dailymotion.com/video/xt3t2c_reportage-sahar-tv-2012-08-27-16eme-sommet-du-mna-a-teheran_news » target= »_blank »>Reportage Sahar TV 2012.08.27 16&egrave;me sommet du…</a> <i>par <a href= »http://www.dailymotion.com/Hieronymus20″ target= »_blank »>Hieronymus20</a></i>

http://www.dailymotion.com/video/xt3t2c_reportage-sahar-tv-2012-08-27-16eme-sommet-du-mna-a-teheran_news

Ce sommet comportait pour l’Iran plusieurs défis à relever dont celui d’attirer les principaux représentants des pays membres ainsi que les observateurs qui y participent habituellement.

Sur ce point, on peut dire que la réponse obtenue démontre que l’Iran n’est pas aussi isolé et menaçant que ses ennemis le laissent croire. La très grande majorité des pays ont répondu à l’appel : 29 chefs d’État et de gouvernement, 80 ministres des affaires extérieures et représentants des 120 États. À eux seuls, ils constituent les 2/3 de l’Assemblée générale des Nations Unies et représentent plus de 55 % de la population mondiale. Ce n’est pas pour rien que le Secrétaire général des Nations Unies s’est fait un devoir d’y assister en dépit des pressions venues d’Israël, des États-Unis et du Canada pour qu’il n’y aille pas.

Dans ce contexte, parler de communauté internationale, c’est inévitablement prendre en compte ce Mouvement des pays non-alignés. C’est cette communauté internationale, réunie à Téhéran, qui a apporté au peuple et au gouvernement syrien  un appui mettant en échec l’approche interventionniste du bloc impérial occidental.

« 2.4  La recherche sincère d’une solution à la crise syrienne passe par le respect de la volonté du peuple syrien, seul habilité à décider en toute indépendance de la composition de son gouvernement qui ne saurait arriver sur les chars des forces d’occupation… »

Que fait le Canada et le gouvernement Harper qui, avec moins de 25% de l’électorat canadien, coupe toute relation diplomatique avec l’Iran, agissant comme le petit caniche de Washington et d’Israël.

 » Le régime iranien, déclara le ministre Baird, fournit une aide militaire croissante au régime Al-Assad (Syrie); il refuse de se conformer aux résolutions des Nations unies concernant son programme nucléaire; il menace régulièrement l’existence d’Israël et tient des propos antisémites racistes en plus d’inciter au génocide; il compte parmi les pires violateurs des droits de la personne dans le monde; et il abrite des groupes terroristes auxquels il fournit une aide matérielle »

Pour lire le communiqué final du Mouvement des non-alignés, voir ici.

Nous sommes loin d’un Canada  démocratique et indépendant dans ses politiques internationales. Le gouvernement Harper se comporte comme si la majorité des canadiens le suivaient dans pareilles politiques. Il oublie qu’à peine 25% de l’électorat canadien a voté pour lui, alors que 75 % ne l’ont pas appuyé. Il n’est certainement pas en position de faire la leçon à notre nouvelle Première ministre, Mme Pauline Marois quant à sa crédibilité démocratique.

Oscar Fortin

Québec, le 9 septembre 2012

http://humanisme.blogspot.com

http://www.voltairenet.org/Washington-prend-acte-du-retour

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La guerre interne du capitalisme

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Il n’est pire guerre que la guerre des intestins contre les intestins. Ah, il y a du brasse camarade dans l’économie-monde… Il fut un temps ou les disparités de modes de production étaient beaucoup plus accusées qu’aujourd’hui, seulement en Europe. La notion de “tiers monde” était jadis économiquement quasi-inexistante. Je n’en finirais pas d’énumérer les problèmes posés par ce fichu de nouveau siècle. Le moteur du mouvement social réside bel et bien toujours dans les possibilités d’extortion du surtravail. Or, les pays que nos journaux appellent du “tiers” et du “quart” monde sont aujourd’hui les grandes sources de plus-value effectivement productive. Les économies occidentales sont, en notre temps, à 75% post-industrielles (services et bureaucratie, principalement). Ainsi, un stylos à bille produit au Honduras coûte infiniment moins cher en reviens que le même stylo à bille produit en France ou en Allemagne. Les coûts de frais sociaux sont inexistants dans le premier cas. L’assiette de plus-value produite par le prolétaire non-occidental n’a donc que le capitaliste comme convive à convoquer. Il n’y a plus à la partager avec le col blanc occidental, sous forme de charges sociales, et de cette kirielle de frais divers qui font du Nord-Ouest un oasis illusoire. Cette situation de disponibilité internationale de surtravail frais et bon marché suscite une véritable exportation du moteur de production vers les zones plus précairement prolétarisées. Nous évoluons désormais dans un dispositif où le travailleur occidental s’est historiquement donné une protection sociale mais a laissé la bourgeoisie aux commandes. La conséquence en est qu’il fonctionne comme une sorte de rentier social, d’aristocrate ouvrier. Mais l’aristocrate dépend de sa terre nationale! Si celle-ci tombe en friche, c’est sa rente qui s’effiloche. Ici c’est la bourgeoisie aux abois qui rouille le blé de l’aristocrate ouvrier! Car, ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’expatrier le moteur de production, c’est aussi expatrier le moteur de consommation, car ce sont là les deux facettes dialectiques du même jeton. Chercher de nouvelles sources de plus-value, c’est expatrier la production. Et expatrier la production, c’est expatrier le marché. Dans les derniers 30 ans, le pouvoir d’achat des masses prolétariennes indonésiennes, chinoises ou guatémaltèques a, en proportion, beaucoup plus augmenté que celui des masses françaises, états-uniennes ou allemandes. Le marché devient donc international au sens fort, et les entreprises domestiques produisent et trouvent le marché là où il se produit et se trouve. L’internationalisation du marché n’est donc pas la conséquence du tassement de la production domestique, mais sa cause. Moins de plus-value domestique, moins de pouvoir d’achat domestique. Moins de pouvoir d’achat domestique, tassement du marché domestique. Voir cela comme une stratégie voulue des patrons c’est dès lors basculer dans une interprétation volontariste de type militantisme vulgaire. Cet état de fait économique s’impose au patron occidental autant qu’au travailleur occidental. La dynamique de concurrence pousse implacablement toute la machine dans le bourbier tiers-mondiste. Et ainsi, le ci-devant “libre échange” est lui aussi consécutif plutôt que causal. Les cris de nos libre-échangistes c’est le hululement de la chouette de Minerve, quand tout est joué et quand la nuit de la mondialisation est tombée. Qui va en profiter? Ah, ah. Voilà le beau merdier! Extirper la productivité des secteurs avancés, balisés socialement, pour la nicher dans des pays arriérés, semi-coloniaux, à régimes dictatoriaux et “bananiers”, pour reprendre une image d’une autre époque qui dit bien ce qu’elle a à dire, donne une illusoire et courte impression de levée fraîche de profits rapides. En fait la régression (notez ce mot!) sur les zones à capitalisme sauvage aura à moyen et long terme les effets qu’ont eu le capitalisme sauvage: désorganisation de la production, dérapage social, paupérisation à outrance, émeutes de la faim, spéculation sans balises menant à des crash boursiers, dans des pays pauvres mais dont le sort semble soudain rayonner sur le monde. La Thaïlande, la Russie, l’Inde, la Chine et le Brésil en témoignent. Le capitalisme étire son sursis, mais tout cela revient à la fameuse baisse tendancielle du taux de profit. Elle se poursuit, inexorable, et les profits absolus ne doivent pas faire illusion quand au caractère déterminant de cette loi. Le capitalisme se love sur la planète entière, mais en même temps il s’étrangle impitoyablement avec ses propres circonvolutions. Il va se trouver coincé entre l’aristocratie ouvrière occidentale qui va se mettre à s’agiter pour ne pas perdre ses privilèges, et le prolétariat des nouvelles zones, productives industriellement mais arriérées politiquement, qui va se mettre à s’agiter pour acquérir les siens. On n’a pas fini de voir s’ébranler le monde. Mais cette fois-ci, le capitalisme ne trouvera plus un “quint” ou un “sixte” monde pour se réactiver, la planète étant, l’un dans l’autre, une sphère finie…

La contradiction interne fondamentale du capitalisme ne pourra donc plus se fuir elle même vers les zones en friche, comme elle le fit du temps de la phase imperialiste. La guerre, la vraie guerre interne du capitalisme va donc s’amplifier hyperboliquement. De nos jours, elle se joue et se joue farouchement entre les PDG et les investisseurs. Ils n’ont presque plus besoin de la lutte des classes classique: ils se mangent entre eux. Les premiers mobilisant une énergie formidable pour fourrer les seconds. Les seconds se méfiant des premiers comme un nageur des requins. Elle est loin l’époque où le premier Rockefeller jugeait que la satisfaction des investisseurs était l’objectif cardinal de l’homme d’affaire prospère. C’est que le capitalisme n’investit plus: il boursicote. Ses intendants maquillent les chiffres pour que les investisseurs ne retirent plus leurs joujoux financiers en un éclair. Les profits de productions sont graduellement remplacés par le butin d’extorsion par actions. Les investisseurs sont tout aussi cyniques et insensibles. Ils ne s’impliquent plus dans une entreprise parce qu’ils croient en sa mission mais bien parce que c’est la crête du moment dans leur surfing électronique, ultra-abstrait et ultra-rapide aux dividendes. Même le commerce des produits financiers s’engage dans ce type de mutation implacable. Préférer l’extorsion directe avec résultat à court terme à la doctrine classique de «faire de la clientèle» est une attitude qui surprend toujours en Amérique du Nord. En Europe, c’est la loi. On te fait les poches en un acte commercial unique et retors et tant pis su tu ne reviens pas et parle de nous en mal à tes copains. Mais dans le Nouveau Monde, c’est inhabituel. Inhabituel et symptomatique. Quand la soif du profit à court terme atteint une telle profondeur microscopique, c’est que les choses changent dans notre contexte économique. À rapprocher de la désormais classique explosion des frais d’usager des banques. Ne plus investir (dans l’industrie pour les banques, dans la satisfaction du client pour les commerces) mais extorquer en une ou deux fois et fuir. Fondamentalement cela change la valeur de place (de poche…) mais n’en produit plus de nouvelle. Il est criant que ce système a cessé de croire en lui même. Le spéculatif poursuit sa lente et inexorable séparation du productif et les experts, qui sont au service du spéculatif, s’attellent à la principale tâche du spéculatif : nier le réel, peindre en rose la muraille grise des faits concernant la productivité, l’échange, la compétitivité, la qualité matérielle des produits, leur réception effective dans le public, etc… L’arnaque passe de plus en plus en auto-arnaque. La guerre interne se poursuit, autant que la contradiction autodestructrice motrice. Certains acteurs passent aux aveux. Il est criant que le profit de l’entreprise, devenu depuis l’entreprise du profit, nuit désormais ouvertement à la production effective.

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Classé dans Actualité, Paul Laurendeau