Archives quotidiennes : 1 juillet 2011

La haine de l’entrepreneuriat

Il existe un certain malaise au Québec et il nous a mis sur une trajectoire d’autodestruction. Si certains entretiennent encore l’espoir qu’un jour cette province puisse devenir un pays, il faudra un jour guérir cette maladie. Alors que l’entrepreneuriat, la prise de risque et l’innovation que ça entraine ont toujours été le moteur de toute économie, le Québec est anti-entrepreneurial. Doit-on être surpris que le Québec tire de la patte du point de vue économique.

Malgré plus d’un demi-milliard en aide à l’entrepreneuriat, le nombre d’entrepreneurs parmi la population de 15 ans et plus est passé de 3,4% en 1987 à 2,9% en 2008. La part des nouvelles entreprises dans le nombre total des entreprises a chuté de 14,6% en 1991 a 11,2% en 2006, pendant ce temps en Ontario elle passait de 13,9% à 11,2%. Moins des deux tiers des entreprises québécoises survivent plus de deux ans et seulement un tiers sont encore ne opération après cinq ans. En guise de comparaison, la moyenne de survie après cinq ans des pays de l’OCDE est de 50%.

Pire encore,il y a a deux fois plus d’entrepreneurs dans le reste du Canada qu’au Québec, et au Québec, il y a deux fois plus d’immigrants et d’anglophones qui choisissent de devenir entrepreneurs que de francophones et on surprend de constater une anglicisation des commerces à Montréal. Si tous les propriétaires d’entreprises sont anglophones, guess what? C’est l’anglais qui l’emporte!

C’est certain que la fiscalité plus progressive du Québec (taux d’imposition fédéral/provincial combiné jusqu’à 48%) et le fardeau règlementaire (473 lois et 2345 règlements pour donner respectivement 15 000 et 21 000 pages), sont des facteurs qui sont non-négligeables et qui expliquent pourquoi nous somme la caboose du train économique canadien, ça n’explique pas pourquoi si peu de francophones semblent vouloir se lancer en affaire. Je crois qu’il y a là une grosse question d’attitude d’ordre culturel. Peut-être est-ce nos racines catholiques qui nous donnent un certain dédain pour l’argent que les anglophones, majoritairement protestants et les immigrants n’ont pas? Pourtant, il y a eu de nombreuses entreprises dans notre histoire qui ont été démarrées par les religieux. Toujours est-il que selon certaines études, 19,2% des québécois reconnaissent l’ambition comme une qualité entrepreneuriale (32% dans le ROC) et le succès financier est perçu négativement par 40,2% des québécois contre 28% au ROC. Désolé, mais on ne pourra certainement pas devenir riches, si on croit que le succès financier est une tare!

Je crois certainement que notre système d’éducation y est pour quelque chose. Un système où l’enseignement de l’économie est étonnamment négligée, où on nivelle fréquemment vers le bas. Où on enveloppe les enfants de papier à bulle et on évite de trop les faire forcer de peur d’abimer leur estime de soi. Un système où le mot excellence est banni du vocabulaire. Ceux qui en sortent n’ont jamais été mis au défi, mais croient à tort qu’ils ont vraiment accompli quelque chose. On les a tellement couvé, qu’ils sont allergiques au risque. Comment voulez-vous qu’ils développent l’instinct pour démarrer une entreprise. Ils sont bien plus enclins à rester dans leur zone de confort sans vouloir en sortir.

Une culture, pour être préservée doit savoir produire et entreprendre. Il est triste de constater qu’au Québec, la culture entrepreneuriale est en train de mourir et que les québécois se contentent seulement de poinçonner leurs cartes de temps et faire leur petit 35-40 heures par semaine, plutôt que de devenir maitres de leur propre destinées. Il faudrait peut-être commencer à enseigner à nos enfants qu’il n’y a rien de mal à faire de l’argent.

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Classé dans Actualité, Philippe David