Le post-abortum de l’indépendance du Québec

 
 

 

On n’en finit plus de souffrir des sequelles de cet enfant qui n’est pas né. On n’a jamais fait le deuil ni le curetage.  Est-ce qu’on va bientôt en sortir et faire autre chose ?   Il faudra encore combien de temps pour que  l’on comprenne enfin que le monde de 2011 n’est pas le monde de 1960 et que l’indépendance dans le sens dont en  parlaient André d’Allemagne, Bourgault, Levesque  et les autres, est aujourd’hui aussi dépassée que le régime féodal et le droit de cuissage ?

On peut bien garder le mot et le faire mijoter autrement, pour que le potage épaississe, devienne une sauce et qu’on puisse napper de « souveraineté » le statut qu’on donnera au Québec dans l’Union Nord Américaine, mais il faudrait comprendre que l’interdépendance a remplacé l’indépendance.  Comme la « France éternelle » est à devenir une  division culturelle  pittoresque d’une Europe qui ira de Brest à Behring.

On vit tassé sur une Terre retrécie. Chaque nation ne peut plus faire que ce qui n’embête pas trop les autres, puisque sans les autres elle ne peut pas survivre.  70 % et plus des lois qui s’appliquent en France sont déjà conçues et décidées à Bruxelles et le Québec verra les siennes approuvées à Washington, même si pour nous faire plaisir on les signera à Ottawa… ou sur la Grande-Allée.

Notre défi, comme Québécois, n’est pas d’en faire plus que ce que nous pouvons, mais de  faire mieux ce qu’il nous appartient de faire.Nous pouvons faire mieux sans changer un iota des pouvoirs dont dispose le Québec. Mieux en Education, mieux en Santé, mieux pour l’accès à la justice, pour une distribution plus équitable du revenu et de la richesse, pour diffuser notre culture, etc…

On fera mieux si on fait un peu de politique, mais quand on regarde se dessiner la nouvelle carte poliique du Québec qui prendra acte de la fin du Parti Québécois, on se désole.  On voit que l’avenir immédiat risque de scinder en deux ou trois volets les clientèles crypto ou pseudo souverainistes « molles » du PQ  – avec sensibilités de gauche ou de droite tout aussi velléitaires –  laissant isolé un noyau d’irréductibles « séparatistes», insensibles à tout sauf  à la  nostalgie des mots eux-mêmes et qui fera sagement son deuil d’accéder jamais seul au pouvoir.

Ils offriront quoi ces Marois, Legault, Duceppe, Curzi, Khadir, Deltel ?  Quoi de neuf ?  Quoi d’autre que les sempiternelles jérémiades en variations sur le thème des relations entre Ottawa et Québec ?  Si l’un ou l’autre d’entre eux, ou un chevalier blanc sorti d’une boîte a surprise, ne rompt pas avec cette vision passéiste – en disant brutalement que le mot même  d’indépendance est tabou – aussi bien nommer Charest Premier Ministre à vie ! Il faut que quelqu’un apporte aux Québécois un NOUVEAU projet.  Un changement qui modifie vraiment leur vie quotidienne et crée un ENTHOUSIASME.

Du neuf. On n’a pourtant vraiment que l’embarras du choix, car RIEN ne fonctionne très bien au Québec et on n’a RIEN proposé d’original depuis le premier gouvernement Levesque de 1976.  Toute notre structure sociale a la vetusté de ces structures en béton qui s’effondrent maintenant partout, parce qu’on a cru que le petit moment de travail sérieux qu’on a fait il y a des décennies réglerait tous les problèmes pour l’éternité.

Or ce e n’est pas ça. Ni pour le béton, ni pour les idées.  Si le monde était ainsi fait, Obama serait Pharaon, le Pape nous dirait encore comment gérer nos vies de couple et on achèterait tout des Chinois en les payant en opium ou en verroterie.  Tout est à remettre à l’heure. Il faut se recréer une société.

Il faudrait le faire partout, mais notre défi de Québécois est de le faire au Québec.  Idéalement, on changerait tout, mais ne changer qu’UNE SEULE CHOSE  serait déjà merveilleux. Un éveil/réveil. Un pas hors de la complaisance béate dans l’insignifiance qui est la source de l’injustice, puisqu’elle  nous convainc que la justice sociale est une chimère et ne signifie rien.

Il y a tant de choses qu’on pourrait proposer. Il ne manque que les méninges – un peu – et des couilles, beaucoup… Dans les paragraphes qui suivent il y a des liens. Je vous suggère de les garder en référence.  Inutile de les ouvrir aujourd’hui, on va se perdre…  Il y a tant de choses à faire.

On pourrait, par exemple, mettre en place un revenu et un travail garanti pour tous, supprimant la misère du Québec (où un enfant sur trois aujourd’hui vit sous le seuil de la pauvreté).  Difficile ?  Facile au contraire. En un an.  Un trait de plume, quelques fonctionnaires affectés à un travail utile et la VOLONTÉ de le faire.

http://nouvellesociete.wordpress.com/travail/

Restructurer l’éducation autour d’une relation de longue durée entre un enseignant et une cohorte d’apprenants. La pédagogie est l’affaire de l’enseignant ; l’Etat établit les objectifs, gère les examens (docimologie) … et ferme sa gueule. Quand il s’en mêle davantage, il nuit.

http://nouvellesociete.wordpress.com/education/

Créer un systeme de santé efficace, en formant d’abord les ressources dont nous avons besoin et en écrasant brutalement tous les corporatismes. Après, établir une relation de confiance entre un médecin payé par capitation et ses patients, avec EN SOUTIEN les spécialistes requis et, à la disposition des ressources médicales, les ressources matérielles hospitalières et pharmaceutiques.

 http://nouvellesociete.wordpress.com/s-80-essais-sur-la-sante/

Décréter que toute cause civile d’origine contractuelle se règle en première instance par arbitrage, avec un appel possible au tribunal civil, mais TOUTES AFFAIRES CESSANTES, alors, mettant fin à ces délais malhonnêtes qui n’enrichissent que les avocats et font que la justice n’existe que pour les riches et n’est qu’un chantage  institutionnalisé.

http://nouvellesociete.wordpress.com/justice/

Remettre à l’heure du jour la loi 101, qui a le double démérite d’être d’une part inutilement vexatoire pour les minorités linguistiques… tout en étant, d’autre part, tout a fait insuffisante pour garantir que le Québec soit et reste français.

http://nouvellesociete.wordpress.com/2008/09/17/188-quebec-francais-1/

Et il y a d’autres questions à régler, pour gérer la culture, le droit à l’information, la fiscalité…. Mais faire au moins QUELQUE CHOSE.. Une seule… pourvu qu’elle soit bonne.

Il y a aussi VRAIMENT des contentieux à discuter entre Québec et Ottawa. La représentation du Québec et de ses intérêts à l’étranger par exemple. L’immigration qui est aujourd’hui un partage bancal des responsabilités. La défense nationale…  Mais cessons la rengaine que les priorités sont la !   Derrière tout ça, il y a, surtout, la monnaie. On le sait, mais ne soyons pas naïf au point de croire que c’est Ottawa qui en décide. Élisons au Québec un gouvernement qui fera ce qu’il PEUT faire.

Il y a des choses dont on devrait parler et sur lesquelles la population devrait opiner. Il faudrait que s’ouvre un débat politique sur ce que nous voulons être comme société, et que ceux qui prétendent nous gouverner s’identifient aux options entre lesquelles nous voulons choisir. Pour l’instant ils se comportent comme des pantins : des poupées qui semblent toutes se coucher et dire « Maman » quand on les paye.

Pierre JC Allard

8 Commentaires

Classé dans Actualité, Pierre JC Allard

8 réponses à “Le post-abortum de l’indépendance du Québec

  1. Oh làlà! L’ouragan Irène est passé et a soufflé toutes les lettres des premiers paragraphes les unes sur les autres! Quelle catastrophe! 😯

  2. ça fait un peu comme quand on épeluche des patates avec la gazette pis que le texte reste collé sua table… 😆

  3. OH! C’est corrigé! Ça va je n’ai rien dit! 😯

  4. decembre

    M. Allard, vous avez de bonnes idées auxquelles de nombreuses personnes, dont moi, adhèreraient si….

    Hélas, il y a, au-dessus de notre statut, maintenant à peine déguisé, d’esclave et des bouffons que nous élisons, des maîtres qui sont au-dessus des lois et à qui rien ne résiste tellement ils sont méchants. Pour les éliminer il faudrait être encore plus méchant ce qui est impossible pour la plupart d’entre nous et vraiment une perte de temps quand on apprécie un tant soit peu la vie.

    Vous parlez par exemple de l’Union Nord-Américaine.
    Pouvons-nous l’empêcher ? Non. Alors pourquoi essayer d’inventer une manière de faire face à ce que nous ne contrôlons pas ni ne contrôlerons jamais ? Toute résistance est futile et croire en l’esprit de solidarité, ma foi, n’est-ce pas croire en Santa Claus ?
    Notre statut d’esclave n’a jamais changé et il ne changera jamais parce que les raisons sont multiples et vieilles comme le monde.
    Le conflit qui empêche la libération est en chaque homme pas dans les bannières qu’ils suivent comme les moutons le berger.
    Bonne journée.

  5. Si au moins nous avions simplement la conscience d’être un peuple par notre langue, notre culture et nos valeurs, cela nous permettrait de voir la structure politique comme un moyen et non une fin en soi. Cependant pour mes amis, les purs et durs, l’indépendance est un tellement un but qu’ils ne prennent jamais la peine de préciser le genre de pays que l’on veut en terme d’éducation, de santé, de justice, de centralisation/décentralisation des pouvoirs, etc. Vous vous souvenez de la cage aux homards de monsieur Parizeau.

  6. François Ricard

    Vers une plus grande démocratie

    Les deux principes essentiels de la démocratie sont le débat et l’égalité. Et son fonctionnement optimal réside en une nette division des pouvoirs : législatif, judiciaire et exécutif.

    Débat

    Qui dit débat, dit information. Un citoyen, pour débattre d’une question, doit être informé. Il a même un droit fondamental à cette information. Le droit à l’information est le droit fondamental de l’individu et de la collectivité de savoir et de faire savoir ce qui se passe et qu’on a intérêt à savoir.

    Le citoyen aujourd’hui est mal informé. Les grands organes de presse sont souvent la propriété de financiers pour qui la liberté de presse consiste uniquement en la liberté de publier ou non ce que l’on veut, où l’on veut et de la manière que l’on veut pourvu que cela rapporte économiquement et politiquement. Heureusement que l’internet, du moins jusqu’à maintenant, permet de pallier les conséquences de cette information souvent tendancieuse.

    Egalité

    En une véritable démocratie, chacun doit avoir le même poids, la même influence.
    Le principe en cause : une personne, un vote.

    Il faut que toutes les opinions majeures soient justement représentées lors du débat, c’est-à-dire à l’Assemblée nationale ou au Parlement.

    Il faut aussi que le représentant ou député jouisse de la plus grande liberté possible afin qu’il puisse faire valoir les opinions non seulement de son parti mais aussi, et surtout, les opinions de ceux et celles qui l’ont élu.

    L’égalité veut aussi dire que personne, soit un individu ou un groupe d’individus, ne peut s’accaparer du système pour le dominer.

    Que se passe-t-il dans la vraie vie?

    A peu près toutes les démocraties existantes souffrent de carences soit dans l’application des principes soit dans le mode de fonctionnement ou soit dans les deux.

    Je veux m’attarder principalement aux systèmes canadien et québécois.

    Le système de style britannique

    Une gouvernance véritablement démocratique fait une nette différence entre les trois pouvoirs : législatif, exécutif et judiciaire. Le système britannique est totalement bancal et fait du premier ministre un vrai monarque .Il dirige les législateurs (ses propres députés, à cause de la ligne de parti, ne sont là que pour endosser ses mesures); il supervise l’exécution du tout en nommant ou en dégommant les ministres. De plus, il a une certaine influence, sinon une influence certaine, sur la nomination des juges. C’est en fait un véritable dictateur pour la durée de son mandat.

    Le système américain

    Le système américain fait une nette distinction des pouvoirs. Les politiques et les budgets sont votés par le Congrès, ou par le Sénat, ou part le Congrès et le Sénat. Cependant les députés ou sénateurs, bien qu’appartenant à des partis politiques, ne sont pas tenus de voter selon une ligne de parti mais bien plutôt selon leur conscience et selon les préoccupations de leurs électeurs.

    Pour cette raison, le système américain est démocratiquement supérieur au système britannique.

    Le financement des partis

    Le système américain fait une nette distinction des pouvoirs. Malheureusement ils ont perdu le contrôle de leur système à cause des caisses électorales. Eisenhower en 1958 avait averti ses compatriotes que le complexe militaro-industriel était à faire main basse sur leur gouvernement. Tous ses successeurs ont préféré ignorer son avertissement. Aujourd’hui, quand on y regarde de près, les Etats-Unis d’Amérique ne sont plus une démocratie mais une ploutocratie. Tout ce qu’il leur reste est le simulacre électoral qui est dominé par l’argent.

    Nous retrouvons le même phénomène au Canada, bien qu’à un degré moindre. Seules les personnes peuvent financer un parti et ce, à hauteur de 3 000$ annuellement. Au Québec, ce seuil est maintenant fixé à 1 000$.

    Combien, de la classe moyenne, surtout avec une famille, peuvent se permettre de donner 3 000$ ou même 1 000$ à un parti politique? Fort peu. Ce sont les riches qui donnent. Et non pas dans un but philanthropique. Et en plus ces riches reçoivent des crédits d’impôt qui, automatiquement, amènent la classe moyenne à défrayer une partie de ces dons sans qu’elle ne le sache.

    Si l’on veut tendre vers une certaine égalité pour tous, il faut accepter un financement public des partis et, sinon une interdiction de tout don, du moins une limitation qui empêche les riches de s’accaparer du tout. Le Parti Québécois propose 100$ comme plafond. C’est déjà beaucoup mieux que 1 000$. C’est le prix à payer pour avoir une véritable démocratie.

    Le débat

    Pour le débat, nous sommes représentés par les députés que nous nous donnons lors d’élections.

    Il est primordial que cette députation soit un éventail le plus riche possible de toutes les opinions les plus importantes qui ont cours, des régions économiques qui forment notre État et des personnes (hommes et femmes) qui peuplent notre pays.

    Notre système uninominal à un tour avec pluralité simple des voix crée des distorsions qui font que des pans entiers de la population sont sous-représentés ou pas représentés. On en trouve des exemples dans toutes les élections, aussi bien canadiennes que québécoises. Il permet aussi à un parti qui obtient 40% des suffrages, et même moins, d’obtenir une majorité de sièges soit au Parlement soit à l’Assemblée nationale et devient donc le gouvernement majoritaire pour cinq ans et le premier ministre, dictateur pour cinq ans. Pourtant tout ce beau monde, qui ne représente même pas 50% de la population, va imposer ses vues et ses façons de faire à l’État tout entier.

    Des changements nécessaires

    Nous nous devons de bonifier notre système démocratique. Si nous croyons véritablement en la démocratie, nous n’avons pas le choix. C’est devenu une nécessité.

    Donnons-nous une constitution qui établit une nette distinction des pouvoirs : législatif, exécutif et judiciaire.

    Élisons notre président, ou chef de l’état, au suffrage universel.

    Permettons à nos députés de voter selon leur conscience et selon les besoins de leurs commettants.

    Revoyons le financement des partis politiques afin qu’ils demeurent la propriété de la population et non des machines au service des riches.

    Donnons-nous un système électoral (à deux tours, ou une proportionnelle, ou une combinaison des deux) qui permettra d’avoir une députation vraiment représentative de toute la population.

    François Ricard
    2011 05 27

  7. Oui, il y a beaucoup de chantiers de base que nous devrions entreprendre au Québec et j’en ajoute un : l’indpendance aux énergies fossiles : prendre et conserver le contrôle de notre avenir en devenant progressivement indépendant des énergies fossiles.

    C’est ce que nous mettons sur pied avec MCN21 (Maîtres Chez Nous – 21e siècle), http://mcn21.org

  8. Merci à tous ceux qui ont commenté cet article. Il n’y a aucun de vos commentaires avec lequel je ne sois essentiellement d’accord… ce qui me laisse penser que j’ai peut être dit tout ce que je pouvais dire… à VOUS de continuer. Pourquoi ne pas publier un article sur CentPapiers ?

    PJCA

Laisser un commentaire