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La religion comme bâton dans les roues de l’éducation sexuelle

Par Renart Léveillé

Pour le billet que j’ai publié mardi dernier, j’ai essayé de me tenir le plus près possible des faits. Pour ceux qui ne l’ont pas lu, j’y relatais l’histoire d’un ami enseignant qui va être suspendu trois jours par le directeur de son école parce qu’il a distribué des documents traitant de la sexualité à ses élèves.

Je veux y revenir parce qu’un des soupçons que j’ai quant à la raison de cette suspension a été soulevé dans un commentaire que j’ai eu sur Facebook en lien avec cette affaire. Et ce commentaire vient d’un autre enseignant qui raconte qu’un collègue à lui a été suspendu 5 semaines. Et la cause : des parents très religieux et très organisés. Je n’en doute point, ça pourrait tout à fait être cette même raison pour ce qui est de mon ami. Et, vous vous en douterez bien, ça me fait sortir la boucane par les oreilles!

Personnellement, je n’ai aucune patience quand il s’agit de la religion qui tente d’entrer d’une façon ou d’une autre dans l’espace commun. Et c’est bien de ça qu’il est question quand des ultrareligieux tentent de mettre des bâtons dans les roues de l’éducation sexuelle des jeunes. J’en viens même à me demander si l’abandon des cours de FPS avec la Réforme ne trouve pas plus ou moins sa source dans un lobby du genre…

Parce que là ils ont tellement le beau jeu. Le gouvernement s’est lavé les mains du problème en relayant la tâche aux profs et aux parents. Et, c’est bien connu, la plupart des parents sont mal à l’aise avec la sexualité (gracieuseté de notre civilisation judéo-chrétienne), et ça doit pas mal être la même chose avec les enseignants… Il ne reste qu’à ces brebis la tâche de débusquer les exceptions comme mon ami et d’appuyer sur le bouton-pression!

Alors, vivement le retour des cours d’éducation sexuelle. Des gens compétents qui vont faire le travail de démystification, des parents normaux qui vont être contents, et pour les autres, qu’ils continuent leur vaine croisade… En espérant qu’on en entendra de moins en moins souvent parler, et qu’ils finiront par disparaître. Optimisme, quand tu nous tiens…

Certains me trouveront sans doute trop dur, mais j’assume tout à fait mon propos. Dans un monde où la science nous montre que la sexualité est une chose normale, hautement humaine et importante pour l’équilibre mental de l’individu, ceux qui voudraient qu’elle soit régie par des préceptes doctrinaires archaïques m’apparaissent réellement anormaux.

Je sais bien que de pointer la normalité est dangereux. Surtout quand la normalité est pour beaucoup synonyme d’immobilité, que le terme inspire le contraire de la créativité. Mais ce n’est pas de cette normalité dont il s’agit. Plutôt celle-là qui donne une chance à quiconque d’avoir un bon départ dans la vie. Le choix, qui vient avec la connaissance, n’est-ce pas le plus beau cadeau qu’on puisse faire à un jeune?

Parce que d’enfermer les jeunes dans le noir jusqu’à ce que leurs hormones les poussent à expérimenter (ou pire, à se replier sur eux-mêmes devant l’épouvantable de l’inconnu), cela me semble beaucoup plus nocif. Les sujets, comme la contraception, les infections transmissibles sexuellement, etc., ne manquent pas. Et on voudrait laisser toutes ces questions à la merci de la religion : ce qu’il y a de moins « mis à jour » en terme de sens sur la planète?

Les gens peuvent bien croire en Dieu, ce n’est pas tellement ça le problème. C’est l’application aux réalités terrestres qui branle dans le manche! Certains pourraient faire ressortir l’importance de la tradition qui vient avec la religion, qui vient avec Dieu, mais il s’agit d’aujourd’hui, pas d’hier! L’écho de la réalité d’il y a (soi-disant) deux-mille quelques années (en tout cas du côté chrétien) est bien insuffisante pour nous aider aujourd’hui, à moins d’y mettre une énergie folle pour en extirper quelque chose. Si je ne m’abuse, nous avons la liberté de mettre notre énergie ailleurs, et c’est bien contre cette liberté que les ultrareligieux se battent.

Pour ma part, je me bats aussi, mais avec ces quelques mots. Soyez du nombre.

(Image : formfaktor)

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La Bourse et/ou la vie!?

 

Par Renart Léveillé

Les récents soubresauts de la Bourse donnent des sueurs froides à certains plus qu’à d’autres, mais au final le risque reste somme toute assez généralisé. Si le château de cartes s’effondre, les répercussions se feront sentir partout.

C’est pourquoi il serait intéressant de regarder la dynamique sociétale qu’accompagne le système de la spéculation boursière. Puisque justement ce jeu est plus qu’un simple jeu. On pourrait aller jusqu’à dire que la santé de la société en dépend : dans l’optique où l’économie y compte pour beaucoup, étant donné qu’elle est liée à la satisfaction des besoins essentiels. L’économie est bien sûr aussi très liée aux autres besoins (ceux qui ont entre autres été créés pour l’alimenter dans la fuite en avant de la croissance rapide) mais nous nous entendrons pour pointer l’importance de la survie (ou le confort) du plus grand nombre. Et avec en tête qu’une crise financière importante ne fait jamais en sorte que « les derniers seront les premiers »…

Alors, il est très facile de faire une ligne directe entre la spéculation boursière et l’équilibre sociétal, pour ne pas dire le bonheur social (selon le contexte actuel, sans pour autant occulter son imperfection et ses problèmes). Il serait donc honnête d’affirmer que la pérennité du bonheur social n’est pas entre les mains de tous, mais bien entre les mains d’une élite ayant les moyens financiers de mettre son poids dans la balance (de la Bourse). Parce qu’il faut se le dire franchement, ce qu’on pointe comme étant « la confiance dans les marchés » a tout à voir avec l’individualité, rien avec la collectivité.

À la base, les choix d’un investisseur ne concernent que son propre investissement. Il n’a pas de lien avec la causalité externe dans son cheminement décisionnel. Son but n’est que de préserver ou de faire fructifier son portefeuille, ce qui semble tout à fait légitime d’un point de vue individualiste. Pourtant, c’est l’addition de décisions de non-confiance dans les marchés qui est dangereuse pour le château de cartes (l’externalité que le spéculateur n’a pas en tête lors de sa prise de décision transactionnelle). Beau paradoxe.

Dans la possibilité d’un krach, suite à un effet domino, c’est là où la multiplication d’individualités ne va pas dans un sens positif pour le plus grand nombre : c’est par conséquent l’individu contre la collectivité. Devant ce paradoxe, serait-il utile de se poser la question à savoir pourquoi un pouvoir décisionnel aussi important est laissé à des individus qui n’ont qu’un intérêt individuel, et qui en plus n’ont aucunement conscience de son hypothétique portée collective? Sans oublier l’intrinsèque absence de coupables! (C’est à dire que le point de départ d’un effet domino ne pourrait être pointé, ni même accusé s’il pouvait être pointé; donc, aucune imputabilité possible.)

Mis à part la possibilité de faire de l’« investissement socialement responsable », il semble que l’éthique échappe tout à fait à cette activité. Et la morale de même. Il est toujours seulement question de profitabilité pure sans calcul de responsabilité. C’est pourquoi il serait bien difficile de culpabiliser qui que ce soit. Cependant, la question reste la même : sommes-nous à la merci d’un pouvoir extérieur à la société, puisque ce pouvoir n’a jamais en tête le bien de son ensemble (même si le système financier participe quand même à faire « rouler l’économie »)?

Toute cette analyse donne à penser que le système actuel n’a jamais pris en compte dans sa construction ses incohérences. C’est comme si le château de cartes avait un système d’autodestruction activé par un levier que personne ne voit, mais que quiconque peut accrocher par inadvertance (l’inadvertance étant ici la peur de tout perdre). Nous pouvons sérieusement nous demander si ce système est déjà désuet dans son évolution quand même récente. Au lieu d’un système d’autodestruction, il lui faudrait un système d’autorégulation. L’on pourrait pointer comme solution l’État ou son absence, mais cela serait beaucoup trop facile…

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La laïcité, ou nettoyer l’ardoise

Par Renart Léveillé

Dans mon billet de la semaine dernière, concernant la lubie catholique du maire Jean Tremblay, par boutade, je soumettais un anti-souhait :

(Et je ne veux lire personne déclamer que la laïcité est un complot de la religion athée…)

Mon collègue des 7 du Québec, Yan Barcelo, l’a en quelque sorte brisé, en titrant un billet récent : « Le laïcisme, nouvelle religion ». Malheureusement, il ne creuse pas tellement dans cette direction dans son texte, mais promet de le faire en conclusion dans un futur billet.

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas bien difficile d’imaginer ce qu’aura l’air ce prochain billet quand pour lui le laïcisme est « un nouveau terrorisme intellectuel ». Pour arriver à une formule aussi chargée que celle-là, il faut visiblement être du côté, ou des croyants, ou du conservatisme moral, ou des deux.

En laissant quand même de côté les suppositions, j’en viens à me dire que les croyants (enfin certains) sont tellement pris dans leur monde qu’ils ne peuvent comprendre que les manifestations de leur foi peuvent être agressant pour d’autres, non-croyants et croyants d’autres confessions. À partir du moment où il est possible pour un croyant de prier en silence (même en étant en public), et que ce serait bien l’accommodement le plus raisonnable pour tous, crier haut et fort son supposé droit de prier à haute voix est le comble de la mauvaise foi…

Je vais prendre un exemple simple : le métal (dans le sens du style de musique). Si un maire décidait de faire jouer en début de réunion une pièce musicale de ce style, tout le monde serait d’accord pour dire que cela n’a pas sa place (même si personnellement le métal m’agresse vraiment moins qu’une prière, même pas du tout, d’ailleurs). Les amateurs de métal ont des occasions de se réunir pour en écouter ou ils le font en solitaire. La plupart sont des gens civilisés qui comprennent que leurs goûts musicaux ne doivent pas être imposés aux autres. Pourquoi certains croyants ne comprennent-ils pas cette évidence?

Je les entends déjà rétorquer que la prière est un héritage de notre passé, mais pas le métal, ce qui justifierait là toute cette croisade du maire (ainsi que ses forts appuis). Globalement, je ne nie aucunement cet héritage en pensant que la prière n’a pas sa place, puisque je vis sur cette planète : je sais que nous sommes en civilisation judéo-chrétienne, avec ses valeurs intrinsèques; valeurs que je ne peux nier en bloc, même si, séparément, elles me semblent avoir besoin d’un examen… Mais accepter le fait que c’est un héritage important veut-il dire pour autant qu’il faille cautionner ces manifestations de piété d’un autre temps, cette religiosité qui n’a plus sa place dans un monde (occidental) où adhérer à la religion n’est plus, heureusement! un préalable à l’acceptation d’un individu à la société?

Et encore, la tentative de lier par la force la laïcité (et même l’athéisme) à la religion dans son sens dogmatique est menée par la peur. C’est essayer de tout mettre sur un pied d’égalité pour espérer gagner des points. C’est chercher à imposer dans le débat un handicap à l’autre partie : c’est le réflexe de ceux qui se sont peinturés dans un coin, de ceux qui sont acculés au mur. La laïcité, c’est tout simplement nettoyer l’ardoise, repartir sur des bases plus propres, plus respectueuses de chacun, puisque chacun se « garde une petite gêne » en public quant à ses croyances, d’autant plus les personnes en situation de pouvoir, hein? Monsieur Tremblay!

Et puis, est-ce que le laïcisme a ses prières, son iconographie comme la religion? Idem pour l’athéisme? Oh! que non! Et ce n’est pas parce que le terme « doctrine » peut être utilisé pour nommer une religion ou un système de pensée qu’ils sont pour autant synonymes. Démagogie, quand tu nous tiens…

Dans le fond, qu’est-ce qu’on perd à réserver les affaires publiques aux affaires publiques? Absolument rien, les gens religieux sont bien libres de se pavaner avec leur foi avant et après les réunions. Si ça peut leur faire plaisir, je ne m’empêcherai pas en retour de ressentir à leur endroit un parfait mépris.

(Photo : analogian)

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La Ponérologie Politique – Andrew M. Lobaczewski

 
 
 

Alors que votre hôte amorce sa deuxième semaine de vacances, je vous invite cette semaine à porter votre regard sur ce qui pourrait se révéler être un concept des plus important pour les différentes populations du monde. Il est temps de se rendre compte que certaines des personnes les plus influentes de ce monde, incluant les politiciens et divers chefs d’État sont cliniquement atteint d’une maladie psychique ou mentale ayant pour conséquence une totale absence d’empathie, d’humanisme et sensibilité. Un individu atteint d’une telle condition se nomme communément un psychopathe.

Mais qu’en est-il lorsque ces individus se retrouve en position de pouvoir? Quelles sont les conséquences pour une population si elle n’est pas capable de se rendre compte qu’elle est dirigée par des gens cliniquement malade mentalement? Est-elle responsable de se qui lui arrive si elle ne sait reconnaitre le problème, les signes et y remédier?

Et s’il y avait une méthode à cette folie?

C’est ce que la Ponérologie politique peut nous aider à élucider. Il est grand temps qu’on se pencha sur le profile psychologique des leaders de ce monde pour déterminer s’ils sont aptes mentalement et psychologiquement à assumer autant de pouvoir qui aura des répercussions sur nos vies et sur le futur de ce monde.

Bonne lecture et au plaisir de lire vos réactions et réflexions à ce sujet!

François Marginean

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La science du mal et de son usage à des fin politiques

By Équipe Signes des Temps

AlterInfo, par Carolyn Baker

MAL : 1 a : moralement répréhensible : péché, méchant < une mauvaise pulsion> b : provenant d’un réel ou attribué mauvais caractère ou conduite 2 a archaïque : inférieur b : causant malaise ou répulsion : choquant c : désagréable 3 a : causant du tort : pernicieux b : marqué par le malheur : malchanceux (Merriam-Webster en ligne)

Les éditions Pilule Rouge ont récemment publié [en français] le livre du psychologue Andrew M. Lobaczewski Ponérologie Politique, dans lequel l’auteur expose ses observations durant ses années de travail clinique en Pologne sur la corrélation élevée entre des actes que la plupart considèrent « mauvais » et diverses pathologies.

Le diagnostic le plus juste de ces individus [atteints des diverses pathologies] en jargon psychologique moderne pourrait être la sociopathie, dont la caractéristique la plus importante est le manque apparent de conscience, ou d’empathie, pour les autres êtres vivants. Lobaczewski et certains de ses collègues d’Europe de l’est, travaillant sous le gouvernement soviétique, ont décidé de mener cette étude aux niveaux les plus hauts et de rechercher comment la sociopathie se déroule dans le gouvernement, dans les affaires, et dans d’autres groupes sociaux.

La ponérologie politique (du grec ‘ poneros ‘ signifiant ‘ mal ‘) est une science sur la nature du mal adaptée à des fins politiques, qui provoque en définitive à plus grande échelle une pathocratie. La recherche indique que des sociopathes se trouvent parmi toutes les races, ethnies et croyances, et qu’aucun groupe n’est immunisé contre eux. Les sociopathes constituent, selon l’auteur, environ 6% de la population de tout groupe donné. L’éditeur de Pilule Rouge déclare que « Ponérologie Politique est un livre qui présente un aperçu horrifiant de la structure sous-tendant nos gouvernements, nos plus grandes sociétés, et même notre système de loi. » Après avoir lu le livre, un certain nombre de questions harcelantes au sujet des politiques et des pratiques du gouvernement et de responsables de sociétés ont commencé à s’éclaircir, du fait que l’analyse de Lobaczewski va au cœur de pourquoi le gouvernement des États-Unis est devenu une entreprise criminelle infernale résolue à dominer le monde et à anéantir un très grand nombre d’êtres humains dans le monde et à l’intérieur du pays.

Quand j’ai commencé la première fois le livre j’étais plus que déconcerté par le style européen de l’écriture de Lobaczewski — sa verbosité et sa concision –, provoquante dans son approche. Néanmoins, comme j’ai poursuivi la lecture, et je dois l’admettre, en me démenant avec ses phrases, ma reconnaissant a de plus en plus grandi envers le livre et l’ami qui me l’a donné. En conséquence, quelques uns des concepts essentiels de l’auteur exigent d’être partagés, et cet article est simplement la tentative de le faire.

Lobaczewski signale d’abord que les sociétés sont plus vulnérables au mal pendant les bons moments. « Pendant les bons moments, » écrit-il, « les gens perdent de vue progressivement le besoin de réflexion profonde, d’introspection, de connaissance des autres, et de compréhension des lois compliquées de la vie. » (p.85) Certes, dans ma vie, je n’ai pas été spectateur d’une société étasunienne voulant réfléchir et lutter contre les complexités de l’existence depuis la guerre du Viêt-nam. Bien qu’une grande partie de la protestation et de l’activisme des années 60 ait été naïvement peu perspicace, la tension et le sentiment d’anxiété de l’époque ont conduit une majorité d’étasuniens à regarder plus profondément en eux qu’ils l’auraient fait autrement.

Bien entendu, talonnant la guerre est venu le Watergate, et davantage de preuves que les gouvernements trahissent toujours leurs propres citoyens et nient toujours le faire. Alors, quand la génération des années 70 nous a offert les tromperies de la paix et du gouvernement honnête, le travail préparatoire pour les horreurs actuelles était posé dans le pays et mondialement. Les USA était lassés de la guerre, et la douleur cuisante des blessures du Watergate, expriment l’affirmation de Lobaczewski que « pendant les bons moments, la recherche de la vérité devient inconfortable parce qu’elle révèle des faits gênants. » (85) D’autre part, il déclare, « La souffrance, l’effort, et l’activité mentale pendant des périodes de rigueur imminente mène à une progressive, généralement intensifiée, régénération des valeurs perdues, qui a pour résultat le progrès humain. » (p.87) Réciproquement, « Le cycle des moments heureux et paisibles favorise un rétrécissement de la vue du monde et une augmentation de l’égotisme…. » Bien, Jung l’a dit longtemps avant Lobaczewski : L’analyse consciente de la douleur produit la croissance tandis que ne rien laisser se dérouler excepté les bons moments produit la stagnation et l’illusion. (87)

Peut-être qu’aucune génération de l’histoire étasunienne n’a jamais été aussi vulnérable à l’égotisme que celle des années 70. Elle est devenue notoire en tant que « MA Génération » pour une raison — non seulement parce que les étasuniens sont devenus plus narcissiques personnellement, mais aussi parce que mondialement, en dépit de la perte de notre premières guerre et de l’érosion du scandale du Watergate, nous avons continué à démontrer notre supériorité pendant que nous continuions à mettre en scène divers coups autour du monde et à faire la guerre économique contre les pays en voie de développement, dressant la scène pour l’ascension de Reagan au pouvoir dans les années 80 et pour notre radicalisation comme sauveur par contraste « à l’empire du mal » de quiconque osant être en désaccord.

C’est exactement à ces moments d’auto-délire que les nations se rendent elles-mêmes sourdes, muettes, et aveugles aux sociopathes amoraux qui les séduisent par des politiques et des pratiques qui sont mortelles pour elles et pour le reste du monde. Le manque de réflexion produit par définition des êtres humains dénués de discernement.

Un énorme problème, que j’ai avec l’élucidation de la théorie de Lobaczewski, est son usage de « normal » pour décrire les gens qui ne sont pas sociopathes. J’aurais souhaité qu’il utilise un terme différent car « normal » est aussi amorphe et chargée de la naïve supposition qu’il existe une chose comme un être humain sans au moins un dysfonctionnement dans un aspect de sa vie. Néanmoins, il souligne que les soi-disant individus « normaux » ne peuvent pas comprendre l’esprit ou le comportement du sociopathe, et qu’ils sont ainsi particulièrement vulnérables à subir leurs nuisances — d’où la principale raison de l’écriture du livre sur la ponérologie, c’est-à-dire, l’instruction des non-sociopathes sur cette pathologie. L’auteur emploie l’expression « orateurs captivants » pour décrire les charmeurs de serpent psychologiques qui semblent être des sauveurs, des penseurs ou des politiciens éclairés, même des activistes qui se présentent comme possédant des intuitions basées sur une recherche effectuée uniquement par eux-mêmes ou sur des informations obtenues au travers de voies extraordinaires auxquelles personne d’autre n’a accès. Cela pourrait aussi s’appliquer aux chefs de culte comme Warren Jeffs et Jim Jones.

Cependant, l’auteur avertit le lecteur que nos propres processus inconscients peuvent empêcher de passer les « drapeaux rouges » qui peuvent surgir en ayant affaire aux sociopathes. « Les processus psychologiques inconscients surpassent le raisonnement conscient, dans le temps et dans les possibilité, rendant de nombreux phénomènes psychologiques possibles. » (152) Ainsi le déni qui interdit à quelques individus de voir les vérités les plus sombres sur ce qu’un sociopathe tente de promouvoir, c’est-à-dire, « Notre gouvernement ne nous nuirait pas ; notre gouvernement a nos meilleurs intérêts au cœur ; aucun président ne pourrait s’en tirer avec ça ; l’autorité de la loi est toujours au travail aux USA ; le fascisme ne peut pas arriver ici ; le gouvernement US ne pourrait pas vraiment avoir orchestré les attaques du 911 ; si le 911 étaient orchestré par le gouvernement US, trop de gens auraient été impliquées pour que cela reste secret », et ainsi de suite ad infinitum.

Lobaczewski affirme que chaque société devrait enseigner à ses membres des techniques de pensée appropriées et comment détecter les drapeaux rouges de la sociopathie. L’enseignement des techniques de pensée critiques dans le processus éducatif est une étape dans cette direction, mais aux USA aucun enfant n’est laissé faire baisser le niveau gargantuesque du projet [des psychopathes], même cette première étape est absente d’une manière accablante.

L’auteur déclare, « un réseau renforçant toujours les individus psychopathes et apparentés commence graduellement à dominer, éclipsant les autres. » (192) Cette situation revient rapidement à une pathocratie ou à un système dans lequel une petite minorité pathologique prend le contrôle d’une société de gens normaux. (193) L’éditeur du livre, Laura Chevalier-Jadczyk, n’hésite pas dans des notes de bas de page à appeler Karl Rove, Dick Cheney, et Donald Rumsfeld, sous la tutelle du Leo Strauss, les principaux acteurs de la pathocratie du 21ème siècle étasunien. Tragiquement, selon l’auteur, « La pathocratie paralyse progressivement tout [et]… s’impose progressivement partout et engourdit tout. » (195)

Si tous ceci semble très sinistre, et ça l’est, Lobaczewski nous encourage en soulignant cela, « Si l’activité de facteurs ponérogénique — les individus déviants pathologiques et leur activité — est soumise au contrôle conscient d’un scientifique, spécifique, et de nature sociétale, nous pouvons contrecarrer le mal aussi efficacement qu’au moyen d’appels persistants au respect des valeurs morales. » (180) En d’autres termes, l’auteur maintient que, faire campagne pour les seules valeurs morales, ne peut ni prévenir, ni mettre à découvert l’activité ponérogénique. En fait, il affirme, que cela peut aggraver cette activité en détournant l’attention des formes les plus horribles du mal vers ce qui n’est pas mauvais du tout ou se présente sous des traits plus complexes et moins flagrants. Dans ce pays, nous avons été seulement spectateurs de l’idéologie de la droite religieuse et de sa rhétorique à observer un dernier exemple stellaire. Professant être une « culture de vie » elle est implacablement obsédée par la mort, la violence apocalyptique, le feu de l’enfer et le soufre. Essentiellement, ne servant aucun objectif dans le milieu courant, elle nourrit et perpétue la pathocratie.

Ponérologie Politique est un travail de valeur inestimable que chaque être d’humain s’efforçant de devenir conscient devrait lire, non seulement pour son exposé de la pathologie des individus actuellement aux commandes du gouvernement US, mais aussi pour la lumière qu’il peut jeter sur des individus plus proches de chez soi, ceux qui peuvent être des amis, des camarades activistes, des meneurs d’affaires ou civiques. Le but du livre n’est pas d’inciter à la paranoïa, mais de cultiver le discernement et d’étayer notre confiance en notre intuition innée afin de naviguer sur les manifestations intimidantes du mal qui nous entourent au 21ème siècle.

Original : ThePeoplesVoice.org, Carolyn Baker, le 9 février 2007

Traduction de Pétrus Lombard pour Alter Info

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La qualité de la blogosphère québécoise

Le dernier rempart de la liberté d’expression est l’Internet, qui n’est plus tant virtuel que réel, surtout de par son impact sur le déroulement de la réalité autour de nous, de l’évolution de la pensée et de la façon dont l’information circule.

La liberté d’expression est plus qu’un droit qu’on doit réclamer. La seule manière efficace de la protéger est en fait d’exercer ce droit fondamental. Si on exerce ce droit rigoureusement, avec respect et intégrité, tout en étant honnête dans sa démarche, un peuple ne peut que s’enrichir mutuellement et grandir. Le but n’étant pas nécessairement d’avoir raison à tous coup, mais bien d’échanger, de partager notre morceau de vérité pour mieux peindre cette vue d’ensemble de ce que nous sommes et où nous voulons aller. L’important n’est pas d’opérer un choc des égos et des vanités, mais plutôt d’entreprendre une conversation avec l’autre et de renforcer la cohésion sociale, le sens critique et ainsi, la force d’un peuple.

Nous sommes à l’ère de l’information. Le nouveau pouvoir, bien qu’anciennement tout aussi primordial, est l’information. Un individu bien informé sera en mesure de prendre de bien meilleures décisions dans tous les domaines de sa vie. Il en est de même pour les populations. Une population bien informée est considérablement mieux protégée contre la désinformation, la propagande et la manipulation.

Il doit être excessivement clair qu’on ne peut plus désormais compter sur les médias de masse pour avoir l’heure juste. Les médias sont devenus en grande partie des courroies de transmission, les haut-parleurs de la classe dirigeante. Depuis plusieurs années maintenant, les journaux sont en déclins constants et les médias télévisés voient leurs cotes d’écoute graduellement diminuer. Est-ce que les gens ont cessé de vouloir s’informer? Sont-ils partis jouer au golf et vaquer à d’autres occupations? Non. Ils se sont simplement tournés vers d’autres sources plus crédibles et justes à travers un autre médium, l’Internet. Les médias ont beau vouloir discréditer l’Internet, en rire et l’étiqueter de source non-fiable, il n’en demeure pas moins qu’on peut y trouver tout ce qu’on cherche: du pire au meilleur. Il suffit de choisir adéquatement, tout comme on peut choisir entre le journal à potin de la ville versus celui qui fait du grand reportage d’enquête de haute qualité. Ce n’est pas le médium qui est garant de qualité, mais plutôt l’implication, la volonté et la motivation de ceux qui se trouvent derrière celui-ci.

Les grandes caractéristiques de la blogosphère et de l’Internet consistent dans le fait qu’ils sont interactifs et infiniment plus libres dans leur utilisation, autant que dans le contenu qu’on peut choisi à sa guise et dans la manière dont on peut y ajouter son grain de sel.

La blogosphère québécoise n’est certes pas aussi aussi vaste et bien développée que celle de la France, mais elle a l’avantage d’être la plus libre. Demandez-le aux Français, il n’est plus possible de dire grand chose en France sans que la police de la pensée intervienne et vous tape sur les doigts. Avec la loi HADOPI et sa prochaine version envisagée, ainsi que les multiples autres tendances vers la censure et de contrôle du contenu d’Internet, il est encore heureux, bien que surprenant, qu’au Québec, la liberté d’expression soit encore en si bon état. Faut-il perdre quelque chose de précieux avant de se rendre compte de son ultime importance et valeur? C’est au peuple à décider. En fait, c’est le peuple qui détermine tout en fin de compte, de par ses actions… ou inactions.

La population ne peut plus dépendre des médias traditionnels pour être bien informés et s’attendre à ce qu’ils nous rapportent l’ensemble des informations nécessaires pour mieux comprendre le monde lequel elle vit. Prenez par exemple le cas du 9/11, des guerres au Moyen-Orient vendues à grands coups de mensonges et désinformation, de la période pré-écroulement de l’économie alors que tous les canaux principaux nous rapportaient qu’il n’y avait point de crise à l’horizon, et ainsi de suite.

Notre responsabilité n’est pas uniquement de bien se renseigner, de s’informer adéquatement et de s’éduquer soi-même, mais plus spécialement de transmettre ces informations. Il ne sert à rien de s’insurger contre les médias de masse, il suffit simplement de devenir les médias.

Force est de constater à quel point la blogosphère francophone et spécifiquement québécoise sont en pleine évolution. Il y a des hauts et des bas, mais en général, elle se développe vers toujours plus de qualité. Et quand je dis « qualité », cela inclut autant les auteurs que les lecteurs et commentateurs. Je suis régulièrement enchanté de voir à quel point nous avons appris à cohabiter ici et d’évoluer ensemble, en échangeant, opposant nos points de vues et en discutant dans un calme assez généralisé. Cela demande de la maturité et un profond désir d’avancer ensemble, d’ouvrir un dialogue qui même s’il n’est pas toujours l’expression d’un accord commun, peut être fécond et avoir un impact sur le développement de notre pensée autant individuellement que collectivement. L’apport de quiconque peut être la clé d’une nouvelle dimension pour un autre. Un acte individuel a un impact, il n’est pas vrai qu’on ne peut rien faire et rien changer.

Si j’écris tout cela, c’est pour vous dire que Les 7 du Québec se lancent dans une nouvelle aventure. Mais cette aventure ne dépend pas que de nous. Elle dépend de vous, surtout. Il s’en est fallu de peu pour qu’on voit disparaitre les deux plateformes québécoises de journalisme citoyen. L’une d’elle, la plus vieille, est CentPapiers. Nous sommes quelques-uns à avoir décidés de se lever et faire quelque chose pour éviter de voir cette plateforme disparaitre. Ce ne sera pas facile, car malgré tous les efforts que nous sommes prêts à déployer, nous sommes à la merci d’une seule chose qui hors de notre contrôle: l’intérêt de la population à exercer et protéger la liberté d’expression sur le dernier médium où elle existe non pas virtuellement, mais réellement.

Personne ne peut jouer les héros ou prétendre être un génie. C’est un choix collectif à faire. Voulons-nous avoir une blogosphère québécoise vibrante, libre et unie à l’aide d’une plateforme où peuvent se rencontrer, discuter et partager de l’information, ou si nous préférons être dispersés dans les quatre coins de cette dimension?

Si on peut être fier et s’identifier aux succès d’une équipe sportive comme les Canadiens ou les Alouettes de Montréal, comment ne pourrait-il pas être possible de faire pareil avec la blogosphère québécoise et le journalisme citoyen? Il est toujours possible de faire mieux, de s’améliorer. Il ne faut pas attendre qu’on organise nos vies et qu’on nous prenne en charge. Il n’y a pas de héros qui vont venir nous sauver. C’est un mythe Hollywoodien. Nous devons jouer en équipe. Les héros sont ceux qui sont des gens ordinaires qui décident seulement de ne pas vivre à genoux avec l’échine pliée et d’unie leur force. La crédibilité se bâtit et elle se mérite par la qualité de ce qu’on offre. Pour y arriver, il faut savoir se tremper et partir à l’aventure. Il faut y croire.

Je crois personnellement convaincu de la qualité de notre blogosphère. Après presque deux ans passés avec vous, j’ai découvert une mine de gens d’une grande intégrité et intelligence, bien informés et humanistes. Ça donne beaucoup confiance en notre potentiel. J’ai l’impression d’appartenir à une grande famille, une communauté de gens curieux, intéressés et intenses, bien en vie. Une communauté qui a décidé de ne pas baisser les bras, qui cherche des solutions ensemble et par-dessus tout, qui a décidé de se prendre en main et d’assumer ses responsabilités.

Il reste bien évidemment du chemin à faire. Ce chemin doit être parcouru ensemble. Ce n’est pas l’affaire d’un individu, mais bien celui d’une volonté collective. À un moment où la technologie des télécommunications n’ont jamais été aussi avancées, la censure et la police de la pensée menacent grandement la liberté d’expression.

Il n’y a qu’un moyen véritable de la protéger: c’est de l’exercer.

D’ici peu, Les 7 du Québec fonctionnera en symbiose avec CentPapiers dans le but principal d’apporter un maximum de possibilités et d’outils pour vous tous. Sans la certitude d’avoir parmi nous les meilleurs lecteurs et intervenants de la blogosphère québécoise, nous ne tenterions pas cette aventure avec les sacrifices qu’elle implique.

C’est donc avec grande humilité que je vous invite tous cordialement à former la plus grande équipe possible de rédaction, de lecteurs et de commentateurs de qualité que nous puissions. Si plusieurs se questionnent à savoir ce qu’ils peuvent faire et quelle action concrète poser, je pense que de contribuer à rendre l’information accessible à tous et à favoriser les échanges entre citoyens constitue un vecteur important de la force d’un peuple. Un peuple bien informé en est un bien difficile à manipuler.  Un peuple bien éduqué et ayant la possibilité de s’émanciper intellectuellement et spirituellement est la garantie d’un futur meilleur, ainsi capables de faire des choix éclairés et d’être souverain. Le scénario cauchemar de l’Establishment qui aimerait mieux avoir une population docile, ignorante, obéissante et facilement contrôlable.

Je vous salue bien bas en espérant être parmi vous très longtemps, frères et soeurs.

François Marginean

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Il n’y a pas de races humaines

Je commence ce billet avec un peu de retenue. On ne peut pas tout connaître dans la vie, mais quand même, j’ai bien peur de me retrouver devant vous comme étant le dernier à savoir… Et en même temps, je me dis que rien n’est moins sûr.

Sur mon blogue, dernièrement, une blogueuse a publié un hyperlien vers un article du site Hominidés portant le titre : « Y a t il des races humaines ? Pourquoi autant de couleurs de peau ? » Et bien sûr, je l’en remercie.

J’y ai appris que dans « la classification générale du vivant on parle d’espèce pour regrouper toutes les populations interfécondes et dont la descendance peut elle-même se reproduire ». Ce qui vient en contradiction avec ce fait :

La notion de race se base elle sur la notion de « gènes communs et exclusifs à un groupe d’individus ».

On parle de race et de racisme, mais en vérité les « Homo sapiens forment une seule et même espèce » et les « différences anatomiques que l’on perçoit, par exemple entre un individu asiatique et un européen, ne sont que l’expression plus ou moins forte de gènes communs. »

Et pour contrer encore plus les amants de la différenciation extrémiste (soit les racistes), il y a plus de différence entre deux chimpanzés au niveau génétique qu’entre deux humains. Il ne reste alors que les différences de pigmentation de la peau dues à la géographie, physiologiquement. Donc, il est clair que les grandes différences entre les humains sont d’ordre sociologique.

Ainsi, cette notion de race humaine, d’où vient la notion de racisme, est un héritage ancien qu’il faudrait foutre à la poubelle, d’autant plus qu’à partir de 1775 le naturiste Johann Friedrich Blumenbach défendait déjà « le principe d’unité de l’espèce humaine ».

Mais il ne faut pas non plus jouer à l’autruche et théoriser sur la noirceur, la société est encore trop organisée en races. On a beau pointer le côté culturel et ethnique, la couleur de la peau permet des expériences discutables, comme celle de l’école afrocentriste à Toronto.

Tous les étudiants de cette école seront des participants de moins au travail de tolérance qui doit s’accomplir dans nos sociétés de plus en plus pluralistes.

C’est un ghetto de plus qui se dresse, alors qu’ils devraient tous se désagréger, pour devenir comme des villes fantômes.

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Le nouveau scandale des commandites

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« La vérité première est que la liberté de la démocratie est en danger si les gens tolèrent la croissance du pouvoir du privé jusqu’à un point où il devient plus puissant que l’état démocratique lui-même. Ceci, dans son essence, est le fascisme – le gouvernement qui devient la propriété d’un individu, d’un groupe, ou de n’importe quel autre pouvoir contrôleur privé. » – Franklin D. Roosevelt, le 29 avril 1938, dans un message au Congrès

Il y a des semaines où il y a tellement d’évènements importants qui se déroulent qu’il est difficile de tout couvrir en un billet. Voici en bref ce qui devrait attirer notre attention.

Vous vous rappelez du scandale des commandites? 332$ millions (de notre argent) avait été versé par le gouvernement du Canada à des agences de publicité pour prévenir un vote favorable à la souveraineté du Québec. Cette histoire avait choqué beaucoup de personnes et avec raison. C’est une somme d’argent considérable et l’intention était malveillante, malhonnête, pour ne pas dire carrément antidémocratique.

Tenez-vous bien, car nous avons un nouveau scandale des commandites et cette fois, il s’agit non pas de quelques centaines de millions de dollars, mais bien de quelques centaines de MILLIARDS. Je le nommerai donc le scandale des commandites des banques à charte canadiennes. Mes confrères Pierre R. Chantelois et Michel Monette vous en faisaient part la semaine passée.

Voici ce que le professeur en économie de l’Université d’Ottawa, Michel Chossudovsky, avait à dire à propos de ce 200$ milliards octroyés aux banquiers:

Déjà, le gouvernement Harper avait débloqué en catimini un premier montant de 25 milliards $ le 10 octobre dernier, puis un autre de 50 milliards le 12 novembre, pour racheter des prêts hypothécaires des institutions financières. Malgré l’importance des montants en jeu, ni les partis d’opposition, ni les médias n’ont crû bon de poser des questions au gouvernement, d’analyser les implications de cette « aide » aux grandes banques canadiennes.

Le gouvernement finance son propre endettement

Les bénéficiaires du renflouage bancaire sont également les créanciers du gouvernement fédéral. Les banques à charte sont les courtiers de la dette publique fédérale. Elles vendent des bons du Trésor et des obligations au nom du gouvernement. Elles détiennent aussi une portion de la dette publique.

Ironiquement, les banques prêtent de l’argent au gouvernement fédéral pour financer le plan de sauvetage et grâce à l’argent récolté par la vente d’obligations et de bons du Trésor, le gouvernement finance le plan de sauvetage par le biais de la Société centrale d’hypothèque et de logement. C’est un processus circulaire. Les banques sont à la fois les bénéficiaires du renflouage et les créanciers de l’État. Dans un sens, le gouvernement fédéral finance son propre endettement.

Les banques à charte canadiennes utiliseront l’argent du renflouage à la fois pour consolider leur position et financer l’acquisition de plusieurs institutions financières américaines « en difficulté ».

La déstabilisation de la structure fiscale fédérale

Il s’agit de la plus sérieuse crise de la dette publique dans l’histoire du Canada.

Le plan de sauvetage déstabilise la structure fiscale fédérale incluant la péréquation (transferts aux provinces). Il entraîne une montée en flèche du déficit budgétaire, lequel doit être financé aux dépens des contribuables. C’est toute la structure des finances publiques qui en affectée.

Le renflouage de 200 milliards de dollars sera d’une part financé par l’augmentation de la dette publique et d’autre part par des coupures dans le dépenses incluant les transferts aux provinces.

On peut s’attendre à un mélange de compressions budgétaires combinées à une hausse de la dette publique. La plupart des catégories de dépenses publiques (excluant la Défense) en seront probablement affectées.

La structure fiscale fédérale est compromise. La montée en flèche du déficit budgétaire finance le plan de sauvetage bancaire. (Source)

Financer son propre endettement? Pour que ces banques puissent concentrer et consolider leurs avoirs en allant acheter des banques en difficulté aux États-Unis, avec notre argent que nous devrons rembourser avec intérêts! On nous prend pour qui? Ces politiciens à gogo nous rabaissent les oreilles sans cesse nous disant qu’il faut se serrer la ceinture, couper dans les programmes sociaux pour rembourser la dette (ou seulement les intérêts sur le dette!), ils grattent les millions, ils nous disent qu’il n’y a pas assez d’argent pour aider les pauvres et entretenir les routes, mais abracadabra (!!!): ils trouvent des dizaines de milliards pour le budget et l’occupation militaire de l’Afghanistan et des centaines de milliards pour les banques à charte qui ne sont même pas en difficulté!

Hey! Si vous voulez stimuler l’économie, pourquoi ne pas redonner aux Canadiens et Québécois ce 200$ milliards de nos impôts et taxes? Idée folle! Hérétique! Ennemi d’État, brulez-le au bucher! Il doit être membre de l’Al Qaïda.

Le dernier acte officiel de n’importe quel gouvernement est de piller la nation. Ils vident les coffres et endette la population en parallèle avec la vente aux enchères de notre infrastructure publique. Attendez-vous à ce que Hydro-Québec soit privatisé pour financer ce don majestueux aux banques. Ça fait trois fois que le gouvernement canadien octroie des milliards aux banques canadiennes, et aux États-Unis, c’est la même situation. On nous dit qu’il faut aider les banques, mais un coup que le processus est enclenché, les banquiers reviennent à la charge à répétition pour absorber une quantité faramineuse et grandissante de notre argent en nous enfonçant dans un trou abyssal d’endettements impossibles à rembourser. Nous en sommes à un point où nous devons trois fois plus d’argent que toute la masse monétaire canadienne! En d’autres mots, si nous utilisions demain matin la totalité la masse monétaire disponible en dollar canadien et en argent électronique pour rembourser la dette accumulée du gouvernement, des provinces, municipalités et des particuliers, il nous resterait encore deux fois ce montant en dettes à rembourser. Plus les intérêts! Il n’y aurait plus d’argent du tout en circulation, zéro, et il nous resterait encore le 2/3 de nos dettes à payer! Absolument délirant!

Nous devons plus d’argent qu’il y en a en existence. Ceci est la nature même d’un système monétaire basé sur le crédit/dette. Les banquiers privés et nos banques centrales contrôlées par eux, créent de l’argent de nulle part lorsque vous signez pour un prêt ou une hypothèque. C’est une chaine de Ponzi, un système de vente pyramidale. Ce Système (voir le brillant billet de Pierre JC Allard à ce sujet) fonctionne tant et aussi longtemps qu’une foule grandissante d’emprunteurs est créé pour permettre la création de nouvel argent avec lequel on pourra rembourser les anciennes dettes. Mais parce que nos gouvernements ont subventionné le déménagement des emplois du secteur manufacturier bien rémunérés vers d’autres pays et que les dettes des individus ont atteint des proportions intenables, les Nord-Américains ont cessé d’emprunter. Maintenant, la pyramide est en train de s’effondrer avec son système de dettes imaginaires.

Le fait est que plus d’argent est dû par les banques dans le marché des produits dérivés qu’il en existe réellement. Tout comme les intérêts perçus sur l’argent créé de nulle part, il s’agit de dette imaginaire. Elle existe uniquement sur le papier et dans les esprits des individus qui croient en cette réalité du Système. Vu de cette manière, ceci ressemble à un casino. Même si le casino ne vous donne en fait rien de valeur, vous pouvez en sortir ruiné par une série de mauvais jets de dés et de la malchance.

Donc maintenant, les joueurs de casino de Wall Street et de nos institutions canadiennes ont manqué de chance et ils veulent que les serveuses des restaurants et les plombiers payent les pertes. N’oubliez pas qu’on privatise les profits, mais on socialise les pertes. Lorsqu’ils reçoivent de l’argent de nos gouvernements, donc de nous, ils retournent en courant aux tables du casino pour jouer un autre tour; car c’est exactement ce qu’ils ont fait l’année passée avec les premiers plans de sauvetage. Ils sont retournés directement acheter des produits dérivés qui sont à l’origine de la crise actuelle…

C’est ici que nous en sommes, avec les banques qui nous demandent encore plus d’argent, mais cette fois ils vont RÉELLEMENT nous la prêter, avec intérêts bien sûr. Juré craché!

Chers lecteurs, ils ne peuvent PAS réparer l’économie. Tout ce qu’ils peuvent faire c’est de piller la population pour s’assurer d’avoir leurs propres parachutes dorés et c’est ce qu’ils font présentement, avec des clins d’oeil et de coups de coude: mais où est donc passé tout cet argent?

L’élément à garder en tête est que nos gouvernements vont continuer à distribuer de l’argent gratuit aux banquiers et vous coller la facture ainsi qu’à vos descendants uniquement si vous les laissez faire sans impunités. Il est difficile d’expliquer ceci en de plus simples termes.

Qu’est-ce que ça va prendre avant que les Canadiens et Québécois trouvent le courage de faire ce que les Islandais ont fait?

Les « experts » de la finance et la majorité des économistes vous diront que personne n’a vu venir cette crise, que personne ne pouvait la prédire. Un beau sac de mensonges. Ça fait des années que les gros joueurs ont retiré leurs billes du marché, mis à l’abri leurs avoirs. Ils vous regardent en riant dans leur barbe avec votre air surpris et effrayé, vous qui êtes laissés derrière pour porter le fardeau des pertes, avec les poches vides. Cette crise a été volontairement engendrée pour le plus grand profit des riches possédants de cette planète. On vous plonge dans un état de chaos et de désespoir, on vous effraie. Ensuite, tels des vampires, ils viennent vous dire qu’il faut sauver ce système fractionnaire bancaire. Aux États-Unis, ils ont poussé l’affaire jusqu’à menacer les congressistes d’écroulement total de l’économie et de loi martiale dans le pays. Comme de fait, rien de tout cela ne se produisit après que le plan de sauvetage fut accepté (ils sont quand même chanceux d’avoir eu le droit de voter, ici au Canada, cela a été fait sans débat tant au Parlement que dans les médias, personne n’a été informé ni consulté!). Par contre, la moitié de l’argent sera secrètement distribuée aux copains de Wall Street et aux banques centrales de l’Angleterre et de la Chine, pour ne nommer que celles-ci.

Problème-réaction-solution.

C’est toujours l’agenda de l’élite financière qui dirige. Nous avons un problème avec ce casino mondial qu’est la globalisation et la dérégulation du secteur bancaire? Solution: nous avons besoin d’un nouvel ordre financier mondial, vous répondront vos bienfaiteurs. Les gens deviennent trop rapidement bien informés grâce à l’Internet; l’Union nord-américain est presque terminé d’être implémenté, mais il va falloir accélérer la machine car les globalistes, les quelques propriétaires de la moitié de la richesse du monde en veulent plus. La prochaine étape est d’unifier la matrice financière de contrôle transcendant nos souverainetés nationales entre le bloc nord-américain avec celle de l’Europe.

Pour les visuels, voici deux tableaux qui devraient vous aider à comprendre ce que ces chiffres signifient. Ils présentent l’argent emprunté par les banques américaines de la banque centrale privée, la Federal Reserve:

Le premier tableau montre les emprunts bancaires effectué de 1919 à décembre 2007:

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Ceci est le même tableau, mais de 1919 à décembre 2008:

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Se trouve-t-il encore des personnes qui ne pensent pas que des temps difficiles sont à venir?

Ces têtes à claque, les artisans de cette débâcle qui ne fait que commencer, se sont rencontrés ces derniers jours à Davos, en Suisse. Avoueront-ils leur culpabilité? La grande rédemption? On entend les mouches voler. Pendant que ces clowns déguisés en habit-cravate se demandent quoi faire pour régler cette situation, c’est 25 000 milliards de dollars qui est parti en fumée depuis le début de cette crise. 46 des 50 états américains seront en danger de banqueroute en 2009-2010.

L’incontournable problème avec ce système bancaire fondé sur le principe de l’argent-crédit est que plus il y a d’imprimerie et création de monnaie-crédit dans le système, plus il y a d’inflation, causée directement par la perte de valeur relative de chaque billet qui se trouve dilué.

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Le cas du Zimbabwe l’illustre dans des proportions inimaginables: ils viennent d’abandonner leur monnaie après avoir eu des taux d’hyperinflation historiques de – tenez vous bien – 231 000 000%. Nous qui paniquions avec une inflation de 5 à 10%!!!

Les derniers billets imprimés étaient des billets de 100 000 000 000 000$Z. C’est un extrême, mais c’est par ce mécanisme qu’on s’appauvrit, qu’on perd notre pouvoir d’achat, une sorte de taxe cachée.

Un autre exemple est le prix de la nourriture qui continue d’augmenter mondialement. Le prix manipulé du pétrole va demeurer bas, mais celui des denrées essentielles et de l’or vont en montant. Indicateurs importants. Ce n’est pas une période de déflation que nous allons traverser, mais bien une de « stagflation ». Économie stagnante combiné à de l’hyperinflation.

Prenez le cas de General Motors: ils reçoivent des milliards des contribuables encore une fois, après toutes ses années de subventions par l’État, ensuite ils vont réinvestir cet argent dans des chaines de montage au Brésil et demandent de ne pas payer d’impôts. Ils font tellement pitié. Snif. Cette flamboyante compagnie de voiture qui a tué son propre véhicule électrique qui allait révolutionner le marché, par peur de ne plus avoir de pièces et de maintenance à vendre à l’avenir. Les voitures à essence sont beaucoup plus profitables pour ces constructeurs automobiles. Il y a aussi le facteur du cartel pétrolier qui entre dans l’équation. GM a été condamné en cour fédérale aux États-Unis avec la Standard Oil de Rockefeller et la multinationale de pneus Firestone pour avoir conspiré ensemble, en pensant à leur plus grand profit, pour démanteler les réseaux de tramways électriques bien développés à l’époque dans les villes américaines. Plus de voitures, de pneus et de pétrole. De quoi faire sourire un capitaliste. L’amende imposée à GM après que le réseau fut démantelé était de 5000$USD et le responsable de GM qui était impliqué dans cette affaire a reçu une amende de 1$. Comparez cela aux dommages qui ont été causés: la ville de Los Angeles estime qui lui faudra une vingtaine d’années et autour de 150$ milliards pour rebâtir une partie de ce système de transport public.

Je terminerai avec cet exposé en citant Thomas Jefferson, une citation qui demande de s’arrêter et de bien réfléchir à ce qui nous attend tous si nous continuons dans cette direction:

« La banque centrale est une institution de la plus haute mortelle hostilité contre les principes et forme de notre Constitution… si les Américains permettent aux banques privées de contrôler la création de la monnaie, en premier par inflation et ensuite par déflation, les banques et les corporations qui vont grandir autour d’eux vont priver le peuple de toutes leurs propriétés jusqu’à ce que leurs enfants se réveillent un jour en sans-abri sur le territoire conquis par leurs pères. »

Ce que cela signifie est que nous allons dans un état où nous ne serons plus les propriétaires, mais que les locataires sur les terres de nos ancêtres. Tranquillement, nous glissons dans un système de gouvernance communiste-socialiste-fasciste. Le capitalisme n’est que le revers de la médaille du communisme. Dans le communisme, toutes les corporations et les ressources naturelles appartiennent au gouvernement alors que dans le capitalisme, le gouvernement et toutes les ressources naturelles appartiennent aux corporations. Ça revient au même. Considérez cette nouvelle: Freddie Mac, la dernière agence d’hypothèque et de logement américaine de proportion gigantesque à être nationalisé par le gouvernement, fait tellement de reprises de finance avec les maisons impayables par les acheteurs, qu’ils ont décidé qu’au lieu de chasser les propriétaires de leur maison et de voir des milliers de maisons sans occupants décrépir, ils vont permettre à ces ex-propriétaires de demeurer chez eux en louant la maison des banques. N’est-ce pas fantastique! Vous êtes ainsi dépossédés de votre maison, mais vous gagnez à la louer des banques pendant que vous continuez de l’entretenir pour eux, à vos frais! Bon esclave, va!

« Il serait plus approprié de nommer le fascisme de corporatisme parce qu’il représente l’union de l’État au pouvoir corporatif. » – Benito Mussolini (1883-1945), dictateur fasciste d’Italie.

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Appui d’Ignatieff : bonne ou mauvaise chose?

En y regardant bien, c’est une bonne chose que Michael Ignatieff appuie le budget. Ce budget que renie la droite économique et qui obtient un accueil mitigé du côté opposé. Si on regarde tout ça en calculant, ça ressemble à un budget assez au centre, quand même. Bon bon, OK, beaucoup à gauche pour ceux qui croient que l’interventionnisme rime obligatoirement avec la gauche…

Parlant de droite économique, justement, Martin Masse de Le Blogue du Québécois Libre titre un de ses billets « Le Parti conservateur n’a plus de raison d’être » et commence ainsi :

Bon, c’est maintenant officiel: il n’y a plus que des partis socialistes, corporatistes, dirigistes (utilisez votre terme favori) au Canada, c’est-à-dire des partis qui considèrent que l’État doit planifier le développement économique et contrôler les décisions économiques des individus et des entreprises.

Je suis d’accord, mais d’un autre côté « conservateur » ne veut pas dire non plus « libertarien »… Si l’idéologie politique conservatrice penche beaucoup, comme je ne suis pas le seul à le croire, vers l’interventionnisme moral, le pas vers une attitude semblable du côté économique n’est pas si surprenant. Donc, l’appui des libertarien pour le PC ne s’appuyait que sur du pur fantasme… L’image de Stephen Harper le bon papa omniprésent cadre très bien avec le budget qu’a présenté son gouvernement, somme toute. Passons là-dessus.

Mais dans un monde idéal, je n’aurais pas commencé mon billet en écrivant que c’est une bonne chose que Michael Ignatieff appuie le budget. C’est que je constate aussi surtout que c’est l’argent qui a mené le plus la danse dans cette prise de décision. Explication par des questions imagées : imaginez un système électoral qui demande peu de frais? Imaginez une vie politique et partisane qui ne s’appuie pas sur des fonds laissés à l’aléatoire des donations?

Si l’économie canadienne roulait sur l’or, si des élections ne venaient pas faire des trous dans le trésor et si le PLC avait ses coffres pleins, nous serions pour sûr en préparation pour aller aux urnes.

Qui a dit que l’argent ne mène pas le monde?

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Une crise de civilisation et la vraie tragédie de l`homme

La vie est remplie de drames: la maladie, la mort, la misère, la faim, les gouvernements et banquiers privés hors de contrôle, et les programmes comme Loft Story. Bon, ce dernier n`est un drame que si on se préoccupe du niveau inquiétant d`abrutissement général de la population, mais il demeure qu`on se sent souvent impuissants devant eux. Pourtant, ce ne sont pas ces drames qui constituent la vraie misère de la condition humaine. La vraie tragédie de l`homme se passe à l`intérieur de sa propre psyché, impuissante à discerner le vrai du faux et le bien du mal parce que dominée par ses imaginations exaltées.

Nous avons une tendance à accorder une importance exagérée à certains de nos désirs en nous imaginant que par la réalisation de ce désir nous prouverons ce que nous sommes. C`est faire de nos actes la preuve de notre valeur. Si je fais telle chose, je réalise tel ou tel objectif – qu`il soit professionnel, social, politique, moral – cela prouve que je suis quelqu`un; si je ne le fais pas, cela prouve au contraire que je suis personne, inexistant. Ce raisonnement est l`erreur la plus commune à l`être humain. Elle consiste à croire qu`en réalisant un but particulier, il prouvera sa valeur en tant qu`homme et atteindra la satisfaction profonde et totale de sa personne entière. Nous avons tendance à nous servir de nos actes pour nous prouver ce que nous valons.

Nous sommes tentés de mettre dans nos actes ce qui ne s`y trouve pas, de leur attribuer une valeur et une signification qu`ils ne possèdent pas en réalité. Ce n`est, en effet, pas l`acte qui détermine la valeur de l`individu, mais le motif qui se trouve derrière cet acte. On voudrait sauver le monde, se donner des missions exaltées alors qu`on n`est pas maître en la demeure et c`est là le manque qu`il nous faudrait combler car nous parvenons difficilement à mettre un peu d`ordre parmi nos désirs qui nous agitent et nous divisent intérieurement.

En cherchant à prouver à l`aide de nos actes ce que nous sommes, c`est-à-dire notre valeur, nous essayons en réalité de justifier ce que nous ne sommes pas: des personnes harmonisées et qui ont développé leur propre potentiel. Chacun se forge une ainsi une image idéalisée de sa propre personne. L`imagination d`évasion, avec ses fausses promesses de satisfaction, nous conduit ainsi à une autre forme d`imagination: l`imagination de justification par laquelle nous nous excuserons de tous nos errements. Cette image idéalisée n`a d`autre but que d`éliminer l`insatisfaction coupable que crée en nous notre impuissance à maîtriser nos désirs.

Or, cette fausse image que nous portons tous en nous à quelque degré, est inhérente à l`espèce humaine tout entière. Elle est la possibilité latente, virtuelle, qui naît avec l`émergence du conscient et des désirs, avec la capacité de choix qui distinguent l `homme de l`animal. Elle est la tentation chez l`homme de croire que grâce à son intellect, il parviendra à se rendre complètement maître de l`univers et de la vie, à supprimer le mystère de ses origines, à mettre la vie en équation, c`est-à-dire à substituer ses propres lois aux lois de la nature tout entière.

Ébloui et grisé par son pouvoir, l`homme oublie qu`il est soumis aux lois de la vie comme tout ce qui est. Se jugeant une espèce achevée, parfaite dès sa naissance, il oublie d`évoluer. Il conquiert le monde et l`espace, il fait reculer la mort, il supprime les épidémies, il crée des industries, il bâtit des villes où l`on ne voit plus le ciel et où l`on ne respire plus que l`air du progrès technologique. Mais il devient l`esclave de ses progrès intellectuels, de ses projets, de ses découvertes et de ses conquêtes; il devient l`esclave de tous ses désirs multipliés sans frein ni limite, qu`il ne sait pas évaluer, harmoniser, contrôler et maîtriser.

Fasciné par le pouvoir que la nature lui a légué, l`homme oublie ses limitations et se crée de lui-même une fausse image. Cette fausse image qu`il se fait de lui-même est la faute que l`humanité naissante a commis et que nous répétons tous: la tentation de nous prendre pour des dieux, malgré notre impuissance à dominer nos désirs et à les contrôler. Notre erreur n`est pas de croire que nous possédons certains talents et qualités, mais uniquement de nous servir d`eux pour nous distinguer des autres, les surpasser, prouver notre supériorité et cela, dans le but subconscient de nous disculper de notre refus d`assumer le combat essentiel: la maîtrise relative de nos désirs. L`erreur est dans le faux calcul de satisfaction. En s`identifiant à une fonction, à un rôle particulier, on se crée une fausse identité sur laquelle repose le sentiment de notre valeur et que l`on est forcé de soutenir sans défaillance sous peine de perdre l`estime de soi. Cela ne signifie pas que tous ces objectifs sont erronés; au contraire, l`erreur est de croire qu`ils remplissent à eux seuls le sens de la vie, qu`ils sont susceptibles de nous apporter la joie suprême.

Le raté de la vie n`est pas celui qui ne réussit pas à être le premier, mais celui qui cherche à l`être. Car seule notre vanité nous fait croire que l`on pourrait acquérir une valeur absolue.

Tous les problèmes auxquels l`humanité se trouve confrontée aujourd`hui – qu`ils soient moraux, sociaux, religieux ou politiques – sont issus de l`aveuglement psychique de chaque individu. Du refus vaniteux de chaque individu à s`avouer la vérité à son propre égard émergent des sociétés fondées sur le même aveuglement, et caractérisées par conséquent, par la même impuissance à résoudre ses problèmes et ses conflits.

La crise de civilisation que nous traversons a sa source dans la faiblesse psychique de chaque individu. La société n`existe pas. Seuls existent les individus dont l`ensemble constituent la société. La société reflète l`ensemble de vérités et d`erreurs que les individus passés et présents ont découvertes et transmises. Elle est ainsi le reflet de l`état d`esprit des individus qui la composent. L`état d`esprit! Le langage lui-même indique la condition dont dépend le fonctionnement satisfaisant ou insatisfaisant des sociétés. Si l`esprit des individus est sain, c`est-à-dire clairvoyant et prévoyant, la société qu`ils fondent, est bien constituée. Si leur esprit est malsain, c`est-à-dire déformé et aveuglé par les imaginations sur le monde extérieur et intérieur, la société est mal constituée.

Or l`aveuglement de l`esprit des individus peut se manifester collectivement de deux manières différentes, opposées l`une à l`autre, ou ambivalentes. Il peut se manifester soit sous une forme d`un spiritualisme qui exalte l`esprit et minimise ou condamne les préoccupations terrestres matérielles et sexuelles. Cette erreur imposée comme vérité donne naissance à une idéologie dogmatique qui conduit au fanatisme: le besoin vaniteux d`imposer à tous les autres individus l`idée erronée dont se nourrit la vanité. L`aveuglement de l`esprit peut, au contraire, se manifester sous la forme d`un matérialisme fondé sur le refus ou le refoulement de l`esprit humain et l`exaltation de la matière, c`est-à-dire des désirs matériels et sexuels. Cette erreur donne naissance elle aussi à une idéologie dogmatique imposée comme vérité. Le béhaviorisme, les sciences sociales qui n`envisagent que l`influence des phénomènes extérieurs sur l`homme, et la société de consommation, en sont les produits. L`homme n`est rien et la société est tout. On peut étudier l `homme comme on étudie l`animal, en observant son comportement extérieur et non les motifs internes qui le poussent à agir de telle façon plutôt que de telle autre. La seule possibilité est de réunir ces deux pôles, de les harmoniser. L`esprit se matérialise et la matière se spiritualise. La joie de vivre réside en la réunification harmonieuse de l`esprit avec le corps.

De tous les temps, les sociétés ont ainsi vacillé entre le spiritualisme et le matérialisme, les deux pôles ambivalents d`une même erreur, de la même maladie de l`esprit: son aveuglement par la vanité. Les sociétés ne sont malades que parce que les individus qui les composent sont eux-mêmes malade de l`esprit. La conclusion qui s`impose est donc que l`on ne peut guérir les sociétés malades qu`en soignant l`esprit des individus. Sinon, toutes les améliorations extérieures, aussi bénéfiques qu`elles puissent être, seront tôt ou tard anéanties par l`esprit déformé des individus.

Mais pour cela, il faudrait d`abord que l`individu cesse de se considérer comme sain d`esprit et qu`il reconnaisse la maladie dont il souffre: la vanité. Le mot n`est choquant que parce qu`il désigne la faute individuelle inadmissible, inavouable et impardonnable: celle de ne pas être ce que l`on estime être. Il cesse de choquer dès qu`il est compris dans sa signification essentielle: dès qu`il cesse d`être la faute individuelle dont nous nous rendons coupables personnellement et se réfère à la faute, la faiblesse de la nature humaine à laquelle nul d`entre nous n`échappe. Cette faiblesse, c`est celle de la pensée, de l`intellect humain dont la véritable fonction est de réunir ce qu`il a séparé: l`homme de l`univers dont il fait partie, mais qui, déviant de cette fonction, séparer encore plus radicalement l`homme de ses racines biologiques. Au lieu de se séparer pour mieux réunir, l`intellect devient l`instrument de la séparation de l`homme et de la nature dont il oublie qu`il est assujetti à ses lois.

Notre vanité est caractérisée par le fait que nous prenons cette séparation pour le bien, le vrai, le juste. Ce qui est le fruit de notre faiblesse psychique devient ainsi à nos yeux le signe de notre valeur humaine. La résistance que nous opposons à notre propre instinct, à notre sens instinctif de la vie, devient le titre de gloire que l`homme s`attribue à lui-même. Le mensonge devient la vérité. Vanité vient de vanitas, qui signifie vide de sens.

Il n`y a pas d`âge pour entreprendre ce voyage au fond de soi-même, qui débouche sur notre relation véritable à autrui, qui nous relie à lui et à la vie sous toutes ses formes. Notre véritable révolution n`est ni économique, ni politique, ni idéologique; elle est intérieure et consiste à réétablir les valeurs morales immanentes à l`être humain, biogénétiquement fondées.

Sources: -À la découverte de soi-même, par Docteur Marianne Sedar;

– Voir aussi les ouvrages de Paul Diel, tel que La psychologie de la motivation

François Marginean

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