De la capacité de s’indigner

Jean-Pierre Bonhomme

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Je me suis laissé dire, en quelque 50 ans de journalisme, que les Québécois n’ont pas l’indignation facile. Ils acceptent beaucoup de choses désagréables sans rechigner, en bon enfant qu’ils sont, et ils «laissent faire» un peu plus souvent qu’à leur tour. Si un promoteur construit un immeuble qui dépare tout le centre-ville, par exemple, ou  toutes les berges du fleuve, qu’à cela ne tienne, car après tout cela sera bon pour la fiscalité et les revenus municipaux!

La semaine dernière je me suis indigné de ce que, dans l’état actuel des choses, des promoteurs se permettent, avec la permission de l’État, de construire des systèmes de production de l’électricité ou de gaz directement à la vue des citadins et des villageois.

Cela devais-je faire valoir ruine la vie des habitants en dévalorisant les paysages. La protection des  paysages, au Québec, est une composante de l’environnement à laquelle la société ne porte pas une attention disons…constante! Pourtant les beaux paysages, hormis cette nécessaire paix de l’âme des occupants, sont la condition sine qua non d’une réussite du tourisme et des revenus qui s’ensuivent…

Certains ont pensé, bien légèrement, que votre serviteur est ainsi en faveur de toutes les contaminations, pourvu que celles-ci soient faites hors de la vue des citoyens. Quel raccourci, quelle insulte!

Depuis quatre décennies au moins les meilleurs aménagistes auxquels j’essaie de me rattacher, proposent que l’État installe les industries polluantes dans des enclos, dans des parcs industriels à distance raisonnable des lieux habités, où ces mêmes industries bénéficieraient de services de décontamination de l’air, de l’eau et du sol communs. Cela prétendent-ils coûterait moins cher à la communauté et protégerait les paysages du même coup.

N’est-il pas vrai, du reste, que bien des villes et villages du territoire québécois ont été gâchés par des industriels qui installent leurs entreprises à l’ombre des clochers?

L’intention des producteurs du gaz de shale, et des constructeurs des moulins à vent gigantesques d’installer leurs équipements sous les fenêtres des villageois, dans les limites municipales, n’est pas acceptable. En dix ans de rédaction d’articles sur la protection de l’environnement je me suis aperçu que toute la question de la qualité de la vie des citoyens est plus importante que l’accommodement des installations industrielles. La tranquillité de l’âme des Québécois, dans les lieux où ils vivent précède tout le reste. La politesse, dit-on justement, est un préalable à la vertu; la protection des paysages est un préalable au bonheur citoyen.

Quoi qu’il en soit je m’indigne de ce que notre gouvernement (du Québec) ait songé, dans le cas du gaz de shale et des éoliennes,  à permette à des entrepreneurs, avec la complicité de certains élus municipaux, de ruiner les paysages des commettants, de ruiner leur vie en somme, pour de simples promesses lucratives.

Je ne crois pas, pour ma part, que le Québec ait besoin de gaz de shale pour survivre en Amérique du Nord. Mais si tant est que la société ait une opinion contraire, je me rangerais pourvu que les installations soient placées dans des lieux où ils seraient hors de la capacité de nuire. Ces colonnes de perçage, tout comme les éoliennes seraient mieux placés dans des parcs industriels, justement, ou hors des périmètres habitables; leurs déjections ou leurs contraintes de bruit seraient ainsi mieux contrôlées.

Je m’indigne par ailleurs du fait que les lois permettent au ministère de Ressources naturelles de donner l’usage, l’usufruit du sous-sol national à des promoteurs. La propriété du sous-sol, surtout en milieu urbain, devrait rester entre les mains de l’État et leur location devrait être accordée parcimonieusement. Les dégâts causés à l’environnement par l’industrie minière ne sont-ils pas suffisamment visibles?

C’est le ministère de l’environnement, justement, qui devrait donner les permis d’exploitation, pas le ministère des Ressources où les fonctionnaires ne sont habitués à ne voir que la rentabilité fiscale de leurs gestes; car la protection des humains et des paysages passe avant l’argent et les convoitises.

Selon ma facon de voir les choses le bon aménagement territorial – bien mettre les choses à leur place – une activité que nos gouvernements successifs n’ont pas pratiqué avec sagesse, rend plus heureux et rapporte plus en définitive, que le chaos et la laideur. J’ai l’air, avec ce propos, de trop me répéter. J’ai su, par contre, en ces années d’observation, que l’important n’est pas ce que l’on dit, c’est le nombre de fois qu’on le répète.

Pour ma part je considère qu’en ces derniers mois, les choses ont été dites de cent manières. Un proverbe chinois dit toutefois, qu’un sage va devant la foule, s’exprime franchement, ouvertement et que si son propos n’est pas entendu il se retire sur ses terres.  La Terre n’est en effet pas toujours prête à entendre les meilleures raisons.

1 commentaire

Classé dans Jean-Pierre Bonhomme

Une réponse à “De la capacité de s’indigner

  1. Jean-Marie De Serre

    Monsieur Jean-Pierre Bonhomme , vous dites : Les dégâts causés à l’environnement par l’industrie minière , ne sont-ils pas suffisamment nuisible ?

    Moi je rajoute : les dégats causés par le gaz de shiste(shale)que l’on voit un peu partout en vidéo sur les endroits déjà exploités , ne sont-ils pas suffisamment nuisible eux-aussi ? Me semble que quand le feu prend quand t’ouvre le robinet……………

    Le gaz de merde(shiste) ce n’est pas un moratoire que cela prend , mais le BANNISSEMENT, tout comme toutes les salopperies de  »MONSANTO » , De Bayer etc.etc.etc.

     » LA PLANÈTE  » est pourvu d’une incroyable quantité d’eau. J’en conclus qu’il ne s’agit que de l’apprivoiser , ce qui est déjà fait en parti , on peut la dessaler de même que le  » PÉTROLE BRUT  »et faire reverdir les déserts.

    Je causais récemment avec un ingénieur ( il y en a quelques uns dans mon bout , plus haut sur les autres montagnes , ils ont des avocats) , à propos de l’eau du sous-sol. Bla.Bla.Bla.

    La prochaine question que je vais poser , c’est quoi on peut faire avec tout ce sel ? Peut-être ont-ils déjà trouvé , mais ils ne me l’ont pas dit.

    Comme j’ai toujours une solution : tu fais des gros blocs et construit des PYRAMIDES , comme elles vont fondrent seulement qu’à en reconstruire d’autres. S’il y a trop de blocs ils vont fondrent eux aussi , seulement qu’à aller les porter plus loin les déserts sont immence.

    Le seul problème , c’est que si ce n’est pas contrôlé et qu’on fait trop de pyramides , il va se mettre à faire froid et ça les habitants des pays chauds n’aiment pas cela.

    Tout cela pour dire , que l’avenir c’est  » L’EAU  » et pas celle qui va être contaminé par des  »SALES  »(SHALES) , mais celle qu’on a aprivoisé au-dessus.
    Jean-Marie De Serre.

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