Archives quotidiennes : 23 septembre 2010

Dossier Santé (Conclusion): Un choix à faire.


Ceci est la conclusion de mon Dossier Santé dans lequel j’explore divers systèmes de santé à travers le monde dans le but de démontrer comment notre système pourrait être amélioré en puisant des idées qui ont déjà fait leurs preuves ailleurs.


Le constat

Force nous est de constater qu’au Québec, comme dans le reste du Canada, le système de santé accuse de sérieuses lacunes. Les temps d’attentes ne font qu’augmenter. Au Québec, le temps médian d’attente après avoir vu un omnipraticien jusqu’au traitement par un spécialiste est de 18 semaines. Il est monnaie courante de passer plus de 12 heures d’attente à une salle d’urgence. Nous nous sommes habitués à accepter l’inacceptable. De plus, nous n’en finissons plus de payer de plus en plus pour de moins en moins de service. La croissance des dépenses de santé dépasse la croissance des revenus de l’état, ce qui rend notre système insoutenable à long-terme. Le budget du MSSS atteindra bientôt la barre des 50% du budget total du Gouvernement du Québec, étouffant petit à petit les autres missions que se donne notre gouvernement. Même la Cour Suprême du Canada a reconnu que la loi sur l’assurance santé ne remplit plus sa mission et qu’elle met en danger la vie et la santé des québécois. Pourtant, il n’y a rien de nouveau là-dedans. Nous savons depuis des décennies que des changements s’imposent.

L’irresponsabilité politique

Si nous savons que nous avons un problème depuis si longtemps, pourquoi n’avons nous donc rien fait et même au contraire, empiré les choses? Je crois que la responsabilité revient aux politiciens qui promettent du bout des lèvres qu’ils vont régler le problème et qui ensuite se dégonflent devant les nombreux groupes d’intérêts qui trouvent leur compte dans le statut quo. Afin d’éviter de confronter ces groupes, dont certains ont un poids politique démesuré, on essaie d’étouffer le problème avec de l’argent que nous n’avons pas et en pelletant le problème par en avant. Le problème avec cette stratégie est que tôt ou tard, nous allons frapper un mur et c’est même discutable si nous ne l’avons pas déjà atteint. Et puisque nous avons été obsédés par la question nationale pendant les 40 dernières années, il n’y a jamais vraiment eu de débat de fond sur la santé. Que devrions-nous faire?

Les solutions

Heureusement, ce ne sont pas les solutions qui manquent, si nous arrivions seulement à greffer une paire de couilles à nos pleutres de politiciens. Avec ce dossier, j’ai cherché à démontrer comment les choses se font ailleurs dans des pays qui ont du succès à maintenir un système de santé soutenable et efficace. La plus grande erreur que nous avons fait au Québec est de confier notre système de santé à un double monopole, celui du Ministère de la Santé et des Services Sociaux et celui des syndicats de la fonction publique. Dans une dynamique de marché, rien n’est plus inefficace qu’un monopole et le pire des monopoles est un monopole public. Pourquoi? Parce qu’au minimum, un monopole privé dépend de sa clientèle pour générer un revenu. Un monopole public n’a pas à se soucier de sa clientèle parce que son financement est totalement déconnecté du service qu’il offre. Il l’obtient par la force à travers vos taxes. Il n’a donc aucun incitatif réel à servir sa clientèle, autre que la bonne volonté. On n’a qu’à ouvrir les yeux et regarder le manque de productivité dans la plupart des services publics pour s’en convaincre. Aussi n’est-il pas surprenant que tous les systèmes de santé qui dépendent strictement d’un monopole public, comme le NHS britannique, accusent des temps d’attentes excessifs et du rationnement des soins. À l’opposé, des systèmes comme celui de la Suisse et de Singapour démontrent depuis plus de 10 ans qu’une certaine dose de mixité public-privé permet de réduire les coûts, augmenter l’efficacité et assurer l’universalité d’accès aux soins de santé, peu importe le revenu. Certains vont continuer à essayer de vous faire croire que l’inclusion du privé en santé est la semence du Diable en personne. Qu’il est particulièrement vil de profiter de la maladie des autres. Mais si on pousse leur logique tordue jusqu’au bout, il serait tout aussi vil de profiter de la vente de nourriture. Devrions-nous nationaliser cette industrie? Je vous dirais tout de suite qu’à tous les endroits, où ils ont essayé ça, les tablettes des épiceries étaient vides et les gens dépendaient souvent d’un système de carte de rationnement, ou même dans certains cas extrêmes, crevaient de faim. Dans notre système de santé actuel, notre carte-soleil de la RAMQ est devenue très précisément une carte de rationnement. Nous travaillons la moitié de notre année pour nous acquitter de toutes les différentes taxes que nous payons et ce sont des bureaucrates qui décident à quel soins nous avons droit et quand nous pourrons les recevoir. Et si par hasard, les délais sont trop longs, nous n’avons absolument aucune alternative à part aller aux États-Unis. Certains osent appeler ça de la liberté.

Nous avons un choix à faire en tant que citoyens. Soit nous élevons nos voix en exigeant du changement, soit nous continuons de nourrir cette bête jusqu’à ce qu’elle nous dévore en entier:


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Classé dans Actualité, économie, Philippe David, santé