De Victor Jara à Guantanamo : la même CIA (32)

Le chiffre révélé lui-même est assez ahurissant : depuis le 11 septembre 2001, les dépenses du Pentagone pour les opérations secrètes ont subi une augmentation de 48%, pour arriver au chiffre faramineux de 27 milliards de dollars en 2005 (*1). Les dépenses étant classées « secret défense », et donc non vérifiées, on conçoit aisément qu’elles aient pu être l’objet de convoitises et de détournements. Beaucoup se sont servis au passage. Mais on ne s’attendait peut-être pas à voir apparaître parmi eux un responsable de la CIA, un « Exdir » (pour « executive director« ) et pas des moindres : en quelques années d’ascension fulgurante, Kyle Foggo, surnommé “Dusty” par ses collègues était en effet devenu le troisième dans l’organigramme de l’espionnage US. Or, il était accusé hier (et vient juste d’être condamné aujourd’hui à 37 mois de prison) d’avoir bénéficié de cadeaux pour avoir favorisé des amis de longue date au sein de l’attribution de contrats d’équipements, et a surtout révélé un réseau politique de détournements de fonds publics au profit de quelques-uns parmi les plus haut placés. Foggo est en fait représentatif de ce qu’est devenu la CIA : une maison où l’intérêt personnel passe largement avant l’intérêt public, à l’image du pouvoir en place, et où tous les coups bas étaient permis (ce qui n’est pas sans nous rappeler l’incroyable cas Carnaby évoqué ici-même).

La carrière de ce « Dusty » résume assez bien en effet les travers d’un organisme encore plus malade qu’il ne l’était en 1976. La commission Church a bel et bien été enterrée, et ce, sans même les honneurs. Kyle Foggo a en effet démarré sa carrière à la CIA au service de la direction de l’administration, à savoir en jetant obligatoirement les yeux sur ses budgets. Dans les années 80, il voyage pas mal et se retrouve en Amérique du Sud, plus précisément au Honduras, au temps des ravages de l’ère Negroponte, ambassadeur à poigne alors dans le pays (au point d’être surnommé le « proconsul » du pays). L’homme avant de devenir secrétaire d’état adjoint de Condoleezza Rice, avait en effet joué un rôle prééminent dans la lutte contre les sandinistes, se chargeant personnellement de la supervision de l’approvisionnement en armes des « contras ». En puisant en Iran, l’affaire est connue et répertoriée. En résumé en les alimentant via les marchands d’armes connus. En 2005, ce faucon anticommuniste façon guerre froide comme il en existe encore fort peu sera nommé à la tête de la DNI, la Direction du renseignement national, un nouvel organisme chapeautant le renseignement américain. Organisme qu’il dirige conjointement avec le général Hayden, autre pro-bushiste avéré. Or cet organisme est au-dessus aussi de la CIA, ce qui explique la difficulté actuelle pour Léon Panetta à trier dans les informations que cherche constamment à contrôler la DNI… Il est évident que la DNI a été créée dans le seul but de mettre des bâtons dans les roues à un président désireux de reprendre en mains la sacro-sainte CIA… Pour Negroponte, partisan acharné de la « guerre à la terreur », on l’a déjà dit, Ben Laden était toujours en Afghanistan, là où il fallait le débusquer coûte que coûte : la politique du chiffon rouge fait partie depuis toujours du vocabulaire politique d’un tel personnage. Remplacez « communistes » par « Ben Laden », et vous obtiendrez de sa part les mêmes poses caricaturales. , « Les chefs d’Al-Qaïda sont cachés au Pakistan d’où ils revitalisent leur réseau «  déclarait alors en effet, ce Negroponte vous disais-je naguère ici même. La sentence floue laissant toutes les interprétations possibles.

Formé par Negroponte, « Dusty » ne pouvait que faire aussi bien que lui, sinon pire. En 2003, après avoir écumé l’Amérique du Sud, le voilà en poste en Allemagne. Où il brasse toute la logistique d’envoi de matériel vers l’Irak ou l’Afghanistan mais aussi vers le Soudan (en voilà un qui a dû nécessairement faire appel aux Condors ou aux avions de Victor Bout !). Via des avions gros porteurs ou via Global Transportation Systems, une compagnie d’aviation soupçonnée depuis toujours d’acheminer les éléments les plus volumineux de la CIA. Dirigée par Richard Wenzel, elle utilise en effet toute une flotte de ces fameux Ilyushin 76 décrits moult fois dans ces colonnes. Et possède également son bureau à l’aéroport de Dulles… celui de Washington.

La compagnie est largement soupçonnée de faire partie elle aussi du réseau d’avions « secrets » servant aux interrogatoires « déportés » de Guantanamo. Car dans le lot de personnes arrêtées dans l’affaire du sénateur véreux Cunningham (voir plus loin dans le texte), un autre larron apparaît : Thomas Theodore Kontogiannis, détenteur d’un nombre incalculable de société écrans décrites ici, arrêté lui-même pour avoir fabriqué de faux visas avec l’aide d’un employé de l’ambassade US à Athènes. La société tierce employée par Foggo pour les vols de « renditions » étant le Group W. Transportation, liée à un dénommé Brent Wilkes. D’après certains, d’autres sénateurs tels Tom DeLay auraient bénéficié des largesses de la même firme aérienne : logique, le groupe de lobbyistes texans de DeLay, « l’Alexander Strategy Group« , étant de tous les débats pour les attributions de contrats de défense ! En 2005, des sénateurs s’étaient émus des fréquents voyages aériens de DeLay, payés par des groupes bénéficiant de contrats d’Etat… La corruption, au plus haut niveau… déjà.

Foggo sévissait donc à Francfort, où il reçoit un jour l’ordre de se préparer à construire un peu partout en Europe, au Proche Orient et dans le Maghreb des prisons pour recevoir les prisonniers de Guantanamo, pour qu’ils y soient soumis à des interrogatoires « locaux », selon les lois en vigueur dans le pays (*2). L’homme va y développer un zèle assez extraordinaire, ayant fleuré sans doute l’argent qui devait couler à flots pour le projet. Avant le 11 septembre, le budget de son agence culminait péniblement à 7 millions de dollars. Très vite, il va tripler. Pour construire seulement trois prisons, toutes réalisées sur le même modèle et les mêmes matériaux au rabais, en provenance de supermarchés et tarifés au prix de l’or en barre. Les trois prisons terminées, Foggo voit son aura grandir auprès du pouvoir qui voit en lui l’homme docile dont il a besoin. Le voilà rapidement nommé numéro trois de l’agence nationale par Porter Goss en personne (*3) ! Un Porter Goss qui n’est pas un jeune chevreau : il a été de toutes les aventures tordues de la CIA depuis la baie des Cochons. Et déjeunait tranquillement, au titre de directeur du House Intelligence Committee (il sera nommé en 2004 à la place de Georges Tenet à la tête de la CIA), le 11 septembre 2001, avec Mahmoud Ahmad. Le responsable des services secrets pakistanais, soupçonné d’avoir largement financé un dénommé… Mohammed Atta. La suite des événements aux alentours du 11 septembre laisse en effet froid dans le dos (*4) …. Mahmoud Ahmad est resté bien proche de l’administration Bush pendant des années, et surtout au moment même où des événements que ses services ne pouvaient ne pas connaître étaient en train de se passer. Le rendez-vous le jour même du 11 septembre avec les responsables du House and Senate Intelligence Committees, le sénateur Bob Graham et le républicain Porter Goss, qui sera nommé plus tard à la tête de la CIA, n’est certainement pas dû au hasard !

En réalité, pour aller plus vite et se sucrer au passage, Foggo a complétement détourné la bureaucratie assez pesante de la CIA en s’accordant directement avec des contractants fort peu regardants. Parmi ceux-ci, l’un de ses meilleurs amis d’enfance, avec lequel il jouait au football américain : Brent Wilkes (*5), qui lui fera rencontrer Richard Wenzel, à la tête de Global Transportation. Du copinage de copinage L’enquête va en effet révéler que cela faisait des années que ça durait, et que Foggo avait véritablement depuis longtemps un comportement totalement irresponsable (*6) : Foggo était devenu un profiteur de guerre, grâce à Wilkes . La CIA, avec lui à sa tête, était bien devenue complètement folle. Le nommer troisième de l’organigramme révélait en fait l’ampleur des dégâts touchant l’agence.

Dans l’enquête le concernant, on va évidemment trouver de tout et du bien classique, comme la maîtresse obligatoire payée 100 000 dollars de salaire annuel par la CIA, et surtout ses amitiés avec ce véritable forban, Brent R. Wilkes, d’Archer Logistics, le constructeur des prisons et fournisseur d’armes pour le Pentagone (*7). L’homme avait déjà réussi un grand coup en 1995 : bien aidé par le sénateur républicain Cunningham, qui lui servait de lobbyiste appointé, il avait réussi à vendre à l’Etat américain un procédé pour automatiser l’archivage des cartes du Canal de Panama, son « Automated Document Conversion Systems (ADCS)« , un procédé qui ne marchera en fait vraiment jamais, trop bidouillé dans sa version US, mais que le Pentagone réglera jusqu’en 1999. Il n’en avait rien inventé : c’était Tom Casey le fondateur d’ Audre Inc, qui lui avait apporté sur un plateau. C’était en fait à l’origine un procédé allemand intitulé VP Max (*8), simple logiciel qui lui marchait plutôt bien, qu’Audre avait simplement customisé en anglais en lui ajoutant bogue sur bogue. On le trouve encore aujourd’hui comme complément d’AutoCad ! Trois procédés étaient en lice, l’original allemand coûtait moins cher et marchait correctement, mais c’est celui d’Audre que le Pentagone retiendra… sous pression de deux sénateurs. Outre Cunningham, en effet, un autre sénateur, Duncan Hunter, avaient vu leurs campagnes de ré-election copieusement arrosées, en échange de leurs bons services auprès des décideurs du Pentagone. Hunter n’était autre à l’époque que le directeur de l’ Armed Services Committee, chargé d’attribuer les contrats, Cunningham étant membre du jury également. Assez doué, Wilkes avait aussi créé une société de sécurité et de transport de personnalités, « Shirlington Limousine & Transportation Service » qui offrait gracieusement aux deux sénateurs transport et suite luxueuse dans un hôtel, appelé le Watergate Hotel, ça ne s’invente pas….. Pour cela, le Homeland Security lui avait accordé 21 millions de dollars de contrats ! Evidemment, il manquait encore un élément me direz vous : les prostituées. Non, Wilkes avait bien pensé à tout, il fournissait aussi à la demande des « escort-girls » dont a aussi bénéficié Foggo… et les deux sénateurs républicains corrompus. Parmi les agences contactées, celle de DC Madam. Autre scandale Bushien. Elle avait menacé de révéler 10 000 numéros de téléphone collectés pendant 13 ans d’activité et ses 132 « hôtesses »… De quoi faire tomber plus d’un parti politique !

En 2002, la firme de Wilkes se voyait attribuer le marché de la livraison des traditionnelles bonbonnes d’eau de bureau et les indispensables bouteilles pour l’Irak et l’Agfhanistan (*9) : un marché colossal et fort juteux. Or Archer logistics n’avait aucune expérience dans le domaine et aura dû tout inventer au jour le jour, pour un contrat de 2 à 3 millions de dollars… surévalué, bien entendu, mais que la CIA réglera rubis sur l’ongle. Bien entendu, Foggo en recevra de Wilkes une quote-part assez conséquente. Le copinage démarré au temps de la Fac (*10) rapporte….au total, Wilkes aura pompé 90 millions de dollars au Pentagone a-t-on évalué… grâce surtout à Cunningham et à Foggo. Bien sûr, les soldats américains recevaient en même temps l’interdiction d’utiliser l’eau du robinet, jugée non potable, ce qui, vu l’état déplorable du réseau du pays n’était pas faux non plus… La manne était gigantesque…. tout aura été bon dans ce conflit pour faire de l’argent, tout…. Les bouteilles d’eau on les retrouvera donc partout, données en cadeaux aux enfants ou parachutées des énormes C-17 sur des palettes géantes, à en disséminer un peu plus partout.

Le 20 février 2008, notre homme a quand même hérité de 12 années de prison pour corruption, Cunningham ayant été un peu plus épargné en 2005 en acceptant de plaider coupable pour avoir reçu de 2 à 3 millions de dollars en cadeaux divers, dont une maison achetée plus chère que sa valeur par Wilkes, l’usage d’un yacht et… de deux prostituées. Il avait été condamné à 8 ans, le 4 mars 2006. De tout cela, de cette corruption sur les fournitures à l’armée américaine ou la corruption spectaculaire de la CIA, rien dans la presse française, malgré un dossier plus que chargé. A croire que seuls les combats en Irak ou en Afghanistan comptent. Le 26 février 2009, Kyle Foggo, troisième personnage de la CIA, donc, se voyait assigner lui plus de trois années de prison dans l’indifférence générale des médias européens, y compris allemands. Le 12 février, Léon Panetta venait juste d’être confirmé par le Sénat US à la tête d’une maison qui a visiblement besoin d’un sérieux coup de balai pour en déloger la corruption qui y règne. Depuis longtemps maintenant. Au point d’être remontée jusqu’au numéro trois de l’agence, sans que la presse ne crie vraiment au scandale pour autant : autant Fox News avait insisté sur les mensonges, autant elle et les autres chaînes feront l’impasse sur le sujet. La gangrène au sein de l’agence était pourtant évidente ! L’homme qui était responsable de la construction des prisons où l’on avait torturé (notamment en Roumanie, en plein Bucarest (*11) !), était jeté lui-même en prison dans le Kentucky !

Aux dernières nouvelles, le scandale continue : Le 9 octobre dernier, on apprenait que Brent Wilkes venait de gagner son procès en appel et avait été libéré contre 2 millions de caution, en attendant son jugement définitif le 9 avril 2010… décidément, Wilkes et Foggo ne sont qu’un des éléments d’un immense puzzle de corruption et de profiteurs de guerre, mêlés à des trafics divers, dont celui de drogue et de prostitution. En dépliant encore l’écheveau on tombe sur un méli-mélo remontant à loin déjà, et mêlant des gens déjà croisés ici-même. Une théorie à propos de l’infortuné Carnaby voudrait que le jour de son décès à Houston il cherchait aussi à aller prévenir DC Madam de l’imminence de son exécution. On la retrouva pendue dans l’appentis derrière la maison de sa mère, à Tarpon Springs, en Floride. Une de plus dans le placard plutôt fourni de l’équipe Bush-Cheney. Elle venait quelques semaines auparavant de révéler les pratiques sexuelles de certains des clients de ses call-girls, des gens très haut placés (*12). Foggo, qui travaillait désormais à Houston, avait-il engagé Deborah Jeane Palfrey pour manipuler le sénateur Cunningham ? C’est très probable ! La première victime de Palfrey ayant été le responsable d’USAID, qui avait eu recours lui-même à des prostituées au même moment où son organisme faisait campagne contre l’esclavage sexuel et la prostitution ! Le lendemain où le scandale était paru, Randall Tobias avait eu son nom effacé de tous les sites officiels où il figurait. Il avait aussi été à la tête d’un organisme contre la prolifération du SIDA, dans lequel il fustigeait la prostitution (*13).

Non, dans le lot, il n’y en avait pas un pour racheter l’autre. DC Madam avait été laissée libre en attendant son procès mais devait porter un bracelet électronique… qui permettait de la localiser facilement… et de choisir l’endroit discret pour s’en débarrasser, diront les méchantes langues. Parmi ses clients, un seul avait accepté de révéler son nom (dénoncé par DC Madam) : Harlan K. Ullman. Ancien de la Navy, le consultant privilégié du Pentagone, qui avait hanté tous les studios de télévision car c’était l’inventeur du concept de « Shock and Awe« , la Blitzkrieg hitlérienne dotée d’un nouveau nom américanisé, des attaques phénoménales par bombardement, déclenchées dans le seul but d’assassiner Saddam Hussein aux premières heures de la guerre. Des frappes toutes imaginées par un étrange individu, Marc Garlasco, à l’étrange parcours… Etrange et fort malsaine filiation. La CIA savait obligatoirement tout de la mise en place de ces attaques de l’Irak avant qu’elles n’aient pu se produire, grâce aux confidences sur l’oreiller : on nage bien en plein James Bond…

(1) « Classified Pentagon spending has increased by nearly 48% to about $27 billion since the Sept. 11, 2001, terrorist attacks. Some of that money went to companies such as MZM, which provides computer systems and analysts for intelligence programs. « 

(2) « By that time, Foggo was the top logistics officer for the CIA in Frankfurt, Germany, overseeing supply shipments to CIA operatives throughout Europe, Africa and the Middle East. »

(3) « During his tenure in Frankfurt, he met Representative Porter J. Goss, a Florida Republican who became C.I.A. director in 2004 and elevated Mr. Foggo from relative obscurity to the agency’s chief operating officer, the No. 3 job at the agency. « 

(4) « Schedule of Pakistan’s Chief of Military Intelligence Lt. General Mahmoud Ahmad, Washington, 4-13 September 2001 :

Summer 2001 : ISI Chief Lt. General Mahmoud Ahmad transfers $100,000 to 9-11 Ringleader Mohamed Atta.

4 September : Ahmad arrives in the US on an official visit.

4-9 September : He meets his US counterparts including CIA Head George Tenet.

9 September : Assassination of General Massood, leader of the Northern Alliance. Official statement by Northern Alliance points to involvement of the ISI-Osama-Taliban axis.

11 September : Terrorist Attacks on the WTC and the Pentagon. At the time of the attacks, Lt General Ahmad was at a breakfast meeting at the Capitol with the chairmen of the House and Senate Intelligence Committees Sen Bob Graham and Rep Porter Goss. Also present at the meeting were Sen. John Kyl and the Pakistani ambassador to the U.S., Maleeha Lodhi.

12-13 September : Meetings between Lt. General Ahmad and Deputy Secretary of State Richard Armitage. Agreement on Pakistan’s collaboration negotiated between Ahmad and Armitage. Meeting between General Ahmad and Secretary of State Colin Powell

13 September : Ahmad meets Senator Joseph Biden, Chairman of the Senate Foreign Relations Committee ».

(5) « In June 2003, Foggo introduced Wilkes to Richard Wenzel, head of Global Transportation Systems, a cargo carrier that does contract work for government agencies »

(6) « In sharply worded court papers filed in advance of the sentencing hearing, prosecutors portrayed Wilkes as a debauched « war profiteer » and « overgrown frat boy » who plied Cunningham — a « broken old soldier » — with prostitutes and other temptations in exchange for lucrative contracts for Wilkes’s company, ADCS Inc., scanning documents for the Defense Department ».

(7) « According to past and present CIA officials interviewed over the past month, CIA executive director Kyle « Dusty » Foggo—whose career duties have encompassed letting CIA contracts—has had a long, close personal relationship with two contractors identified (though not explicitly named) in court papers as bribing Cunningham : Brent Wilkes of the Wilkes Corp., whose subsidiaries include defense contractor ADCS ; and former ADCS consultant Mitchell Wade, until recently president of defense contractor MZM, Inc. It is a relationship, the CIA officials say (with some putting a particular emphasis on Wilkes), that has increasingly been of concern. »

(8) « The Pentagon rated VPMax as faster, easier and cheaper than Audre. VPMax cost $6,035 per unit, compared with $11,479 for Audre’s PC system and $29,950 for its Unix system ».

(9) « One of Wilkes’ companies, Archer Logistics, won a contract to provide bottled water, first-aid kits and other supplies to CIA agents in Afghanistan and Iraq. The company had no previous experience with such work, having been founded a few months before the contract was granted. With more than 10,000 soldiers and support staff at Kandahar Airfield, the multinational base that serves as home to most of Canada’s 2,500 troops in Afghanistan, that works out to nearly 22 million bottles of water a year. It offers entrepreneurs a profitable opportunity and is a niche that several Afghan companies have exploited ».

(10) « According to several of the officers interviewed for this article, Foggo and Wilkes have been friends since at least their college years at San Diego State University in the 1970s, where they were roommates. According to several regulars at Washington’s Capital Grille, the two jointly lease one of the restaurant’s private wine lockers. »

(11) « Information toujours démentie par le gouvernement roumain : “The Romanian Intelligence Service has no information or data regarding the statements published in the online edition of New York Times on August 13, 2009,” intelligence service officials said. The Romanian Senate voted in April 2008 to approve a report of an investigation commission which stated Romania did not host CIA detention centers or secret American bases. »

(12) « Dusty Foggo had an office in Vienna, also in Dallas where this scheme began in Tx then came to Houston where I lived. Foggo & Palfrey provenly Sextorted U.S. Congressional Armed Forces committeeman Rep. Duke Cunningham to manipulate and profit from the war. This is when U.S. DA Carol Lam was fired ».

(13) « The Congress I think very appropriately has put into the legislation that created this program that organizations, in order to receive money, need to have a policy opposed to prostitution and sex trafficking. I don’t think it’s too difficult for people to be opposed to prostitution and sex trafficking, which are in fact two contributing causes to the spread of HIV/AIDS. »

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Classé dans Six de l'Hexagone, Stéphane Bouleaux

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