Et la vérité fut : la Terre n’est pas plate!

Yan Barcelo – Philosophe et journaliste.

J’ai soumis jeudi dernier au journal La Presse cette réplique à l’article de Normand Mousseau, professeur de physique à l’Université de Montréal, intitulé « La Terre n’est pas plate », article d’opinion paru dans La Presse ce jeudi, 22 avril 2010. Vous pouvez lire copie de cet article d’opinion à la fin de cette chronique.

Merci à Normand Mousseau de nous mettre à jour dans notre compréhension de l’univers en nous apprenant que la Terre n’est pas plate. Malheureusement, c’est une information dont la plupart d’entre nous sommes déjà saisis.
Toutefois, outre le fait qu’il dispose d’un impressionnant titre de professeur de physique, on peut se demander si les connaissances de M. Mousseau n’ont pas plafonné au moment de découvrir que la Terre n’est pas plate. Car, en termes d’informations instructives et sensées, son article est cruellement carencé.
En fait, espérant sans doute nous faire taire sous le coup d’un argument d’autorité (après tout, c’est un physicien qui nous écrit!), M. Mousseau ne nous sert que le régime traditionnel de calomnies et de ridicule auquel nous ont habitué les alarmistes climatiques.
M. Mousseau nous dit que l’hypothèse selon laquelle l’activité solaire serait à l’origine du réchauffement climatique est « complètement discréditée pour la majorité de la communauté scientifique ». Vraiment? Puisqu’il est question d’arguments d’autorité, voyons s’il a entendu parler du projet CLOUD que le CERN poursuit au coût de 9 M$? A-t-il entendu parler du projet Astrometria que l’Agence spatiale russe mène à bord de la station orbitale internationale? Et qu’en est-il des travaux des physiciens Sami Solanki, directeur à l’Institut Max Planck, et Nir Shaviv, professeur agrégé à l’Institut de Physique Racah, à Jérusalem?
Tout d’abord, M. Mousseau veut nous faire croire que la science est une démocratie où le vote de la majorité détermine la vérité. C’est une vision très tribale de la recherche scientifique à laquelle semble souscrire le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) avec son mantra de la « science par consensus ».
Ensuite, parlons brièvement des deux projets CLOUD et Astrometria. Le premier, initiative de Jasper Kirkby du CERN de Genève, vise à montrer le lien entre les cycles d’irradiation solaire et la formation de nuages bas. Si son hypothèse – très crédible – se vérifie au cours des deux ou trois prochaines années, on pourra conclure à une influence majeure sur le climat terrestre du soleil et des effets de celui-ci sur les rayons cosmiques.
Kirkby est-il seul dans son coin à jouer avec sa petit chambre de simulation atmosphérique? Que non. Tout d’abord, il a l’appui du CERN, l’organisation de recherche fondamentale regroupant le plus grand nombre de physiciens au monde. Ensuite, son projet CLOUD est mené avec la collaboration d’une vingtaine d’instituts et d’universités du plus haut calibre parmi lesquelles on trouve notamment le California Institute of Technology, l’Institut Max Planck de physique nucléaire, le Rutherford Appleton Laboratory. Le tout regroupe une centaine de scientifiques issus de diverses disciplines, mais tout particulièrement la physique et l’astrophysique. Puis-je vous rassurer, Monsieur Mousseau : ces gens ne souscrivent pas à l’idée que la Terre est plate.
Quant au projet Astrometria, il est mené par Habibullo Abdussamatov, un des physiciens les plus chevronnés de Russie, chef du laboratoire de recherche spatiale à l’observatoire Pulkovo de l’Académie des sciences russes. Et son hypothèse, elle aussi très crédible, de l’influence majeure du soleil sur les changements climatiques est prise au sérieux par l’establishment scientifique russe au point qu’on lui donne temps et espace à bord de la station spatiale internationale. Après tout, il est difficile de contester l’idée que le soleil, principale source de chaleur sur notre minuscule planète, puisse avoir une influence déterminante sur la variabilité de notre climat via des altérations très subtiles dont il reste à confirmer les mécanismes.
CLOUD et Astrometria sont basés pour l’instant sur des hypothèses et leur démonstration reste à faire au cours des prochaines années. Mais ce sont des hypothèses extrêmement crédibles et plausibles qu’il importe d’étudier avant de se lancer dans des projets multi-billionnaires d’éradication du CO2. Je m’empresse d’ailleurs de vous rappeler, Monsieur Mousseau, que l’anthropogenèse du réchauffement climatique est aussi une hypothèse, fort crédible; mais sa crédibilité ratatine à vue d’œil au fur et à mesure que les scientifiques ouvrent leurs yeux sur d’autres phénomènes et processus climatiques – notamment l’irradiation solaire, la formation des nuages et le stockage de CO2 par les océans – et cessent d’être hypnotisés par le hochet du CO2 surnuméraire.
La science – sans doute en êtes-vous informé, Monsieur Mousseau, – n’est pas un exercice de vote que se partagent quelques individus en sarreau blanc. C’est un travail de confrontation systématique d’hypothèses et d’observations en vue de déterminer la vérité la plus englobante qui soit. Et si les théories solaires se vérifient, il importera qu’on y donne le plus d’attention possible, car la menace des décennies à venir ne sera fort probablement plus le réchauffement de la planète, mais son refroidissement.

VOICI L’ARTICLE DE NORMAND MOUSSEAU AUQUEL JE DONNE LA RÉPLIQUE PLUS HAUT.

Publié le 22 avril 2010 à 06h11 | Mis à jour à 06h11
La Terre n’est pas plate
Normand Mousseau*
La Presse
Il est un peu déprimant de voir M. Faucher, ramener sur le tapis la possibilité que l’activité solaire soit à l’origine du réchauffement climatique plutôt que l’augmentation des gaz à effet de serre. Cette possibilité, qui a été amplement étudiée par des astrophysiciens et autres spécialistes du Soleil, est maintenant complètement discréditée pour la majorité de la communauté scientifique et ne subsiste que dans le discours des opposants à tout crin à la lutte aux changements climatiques. Après tout, que peut-on faire si c’est la faute au Soleil?
Pourquoi est-ce important de corriger cette fausseté? Parce que la science, contrairement à ce que laissent entendre de nombreux critiques doctrinaires, progresse et que la compréhension que nous avons aujourd’hui du réchauffement climatique est beaucoup plus précise qu’il y a 30 ans, 10 ans et même cinq ans. Or, quand les pseudodissidents se contentent de répéter leurs mêmes oppositions année après année, c’est la possibilité même d’un véritable dialogue politique qui est prise en otage. Au lieu de permettre une analyse intelligente des doutes et des certitudes de la communauté scientifique, on laisse plutôt planer, comme le fait Philippe Faucher, que les faits n’existent pas et qu’ils sont autant matière à débat que les mesures à prendre.
Or, ce n’est pas le cas. Affirmer que la Terre est plate et qu’elle est portée par une colonne sans fin de tortues ne change pas la réalité. Pire, continuer, malgré les nombreuses évidences, à défendre le droit des «?aplatistes?» de monopoliser le débat revient à nier l’existence du progrès dans la connaissance.
L’incertitude
Personne, dans la communauté scientifique, ne nie l’existence d’incertitude, d’inconnues et la possibilité d’erreurs. Plusieurs scientifiques sont aussi mal à l’aise avec la récupération politique de résultats qui n’ont pas eu le temps de décanter, offrant ainsi une image déformée de la situation. C’est pourtant dans ce contexte que doivent travailler les chercheurs qui s’intéressent aux changements climatiques, ce qui les force à modifier une tradition de recherche universitaire où les interactions avec le public sont limitées à quelques communiqués par année.
Ainsi, dans un premier temps, on a créé le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dont le but est de mettre à jour à intervalles réguliers, et de manière aussi objective que possible, l’état des connaissances dans le domaine. Les rapports ne sont pas parfaits, évidemment, surtout en ce qui concerne la partie modélisation, qui représente un défi technique remarquable, mais le message qui s’en dégage est resté remarquablement cohérent depuis plus de 20 ans: il y a un réchauffement planétaire qui est causé par l’augmentation des gaz à effet de serre.
Tout comme pour la maladie de la vache folle et la grippe aviaire, il importe que les données scientifiques soient aussi solides que possible. Et le débat sur celles-ci doit se faire à un niveau rationnel. Il est tout à fait acceptable et normal qu’on s’attaque à des résultats scientifiques particuliers et qu’on relève leurs limites. Il faut accepter, par contre, que la connaissance puisse progresser et clore un débat, comme c’est le cas pour le fait que l’activité solaire n’est pas à l’origine du réchauffement de la planète.
* L’auteur est professeur de physique à l’Université de Montréal. Il réplique ici au texte de Philippe Faucher, «La dissidence muselée», publié dans les pages FORUM de La Presse le 19 avril dernier.

10 Commentaires

Classé dans Actualité, Yan Barcelo

10 réponses à “Et la vérité fut : la Terre n’est pas plate!

  1. @ Yan Barcelo:

    Je me souviens, il y a quelques années, de vous avoir suggéré de garder sous le boisseau les doutes auxquels vous avaient conduit les recherches documentaires que vous aviez menées sur cette question du changement climatique… Avoir raison est une chose, ne pas être occis pour ses opinions en est une autre qui a aussi son importance.

    Je suis content que l’évolution de ce dossier ait rendu raisonnable que vous exprimiez une opinion qui n’est plus seulement respectable, mais respectée… « Tout vient à point à qui sait attendre ».

    Tout en vous rendant hommage comme précurseur d’une idée qui est parvenue à éclore, j’avoue que je me sers ici insidieusement de votre cas pour justifier les appels à la prudence que j’adresse parfois à d’autres qui me demandent un avis :-))

    Pierre JC Allard

  2. Merci à Yan Barcelo pour ces informations sur CLOUD et Astrometria.

    Normand Mousseau?!! Voilà un autre adepte de la pensée unique.

    Le soleil représente 95% de toute la masse de notre système planétaire. Et la terre moins de 1% de celui-ci. Toutes les autres planètes sont sujet au même réchauffement sans pour cela être victime de l’augmentation du CO2.

    Il me semble que ça saute au yeux! Pour ceux qui veulent bien les ouvrir.

  3. Lleila

    Très bon texte Yan, je n’arrive toujours pas a comprendre comment ont peut écarter le soleil des calcul…Ce n’est pas comme les quarks, je peus le voir en levant les yeux et constater ces effets a tout les jours et sa sans m’endetter de 20k en prêt et bourse.

    D’ailleurs je trouve également ridicule au plus au point de vouloir implanter des mesure de contrôle du CO2 a un cout exorbitant alors même qu’ont rase la majorité des foret vierge restante y compris la notre. Il y aurait tellement de solutions peu couteuse pour combattre ce phénomène si menace il y aurait. Par contre ceux-ci n’enrichirais surement pas autant « l’élites » de la climatologie.

    Je trouve également arrogant (au risque de me faire trait. d’irresponsable et de dangereux) de vouloir sauvez la planète alors même qu’ont n’est pas capable de prendre soin de nous.

  4. I love George Carlin!

    Merci à Yan pour avoir répondu à ce clown Mousseau! Comme si la science était une chose de consensus ou d’opinion!

    Toutes les prédictions du GIEC concernant ces dix dernières années se sont révélées fausses!

    Pas de réchauffement depuis dix ans alors que le CO2 continue d’augmenter, il n’y donc aucun lien entre le CO2 et le réchauffement climatique.

    Lorsque ça se réchauffe ici, sur Terre, il en est de même pour les autres planètes. Idem pour l’inverse.

    Ils veulent taxer le CO2 alors qu’un volcan comme en Islande produit plus de CO2 que toutes les voitures de la planète en un an! Va-t-on taxer les volcans aussi?

    Pourquoi personne ne mentionne que le CO2 augmente en moyenne 800 +/- 200 ans APRÈS un réchauffement climatique, et non avant!?

    La couverture nuageuse et la nuit abaissent la température sensiblement, mais on refuse de considérer le soleil et son action sur les changements climatiques?

    Voilà qui est absolument ridicule et pourquoi un imbécile comme Mousseau n’aura jamais de crédibilité dans mon livre.

  5. Aimé Laliberté

    Merci pour cet article Yan.

  6. Pour ceux que ça intéresse:

    http://www.youtube.com/user/Stef2892#g/p

    Climategate – Un point sur la fraude du siècle – 1/3

    Climategate – Un point sur la fraude du siècle – 2/3

    Climategate – Un point sur la fraude du siècle – 3/3

    Télécharger l’émission intégrale pour une écoute audio au format mp3 ici :
    [audio src="http://archives.choq.fm/2010-04-15/128_129.mp3" /]

  7. Denis G

    Pourtant Thomas Friedman* nous déclare que ‘La terre est plate’. (j’ironise évidemment, si peu)

    Pour ces avocats du pire, ceux dont l’apologie du désastre écologique invite la taxe carbone tout en expulsant celle de Tobin du discour public, toute hypothèse venant atténuer l’impact de leurs études pouvant affaiblir l’instauration de ce nouveau racket international doit être méprisée et mérite d’être mis à l’index le plus efficacement possible par l’argument d’autorité. (désolé ma phrase est longue).

    *Chantre de la mondialisation tout azimut, éditorialiste, porte-parole du secrétariat d’État au New York Times selon Noam Chomsky, Friedman dans son livre The World is Flat nous présente Endeavor comme modèle favorisant un ‘écosystème’ entrepreneurial. Or Endeavor est financé par Bronfman. (c’est pour @Aimé celle-là)

    Friedman reçoit en 2004 la récompense de l’Overseas Press Club pour l’ensemble de son œuvre et se voit décerner l’Ordre de l’Empire britannique par la reine Élizabeth II.

  8. auroreboreale

    @ Bravo Yan pour ce billet bon merci d’avoir répondu à M.Mousseau peut-etre qu’il serait temps qu’il aille voir ce qui se fait ailleurs? Son point de vue nous porte à croire que la terre est vraiment plate.
    Avoir une ouverture d’esprit ne donne pas de fracture du crâne! Enfin après Galilée qui s’est parjuré pour sauver sa peau devant l’église on va peut-être savoir ce que le système solaire a à nous montrer.

    C’est bien de mentionner qu’il y a le projet Cloud et d’Astrometria pour ceux qui pensent qu’il n’y a que le Giec qui sait quelque chose. C’est à peu près temps qu’on change nos perceptions du monde cosmique dont le soleil.
    Peut être que nous serons à même de savoir l’origine du spectaculaire nuage aspératus qui est vraiment impressionnant.Le réchauffement du système solaire ça fait un bout qu’on ( les scientifiques) en parlent. Une chose qui est en train de sortir comme un lapin du chapeau c’est la pression qu’ont certains scientifiques pressions destinées les pousser à remettre en cause la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique.

    @ Lleila merci pour le vidéo de John Carlin, son humour fait du bien.

  9. « Climate Change » World Tax for Life

    http://eclipptv.com/viewVideo.php?video_id=11651

    Global Warming scam to cost undefined Americans trillions.
    This proposed global warming tax-and-spend scam would be one of the biggest financial assaults ever perpetrated against a free people.
    Forgetting for a moment that the whole anthropogenic global warming myth is the biggest fraud ever sold to a free people, the plans the Obama Administration has to lighten the pockets of the American people is truly staggering.
    President Obama started out claiming the cap-and-trade tax was going to cost $646 billion, and that they’d stick the evil companies primarily the power industry with the cost. Never mind that those costs will be passed on to the consumer in the form of an electric bill which is more than 40% higher; a little shallow class envy greases the wheels of socialism, right?

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