Archives de Tag: lobbyisme

Totalitarisme inversé


François Marginean

Chris Hedges, journaliste lauréat du prix Pulitzer pour le New York Times et auteur de plusieurs livres, a écrit un article percutant publié en anglais le 8 février 2010. Ce billet en est largement inspiré et en quelque sorte un compte rendu en français. L’article original de 12 pages est disponible sous le titre « Chris Hedges: Zero Point of Systemic Collapse ».

Cet article est d’une importance capitale pour temps à venir. Il résume bien aussi mon analyse personnelle du déroulement des évènements passés, présents et surtout, futurs. Il mérite toute notre attention et puisqu’il est si bien écrit, ceci constituera principalement une traduction libre de l’auteur qui doit recevoir tous les mérites.

———————————————

Nous sommes à la veille d’un des moments les plus dangereux pour l’humanité.

Aleksandr Herzen parlait, il y a un siècle de cela, à un groupe d’anarchistes sur la façon de renverser le tsar et rappelait à ses auditeurs que leur travail n’était pas de sauver un système à l’agonie, mais plutôt de le remplacer: « Nous pensons que nous sommes les médecins. Nous sommes la maladie ». Toute résistance doit reconnaître que le corps politique mondial et le capitalisme global sont morts. Nous devons cesser de gaspiller notre énergie à essayer de le réformer ou de s’adresser à lui. Cela ne signifie pas la fin de la résistance, mais cela veut dire des formes très différentes de résistance. Cela signifie tourner nos énergies vers la construction de collectivités durables pour affronter la crise à venir, puisque nous serons incapables de survivre et de résister sans un effort de coopération.

Ces communautés, si elles se retirent dans un mode de survie pure, sans se lier aux cercles concentriques de l’ensemble de la communauté, l’État et de la planète, deviendront tout aussi moralement et spirituellement en ruine que les forces corporatives déployées contre nous. Toutes les infrastructures que nous construisons, comme les monastères du Moyen-Âge, devraient chercher à maintenir vivante la tradition intellectuelle et artistique qui rendent une société civile, l’humanisme et le bien commun possible. L’accès à des parcelles de terres agricoles sera primordial. Nous aurons à saisir, comme les moines médiévaux l’ont fait, que nous ne pouvons pas modifier la culture plus large autour de nous, au moins dans le court terme, mais nous pouvons être en mesure de conserver les codes moraux et la culture pour les générations au-delà de la nôtre. La résistance sera réduite à de petits, mais souvent imperceptibles, actes de défiance.

Nous nous tenons à la frontière d’une des plus sombres périodes de l’histoire de l’humanité où les lumières de la civilisation vacillent, chancèlent et nous risquons de descendre pendant des décennies, sinon des siècles, dans la barbarie. Les élites ont réussi à nous convaincre que nous n’avons plus la capacité de comprendre les vérités révélées qui nous sont présentées, ou de se battre contre le chaos causé par les catastrophes économiques et environnementales. Tant que la masse des populations désorientée et effrayée, nourris d’images qui leur permettent d’halluciner perpétuellement, existe dans cet état de barbarie, il lui sera possible de frapper périodiquement avec une fureur aveugle contre la répression accrue de l’État, la pauvreté généralisée et les pénuries alimentaires, mais elle n’aura pas la capacité et la confiance en soi face au défi pour confronter de proche ou de loin les structures de contrôle. Le fantasme de larges révoltes populaires et des mouvements de masse brisant l’hégémonie de l’État corporatif n’est que cela – un fantasme.

Chris Hedges écrit que son analyse se rapproche de l’analyse de nombreux anarchistes. Mais il note une différence cruciale: les anarchistes ne comprennent pas la nature de la violence. Ils saisissent l’étendue de la pourriture qui règne dans nos institutions culturelles et politiques, ils savent qu’ils doivent couper les tentacules de la consommation, mais ils croient naïvement que cela peut être combattu avec des formes de résistance physique et des actes de violence. Il y a des débats au sein du mouvement anarchiste – tels que ceux sur la destruction des biens – mais une fois que vous commencez à utiliser des explosifs plastiques, des innocents sont tués. Et quand la violence anarchique commence à perturber les mécanismes de la gouvernance, l’élite au pouvoir va se servir de ces actes, même mineurs, comme une excuse pour employer une force disproportionnée et impitoyable contre les agitateurs réels ou présumés, ce qui ne fera qu’alimenter la colère des déshérités.

Hedges ne se défini pas comme étant pacifiste. « Je sais qu’il y a des moments, et concède même que celui-ci pourrait éventuellement être l’un d’eux, où les êtres humains sont contraints de répondre à la répression montante avec la violence. J’étais à Sarajevo pendant la guerre en Bosnie. Nous savions précisément ce que les forces serbes feraient de nous s’ils arrivaient à percer les défenses et le système de tranchées autour de la ville assiégée. Nous avons eu des exemples de la vallée de la Drina ou la ville de Vukovar, où environ un tiers des habitants musulmans avaient été tués et le reste stationnés dans des camps de réfugiés ou de relocalisation. Il y a des moments où le seul choix possible est de prendre une arme pour défendre sa famille, le quartier et la ville. Mais ceux qui se sont révélés être les plus aptes à défendre Sarajevo provenaient invariablement de la classe criminelle. Lorsqu’ils n’étaient pas occupés à tirer sur les soldats serbes, ils pillaient les appartements des Serbes à Sarajevo et, souvent, les exécutaient, en plus de terroriser leurs concitoyens musulmans. Lorsque vous ingérez le poison de la violence, même pour une juste cause, elle vous corrompt, déforme et pervertit. La violence est une drogue, elle est même le plus puissant narcotique connue de l’humanité. Les plus accros à la violence sont ceux qui ont accès aux armes et qui possèdent un penchant pour la force. Et ces tueurs remontent à la surface de n’importe quel mouvement armé en les contaminant avec l’enivrant et intoxiquant pouvoir qui vient avec la capacité de détruire. J’ai vu cela guerre après guerre. Quand vous vous engagez dans cette voie, vous finissez par opposer vos monstres contre leurs monstres. Et ceux qui sont sensibles, humains et doux, ceux qui ont une propension à nourrir et protéger la vie, sont marginalisés et souvent tués. La vision romantique de la guerre et la violence est plus fréquente chez les anarchistes et la gauche radicale que dans la culture dominante. Ceux qui s’opposeront avec l’aide de la force à l’État corporatif ne le vaincront pas, pas plus qu’ils arriveront à maintenir les valeurs culturelles qui doivent être soutenues si nous voulons avoir un avenir valant la peine d’être vécu. De mes nombreuses années en tant que correspondant de guerre au El Salvador, Guatemala, à Gaza et en Bosnie, j’ai vu que les mouvements de résistance armée sont toujours des mutations de la violence qui les a engendré. Je ne suis pas assez naïf pour penser que j’aurais pu éviter ces mouvements armés si j’avais été un paysan sans terre au Salvador ou au Guatemala, un Palestinien à Gaza, ou un musulman à Sarajevo, mais cette réaction violente à la répression est et sera toujours tragique. Il doit être évitée, mais pas au détriment de notre propre survie ».

La démocratie, un système idéalement conçu pour défier le statu quo, a été endommagé et dompté pour servir servilement le statu quo. Nous avons subi, comme John Ralston Saul l’a écrit, un coup d’État au ralenti. Et le coup est terminé. Ils ont gagné. Nous avons perdu. La pitoyable incapacité des militants à pousser les États corporatifs industrialisés vers une réforme environnementale sérieuse, à contrecarrer l’aventurisme impérial, ou de construire une politique plus humaine envers les masses du monde, découle d’une pauvre capacité à reconnaître les nouvelles réalités du pouvoir. Le paradigme du pouvoir a changé de façon irrévocable et conséquemment, le paradigme de la résistance doit impérativement se modifier lui aussi.

Il y avait beaucoup de choses dites l’année dernière à propos de la manière dont Barack Obama serait un président « transformationnel » – mais la véritable transformation, s’avère-t-il, exige beaucoup plus que d’élire un leader télégénique. Pour renverser la vapeur dans ce pays, cela va prendre des années de guerre de siège contre les intérêts profondément établis, défendant un système politique profondément disfonctionnel. – Paul Krugman, «Richard Nixon portés disparus », le New York Times, 30 août 2009

Trop de mouvements de résistance continuent à croire en la façade de la politique électorale, les parlements, les constitutions, les chartes des droits, le lobbying et l’apparition d’une économie rationnelle. Les leviers du pouvoir sont devenus tellement contaminés que les besoins et la voix des citoyens sont devenus hors propos. L’élection de Barack Obama était un autre triomphe de la propagande sur la substance, une manipulation habile et une trahison du public par les médias de masse. Nous avons confondu le style et l’ethnicité – une tactique de publicité lancée par United Colors of Benetton et Calvin Klein – pour une politique progressiste et un véritable changement. L’objectif, comme avec toutes les marques de commerce, a été de confondre les consommateurs passifs et faire passer une marque de commerce pour une expérience. Obama, désormais une célébrité mondiale, est une marque de commerce. Il n’avait presque pas d’expérience, mis à part deux ans au Sénat, n’avait aucune base morale et a été vendu comme toutes choses aux populations. La campagne d’Obama a été nommée « marketer » de l’année du Advertising Age pour 2008 et l’a emporté sur les finalistes Apple et Zappos.com. Faites confiances aux professionnels. La marque de commerce « Obama » est le rêve d’un agent de marketing. Le président Obama fait une chose et la marque Obama vous porte à croire une autre. C’est l’essence même de la publicité fructueuse. Vous achetez ou faites ce que les annonceurs veulent pour ce qu’ils peuvent vous faire ressentir.

Nous vivons dans une culture caractérisée par ce que Benjamin DeMott appelle la « junk politics ». Nommons-la « politique déchet ». Elle n’exige pas la justice ou la réparation des droits. Elle incarne toujours des causes plutôt que de les clarifier. Elle évite les véritables débats pour des scandales fabriqués, des potins et des spectacles. Elle trompette l’éternel optimisme, louange sans cesse notre force morale et le caractère, et communique dans un langage « on-ressent-votre-douleur ». Le résultat de la politique déchet est que rien ne change, « ce qui signifie aucune interruption des processus et pratiques qui renforcent les systèmes interconnectés existant favorisant les avantages socio-économiques pour un groupe particulier ».

La croyance culturelle selon laquelle nous pouvons faire se produire des choses que par la pensée, en visualisant, en les souhaitant, en puisant dans notre force intérieure ou par la compréhension que nous sommes vraiment exceptionnels, est de la pensée magique. Nous pouvons toujours faire plus d’argent, atteindre de nouveaux quotas, consommer plus de produits et faire progresser notre carrière si nous avons assez de foi. Cette pensée magique qu’on nous prêche à travers tout le spectre politique, par Oprah, des célébrités du sport, Hollywood, les gourous de l’auto-assistance et les Chrétiens démagogues, est largement responsable de l’effondrement de l’économie et l’environnement, car toute Cassandra qui a vu venir les choses a été rejetée comme étant du « négatif ». Cette croyance qui permet aux hommes et aux femmes de se comporter et agir comme des petits enfants, jette le discrédit sur des préoccupations légitimes et inquiétantes. Elle exacerbe le désespoir et la passivité. Elle favorise un état d’auto-illusion. Le but, la structure et les objectifs de l’État corporatif ne sont jamais sérieusement remis en question. Questionner et s’engager dans un exercice de critique du collectif corporatif, revient à se faire taxer de vouloir faire obstruction et d’être négatif. Cela a perverti la façon dont nous percevons notre nation, le monde naturel et soi-même. Le nouveau paradigme de la puissance, couplé à son idéologie bizarre de progrès indéfini et le bonheur impossible, a transformé des nations entières, y compris les États-Unis, en monstres.

Nous pouvons marcher à Copenhague. Nous pouvons rejoindre la journée mondiale de manifestations climatiques. Nous pouvons composter et accrocher la lessive à sécher. Nous pouvons écrire des lettres à nos élus et voter pour Barack Obama, mais l’élite au pouvoir est imperméable à la charade de la participation démocratique. Le pouvoir est entre les mains des trolls moraux et intellectuels qui participent impitoyablement à la création d’un système néo-féodal et le meurtre de l’écosystème qui soutient l’espèce humaine. Et faire appel à leur bonne nature ou chercher à influencer les leviers internes de pouvoir ne fonctionnera plus.

Nous ne pourrons pas, en particulier aux États-Unis, éviter notre « Götterdämmerung ». Obama, tout comme le premier ministre du Canada, Stephen Harper ainsi que les autres chefs des pays industrialisés, se sont révélés être de tout aussi bons outils de l’État corporatif que l’a été George W. Bush. Notre système démocratique a été transformé en ce que le philosophe politique Sheldon Wolin avait nommé « le totalitarisme inversé». Le totalitarisme inversé, à la différence de totalitarisme classique, ne tourne pas autour d’un démagogue ou d’un chef charismatique. Il trouve son expression dans l’anonymat de l’État corporatif. Il prétend chérir la démocratie, le patriotisme, une presse libre, les systèmes parlementaires et les constitutions, alors qu’il manipule et corrompt les leviers internes pour renverser et contrecarrer les institutions démocratiques. Les candidats politiques sont élus au vote populaire par les citoyens, mais sont régis par des armées de lobbyistes à Washington, Ottawa ou dans les autres capitales du monde. Les médias corporatifs contrôlent à près tout ce que nous lisons, regardons ou écoutons et ils imposent une uniformité insipide de l’opinion. La culture de masse, détenue et diffusée par les sociétés privées, nous divertit avec des questionnaires, des spectacles et des potins sur les célébrités. Dans les régimes totalitaires classiques, tels que le nazisme ou le communisme soviétique, l’économie était subordonnée à la politique. « Sous le totalitarisme inversé, l’inverse est vrai », écrit Wolin. « L’économie domine la vie politique – et avec la domination vient les différentes formes de cruauté ».

Le totalitarisme inversé exerce un pouvoir total sans recourir à la plus grossière des formes de contrôle tels que les goulags, les camps de concentration ou la terrorisation des masses. Il exploite la science et la technologie pour atteindre ses sombres buts. Il impose l’uniformité idéologique en utilisant des systèmes de communication de masse pour inculquer la consommation débauchée comme une pulsion intérieure et il nous fait prendre nos illusions sur nous-mêmes pour la réalité. Il ne réprime pas les dissidents avec force, tant que ces dissidents restent inefficaces. Et en même temps qu’il détourne notre attention, il démantèle la base manufacturière, dévaste les communautés, déclenche des vagues de misère humaine et envoie les emplois vers des pays où les tyrans savent garder les travailleurs en ligne. Il fait tout cela tout en brandissant le drapeau et chantant des slogans patriotiques. « Les États-Unis sont devenus la vitrine de la manière dont la démocratie peut être gérée sans avoir l’air d’être opprimée », écrit Wolin.

George Orwell a souligné que le totalitarisme n’est pas tant l’âge de la foi qu’un âge de la schizophrénie: « une société devient totalitaire lorsque sa structure artificielle devient flagrante ». « Cela survient lorsque la classe dirigeante a perdu sa fonction, mais réussit à s’accrocher au pouvoir par la force ou par la fraude ». Nos élites ont utilisé la fraude. La force est tout ce qu’il leur reste.

Notre élite médiocre et finie tente désespérément de sauver un système qui ne peut être sauvé. Plus important encore, ils essaient de se sauver eux-mêmes. Toutes les tentatives de travailler à l’intérieur de ce système pourri et cette classe de détenteurs du pouvoir se révéleront inutiles. La résistance doit répondre à la nouvelle et dure réalité d’un ordre capitaliste global qui s’accroche au pouvoir par des formes de répression brutale et flagrante toujours grandissantes. Une fois le crédit sèche pour le citoyen moyen, une fois que le chômage massif aura crée une classe marginale permanente et furieuse, que les produits fabriqués bon marchés qui sont devenus les opiacés de base de notre culture disparaîtront, nous allons probablement évoluer vers un système qui ressemble davantage au totalitarisme classique. Des formes plus violentes et grossières de répression devront être employées au fur et à mesure que les mécanismes de contrôle plus souples favorisés par le totalitarisme inversé cesseront de fonctionner.

Si nous construisons des structures auto-suffisantes, celles qui occasionneront le moins de mal possible à l’environnement, nous pourrons surmonter l’effondrement qui s’en vient. Cette tâche sera accomplie grâce à l’existence de petites enclaves physiques qui ont accès à une agriculture durable et qui seront donc capables de se dissocier autant que possible de la culture commerciale. Ces communautés devront construire des murs contre la propagande et la peur électroniques qui seront pompées sur les ondes. Le Canada sera probablement un lieu plus accueillant pour ce faire que les États-Unis, compte tenu du fort courant de la violence qui y règne. Mais dans tous les pays, ceux qui survivront auront besoin de terres dans des zones isolées à bonne distance des zones urbaines qui seront le théâtre de déserts alimentaires dans leurs centres-villes, ainsi que de la violence sauvage qu’entraînent des biens devenant tout d’un coup un coût prohibitif et la répression étatique qui devient plus en plus dure.

Le recours de plus en plus manifeste à la force par les élites pour maintenir le contrôle ne doit pas mettre fin aux actes de résistance. Les actes de résistance sont des actes moraux. Ils prennent vie parce que les gens de conscience comprennent l’impératif moral de remettre en question les systèmes d’abus et le despotisme. Ils devraient être menés non pas parce qu’ils sont efficaces, mais parce qu’elles sont justes. Ceux qui commencent ces actes sont toujours peu nombreux et rejetés par ceux qui cachent leur lâcheté derrière leur cynisme. Mais la résistance, bien que marginale, continue à affirmer la vie dans un monde inondé par la mort. C’est l’acte suprême de la foi, la plus haute forme de spiritualité et qui lui seul rend l’espoir possible. Ceux qui ont commis des actes de résistance ont très souvent sacrifiés leur sécurité et leur confort, ont souvent passé du temps en prison et dans certains cas, ont été tués. Ils ont compris que pour vivre dans le plein sens du mot, exister en tant qu’êtres humains libres et indépendants, même dans la nuit la plus sombre de la répression d’État, cela signifie défier l’injustice.

Nous devons continuer à résister, mais il faut maintenant le faire avec la réalisation inconfortable que des changements significatifs ne vont probablement pas se produire de notre vivant. Cela rend la résistance plus difficile. Cela déplace la résistance du domaine du tangible et de l’immédiat vers l’abstrait et l’indéterminé. Mais renoncer à ces actes de résistance constitue la mort spirituelle et intellectuelle. Cela revient à se rendre à l’idéologie déshumanisante du capitalisme totalitaire. Les actes de résistance maintiennent en vie un autre récit, maintiennent notre intégrité et donne de la volonté aux autres, eux que nous ne pourrons jamais rencontrer, de se lever et porter la flamme que nous leur passons. Aucun acte de résistance est futile, que ce soit de refuser de payer des impôts, de lutter pour une taxe Tobin, travailler à changer le paradigme économique néoclassique, révoquer une charte d’entreprise, tenir des votes globaux sur Internet ou utiliser Twitter pour catalyser une réaction en chaîne de refus contre l’ordre néolibéral. Mais nous devons résister et trouver la foi que la résistance en vaut la chandelle, car nous ne pourrons pas immédiatement modifier la configuration du terrible pouvoir en place. Et dans cette longue, longue guerre, une communauté qui nous soutient émotionnellement et matériellement sera la clé d’une vie de défiance.

Le philosophe Théodore Adorno a écrit que la préoccupation exclusive avec les égocentrismes personnels et l’indifférence à la souffrance des autres au-delà du groupe auquel on s’identifie est ce qui a finalement rendu le totalitarisme et les génocides possibles. L’incapacité de s’identifier aux autres est sans conteste la plus importante composante psychologique qui fait que des atrocités peuvent se produire autour de gens plus ou moins civilisés et innocents.  »

L’indifférence au sort d’autrui et l’élévation suprême de soi est ce que l’État-entreprise cherche à nous inculquer. Il utilise la peur, ainsi que l’hédonisme, pour contrecarrer la compassion humaine. Nous devons continuer à combattre les mécanismes de la culture dominante, même si ce n’est que dans le but de préserver notre humanité commune à travers de petits, voire de minuscules actes. Nous devons résister à la tentation de se replier sur soi-même et d’ignorer la cruauté se trouvant de l’autre côté de notre porte. L’espoir demeure dans ces actes de défiance souvent imperceptibles. Cette défiance, cette capacité de dire non, c’est exactement ce que les psychopathes contrôleurs de nos systèmes de pouvoir cherchent à éradiquer. Tant que nous serons prêts à défier ces forces, nous aurons une chance; si ce n’est pas pour nous-mêmes, du moins, ce sera pour ceux qui suivent. Tant que nous défierons ces forces nous demeurerons en vie.

Et pour l’instant, c’est la seule victoire possible.

20 Commentaires

Classé dans Actualité, François Marginean

Inauguration royale de Barack Obama et de son gouvernement de continuité

« Les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui ne peuvent pas être résolus par les esprits qui les ont créés » – Albert Einstein

Avant de débuter, il sera bon de pointer aux lecteurs ces deux précédents textes concernant Barack Obama, le nouveau président des États-Unis: Obama: le vrai changement? et Obama constitutionnellement inadmissible à la présidence américaine. Ce billet sera nécessairement le complément de ce qui a déjà été écrit dans ces deux précédents textes.

Dans toute la cohue et l’hystérie que l’assermentation du 44e président des États-Unis provoque, il est difficile de trouver un semblant de rationalité. On a l’impression d’assister à la venue d’un sauveur planétaire, un nouveau Messie, ou un Superman des temps modernes. On nous présente dans les grands médias des gens qui pleurent, qui vendent toutes sortes de trucs à l’effigie d’Obama à des prix exorbitant, on a quasiment l’impression que la Terre va arrêter de tourner et se fendre en deux. Il semble que les gens sont en transe euphorique, sous une forme d’hypnose avancée de la population. On oublie que l’homme est humain et qu’il est à la tête d’un système qu’il ne contrôle pas, mais qui en fait lui dicte ce qu’il peut et ne peut pas faire. Il est la 44e marionnette des États-Unis. Voilà tout. Du changement? Que de visage.

La chance que Barack Obama avait de vraiment pouvoir apporter du changement auquel on peut croire a été royalement manquée. Ou cela était-il réellement de la chance manquée? Pas besoin de se demander bien longtemps quel genre de gouvernement les Américains auront les prochaines années et qui seront les véritables preneurs de décisions. Il s’agit seulement de regarder et inspecter moindrement qui Obama a choisi pour faire partie de son cabinet. Dans le texte Obama: le vrai changement?, j’avais commencé à exposer certains individus douteux choisis par le nouveau président. Maintenant, nous allons poursuivre cette analyse.

Jetons un coup d’oeil sur l’équipe du changement de Barack Obama

Hillary Clinton: Surnommé la Déesse de la guerre, elle a voté pour la guerre en Irak et en Afghanistan, le Patriot Act I & II (qui ont fauché aux Américains beaucoup de leurs droits et libertés), le Homeland Security et pour le plan de sauvetage de 700$ milliards qui est allé aux banquiers privés de Wall Street ayant causé la crise financière. Son idéologie néo-conservatrice va-t-en-guerre lui a assuré que la majorité de ses contributions électorales provient du complexe militaro-industriel. Clinton est favorable à une augmentation du budget militaire. Elle endosse une guerre future contre l’Iran les menaçant même d’oblitération, elle a approuvé l’attaque du Liban en 2006 par Israël et la construction du mur de la honte qui entoure la Palestine qu’elle considère terroriste. Hillary Clinton a un passé douteux parsemé de scandales non résolus incluant le « Chinagate » et le « Filegate » qui n’ont pas été considérés et étudiés par le Foreign Relations Committee qui se doit d’enquêter sur les candidats avant d’être officiellement nommés pour leurs postes.

Larry Klayman, le fondateur de Judicial Watch a déposé une plainte formelle auprès du U.S. Senate Ethics Committee à ce sujet. Selon l’Article Un, Section Six de la Constitution américaine, il est interdit de prendre un poste si le salaire a été augmenté durant votre terme courant au Congrès US. Le salaire des officiels du cabinet a augmenté l’année passée et selon les spécialistes constitutionnels Hillary ne peut pas prendre le poste sans enfreindre la Constitution.

Robert Gates: Il a déclaré au Washington Post que la Doctrine Bush de guerres préventives devrait inclure des frappes préventives dans n’importe quel pays du monde en plus de croire que des frappes préventives nucléaires devraient faire partie des options dont les États-Unis disposent. Comme directeur de la CIA sous Bush père, M. Gates était proche des gens qui ont joué un rôle dans l’affaire du scandale Iran-Contra des années ’80. Il a aussi participé à l’armement de Saddam Hussein dans les années ’80 durant la guerre Iran-Irak. Ce Républicain a servi sous George Bush junior en tant que secrétaire à la Défense et demeurera en poste sous Obama, décision acclamée par l’establishment militaire. Il ne veut pas quitter l’Irak et est fortement pour l’augmentation des troupes en Afghanistan, chose qu’Obama fera en envoyant 30 000 soldats de plus dans ce pays militairement occupé depuis 2001. Entre-temps, l ‘Afghanistan est devenu le producteur numéro un d’opium dans le monde avec une production mondiale de plus de 93%, chose que les Talibans installés au pouvoir avec l’approbation américaine avaient réussit à réduire de 95% avant l’automne 2001. Robert Gates veut aussi rebâtir à neuf l’arsenal nucléaire des États-Unis.

Leon Panetta, ancien secrétaire général de la Maison-Blanche à l’époque du président Bill Clinton, a été désigné directeur de la CIA, l’agence américaine du renseignement. Panetta a affirmé à de maintes reprises considérer la torture par l’eau (waterboarding) comme étant une forme de torture et il a déclaré être absolument contre toute forme de torture. Bonne nouvelle à digérer. Obama a manifesté vouloir fermer la prison de Guantanamo. Il a aussi lancé avec une certaine réticence des signaux laissant présager qu’il pourrait bien tenir responsables ceux qui ont été impliqués dans l’autorisation de la pratique de la torture. Mais encore là, entre ce qui est dit et ce qui sera fait, nous verrons bien. En attendant, on pourrait se demander ce que signifiera la fermeture de Guantanamo si les prisonniers sans statu légal sont simplement transférés vers d’autres centres de détention secrets.

Barack Obama avait montré de l’intérêt envers John Brennan pour le poste de directeur de la CIA, mais celui-ci a préféré retirer son nom craignant que sa nomination soit une distraction due à ses associations précédentes avec les rudes techniques d’interrogation, un autre nom pour la torture.

Robert E. Rubin: Ancien secrétaire à la Défense, membre de l’équipe de transition de Barack, il est un des architecte de la grande débâcle économique en poussant la dérèglementation du secteur bancaire et en opérant une chaine financière pyramidale de Ponzi de l’ordre 122$ milliards alors qu’il était un des directeur senior à la Citigroup, poste dont il a été chassé récemment. Il a aussi participé à trafiquer les livres comptables d’Enron. Obama ne pouvait choisir pires esprits pour régler les problèmes financiers puisque que Rubin et ses disciples sont ceux qui en sont les responsables! Les conseillers économiques Timothy F. Geithner, Lawrence H. Summers et Peter R. Orszag sont tous d’anciens protégés de M. Rubin qui a servi sous Bill Clinton.

Larry Summers: Nommé chef du National Economic Council. Il a forcé la dérèglementation des marchés financiers dans les années ’90 et a été un important facteur en faveur du Commodity Futures Modernization Act of 2000 qui a eu pour effet de rendre permanent la dérèglementation de la bulle financière des produits dérivatifs. Plusieurs économistes ont averti du potentiel danger, mais la loi fut passée et beaucoup ont blâmé Summers pour avoir eu une responsabilité dans la crise financière présente. Comme économiste en chef de la Banque Mondiale, il a écrit un mémo disant que la Banque devrait encourager activement de larguer des déchets toxiques dans des pays en développement, particulièrement « dans ces pays d’Afrique sous-pollué », parce que les pauvres gens vivant dans ces pays en voie de développement vivent rarement assez longtemps pour développer un cancer. (Source)

Tim Geithner: Secrétaire du Trésor – Responsable de plusieurs « pouvoirs de guerre » donné à Ben Bernanke et les gouverneurs de la Fed pour « régler » la crise financière en donnant des milliards de dollars des payeurs de taxe américains à AIG et autres copains de Wall Street. (Source)

Avec plus de 8 500$ milliards maintenant promis aux financiers et banquiers, les banques en redemandent plus et Obama promet de lancer encore plus d’argent aux mêmes joueurs, annonçant un déficit budgétaire possible en 2009 de plus de 1000$ milliards en ignorant complètement que le problème de la crise actuelle n’est pas en terme de liquidité, mais bien un problème de remboursement, de solvabilité. Nous allons assister très bientôt à une hyperinflation causée par la massive création d’argent-crédit qui a doublé la masse monétaire plusieurs fois ces dernières années.

Bill Richardson et Mary L. Schapiro ont dû retirer leurs candidatures désirées par Obama pour être au prise avec le système de justice pour différentes fraudes, un embarras supplémentaire pour l’équipe du changement. (Lire: Obama choisit ceux qui ont échoué)

Madeline Albright: Conseillère à la sécurité nationale et ancienne secrétaire d’État sous Bill Clinton, elle va maintenant mener un groupe d’action pour conseiller sur le renforcement du leadership en réponse à des génocides. Ceci est très bizarre considérant son rôle en Irak durant les années ’90 qui a été décrit par Denis Halliday de l’ONU comme étant un génocide. Lorsque interrogée par Stahl de l’émission 60 minutes en regards des sanctions contre l’Irak qui lui demanda: « Nous avons entendu dire qu’un demi-million d’enfants sont décédés. Je veux dire, c’est plus d’enfants qui sont morts à Hiroshima. Est-ce que le prix en valait la peine? » Mme Albright a répondu: « Je pense que ceci est un choix très difficile, mais le prix – nous pensons que cela en valait la peine ».

Janet Napolitano: Nommé à la tête du département de la Sécurité intérieure des États-Unis (Homeland Security). Elle est connu pour sa participation dans le cas de Anita Hill case during the Clinton Administration et dans l’enquête sur Michael Fortier de Kingman, Arizona, en connexion avec les attaques à Oklahoma City. Elle a été US Attorney. Elle a été accusée de pousser un témoin à se parjurer. On peut s’attendre à peu de transparence venant d’elle comme secrétaire de département de la Sécurité.

Nancy Pelosi: Elle conserve son poste de président de la Chambre des représentants. Elle est notoire pour son refus de laisser se poursuivre plusieurs tentatives de procédures de destitution de George Bush et Richard Cheney. Elle est aussi contre l’arrêt de la guerre en Irak et du massacre des Palestiniens par l’État sioniste israélien.

Eric Holder: Attorney Général. Un ancien général des Marines, hautement décoré qui a aussi servi sous Clinton. Il est un pur et dur de la loi. Étant un conseiller légal senior Démocrate sous Bush, il a participé à la mise en place de nombreuses législations répressives de type état policier. En 1998, il a aussi publié un mémo appuyant l’intervention policière gouvernementale dans les droits à la liberté d’expression sur Internet. Il croit que les « terroristes » n’ont pas de droits sous les Conventions de Genève, il a participé à la prolongation du Patriot Act en 2005, il appuie de lourdes sanctions en prisons de quelques mois à plusieurs années pour simple possession de marijuana, ce qui va à l’encontre de la position d’Obama qui pensait peut-être à la décriminaliser vu l’échec total de cette politique farfelue. (Source)

Barack Obama a aussi donné le pouvoir à Eric Holder d’aller contre le 2e amendement de la Constitution des États-Unis de bannir toutes les armes à feu qu’il voudra, à l’encontre du jugement rendu en 2008 par la Cour Suprême des États-Unis garantissant le droit de port d’armes à feu aux Américains. (Je reviendrai dans un billet ultérieur à ce sujet en particulier.)

De garder le directeur actuel Robert Mueller envoie un signal encore plus fort. Il a mis l’épaule à l’application des pires politiques de la « guerre contre le terrorisme », incluant des poursuites-chasses aux sorcières au lendemain du 9/11, l’espionnage illégal des citoyens américains et le profilage de la dissidence politique.

L’importance des militaires dans le gouvernement Obama

Le président a demandé au général des Forces de l’air retraité Scott Gration pour diriger la NASA. Barack Obama va éliminer la séparation entre le programme spatial civil et militaire pour accélérer la mission de retourner sur la Lune dans le prospect d’une nouvelle course à la Lune avec la Chine. Le Pentagone aura dès lors, plus d’influence sur les programmes spatiaux et sur la technologie qui en découlera qui sera classifiée secret militaire au lieu de stimuler l’économie en les développant pour des applications pour la population.

Obama qui a basé sa campagne sur la diminution des influences des différents lobbys à Washington, a choisi un expert de la défense qui est présentement le vice-président et lobbyiste d’un des plus grands manufacturier d’armement pour devenir son secrétaire adjoint à la Défense. Il s’agit de William Lynn, de la compagnie Raytheon. D’autres lobbyistes du secteur de l’ingénierie génétique dont sont issus les organismes génétiquement modifiés ont trouvé une place au sein de l’appareil Obamien.

La présence d’autant de militaires menace l’institution civile démocratique du gouvernement. L’ancien président Dwight D. Eisenhower avait averti de prendre garde contre l’influence recherchée ou non du secteur militaro-industriel sur le gouvernement et ses politiques.

Obama, Israël et la guerre contre le terrorisme

Terminons avec Barack Obama lui-même. Ne vous attendez pas à ce qu’il mette fin à la fausse guerre contre le terrorisme. Il a déclaré qu’il désirait augmenter le nombre de troupes en Afghanistan et qu’il est déterminé à écraser l’Al Qaïda et de tuer Bin Laden. Perpétuation d’un grand mensonge puisque l’Al Qaïda est une création de la CIA, le nom signifiant une base de donnée dans les ordinateurs de la CIA et Tim Osman, plus connu sous le nom de l’infâme Bin Laden, a été sur la liste de paye de la CIA depuis la fin des années ’70. Tim est maintenant mort, mais Obama l’a désigné ennemi numéro un du pays et veut le tuer de nouveau .

Donc, bien ancré dans la même culture de la peur et du militarisme, Barack Obama ne va probablement pas faire grand chose pour juger les responsables de la torture, des crimes de guerre commis par la CIA et les entrepreneurs militaires privés tels que les Blackwater et Halliburton. Une liste a fait surface énumérant des lieux potentiels pour transférer les prisonniers de Guantanamo qui sera fort probablement fermée craignant la pression de l’opinion publique. Cela revient à dire que la pratique répandue de la torture dans les prisons américaines ne s’arrêtera pas, mais sera simplement déplacée vers des lieux où nos yeux n’auront pas accès. Bush a déclaré que la torture est toujours nécessaire et Dick Cheney a averti Obama de risque à la sécurité s’il bannissait la torture à l’eau (waterboarding). Pourtant, ce n’est pas le matériel nécessaire qui manque pour trainer en cour les responsables de la torture.

Conclusion

Ce n’est pas un gouvernement de changement que Barack Obama nous propose, c’est un gouvernement de continuité des anciens gouvernements sous Bill Clinton et des Bush. C’est une continuité de l’establishment, de l’ordre établi et du pouvoir en place à Washington. Les supporteurs d’Obama déçus des nominations et promesses de campagnes électorales déjà trahies se sont fait dire par ce dernier que ce ne sont pas les gens qu’il a choisi qui constituent le changement, mais bien lui-même, en déclarant: « je suis le changement« . Alors, qu’est-ce que ce changement signifie si ce n’est pas Obama qui possède le vrai pouvoir à Washington et qui prend les vraies décisions? Tout cela prend des airs d’une nouvelle campagne de relation publique sous un nouveau visage, mais avec le même agenda des intérêts spéciaux de l’establishment, de l’élite en place.

28 Commentaires

Classé dans Actualité, François Marginean

Le taser, arme de torture

« Les Tasers ne sont pas un remplacement aux armes à feu, ils sont un remplacement à la discussion, la négociation » a déclaré plus tôt cette année l’auteur Naomi Klein lors d’un débat à l’Université de Toronto suite à la demande par le chef de la police de Toronto, Bill Blair, d’armer 3000 officiers avec des Tasers.

« Si cela se produisait dans une cellule, on nommerait cela de la torture et si cela se produisait dans la rue, nous ne devrions pas avoir peur de la nommer torture aussi » déclarait l’auteur du nouveau livre The Shock Doctrine: The Rise of Disaster Capitalism.

C’est qu’il se trouve qu’une vingtaine de personnes au Canada et plus de 290 aux États-Unis ont perdu la vie suite à l’électrocution par Taser, selon Andy Buxton de Amnesty International de Toronto. Mais Taser International, le fabriquant de ces armes qui déchargent 50 000 volts d’électricité dans le corps et paralyse le système nerveux de la victime pendant plusieurs secondes, déclare que les pistolets Taser sont sécuritaires.

Il faut comprendre que durant les essais cliniques, les personnes électrocutées sont calmes et en santé. Sur ces 310 personnes en Amérique du nord qui sont décédées des suites d’une ou plusieurs décharges électriques du Taser, plusieurs étaient intoxiquées soit à l’alcool ou étaient sous l’effet de drogues diverses. La majorité ont été impliquées dans une altercation avec la police, ont été manipulées avec force et plusieurs étaient restreints physiquement d’une façon ou d’une autre.

Le Taser laisse moins de traces qu’une matraque, crée des souffrances aigües et est susceptible d’être utilisé par les forces de l’ordre pour intimider, humilier ou faire parler des suspects, détenus, prisonniers ou simples citoyens. Dans ce contexte, ce pistolet s’apparente à une arme de torture au sens de la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (RS 0.105) de 1984 et d’ailleurs, un comité des Nations Unies a déclaré que le Taser cause une douleur aigüe et constitue une forme de torture.

Suite à la mort tragique de l’immigrant polonais Robert Dziekanski à l’aéroport de Vancouver l’année dernière, plusieurs docteurs ont témoigné dans l’enquête sur cette affaire que le Taser pouvait causer des problèmes cardiaques ou un soudain arrêt cardiaque. Un cardiologue et un chirurgien cardiaque ont déclaré que les électrochocs peuvent causer des fibrillations ventriculaires. Ces deux docteurs ont ajouté que des personnes ayant des troubles cardiaques ou qui sont stressées, en plus d’être dans un état général d’agitation, courent plus de risques de mort soudaine lorsqu’électrocutées par le Taser.

Selon Joe Spindor qui entraine les officiers du Département de la Police de New Westminster à l’utilisation des pistolets Taser, il n’y a jamais eu d’information disponibles de la part de Taser International quant aux risques médicaux tels que les potentiels arrêts cardiaques.

Une autre étude réalisée en 2006 par une équipe de docteurs et de scientifiques à Chicago vient mettre en doute la dite « sécurité » des pistolets à électrochocs de Taser International. En juin dernier, nous apprenions suite à une enquête commune de CBC/Radio-Canada et de Canadian Press qu’environ une personne sur trois électrocutées par la GRC requiert une attention médicale suite à des blessures causées par le Taser; des blessures telles que brûlures, peau percée et blessures à la tête après être tombé la tête la première au sol, paralysé par les 50 000 volts injectés dans le corps. On a même vu un cas où un homme a pris feu après avoir été électrocuté et que du matériel inflammable qu’il portait se soit allumé.

Une autre raison qui devrait nous faire réfléchir et demander un mémorandum sur l’utilisation des Tasers par la police est le fait qu’ils sont de plus en plus utilisé sur des enfants aussi jeunes que 6 ans, femmes enceintes, ou autres personnes ne présentant aucun risque pour les policiers. (Voir autres sources 1, 2, 3, 4)

Il semble que Taser International n’hésite pas employer des techniques douteuses pour faire taire ses opposants, tel qu’espionnage et argent versé à certains fonctionnaires et chefs de police. Une des tête dirigeante de la compagnie vient d’être arrêté en France pour avoir espionné Olivier Besancenot, un ancien candidat présidentiel qui a ouvertement questionné la sécurité des pistolets à électrochocs. Dans une autre nouvelle, on apprenait comment un conseiller de Harper et Stockwell Day, Ken Boessenkool, est subitement devenu un lobbyiste à Ottawa pour Taser International, suite au scandale de la mort de Robert Dziekanski.

Ceci couplé à la militarisation matérielle et psychologique de la police (état policier), ceci n’est vraiment pas de bon augure. Il faut aussi considérer le fait que c’est une évolution de la poussée technologique adaptée aux desseins des maniaques du pouvoir et du contrôle.

N’y a t-il pas lieu de s’inquiéter sérieusement de l’introduction de ces nouvelles armes technologiques dans notre société, mise entre les mains de gens qui ne semble plus avoir de sens moral et éthique, vu la façon dont elles sont utilisées par la police?  Celle-ci semble devenir un outil de contrôle social tourné contre la population qui la finance et qui est censé recevoir sa « protection » ; une mentalité policière militarisée de plus en plus évidente dans la vie quotidienne, qui ne prône plus l’idée de protéger le public et d’être un agent de la paix au service de la population, mais plutôt de maîtriser rapidement l’ennemi par tous les moyens nécessaires. En effet, plus besoin de discuter: ils ont maintenant une thérapie choc pour les citoyens…

7 Commentaires

Classé dans Actualité, François Marginean