Le dialogue de sourds (2e partie)

G. Edward Griffin

G. Edward Griffin

Le monde politique est truffé d’étiquettes. Nous pouvons être conservateur ou libéraux, droitiste ou gauchistes, démocrates, républicains, libertariens, communistes, fascistes, etc… Mais au travers toutes ces étiquettes, personne n’arrive à décrire de façon précise ce que ces étiquettes représentent vraiment, Ces étiquettes ne servent qu’à attribuer une aura de bonté ou de méchanceté selon celui qui les emploie et les émotions qui sont déclenchées par le discours et chaque orateur semble en avoir une définition différente. Afin de dégager un sens dans les débat politiques, il est essentiel d’abandonner le vieux vocabulaire et établir un vocabulaire plus simple.Une fois que les termes sont clairement définis, beaucoup de gens se rendront compte qu’ils sont d’accord sur l’essentiel.

Vous serez probablement surpris d’apprendre que pratiquement tous les débats politiques peuvent se diviser en deux courants de pensée communs. Ces courants de pensée encouragent tous deux des actions à prendre, mais la grande différence de provient pas autant des actions elles-même mais des principes qui motivent ces actions. Ce grand débat est en fait entre l’éthique du collectivisme et celle de l’individualisme. Ces deux mots ont une signification réelle. Nous reconnaissons au départ que les adhérents des deux courants de pensée sont mus par des bonnes intentions et qu’ils veulent tous le bien de leurs familles et du monde en général. Là où ils divergent est le moyen d’y arriver. Dans ce billet en cinq parties, j’aimerais explorer les points communs et divergences des ces deux courants de pensée tels qu’exposés par l’écrivain et philosophe G. Edward Griffin. La première partie traitera des droits humains, la deuxième traitera de la suprématie du groupe, la troisième de coercition et liberté, la quatrième de l’égalité et l’inégalité devant la loi et la cinquième du rôle du gouvernement.

Partie II: La suprématie du groupe

L’idéologie collectiviste est fondée sur le concept que le groupe est plus important que l’individu. C’est-à-dire que le groupe est une entité en elle-même et qu’il a aussi des droits. Qui plus est, les droits du groupe excèdent ceux des individus. Il est donc acceptable de sacrifier certains individus, si nécessaire, pour le plus grand bien du plus grand nombre. Qui pourrait s’objecter à la perte de liberté individuelle, si elle est justifiée par le bien commun de la société? Le groupe ultime est, bien sûr, l’État. L’État étant plus important que les individus, il est donc acceptable, si nécessaire de sacrifier des individus pour le bien de l’État. Ce concept est à la base de tout État totalitaire basé sur le modèle collectiviste.

Les individualistes, par contre, disent qu’il n’existe pas de groupe dans la réalité. Nous ne pouvons ni voir, ni toucher un groupe; seulement les individus qui le composent. Dans la même veine qu’une forêt n’existe pas, il n’existe que des arbres. La forêt n’est qu’un concept abstrait pour représenter plusieurs arbres dans nos esprits, tout comme un groupe est une abstraction qui représente plusieurs individus. Un groupe ne peut pas réfléchir. Il n’a pas d’intelligence propre, donc un groupe ne possède aucun droit. Seul les individus possèdent des droits. Même si un groupe contient plus de membres qu’un autre groupe, il n’a pas plus de droits. Même si ce groupe s’appelle l’État ou la société. La majorité des électeurs n’a pas plus de droits que la minorité. Les droits ne sont pas dérivés du nombre, mais appartiennent à chaque individu.

Lorsque quelqu’un vous dit qu’il faut sacrifier des individus pour le bien du groupe, il veut dire qu’il faut sacrifier certains individus au profit d’autres individus. La moralité du collectivisme est basée sur les nombres. Tout peut être fait tant que ceux qui bénéficient sont supposément plus nombreux que ceux qui sont sacrifiés. Je dis « supposément » parce que dans le vrai monde, ceux qui décident qui doit être sacrifié ne le font pas de façon équitable. Tous les dictateurs disent représenter le plus grand nombre, mais le plus souvent, ils ne représentent guère plus que 1%. La théorie est que quelqu’un doit s’exprimer dans l’intérêt de la masse parce qu’ils sont trop stupides pour décider d’eux-même ce qui est dans leur propre intérêt. L’élite collectiviste plus éclairée doit donc prendre les décisions pour eux. C’est de cette façon qu’on peut justifier toute atrocité ou injustice comme étant nécessaire au plus grand bien de la société. Les totalitaires d’aujourd’hui tentent toujours de se faire passer pour des humanistes.

Parce que les individualistes ne croient pas en la suprématie du groupe, les collectivistes les accusent souvent d’égoïsme ou d’être insensibles aux besoins des autres. Mais l’individualisme n’est pas basé sur l’égo, mais sur le principe. Si vous acceptez que des individus puissent être sacrifiés pour le bien du groupe, vous faites une erreur à deux niveaux. Premièrement, puisqu’ils sont l’essence du groupe, sacrifier des individus, c’est aussi sacrifier le groupe,petit peu par petit peu. Ensuite, c’est possible que vous ne connaissiez pas ceux qui sont sacrifiés, ou même qu’il s’agisse de gens que vous détestez. Mais demain ça pourrait être un être cher ou vous-même. Il ne faut pas réfléchir très longtemps pour réaliser que la meilleure façon d’assurer le plus grand bien pour le plus grand nombre n’est pas de sacrifier des individus, mais de protéger chaque individu. La société est mieux servie par l’individualisme, et non le collectivisme.

Ceci est la raison pourquoi il existe une distinction entre une république et une démocratie. Beaucoup croient par exemple, que les États-Unis sont une démocratie, mais si nous examinons les documents historiques écrits par leurs pères fondateurs, on se rend compte qu’ils avaient une très pauvre opinion de la démocratie. Alors ce qu’ils ont fondé était une république et non une démocratie. C’est d’ailleurs pourquoi le mot démocratie n’apparait nulle part dans leur déclaration d’indépendance ou dans leur constitution. La différence est importante parce que la différence entre une démocratie et une république est la différence entre le collectivisme et l’individualisme. Dans une démocratie pure, c’est la majorité qui mène. Considérez qu’un lynchage est un exemple de démocratie en action, ou le seule vote contraire est celui du type au bout de la corde. Dans une république, la majorité règne de façon limitée et des règles existent pour que chaque individu soit protégé de la tyrannie de la majorité. Les républiques sont caractérisées par une constitution qui impose des limites au gouvernement. Le meilleur exemple est le « Bill of Rights » américain qui spécifie que le Congrès, même s’il représente la majorité, ne peut voter aucune loi abrogeant le droit à la libre expression, la liberté religieuse, le droit d’assemblée, etc. Ces règles qui limitent le pouvoir de la majorité sont caractéristiques d’une république et sont au cœur de l’idéologie individualiste. C’est probablement pourquoi certains ici au Québec ont tant de difficulté à comprendre la résistance des américains envers l’État providence.

Voilà donc une des différences fondamentales entre le collectivisme et l’individualisme. Le collectivisme soutient toute action du gouvernement tant qu’il peut être dit que cette action est pour le plus grand bien du plus grand nombre et l’individualisme qui cherche à protéger la minorité des vices de la majorité.

Dans la prochaine partie, nous examineront les positions opposant l’usage de la coercition opposées au libre-choix. En particulier comment le collectivisme approuve de l’usage de la coercition afin de confisquer les biens d’autrui pour la charité, alors que les individualistes maintiennent que l’action volontaire est en réalité la base d’une véritable charité.

1 commentaire

Classé dans Actualité, Philippe David

Une réponse à “Le dialogue de sourds (2e partie)

  1. sopadeajo

    Solidarité avec le Sahara Occidental occupé militairement par le régime dictatorial du Maroc.
    Le silence des médias françois est significatif et désolant. (Ils se fichent, à droite et à gauche-en France, un peu moins en Ibérie- éperdument de la justice et du droit des nations).
    http://www.elmundo.es/elmundo/2010/11/14/internacional/1289729611.html

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