Archives mensuelles : décembre 2008

La « rue arabe » assiste avec une rage impuissante à un carnage de grande ampleur.

Hier, mon collègue François a traité en profondeur du conflit de Gaza. Permettez-moi d’aborder un angle différent de ce conflit. Le point de vue arabe. Le mercredi 30, Djamel Bouatta écrit dans la Liberté (Algérie)  : « Le monde arabe pourtant lié par la langue, la culture et la religion est toujours victime de ses propres jeux et calculs politiciens, de son incapacité à exorciser ses pesanteurs et des refus de ses dirigeants de s’ouvrir sur leurs sociétés lesquelles, aujourd’hui, exigent la dignité, la considération et la démocratie. Israël, bien entendu, se réjouit du discrédit de ses voisins, de la paralysie de la Ligue arabe et s’emploie maintenant à donner le coup de grâce à un Hamas certes islamiste mais qui reste le seul à résister avec des Katioucha bricolés par des ferrailleurs et qui, de toute évidence, ne fait pas le poids face au rouleau compresseur israélien. Israël prend même son temps, largement. Les pays arabes aussi, qui ne se réuniront que dans trois jours, lorsque seront bouclées les fêtes de fin d’année musulmane et chrétienne ! Pour l’histoire, les régimes auront laissé Israël achever son sale boulot, réaliser sa solution finale. Quoi d’étonnant que, du Caire à Beyrouth en passant par Bagdad et la Cisjordanie, les manifestations de rue dénoncent la « lâcheté arabe » et donnent du crédit aux islamistes. Du pain béni pour ces derniers qui exploitent avec brio la fermeture du champ politique et médiatique et la liberté d’expression sur fond de répression et de violations de toutes sortes qui caractérisent le monde arabe d’aujourd’hui ».

Si la diplomatie s’active, elle n’est pas arabe, pour l’heure. Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne en appellent à Paris à un « cessez-le-feu permanent » à Gaza. Pour Le Quartette pour le Proche-Orient, il doit également en aller ainsi  : « un cessez-le-feu « immédiat ». Le 28 décembre, Gulf News constatait que  : « Tandis que Gaza brûle, les responsables sont au téléphone pour tenter d’obtenir une réunion d’urgence des pays arabes. Le plus tôt possible, nous dit-on, sera vendredi. D’ici là, il y aura moins de Gazaouis dans la bande de Gaza. Et la campagne sanglante d’Israël aura baissé en intensité. Cela convient à l’évidence aux responsables arabes. La pression exercée par l’opinion publique arabe pour prendre de difficiles mesures aura baissé. Ils pourront ensuite blâmer le Hamas pour le carnage ».

Sur El-annabi, Amine B., La voix de L’Oranie, s’interroge à juste titre  : « On parle d’un sommet extraordinaire de la Ligue arabe, ce vendredi à Doha, dont la tenue n’a pas été confirmée. […] Les pays qui y seront présents (9 sur 22 seulement ont donné leur accord jusque-là), devront plancher sur deux points principaux qui seront à l’ordre du jour. Le premier a trait à l’arrêt des attaques israéliennes, le second à la relance rapide d’une seconde trêve entre le Hamas et Israël. Ces deux points sont difficiles à atteindre, non pas à cause de la supériorité militaire prétendue d’Israël dans la région (qui n’est en vérité que celle des États-Unis), mais parce que Tel-Aviv lie les deux points, à savoir que les attaques continueront tant que le Hamas ne sera pas bouté au large de Gaza, pour reprendre les propos des responsables israéliens coupables de la boucherie toujours en cours ».

Gilbert Achcar enseigne à l’Université de Paris-VIII et à l’Université américaine de Berlin. Selon ce dernier, dans un article qu’il a fait paraitre sur Mediapart, l’assaut meurtrier qu’Israël a perpétré contre Gaza était tellement prémédité qu’il était annoncé à l’avance, samedi matin, dans plusieurs quotidiens arabes. […] Walid Awad, le correspondant du quotidien, rapportait avoir appris « de source diplomatique arabe digne de confiance que le général Omar Suleiman, chef des renseignements égyptiens, a informé certaines capitales arabes qu’Israël allait lancer une offensive limitée contre la bande de Gaza pour exercer une pression sur le mouvement Hamas afin de l’obliger à accepter une trêve sans conditions préalables. Ces sources ont ajouté que le général Suleiman a insisté auprès de la ministre israélienne des affaires étrangères, Tzipi Livni, sur la nécessité d’éviter de faire des victimes parmi les civils durant l’opération militaire afin que des photos d’innocents ne soient pas utilisées pour exciter la rue arabe. […] La collusion avec Israël des « Arabes de l’Amérique », comme les appelle « la rue arabe », c’est-à-dire les monarchies pétrolières du Golfe, la monarchie jordanienne et l’Égypte, est ainsi exposée au grand jour ».

Lors de sa rencontre avec la ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, avant l’intervention massive d’Israël à Gaza, le président égyptien, Hosni Moubarak, avait incité les belligérants à la modération. Il disait vouloir éviter toute escalade militaire. Tzipi Livni n’a pas manqué de rappeler l’importance, pour Israël, des relations avec l’Égypte.

L’Égypte se situe entre le marteau et l’enclume  : elle demande d’une part une retenue d’Israël et, d’autre part, une cessation des tirs de roquettes, par le Hamas, sur le territoire israélien. Mme Livni a déclaré avoir discuté avec le président Moubarak « ouvertement et franchement » sur l’état de la situation à Gaza. Comme il fallait s’y attendre, Madame Livni a attribué la détérioration de la situation au Hamas. Les attaques quotidiennes contre Israël constituent, aux yeux de la ministre israélienne des Affaires étrangères, un obstacle vers l’établissement d’un État palestinien indépendant. Et la ministre a, par la même occasion, demandé aux ambassadeurs d’Israël à travers le monde de faire des efforts afin d’obtenir du soutien à l’opération anticipée dans la bande de Gaza.

De cette rencontre stratégique, avant les événements du samedi 27 décembre, il semble que seule la voix israélienne a dominé l’actualité. Est-ce par un effet de sa bienveillante neutralité, toujours est-il que peu de protestations se sont élevées au Caire pour dénoncer de la plus verte façon cette intervention massive à Gaza.

L’intervention est plutôt venue d’Abdallah II, de Jordanie. Dès samedi, il a appelé la communauté internationale à réagir. Il a déclaré que la violence ne fera qu’aggraver le conflit et ne ramènera pas la sécurité à Israël. Le roi a demandé au gouvernement jordanien de prendre toutes les mesures pour soutenir les Palestiniens de Gaza. Le roi entend également fournir l’assistance humanitaire et médicale pour aider Gaza à surmonter les difficultés causées par « l’agression et le siège d’Israël » (sic).

La démarche du Roi de Jordanie ne s’est pas arrêtée là. Il a multiplié les contacts diplomatiques avec des dirigeants arabes et des leaders politiques mondiaux. Il s’est entretenu avec Hosni Moubarak et le président palestinien, Mahmoud Abbas. Ce dernier, qui a rencontré dimanche Hosni Moubarak au Caire, vient d’appeler dimanche le Hamas à conclure une nouvelle trêve avec Israël. Les ministres arabes des Affaires étrangères, qui se réuniront mercredi toujours au Caire, lanceront un message similaire au Hamas  : il faut conclure une nouvelle trêve.

Une nouvelle fois, le Roi Abdallah franchit un pas que ne semblent pas franchir les diplomates égyptiens et arabes, dans leur ensemble. Il demande clairement à la communauté internationale d’assumer ses responsabilités légales et morales vis-à-vis du peuple palestinien en exigeant d’Israël de cesser ses agressions contre la bande de Gaza.

L’une des conséquences de cette intervention d’Israël à Gaza est la réaction de la rue arabe à l’égard d’Hosni Moubarak. L’ambassade d’Égypte à Beyrouth était dimanche la cible de pierres lancées par des centaines de manifestants. Les slogans sont nettement hostiles au président Moubarak en Égypte. La foule lui reproche d’être complice du blocus israélien. L’accusation est de taille  : « Moubarak et Livni se sont mis d’accord sur le génocide du peuple palestinien », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par la foule. 2.000 Égyptiens ont manifesté et accusé de « complicité » le président égyptien Hosni Moubarak. Ces voix de la rue arabe n’ont, selon toute vraisemblance, pas entendu le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hossam Zaki qui a déclaré à l’AFP avoir convoqué l’ambassadeur israélien pour lui signifier que l’Égypte refusait cette agression. Et ces mêmes voix de la rue n’ont pas entendu la condamnation de leur pays. En effet, si l’Égypte a bien condamné les agressions militaires israéliennes sur la bande de Gaza et fait porter la responsabilité à Israël, en tant que force d’occupation, des morts et des blessés, il semble que ce message ait peu porté.

La question se pose  : Hosni Moubarak a-t-il été ou non informé par Tzipi Livni sur la nature même de l’intervention d’Israël à Gaza et a-t-il conclu une entente de non-intervention publique  ? Selon le Hamas lui-même, les raids israéliens sont « un complot orchestré » avec l’Égypte. C’est tout de même depuis le Caire que la ministre des Affaires étrangères a rendu public son intention de ne plus laisser la situation se dégrader sur le territoire israélien. « Le fait que le Hamas continue de tirer sur les Israéliens et les communautés israéliennes est inacceptable », avait-elle déclaré. Mme Livni avait promis des représailles contre le Hamas. L’opération a-t-elle été menée que pour renverser le Hamas, avec un silence complice de l’Égypte  ? Des voix s’élèvent pour confirmer ce doute.

Samedi, Israël a procédé à une attaque massive contre des installations du Hamas dans la bande de Gaza. Tel-Aviv vient de sortir l’artillerie et bombarde Gaza. Opération « plomb durci » ! Soixantaine appareils israéliens ont bombardé une cinquantaine de sites du mouvement islamiste. Bilan encore provisoire  : 228 morts et plus de 700 blessé. C’est le plus lourd depuis 60 ans. Pour Tzipi Livni, ces raids menés contre le Hamas sont justifiés  : « Il n’y a pas d’autre option qu’une opération militaire ». Pour passer en revue les préparatifs de cette attaque massive, il vous faudra lire Haaretz qui relate les faits saillants qui ont marqué, du point de vue interne, l’intervention israélienne à Gaza.

Intrinsèquement, ce que craint foncièrement l’Égypte, n’est-ce pas un regain de violence qui ne pousse la population de Gaza à forcer sa frontière, comme en janvier 2008  ? Elle a déployé près de 500 policiers des forces antiémeutes tout au long de la frontière avec la bande de Gaza après les raids israéliens. Hosni Moubarak a donné des instructions pour ouvrir le terminal afin d’accueillir les blessés palestiniens. De son côté, Hassan Nasrallah a, selon l’AFP, appelé dimanche le peuple égyptien à descendre « par millions » dans la rue pour forcer l’ouverture du terminal de Rafah, frontalier de la bande de Gaza. Qui parle au nom de qui  ?

Selon Le Monde diplomatique, « l’accord comprenait, outre le cessez-le-feu, la levée du blocus de Gaza et un engagement de l’Égypte d’ouvrir le passage de Rafah. Or, non seulement Israël a violé l’accord de cessez-le-feu en lançant une attaque qui a tué plusieurs personnes le 4 novembre, mais les points de passage n’ont été rouverts que très partiellement, et le blocus s’est même renforcé ces dernières semaines ».
Kadhafi n’a pas raté l’occasion pour fustiger ses homologues. Il a qualifié de « lâche et défaitiste » l’attitude des pays de la région face à l’offensive israélienne. Il refusera même, comme l’indique le quotidien Le Monde, de participer à un « sommet qui fait jouer un disque rayé depuis longtemps ». Selon le porte-parole de la Maison Blanche, le roi Abdullah d’Arabie Saoudite s’est entretenu, samedi, par téléphone, avec Georges W. Bush  : « Superpowers should take responsibility to stop these attacks. The attack was a continuation of Israeli policies of occupation and mistreatment of Palestinians. Major countries should shoulder their responsibilities to stop this Israeli attack and save the lives of the innocent and remaining infrastructure in the Palestinian territories », a déclaré le Roi.

Le Quotidien d’Oran est sanglant  : « Le bilan des attaques aériennes barbares de l’armée israélienne contre la population de Ghaza s’aggrave d’heure en heure. Dans le monde arabe, les officiels, soucieux de ne pas déplaire aux Américains, se livrent à des atermoiements alors que les opinions publiques expriment, là où elles le peuvent, une rage impuissante. […]Si les États arabes étaient des démocraties, la plupart des gouvernements seraient tombés. Ces jours de carnage démontrent, de manière saisissante et sanglante, que le centre occidental a besoin que les régimes autoritaires arabo-islamiques perdurent. Il ne faut donc pas se surprendre à lire dans la presse occidentale que les tirs de roquettes de la résistance palestinienne sont des «crimes de guerre» et que les bombardements aériens israéliens ne sont que de la légitime défense. Le discours des propagandistes israéliens consiste à imputer les pertes civiles palestiniennes au Hamas. Certains, y compris dans la cour du fantomatique président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, relaient ce discours de justification ».

L’Égypte a-t-elle toujours une autorité morale pour chercher à établir une trêve entre les belligérants  ? Il y a d’abord l’axe le Hamas et le Fatah. Il y a ensuite l’axe le Hamas et Israël. Puis, l’axe la Palestine et Israël. Beaucoup de divisions et très peu de points communs. Comment Mahmoud Abbas, qui campe résolument sur ses positions, peut-il changer la situation à Gaza en imposant des conditions qu’il sait inacceptables au Hamas  ? Comment le Hamas peut-il se déclarer ouvert à un dialogue avec le Fatah lorsqu’il persiste à ne pas reconnaître la légitimité de l’État d’Israël  ? L’Égypte, qui entretient des relations diplomatiques avec Israël et qui est parvenue à conclure une première trêve entre le Hamas et Israël, aura-t-elle l’autorité nécessaire, cette fois, pour amener les belligérants à conclure un nouvel accord  ?

La mise au ban du Hamas est-elle une voie vers la réconciliation des frères ennemis  ? Et que dire des accointances entre l’Égypte et les États-Unis qui ont, dans un premier temps, dénoncé, prudemment l’intervention israélienne  : « Les États-Unis tiennent le Hamas pour responsable de la violation du cessez-le-feu et du regain de violences à Gaza », a déclaré Condoleezza Rice. Ce qu’elle n’a pas osé dire franchement est venu de Gordon Johndroe, porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche, qui a dénoncé plus bruyamment  : « Ces gens (le Hamas) ne sont rien d’autre que des voyous et Israël défend son peuple contre les terroristes comme le Hamas » (completely unacceptable. These people are nothing but thugs – New York Times). Pour Gordon Johndroe  : « Le Hamas doit mettre fin à ses activités terroristes s’il veut jouer un rôle dans l’avenir du peuple palestinien ».

Stigmatiser et isoler le Hamas sont-elles les voies de l’avenir  ? Une banderole, entre les mains d’un manifestant, indiquait  : « Derrière les bombardements, il y a le silence des Arabes ». Aux manifestants qui ont tenté de s’approcher de l’ambassade d’Égypte, à Beyrouth, pour demander à l’Égypte d’ouvrir ses frontières, la police leur a servi des gaz lacrymogènes. Beyrouth n’est pas Londres ou Paris.

Les pays arabes sont capables d’ententes qui leur sont propres. Au Conseil de coopération du Golfe (CCG), l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Oman, le Qatar, le Bahreïn et le Koweït signeront un pacte monétaire. Sera-t-il question de Gaza  ? Un responsable du ministère omanais de l’Économie a, selon l’Express, répondu qu’il « ne pense pas que l’ordre du jour sera bouleversé ».

Comme l’indique le Quotidien d’Oran (déjà cité) : « Le fossé entre les régimes et la population ne fait que s’élargir. Mais les régimes autoritaires ayant verrouillé aussi bien les champs d’expression que les mécanismes de changement, ces colères n’auront pas de traduction politique. Les États veilleront à ne pas déplaire à Washington. D’où les tergiversations à tenir un sommet arabe qui, c’est prévisible, n’aboutira à rien d’autre qu’à aggraver le discrédit des régimes ».

Pierre R. Chantelois

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Gaza et Israël: le droit légitime à la défense et quelques faits importants

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Le 27 décembre 2008 marque un jour funeste: Israël a entamé une offensive dévastatrice sur la bande de Gaza. Le motif avancé est le droit légitime à la défense, en réponse aux roquettes que les militants du Hamas lancent sur le territoire israélien. Jour important parce qu’il marque la pire attaque sur la Palestine depuis 40 ans, causant autour de 300 morts et plusieurs centaines de blessés. Des F-16 fournis par les États-Unis et des hélicoptères Apache ont largué plus de 100 missiles et bombes sur plusieurs quartiers de la bande de Gaza, qui est un des endroits ayant une des plus grande densité de population de la planète avec ses 1.5 million d’habitants vivants sur 360 kilomètres carré. Les opérations militaires israéliennes se poursuivent maintenant depuis quatre jours et ils préparent la prochaine phase, l’attaque directe sur le sol avec l’armée de terre et les chars d’assaut.

Tout semble être une réaction plus ou moins spontanée de la part d’Israël, en guise de défense. Mais en est-il réellement ainsi? Nous savons que les plans militaires pour l’invasion de la bande de Gaza furent tracés il y a plus de six mois, alors qu’Israël négociait un cessez-le-feu avec la Palestine. Un autre indice qui nous permet de confirmer que cette guerre a été planifiée et préparée depuis longtemps est cet effort de relation publique déployée la semaine passée pour convaincre les leaders du monde du bien-fondé de l’agression militaire de Gaza. Cet effort de « légitimation internationale » fut précédé de menaces en bonne et due forme envers les Palestiniens, qui eux, se préparaient à cette offensive.

MIDEAST ISRAEL PALESTINIANS

Israël soutient que c’est une attaque en réponse des roquettes que le Hamas lancent, mais il ne faudrait pas oublier que c’est Israël qui a brisé le cessez-le-feu le 5 novembre dernier, tuant six militants palestiniens, alors que l’attention médiatique était tournée vers la victoire présidentielle de Barack Obama, qui lui d’ailleurs, se refuse de commenter les attaques israéliennesvoilà pour le changement. Suite à cela, le Hamas répliqua avec une dizaine de roquettes. Qui peut prétendre recourir à la légitime défense?

Quelques faits à considérer

Israël est la quatrième puissance nucléaire au monde avec plus de 400 bombes nucléaires, chose connue depuis les années soixante, dans le temps de Nixon. Israël a tendance à jouer la victime, mais le rapport de force est simplement incomparable. Les roquettes du Hamas ont fait une vingtaine de victimes du côté d’Israël en huit ans, dont une victime seulement depuis la fin officielle du cessez-le-feu le 19 décembre, alors qu’en une journée seulement, Israël a tué plus de 296 personnes. On pourrait aussi se demander pourquoi Israël a décidé d’attaquer des postes de police, une université, des centres médicaux, des résidences et surtout, pourquoi avoir lancé les attaques vers midi, alors que les jeunes écoliers finissaient l’école et étaient route pour la maison.

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Serait-ce que le but n’est pas réellement d’arrêter les tirs de roquettes – car en effet, comment croire que tuer autant de personnes ne va pas attiser encore plus de haine – mais bien de punir la population palestinienne pour ne pas avoir « bien » voté lorsqu’ils ont choisi le Hamas dans les dernières élections? Est-ce que Israël, les États-Unis et le Canada pensent que le Hamas va regarder la situation et se dire: « Wow, ce blitz de destruction est vraiment impressionnant, nous ferions mieux de reconnaitre Israël, de déposer nos armes, nous en remettre aux autorités, se faire emprisonner indéfiniment et soutenir un « processus de paix » américain au Moyen-Orient ».

Plusieurs pays ont rapidement condamné les sauvages attaques israéliennes: l’Angleterre, la Turquie, le Brézil, le Vénézuela, plusieurs pays d’Asie, la Russie, la France, la Chine; sans compter les nombreuses manifestations aux États-Unis, au Canada,  dans plusieurs pays arabes, en Europe dont Londres et en Grèce ainsi que dans le reste du monde.

Robert Falk, le rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme de l’ONU, a accusé Israël d’avoir enfreint trois règlements de base des Conventions de Genève, tels que la punition collective, usage disproportionné de la force et usage de cette force de façon non-discriminatoire, tuant beaucoup de civils dont malheureusement des enfants. Des activistes israéliens de même que des journaux israéliens se questionnent sur l’ampleur des attaques sur Gaza. C’est qu’on ne pourra jamais assez souligner la différence à faire entre sionistes et les nombreux juifs qui ne partagent pas les mêmes valeurs et idées que ces premiers ainsi que les idéologies qui se reflètent dans la politique étrangère et intérieure de l’État d’Israël.

Les États-Unis ont appliqué leur veto contre la résolution de l’ONU qui demandait l’arrêt immédiat des attaques et de la violence dans la bande de Gaza et ont accusé le Hamas d’être responsable de la situation.

Est-ce que la venue des élections en Israël aurait de quoi à voir avec le déclenchement de ces attaques? Beaucoup de sionistes sont prêts à casser du Palestiniens pour démontrer qu’ils sont des durs à cuire.

Les origines du Hamas

Il faut savoir qu’à l’origine, le Hamas fut créé avec l’aide du Mossad israélien, dans le but d’affaiblir le mouvement pour la libération de la Palestine de Yasser Arafat en le divisant. Bien que le Hamas ait été démocratiquement élu par les Palestiniens, les États-Unis et Israël ont décidé de fermer la porte à toutes discussions et processus de paix.

g-massacro21Les cibles des attaques de l’armée israélienne ne sont pas que des militants du Hamas, mais aussi plusieurs postes de police et autres infrastructures publiques. Donc, si le but était vraiment de faire cesser les attaques de roquettes sur Israël, pourquoi cibler les forces de sécurité palestiniennes qui luttent contre elles? Le but certain est de renverser le gouvernement Hamas démocratiquement élu par les Palestiniens et le peuple lui-même. Mais serait-ce aussi qu’on cherche à radicaliser et affaiblir une population pour justifier un état de guerre permanent ne servant que les fanatiques sionistes au grand détriment des nombreux Palestiniens et des Juifs qui veulent la paix? À se dépêcher avant qu’Obama entre en fonction et ainsi diminuer ses chances d’influencer le processus de paix dans la région en le plaçant devant un fait accompli?

Punition collective et état de siège

L’aspect de punition collective se reflète aussi dans la nature du siège qui fut imposé à la Palestine depuis des mois par Israël.

Ce siège de la bande Gaza qui viole délibérément toutes les lois internationales, créant de facto la plus grande prison à ciel ouvert du monde où se retrouvent un million et demi de civils prisonniers de l’armée israélienne, s’est traduit par un blocus presque total de nourriture, carburant, médicaments, équipement scolaire, vêtements et d’électricité. L’aéroport et le port ont été détruits avant même d’avoir jamais pu fonctionner. Il est interdit de pêcher. Seuls quelques bateaux affrétés par des militants ont pu forcer le blocus. Évidemment que la situation n’a pas pris de temps à se transformer en une catastrophe humanitaire avec des hôpitaux sans électricité, des égouts qui remontent dans les rues avec le lot de maladies que cela amène et des problèmes de malnutrition qui a poussé les gens à devoir manger de l’herbe pour survivre. Les journalistes ont vite été interdit d’entrer sur la bande de Gaza pour rapporter sur la situation. Tout peuple assiégé a le droit de résister à l’oppression.

La sécurité va de pair avec la liberté. Ainsi, ni les Palestiniens et encore moins les Juifs ne seront plus en sécurité avec de telles politiques.

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Aspects historiques

Les roquettes et les attentats suicides ne sont pas pardonnables, mais elles représentent les derniers outils de résistance d’un peuple occupé militairement depuis 60 ans et qui a perdu plus de 80% de son territoire depuis la création d’Israël en 1948. Ces cartes suffiront pour vous convaincre de ces faits. Des millions de réfugiés qui furent forcés de quitter leurs terres ancestrales n’ont jamais eu de droit de retour depuis.

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Israël est le seul pays au monde qui ne se reconnait pas de frontières durables. C’est que cela pose un sérieux problème pour reconnaitre un pays dont on ne connait pas clairement les limites. Depuis sa création, Israël a demandé à ses voisins de reconnaitre son droit inconditionnel d’existence alors qu’ils refusent encore à ce jour de reconnaitre l’état palestinien.

2981945370_b92d071aa21Il y a ce mur qui a été construit tout autour de la Palestine, au nom de la sécurité, la divisant en de multiples enclaves, entrecoupées de plus de 600 points de surveillance (checkpoints), mais qui a eu le soin d’être construit de façon à envelopper les colonies illégales en territoire palestinien. Ceci a eu pour effet de voler de larges portions du territoire palestinien parce que ce mur a été construit, à plusieurs endroits, loin de la ligne verte de 1967, à l’intérieurs des terres palestiniennes. Pour ce faire, des milliers de maisons de Palestiniens ont été détruites, avec bien souvent quelques minutes d’avertissement seulement pour évacuer les lieux.

Les conséquences de la construction du mur de séparation sur la ville de Jérusalem sont confirmées par un rapport des chefs de mission de l’Union européenne à Jérusalem-Est. Ce texte, relève, parmi d’autres, certains axes de la politique israélienne dans la ville sainte :

– le presque achèvement de la barrière autour de Jérusalem-Est, loin de la ligne verte (ligne de cessez-le-feu de 1967) ;

– la construction et l’expansion des colonies illégales, par des entités privées et par le gouvernement israélien, à l’intérieur et autour de Jérusalem-Est ;

– la démolition des maisons palestiniennes construites sans permis (qui sont presque impossibles à obtenir)Source

Le racisme prend des formes étonnantes: Un bon nombre de villes, des autoroutes et écoles sont uniquement pour les juifs. Les Palestiniens ont des plaques d’immatriculation et cartes d’identité de différentes couleurs que les juifs. Les citations haineuses de la part d’importants personnages israéliens et sionistes abondent.

Ceci est donc le coeur du problème. Un peuple occupé militairement depuis 60 ans vivant à l’intérieur d’enclaves qui rendent impossible toute souveraineté et espoir d’avoir un État viable et reconnu par Israël. La cause des violations des droits humains en territoire palestinien provient des attaques et de l’occupation militaire continuelle d’Israël depuis sa création.

Voici ce que David Ben Gurion a lui-même a déclaré à ce propos:

« If I were an Arab leader, I would never sign an agreement with Israel. It is normal; we have taken their country. It is true God promised it to us, but how could that interest them? Our God is not theirs. There has been Anti – Semitism, the Nazis, Hitler, Auschwitz, but was that their fault ? They see but one thing: we have come and we have stolen their country. Why would they accept that? » — David Ben Gurion (the first Israeli Prime Minister) Quoted by Nahum Goldmann in Le Paraddoxe Juif (The Jewish Paradox), pp121.

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Antisémitisme

Avant que quiconque se fasse accuser d’antisémitisme en critiquant les politiques et agissements d’Israël (qui contrôle réellement cet État?) – qui ne sont pas endossés par plusieurs juifs d’ailleurs – nous devons retourner à la vraie signification de ce qui est sémite. La plupart des Juifs vivants en Israël sont de descendance Ashkenazi, qui eux, n’ont aucun lien génétique avec les Hébreux bibliques. Lorsque les sionistes ont mis en marche leur plan pour établir un état par force, dicté par leur enseignement du Talmud, ce qui va à l’encontre de la religion juive venant du Torah, ils ont eu besoin de créer un mythe justifiant l’existence du peuple Juif d’Israël pour prendre une partie du territoire des Palestiniens qui eux, tout comme les juifs arabes, SONT des descendants génétiques des Hébreux bibliques. Les Israéliens savent cela et ils ont essayé activement d’étouffer les évidences scientifiques pointant dans cette direction. L’ironie étant de voir ces Khazars convertis, qui ne sont pas de descendance sémite, accuser n’importe qui critique les agissements d’Israël d’antisémite. Les sionistes ne sont pas nécessairement juifs, comme le futur vice-président des États-Unis, Joe Biden, le prouve.

Conclusion

Pourquoi est-ce si difficile de simplement voir tous les pays du monde obéir aux même lois et conventions internationales? Pourquoi est-ce que Israël peut commettre 51 violations des cessez-le-feu sans être réprimandé par la communauté internationale? Pourquoi est-ce que des rabbins peuvent demander publiquement à ce que tous les Palestiniens, hommes, femmes, enfants et mêmes leurs bêtes soient tués, ou des politiciens proposer que les Palestiniens soient chassés de leur territoire? Pourquoi permettre à un État de défier plus de 100 résolutions de l’ONU et de posséder des armes de destruction massive comme des bombes atomiques clandestines sans aucune conséquence?

N’y a-t-il pas ce deux poids deux mesures intolérable dans toute cette histoire?

Beaucoup de questions lancées en espérant qu’elles trouvent des réponses. Il est primordial que les lois et traités internationaux s’appliquent à tous les États de façon uniforme, sinon, il n’y aura pas de loi du tout.

En terminant, je vous suggère cette excellente émission de radio web sur laquelle vous pourrez entendre votre humble serviteur en entrevue avec l’organisation Palestiniens et Juifs Unis (PAJU) pour mieux comprendre la question palestinienne dans toute sa dimension:

L’Autre Monde 21 août 2008
90 min / Radio de l’UQAM, CHOQ FM

PAJU – Palestiniens et Juifs unis – Palestinian & Jewish unity

«Palestiniens et Juifs Unis (PAJU) est une organisation des droits de la personne. Nous reconnaissons explicitement le droit du peuple palestinien à une existence nationale ainsi que le droit de ce peuple de vivre dans la sécurité. Nous sommes contre toutes violations des droits de l’Homme. Le PAJU a été fondé à Montréal par Bruce Katz, un juif canadien et par Rezeq Faraj un Canadien d’origine palestinienne. Bruce et Rezeq sont des amis depuis plus de 25 ans. Notre groupe est composé de juifs, de Palestiniens et d’autres Canadiens et Canadiennes de conscience. Nous travaillons ensemble pour la promotion de la paix au Moyen-Orient ainsi qu’à l’éducation du public concernant la question palestinienne.­»

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Classé dans Actualité, François Marginean

Les jeux de massacres

Gandhi aurait souhaité que le subcontinent indien retrouvât son indépendance du  Raj britannique  pour devenir un seul pays. Avec des Hindous, des Musulmans, des Bouddhistes, des Chrétiens…  C’était penser qu’en défaisant la dernière maille qu’y avait ajoutée les Anglais, toute le tricot d’intolérance dont l’histoire avait habillé l’Inde allait  se découdre.

Ce n’est pas arrivé. Hindous et Musulmans n’ont pas cesse de se haïr parce qu’ils en voulaient aux Anglais et ils se sont divisé le pays sur le papier avant même qu’ils ne puissent le faire sur le terrain. L’unité entre eux n’était concevable que par une « Grande Âme »;  que ce Mahatma, hindou, ait été tué par un Musulman n’a naturellement rien arrangé.

Il y eut donc une Inde et un Pakistan, avec quelques autres entités autour qui ne sont pas au cœur du débat actuel.  Inde et Pakistan oscillent entre la guerre et la paix armée depuis 60 ans.  Ils se disputent le Cachemire – musulman, mais sous contrôle indien depuis le départ – parce qu’il vaut mieux se battre pour quelque chose, mais ils se battraient sans doute même si le Cachemire n’existait pas.  Une guerre de religion n’a pas besoin de raisons, elle a sa propre déraison qui lui suffit.

On ne sait pas combien de gens cette guerre a tués, mais comme il est plus facile de compter les enfants qui pleurent que ceux qu’on enterre, on sait qu’elle a déplacé entre 30 et 40 millions de personnes de part et d’autre au cours des ans, surtout entre le Bengale indien et le Pakistan oriental, ce dernier faisant sécession et devenant le Bangladesh au cours de l’une des nombreuses péripéties de cet interminable conflit.

Considérant  la façon dont Hindous et Musulmans  se maltraitent au moindre prétexte, on  peut penser que les départager n’était une si mauvaise affaire.  Une bien triste affaire, toutefois, car  plus de réfugiés sont issus des ces bagarres entre Inde et Pakistan que de tous les autres conflits réunis qu’a connus cette planète depuis la  Guerre de 39-45.  Incluant ceux en Palestine, en Yougoslavie, au Caucase, au Tibet, au Darfour, etc.    Le match par étapes « Inde vs Pakistan »  est de loin en tête du palmarès des jeux de massacre.  Maintenant, ils pensent en remettre encore un peu.

Le prétexte, cette fois : les attentats de Mumbai (Bombay) en  Inde,  il y a quelques semaines.   Des terroristes de la variété suicidaire – ceux qu’on n’identifie donc jamais clairement – ont tué une centaine de personnes, dont une bonne part de touristes étrangers.  Un assaut bien mené, une riposte lente et maladroite des forces de sécurité indiennes, un siège qui se poursuit des jours sous l’œil attentif des médias….    Déjà vu.

Cette fois, un élément niveau, cependant: on a un coupable. On nous dit qu’un des auteurs de l’attentat a survécu et qu’il est d’origine pakistanaise. Bruits de sabres et de bottes dans les journaux indiens.

Tous les jours, inlassablement.  Chaque jour une nouvelle rumeur d’un autre attentat ou seraient impliqués des Pakistanais, au Jammu, cette fois.   De nouveau détails sur tout le mal que voulaient faire mais que n’ont pas fait les auteurs de l’attaque de Mumbai, des milliers de morts et blessés dans les gares et le métro… Dans tous les journaux, mais surtout sur tous les écrans de télévision.  Même mon rickshaw-wallah illettré sait que l’ennemi est aux portes de la patrie,  menaçant…

Inlassablement, une propagande de guerre. Un peu léger, d’accuser le Pakistan d’avoir fomenté cet attentat en se fiant aux on-dit  d’un  terroriste auto-proclamé entre les mains des autorités indiennes.  TRÈS léger de préparer une  guerre, simplement parce qu’un des  auteurs de l’attaque serait  d’origine pakistanaise.   Ils sont fous, ces païens ?   Tut, tut… souvenez-vous que des dizaines millions de bons Chrétiens sont morts,  entre 1914 et 1918, parce que l’assassin d’un prince autrichien était serbe…

Quand on veut noyer son chien…  Et aujourd’hui, la rage est bien là.   Qui noyer en Inde sauf du pakistanais ? On ne va tout de même pas se taper le Chine… Alors l’idée fait son chemin.  Maintenant on colporte que l’opportun survivant bavard a été formé dans un camp pour terroristes d’un groupe proche d’Al-Qaeda. Ça devrait garantir la sympathie des USA, n’est-ce pas ?

Al-Qaeda, qui ne semblait pas faire si bon ménage avec le Pakistan de Musharaff,  mais dont un porte parole jusqu’ici inconnu vient pétroler un peu plus en annonçant  que, s’il y a conflit avec l’Inde, ses ressources  de poseurs de bombes  seront là pour aider le Pakistan. On peut toujours compter sur Al-Qaeda pour dire ce qu’il faut au bon moment. Si cette organisation n’existait pas, il faudrait l’inventer.

Un peu inquiétant, tout de même, non, ces deux ennemis jurés équipés d’armes nucléaires  qui se préparent activement à se tirer dessus?  Petite déclaration d’Islamabad, donc, rassurant la communauté internationale : même si l’Inde l’agresse, le Pakistan n’utilisera pas ses bombes atomiques. Pas le premier, en tout cas….

Et sa riposte conventionnelle restera proportionnelle  à l’attaque indienne.   Ouff ! Gentil de nous le dire. Bien gentil de prévenir l’Inde, qu’elle gardera ainsi l’initiative complète pour déterminer l’ampleur des opérations.  Massacrer quelques divisions de blindés dans le désert du Rajasthan, ce serait tolérable ? Il n’y a plus qu’à commencer…

On ne sait toujours pas, toutefois, à quoi pourrait bien servir cette guerre.  Sauf  ouvrir un deuxième front derrière le monde musulman, aujourd’hui tout entier agressivement tourné vers l’Occident… mais, ça, ça ne peut être qu’une coïncidence.

Joyeux Noël, même s’il y a des jours ou je ne crois plus à rien.

Pierre JC Allard

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Dick Cheney admet avoir autorisé la torture, passible de peine de mort

2655236933_9b32b8a3ea3Plusieurs personnes ont été jugées et ont reçues la peine de mort à la fin de la Deuxième Guerre mondiale lors des jugements de Nuremberg pour avoir commis, autorisé et ordonné l’usage de différents techniques de torture telle que la torture par l’eau (waterboarding). Nous avons jugé qu’ils représentaient des crimes de guerre graves et ces responsables furent pendus.

Mais qu’à cela ne tienne, Dick Cheney a admis pour la seconde fois, et ce, en pleine télévision nationale aux États-Unis, qu’il avait autorisé l’usage de la torture dans les prisons américaines réparties un peu partout dans le monde dont les tristement célèbres en Afghanistan, Irak et Guantanamo pour ne nommer que celles-là. Un rapport du Sénat américain a aussi confirmé la responsabilité de la torture de plusieurs hauts échelons du gouvernement Bush, incluant George W. Bush et Dick Cheney, sans oublier l’ancien Secrétaire à la défense, Donald Rumsfeld.

Le FBI a pointé du doigt le Président Bush pour avoir autorisé la torture à Abu Ghraib, à Bagdad. La Croix Rouge a remis un rapport accusant la CIA de torture. Amnesty International accuse les États-Unis d’être devenu le premier pays en liste à éviter leur responsabilité en matière de violation des droits humains dans le monde, au nom de la sacro-sainte guerre au terrorisme.

C’est que depuis le 11 septembre 2001, la torture est devenue, aux États-Unis, une pratique d’État politiquement et juridiquement justifiée par la  » guerre globale contre la terreur « . Pour certains éminents penseurs américains, la torture serait un mal nécessaire, voire un bien, dans certaines situations de menace extrême. Comment comprendre cette dramatique régression de la « première démocratie » ?

Ces techniques « d’interrogatoire coercitif  » sont le résultat de recherches scientifiques entreprises par l’armée américaine dès les années 1950. Plusieurs techniques ont été élaborées durant la guerre froide selon les méthodes de torture que les Américains craignaient voir employées sur leurs soldats capturés par leurs ennemis.

Plus de 100 000 pages de documents du gouvernement américain existent pour prouver que la torture n’est pas l’oeuvre de quelques mauvaises pommes, mais fut bien autorisée au plus haut niveau du régime Bush, de la CIA et de l’armée. Sur le plan juridique, les justifications de la torture seront légalisées par le Congrès américain, ce qui mènera à la création d’un véritable archipel mondial de la torture. Mais il ne faudrait pas oublier le rôle crucial que l’ancien attorney général des États-Unis, Alberto Gonzales a joué pour légaliser l’usage de techniques de torture comme le waterboarding.

Le 25 janvier 2002, Alberto Gonzales remit au président Bush un mémo indiquant que « la guerre au terrorisme est une nouvelle forme de guerre », « ce nouveau paradigme rend obsolètes les strictes limitations des Conventions de Genève sur l’interrogatoire des prisonniers ennemis et rend caduques certains de leurs dispositions », une analyse en droite ligne de celle qu’il avait formulée au Texas sur l’applicabilité de la Convention de Vienne. C’est en vertu de ce document que les prisonniers détenus à Guantanamo ne sont pas protégés par les Conventions de Genève.

Le 1er août 2002, Alberto Gonzales franchit un pas de plus en approuvant dans un nouveau mémo le recours à la torture. C’est ce document qui a servi de base légale à la généralisation de la torture en Afghanistan et en Irak, notamment sur la base militaire de Bagram et à la prison d’Abu Ghraib. (Source)

2212721067_f306419b9bLes conséquences sont graves: 600 prisonniers sont détenus depuis cinq ans dans la prison de Bagram, en Afghanistan, sans être accusés ni reconnus coupables de quoi que ce soit. Ils n’ont aucun recourt judiciaire pour se défendre. En Irak, ils sont plus de 10 000 à être emprisonnés sans qu’aucune charge ne pèse contre eux, ni aucune évidence pour les incriminer. La torture est largement employée dans ces réseaux de prisons connues et secrètes où l’ont retrouve une bonne quantité de femmes et d’enfants. Si vous n’avez pas vu le documentaire Taxi to the dark side, ne manquez pas d’y jeter un coup d’oeil.

Alors pourquoi admettre avoir autorisé l’usage de la torture? C’est que ces gens se considèrent au-dessus de la loi. Ils ont carrément commercialisé la torture en la donnant à contrat à des firmes de mercenaires privés et ils l’ont exporté vers des pays où la torture est admise. Elle est devenue un jeu sans raison et si les évidences peuvent nuire, on n’a qu’à les détruire comme la CIA l’a fait.

Nos descendants observeront ce que nous aurons décidé de faire face à ce choix de société. Nous serons considérés comme des gens qui acceptaient ou refusaient la torture. Historiquement, la torture n’a jamais réussi à faire obtenir des informations valides et n’augmente pas la sécurité. Elle ne sert qu’à faire admettre ce que le bourreau ou l’État veut faire admettre dans le but de satisfaire son agenda particulier. La victime admettra n’importe quoi pour faire cesser la douleur. Elle cherchera à savoir et dire ce que le bourreau veut entendre. Prenez le cas du 9/11: Cheney demanda à ce que Khalid Sheikh Mohammed soit torturé à l’aide du waterboarding pour lui faire avouer qu’il était un des responsables des attaques. KMS fera plus que cela, il avouera qu’il était aussi responsable de la planification d’une attaque terroriste sur la Plaza Bank quatre ans avant même que la banque en question ne soit construite!

Ceci est une complète déshumanisation et retour à une sombre forme de folie fasciste du temps des nazis, si ce n’est pire, car maintenant ils ont même l’audace de légaliser et légitimer cette torture. C’est une honte, une horreur sans nom.

Donc, tous les éléments sont présents pour faire appliquer la loi à tous les responsables. Il s’agit de savoir ce que la population en fera. Si nous laissons Harper, Obama et ses conseillers passer le dossier de la torture sous silence, cela nous rendra complices et responsables de facto en donnant tacitement notre consentement. Mais attention: si nous sommes d’accord avec ces nouvelles valeurs, c’est que nous acceptons aussi que ces méthodes puissent être appliquées contre nous et nos soldats s’ils sont capturés par des adversaires ou par nos gouvernements.  Nous ne sommes pas à l’abris de cette dangereuse dérape. Cela s’applique autant aux étrangers que les populations à l’intérieur des États-Unis et du Canada. Rappelez-vous du cas de Maher Arar et des milliers d’autres innocents qui se retrouvent dans ce nouveau type de Goulag qu’est ce réseau de prisons secrètes de la CIA dans le monde depuis des années, un véritable trou noir où aucune loi ni droit n’existe. Ils ont disparu et ils sont devenus la propriété des É-U, qui eux, se donnent le droit de vie et de mort sur chacun d’eux, comme dans le bon vieux temps féodal du Moyen Âge. Les enfants n’y échappent pas.

La torture devient le venin de la démocratie et de nos sociétés. En acceptant de briser les corps des hommes et des femmes « ennemis », menant parfois jusqu’à la mort, elle mine inévitablement les principes mêmes de l’État de droit, corrompant la société tout entière. Cuba a compris ceci et demande aux États-Unis de récupérer Guantanamo dans le but de faire fermer cette horrible prison qui s’y trouve.

Et nous, que ferons-nous? Pensez-y, mais ne soyez pas silencieux. C’est cette indifférence qui nous mène à commettre des atrocités. Malheureusement, il semble que les expériences de Stanford et de Milgram soient encore vraies aujourd’hui: nous sommes rapidement prêts à torturer notre prochain si une figure autoritaire nous le demande.

La pire chose que nous pouvons faire à autrui n’est pas de les haïr, mais bien de leur être indifférents, car c’est l’essence même de ce qui nous rend inhumain.

François Marginean

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Lysiane Gagnon se trompe : la parité n’est pas de la condescendance

Je ne sais pas quelle mouche a piqué Lysiane Gagnon à quelques jours de Noël, mais j’ai lu avec stupéfaction son billet sur la parité dans le conseil des ministres du gouvernement du Québec. Jean Charest ne va pas laisser un très bon souvenir lorsqu’il se décidera enfin à quitter le poste de premier ministre, mais au moins sachons lui reconnaître le mérite d’avoir établi une règle  incontournable : désormais il y aura autant de femmes que d’hommes ministres au Québec. Point.

Non, madame Gagnon, la parité entre les femmes et les hommes dans le conseil des ministres n’est pas de la condescendance. Cette parité est la reconnaissance d’un fait qui aurait dû l’être depuis fort longtemps : les vrais changements commencent par la tête. Fini le discours voulant que les femmes fassent petit à petit leur place là où se prennent les décisions politiques. Désormais, le message est clair : la place est là et elle leur  est réservée.  On en attend autant à tous les paliers de gouvernement.

Le Québec a fait beaucoup de progrès en peu de temps au point où deux notions sont devenues aussi naturelles que celle de liberté : parité et équité. Certes le chemin est encore long à parcourir, mais la route est toute tracée. Partout, dans toutes les sphères de la société québécoise, les femmes ont droit à une représentativité égale à celle des hommes et à un salaire égal pour un emploi équivalent.

On se souviendra du tollé de protestations soulevé par la velléité du gouvernement Harper de jouer dans l’équité salariale de la fonction publique fédérale. Ses intentions n’étaient pas nobles, loin de là. Ici au Québec, la Loi de l’équité salariale entre dans son adolescence, ayant été promulguée en 1996. Il aura fallu une longue lutte des mouvements féministes et des syndicats pour obtenir l’adoption de cette pièce législative fondamentale.

Plus personne, aujourd’hui, n’ose remettre en question l’équité salariale, pas même le patronat même si le coût plaît moins aux hommes d’affaires et aux gestionnaires des corporations. Oui elle a un coût l’équité salariale, messieurs les patrons : c’est celui de la dignité. Et ce coût, la société québécoise tarde encore à l’assumer pleinement.

Dans le cas du conseil des ministres, quelques hommes ont été privés de limousines et madame Gagnon s’en offusque !

Jean Charest avait créé une surprise en 2007. Il récidive. Désormais – pour reprendre ce mot célèbre de Paul Sauvé qui succéda brièvement à Maurice Duplessis en 1959 – les partis politiques vont devoir présenter un plus grand nombre de candidatures féminines et trouver des comtés sûrs pour les plus ministrables d’entre elles.

Ils l’ont fait dans le passé pour plusieurs hommes, ils pourront bien le faire pour les femmes dont le niveau de compétence plaira à Lysiane Gagnon.

Non ?

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Classé dans Actualité, Michel Monette

La culture n’est pas au rang des priorités du Premier ministre Stephen Harper

L’affaire fait grand bruit. Les Posuto ont traité l’affaire sur leur site, en France. De quelle affaire s’agit-il? De l’envoi d’un quarante cinquième livre au Premier ministre Stephen Harper, au 80, rue Wellington, à Ottawa. L’expéditeur est Yann Martel, écrivain, auteur du roman L’histoire de Pi. Pour ce dernier, le Premier ministre conservateur néglige la culture et les arts. Rien de moins. Il semble qu’il ait raison : les envois n’ont fait l’objet, à l’exception du premier, d’aucun accusé de réception. Lettre morte.

« Les arts ne sont pas prioritaires aux yeux de Stephen Harper », explique Yann Martel. De simple boutade au début, la rigueur et la discipline auxquelles s’astreint Yann Martel sont devenues de plus en plus lourdes à gérer. L’écrivain doit choisir le livre, le lire et le relire afin de le maitriser dans les plus menus détails pour, à la fin, rédiger, à l’intention de Stephen Harper, une lettre explicative résumant l’ouvrage.

Le dernier envoi, fait d’Angleterre, en raison de la présence de Yann Martel dans ce pays, devrait faire connaître au premier ministre du Canada « les fictions » de Jorge Luis Borges. Chaque envoi fait l’objet d’un suivi sur le site web de Yann Martel : en français ici, et en anglais, .

Yann Martel s’interroge à propos de Stephen Harper : « Qui est cet homme? Qu’est-ce qui le mobilise? Il ne fait aucun doute qu’il est occupé. Aucun doute que cette activité débordante est porteuse pour lui de grandes illusions. Aucun doute que d’être Premier ministre accapare toute son attention et mousse à son comble son sens de l’importance de son activité. Aucun doute qu’il a l’air et qu’il gouverne comme quelqu’un qui se préoccupe peu ou prou des arts. Mais il doit bien avoir des moments de quiétude. Alors voici ce que je propose: non pas de l’instruire — ce serait arrogant — mais moins que ça, de faire des suggestions à sa quiétude ».

Nous sommes face à un premier ministre de droite pour qui les arts n’occupent qu’une place mineure dans les priorités de son gouvernement. Selon la Conférence internationale des arts de la scène (CINARS), après avoir consulté les entreprises culturelles canadiennes et québécoises, en vient à la conclusion que :

  • 3395 représentations prévues seront annulées;
  • les compagnies des arts de la scène perdront plus de 24,8 millions de dollars en revenus générés par la vente de billets;
  • des centaines de techniciens et d’artistes seront touchés soit par la perte de leur emploi, soit par l’annulation ou par l’abrégement d’un contrat;
  • les équipes techniques et les artistes perdront plus de 8,9 millions de dollars en salaires et cachets.

Ces chiffres ne sont qu’un aspect des conséquences de l’abolition des programmes PromArt et Routes commerciales sur l’activité des entreprises culturelles à l’étranger. Et pour le président de la Conférence internationale des arts de la scène (CINARS), Alain Paré, « le Québec sera la province la plus touchée, car nos compagnies sont celles qui tournent le plus à l’étranger. Le Québec s’est toujours démarqué par la force de ses compagnies liées aux arts de la scène, alors que l’Ontario reçoit plus de subventions dans le domaine du cinéma ou de la littérature ».

Pour cet homme qui ne répond pas aux livres que lui envoie gratuitement Yann Marte, pour cet homme qui fait passer les arts au rang de sous-catégorie de l’activité économique, pour cet homme pour qui la survie culturelle du Québec ne trouve aucune grâce à ses yeux, la décision de son gouvernement est non seulement injustifiable économiquement, comme l’explique CINARS, mais elle précipitera des pertes d’emplois dans des organismes culturels déjà menacés par la crise, nuira de façon irréversible à la compétitivité de nos artistes à l’étranger et minera la confiance de nombreux partenaires étrangers.

Carole Lavallée, critique du Bloc québécois (BQ) en matière de culture, déclarait, face aux pertes importantes de l’ordre de 25 millions de dollars dans le secteur de la culture, déclarait : « Tout ce qu’on souhaite, c’est que M. Harper entende raison et fasse des concessions d’ici le dépôt de son nouveau budget. Le rétablissement des programmes était une condition sine qua non pour le maintien de la coalition, et M. Ignatieff devra négocier cela s’il veut obtenir notre appui pour le budget ». La coalition aurait présenté plusieurs demandes, dont certaines au chapitre de la culture. Il faudra voir la suite que donnera à ces demandes le gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper.

Il faudra attendre et voir comment le chef libéral Michael Ignatieff négociera le retour des programmes de financement de la culture dans le prochain budget conservateur. L’homme de culture, l’universitaire, l’homme de rigueur, l’érudit cèdera-t-il aux concessions politiques pour gagner du temps avant le déclenchement d’élections générales au pays ?

Dans son premier envoi – La mort d’Ivan Illitch de Léon Tolstoï – Yann Martel allait droit au but dans sa lettre à Stephen Harper. Son propos était émouvant. « Je sais que vous êtes très occupé, Monsieur Harper. Nous sommes tous occupés. Les moines qui méditent dans leur cellule sont occupés. C’est le sort de la vie d’adulte, pleine jusqu’au plafond de choses à faire. (On dirait qu’il n’y a que les enfants et les vieillards qui ne sont pas affligés d’un manque de temps — et voyez comme ils jouissent de leurs lectures, comme leur vie illumine leur regard.) Mais chacun dispose d’un espace, près de là où il ou elle va poser la tête pour dormir, que ce soit sur un bout d’asphalte ou une jolie table de nuit. À cet endroit, le soir, un livre peut briller. Et dans ces moments d’éveil tranquille, quand nous commençons à lâcher prise des tracas du jour, voilà venu l’instant parfait pour prendre un livre et devenir quelqu’un d’autre, de se trouver ailleurs, le temps de quelques minutes, le temps de quelques pages, avant de nous endormir. Et il y a bien sûr d’autres possibilités. Sherwood Anderson, l’écrivain américain bien connu pour son recueil de nouvelles intitulé Winesburg, Ohio a écrit ses premières histoires au cours de ses trajets quotidiens en train. On dit que Stephen King ne manque jamais d’apporter un livre à lire pendant les intermèdes de ses chères parties de baseball. C’est vraiment une question de choix ».

Et à cet homme de pouvoir qui n’a guère le temps de répondre à l’expéditeur de ces 45 livres, Yann Martel, comme dans une prémonition, rappelle : « La terre chinoise, de Pearl S. Buck, demeure cependant une excellente introduction à la Chine de naguère et une parabole convaincante sur la fragilité de la bonne fortune, la perte possible de ce qu’on a gagné, la destruction facile de ce qu’on a construit. Vous n’allez pas manquer de remarquer cela, pris comme vous l’êtes au cœur d’une tempête politique. Le sort d’un homme politique est terriblement incertain. Pearl Buck est une habituée de toutes les librairies de livres d’occasion. On continue de la lire beaucoup. Son nom rappelle de beaux souvenirs. Tandis que des hommes politiques, quand ils partent, quand ils quittent la scène, en résistant parfois bruyamment, partent véritablement, ils disparaissent. Et bientôt les gens se creusent la tête pour essayer de se souvenir quand, exactement, ils ont été au pouvoir et ce qu’ils ont accompli ».

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Classé dans Actualité, Pierre R Chantelois

La venue des grandes révoltes et du nouvel ordre mondial

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Voilà enfin le chat qui sort du sac: le gouvernement Harper a finalement admis publiquement qu’il va encourir de forts déficits budgétaires pendant au moins les quatre prochaines années, à commencer avec des prédictions de déficits de $30 milliards dès le budget 2009-10. Ça ne prenait pas une tête à Papineau pour prévoir cela. Avec ces $75 milliards octroyés aux banquiers canadiens par Harper, il est évident qu’un trou noir abyssal serait créé dans les finances publiques. C’est entre autres ce que je vous rapportais lors de mes deux derniers billets et c’est aussi la réalité que mes confrères collaborant à ce site ont essayés de vous convier (Voir 1, 2, 3, 4, 5). Ne comptez pas sur les Libéraux et leur nouveau chef Michael Ignatieff pour vous aider parce qu’il vient de proposer de remonter la TPS pour aider à financer tout ce gâchis.

À ce massif $75 000 000 000 que Harper a accordé aux banques à charte canadienne – sans nous consulter avant de donner notre argent à ces banquiers – se rajoutera maintenant autour de $4 milliards pour les constructeurs automobiles… jusqu’au mois de mars après quoi ils auront besoin d’un autre $4 milliards. Et ensuite d’un autre. Et un autre. Et un autre…

Les constructeurs automobiles

Il reste que nous tenons pour acquis que de prendre de l’argent d’une partie de la population pour la donner à une autre soit louable. Certains diront que nous ne pouvons pas laisser les trois géants Chrysler, Ford et GM faire faillite dans le but de protéger les emplois, mais si nous avons cessé de consommer leurs produits, c’est qu’il y a bien une raison. Même si nous leur lançons tout notre argent alors que personne n’achète leur produit, ne sont-ils pas condamnés de toute façon? Combien d’argent leur avons-nous donné ces dernières décennies? Si nous sommes pour décider de les «sauver», ne devrions-nous pas leur imposer certaines conditions, comme de prendre part aux futurs profits ainsi que les forcer à produire des véhicules qui fonctionnent avec d’autres sources d’énergie que du pétrole, chose que nous savons parfaitement faire depuis assez longtemps?

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Source. (Thanks, Richard Metzger) http://buffalobeast.com/133/bigthree.jpg

Les fonds de pension capitalisés

Parce que vous savez, cet argent, c’est vous qui le payez en fin de compte. Ces multichiffres dans la stratosphère des milliards seront payés à même vos fonds de pension, qui eux, sont carrément menacés de disparaitre. Le reste sera siphonné par les fonds de couverture (hedges funds) dans lesquels notre système spécial de fonds de pension capitalisés est investi en grande partie. 92% des avoirs de la Caisse de dépôt et placement du Québec sont investis à l’extérieur du Québec dont plus de 40% dans ces fonds de couvertures qui sont littéralement en train de s’écrouler. C’est la prochaine bulle financière qui va éclater. Mais attention, si vous pensiez que la bulle des hypothèques à risques était maligne, attendez de voir celle des dérivatifs. Nous parlons d’une bulle de 1,5 quadrillion de dollars ($1 500 000 000 000 000).

Nous faisons partie des quelques pays qui risquent de souffrir le plus de l’effondrement des fonds de pension capitalisés avec les États-Unis, le Japon l’Angleterre, la Hollande et le Danemark. Seulement qu’en 2008, ces fonds de pension ont perdu de $1500 à 4000 milliards et il est estimé qu’ils perdront au moins un autre $3000 milliards au courant de 2009. Ces gouvernements devront éventuellement nationaliser ces fonds de pension comme l’a fait l’Argentine dernièrement.

Ceci s’accompagnera de coupures importantes dans les services sociaux et autres dépenses publiques, de mises à pied massive qui mènera à l’effondrement des finances publiques tant au niveau fédéral que provincial, entrainant une accentuation et accélération de la privatisation de l’état laissant une plus grande emprise des créanciers sur l’appareil politique et un appauvrissement général de la population.

Terrorisme économique

Nous assistons ainsi à une forme pernicieuse de terrorisme économique. Henry Paulson, le Secrétaire du Trésor américain, a menacé plusieurs congressistes américains lors des débats sur le plan de sauvetage en septembre au Congrès: s’ils ne votaient pas pour le passage du plan de sauvetage de $700 milliards (qui se chiffre maintenant plutôt autour des $8500 milliards), alors ils verraient l’économie américaine s’effondrer la semaine suivante et la loi martiale serait imposée sur le territoire américain en suspendant la Constitution. Voilà ce que j’appelle du terrorisme économique. Ils ont d’ailleurs instauré une procédure spéciale qui accélère le passage de lois urgentes au Congrès qui est nommée «loi martiale», qui, celle-là, n’a rien à voir avec le déploiement de troupes dans les rues. À titre de comparaison, le programme lunaire Apollo des États-Unis pour aller sur la lune aurait couté 267 milliards en dollars ajustés d’aujourd’hui.

Bien sûr, un coup que l’argent fut approuvé, l’urgence disparue et l’argent fut distribué secrètement par la FED à divers amis banquiers et financiers de Wall Street qui en profitèrent pour se payer de gras bonus et salaire de l’ordre de $1.6 milliards en gage de récompense pour avoir si mal géré ces institutions financières en jouant au grand casino mondial, entrainant ainsi la crise que nous vivons présentement. D’ailleurs, une grande partie de cet argent servira au rachat d’autres institutions financières et autres compagnies et infrastructures publiques alors que le reste demeurera entre les mains des banques privées qui ont décidé de s’asseoir dessus en attendant de nous prêter plus tard cet argent qui nous appartient, en prenant soin d’y rajouter les intérêts.

La FED refuse de dévoiler comment et à qui elle a distribué plus de 2 trilliards de dollars provenant de… la poche des contribuables américains. Mais il semble que ce soit «business as usual» aux États-Unis, car même Donald Rumsfled avait annoncé la journée précédente des attaques du 11 septembre 2001 que le Pentagone avait écarté $2.3 trilliards de ses livres comptables. Heureusement, tous les documents relatifs à cette histoire seront détruits par les attaques dès le lendemain. Ah, c’est fou ce qu’on peut accomplir quand ces terroristes se décident de donner un coup de main…

Ce que 2009 nous réserve

Déjà plusieurs experts s’entendent pour dire que les États-Unis approchent l’insolvabilité et risquent de voir les finances du pays complètement s’effondrer d’ici l’été 2009 et commencer à faire défaut sur sa dette extérieure qui dépasse de loin 100% de son PIB.

Il est à prévoir que le déroulement de la crise systémique globale va atteindre un nouveau sommet vers mars 2009. À cette période de l’année, le public en général va devenir conscient de trois forces majeures déstabilisatrices qui sont à l’oeuvre dans l’économie globale:

– La durée de la crise qui ne se stabilisera pas avant la fin de 2010 et pas de croissance réelle avant 2018 selon le rapport LEAP/E2020 produit par GEAB;

– L’explosion du chômage à travers la planète;

– Le risque d’un soudain effondrement de tout le système des fonds de pension capitalisés.

Cela aura des conséquences. Dans le domaine de la prédiction des tendances du monde futur et des évènements économiques, Gerald Celente, le directeur du Trends Research Institute, est l’homme le plus respecté pour son exactitude. C’est celui qui a prédit le crash des marchés boursiers en 1987, l’éclatement de la bulle des hypothèques à risques (subprime) et la chute de l’Union Soviétique; et qui prédit maintenant qu’il y aura révolution aux États-Unis, des émeutes pour la nourriture et une rébellion contre les impôts et taxes d’ici les quatre prochaines années. Vers la fin de l’an 2012, il annonce que les États-Unis seront devenus un pays sous-développé. C’est que les gens seront furieux lorsqu’ils prendront conscience que les mauvaises décisions prises par leur gouvernement, industries et par la communauté financière les ont complètement ruinés. Ceci est corroboré par un mémo interne de la Citibank (autre responsable de la débâcle économique) qui prévoit que la création massive de nouvel argent par la FED et les autres banques centrales du monde mènera à un ou plusieurs de ces scénarios: une résurgence catastrophique de l’inflation et/ou à une profonde dépression suivit de troubles d’ordre civil et possiblement de guerres.

Mais il y a fort à parier que ces manifestations légitimes de la part du public seront attendues de pied ferme par les autorités. Il y a plus de 20 000 troupes de combat qui se trouvaient en Irak qui seront déployées graduellement sur le territoire américain pour maintenir l’ordre en cas de troubles civils. Le U.S. Army War College parle dans son dernier rapport d’utiliser des ressources et troupes du Pentagone dans le cas où la crise économique mènerait à des troubles civils, comme des protestations contre des corporations et le gouvernement ou contre des banques assiégées. Donc, on ne va pas protéger la population, mais bien les riches possédants de corporations et les banquiers.

Ce type de révolte a déjà commencé en Grèce et dans plusieurs autres pays en Europe et on s’attend à ce que cette révolte de la population se manifeste un peu partout dans le monde. (23/12/08 12h00 – Note: Les incidents en Grèce témoignent d’un malaise beaucoup plus profond que la simple mort d’un adolescent. Ce que les médias refusent de vous laisser comprendre, c’est que cette mort ne fut que l’élément déclencheur. Mais les Grecques en ont eu assez de ce système financier et le résultat est que plusieurs banques et institutions financières ont été attaquées par les manifestants. Ces derniers pourraient laisser à penser que ce n’est qu’une bande d’anarchistes qui se défoulent, mais la vérité est qu’une large majorité de la population les soutient et est d’accords avec leurs actions, comme révélé par un sondage mené là-bas. C’est sur la base de la manifestation contre la globalisation qui fait en sorte que ces révoltes s’étendent à plusieurs autres pays européens ainsi que possiblement aux États-Unis.)

Le nouvel ordre mondial annoncé

De ce grand chaos dont l’élite est volontairement responsable viendra la possibilité de faire émerger leur grand rêve d’une gouvernance mondiale. La venue de ce gouvernement global, aussi connu sous l’appellation du nouvel ordre mondial, est maintenant admise et annoncée par le prestigieux journal de Londres, The Financial Times, dans cet article nommé «And now for a world government». L’élite ne se cache plus et leur but est annoncé publiquement. À vous d’en prendre note. Ils ont déterminé que ce nouvel ordre mondial sera imposé par la force, ou encore mieux, sera demandé et accepté par la population mondiale qui, trop terrorisée par le chaos engendré par la crise financière, se rendra à cette élite pour être sauvée.

François Marginean


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Crise: deuxième round

Paulson – celui qui n’a pas hésité  à se mettre à genoux pour quémander 70o milliards de dollars pour ses potes des institutions financières –  vient de suggérer assez cavalièrement aux Trois Grands de l’industrie américaines de l’automobile de faire  faillite et de ne pas l’importuner.  Quelques centaines de milliers d’emplois, peut-être des millions avec les retombés, mais bah…

Que s’est-il passé ? On se met à l’économie ? C’est l’effet d’Obama qui prend les rênes ? C’est que cette fois on ne parle pas des copains ?  C’est plus grave que ça; on vient juste de sonner le début du  deuxième round du match et ce sont de nouveaux gladiateurs qui viennent de sauter dans l’arène: ceux qui sont la pour y mourir.

La crise financière, c’était un échange de civilités.  La crise industrielle, ce sera la mise à mort d’une large part des corporations manufacturières américaines.   Elles sont désuètes, superflues, répondent à une situation d’un autre âge.

Elles ont été les premières et elle sont donc les plus vieilles; elles ne sont généralement plus concurrentielles sur le marche mondial et, de toute façon,  elles  ne correspondent plus aux besoins de l’économie tertiaire.

Non seulement elles emploient deux fois la main d’oeuvre  requise – sans doute dix fois, si on regarde  vraiment les techniques de production de pointe ! –  mais la demande qu’elles prétendent satisfaire est largement artificielle, pour deux raisons:

1) C’est une demande gonflée par une publicité qui conditionne les acheteurs à consommer ce dont ils n’ont aucun besoin. On produit uniquement pour produire, pour faire des profits et pour créer une demande effective. Au grand détriment de la qualité de vie des humains et du  respect de l’environnement;

2) Tout ce qui est produit aujourd’hui,  l’est avec un oeil sur la désuètude programme, de sorte que l’on fabrique trois fois plus … de produits qui durent trois fois moins longtemps !

Tout cela avec un main-d’oeuvre payée bien cher  et pendant que les  vrais besoins en services de l’économie américaine – santé, éducation, etc – sont insatisfaits. La réalité, c’est que si la structure de production industrielle des USA n’existait pas, celle que l’on mettrait en place pour en tenir lieu ne produirait sans doute pas la moitié du volume des biens actuellement produits et occuperait sans doute moins de 4% de sa main-d’oeuvre plutôt que 15%.

La crise actuelle va permettre de mettre à la ferraille l’équipement  désuet, de modifier les priorités de production qui ne collent plus à ce que veut la population quand cesse l’hypnose publicitaire … et de faire passer au tertiaire  ce 10% de la main-d’oeuvre qui traine inutilement dans l’industrie.

Ce qui me porte a penser que si cette crise n’était pas arrivée,  il aurait fallu l’inventer. Un sujet  sur lequel je ne veux pas m’étendre,  mais qui me rappelle qu’il y a une trentaine d’années j’avais écrit,  pour une revue USA, un article qui paraissait un peu « science fiction » (voir le lien ci-dessous), mais qui est maintenant à se réaliser.

Reste  à voir si ma prévision se réalisera entièrement et si l’on fera ramasser la facture par les travailleurs américains, leurs syndicats et leurs fonds de retraite.  Leur  offrira-t-on le « privilège »  de leur prêter de l’argent, pour qu’ils fassent fonctionner ce canard boiteux qu’est devenue l’industrie américaine et en tirent des salaires à rabais,  jusqu’ à ce qu’elle tombe totalement ruine ?

Si on apprend d’ici quelques semaines que General Motor et les autres se sont vendues à leurs travailleurs,  grâce à une aide financière du gouvernement américain, tout le monde applaudira Obama…  Mais vous me permettrez une minute de cynisme.

Le reste de l’indusrtie américaine suivra puis, dans deux ans, des industries ultramodernes pourront ré-embaucher les anciens travailleurs  qui pourront encore faire l’affaire. Les autres ?  C’est la crise, n’est-ce-pas …?  Quelques-uns – mais bien peu, rassurez vous –  verront alors cette crise sous un jour tout nouveau.

http://nouvellesociete.org/3232.html

Pierre JC Allard

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Politique et vie sociale

Raymond Viger Dossier Politique

Je ne sais pas si c’est l’approche du temps des Fêtes mais je me questionne sur la distance qu’il y a entre la politique et la vraie vie sociale, celle à laquelle je suis confronté sur le terrain, celle qui m’attend à chaque matin que je me lève et avant chacun de mes couchers.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA         Pendant que des gens se demandent ce qu’ils vont manger pendant cette période des Fêtes, des fonctionnaires se préparent à fermer leurs bureaux pour les vacances des Fêtes.

Pendant que des gens font face à des détresses psychologiques, envahit par une souffrance sans fin, nous nous retrouvons dans une période où il y aura moins de service. Rappelez-nous le 5 janvier (si ce n’est pas le 12 janvier) pour prendre rendez-vous nous dit le répondeur.

Notre organisme attendait une réponse du ministère de la Santé pour un projet d’intervention auprès des jeunes. Cette réponse devait arriver en octobre. Mais il y a eu une élection fédérale. Et quand il y a une élection, la terre arrête de tourner. Tous les projets se retrouvent sur la glace.

Ensuite, un gouvernement minoritaire qui n’a pas la confiance de la chambre, 1121445_56170514 Stephen Harper sauve « ses meubles » en arrêtant les travaux du gouvernement jusqu’en janvier.

Pour l’instant, personne ne peut donner une date pour les projets d’intervention et de prévention prévu à l’automne dernier. Parce qu’il faut attendre de savoir si nous avons encore un gouvernement en place, qui sera ce gouvernement et s’il pourra prendre des décisions dans les dossiers en suspends.

Les projets avaient été déposé au printemps 2008 pour une réponse à l’automne 2008. Peut-être y aura-t-il une réponse au printemps 2009. Un an plus tard, minimum. Après tout, qu’est-ce que c’est qu’une année quand on a faim, froid et que nous sommes désespérés? Ça représente quoi au juste une année dans la vie d’un adolescent?

Comment puis-je convaincre tous ces braves gens que j’accompagnent qu’il est important d’aller voter? Que les politiciens travaillent pour leur bien? Que leur vote va faire une différence pour la justice sociale, l’équité…?

910632_-suffering- J’ai beaucoup de travail qui m’attends sur le terrain pour cette période des Fêtes. Plusieurs personnes m’ont donné des dates pour leur suicide dans la période des Fêtes. Je les ai noté dans mon agenda. Je reste en contact avec eux. Je tente de faire ce que je peux avec les outils que nous avons. J’en ai plusieurs pour la journée de Noel. Je ne sais pas encore à quel gouvernement ou à quel politicien je vais envoyer la liste des noms de ceux qui ne verront pas la nouvelle année 2009.

Pour d’autres, leur histoire de Noel est beaucoup moins tragique. Ils sont venus me rencontrer parce qu’ils voulaient offrir une dinde à leur mère pour le réveillon de Noel. Je leur ai parlé des paniers de Noel, mais il fallait s’y prendre des mois d’avance. D’autres ressources qui font du mieux qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont. On a gratté à gauche et à droite pour leur trouver des dindes.

Je vais devoir arrêter temporairement ma présence sur le blogue des 7 du Québec. Je vais être encore très occupé pour la période des Fêtes. Je reviendrais pour le 17 janvier prochain.

Si je manque la rentrée parlementaire de janvier, vous saluerez les politiciens de ma part. Souhaitez-leur Joyeux Noel et une Bonne Année.

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Une consultation budgétaire fédérale cousue de fil blanc

Le ministre fédéral des finances s’est entouré d’un conseil consultatif sur l’économie qui ne risque pas de remettre en question le contrôle de l’économie canadienne par les grandes corporations. La récente crise politique qui a précipité le départ de Stéphane Dion et semble vouloir prolonger le séjour des conservateurs au pouvoir ne débouchera finalement pas sur une vision économique renouvelée. Comme le dit l’expression, ce sera «business as usual».

Le mal est déjà fait. Jim Flaherty a versé des milliards de dollars dans le renflouement du système financier canadien. Nous entrons dans une ère de déficit budgétaire qui va s’étendre sur plusieurs années et s’avérer le prétexte idéal pour réduire les versements de fonds fédéraux vers les provinces. Celles-ci n’auront, à leur tour, pas d’autres choix que de réduire leurs dépenses publiques.

Qui va s’offrir pour prendre le relais? Les mêmes grandes entreprises qui conseillent si généreusement notre ministre des finances. Desmarais, Irving et les autres ne serons certes pas rémunéré pour conseiller Flaherty, mais ils n’en tireront pas moins d’intéressant bénéfices pour leurs entreprises respectives le temps venu.

Un de ces «éminents canadiens» qui ont accepté  de prodiguer bénévolement des conseils au gouvernement connait bien la méthode conservatrice à l’américaine pour forcer une réduction des dépenses publiques : faire d’énormes déficits. Il s’agit de James A. Pattison, l’unique propriétaire de Jim Pattison Group, la troisième plus importante société privée canadienne. Pattison a siégé sur la Ronald Reagan Presidential Foundation.

La fronde parlementaire des libéraux, néo-démocrates et bloquistes a fait échoué la tentative des conservateurs d’imposer un énoncé économique qui reflétait leur véritable jeu: s’en prendre aux droits des travailleurs syndiqués. Les signaux qu’envoie en ce moment Flaherty sont faciles à décoder : ce n’est que partie remise.

Certes, les conservateurs vont devoir y aller mollo et retarder leurs mesures les plus controversées. Ils n’en auront pas moins fait des choix budgétaires qui vont leur permettre de revenir à la charge dans un an ou deux quand le mal sera fait.

Cette grande manœuvre budgétaire va se faire avec la bénédiction des milieux des affaires, la seule qui compte vraiment pour les conservateurs qui n’ont que faire de l’opinion économique des autres composantes de la société canadienne.

La coalition des affairistes aura gagné.

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Classé dans Actualité, économie, Michel Monette