Archives de Tag: Jean Charest

Faites-vous du journalisme citoyen de type TÉLEX?

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Bon, c’est déjà tendance de dire que le cyber-journalisme citoyen piétine. On cherche ostentatoirement des explications. On ne se gène pas pour le dénigrer dans le mouvement, ça fait toujours ça de pris. On suggère qu’il est trop de la marge et de la basse fosse. Qu’il fait dans la crispation systématique et la résistance par rejet en bloc. On lui reproche son sempiternel périphérisme. Personnellement, je pense que si le cyber-journalisme citoyen piétine et végète (ce qui reste encore en grande partie à prouver au demeurant), ce n’est pas à cause de son périphérisme, ou de sa marginalité, ou de sa résistite aiguë. Je crois plutôt que c’est le mimétisme qui, lentement, le tue.

Formulons la chose concrètement, sans apparat. Tout commentateur citoyen lit le journal du matin. C’est fatal. On s’informe à l’ancienne aussi. Nos coutumes ordinaires ne se déracinent pas comme ça. Y a pas de mal à ça, au demeurant. On parcoure les titres, on lisotte nos chroniques (honteusement) favorites. On se laisse instiller l’air du temps d’un œil, en faisant au mieux pour dominer la situation. On tressaute, comme tout le monde, au fait divers sociologiquement sensible du moment (il nous fait inévitablement tressauter, c’est justement pour ça qu’il est sociologiquement sensible). Alors, de fil en aiguille, entre la poire et le fromage, on accroche l’ordi portable et on commente à chaud. C’est si doux, si fluide, si facile. Comme on a du bagou et peu de complexes, première affaire que tu sais, un billet est né. Quelques clics supplémentaires et zag, le voici, sans transition, dans l’espace public. Se rend-on compte seulement de ce qui vient de nous arriver, en rapport avec le journal du matin? On vient tout simplement de lui servir la soupe en le glosant gentiment, en le répercutant, sans malice et sans percutant.

J’appelle cyber-journalisme de type TÉLEX l’action d’un repreneur de titres qui répercute la nouvelle du moment en croyant, souvent de bonne foi, l’enrober d’un halo critique. Ce susdit halo critique, bien souvent aussi, est une simple redite clopin-clopant des éditos conventionnels que notre journaliste de type TÉLEX n’a, au demeurant, pas lu. Les carnets de type TÉLEX existent depuis un bon moment (voir à ce sujet ma typologie des blogues de 2009) et certains d’entre aux sont de véritables exercices-miroirs de redite perfectionnée des médias conventionnels. Gardons notre agacement bien en bride, sur ceci. Plagiat parfois, la redite ne l’est pas toujours. Les Monsieur Jourdain de la redite sont légions. Que voulez-vous, on ne lit pas tous les éditos, fort heureusement d’ailleurs. On les redit bien souvent sans le savoir. Et le fait de s’y substituer, sans les lire, ne fait pas moins de soi la voix d’un temps… de la non-avant-garde d’un temps, s’entend.

La propension TÉLEX en cyber-journalisme citoyen rencontre d’ailleurs un allié aussi involontaire qu’inattendu: les lecteurs. Vous parlez du sujet que vous jugez vraiment crucial, sensible, important, vous collectez trente-deux visites. Vous bramez contre Jean Charest (qui, au demeurant, ne mérite pas moins, là n’est pas la question), vous totalisez en un éclair sept cent cinquante sept visites, dans le même laps de temps. Ça prend de la force de caractère pour ne pas, à ce train là, subitement se spécialiser dans le battage à rallonge du tapis-patapouf. Give people what they want, cela reste une ritournelle qui se relaie encore et encore sur bien des petits airs. Automatiquement accessible, dans une dynamique d’auto-vérification d’impact instantanée, il est fort tentant, le chant des sirènes du cyber-audimat. Beaucoup y ont graduellement cédé, dans les six dernières années (2006-2012). Et la forteresse cyber-citoyenne de lentement caler dans les sables actualistes rendus encore plus mouvants par ce bon vieux fond de commerce indécrottable de nos chers Bouvard & Pécuchet.

Je ne questionne pas les mérites intellectuels et critiques de la résistance tendue et palpable du polémiste cyber-journalistique. Il est sain, crucial même, de nier (au sens prosaïque et/ou au sens hégélien du terme) la validité du flux «informatif» journalier. C’est exactement au cœur de ce problème que mes observations actuelles se nichent. À partir de quel instant imperceptible cesse-t-on de critiquer le traitement ronron de l’actualité et se met-on à juste le relayer? À quel moment devient-on un pur et simple TÉLEX? Le fond de l’affaire, c’est que l’immense majorité des commentateurs citoyens n’est pas sur le terrain et c’est parfaitement normal. Tout le monde ne peut pas être en train de vivre à chaud le printemps arabe ou la lutte concertée et méthodique des carrés rouges québécois. Le journaliste citoyen n’est donc pas juste un reporter twittant l’action, il s’en faut de beaucoup. C’est aussi un commentateur, un analyste, un investigateur incisif des situations ordinaires. On notera d’ailleurs, pour complément à la réflexion, que les luttes, les rallyes, les fora, les printemps de toutes farines ne sont pas les seuls événements. Il est partout, l’événement. Il nous englobe et il nous enserre. Il nous tue, c’est bien pour ça qu’on en vit. Et le citoyen est parfaitement en droit universel de le décrire et de l’analyser, ici, maintenant, sans transition et sans complexe, dans ce qu’il a de grand comme dans ce qu’il a de petit. Il y a tellement énormément à dire. La force de dire est et demeure une manière d’agir, capitale, cruciale, précieuse. La légitimité fondamentale de ce fait n’est nullement en question. Ce qui est mis ici à la question, c’est le lancinant effet d’usure journalier, routinier. Le temps a passé et continue de passer sur la cyberculture. Les pièges imprévus de la redite chronique de la chronique vous guettent au tournant. Les échéances éditoriales vous tapent dans le bas du dos, que vous soyez suppôt folliculaire soldé ou simple observateur pianoteur de la vie citoyenne. Le premier éclat cyber-jubilatoire passé, ne se met-on pas alors à ressortir le vieux sac à malices journalistique, en moins roué, en moins argenté, et surtout en moins conscient, savant, avisé?

Retenez bien cette question et posez-là à votre écran d’ordi lors de votre prochaine lecture cyber-journalistique. Ceci est-il juste un TÉLEX, relayé de bonne foi par un gogo le pif étampé sur le flux, soudain intégralement pris pour acquis, du fil de presse? Que me dit-on de nouveau ici? Que m’apprend-on? Que subvertit-on en moi? Où est le vrai de vrai vrai, en ceci? Comment se reconfigure mon inévitable dosage d’idées reçues et de pensée novatrice dans cette lecture? Suis-je dans du battu comme beurre ou dans du simplement rebattu, ici, juste ici? Les impressions qu’on m’instille sur l’heure sont-elles des résurgences brunâtres hâtivement remises à la page ou des idées procédant d’une vision authentiquement socialement progressiste? Le fait est que, tous ceux qui on les doigts dansottant sur les boutons résultant du progrès ne sont pas nécessairement des agents de progrès… Il s’en faut de beaucoup.

La voici ici, justement (puisqu’on en cause, hein), mon idée force. Je vous la glose en point d’orgue et, pour le coup, n’hésitez pas à ne pas l’épargner. Mirez la sans mansuétude et demandez-vous si je la relaie, ouvertement ou insidieusement, du journal du matin (ce qui est la fonction essentielle d’un TÉLEX, gros être machinal, déjà bien vieillot et qui ne se pose pas de questions). Le cyber-journalisme citoyen ne piétine pas quand il résiste et se bat. Le cyber-journalisme citoyen se met à piétiner quand, entrant imperceptiblement en mimétisme, il se met à relayer ce qu’il aspirait initialement à ouvertement contredire, nommément la ligne «informative» des grandes agences de presse qui, du haut de leurs ressources perfectionnées et de leurs pharaoniques moyens, continuent d’ouvertement servir leurs maîtres. Le problème central, existentiel (n’ayont pas peur des mots), du cyber-journalisme citoyen n’est pas qu’on le marginalise (par acquis technique, rien sur l’internet ne se marginalise vraiment), c’est qu’on le récupère, en le remettant, tout doucement, dans le ton-télex du temps…

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Classé dans Actualité, Paul Laurendeau

La politique politicienne au Québec, matée par le bout de la lorgnette du conflit étudiant

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Pas de gossage à matin. Gabriel Nadeau-Dubois vient de quitter ses fonctions de porte-parole étudiant. Il retourne à la base et la lutte continue, implacable. Voici donc les partis en lice lors de la prochaine élection québécoise (prévue pour le 4 septembre 2012) et leur position commentée sur la question de l’heure: la hausse des frais de scolarité. On ira ensuite raconter que la politique politicienne, au Québec et dans le monde, n’est pas le reflet folklo et distendu de la lutte des classes.

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 Parti Libéral du Québec (chef: Jean Charest)
– Hausse des frais de scolarité de $254 par année pendant sept ans
– Entrée en vigueur de ladite hausse dès l’automne
– Maintien de la loi spéciale (Loi 12) limitant le droit de manifester

Le PLQ (au pouvoir depuis neuf ans) est un parti de droite-droite-droite, ronron, journalier, gestionnaire des affaires de conciergerie courantes, suppôt du libéralisme (comme son nom l’indique), bien engoncé dans la magouille politicienne et les combines des traditions électorales québécoises les plus fétides, intendant bonhomme et pro-capi du pouvoir. Ce gouvernement a appliqué les tactiques les plus basses et les plus malhonnêtes imaginables pour tenter de casser le mouvement des carrés rouges. Misant d’abord sur les regroupements étudiants les plus conciliants et négligeant le seul mouvement vraiment légitime, la CLASSE, le gouvernement a cherché à «négocier» avec les éléments du mouvement étudiant semblant représenter le mieux les positions gouvernementales. La proposition initiale du pouvoir était d’étaler la hausse dans le temps sans l’altérer significativment. Devant la solidité de la résistance, il proposa alors de bidouiller des combines au niveau (comme on dit dans le jargon tertiaire) des (gros) prêts et (petites) bourses pour soi disant faciliter la réception de la hausse dans les masses. Tactique typique du libéralisme québécois minus: on vous pousse dans les bras des banques en faisant semblant de vouloir vous faciliter la vie. En affectant de vous servir, on continue de servir ses maîtres du secteur privé. Mais même les associations étudiantes moins militantes n’ont pas marché dans cette criante attrape. Le fait est que les éléments étudiants conciliants sont distordus par le dilemme de leur posture veule. Ils se souviennent amèrement de grèves antérieures où ils avaient été instrumentalisés pour fracturer le mouvement. Ils n’ont pas mordu cette fois, parvenant à maintenir, bon an mal an, une ligne cohérente avec l’aile plus avancée du mouvement. Le gouvernement s’est alors appuyé sur le mythe excessivement médiatisé du carré vert, groupe étudiant croupion et infinitésimalement minoritaire, censé vouloir rentrer en classe. L’absence de base effective de cette organisation factice forca ensuite le gouvernement à brandir l’épouvantail d’une loi spéciale. Singeant ouvertement les lois spéciales de retour au travail, ce trait typique des négociations de style reaganien en Amérique du Nord, on a tenté de faire rentrer les étudiants dans les facs et les cégeps comme on ferait rentrer au travail les travailleurs de secteurs sensibles ou «esssentiels». Le droit de manifester fut ouvertement attaqué dans la Loi 78 (devenue depuis la Loi 12) mais, subtilité inattendue, vivant la chose comme un pelletage de factures dans leurs cours, les autorités constabulaires municipales (montréalaises notamment) ont appliqué la loi avec ce type de réalisme feutré visant subrepticement à ramener le parlement national à ses responsabilités décisionnelles. Flairant matoisement cette contradiction, les étudiants n’ont pas plié, malgré l’augmentation de facto des abus policiers ponctuels implicitement autorisés par cette loi. On a vu notamment des citoyens portant le carré rouge se faire harceler par la police, dans les rues de Montréal. L’échec sur le terrain de la Loi 78 (devenue depuis la Loi 12) a entraîné la démission d’une ministre de l’éducation. Elle fut remplacée par une seconde ministre qui proposa un $35 annuel de réduction de la hausse. Je revois encore la gueule de mon fils cégépien et de mon fils universitaire dans la cuisine, le matin de cette annonce: «On a pas fait tout ça pour aller chercher un malheureux $245 sur sept ans. Ils rient de nous autre». Le mouvement étudiant n’a évidemment pas mordu à cet appât minable. Il est, au jour d’aujourd’hui, de plus en plus déterminé à relancer le mouvement de grève (qui, de fait, n’a rien perdu de sa remarquable dimension de masse) en septembre si le gouvernement ne bouge pas au plan fondamental. Je ne peux qu’exprimer mon entière admiration pour nos enfants. On a raconté toutes sortes de fariboles sur le mouvement du carré rouge, l’accusant notamment de s’être égaré dans du sociétal généraliste et d’avoir perdu la perspective de la lutte ponctuelle contre la hausse des frais de scolarité. On notera, au contraire, que, dans le regard des militants étudiants, la question de la hausse (et celle, plus fondamentale, de la gratuité scolaire) n’est aucunement devenue marginale. C’est le pouvoir qui a dérapé de la hausse,  à l’étalement de la hausse, au bidouillage des prêts et bourses (pousser les jeunes et leurs parents vers plus d’endettement bancaire), aux injonctions sectorielles (procédant d’une judiciarisation biaisée et tricheuse du conflit, que le fermeté militante a su solidement contenir), au sabordage empiriste, superficiel et autoritaire du droit de manifester (dicté par la fort spéciale Loi 78 devenue 12). La province chercha donc par tous les moyens à faire dérailler le mouvement en le zigzagant et le barouettant dans toutes les directions mais les étudiants n’ont jamais perdu le focus de leurs exigences: gel de la hausse des frais de scolarité sur le court terme, gratuité scolaire à tous les niveaux, sur le long terme. Pas de fafinage. Je les appuie de tous cœurs et m’incline respectueusement devant la formidable leçon de cohérence politique qu’ils nous donnent. On m’autorisera ici une petite note personnelle. Étranger, j’ai pu faire mon doctorat (en France) à l’Université Denis Diderot, suivre des séminaires en Sorbonne, à l’École des Hautes Études en Sciences sociales, au Collège de France et à la Maison des Sciences de l’Homme auprès de sommités, le tout gratuitement, et il faudrait payer des mille et des cents pour étudier à l’Université du Québec à Saint Tite des Caps? Comme le disent les jeunes eux-mêmes: Bitch, please…

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Parti Québécois (cheffe: Pauline Marois)
– Gel des frais de scolarité jusqu’à la tenue d’un sommet sur l’éducation
– Seule hausse envisagée: l’indexation des frais de scolarité au coût de la vie
– Abolition de la loi spéciale (Loi 12)

Le PQ (qui n’a pas été au pouvoir depuis 2003) est un parti nationaleux (au nationalisme de plus en plus dépité, larmoyant et opportunistement épisodique), de centre-droite, à la fois planificateur et affairiste, promoteur convulsionnaire de Québec Inc, insidieusement et semi-inconsciemment crypto-xéno, et dont la consolation minimale serait de faire élire la première femme Première Ministre du Québec. Le poncif classique nationaliste-souverainiste de ce fier parti du cru est en grande partie relégué (une fois de plus) aux calendes par les crises du moment. Madame Marois, qui un moment porta le carré rouge en chambre, a lancé une analyse (c’est pas souvent que les politiciens politiciens hasardent des analyse…) que je médite encore et à laquelle je reconnais un mérite non négligeable. Madame Marois affirme que la crise étudiante a été, pour le gouvernement Charest, une diversion-spectacle, sciemment maintenue et perpétué par lui pour distraire l’attention du public sur le bilan nuisible et toxique des libéraux. Gaz de schiste hyperpolluant (la résistance citoyenne au sujet d’icelui ayant causé la démission d’une autre ministre), Plan Nord néo-colonial, corruption et collusion entre pègre et partis politiques dans le secteur des grands travaux d’infrastructure (le choix même de la date des élections serait, selon madame Marois, une astuce estivale pour esquiver la portion lourde et compromettante des travaux de la Commission Charbonneau, en automne). Tout cela a été effectivement bien embrumé dans le show de la fallacieuse fermeté paterne face au mouvement des carrés rouges. La solution de Madame Marois sera de noyer le poisson de la hausse dans un grand blablabla collectif la suspendant/reportant/retardant, le temps que les étudiants rentrent dans les facs et les cégeps… tout en se ménageant la possibilité de revenir hausser les frais de scolarité plus tard si les choses se tassent. Mon pronostic: le Parti Québécois va gagner cette élection avec l’appui (contrit) de la jeunesse. Mais cette dernière va remplacer le vote illusoirement passionné de ma génération (j’ai fait rentrer Jacques Parizeau dans l’Assomption à dix-huit ans, en 1976) par le vote utile, froid et méthodique, des pragma-temps contemporains. Et, même sous un régime Marois, si la hausse revient, les carrés rouges reviendront aussi. Cohérence un jour…

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Coalition Avenir Québec (chef: François Legault)
– Hausse des frais de scolarité de $200 par année pendant cinq ans
– Abolition partielle du crédit d’impôt pour les études supérieures
– Suspension des articles de la Loi 12 qui limitent le droit de manifester

La CAQ (qui n’a jamais été au pouvoir) est un parti démagogue, rétrograde, bien à droite, girouette, incohérent, flagorneur, arriviste, xénophobe, sorte d’équivalent québécois populiste et mollement francophiliaque des Conservateurs. Ces néo-réactionnaires insidieux et rampants maintiennent une version cosmétiquement atténuée de l’option gouvernementale actuelle tout en faisant bien sentir qu’ils sont de droite (fiscal conservative, diraient nos bons ricains) et s’assument. Un certain nombre de vesses verbales bien senties envers les carrés rouges, émises avec fracas par les dirigeants de ce parti de suppôts veules du capitalisme crispé, prouvent indubitablement que ce sont des autoritaires. Mets le manche dans les mains de ceux-là et prépare-toi à te faire batter en grande dans le champ gauche. À fuir.

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Québec Solidaire
(collectif de direction: Amir Khadir et Françoise David)
– Gratuité scolaire et élimination de tous les frais facturés aux étudiants
– Bonification du système d’aide financière aux études
– Suppression de la loi spéciale (Loi 12)

QS (qui n’a jamais été au pouvoir) est un conglomérat de différents partis et mouvements de gauche et populaires initialement réunis sous deux parapluies, l’Union des Forces Progressistes et le mouvement Option Citoyenne, et qui se sont ensuite fusionnés en un parti politique unique. C’est, en ce moment, un parti qui se donne comme écologiste, féministe, altermondialiste et, quoique plus mollement, anti-capitaliste. Leur programme sur les frais de scolarité, c’est l’idéal. Leur défaut, c’est qu’ils ne gagneront pas cette élection-ci. Je vous reparlerai plus explicitement plus tard des grandeurs et des faiblesses de cette gauche molle, déjà entrée en phase conciliante…

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Voilà donc le tableau. Au moment de diffuser, les associations étudiantes n’avaient pas encore explicitement émis leurs consignes de vote en termes politiciens, se contentant de formuler leurs exigences politiques globales (et ce, pas seulement en éducation). S’ils en viennent à émettre des recommandations favorisant des partis spécifiques, je ne doute pas une seconde qu’elles seront articulées et subtiles, tout comme, justement, le reste de leur analyse sociétale. Nos jeunes de la ci-devant génération Dolan (pour reprendre le mot pas trop mauvais d’un de nos folliculaires) nous ont prouvé lumineusement que la politique politicienne, eh ben, ils laissent cela à leurs petits porte-paroles modérés transfuges

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La mise en place de la Commission Charbonneau sur les collusions dans le secteur de la construction… ou JE ME SOUVIENS DE LA PATENTE À GOSSE (2)

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Et la Commission Charbonneau de lancer, justement cette semaine, la portion visible au public de ses fameux et tant attendus travaux. Et nous, bien nous continuons de bien nous souvenir car… il faudra revoir tout ça avec le recul, un jour. La listes des instances de la société civile québécoise ayant réclamé, entre 2009 et 2011, une commission d’enquête sur les collusions entre le secteur de la construction et les partis politiques au Québec se résume comme suit (liste non-exhaustive): Association des policiers provinciaux du Québec, Association des procureurs de la Couronne du Québec, CSD Construction, Centrale des syndicats du Québec, CSN Construction, FTQ Construction, Centrale des syndicats nationaux, Maire de Québec, Municipalités, MRC et conseils d’arrondissements, Fédération québécoise des municipalités, Fraternité des policiers de Montréal, Ordre des ingénieurs du Québec, Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec, Syndicat de la fonction publique du Québec, Ville de Montréal, maire et conseil municipal, Ville de Longueuil, mairesse et conseil municipal, PQ, ADQ. Les commentateurs proviendront de ces différents milieux et parleront d’une voix de plus en plus unanime. Tout le monde souhaite alors ou affecte de souhaiter que cesse la corruption dans le secteur de la construction aux niveaux municipal et provincial et que la collusion entre firmes d’ingénierie, pègre urbaine et partis politiques soit mise en lumière et éradiquée. La soif de savoir ce qui se passe et de comprendre clairement les méandres du système de corruption et de collusion est un puissant incitatif de pression dans toute cette dynamique. Les critiques de différentes origines s’opposent ici très massivement et fort unanimement au premier ministre Charest, tout en le rejoignant autour d’un postulat commun, celui de l’existence de malversations, de corruption et de collusions dans les secteurs de la construction de grandes infrastructures, au niveau municipal et provincial. C’est sur la solution à apporter, à cette étape de cette crise de confiance, qu’on ne s’entend pas. On peut donc résumer ce que furent les arguments des acteurs de la façon suivante.

Arguments du premier ministre: Une commission d’enquête est un mécanisme lourd, médiatisé et spectaculaire qui risque de nuire aux enquêtes policières en cours, qui sont délicates et complexes, en exposant sur la place publique, de façon désordonnée et surchargé politiquement, des personnalités qui en profiteront soit pour se refermer comme des huîtres et ne rien avouer, soit pour employer l’impunité dont elles disposeront pour s’en prendre aux autres, y compris à leurs ennemis personnels, tout en se protégeant eux même. Ces questions sont déjà difficiles à tirer au net dans le huis clos des interrogatoires de police ou de rencontre avec des juges d’instruction, elles deviendraient intraitables dans une commission d’enquête sur la place publique. Arguments du reste des intervenants: À des degrés divers (mais parfois très explicitement), on accuse le premier ministre de vouloir maintenir la discrétion et le secret des enquêtes non pour protéger leur efficacité effective mais pour dissimuler son implication personnelle et celle de son parti politique dans les activités illicites qui seront mises à jours. En se privant d’une commission d’enquête publique, on accuse le premier ministre et le parti au pouvoir de se priver du seul mécanisme juridique et politique d’ampleur nationale susceptible de procéder à une mise à plat complète et contraignante de tous les mécanismes de malversation, de collusion et de corruption dont l’existence ne peut-être que soupçonnée. Cette analyse fait valoir que les enquêtes policières ne capturent que les lampistes, épargne les grosses pointures, et que toutes les pressions politiques sont possibles quand les étapes de l’investigation se déroulent hors de la vue du public. Les intervenants publics, autre que le premier ministre et son cabinet, réclament une commission d’enquête publique (au sens classique du terme) sur les collusions entre le secteur de la construction et les partis politiques au Québec et ils exigent qu’elle opère avec pouvoirs pleins et entiers. Leurs arguments ne changeront pas tout le long de l’exercice et leur pression s’exercera de façon constante et, en fait, plus unanime que concertée.

Le premier ministre, pour sa part, va finir par se rentre à la position du reste de la société civile en trois étapes. 1) d’abord il préconisera une solution strictement juridico-policière au problème, dans le cadre de l’Opération Marteau et des travaux de l’Unité permanente anti-corruption. Il exigera qu’on laisse les corps policiers et les services d’enquête spéciale procéder à leurs recherches et dépositions à leur manière et sans qu’une commission d’enquête ne soit instaurée. 2) à la demande de toutes les instances précédemment citée, le premier ministre optera ensuite pour une commission aux pouvoirs restreints (la fameuse patente à gosse) ne pouvant ni obliger les prévenus à témoigner ni leur assurer l’équivalent de l’immunité parlementaire pour leurs témoignages. 3) quand la juge Louise Charbonneau, désignée par le gouvernement pour présider la commission, réclamera la capacité de contraindre les prévenus à témoigner et le pouvoir de leur assurer une immunité, le premier ministre Charest, qui s’était engagé à se soumettre à toutes les exigences de la juge Charbonneau, obtempérera, supprimant de ce fait la patente à gosse et rendant la commission d’enquête pleinement opérationnelle, comme l’avait été la Commission Cliche de 1975 ou la Commission d’enquête sur les comptes publics de 1936.

Pour faire triompher leurs idées et finir par faire fléchir leur premier ministre, les intervenants des divers segments de la société civile utiliseront absolument tous les arguments et procédés disponibles. Le chef politique de droite Gérard Deltell, de l’ADQ, écrira une lettre aux débutés libéraux d’arrière bancs, les invitant à relayer la pression populaire sur le corps ministériel. Des anciens PDG du secteur parapublic, des anciens hauts fonctionnaires, des juristes, des historiens, des philosophes, analyseront les incohérences logiques, juridiques et historiquesde l’option retenue par leur premier ministre. Ils jetteront leur expérience dans la balance pour faire la démonstration du raisonnement qui finira par détruite l’option patente à gosse: personne n’acceptera de témoigner (si on ne peut pas les forcer) quand tout ce qu’il diront peut se retourner contre eux (si on ne leur assure pas l’immunité). Dans un tel modèle de commission, les témoins les plus importants n’oseront pas parler sans protection, ne seront pas forcés de le faire, donc ne le feront pas. Les militants du regroupement Génération d’idées organiseront l’Opération Balai, une intervention militante devant l’Assemblée Nationale du Québec pour promouvoir la mise en place d’une commission d’enquête, de type classique, en bonne et due forme. Finalement, des intervenants souverainistes utiliseront même les tergiversations de premier ministre Charest comme élément d’un bouquet garni argumentatif contre le fédéralisme canadien.

La collusion et la corruption entre le secteur de la construction et les paliers municipaux et provinciaux du gouvernement est une réalité ancienne, institutionnalisée, solide et secrète dans un contexte socio-économique comme celui du Québec. Faire la lumière sur cette question est un enjeu important, dans les conditions actuelles où la remise en ordre des grandes infrastructures et l’austérité budgétaire créent une conjoncture nécessitant le minimum de gaspillage et de détournements de fonds, et le maximum d’efficacité et de sobriété, si possible. La société civile a vu un malaise profond dans son intendance politico-économique et cherche à mobiliser des outils juridiques, grandioses mais traditionnels, pour y remédier. Il est cependant indéniable ici, que l’histoire se répète. Le discrédit généralisé du gouvernement Charest l’a rendu parfaitement inapte à défendre l’argument selon lequel la Commission Charbonneau sera un grand spectacle collectif que les québécois se donneront, en pleine lumière, longtemps après, pour reprendre le mot d’un des ministres du gouvernement, que les coquerelles se seront bien cachées, chassées justement par la lumière. Considérant que le premier ministre et ses ministres défendaient, avec duplicité, des vues leur assurant la position de juge et de parti, les québécois se sont objectés collectivement. Or, on a ici un cas d’espèce où gagner c’est perdre. Dans un monde idéal, des enquêtes policières discrètes auraient certainement été préférables. Miné par son fardeau de scandale, le premier ministre du Québec a été totalement inapte à défendre cet argument sans paraître vouloir se défiler, avec le parti ministériel, entre les mailles du filet de la justice. Monsieur Charest n’a convaincu personne. Les idées des objecteurs du premier ministre ont triomphé. La Commission Charbonneau a été instauré. 2012 la verra se mettre en branle. Mais ici aussi gagner, c’est perdre. Que fera t’elle de plus que toutes les commissions d’enquête qui jalonnent notre cahotante histoire et dont, en fait, elle ne diffère en rien… et dont, en fait, on sait parfaitement, avec notre recul historique, riche, dense et jalonné, justement, qu’elles n’ont rien pu vraiment régler, vue que nous en sommes encore là… Mon sentiment est limpide sur toute cette histoire: la vraie PATENTE À GOSSE ne fait que commencer…

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Classé dans Actualité, Paul Laurendeau

La mise en place de la Commission Charbonneau sur les collusions dans le secteur de la construction… ou JE ME SOUVIENS DE LA PATENTE À GOSSE (1)

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Arrestation de monsieur Zampino. Voici dont que l’Opération Marteau frappe de nouveau. Ce n’est justement pas une raison pour escamoter le fait, crucial et sensible, que la Commission Charbonneau continue de couver sous le boisseau. Il est capital de se souvenir clairement des particularités les plus saillantes du régime gouvernemental actuel au Québec, sur cette question récurrente et purulente des collusions et de la corruption. La réminiscence à laquelle je vous convie ici porte donc sur l’ensemble de pressions publiques ayant été exercées entre le 15 septembre 2011 et le 9 novembre 2011, et ayant menés à la mise sur pied, en deux phases, de la fameuse Commission Charbonneau. La mise sur pied d’une commission d’enquête sur les collusions entre le secteur de la construction et les partis politiques au Québec fut, je vous supplie de vous en souvenir, le résultat d’un ensemble complexe de pressions politiques exercées par la société civile sur le gouvernement du Québec et le Parti Libéral au pouvoir. Je me propose donc ici, modestement, de pérenniser la dynamique de cet ensemble de pressions politiques, élitaires et citoyennes, s’étant exercées, fort intensément, entre 2009 et 2011, sur cette question dont les répercussion se feront sentir longtemps encore dans la vie sociale et politique québécoise. La chose étant particulièrement hallucinante en soi, je me propose d’adopter le ton le plus pudique imaginable pour procéder à sa présentation.

Depuis avril 2009 des irrégularités et des problèmes de collusion de diverses natures se manifestent au Québec autour du secteur de la construction, et de nombreux intervenant, voyant le caractère général du problème, se sont mis à réclamer des enquêtes et des investigations sur la question. La possibilité d’une profonde implication du crime organisé et de liens intimes entre ce dernier, les acteurs importants du secteurs de la construction et les paliers de gouvernements municipaux et provinciaux crée un conteste de suspicion généralisée qui oblige le gouvernement du Québec à mettre sur pied, en février 2011, une Unité permanente anti-corruption, inspirée d’une unité semblable existant à New York. Le 15 septembre 2011, une fuite du rapport du directeur de cette unité (Jacques Duchesneau) confirme une nette corrélation de collusion entre pègre, ministère des transports, grandes entreprises de travaux publics et caisses électorales de partis politiques municipaux et provinciaux. Le premier ministre du Québec, Jean Charest, met alors sur pieds, le 19 octobre 2011 une commission d’enquête aux pouvoirs limités (qu’on surnommera alors la patente à gosse), dont il confiera la direction à la juge Louise Charbonneau. Le 9 novembre 2011, Jean Charest cédant ensuite à un autre ensemble, toujours croissant, de pressions publiques, retire les restrictions des pouvoirs de cette commission d’enquête et la rend pleinement opérationnelle. Je vous remémore ici un échantillon représentatif des pressions s’étant exercées pour que la Commission Charbonneau devienne de plain pied une commission d’enquête au sens régulier et ordinaire du terme. Le terme patente à gosse, est une expression québécoise péjorative (amplement utilisé par les groupes de pressions impliqués sur cette question et les médias) pour désigner une machinerie compliquée, alambiquée, tarabustée qui fait semblant de bien marcher mais qui en fait est toute croche et risque de ne pas vraiment remplir sa fonction ou ses promesses, même si elle a un petit côté spectaculaire qui pourrait faire illusion. La première mouture da la Commission Charbonneau était, selon ses principaux critiques, une patente à gosse, la seconde mouture (la version actuelle) ne le serait plus. Notre chronologie restreinte se formule donc comme suit:

  • 15 septembre 2011: Fuite du rapport Duchesneau et début de l’intensification des pressions pour obtenir une commission d’enquête sur les collusions entre le secteur de la construction et les partis politiques au Québec
  • 19 octobre 2011: Mise sur pied de la Commission Charbonneau dans sa version dite «patente à gosse»
  • 9 novembre 2011: à la demande de la juge Charbonneau, et sous la pression collective, assignation des pleins pouvoirs à sa commission d’enquête

Il est important de garder à l’esprit que le gouvernement du Québec, comme corps administratif provincial, a une longue tradition de corruption. On peut évoquer les scandales de constructions ferroviaires du 19ième siècle et de concessions forestières abusives au tout début du 20ième  siècle, ayant fait tomber des gouvernements, notamment ceux de Simon-Napoléon Parent en 1905 et de Louis-Alexandre Taschereau en 1936. Des abus durables du système de ristournes du duplessisme entre 1945 et 1960 jusqu’aux malversations mises en lumière par la Commission Cliche en 1975, la collusion et la corruption sont un héritage lourd et ancien au Québec et, au fil du temps, il s’avère que tous les partis politiques sans exception sont compromis et qu’on a, en fait, affaire à une caractéristique profonde et récurrente de cet appareil gouvernemental spécifique.

Au pouvoir, dans des gouvernements minoritaires ou majoritaires, depuis 2003, le Parti Libéral du Québec du Premier Ministre Jean Charest est bien installé aux commandes de l’état québécois. Depuis 2009, on assiste à une intensification des «affaires» de népotisme et de collusion de différentes natures concernant la gestion actuelle de l’état québécois par ce parti spécifique. Son ancien ministre de la justice Marc Bellemare a accusé ce gouvernement d’obtenir des contributions politiques en échange de la nomination de juges (cela a déclenché la mise sur pied de la Commission Bastarache). Son ancien ministre de la famille Tony Tomassi a du démissionner pour avoir utilisé la carte de crédit d’une entreprise disposant de contrats gouvernementaux. Et plus récemment, c’est la présidente du Conseil du trésor, madame Michelle Courchesne qui est accusée d’avoir, lorsqu’elle était Ministre de la Famille, alloué des contrats de lancement de garderies privées et des places en garderies à des contributeurs de la caisse électorale du Parti Libéral du Québec. On peut donc dire que la crédibilité politique de ce gouvernement n’est pas très forte en ce moment. Jacques Duchesneau est un officier de police ayant trente ans de carrière. Il a été chef de la police de Montréal de 1994 à 1998 et candidat malheureux à la mairie de Montréal en 1998. Patron de l’Unité permanente anti-corruption depuis février 2011, il dépose un percutant rapport en septembre 2011. «L’ancien chef de police conclut que le ministère des Transports est impuissant face à la collusion et que le crime organisé et les entreprises de construction sont responsables des coûts très élevés payés par l’État pour ses projets de construction. Une partie du magot serait ensuite transférée vers les caisses électorales des partis politiques, affirme le rapport Duchesneau.» (La presse Canadienne).

Le bras de fer argumentatif se met alors en place…

(À suivre)

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Classé dans Actualité, Paul Laurendeau

Mcleans avait raison!

Grande nouvelle! Un rapport que le Ministère des transports du Québec voulait laisser croupir sur les tablettes, se retrouve par miracle chez Radio-Canada.  Comme par hasard, ce rapport confirme ce que nous avons toujours su: l’industrie de la corruption, pardon, de la construction est corrompue à l’os. Depuis des décennies, c’est un secret de polichinelle. Quoi? Vous croyiez peut-être que notre stade olympique valait vraiment le milliard et des poussières qu’il nous a coûté? Vous croyiez qu’ailleurs qu’au Québec, des projets comme l’extension du métro à Laval ont aussi des dépassements de coûts de 350%? Nous avons toujours su que cette industrie était toute croche, mais maintenant nous en avons la preuve.

Devrait-on être surpris? Pas le moins du monde, puisque la corruption va toujours main dans la main avec des gouvernement interventionnistes, et celui du Québec est de loin le plus interventionniste au Canada.  Il y a toujours eu un lien entre la liberté économique d’un territoire et la corruption pour de très simples raisons:

  1. Plus une industrie est règlementée, plus l’entrée de nouveaux joueurs est restreinte, limitant la concurrence et plus il est facile pour les joueurs existants de se cartéliser sans craindre qu’un nouveau concurrent vienne briser le cartel.
  2. Plus une industrie est règlementée et plus le pouvoir sur cette industrie est concentrée dans les mains de fonctionnaires et politiciens et plus il devient nécessaire de graisser des pattes pour accomplir quoique ce soit. Il ne peut y avoir de corruption que dans le secteur public car ce sont eux qui détiennent le pouvoir et qui peuvent le vendre au plus offrant.
  3. Les foctionnaires et politiciens n’ont aucun incitatif à s’assurer que les deniers publics soient bien dépensés. Ce n’est pas leur argent, c’est celui du contribuable, alors qu’est-ce que quelques millions par ici, ou par là si ça leur permet d’acheter des votes ou d’accroitre leur pouvoir?

Pourquoi croyez-vous que ça dure depuis si longtemps, sans que personne ne dise un mot? Je vous dirais que c’est parce que les acteurs sont tous au-dessus des lois et qu’ils on tout intérêt à ce que vous ne sachiez pas ce qui se passe. Encore une autre fois, ils ont d’ailleurs cherché à vous cacher la vérité. N’eut été du fait que quelqu’un a pris sur lui-même d’envoyer une copie de ce rapport à R-C, nous n’en aurions probablement jamais vu la couleur de source officielle. Maintenant qu’ils ont été pris les culottes baissées, le gouvernement Charest va-t-il finalement  former la commission d’enquête réclamée depuis si longtemps par la grande majorité de la population?

Marquez votre calendrier, car vous ne reverrez pas l’occasion de si tôt ou je me retrouve en accord avec Amir Khadir, mais Jean Charest n’a plus que deux choix honorables: faire une commission d’enquête ou démissionner. Cependant, je n’ai aucune illusion sur le résultat d’une telle commission. Nous allons certainement voir des têtes rouler, mais le problème ne sera pas résolu pour autant,  tant que nous ne revoyons pas le rôle de notre gouvernement dans l’économie.

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Classé dans Actualité, économie, Philippe David

Auto design A720 (et 720 raisons d’avoir peur)

Par Renart Léveillé

Voici ma caricature du jour :

Et le billet que j’ai pondu lundi passé à ce même sujet :

Je ne sais pas pour vous, mais je commence à en avoir ras le bol du discours rassurant des politiciens au lendemain de l’effondrement d’une structure en béton sur l’autoroute Ville-Marie :

Toutes les routes qui sont ouvertes sont sécuritaires [selon les critères du] ministère des Transports. Il n’y a aucun compromis avec la sécurité au Québec. […] On fait des inspections régulières de toutes les infrastructures et ces inspections nous permettent d’effectuer des travaux rapidement.

Gracieuseté de la cassette de Sam Hamad. Et en bonus, ce qui suit :

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, s’est fait pour sa part rassurant. «On est en mode solution», a indiqué le maire, à proximité des lieux de l’effondrement. Selon lui, la Ville fait déjà tout ce qui est en son pouvoir pour la sécurité des automobilistes et continuera à le faire. «Ça fait depuis 10 ans qu’on investit des sommes dans nos infrastructures. Je sais que les incidents s’additionnent de plus en plus. On va continuer à faire les représentations nécessaires» auprès de Québec et d’Ottawa. Il n’y a pas lieu de «paniquer».

C’est bien beau faire des déclarations après-coup, mais la population n’est pas stupide, elle a en tête le scénario de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment.

C’est surtout la déclaration de Sam Hamad qui me donne de l’urticaire, étant donné que c’est le gouvernement du Québec qui tient principalement les rênes dans le dossier du transport. Parce que le ministre des Transports ose carrément nous mentir. Toutes les routes ne sont pas sécuritaires (à moins que la dernière route non sécuritaire soit la 720, ce dont je doute très fortement). S’il n’y avait « aucun compromis avec la sécurité au Québec », il n’y aurait pas de catastrophes, donc pas de raisons de faire des discours rassurants. Pour ce qui est « des inspections régulières » et « d’effectuer des travaux rapidement », je veux bien croire, mais ça ne semble pas suffisamment régulier, ni assez rapide.

Aussi, c’est encore un discours qui nourrit le cynisme ambiant. Et nul doute que Sam Hamad protège le bilan Charest ici. Ce que j’aurais au moins aimé entendre c’est : il y a un gros problème avec les infrastructures et nous allons tout faire en notre possible pour le régler!

Ajout :

Ah! j’allais oublier! J’ai pondu hier un statut sur Twitter en lien avec ce sujet :

Offre d’emploi : inspecteur d’infrastructures, envoyer CV au gouvernement du Québec. Cousins, beau-frères ou amis d’élu s’abstenir.

*******

Encore aujourd’hui, notre bon Sam Hamad s’en lave les mains et tente par tous les moyens de renvoyer la balle. Alors, je suis d’accord avec le blogueur Patate quand il écrit :


mettez vos énergies à sécuriser nos vies […], au lieu de jouer au ballon chasseur.

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

La poudre aux yeux.

Photo: La Presse Canadienne /Jacques Boissinot

 

Cette semaine, Jean Charest a présenté en grande pompe son fameux Plan Nord. Ce plan prévoit 80 milliards d’investissements publics et privés sur les 25 prochaines années pour développer l’exploitation minière, des projets hydro-électriques, et même pour faire du Grand Nord une destination touristique! S’il y en a qui pensent que je m’excite à cette idée, je dois vous décevoir car tout ceci n’est que de la fumisterie et de la pensée magique.

Encore une fois, le gouvernement de Jean Charest, tel un prestidigitateur, tente de détourner notre attention de ce qui se passe vraiment et de nous faire oublier sa corruption dans un grand « show » de fumée et de miroirs. Les chiffres de retombées étaient douteux au départ, maintenant il s’avère qu’ils ont été grossièrement surestimés. La plupart des projets cités n’ont même pas passé le stade de l’étude de faisabilité et il est possible que bon nombre d’entre eux ne démarrent même pas. Imaginez vous donc que si tout ça avait vraiment été rentable, il y a belle lurette que les compagnies minières se seraient ruées vers le nord. Mais le nord n’est pas vraiment un El Dorado. Nous allons donc dépenser des milliards de l’argent du contribuable sur un projet qui sera d’une rentabilité douteuse, alors que nous sommes déjà collectivement dans le dèche et pis encore, le gouvernement va emprunter des millions pour investir en notre nom sur des actions minières. Autant les jouer au Casino de Montréal. Les résultats seront les mêmes.

Mettez une croix dans votre calendrier, mais pour une fois, je suis d’accord avec Amir Khadir quand il dit que ce projet vient tout droit du 19e siècle. Il a tout à fait raison, mais pas pour les raisons qu’il croit. Je ne suis pas contre le développement de nos ressources minières, mais révolu depuis longtemps est le temps où les industries primaires comme l’industrie minière faisaient la richesse du Québec. La vente de matières premières n’a jamais été ce qu’il y a de plus profitable. La transformation des ces matières en produits finis l’est beaucoup plus, et de nos jours, la haute technologie est plutôt la où nous devrions nous diriger. Miner et vendre des matières premières est ce que font les pays du tiers-monde, alors quand notre Premier-Ministre dévoile en grande pompe un vaste projet de minage et vente de matière première, il y a des questions à se poser.

Il est temps que Jean Charest arrête de prendre les québécois pour des cons et commence plutôt à faire oublier ses erreurs passées en gouvernant de façon responsable plutôt que d’essayer d’organiser des buffets corporatistes où les petits n’amis du pouvoir s’en mettront plein les poches au dépens du contribuable.

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Classé dans Actualité, économie, Philippe David

Du pain et des jeux… Encore une fois!

Je suis assez vieux pour me souvenir de la grande rivalité entre Montréal et Québec aux belles années quand les Nordiques évoluaient à Québec. Je me souviens encore de cette époque où on pouvait voir les frères Stasny affronter les Gainey, Carbonneau, Robinson. Ce furent sans l’ombre d’un doute les meilleures années du hockey au Québec. Je peux donc comprendre cette nostalgie que les citoyens de la ville de Québec ont de cette belle époque, et jusqu’à un certain point je ne serait pas trop fâché de voir renaitre cette grande rivalité, mais à quel prix?

Le maire Labeaume semble être pris de la folie des grandeurs et son insistance que le nouvel amphithéâtre de de Québec soit financé à 100% de fonds public signifie qu’une génération entière de contribuables québécois vont payer pendant longtemps le prix de sa folie. Passons sur le fait qu’un retour d’une franchise de la LNH n’est même pas dans les plans de la ligue actuellement, selon son président Gary Betteman, des investisseurs privés ont offert d’y contribuer plusieurs dizaines de millions seulement pour se faire rabrouer par Labeaume.

Alors hier matin, voilà donc ce cher mégalomane de Maire qui fait une conférence de presse, accompagné par notre cher Premier Ministre les deux mains sur le volant, prêt à endetter sa ville et la province entière, pour une aréna qui pourrait vraisemblablement ne pas avoir de locataires. Tout ça pour la modique somme de $400 millions, selon les estimations, mais au Québec, il faut toujours multiplier ces chiffres par deux, enveloppes brunes obligent. Je ne serait pas terriblement surpris si la facture finale venait à frôler le milliard. Combien voulez-vous parier? Et d’où viendra cet argent?

Ayant passé la plus grande partie de ma vie à Montréal ou dans sa périphérie, j’ai une vague impression de déjà-vu. À Montréal, nous avons vécu exactement la même chose avec le maire Drapeau et nous payons encore pour le Stade Olympique, sans compter tout ceux qui ont été expropriés pour construire un aéroport international qui est maintenant réduit à un vulgaire terminal de cargo. Nous avons payé pour les lubies du Maire Drapeau et maintenant, nous nous préparons encore une fois à nous faire dévaliser pour celles du Maire Labeaume. Est-ce que les québécois ont le mot « idiot » tatoué sur le front?

MM Charest et Labeaume ont beau promettre de belles retombées économiques « si » nous construisons cet amphithéâtre et « si » la LNH veut bien accorder une franchise à Québec, mais en réalité ce n’est que de la poudre aux yeux. Il est certainement vrai que certains profiteront de la présence du nouveau Colisée. Les restaurants et les commerces aux abords feront de bonnes affaires, les concessions à l’intérieur aussi, à vendre de la bière et des hot dogs hors de prix. Mais tout l’argent qui y sera dépensé, aurait été dépensé ailleurs de toute façon. Le gain des commerçants près du nouveau Colisée se feront toujours au dépens de ceux plus éloignés, comme à Lévis, ou Charny, ou Val Bélair, ou Charlevoix. Pis encore, les taxes et impôts supplémentaires que nous devrons éventuellement tous payer pour financer sa construction, auraient pu être dépensés chez des milliers de commerçants et entreprises à Rivière-du-Loup, Saguenay, Val d’Or, Victoriaville, Gatineau, Gaspé ou Sherbrooke. En fait, toute les retombées promises se feront au dépens de toutes les autres régions.

Il est toujours très facile de dépenser de l’argent quand c’est celui des autres. Le Maire Labeaume n’a certainement pas de scrupules à dépenser celui de ses électeurs pour son agrandissement personnel. Quant à M. Charest, il est certainement prêt à tout pour essayer de nous faire oublier les déboires et la corruption de son gouvernement et le nouveau Colisée est une bonne diversion. Comme dans la Rome antique, c’est le coup du pain et des jeux… encore une fois!

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Classé dans Actualité, Philippe David

Rapport Bastarache : un jupon en guise de pansement

J’ai lutté de toutes mes forces pour ne pas écrire sur la remise du rapport (sur la commission en lien avec la nomination des juges) par Michel Bastarache. Parce que c’était écrit dans le ciel que ça ne donnerait pas grand-chose de plus que ce que la majorité imaginait. J’illustrerais cela comme suit : Bastarache, avec son jupon qui dépassait, a fabriqué un gros pansement pour Charest. Mais le problème, c’est que ce pansement n’est pas assez gros pour empêcher l’hémorragie…

En fait, c’est le début de l’article de Geneviève Lajoie (du Journal de Québec) qui m’a fait changer d’idée :

Reconnaissant que le processus de sélection et de nomination des juges au Québec est perméable aux influences de toutes sortes, le commissaire Michel Bastarache recommande un chambardement.

Ne voyez-vous pas l’absurdité là-dedans? Surtout quand on constate qu’il a lavé par son rapport son ami John James Charest. Le processus est perméable aux influences, mais celui qui devrait normalement être le plus influent, ou du moins un minimum, soit le Premier ministre, ne l’aurait pas été du tout? Et on se surprend du cynisme de la population!

Tout cela démontre bien les limites de la démocratie comme elle se passe actuellement. Jean Charest gaspille environ 5 millions des deniers publics pour laver sa réputation et en plus ça ne fonctionne pas, il est toujours aussi sale. Ce rapport est pour lui une raison de s’accrocher au pouvoir et cela lui donne en plus de la crédibilité, mais seulement dans son dialogue intérieur…

Il a beau se péter les bretelles, ça ne fera pas fléchir la pression des citoyens et de plus en plus de gens influents pour une large commission sur les liens corrompus entre certains politiciens au pouvoir et les compagnies (dans son sens le plus large) faisant affaire avec le gouvernement.

Cette commission, au-delà de ce qu’on peut lui trouver de positif, n’aura été qu’une bûche de plus pour nourrir ce feu.

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Classé dans Actualité, Renart L'Eveillé

Le syndrome du larbin et la révolution islandaise

Par Renart Léveillé

Deux trucs inédits pour moi voilà quelques heures encore, et que je me dois d’imprimer ici. À défaut d’être journaliste, et donc seulement blogueur (et d’aimer adorablement ce passe-temps ingrat), je peux au moins faire ça…

Le syndrome du larbin

Définition sommaire :


Chez un individu, le syndrome du larbin est un comportement pathologique visant à prendre systématiquement la défense des classes les plus favorisées au détriment de celles dont il est issu. Ce syndrome diminue les capacités d’analyse du larbin et se traduit par un blocage psychologique l’incitant à agir préférentiellement contre ses propres intérêts au profit de ceux qui l’exploitent.

Ne vous lancez pas sur votre téléphone pour conseiller à votre beau-frère un bon psychologue, c’est plus humoristique que sérieux, même s’il semble exister de véritables cas de ce syndrome. Il ne manque qu’un scientifique pour s’y pencher, mais je doute fort qu’il reçoive des subventions privées ou gouvernementales, alors c’est déjà mort dans l’oeuf…

En fait, si c’était vrai, ou plutôt avéré, la presque totalité des gens penchants à droite en serait, étant donné qu’il y a un très petit pourcentage de droitistes très riches. Mais je ne passerai pas trop de temps là-dessus, parce que dans le fond, ce sujet est seulement un clin d’oeil pour introduire le prochain.

La révolution islandaise

Visiblement, la population islandaise aurait un taux de syndrome du larbin assez bas si on regarde ce qui s’y passe depuis 2008.

C’est vraiment une histoire incroyable et pourtant, il n’y a vraiment pas eu beaucoup d’écho depuis ce qu’on a appelé « la révolution des casseroles », que relatait Le Figaro le 4 février 2009 :

Le tintamarre des casseroles et des poêles à frire, chaque samedi devant le Parlement, a fini par avoir raison du premier ministre islandais […] Geir Haarde, chef d’un Parti conservateur qui dominait la scène islandaise depuis l’indépendance du pays en 1944 […] Mais la «révolution des casseroles», comme on l’appelle à Reykjavik, n’est pas terminée : ce samedi, pour la 17e fois depuis le début de la crise [financière] en octobre, ils étaient encore plusieurs centaines à crier leur colère. «Rendez-nous notre argent !», proclament des pancartes. «On veut de nouvelles têtes dans les banques et au gouvernement » […]

Une coalition de partis de gauche ainsi qu’une première femme au poste de premier ministre, Jóhanna Sigurðardóttir, ont été portées au pouvoir, mais assez rapidement, le peuple a pris les choses en main en refusant par référendum à 93% le remboursement de la dette et en élisant une Assemblée citoyenne chargée de rédiger une nouvelle constitution (« Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif. »). Leurs travaux commenceront en février pour se terminer à la fin du printemps.

Le reste de l’Histoire est à écrire.

*

Avouez que c’est assez inspirant! C’est quelques crans au-dessus d’une pétition demandant la démission de notre premier ministre John James Charest, quand même… (Ce n’est surtout pas pour dénigrer la chose, si seulement c’est le début de quelque chose de plus vaste, espérons-le!)

Voilà la preuve qu’il y a plus grand et plus profond que la démocratie comme on la voit théoriquement. Les supposés chiens de garde de cette démocratie molle sont apathiques, il n’en tient qu’à moi, qu’à vous, citoyens, d’y fouetter les sangs!

Voilà mon humble contribution. Ne vous gênez surtout pas pour faire suivre.

*

(Merci à Eric Bondo de m’avoir pointé ces sujets.)

 

(Peinture : Pierre Marcel, « Bringing democraty », Acrylique sur toile, 150 x 150 cm, France 2001.)

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