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En critiquant SUR SA GAUCHE la plateforme électorale du parti politique QUÉBEC SOLIDAIRE

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La plateforme (pour employer la monstruosité verbale consacrée chez nous pour désigner un programme électoral) du parti politique QUÉBEC SOLIDAIRE (QS), le parti le plus à gauche du camembert politicien québécois, est un document bien aéré de seize pages (il vaut vraiment la peine de prendre le temps de le lire) disposant quatorze têtes thématiques en ordre alphabétique (pour bien faire sentir qu’elles sont de priorités égales). Comme nous sommes, grosso modo, entre camarades idéologiques, nous sommes bien d’accord sur le fait que le Parti Québécois, le Parti Libéral et la Coalition Avenir Québec sont des partis bourgeois parfaitement fétides dont la vision sert les mêmes maîtres. Pas la peine d’en dire plus long sur eux. Leur cause est clairement entendue au tribunal de l’actualité et de l’histoire. Ce qui pose des problèmes plus importants, par contre, plus cruciaux, plus douloureux aussi, c’est la vision du parti de gauche dont dispose au jour d’aujourd’hui notre beau Kébek de 2012. On a, de fait, affaire ici à une gauche molle, conciliante, parlementaire, non-radicale, écolo-démocratique, non-révolutionnaire. C’est donc une gauche qu’il faut nettement critiquer sur sa gauche… Dont acte, sur les quatorze points:

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AGRICULTURE. La doctrine agricole de QS est fondamentalement localiste. Lisez-la attentivement, ce sera pour découvrir, derrière le paravent amical et respectueux de la valorisation des produits frais transportés sur de courtes distances, l’ombre centriste du protectionnisme agricole national (québécois). Un peu comme les démocrates américains (et pas plus radicalement qu’eux d’ailleurs), QS entend surtout maintenir la concurrentialité de l’agriculture québécoise, sans trop s’étendre sur le manque de solidarité internationaliste que cela risque inévitablement de provoquer envers le prolétariat de maint sous-secteur, en Amérique du Sud notamment.

ALTERMONDIALISME. La vision altermondialiste de QS se veut universalisante et englobante. Les hommes, les femmes, l’écologie, la paix, les droits (bourgeois) de la personne (désincarnée) se voient promettre abstraitement un traitement plus juste, plus équitable. L’absence de visée sciemment internationaliste sur la lutte des classes et sur la dimension fermement anti-capitaliste de l’altermondialisme place QS, de facto, dans la portion larmoyante, généraliste, vœux-pieuzarde et petite-bourgeoise de cette mouvance complexe, corrosive, fluide et contrastée.

AUTOCHTONES. On se propose ici de maintenir la culture de ghetto et la folklorisation (linguistique notamment) des aborigènes, tout en cherchant discrètement à en contenir les abus les plus criants (atteinte aux droits des femmes, notamment). On continue de maintenir le mythe de l’entité autochtone comme peuple autonome en promettant, comme le font les partis bourgeois, des négociations de peuple à peuple. Aucune analyse du néo-colonialisme brutal et hypocrite servant de fondement à ce genre d’approche faussement égalitaire n’est avancée. On fantasme la dynamique autochtone comme une version en miroir de notre propre dynamique nationale et, surtout, on en parle (même en termes ouvertement généralistes) parce que ça fait bien. Crucialement, le fait que les aborigènes du Québec préfèrent de longue date faire affaire avec leur intendant colonial direct, le gouvernement fédéral canadien, n’est pas pris en compte ici.

CULTURE. Elle se déploie exclusivement en deux facettes. Sur la langue française, on continue de bien s’avancer dans la mythologie nationaliste du monolinguisme français. Il n’y a aucune prise en compte du fait diglossique et l’ensemble des langues du monde parlées au Québec est implicitement traité comme une menace culturelle placée au même niveau assimilateur que l’anglais. Presque identique à celle du Parti Québécois, cette lune linguistique unilatérale souffrira des mêmes carences que celle dudit Parti Québécois: crypto-xénophobie larvée et absence intégrale de solidarité envers les locuteurs des langues de la vaste constellation du not english only. Seconde facette culturelle selon QS: le mécénat culturel d’état, perpétue la négation implicite de toute dimension subversive de la culture, dont le financement continue de devoir se soumettre ronron à l’ensemble, peu reluisant et opaque, des critères fonctionnarisés.

ÉCONOMIE. Sur la fiscalité, on s’engage à graduellement/timidement remettre les entreprises au centre de leurs obligations fiscales et on entend combattre l’évasion fiscale par de la législation. Aucune saisie, aucune coercition des accapareurs n’est prévue. Ce sera de la supplique et du larmoiement. Sur les ressources naturelles, on y va du poncif de la nationalisation, totale ou partielle. On fait dans la perpétuation des pratiques, allégée par de l’atténuatif et du graduélliste. Un peu comme Salvador Allende autrefois, on pense la gabegie minière et forestière en termes de modération et d’enrichissement des communautés locales et/ou nationales (québécoises), sans qu’une remise en question radicale du postulat de l’extraction massive ne soit effectuée. Sur la croissance économique, on veut chercher à se débarrasser de la surproduction, de la surconsommation et du surendettement (vaste programme) mais on n’entend le faire qu’en organisant la production sur un axe strictement moral, en diminuant la production sale (gaz de schiste, uranium) et en amplifiant les activités propres et égalitaires (transports collectifs, agriculture de proximité). On voit bien la montagne du mythe coercitif de la croissance. On y répond par la souris du capitalisme équitable. Sur les institutions financières d’état, notamment la Caisse de Dépôt et de Placement, on entend tenir tête à l’Internationale du Pognon en recentrant ces acteurs financiers dans une perspective régionaliste, localiste, nationaliste, PME-iste. On défend le petit contre le gros, sans questionner la dimension qualitative commune à ces deux formats. On promet de mettre les entreprises au pas, dans l‘intendance de leurs subventions et dans la saine gestion du démantèlement de leurs installations désuètes. Les promesses ici sont plus détaillées (allez lire ça)… mais cela reste des promesses.

ÉDUCATION. Promoteur de la gratuité scolaire intégrale, QS ne dit cependant rien sur le noyautage intime et parasitaire des institutions universitaires par le secteur privé ni sur le conflit d’affiliation d’une portion croissante du corps universitaire spécialisé. Le gonflement chronique des frais administratifs du secteur de l’éducation (universitaire notamment) n’est pas mentionné non plus. Priorité est donnée à la partie angélique et consensuelle de la critique que les carrés rouges on produit, au sujet du secteur de l’éducation. Sur la persévérance scolaire, QS avance le lot usuel des engagements centristes au sujet de la promotion de la famille, du soutien aux enseignants, de l’appui aux communautés, de la lutte à l’intimidation. Ici encore, il n’y a pas de classes sociales, donc pas d’école de classe. On affronte une sorte de fatalité abstraite que l’on croit pourvoir résorber sans analyse sociologique réelle du bras scolaire et de ses filières, en faisant simplement couler plus de fric dans le tuyau. Même angélisme abstrait, subventionnaire et gradualiste, dans le souhait pieux de la promotion de l’école publique. La fermeture immédiate et sans compensation de l’intégralité des institutions scolaires privées et/ou confessionnelles est une clause qui NE FAIT PAS partie du programme de QS en éducation.

ENVIRONNEMENT. Sur l’énergie et le climat, on avance la batterie d’accommodements qui sont ceux, rebattus désormais, d’un parti écologique économico-apolitique (si vous me permettez cette formulation un peu ironique. Je veux dire Europe Écologie plutôt que les Verts – pour ceux qui capteront cette nuance un peu franchouillarde). En gros, on reste capitalistes mais on remplace le carburant fossile par des éoliennes et on coupe, graduellement toujours, dans le salopage environnemental le plus criant, sans toucher à la dimension socio-économique (capitaliste) du problème. On notera que l’extraction du gaz de schiste serait, ici, intégralement interdite (QS a déjà été plus mou sur cette question – mais là, d’évidence il a flairé le vent de la résistance citoyenne). Le transport collectif serait valorisé, avec un objectif de gratuité d’ici dix ans (des promesses, des promesses…). Sur la biodiversité et le droit à l’eau, on exprime la vision standard d’un parti écologiste occidental, urbanisé, jardinier et bien-pensant.

FAMILLE. La politique sur la famille de QS semble se restreindre à la promesse ritournelle de l’augmentation des places en garderies. Même les partis bourgeois brandissent cet appât scintillant, à chaque élection provinciale et fédérale, depuis deux bonnes décennies. Des promesses, des promesses… Le caractère carcéral, conformiste et rétrograde de l’institution familiale n’est pas analysé.

INTÉGRATION CITOYENNE. Dans ce programme, l’intégration des immigrants garde une perspective insidieusement assimilatrice (la francisation abstraitement axiomatique est importante) tout en maintenant un prudent mutisme sur la fameuse question des accommodements. L’idée que les communautés culturelles doivent s’intégrer en bonne discipline au sein d’une société athée, non-sexiste, non-patriarcale, non-homophobe et rationaliste n’est pas abordée. On tient surtout ici à ce que les communautés culturelles puissent travailler, vite et bien, au sein de tous nos petits dispositifs socioprofessionnels aux postulats inchangés. Dans cette perspective, on fera notamment tout pour faciliter l’efficacité sociale, toujours solidement circonscrite, des travailleurs étrangers sous permis de travail temporaire (au Québec, ce sont principalement des travailleurs agricoles sud-américains exploités, précarisés et extorqués).

JUSTICE SOCIALE. La politique du logement promet du logement pour tous en maintenant un flou artistique sur le jeu insidieux entre le locatif et la propriété domiciliaire. La lutte aux petits propriétaires usuriers-véreux-privés de logements locatifs n’est pas mentionnée. On parle abstraitement de lutte à la grande spéculation immobilière, sans la corréler au problème crucial de l’urbanisme et de l’étalement urbain. Le revenu minimum garanti et le régime universel de retraite pour les pauvres ne se complètent pas d’une saisie unilatérale et sans compensation de l’excès de fortune des riches, tant et tant que la société civile sera appelée à financer le soutien des pauvres sans saisie des richesses des riches. Donc, aucune redistribution radicale des richesses n’est effectivement envisagée. On se contente d’accommoder et d’amplifier l’assistance. L’aide juridique sera un peu étendue, elle aussi, sans que le droit bourgeois ne soit remis en question et on promet une vague politique sur l’itinérance.

SANTÉ. Des pilules et des médecins de famille pour tout le monde, un système de santé qui roule et est efficace (des promesses, des promesses…) mais surtout une étanchéité complète entre le public et le privé en santé. L’engeance qu’ils ne voient pas dans les universités, ils la voient ici. Mais comment ils vont maintenir cette étanchéité paradoxale tout en maintenant la susdite engeance privée en place (quand on sait qu’elle colle en santé comme un vrai parasite hargneux), cela n’est pas précisé. Le rejet radical de toute radicalité finit vraiment par vous immerger dans des mixtures sociologiques fort bizarres et hautement insolubles.

SOUVERAINETÉ. L’erreur définitoire de QS est ici: c’est un parti souverainiste (comme le Parti Québécois). Son erreur définitoire serait tout aussi funeste s’il était un parti fédéraliste (comme le Parti Libéral du Québec). Au lieu de lire et de méditer ceci, QS promet la mise en place d’une assemblée constituante souveraine. La réaction politico-militaire de l’occupant anglo-canadien n’est pas prévue dans le calcul. Cette plateforme a d’ailleurs une remarquable propension à ouvertement ignorer les effets les plus sordides du poids du réel crasse. Elle a de l’idéal (cela n’est pas un tort, entendons-nous) mais à faire sciemment abstraction de toutes les luttes, on fini tout simplement défait.

TRAVAIL. Hausse du salaire minimum, égalité et équité salariale, amplification des droits syndicaux. Les travailleurs ne sont pas une classe révolutionnaire. On s’engage ici à renforcer leur position fixe au sein d’un capitalisme inchangé. La procédure réformiste par laquelle les formidables résistances du capital aux hausses de salaires et à la syndicalisation (les deux grands serpents de mer capitalistes des deux derniers siècles) seront brisées par QS en 2012 et ce, sans révolution sociale, n’est pas précisée. Les très déterminantes particularités anti-syndicales et hautement aristocratie-ouvrière-jet-set-col-blanc de l’immense corps du secteur tertiaire ne sont pas analysées.

VIE DÉMOCRATIQUE. Entendre: vie électorale et vie parlementaire des gras durs éligibles. Réforme de la carte électorale (ils le font tous), élections à date fixe (Le Parti Québécois veut faire ça aussi), plus de femmes au parlement (les partis bourgeois s’y engagent aussi). Le fait que le mode de fonctionnement électoral occidental est une arnaque généralisée de longue date, dévidée de toute dimension citoyenne ou démocratique, n’est pas pris en compte. Le mode d’intendance politicien bourgeois, parlementaire, Westminster, provincial à vote majoritaire tripotable (auquel on veut ici ajouter un zeste, une raclure de représentation proportionnelle) est quasi-intégralement postulé. Encore une fois: pas de révolution dans mon salon…

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Ma génération se souvient de ses frémissements socialistes (hautement illusoires) quand René Lévesque avait, tout pudiquement, déclaré circa 1974 que son parti politique avait un préjugé favorable envers les travailleurs. La formulation fait bien sourire aujourd’hui, avec le recul historique que l’on sait. Qu’est-ce qu’on rêvait en couleur, alors… Mollasson, gentillet, bien-pensant, moraliste, un rien baveux et historiquement myope, le parti politique QUÉBEC SOLIDAIRE nous engage, avec la lenteur usuelle, sur le même genre de petit chemin en forme d’arc-en-ciel social scintillant. On peut bien voter pour ça, une clopinette parlementaire de plus ne changera pas grand-chose. Restons simplement froidement conscient(e)s que la révolution ne se fera par comme ça et que le socialisme ne s’instaurera pas via ce genre de canal là. Il est trop lent, trop petit-bourgeois, trop abstrait, trop généraliste, trop angélique, trop moralisateur, trop démarxisé, trop déprolétarisé, trop lobotomisé, trop creux, trop mielleux, trop niaiseux, trop graduélliste, trop mou, trop restreint, trop étroit, trop nationaleux, trop pleurnicheux, trop centriste, trop réaliste et aussi, déjà, trop compromis, conciliant, coopté, récupérable, trop gauche parlementaire s’ouvrant déjà aux formes de social-populisme ayant fait la gloire «gauchiste» des Clear Grits et de la Co-operative Commonwealth Federation d’autrefois… Tu peux bien voter pour ça mais bon, ce sera encore et toujours du vote (dit) utile.

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La politique politicienne au Québec, matée par le bout de la lorgnette du conflit étudiant

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Pas de gossage à matin. Gabriel Nadeau-Dubois vient de quitter ses fonctions de porte-parole étudiant. Il retourne à la base et la lutte continue, implacable. Voici donc les partis en lice lors de la prochaine élection québécoise (prévue pour le 4 septembre 2012) et leur position commentée sur la question de l’heure: la hausse des frais de scolarité. On ira ensuite raconter que la politique politicienne, au Québec et dans le monde, n’est pas le reflet folklo et distendu de la lutte des classes.

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 Parti Libéral du Québec (chef: Jean Charest)
– Hausse des frais de scolarité de $254 par année pendant sept ans
– Entrée en vigueur de ladite hausse dès l’automne
– Maintien de la loi spéciale (Loi 12) limitant le droit de manifester

Le PLQ (au pouvoir depuis neuf ans) est un parti de droite-droite-droite, ronron, journalier, gestionnaire des affaires de conciergerie courantes, suppôt du libéralisme (comme son nom l’indique), bien engoncé dans la magouille politicienne et les combines des traditions électorales québécoises les plus fétides, intendant bonhomme et pro-capi du pouvoir. Ce gouvernement a appliqué les tactiques les plus basses et les plus malhonnêtes imaginables pour tenter de casser le mouvement des carrés rouges. Misant d’abord sur les regroupements étudiants les plus conciliants et négligeant le seul mouvement vraiment légitime, la CLASSE, le gouvernement a cherché à «négocier» avec les éléments du mouvement étudiant semblant représenter le mieux les positions gouvernementales. La proposition initiale du pouvoir était d’étaler la hausse dans le temps sans l’altérer significativment. Devant la solidité de la résistance, il proposa alors de bidouiller des combines au niveau (comme on dit dans le jargon tertiaire) des (gros) prêts et (petites) bourses pour soi disant faciliter la réception de la hausse dans les masses. Tactique typique du libéralisme québécois minus: on vous pousse dans les bras des banques en faisant semblant de vouloir vous faciliter la vie. En affectant de vous servir, on continue de servir ses maîtres du secteur privé. Mais même les associations étudiantes moins militantes n’ont pas marché dans cette criante attrape. Le fait est que les éléments étudiants conciliants sont distordus par le dilemme de leur posture veule. Ils se souviennent amèrement de grèves antérieures où ils avaient été instrumentalisés pour fracturer le mouvement. Ils n’ont pas mordu cette fois, parvenant à maintenir, bon an mal an, une ligne cohérente avec l’aile plus avancée du mouvement. Le gouvernement s’est alors appuyé sur le mythe excessivement médiatisé du carré vert, groupe étudiant croupion et infinitésimalement minoritaire, censé vouloir rentrer en classe. L’absence de base effective de cette organisation factice forca ensuite le gouvernement à brandir l’épouvantail d’une loi spéciale. Singeant ouvertement les lois spéciales de retour au travail, ce trait typique des négociations de style reaganien en Amérique du Nord, on a tenté de faire rentrer les étudiants dans les facs et les cégeps comme on ferait rentrer au travail les travailleurs de secteurs sensibles ou «esssentiels». Le droit de manifester fut ouvertement attaqué dans la Loi 78 (devenue depuis la Loi 12) mais, subtilité inattendue, vivant la chose comme un pelletage de factures dans leurs cours, les autorités constabulaires municipales (montréalaises notamment) ont appliqué la loi avec ce type de réalisme feutré visant subrepticement à ramener le parlement national à ses responsabilités décisionnelles. Flairant matoisement cette contradiction, les étudiants n’ont pas plié, malgré l’augmentation de facto des abus policiers ponctuels implicitement autorisés par cette loi. On a vu notamment des citoyens portant le carré rouge se faire harceler par la police, dans les rues de Montréal. L’échec sur le terrain de la Loi 78 (devenue depuis la Loi 12) a entraîné la démission d’une ministre de l’éducation. Elle fut remplacée par une seconde ministre qui proposa un $35 annuel de réduction de la hausse. Je revois encore la gueule de mon fils cégépien et de mon fils universitaire dans la cuisine, le matin de cette annonce: «On a pas fait tout ça pour aller chercher un malheureux $245 sur sept ans. Ils rient de nous autre». Le mouvement étudiant n’a évidemment pas mordu à cet appât minable. Il est, au jour d’aujourd’hui, de plus en plus déterminé à relancer le mouvement de grève (qui, de fait, n’a rien perdu de sa remarquable dimension de masse) en septembre si le gouvernement ne bouge pas au plan fondamental. Je ne peux qu’exprimer mon entière admiration pour nos enfants. On a raconté toutes sortes de fariboles sur le mouvement du carré rouge, l’accusant notamment de s’être égaré dans du sociétal généraliste et d’avoir perdu la perspective de la lutte ponctuelle contre la hausse des frais de scolarité. On notera, au contraire, que, dans le regard des militants étudiants, la question de la hausse (et celle, plus fondamentale, de la gratuité scolaire) n’est aucunement devenue marginale. C’est le pouvoir qui a dérapé de la hausse,  à l’étalement de la hausse, au bidouillage des prêts et bourses (pousser les jeunes et leurs parents vers plus d’endettement bancaire), aux injonctions sectorielles (procédant d’une judiciarisation biaisée et tricheuse du conflit, que le fermeté militante a su solidement contenir), au sabordage empiriste, superficiel et autoritaire du droit de manifester (dicté par la fort spéciale Loi 78 devenue 12). La province chercha donc par tous les moyens à faire dérailler le mouvement en le zigzagant et le barouettant dans toutes les directions mais les étudiants n’ont jamais perdu le focus de leurs exigences: gel de la hausse des frais de scolarité sur le court terme, gratuité scolaire à tous les niveaux, sur le long terme. Pas de fafinage. Je les appuie de tous cœurs et m’incline respectueusement devant la formidable leçon de cohérence politique qu’ils nous donnent. On m’autorisera ici une petite note personnelle. Étranger, j’ai pu faire mon doctorat (en France) à l’Université Denis Diderot, suivre des séminaires en Sorbonne, à l’École des Hautes Études en Sciences sociales, au Collège de France et à la Maison des Sciences de l’Homme auprès de sommités, le tout gratuitement, et il faudrait payer des mille et des cents pour étudier à l’Université du Québec à Saint Tite des Caps? Comme le disent les jeunes eux-mêmes: Bitch, please…

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Parti Québécois (cheffe: Pauline Marois)
– Gel des frais de scolarité jusqu’à la tenue d’un sommet sur l’éducation
– Seule hausse envisagée: l’indexation des frais de scolarité au coût de la vie
– Abolition de la loi spéciale (Loi 12)

Le PQ (qui n’a pas été au pouvoir depuis 2003) est un parti nationaleux (au nationalisme de plus en plus dépité, larmoyant et opportunistement épisodique), de centre-droite, à la fois planificateur et affairiste, promoteur convulsionnaire de Québec Inc, insidieusement et semi-inconsciemment crypto-xéno, et dont la consolation minimale serait de faire élire la première femme Première Ministre du Québec. Le poncif classique nationaliste-souverainiste de ce fier parti du cru est en grande partie relégué (une fois de plus) aux calendes par les crises du moment. Madame Marois, qui un moment porta le carré rouge en chambre, a lancé une analyse (c’est pas souvent que les politiciens politiciens hasardent des analyse…) que je médite encore et à laquelle je reconnais un mérite non négligeable. Madame Marois affirme que la crise étudiante a été, pour le gouvernement Charest, une diversion-spectacle, sciemment maintenue et perpétué par lui pour distraire l’attention du public sur le bilan nuisible et toxique des libéraux. Gaz de schiste hyperpolluant (la résistance citoyenne au sujet d’icelui ayant causé la démission d’une autre ministre), Plan Nord néo-colonial, corruption et collusion entre pègre et partis politiques dans le secteur des grands travaux d’infrastructure (le choix même de la date des élections serait, selon madame Marois, une astuce estivale pour esquiver la portion lourde et compromettante des travaux de la Commission Charbonneau, en automne). Tout cela a été effectivement bien embrumé dans le show de la fallacieuse fermeté paterne face au mouvement des carrés rouges. La solution de Madame Marois sera de noyer le poisson de la hausse dans un grand blablabla collectif la suspendant/reportant/retardant, le temps que les étudiants rentrent dans les facs et les cégeps… tout en se ménageant la possibilité de revenir hausser les frais de scolarité plus tard si les choses se tassent. Mon pronostic: le Parti Québécois va gagner cette élection avec l’appui (contrit) de la jeunesse. Mais cette dernière va remplacer le vote illusoirement passionné de ma génération (j’ai fait rentrer Jacques Parizeau dans l’Assomption à dix-huit ans, en 1976) par le vote utile, froid et méthodique, des pragma-temps contemporains. Et, même sous un régime Marois, si la hausse revient, les carrés rouges reviendront aussi. Cohérence un jour…

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Coalition Avenir Québec (chef: François Legault)
– Hausse des frais de scolarité de $200 par année pendant cinq ans
– Abolition partielle du crédit d’impôt pour les études supérieures
– Suspension des articles de la Loi 12 qui limitent le droit de manifester

La CAQ (qui n’a jamais été au pouvoir) est un parti démagogue, rétrograde, bien à droite, girouette, incohérent, flagorneur, arriviste, xénophobe, sorte d’équivalent québécois populiste et mollement francophiliaque des Conservateurs. Ces néo-réactionnaires insidieux et rampants maintiennent une version cosmétiquement atténuée de l’option gouvernementale actuelle tout en faisant bien sentir qu’ils sont de droite (fiscal conservative, diraient nos bons ricains) et s’assument. Un certain nombre de vesses verbales bien senties envers les carrés rouges, émises avec fracas par les dirigeants de ce parti de suppôts veules du capitalisme crispé, prouvent indubitablement que ce sont des autoritaires. Mets le manche dans les mains de ceux-là et prépare-toi à te faire batter en grande dans le champ gauche. À fuir.

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Québec Solidaire
(collectif de direction: Amir Khadir et Françoise David)
– Gratuité scolaire et élimination de tous les frais facturés aux étudiants
– Bonification du système d’aide financière aux études
– Suppression de la loi spéciale (Loi 12)

QS (qui n’a jamais été au pouvoir) est un conglomérat de différents partis et mouvements de gauche et populaires initialement réunis sous deux parapluies, l’Union des Forces Progressistes et le mouvement Option Citoyenne, et qui se sont ensuite fusionnés en un parti politique unique. C’est, en ce moment, un parti qui se donne comme écologiste, féministe, altermondialiste et, quoique plus mollement, anti-capitaliste. Leur programme sur les frais de scolarité, c’est l’idéal. Leur défaut, c’est qu’ils ne gagneront pas cette élection-ci. Je vous reparlerai plus explicitement plus tard des grandeurs et des faiblesses de cette gauche molle, déjà entrée en phase conciliante…

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Voilà donc le tableau. Au moment de diffuser, les associations étudiantes n’avaient pas encore explicitement émis leurs consignes de vote en termes politiciens, se contentant de formuler leurs exigences politiques globales (et ce, pas seulement en éducation). S’ils en viennent à émettre des recommandations favorisant des partis spécifiques, je ne doute pas une seconde qu’elles seront articulées et subtiles, tout comme, justement, le reste de leur analyse sociétale. Nos jeunes de la ci-devant génération Dolan (pour reprendre le mot pas trop mauvais d’un de nos folliculaires) nous ont prouvé lumineusement que la politique politicienne, eh ben, ils laissent cela à leurs petits porte-paroles modérés transfuges

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Classé dans Actualité, Paul Laurendeau

Sur le féminisme de droite

La question ressurgit de temps en temps chez nos folliculaires. Les organismes féminins gauchisants contemporains sont-ils des représentants légitimes de l’intégralité de la masse des femmes. Les femmes de droite répondent habituellement ouvertement par la négative à cette question épineuse. Elles sont bien en rogne qu’on prétende les représenter en mobilisant des portes-paroles qu’elles qualifient rageusement (et, en fait, pas très honnêtement) de «granolas lesbianisantes aux idées extrêmes». Sans vouloir jouer les esprits paradoxaux, j’ai quand même, spontanément, envie de poser la question suivante, un peu perfide: les femmes de droite, numériquement minoritaires, ouvertement élitaires, n’ont elles pas pourtant tout plein d’organismes (masculins ou mixtes) pour parler pour elles? Conseil du Patronat, Chambres de Commerces, comités et regroupements corporatifs de toutes farines, grands syndicats des médias, conseils ministériels, etc… Ma question ici postule, naturellement, que la femme de droite n’est pas trop distincte de l’homme de droite (ce postulat est respectueusement ouvert à discussion) et surtout, mon interrogation pose conséquemment la question toute simple et directe de savoir s’il y a un féminisme de droite

D’abord, il n’y pas à se conter de menteries. Il y a des noirs de droite, des gais et des lesbiennes de droite, des aborigènes canadiens de droite (et même antisémites), des handicapés de droite et indubitablement des femmes de droite. Les groupes sociaux à bases biologique ou ethnologique ne sont pas des classes sociales et l’appartenance à ces derniers n’est en rien le garant d’une position de classe conséquente. Mazette, il y a même des ouvriers, des chômeurs et des assistés sociaux de droite, alors je vous demande un peu… Il faut aussi assumer que la réflexion, spontanée ou articulée, sur la condition féminine n’est certainement plus un monopole à gauche. On dégage alors inexorablement deux types de femmes de droite. Il y a d’abord les femmes de droite qui sont ignorantes du féminisme ou le combattent. Elles vivent dans l’ombre de leur homme, jugent que tout va bien dans l’ordre machique et phallocrate des choses et que les valeurs traditionnelles priment. Dire qu’il y a des femmes de droite qui sont non féministes, c’est un truisme. Ces figures d’arrière-garde existent bien toujours mais, par contre aussi, il est légitime de suggérer que leur impact social est voué, dans la dynamique contemporaine, à demeurer faiblard. Que voulez-vous, c’est inévitable. Faire compulsivement la promotion de la soumission ne rend ni insoumise, ni puissante, ni même particulièrement active socialement. Sorte de caricature du passé, la femme soumise rétrograde, dont la cause est indubitablement foutue, servira, en fait, de repoussoir extrême, fort utile au féminisme de droite. Il est en effet toujours utile d’être (ou de paraître) en avance sur une autre instance et de s’en glorifier.

Il y a ensuite les femmes de droite qui font une promotion active (et parfaitement légitime, dans la logique, réformiste mais non révolutionnaire, qui est celle de tous les segments de la droite «novatrice») de la femme, de l’efficacité des femmes, du pouvoir des femmes, de l’éthique professionnelle des femmes, de la légitimité des particularités de la culture intime des femmes, de l’esprit de corps des femmes. Les femmes de droites, actives dans l’entreprise, le commerce, les médias et la politique observent vite la persistance rampante, un peu poisseuse, d’une mentalité masculine vieillotte, surannée, ou, plus insidieusement, d’une propension semi-consciente des hommes bien installés à imposer leur culture intime comme si c’était un implicite absolu et incontestable. Les chicanes sans fin sur la climatisation des bureaux, l’intendance des chiottes, les activités sociales d’entreprise, l’éthique entrepreneuriale et la tenue des cuisinettes attenantes aux salles de réunion est un symptôme tout à fait parlant du phénomène beaucoup plus vaste du choc des sexages parachevant le positionnement entrepreneurial des femmes. Inutile d’ajouter que les questions sérieuses où les femmes d’affaire sont solidement actives et en position de pouvoir sont, en fait, sans sexe et neutres en sexage. Ces femmes les traitent, y agissent, y jouent leur rôle et tout est dit.

On suggérera donc qu’un féminisme de droite considère simplement que la femme est l’égale de l’homme et mérite le même salaire, les mêmes tâches et la même considération MAIS, ce… dans un espace concurrentiel capitaliste que, d’autre part, le féminisme de droite promeut, postule et ne remet aucunement en cause. Ce féminisme, égalitaire mais non révolutionnaire, développe aussi un solide corporatisme féminin, c’est-à-dire une promotion ferme, solide, de toutes les particularités de la culture intime des femmes comme facette de la réalité sociale (capitaliste) postulée et axiomatisée. Il est d’ailleurs parfaitement usuel, pour l’esprit de corps féminin de droite, de nier purement et simplement être un féminisme. Le féminisme de droite en est pourtant bel et bien un. Le nier, c’est occulter son importante facette progressiste, bien sûr circonscrite, souvent bafouée (y compris en son sein même) mais bien réelle. Et le féminisme de droite est, de plus, extrêmement important pour la gauche parce qu’il contribue à démonter une des grandes illusions de ladite gauche, celle voulant (encore) que cause des femmes et lutte des classes soient intimement confondues et comme inextricablement fusionnées. Cette fausseté théorique est mise en relief par l’impact social croissant du féminisme de droite contemporain. Le féminisme de droite revendique une meilleure place pour les femmes d’affaire dans un monde des affaires qu’il n’a aucunement l’intention de questionner. Le féminisme de droite entend que les femmes de droite prennent leur place au côté des hommes de droite dans un système social toujours fondamentalement affairiste, ploutocrate, oppresseur et bourgeois. Progressiste en son espace strict, novateur dans le cadre restreint du dispositif qu’il postule, le féminisme de droite relègue inexorablement dans la fosse fétide de l’extrême droite ruinée la cause androhystérique de la soumission de la femme à l’homme et toute les facettes de l’anti-féminisme féminin (ou masculin) passéiste. Cette cause là est entendue autant pour le féminisme de droite que pour le féminisme de gauche. L’ensemble des femmes de droites se subdivise donc finalement en trois sous-ensemble: 1- les femmes effectivement non-féministes (ne les cherchez pas dans le milieu du travail. En bonne cohérence objective, elles sont devant leurs poêles); 2- les féministes de droites non assumées (elles refusent fermement de se dire féministes parce que cette notion pue la gauche à leurs narines. Ce sont souvent les «anti-féministes» les plus virulentes, du moins subjectivement, verbalement. Il faut observer leurs actions effectives, pas les illusions qu’elles entretiennent sur elles mêmes); 3- les féministes de droite assumées (les championnes explicites de l’esprit de corps féminin, implicitement affairiste et bourgeois).

L’existence du féminisme de droite (et le fait qu’il a de plus en plus pignon sur rue, notamment dans la politique et les médias) pose des problèmes très délicats à l’action militante. Le fait est qu’il faut combattre le féminisme de droite (surtout lorsqu’il est assumé, car alors il se légitimise sciemment comme progressiste) non pas parce qu’il est un féminisme mais bien parce qu’il est de droite. Il est donc indispensable de le dissoudre, méthodiquement et sans minimiser sa spécificité innovante, dans le reste de l’idéologie de droite qui, elle, est désormais de plus en plus sans sexe ni genre et sans doctrine spécifique du sexage. Et l’exemple cardinal ici, c’est nul autre que celui de notre bon gros Tony Soprano. Suivez-moi bien. Tony Soprano est un malfrat teigneux, un criminel notoire. Quand le FBI le serre de près, il pose un geste rhétorique tout particulier. Il se met à se lamenter parce qu’en s’en prenant à lui, on s’en prend(rait) à la communauté italo-américaine toute entière, qu’on empêche(rait) de s’épanouir. Certains aborigènes, ou pseudo-aborigènes (masqués), trafiquants de cigarettes, d’armes ou de cannabis, jouent la même carte. Quand la brigade des crimes économiques ou des stupéfiants les serre de trop près, ces criminels de droit commun, bien planqués dans le maquis de la légitimité de la cause aborigène, se mettent à dégoiser sur l’oppression de leur peuple par l’homme blanc… Il faut alors prudemment se dégluer de cette dangereuse chausse-trappe sociologique, en expliquant calmement à Tony Soprano que ce sont ses activités criminelles, et non son profil ethnique, qui lui méritent ses ennuis actuels. Vive la communauté italo-américaine. Vive les aborigènes. Haro sur la criminalité. Même message ici: vive l’augmentation du pouvoir des femmes tous azimuts et inconditionnel, haro sur le capitalisme et sur les femmes et les hommes qui en profitent. Car il est, lui aussi, rien de moins qu’un crime.

J’y faisais allusion en ouverture, le féminisme de droite combat ouvertement et farouchement le féminisme de gauche, non pas parce qu’il est un féminisme, mais bien parce qu’il est de gauche. C’est la base de l’accord sur la cause collectivement endossée et légitime (la cause féministe, dont la validité est incontestable) qui sert de vivier pour la lutte la plus fondamentale, la plus implacable, la plus cruciale: la lutte des classes. Si le féminisme de gauche a tort de croire qu’il parle pour l’intégralité des femmes (le capitalisme ayant su se réformer un petit peu en faveur des femmes de droites), le féminisme de droite a bien plus profondément tort de s’imaginer que l’arène exclusive de la lutte des femmes (comme êtres humains, en solidarité avec tous les êtres humains) est exclusivement cette société capitaliste inique dont les petites cheffes et les soldates n’ont pas plus de décence sociale que ses petits chefs et ses soldats.

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Laïcité et valeurs, le dernier combat

Par Renart Léveillé

Depuis quelque temps, le sujet de la laïcité revient et revient sous ma plume alors que je me dois d’écrire pour mon texte de la semaine sur Les 7 du Québec. C’est un hasard, et je le trouve heureux.

Juste comme je réfléchissais à quoi choisir comme sujet, je tombe via un tweet de Jeff Plante (@JF_Plante) sur le billet « Laïcité et éthique chrétienne ». Il y est question des avis divergents de Normand Baillargeon et Jean-Marc Piotte face au livre « La culture religieuse n’est pas la foi — Identité du Québec et laïcité » de Guy Durand, défendu par Jean Laberge, l’auteur dudit billet.

Dans le premier chapitre, Durand recueille de très nombreux témoignages de Québécois qui, aujourd’hui comme hier, ont façonné le Québec par l’héritage chrétien et ce, dans tous les domaines d’activités, voire même dans les institutions démocratiques elles-mêmes du Québec. On sait que la question de la laïcité de l’État québécois s’est cristallisée autour du fameux crucifix de l’Assemblée nationale. Les tenants de la laïcité intégrale ou stricte l’ont en horreur, même des croyants. Durand plaide pour conserver le crucifix car il fait partie de notre fibre d’être québécois, que nous soyons ou non des croyants, voire chrétiens.

Premièrement, le crucifix à l’Assemblée nationale ne me semble pas tellement cristalliser la question de la laïcité, même que je crois que ce serait le dernier symbole religieux à garder sa place, vu son caractère très historique. Par contre, en fouillant plus profondément dans l’Histoire, justement, il est clair que ce crucifix, en plus d’être le premier symbole du christianisme, est le puissant symbole du contraire de ce que la laïcité prône : « ce crucifix a été donné par l’archevêque de Québec à Maurice Duplessis pour sceller l’alliance entre l’Église et l’État. »

Et j’ai pris la peine de spécifier qu’il fallait fouiller « profondément » parce qu’il est certain que ce détail de l’Histoire échappe à la grande majorité des Québécois. Alors, ça me fait bien rigoler de lire que ce crucifix « fait partie de notre fibre d’être québécois ». Et c’est encore plus drôle quand on se rappelle que le changement de dénomination (et identitaire), de Canadien-Français à Québécois, s’est produit grâce à la Révolution Tranquille, qui était beaucoup une réaction au règne de Maurice Duplessis… Tentative de réécriture de l’Histoire?

Mais je ne voulais surtout pas écrire un billet au sujet du crucifix à l’Assemblée nationale (même si je pourrais seulement me concentrer ici à développer qu’en fait la possible disparition de ce symbole fait bien plus peur aux détracteurs de la laïcité que sa présence ne fait peur aux pro-laïcité). La question qui m’intéresse concerne plus amplement le lien entre la culture (l’« Ensemble des formes acquises de comportement de l’être humain. ») et la religion au Québec. Parce que l’essentiel du discours de Jean Laberge, nourri par Guy Durand, consiste en une énumération de l’ « héritage chrétien », avec l’aide de figures emblématiques du Québec comme Michel Chartrand et Camille Laurin, afin de justifier la place de la religion, enfin de sa tradition, aujourd’hui.

Le problème que j’ai avec ce discours, c’est qu’il déborde de la question étatique. C’est que même la laïcité stricte ne pourrait empêcher la population, si elle le désire, de célébrer son héritage chrétien. La culture en est bien sûr imprégnée, et un mur vide où était précédemment un crucifix, et un employé de l’État qui laisse dans sa poche un pendentif avec une croix, et une employée d’un service étatique qui laisse son voile à la maison, ne pourront changer ça. Et, pour ce qui est des valeurs, ce vers quoi tout le discours de Laberge tend, j’ai un gros bémol…

Je vais l’écrire d’emblée, son message prône l’emprisonnement, voire même la prise en otage de la culture et des valeurs par l’héritage de la religion. Et je me pose la question à savoir si le but est d’actualiser le lien entre la société et la religion (bien sûr catholique). Je m’explique, premièrement avec une question : même si je suis d’accord que les valeurs des êtres humains ont beaucoup été influencées par la religion — par son omniprésence historique dans les sociétés —, est-ce que ces valeurs sont indissociables de cet héritage?

La réponse est bien sûr non. Et la transmission de ces valeurs ne dépend pas exclusivement de la pratique religieuse, en plus. Si « Sergio Leone, le réalisateur des fameux westerns-spaghetti, bon athée et anarchiste, n’a pu s’empêcher d’user d’images religieuses chrétiennes dans son cinéma que la longue tradition catholique lui a légué en héritage », comme le souligne Laberge dans son billet, un athée comme moi peu bien élever sa fille selon une majorité de valeurs que la religion catholique ne nierait absolument pas. Alors, pourquoi toujours revendiquer la paternité religieuse des valeurs puisqu’elles ne disparaissent visiblement pas avec la remise en question de la religion, qui vient entre autres avec la laïcité? J’irais encore plus loin, elles ne disparaîtraient pas si une pilule distribuée à la totalité de la population mondiale réussissait à faire disparaître le phénomène religieux et la croyance en Dieu. Je dis qu’elles ne disparaissent pas, mais je sais très bien que le discours religieux actuel trouve justement sa base sur la peur, ou une certaine constatation — qui relève beaucoup à mon avis de l’hypocondrie — de la perdition du mode de vie occidental. À la base, c’est le propre du conservatisme et du traditionalisme d’avoir peur de l’évolution et du changement, alors ce n’est pas bien difficile à réfuter.

Et, parlant d’évolution, je crois que la religion a été nécessaire à l’évolution des sociétés humaines (beaucoup vers la gauche au Québec comme le souligne Laberge, et pourtant beaucoup vers la droite par exemple aux États-Unis…). La religion a institué une cohésion sociale qui aujourd’hui est bien assimilée (pas toujours avec bonheur, j’en conviens). Ce que la société rejette aujourd’hui de la religion est seulement ce qu’il lui reste de poussiéreux, d’archaïque. Et la religion était bien utile là où l’éducation était quasi inexistante. Alors, je crois que le défi actuel, étant donné que la population est beaucoup plus éduquée, est de remettre en question ces valeurs héritées de notre passé et, une fois le test remporté, de les célébrer en toute connaissance de cause. Cela serait bien tout le contraire d’écrire tout bonnement, comme l’a fait Guy Durand, comme une gifle à l’intelligence humaine : « Les valeurs chrétiennes sont nécessaires à la vie. » J’admets qu’en gommant l’adjectif « chrétiennes » l’énoncé a du sens, mais en gommant aussi la définition biologique en lien avec la vie. Personne ne peut mourir par manque de valeurs, encore moins chrétiennes…

Et dans cette idée de défi actuel, ce pour quoi toutes ces questions me sont intéressantes, il y a pour moi la conviction que l’abandon total de la religion (comme béquille sociale) ne pourrait que donner un coup de main à la réflexion globale. Et c’est déjà en cours de toute façon, depuis que l’État a purgé la religion de ses entrailles. Mais il reste encore des stigmates à éliminer, alors on voit clairement la terreur dans les yeux de certains croyants.

(Photo : brioso)

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La laïcité instrumentalisée

 

Par Renart Léveillé

Contrairement à moi, certains trouvent la laïcité trop stricte. Elle devient alors la laïcité ouverte. Mais en y accolant l’adjectif « ouverte », elle perd tout son sens. Il n’est plus tellement question de laïcité, mais bien seulement d’une version fade d’elle-même qui, si ça lui était possible, l’empêcherait de se regarder dans le miroir…

C’est une manière comme une autre d’instrumentaliser un concept pourtant clair : séparation de l’État et de la religion, avec tout ce que cela implique au niveau des institutions, particulièrement au niveau de l’éducation. Et il y a l’interculturalisme, comme le décrit Louise Mailloux, « Professeure de philosophie au Collège du Vieux Montréal, intellectuelle athée, féministe et laïque », dans son billet « L’interculturalisme: une imposture anti-laïque » :

En mars dernier, dans une entrevue au journal le Devoir, Gérard Bouchard affirmait que le débat sur la laïcité piétine, qu’un consensus semble impossible et qu’il conviendrait d’élargir ce débat en parlant d’interculturalisme. Deux mois plus tard, lors du Symposium international sur l’interculturalisme organisé par Gérard Bouchard et son église, ce dernier réclamait du gouvernement, une loi sur l’interculturalisme. Coïncidence ou non, les jeunes libéraux, réunis en congrès au mois d’août, réclament pour leur part, une loi pour définir la laïcité ouverte et demande à Jean Charest de créer un Office québécois d’harmonisation interculturelle.

La pilule de la laïcité ouverte ne passant pas dans la population, il faut donc l’enrober d’une gélatine afin qu’elle glisse tout en douceur. Une loi-gélatine sur l’interculturalisme, votée par l’Assemblée nationale, qui servirait  à imposer une politique de laïcité ouverte. Parce qu’ici, il ne faut pas s’y tromper, l’ouverture à la culture de l’autre, c’est l’ouverture à sa religion. Et que le respect de la diversité culturelle, c’est le respect de la religion.

Là où le bât blesse, c’est que deux blogues qui ont diffusé des extraits de ce billet l’ont introduit avec un texte où se trouvent ces mots, qui portent vraiment à confusion :

Leur seul travail consiste à infiltrer la religion des Autres dans nos institutions

Y a-t-il derrière ça le message que la religion catholique a sa place dans nos institutions, puisqu’elle ne vient pas « des Autres »? Si la laïcité sert seulement à repousser les autres religions pour laisser le champ libre au catholicisme, elle est aussi instrumentalisée. Et les deux blogues en question, ce sont « Poste de veille » et « République de Bananes », tous deux dans le même conglomérat de droite que « Pour une école libre au Québec », clairement pro-religion (en tout cas occidentale), pro-famille (je suis parent et je suis plutôt pro-choix de vie – et le nom de Jeff Plante derrière tout ça en dit déjà beaucoup) et soutenant la cause de la liberté d’expression sans limites des homophobes. Et sa participation à la campagne CLÉ montre clairement son parti-pris antilaïque, puisque cette coalition ne vise pas seulement le retrait de l’imposition obligatoire du cours « Éthique et du culture religieuse » aux jeunes, mais bien aussi à défendre certains parents et « leur indignation face à la perte de leur droit de choisir pour leurs enfants un enseignement moral ou religieux à l’école en accord avec à leurs croyances et leurs convictions. »

Il faut être logique. La laïcité va de pair avec l’idée d’État, qu’il soit minimal ou éléphantesque. On ne peut pas d’un côté défendre l’évacuation du religieux en appuyant les laïques et de l’autre participer au maintient de l’enseignement religieux dans les écoles, qui sont encore du ressort de l’État. C’est un double discours franchement tordu.

Et il y a une grosse différence entre avoir un parti-pris laïque et être contre l’islam (ce qui ressort clairement du blogue « Poste de veille »). Ce que les deux ont en commun, c’est d’être contre les tentatives de la religion d’entrer dans l’espace commun. Le premier met toutes les religions sur le même pied d’égalité. Le deuxième vise une religion en particulier, et c’est selon, tente par cela de magnifier les autres religions, du moins de leur redonner un peu de lustre.

Pour ma part, étant pro-laïcité, je suis également interpellé par toutes les tentatives d’intrusions de la religion dans la société, qu’elles viennent d’une ou l’autre. Étant donné que l’islamisme est en soi plus combatif, c’est tout à fait normal que ses tentatives d’intrusions soient plus évidentes, voire même spectaculaires : regardons l’exemple des dossiers de la charia ainsi que celui des voiles islamistes. Pour ce qui est du judaïsme, c’est beaucoup plus subtil, et ça semble se retrouver surtout du côté politique (le judaïsme ne cherchant pas à convertir). Pour ce qui est du catholicisme (et du protestantisme, par extension), la question ne se pose même pas, il a ici ses bases et joue de sa survie. Son combat est ainsi omniprésent.

La difficulté du laïcisme dans les débats publics, et surtout politiques, c’est que la guerre entre la gauche et la droite repose en partie sur des partis-pris religieux, même si pour certains c’est surtout en surface. Pour aller au plus simple, la droite se rallie au judaïsme et au christianisme, alors que la gauche se rallie à l’islamisme. Alors, un laïque qui pourfend l’islamisme se voit placé dans la case droite, et s’il pourfend quoi que ce soit en lien avec les deux autres, c’est dans la case gauche qu’il atterrit, nonobstant de sa réelle position. Rien pour simplifier le débat… Ma vision : la droite se sert de la laïcité comme je l’explique plus haut, la gauche s’aveugle des débordements de l’islamisme avec les bons sentiments, quelque chose qui ressemble à de la fraternité, de la solidarité, et où l’humain et sa religion sont à tort entremêlés (par exemple : supporter la cause de la Palestine et des habitants de la bande de Gaza — que l’on ne peut séparer de l’islamisme au niveau religieux — ne devrait pas pour autant donner le feu vert à leurs coreligionnaires…). Ainsi, dans le cas de la gauche, la laïcité est à la carte (une autre manière de dire « laïcité ouverte »).

Quoiqu’il en soi, la laïcité devrait servir à faire table rase des différences ethno-religio-culturelles, afin de mettre l’emphase sur le respect global. S’en servir pour mettre de l’avant ses intérêts, ce n’est pas très loin de l’ignominie.

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Le problème avec l’Islam et le multiculturalisme

  

Par Philippe David

Mon billet sur Anders Behring Breivik m’a valu quelques critiques, en particulier au sujet de ma position sur l’Islam et le multiculturalisme. Permettez-moi donc de préciser ma pensée à ce sujet.

L’islam politique

Le problème ne provient pas de l’Islam en tant que religion, il provient plutôt de l’Islam en tant que mouvement politique. Nous ne voyons que très peu de l’aspect spirituel de l’Islam, qui est en réalité très proche du christianisme et du judaïsme et partage une source commune avec ces deux religions. Aussi n’est-il donc pas surprenant d’y retrouver également des valeurs communes de dévotion à Dieu, de charité et de bonne volonté envers ses proches. Je ne nierai donc pas que ces valeurs existent dans le cœur de tout bon musulman. Mais l’Islam n’a pas encore eu son ère des lumières.

Il y a de cela quelques siècles, les chrétiens n’étaient pas très différents des musulmans. Il n’existait que peu de distinction entre l’Église et l’État et même les rois les plus puissants puisaient la légitimité de leur pouvoir temporel de l’autorité spirituelle de l’Église et s’inclinait devant le Pape. Ainsi il en est encore de l’Islam aujourd’hui. Dans le Coran et les Hadith, on retrouve des passages dictant les comportements que tout bon musulman doit adopter dans absolument tous les aspects de sa vie. Ce qu’il doit manger ou ne pas manger, boire ou ne pas boire, comment gérer ses finances ou comment vivre sa vie politique. Il n’existe pas vraiment de distinction entre le temporel et le spirituel.

Une apostate notoire de l’Islam, Ayan Hirsi Ali, décrit la différence entre la mentalité musulmane et la mentalité occidentale en décrivant la mentalité musulmane comme une philosophie de « l’au-delà », alors que celle de l’occident est une du « ici et maintenant ». Pour le musulman, la vie n’est qu’un court passage en chemin vers la vie éternelle. Ce passage transitoire est un test d’admission. Tous les musulmans ont un ange sur l’épaule gauche qui écrit dans un livre tous les actes proscrits (haram) que commet le fidèle commet, tandis qu’un autre sur son épaule droite écrit les bons gestes (halal) qu’il pose durant sa vie. Pour réussir le test, il faut que le fidèle ait un livre droit plus épais que le livre gauche. Puisqu’il s’agit de préserver l’âme éternelle des fidèles, toute les pratiques coraniques n’existent que pour garder les fidèles loin du péché, d’où les châtiments cruels de la Chariah. Allah est très exigeant de ses fidèles. Essayez de prier cinq fois par jour ou abstenez-vous de manger ou boire du lever au coucher du soleil pendant tout le mois d’Août et vous serez convaincu que pour être un bon musulman, il faut soit avoir une très grande foi ou être totalement timbré.

Par contraste, les chrétiens ne vivent pas pour l’au-delà. Ils y croient, mais ils ne sacrifient plus leur vie sur terre pour y parvenir. Plus maintenant. Nous croyons important de profiter de notre séjour sur terre pour y vivre heureux. Nous ne croyons plus qu’il soit nécessaire d’infliger des punitions cruelles pour tenir les gens sur le droit chemin. Nous ne croyons plus que la légitimité de l’État provient de Dieu et que par conséquent, l’État ne représente pas Dieu, il représente le peuple et est supposé tirer sa légitimité du consentement des gouvernés. Puis qu’il représente le peuple, il représente aussi ses traditions et ses valeurs comme la liberté individuelle de libre-expression, de conscience et de religion. L’État, s’il doit en avoir un, est sensé protéger ces droits et non les bafouer. Il ne devrait donc pas être surprenant qu’entre l’Islam et l’Occident, il y ait un choc de cultures.

La religion peut être un puissant outil de manipulation des foules. Convainquez des gens qui ne cherchent qu’à se soumettre à Dieu que ce que vous leur demandez de faire est la volonté de Dieu et ils feront tout ce que vous voudrez. Il n’y a qu’à regarder l’époque où l’Église catholique dominait la politique québécoise. Il en est de même de l’Islam. Certains groupes au sein de l’Islam se servent de cette religion pour servir un agenda politique. Ils désirent voir un jour l’Islam dominer le monde, à la pointe de l’épée si nécessaire. Cet agenda politique est totalitaire. Il vise à créer un califat mondial. Il est moyenâgeux. Il désire instaurer la loi de la Chariah partout. Il est misogyne. Il veut reléguer les femmes au rôle de citoyen de seconde classe. Il est homophobe. Il soutient que les gais et lesbiennes soient mis à mort. Il est intolérant. Il ne tolère aucune autre religion. Bref, cette idéologie veut réduire le monde à exactement le même genre de servitude qui existe en Arabie Saoudite. Aussi ne devrait-il pas être surprenant que ce soit le royaume des Saud qui finance en grande partie ces activités.

En Amérique du Nord, nous sommes lois d’être étrangers à l’immigration. Le Canada et les États-Unis ont été bâtis au fil des vagues successives d’immigration et dans les 400 dernières années, aucun groupe d’immigrants n’a posé de réel problème d’intégration, sauf les musulmans. Dites-moi, pourquoi des immigrants qui seraient supposément venus émigrer dans un pays pour ce qu’il a à offrir, voudraient ensuite transformer leur pays d’accueil pour qu’il ressemble plus au pays qu’ils ont quitté? N’aurait-il pas été plus facile de rester chez eux? Je ne parle pas ici de simplement pratiquer leur foi, parler leur langue entre eux ou introduire leur cuisine ou certaines traditions, mais vouloir modifier le système légal et les institutions publiques pour les accommoder. En d’autres mots, pourquoi les musulmans quitteraient-ils le Dar al Islam pour islamiser ensuite leur pays d’accueil? À Londres, des militants islamistes ont même tenté de délimiter des zones de la ville comme étant sous le contrôle de la Chariah. Pourtant la population musulmane de la Grande-Bretagne ne compte que pour environ 5% de la population, mais déjà ils tentent de contrôler certaines régions où ils sont concentrés. Il n’existe qu’une réponse à la question « pourquoi essaient-ils de transformer leur pays d’accueil? » La réponse est qu’ils sont en train de nous coloniser.

Farfelu? Pas tant que ça. Les amérindiens se sont fait faire le même coup. Au départ, ils ont innocemment accueilli les européens en amis, pour être ensuite submergés par les vagues d’immigration, quasi exterminés et relégués sur de petits lopins de terre dans lesquels ils ne peuvent pratiquer que peu d’activités économiques pour se soutenir à part le jeu et la contrebande. Ils n’ont jamais su ce qui les a frappés. Les européens les ont dominés par les nombres et les armes et leur ont imposé leur culture et leurs institutions. Pourquoi les européens l’ont-ils fait? Tout simplement à cause d’une forte réduction de la mortalité infantile qui a amené un boum démographique en Europe. De nos jours, quelle culture profite d’un boum démographique similaire? Je vous donne un indice : Ça commence avec un « I » et ça se termine en « slam ». Pendant ce temps les démocraties occidentales sont en voie de dépopulation. Mark Steyn s’est fait poursuivre devant trois de nos commissions des droits de la personne pour avoir émis ce simple constat. Pourtant, les mathématiques sont simples quand on considère que dans la plupart des pays musulmans le taux de fécondité dépasse 6 enfant par femme et que dans l’Occident, seul les États-Unis arrivent à maintenir le taux de maintient d’une population de 2,11. En Europe, le taux de fécondité des non-musulmans se situe autour de 1,2. Donc ils sont jeunes et de plus en plus nombreux, tandis que notre population est vieillissante et en déclin. Sans vouloir justifier les geste d’Anders Behring Breivik, ses craintes au sujet de l’islamisation de l’Europe sont bel et bien réelles.

Donc si on prend pour acquis le but avoué des islamiste, qui est d’établir un califat mondial, nous sommes effectivement en train de nous faire coloniser et chaque acte des islamistes doit être interprété comme ayant ce but ultime en tête. Que ce soit pour la ségrégation hommes/femmes dans des piscines, le port du hijab dans les institutions publiques ou de faire enlever une crèche du hall d’entrée d’un hôpital, tous ces actes de militantisme ont pour but de nous faire plier et abandonner nos propres valeurs. Toutes ces demandes se succéderont pour finalement nous faire accepter la Chariah en l’intégrant graduellement dans notre système légal. Tant que nous acceptons, ils s’enhardissent et demandent plus. Quand nous commençons à leur résister, ils haussent le ton et commencent à utiliser la violence. La tactique ressemble franchement à celle d’un bambin de 2 ans qui pique des crises quand il veut un jouet au magasin. Si les parents cèdent et lui achètent, il recommencera le numéro. Si les parents cèdent de façon constante, et qu’ensuite, ils tentent de résister, les crises gagneront en intensité puisque le bambin sait qu’ils finiront par céder s’il crie plus fort. C’est exactement ce même mode d’opération qu’on voit chez les islamistes et plus ils seront nombreux, pire ce sera.

Le multiculturalisme

Ce que le multiculturalisme professe, grosso modo, est qu’aucune culture n’est supérieure à une autre , elles s’équivalent toutes et que nous devons par conséquent être tolérants des différences culturelles des autres et les accepter. C’est bien intentionné, mais c’est faux. Certaines valeurs sont supérieures à d’autres. En occident, nous avons menés de grands combats pour ces valeurs comme l’égalité des sexes, l’égalité des races, la liberté de religion, la liberté de conscience et la liberté d’expression. Ces valeurs de la société occidentale devraient être sacrées et non-négociables dans toute démocratie occidentale, mais les croyances des islamistes sont diamétralement opposées à ces valeurs. C’est bien d’être tolérant envers l’autre, et personnellement je n’ai aucun problème à ce que l’autre pratique la religion de son choix, mais je n’ai aucun désir de me faire imposer cette religion, en particulier si elle est opposée à mes propres valeurs.

Or, c’est exactement ce que les islamistes tentent de faire. Ils exigent notre tolérance, mais ils ne sont aucunement tolérants envers nous. Ils utilisent notre concept de liberté de religion pour nous imposer leurs croyances. En Europe, ils ont commencé à envahir l’espace public, en bloquant des rues complètes pour la prière. Ce genre de comportement serait-il toléré des chrétiens ou des juifs en Dar al Islam? Absolument pas! Les juifs et les chrétiens doivent pratiquement se cacher pour pratiquer leur religion en territoire musulman et à certains endroits, les églises et synagogues sont interdites. La tolérance est un chemin à deux voies. Dans le cas des islamistes, nous les tolérons, mais ils ne nous tolèrent en aucune façon. Ils ne cessent de dire que nous sommes une société décadente et ils rejettent d’emblée toutes nos valeurs. Devons-nous alors renier nos propres valeurs au nom de la tolérance? Moi je dis non! Je crois que cette position est parfaitement raisonnable. La tolérance n’est pas le déni de soi ou de ses valeurs fondamentales. Nous n’avons pas à nous excuser de qui nous sommes et nos valeurs sont justes et elles méritent d’être défendues.

Beaucoup incorporent le combat contre l’islamisme dans le schéma gauche-droite en étiquetant ceux qui s’opposent à l’islamisme et au multiculturalisme « d’extrême-droite » alors que ce n’est pas un combat gauche-droite du tout, mais un combat occident/anti-occident. Si vous chérissez les valeurs occidentales de liberté d’expression, de liberté de conscience, de liberté de religion, d’égalité des sexes, d’égalité raciale et d’égalité devant la loi, il ne devrait faire aucun doute dans quel camp vous devriez vous situer. Pourtant, il semble que la gauche ait choisi, au nom de la tolérance, le mauvais camp . En faisant ce choix, mes amis gauchistes se font les idiots utiles de l’islamisme. Ils signifient qu’en réalité, nos valeurs, pour certaines desquelles ils ont eux-même combattu (pensons à l’égalité des sexes, par exemple), ne sont pas supérieures à celles des islamistes et qu’il serait tout à fait acceptable de vivre sous la Chariah. Je crois qu’ils font une grave erreur. Nos valeurs sont supérieures et non-négociables et elles doivent à tout-prix être défendues. Ce n’est aucunement un signe de xénophobie ou d’intolérance de défendre ses propres valeurs et de se faire respecter. Pour obtenir le respect des autres, il faut d’abord se respecter soi-même, Si nous ne nous battons pas pour notre culture et nos valeurs, personne ne le fera à notre place et ironiquement, ceux qui se font les plus ardents défenseurs de la culture québécoise contre les « méchants anglais » sont aussi ceux qui sont le plus vite à faire la carpette devant les islamistes, qui sont une bien plus grande menace à la culture québécoise que les anglais le seront jamais. Telle est le manque de cohérence de la gauche nationaliste au Québec. Les islamistes parlent français, alors qu’importe si leurs valeurs sont diamétralement opposées aux nôtres et qu’ils soient disposés à mourir pour faire prévaloir leurs valeurs au détriment des autres?

Le jeu des islamistes est de nous amener à nier nos propres valeurs pour nous faire avaler les leurs. Ne jouons tout simplement pas à ce jeu et refusons tout accommodement contraire à nos valeurs. Un immigrant est supposé respecter sa terre d’accueil, s’il ne la respecte pas, et qu’ils y est si malheureux et qu’il ne peut pas accepter nos valeurs, dans notre pays il dispose de toute la liberté de s’acheter un billet d’avion et d’aller là où les valeurs du pays coïncident avec les siennes.

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Suggestions de lecture:

The trouble with Islam Today – Irshad Manji

Infidel – Ayaan Hirsi Ali

America Alone – Mark Steyn

Ma vie à contre-Coran – Djemilah Benhabib

Shakedown – Ezra Levant

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La violence à l’extrême

 

La prémisse même de toute idéologie et que ce qu’elle enseigne est vrai et que tout le reste doit forcément être faux. On peut donc conclure que toute idéologie poussée à l’extrême peut mener à la violence. Personne ne peut avoir le monopole de la vertu et la minute que l’on commence à croire que nous avons ce monopole, il devient tentant d’utiliser la violence pour mâter ses opposants. Anders Behring Breivik est certainement un exemple d’idéologie à l’extrême, couplée avec une tendance psychopathe. Malgré ce que les médias rapportent, cette idéologie est plutôt confuse d’ailleurs. Mais on s’est empressé de l’affubler d’étiquettes comme « fondamentaliste chrétien » et « extrême-droite », presque avec abandon. Ces mêmes médias associent aussi fréquemment cette étiquette d’extrême-droite et fondamentalisme chrétien aux Parti Conservateur, à la droite américaine, aux Tea Parties, aux libertariens et par la bande, à des organismes comme le RLQ. Et hop, nous voilà tous coupables par association d’un carnage insensé causé par un psychopathe.

Ce genre de raccourci intellectuel est la marque de commerce des médias traditionnels. Quoi de mieux pour traîner ses adversaires idéologiques dans la boue que des les associer à un carnage? Cependant, c’est de l’ignorance crasse. Tout comme pour Jared Loughner, la paresse intellectuelle pousse les médias à sauter aux mauvaises conclusions. Ainsi on avait aussi mis la droite américaine au banc des accusés pour cette tuerie, alors que le tueur n’y a jamais été affilié. Les médias qui ont à tort, accusé Sarah Palin ou Rush Limbaugh d’être responsables pour la fusillade en Arizona ce sont-ils rétractés par la suite? Non, pas plus qu’ils ne se rétracteront maintenant. Gageons maintenant que si quelqu’un s’avise de critiquer l’Islam ou le multiculturalisme, il sera irrémédiablement associé à ce malade. Pourtant, il est certainement légitime de critiquer une religion qui est mue par une idéologie totalitaire et moyen-âgeuse, qui relègue les femmes à un statut de citoyen de seconde classe et qui inflige des châtiments barbaresques tels que la lapidation, la décapitation, l’amputation et la bastonnade pour des offenses allant de l’adultère à l’homosexualité. Il est aussi franchement légitime de critiquer toute politique qui considérerait qu’une culture basée sur ces préceptes puisse être équivalente à la nôtre et que nous devrions l’accepter béatement et nous y adapter.

Malgré ses tendances islamophobes et anti-multiculturalistes et anti-rectitude politique, l’étiquette d’extrême-droite est difficile à soutenir quand dans son manifeste, il cite quasi-verbatim des longs passages du manifeste de Ted Kaczinsky, mieux connu sous le sobriquet de « Unabomber », pourtant notoire de l’extrême-gauche. Il se disait chevalier d’un ordre pourtant défunt depuis l’an 1312 et était aussi un franc-maçon. Son manifeste est un amalgame de contradictions. Il semble tout simplement utiliser diverses idéologies pour justifier sa psychose. Anders Behring Breivik était un loup solitaire détraqué qui n’est ni vraiment à droite, ni vraiment à gauche.

Étant donné l’étiquette qu’on a trop facilement collé à Breivik, il ne sera pas surprenant que certains sortent l’épouvantail du terrorisme d’extrême-droite, seulement, pour remettre les choses en perspective, je vous laisse tirer vos propres conclusion quant au danger que représente cette menaçante extrême-droite avec ce graphique produit par l’agence policière Europol des attentats terroristes des deux extrêmes du spectrum politique:

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Quelque soit la cause, la violence n’est jamais la solution. La violence est le recours de celui qui n’a plus d’arguments pour exprimer ses idées. Il peut alors soit appliquer la violence directe, ou par le biais de l’État, en faisant du lobbying, mais le résultat est le même au bout de la ligne: il y a violence ou menace de violence. Le libertarianisme est en fait, la seule idéologie qui dénonce la violence sous toutes ses formes, qu’elle soit légalisée ou non. Notre pacifisme nous rend résolument contre l’État, qui est l’incarnation de la violence organisée dans notre société. Nous ne croyons qu’en une seule chose: la coopération paisible entre individus. La violence et la haine ne fait que générer plus de haine et de violence. Le redressement d’un supposé tort par la violence ne fait que nous descendre au niveau de notre agresseur. L’usage de la violence discrédite irrémédiablement toute idée que vous défendez. Breivik dit dans son manifeste avoir été intéressé par le libertarianisme, mais l’a rejeté parce qu’il était en contradiction de ses instincts nationalistes. Dommage. S’il avait embrassé le libertarianisme comme philosophie personnelle, il n’aurait pas pu faire ce qu’il a fait sans renier tous ses principes.

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La connerie onusienne

Comme si installer la Lybie à la présidence de sa commission des droits de l’homme et les cirques de Durban n’étaient pas complètement suffisants pour discréditer l’ONU au niveau de la défense des droits humains (pour ne rien dire de la nomination de l’Iran à la commission de la condition de la femme); l’ONU déclare que l’accès à l’internet est un droit humain et que tous les états doivent tout entreprendre pour fournir l’accès à tous leurs citoyens. Ah! Ce que le rêve de Churchill est sombré bas dans les abysses de la connerie humaine! De défenseur de liberté, l’ONU est devenu un instrument d’esclavage.

Mais pourquoi l’accès à l’internet ne serait-il pas un droit, aussi essentiel soit-il dans la vie de milliards d’êtres humains? Ça devrait pourtant être évident, mais pour ceux et celles qui ne saisissent pas la nuance, il convient de définir ce qu’est réellement un droit. Depuis que la race humaine existe et certainement depuis l’ère des lumières, l’homme s’interroge sur sa nature. Il en est venu à définir certains droits inaliénables dont tous les êtres humains devraient pouvoir jouir, peu importe leur sexe ou leur couleur. Le premier de ces droits est le droit à la vie. Tout être humain a le droit de vivre, peu importe ses circonstances, et aucun autre être humain n’a le droit de lui enlever. Ce qui ne veut pas nécessairement dire que nous avons droit à une vie aisée, nous avons simplement le droit de vivre. De ce droit à la vie découle tous les autres droits. Le droit de vivre nous donne droit de propriété sur notre propre corps, de notre labeur et de ce que nous produisons en combinant ce labeur à la matière que nous avons acquis par la transformation de la terre précédemment inoccupée, ou par transactions volontaires avec d’autres hommes. Parallèle à la propriété de notre corps est celle de notre esprit et de ce que nous produisons par lui. De ce droit découle le droit de conscience et le droit de libre-expression. Ces droits ne proviennent pas d’autres humains, ils sont le produit de notre propre humanité. Certains disent d’eux qu’ils nous proviennent de notre créateur, peu importe comment vous choisissez de l’appeler. Ce qui distingue vraiment un droit véritable d’un pseudo-droit est que l’exercice d’un véritable droit n’empêche pas les autres d’exercer leurs propres droits.

Ainsi, l’exercice de mon propre droit à la vie ne prévient à aucune autre personne le droit d’exercer le leur, ni aucun autre de leurs droits. Exercer mon droit de conscience ne lèse personne. Ma liberté d’expression, même si elle peut choquer certains, n’empêche personne d’exercer leurs propres droits, à moins que je n’essaie d’inciter d’autres à les tuer ou violer leurs droits. Mon droit de conscience n’empêche personne d’exercer leurs droits et ainsi de suite.

Ce n’est pas le cas de pseudo-droits comme le droit à l’accès à l’internet, ou le droit à des soins de santé, etc. Ces droits ne sont pas des droits. L’accès à l’internet est un service qui doit être produit par quelqu’un. Les soins de santé sont également un service qui doit être produit par quelqu’un. De réclamer un droit sur ces service signifie que vous désirez vous approprier ce service gratuitement, ou à un prix que le fournisseur de ce service n’accepterait pas volontairement. En d’autres mots, c’est s’approprier ce bien ou service par la coercition. Ce genre d’appropriation du labeur d’autrui ou du fruit de ce labeur n’est autre chose qu’un vol déguisé. C’est forcer quelqu’un à vous fournir quelque chose sans en payer le juste prix. Réclamer un droit à des soins de santé gratuits ou à une connexion internet gratuite équivaut à forcer autrui de payer pour ce service à votre place, que ce soit le fournisseur du service lui-même, ou les contribuables par le biais de la taxation et l’impôt. Est-il besoin de souligner que ces soi-disant droits, sont des violations des droits d’autrui? Je me demande qui peut moralement sanctionner cela?

Non, l’accès à l’internet n’est pas un droit. Pas plus que le droit à des services de santé, le droit à de l’eau potable, le droit à un emploi (le droit de travailler, oui, mais personne n’est obligé de vous engager) ou tant qu’à y être, le droit à des vacances payées par autrui, ou le droit d’avoir du filet-mignon une fois par semaine. Ce sont des biens et services qui se paient et non des droits que les non-méritants peuvent réclamer de ceux qui les produisent.

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Canada : Parti Conservateur – Québec : Nouveau Parti Démocratique

Par Renart Léveillé

(Ce billet a été publié originalement sur mon blogue vers la fin de la soirée électorale. Une mise à jour suivra.)

Je suis évidemment très déçu des résultats de cette dernière élection fédérale avec cette majorité conservatrice. Et le scénario de la chute du Bloc, que je craignais depuis la précédente élection, est avéré.

Par contre, pour un souverainiste comme moi, cela ressemble à quelque chose comme des conditions gagnantes. Le Québec est balayé par la victoire du NPD, qui est sans conteste un parti de gauche, contrairement au Bloc, qui, parce qu’il était centré sur la souveraineté, pouvait quand même accueillir le vote de droite. Et le Canada, plutôt le ROC, a donné majoritairement sa confiance à un parti manifestement à droite.

Dans le fond, nous étions mieux servis avec le Bloc (peut-être trop d’ailleurs…) que nous le serons avec le NPD centralisateur, bien que de gauche. Cela nous donnera plus de raisons de remettre en question ce grand pays qui semblera de moins en moins fait pour nous.

Non, malgré ce que pensent certains fédéralistes québécois, cette élection n’est pas un référendum contre la souveraineté…

(Mise à jour)

L’histoire de Ruth Ellen Brosseau, candidate-poteau pour le NPD, donne à penser que l’exercice démocratique peut vraiment surprendre et surtout, démontre les ratés de notre système.

Pour ce qui est du parlementarisme, ce n’est pas bien difficile à voir, juste quand on compare les résultats de cette élection avec ce à quoi ils ressembleraient avec un système de style proportionnel (pour aller au plus simple, les Conservateurs ne seraient pas majoritaires). Aussi, il est bien évident qu’on a ici le pire cas de montée d’un parti en raison du culte du chef, où le lien candidat-comté est des plus absurdes (du genre de téléreporter une candidate unilingue anglophone dans un comté très francophone et de la voir se faire élire…).

Et c’est notre bon fédéralisme qui permet tout ça…

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Démagogie irresponsable.

Jared Lee Loughner

Par Philippe David

Je me dois de m’insurger devant l’irresponsabilité de divers chroniqueurs, journalistes et médias dans les heures et les jours qui ont suivi cette fusillade à Tuscon en Arizona ce weekend dernier. À peine l’assassin maitrisé que les accusations fusaient et que la récupération politique commençait. Rahm Emmanuel, conseiller du Président Obama a déjà déclaré dans une entrevue qu’il « ne fallait jamais gaspiller une crise ». Les journalistes et politiciens, autant aux États-Unis, qu’en France et ici au Québec, n’ont certainement pas perdu de temps. Il importait peu qu’ils ne savaient absolument rien de Jared Loughner. Après tout, la rigueur journalistique n’existe plus de nos jours. Il ne faut jamais laisser les faits polluer une bonne histoire. Si ça saigne, ça baigne! Et quelle fût la cible? Les républicains, les tea parties, Sarah Palin qui a osé « cibler » certains districts dont celui de Mme Giffords, cette méchante droite! Évidemment, tout était faux, mais c’est typique quand il s’agit de diaboliser la droite, tous les coups sont permis.

Qui est Jared Lee Loughner?

Nous savons maintenant que Jared Loughner ne s’associait pas aux tea parties, qu’il n’écoutait pas la Rush Limbaugh ou Glenn Beck, qu’il ne s’affiliait ni avec les républicains, ni les démocrates et que dans son profil Youtube, deux de ses livres préférés étaient « Le Manifeste Communiste » (qui est très à droite, on le sait) et « Mein Kampf », dont l’auteur, n’en déplaise à certains, se proclamait socialiste. Loughner a été renvoyé de de son école parce qu’il effrayait ses confrères de classe et ses professeurs. Ses voisins le décrivent comme un reclus et un solitaire.

En d’autre mots, Jared Loughner était certainement un psychopathe, mais il n’existe aucune évidence qu’il aurait été influencé ou motivé par les discours des « vilains droitistes ». Il était simplement un fou vivant dans sa propre réalité qui le faisait percevoir Gabrielle Giffords comme une menace qu’il fallait éliminer, et ce bien avant l’avènement du mouvement des tea parties et avant que la plupart d’entre nous ne sachent qui était Sarah Palin.

La rhétorique guerrière.

On a accusé des politiciens républicains et les tea parties d’utiliser une rhétorique guerrière et d’attiser un climat de haine envers le Président Obama et le gouvernement en général. Comme toujours, les journalistes ont la mémoire sélective et semblent avoir complètement oublié la rhétorique utilisée contre le Président Bush. On reproche à Sarah Palin d’utiliser des expressions comme « lock and load » et on oublie lorsque le Sénateur Obama avait utilisé la phrase « if they bring a knife to the fight, we’ll bring a gun », une expression typique de la ville de Chicago. En politique, ce genre d’expression est de bonne guerre, si je puis dire, aux États-Unis tout comme ici au Québec. Claudette Carbonneau n’a-t-elle pas déclaré la guerre à la droite récemment? Quant à ces démagogues qui depuis ce weekend répandent mensonges et calomnies, malgré l’évidence contraire, qu’ont-ils fait sinon attiser la haine?

Un Président à la hauteur.

Dans toute cette histoire, je me dois de lever mon chapeau au Président Obama qui a eu un comportement digne de sa position en demeurant au dessus de la mêlée comme le témoigne cet extrait de son discours:

« Bad things happen, and we must guard against simple explanations in the aftermath.

For the truth is that none of us can know exactly what triggered this vicious attack. None of us can know with any certainty what might have stopped those shots from being fired, or what thoughts lurked in the inner recesses of a violent man’s mind.

What we can’t do is use this tragedy as one more occasion to turn on one another. As we discuss these issues, let each of us do so with a good dose of humility. Rather than pointing fingers or assigning blame, let us use this occasion to expand our moral imaginations, to listen to each other more carefully, to sharpen our instincts for empathy, and remind ourselves of all the ways our hopes and dreams are bound together. […]

The loss of these wonderful people should make every one of us strive to be better in our private lives – to be better friends and neighbors, co-workers and parents. And if, as has been discussed in recent days, their deaths help usher in more civility in our public discourse, let’s remember that it is not because a simple lack of civility caused this tragedy but rather because only a more civil and honest public discourse can help us face up to our challenges as a nation, in a way that would make them proud. »


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