Archives quotidiennes : 12 septembre 2008

Le citoyen Turcotte n’est pas un simple citoyen dans cette élection

La décision du citoyen Turcotte de retourner sa médaille de l’Ordre du Canada en pleine campagne électorale suit de peu celle de son employeur qui a demandé à Raymond Gravel de choisir entre la députation et sa profession de prêtre. Ces deux événements ont ramené à ma mémoire une période de notre histoire que je connais pour l’avoir enseignée: celle qui s’est ouverte dans la seconde moitié du 19e siècle pour se terminer avec les années 1960. C’était l’époque où le clergé québécois intervenait directement dans les élections pour orienter le vote. Assistons-nous à deux épisodes malheureux ou à un retour en arrière?

Loin de moi l’idée de nier au citoyen Turcotte le droit de retourner sa médaille. Il le fait cependant de telle manière que nous avons tous compris qu’il s’agit d’un message de toute la hiérarchie catholique du Québec.

Turcotte, porte-parole de l’Église, donne en plus un conseil politique aux électeurs, tout en se défendant bien de se mêler de politique. Là, ça devient franchement scandaleux parce qu’il mélange politique et foi religieuse. Le message pas très subliminal qu’il livre aux croyants est le suivant: vous vivrez dans le péché si vous votez pour un candidat qui appuie le droit à l’avortement.

Un fait demeure nébuleux malgré les explications du citoyen Turcotte: pourquoi intervenir à ce moment-ci, et non en juillet dernier lorsque tout le monde a appris que Morgentaler allait être honoré de l’Ordre du Canada? Turcotte prétend que c’est parce qu’il était alors à l’étranger. Étrange. Ses amis du mouvement pro-vie auront eu la gentillesse de ne pas le déranger.

Avons-nous une poignée dans le dos?

Imaginez si votre employeur se mêlait de vous dire pour qui voter et qu’il intervenait publiquement pour inciter les électeurs à réfléchir sérieusement avant de déposer leur bulletin de vote dans l’urne.

Bon. Je vous accorde que certains le font à partir de chapelles pas très subtiles, tel l’Institut économique de Montréal.

On a déjà eu le coup de la Brinks au Québec, voici qu’on a le coup d’éclat de Turcotte.

Pauvre Michaelle Jean, une controverse n’attend pas l’autre.

Rappelons, pour mémoire, que ce sont les juges de la cour Suprême qui ont légalisé l’avortement en 1988. Toute femme a le droit d’y recourir si tel est son choix. La Gouverneure du Canada est parfaitement légitimée de reconnaître l’apport exceptionnel de Morgentaller, puisque celui-ci s’est battu pour que cette légalisation devienne réalité et mette ainsi fin à la boucherie que constituaient trop souvent les avortements illégaux.

Ainsi, l’Église est contre l’avortement légal qui permet de sauver des vies. Elle est aussi contre le condom qui permet également de sauver des vies.

Les cimetières catholiques sont remplis de femmes qui ont perdu la vie parce que l’Église insistait pour qu’elles aient des enfants.

En Afrique, combien de morts parce que l’Église condamne, encore en 2008, l’usage du condom?

En somme, le citoyen Turcotte invite les concitoyens [je vous fais remarquer que je l’ai écrit en un seul mot] qui partagent les mêmes croyances religieuses que lui à voter à mort, le 14 octobre prochain.

Pour mieux remplir les urnes.

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Classé dans Actualité, Michel Monette